Par Bernadette Arnaud – 11/12/2018.
La plus ancienne souche de peste retrouvée parmi des
populations agricoles du Néolithique, il y a 4900 ans, dans le sud de la Suède.
La sépulture où ont été retrouvés les restes d'une
jeune femme de 20 ans dont le matériel génétique contenait la bactérie de la
peste, en Suède, il y a 4900 ans. CRÉDITS: KARL-GORAN SJOGREN / UNIVERSITÉ DE
GÖTEBORG
La peste a une longue histoire… plus longue même
qu'estimée !
Une souche auparavant inconnue de Yersinia pestis, la
bactérie à l'origine de cette dramatique maladie, vient en effet d'être trouvée
dans le matériel génétique d'une jeune femme de 20 ans (Gökhem2) décédée en
Suède, au Néolithique, il y a 4900 ans.
Ainsi que dans celui d'un agriculteur (Gökhem4) provenant
de la même fosse funéraire de Frälsegården, à Falbygden, dans le sud du pays.
La découverte a eu lieu alors que des chercheurs
analysaient les bases de données d'ADN ancien de 1058 génomes humains pour
mieux comprendre l'histoire évolutive de ce fléau, rapporte un article publié
le 6 décembre 2018 dans la revue Cell.
L'équipe internationale dirigée par Simon Rasmussen
(Université de Copenhague, Danemark) a ainsi repéré cette souche - dite de
Gökhem – qui porte les marques génétiques de la peste pneumonique.
Ce qui expliquerait pourquoi, comme l'avaient montré de
précédents travaux effectués sur ce même site de Frälsegården, 78 personnes
auraient été inhumées dans un laps de temps très court, il y a 4900 ans.
Toutes ayant pu périr lors d'une épidémie.
Provenant des Annales de Gilles de Muisit, conservées à
la bibliothèque royale de Bruxelles (Belgique), l'épidémie de "peste
noire" à Tournai en 1349. Le grand nombre de cercueils montre l'aspect
massif de la mortalité liée à l'épidémie. ©Archives Snark / Photo 12 / AFP
La comparaison de cette souche de Yersinia Pestis avec
celles déjà connues indique qu’elle aurait divergé vers 5783 ans.
Elle serait donc, si l’on en croit les conclusions de
l’étude, la plus ancienne souche de peste identifiée à ce jour.
Jusqu’à cette trouvaille, les chercheurs pensaient en
effet que ceux qui avaient introduit la peste parmi les populations agricoles
d’Europe étaient des pasteurs nomades venus des steppes eurasiennes, comme le
laissait entendre un article publié en 2017 dans la revue Current Biology .
Or ces résultats révèlent que la peste était déjà
présente sur le continent européen avant leur arrivée.
En réalité, quand les éleveurs Yamna (ou Yamnaya) ont
atteint l’Europe depuis les steppes d’Asie centrale il y a 4700 ans environ,
ils auraient rencontré des populations déjà décimées par ce mal, explique Simon
Rasmussen.
« Au moment où nous voyons la peste se propager, de
grandes innovations technologiques, telles que le transport par chariots et la
traction animale, voyaient le jour.
Un moyen idéal pour propager un agent pathogène sur de
longues distances », a déclaré le généticien.
Pour les signataires de l’article, la peste se serait
donc répandue via ces premiers réseaux d’échanges commerciaux, plutôt que par
des vagues de migrations massives, comme cela a souvent été suggéré.
Ces auteurs estiment surtout que l’on pourrait être, en
Suède, face aux vestiges de la première grande pandémie de l’humanité.
Toutefois, rappellent ces spécialistes, les pestes du
néolithique et de l’âge du bronze étaient probablement moins virulentes que les
effroyables pandémies qui suivirent, à l’instar de l’épisode du règne de
Justinien au VIe siècle qui fit quelque 40 millions de morts ; de la
terrifiante « peste noire » du XIVe siècle, au Moyen Age, qui anéantit la
moitié des habitants de l’Europe; ou encore de l’épidémie qui décima en Inde et
en Chine près de 12 millions de personnes en 1855.
UNE FOSSE COMMUNE À ELLWANGEN EN ALLEMAGNE (RAINER
WEISS)
La souche qui a provoqué la Peste Noire en Europe au
Moyen-Âge est à l'origine des épidémies actuelles. Elle est retournée en Asie
après avoir décimé le Vieux Continent.
"Nous pensons
souvent que ces super-pathogènes ont toujours existé, mais ce n'est pas le cas
», rappelle Simon Rasmussen.
La peste aurait en fait évolué à partir d'un organisme
moins virulent : à l’âge du Bronze, la bactérie se serait propagée d’humain à
humain, par la toux, en affectant principalement le système respiratoire.
Ce n’est qu’après avoir subi plusieurs mutations
génétiques que ce bacille, alors transmis par les puces et les rats, aurait
évolué vers sa terrible forme bubonique, aux alentours de 1000 avant notre ère.
Toujours selon ces auteurs, cette pandémie préhistorique
pourrait expliquer le déclin qu’ont connu certaines colonies de peuplement en
Europe, à l’aube de l’âge du bronze. Un thème qui fait l’objet de grandes
discussions.
………..
Première transmission de la peste du chien à l'homme.
Par Marc Gozlan – 04/05/2015.
Quatre personnes aux États-Unis ont été contaminées par
le bacille ayant infecté le canidé.
Pour la première fois aux États-Unis, le Centre pour le
contrôle et la prévention des maladies d'Atlanta (CDC) rapporte qu'une petite
épidémie de peste pulmonaire qui s'était déclarée dans l'État du Colorado en
2014 avait en fait pour origine… un chien infecté.
Celui-ci a contaminé son
propriétaire et, au total, ce sont quatre personnes qui ont été atteintes. Aucun
cas de transmission de l'agent pathogène responsable de la maladie, Yersinia
pestis — présent dans les puces — n'avait jusqu'alors été rapporté pour un
canidé, à l'exception d'un cas en 2009 en Chine.
Ce chien, un
Pit-bull, est mort après avoir souffert de fièvre, de troubles moteurs et de
vomissements sanglants.
Son propriétaire,
qui avait été en contact étroit avec lui jusqu’à son euthanasie, a alors
développé une pneumonie et ce sont les examens sanguins qui ont révélé la
présence de Yersinia pestis. Les jours suivants, trois autres personnes, dont
deux employés d’une clinique vétérinaire où le chien avait été admis, ont
également développé une infection pulmonaire, due au même bacille comme en ont
témoigné les analyses biologiques pratiquées.
Autre élément troublant : la quatrième malade a sans
doute été directement contaminée par le propriétaire du chien lui-même. La
transmission d’homme à homme de la peste n’avait pas été décrite sur le sol
américain depuis 1924. Les quatre patients ont été traités par antibiotiques et
ont tous survécu.
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