FEMYSO, ces jeunes européens qui gravitent dans la galaxie
des Frères musulmans
Par Jean-Loup Adenor et Hadrien Brachet - 14/11/2021.
Elle est à l'origine de la campagne pro-voile du Conseil de
l’Europe qui a fait polémique.
L’association FEMYSO, qui perçoit des fonds européens
entretient, d’après plusieurs chercheurs, des liens avec la mouvance
fondamentaliste des Frères musulmans.
Quelques extraits :
Le 4 novembre, une vidéo d’Al-Jazeera apparaît sur le compte
Twitter de FEMYSO.
Hande Taner, présidente de l’organisation, s'en prend
vivement à la France :
- « Paris est actuellement la capitale du préjugé occidental
» et « la plus grosse exportation de la France est juste le racisme », lâche la
jeune femme face caméra.
La raison de sa colère ?
La campagne du Conseil de l’Europe* pour promouvoir
l'acceptation du voile, accompagnée des slogans
- « Mon hijab, mon choix »,
- « La beauté se trouve dans la diversité comme la liberté
dans le hijab » ou encore
- « Apportez de la joie, acceptez le hijab », vient d’être
retirée après que plusieurs personnalités politiques françaises de droite comme
de gauche, s'en sont indignées.
FEMYSO en était l'une des co-organisatrices.
Après s’être penché sur la conception de la campagne du
Conseil de l’Europe, Marianne a enquêté sur cette association paneuropéenne qui
regroupe 32 organisations membres.
Dans ses statuts que nous avons consultés, figure l'objectif
- « d'encourager le développement d'une identité musulmane
européenne ».
FEMYSO est décrite par plusieurs chercheurs comme une
émanation jeune et transnationale de l’Union des Organisations Islamiques en
Europe (UOIE)**, structure proche des Frères musulmans et qui représente le
courant fondamentaliste de l’islam en Europe.
D’après les chercheurs que Marianne a interrogés, FEMYSO est
partie prenante de la galaxie européenne des Frères musulmans. « FEMYSO est la
branche jeune d’une organisation réputée proche des Frères musulmans, l’Union
des Organisations Islamiques en Europe (UOIE), qui représente le courant
fondamentaliste de l’islam en Europe et dont l’objectif est de former une élite
musulmane européenne », explique à Marianne Florence Bergeaud Blackler,
anthropologue au CNRS et spécialiste des mouvements islamistes.
DES « LIENS ORGANISATIONNELS ET INTERPERSONNELS »
Auprès de Marianne, Hiba Latreche, vice-présidente de FEMYSO
maintenait le 3 novembre que l’association avait été créée à l'initiative de «
jeunes musulmans européens » et qu'elle n’entretenait pas de « relations
particulières » avec l'UOIE.
Mais l’histoire de la création de FEMYSO dévoile une autre
version.
Comme le rappellent Lorenzo Vidino et Sergio Altuna, une
réunion intitulée « Islam en Europe » s’est tenue en 1995 à Stockholm. Financée
par le ministère des Affaires étrangères suédois et en présence de plusieurs
organisations de jeunesse, dont « Jeunes Musulmans de France », la branche
jeune de l’Union des organisations islamiques en France (UOIF), principale
entité du courant des Frères musulmans dans l’Hexagone, cet évènement visait à
créer une meilleure « coordination » entre les organisations musulmanes
européennes.
Un processus qui déboucha sur la création de FEMYSO en 1996.
Dans la version de son site de 2007, consultée par Marianne
et modifée depuis, FEMYSO reconnaissait que l’UOIE avait « invité » les
organisations en charge du projet à « une réunion à Birmingham, au Royaume-Uni
pour faciliter le processus ».
« Les documents de l’UOIE prouvent très clairement que le
FEMYSO est une de leurs émanations », abonde Lorenzo Vidino auprès de Marianne,
professeur et directeur d’un programme sur l’extrémisme à l’Université
George-Washington et expert des réseaux islamistes en Europe et en Amérique du
Nord.
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guerre" : la mosquée d'Allonnes fermée après des appels au djihad
« Dès 1996, c'est FEMYSO, basé à Bruxelles, qui est
constitué comme plate-forme d'échange pour rassembler certaines organisations
de jeunesse liées aux diverses fédérations nationales se trouvant dans la
mouvance des frères elle-même associée au sein de l’UIOE, résume Brigitte
Maréchal, docteure en sociologie et spécialiste de l'islam européen dans son
livre "Les Frères musulmans en Europe. Racines et discours". Mais cet
organisme de jeunesse apparaît soucieux de conserver une autonomie par rapport
aux Frères, bien que certains liens interpersonnels et organisationnels soient
avérés. »
L'ancienne présidente du FEMYSO Intissar Kherigi est par
exemple la fille de Rached Ghannouchi, leader du mouvement islamiste tunisien
Ennahdha.
L’étude des 32 organisations membres de FEMYSO est, elle
aussi, éloquente.
Parmi elles, les « Jeunes Musulmans de France » ou, en
Allemagne, le département de jeunesse du « Islamische Gemeinschaft Millî Görüş
», en français « communauté islamique Millî Görüs ».
Millî Görüs est une confédération musulmane, considérée
comme proche de la Turquie.
Son émanation française a notamment refusé de signer la
charte des valeurs de l’islam de France, qui engageait les signataires à lutter
contre l’islam politique et les ingérences étrangères.
Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal estimait en
mai que Millî Görüs allait « à l'encontre des valeurs de la République ».
Autre membre de FEMYSO : l’Institut Européen des Sciences
Humaines dont le doyen n’est autre qu’Ahmed Jaballah.
Il est considéré par nos confrères de Libération comme «
l'une des figures les plus respectées et influentes de Musulmans de France,
l'ex-UOIF, proche de la confrérie des Frères musulmans ».
FEMYSO a aussi publiquement apporté son soutien au CCIF
après sa dissolution, jugeant que « le gouvernement français soutenu par
l’extrême droite et d’autres groupes extrémistes utilisait l’évènement barbare
[de la mort de Samuel Paty] pour criminaliser et dissoudre le CCIF ».
Enfin, FEMYSO a invité plusieurs fois le prédicateur Tariq
Ramadan, petit-fils du fondateur des Frères musulmans.
En 2011, il intervenait à une session d’études sur
l’islamophobie qu’organisait FEMYSO au Centre Européen de la Jeunesse qui
dépend du Conseil de l’Europe.
En 2012, l’association interviewait Tariq Ramadan au cours
de la « Rencontre annuelle des musulmans de France », organisée par l’UOIF.
LOBBYING AU PLUS HAUT NIVEAU
Des liens qui n’empêchent pas plusieurs institutions
européennes de travailler activement avec l’association depuis les années 2000.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si FEMYSO a installé ses
bureaux à Bruxelles.
En septembre 2003 déjà, FEMYSO coorganisait un événement au
Parlement européen sur le dialogue interreligieux.
Preuve que la coopération se poursuit jusqu'aujourd'hui :
- le 17 novembre prochain, la commissaire européenne à
l'égalité Helena Dalli doit recevoir une délégation de l'association.
Parmi les partenaires institutionnels que FEMYSO mentionne
sur son site : la Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil de
l’Europe.
Lire l’article complet sur :
https://www.marianne.net/societe/laicite-et-religions/femyso-ces-jeunes-europeens-qui-gravitent-dans-la-galaxie-des-freres-musulmans?utm_source=nl_quotidienne&utm_medium=email&utm_campaign=20211115&xtor=EPR-1&_ope=eyJndWlkIjoiYTRkNzFiNzA1MTQ3ZmQxN2MwZDg4MjA2MTU5YTI3NzIifQ%3D%3D