Qu'est-ce que le
botulisme, qui a paralysé une femme en Ile-de-France ?
Par Héloïse Chapuis - 17.09.
Un cas de botulisme a été détecté chez une femme en
Ile-de-France en septembre 2019.
Une maladie neurologique grave mais qui reste rare et qui
peut être évité en adoptant quelques bons gestes.
Les toxines produites par Clostridium botulinum sont
"plus puissantes que le cyanure" et sont généralement létales pour
l'Homme en l'absence de traitement immédiat. CAVALLINI JAMES / BSIP / AFP
Un cas de
botulisme a été détecté en Essonne, rapporte Le Parisien le 11 septembre 2019.
Après avoir fait deux malaises fin août et début septembre, la patiente se
trouve désormais "quasi totalement paralysée (…) et avec très peu d'espoir
de récupération". En cause ? Une bouteille de soupe périmée depuis trois
semaines retrouvée dans son frigo.
Bien que cette
maladie, due à la consommation d'aliments contaminés par la toxine botulique,
soit très rare - en 2018, seulement deux cas ont été recensés en France et un
autre cas a été rendu public en Norvège en janvier 2019 -, elle peut tout de
même entraîner de graves conséquences si elle n'est pas rapidement identifiée
et éliminée.
Le botulisme, qu'est-ce que c'est ?
Réputée
"plus puissante que le cyanure", la toxine botulique est produite par
la bactérie Clostridium botulinum, explique le Dr Christelle Mazuet sur le site
internet de l'Institut Pasteur.
La bactérie
produit des spores qui sont résistantes à la chaleur, et qui ne sont pas rares
dans l'environnement.
En l'absence
d'oxygène, ces spores germent, se développent et excrètent des toxines.
Celles-ci sont
présentes dans la nature sous sept formes bien distinctes, que l'on appelle
"toxinotypes", allant du type A au type G.
Seuls les types
A, B, E et F sont à l'origine du botulisme humain, A et E étant les plus
graves.
Les types C, D et
E peuvent provoquer la maladie chez d'autres animaux comme certains mammifères,
les oiseaux et les poissons.
Poissons et canards, morts de botulisme, retirés d'un
plan d'eau du parc Rheinaue (Bonn) durant l'été 2018. Spielvogel
Aussi dangereuse
soit-elle pour la santé humaine, la toxine botulique peut, à très faible dose,
servir a des usages thérapeutiques : c'est la base du Botox. Ce produit utilise
la neurotoxine botulique type A purifiée et fortement diluée a des fins
principalement clinique et cosmétique, comme pour soigner les troubles
neuromusculaires, les spasmes hémifaciaux ou pour corriger les rides du visage.
Quels sont les symptômes ?
Comme l'explique
sur son site l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'exposition au
botulisme a lieu dans plusieurs contextes et il peut s'attraper durant
l'enfance comme à l'âge adulte.
Un adolescent de 14 ans atteint de botulisme. L'image
de gauche montre une ophtalmoplégie bilatérale totale avec ptosis et celle de
droite des pupilles fixes. Cet enfant était pleinement conscient.
Herbert L. Fred, MD and
Hendrik A. van Dijk
Le botulisme
infantile est une forme notable de la maladie qui peut aussi se contracter a
tout âge par le biais d'une blessure dans laquelle les spores vont pénétrer et
se reproduire, ou dans le cadre de l'alimentation lors de la consommation
d'aliments périmés et potentiellement contaminés par la toxine, ce qui est le
cas chez la majorité des personnes atteintes.
Les toxines botuliques sont neurotoxiques.
Elles empêchent
un neurotransmetteur, l'acétylcholine, de traverser les synapses (les
connexions) entre les neurones moteurs et le muscle.
En l'absence de
message, le muscle ne se contracte plus : c'est la paralysie.
Les premiers
symptômes ressentis sont une fatigue marquée, une faiblesse et des vertiges.
Des troubles de
la vision, une sensation de bouche sèche, des vomissements, de la diarrhée, de
la constipation et des difficultés à déglutir et à s'exprimer peuvent se
manifester.
Dans les cas les
plus sérieux, les muscles respiratoires et les muscles de la partie inférieure
du corps sont touchés, toujours sans fièvre ou perte de conscience.
Comment s’en protéger ?
L'OMS détaille
5 principes fondamentaux de l'hygiène alimentaire qui préviennent le
développement d'intoxications alimentaires.
Le foyer le plus sévère est survenu en Corse en 2010,
suite à l'ingestion d'une conserve contaminée de haricots verts préparée par la
famille. HOUIN GERARD/SIPA
Selon le programme
"Cinq clés pour des aliments plus sûrs",
-- il est important de bien se laver les mains,
- de séparer les aliments crus des aliments cuits,
- de bien faire cuire les aliments,
- de conserver les aliments à la bonne température,
- ainsi que d'utiliser de l'eau et des produits sûrs.
L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a
également publié un guide destiné à informer le grand public sur les aliments à
risque de contamination, parmi lesquels figurent :
- mortadelle, jambon cru salé et séché, charcuteries
(saucisses, pâtés),
- conserves de végétaux (asperges, haricots verts,
carottes et jus de carotte,
- poivrons, olives à la grecque, potiron, etc.),
- salaisons à base de viande de bœuf,
- poisson salé et séché, marinades de poisson,
- poisson ou viande de phoque fermenté, emballé sous vide
- miel chez les enfants de moins de 1 an.
Botulisme : les
préparations "maisons" mises en causes
Le dernier Bulletin épidémiologique (2014) sur le
botulisme humain révèle que la grande majorité des cas sont dus à des
préparations familiales ou artisanales.
Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié
aujourd'hui, mardi 18 février 2014, par l'Institut national de veille sanitaire
(InVS) révèle que la grande majorité des cas de botulisme recensés entre 2010
et 2012 ont pour origine des préparations alimentaires familiales.
L'étude menée par des chercheurs de l'Institut Pasteur et
de l'InVS présente la situation du botulisme humain en France. Elle confirme
l'origine alimentaire dans la plupart des cas.
Le botulisme est une affection neurologique rare mais
grave et potentiellement fatale si elle n'est pas traitée à temps.
C'est une intoxication provoquée par l'ingestion de
neurotoxines puissantes présentes dans les aliments contaminés.
Celles-ci sont produites par la bactérie Clostridium
botulinum qui se développe notamment dans les aliments mal conservés.
Il existe sept formes de toxines botuliques distinctes,
les types A à G. Quatre de ces formes (les types A, B, E et rarement F) peuvent
provoquer le botulisme humain. Les types C, D et E sont à l'origine de maladies
chez d'autres mammifères, les oiseaux et les poissons.
Les toxines botuliques sont ingérées avec des aliments
qui n'ont pas été transformées de manière appropriée et dans lesquels les
bactéries ou leurs spores survivent et produisent des toxines.
S'il se présente principalement sous forme d'intoxication
alimentaire, le botulisme peut aussi être contracté par contamination
intestinale chez le nourrisson, par l'intermédiaire d'une blessure ou par
inhalation.
Source : OMS, Institut Pasteur
ÉTUDE. Durant la période observée (2010-2012), 24 foyers
ont été identifiés pour un total de 51 personnes touchées.
L'origine du botulisme, quel qu'en soit le type, était
alimentaire dans 21 foyers impliquant 48 patients.
Les 3 autres cas étaient dus à une colonisation
intestinale par Clostridium botulinum, dont 2 cas de botulisme infantile.
Le rapport de l'InVS précise que tous les cas de
botulisme de type A ont été des formes sévères ayant nécessité une réanimation
avec ventilation assistée, avec un décès, alors que les cas de botulisme de
type B et E ont évolué sur un mode plus bénin.
Les préparations
alimentaires artisanales ou familiales en cause
L'aliment responsable a été biologiquement confirmé dans
14 des 21 foyers alimentaires.
Le foyer le plus sévère est survenu en Corse en 2010,
suite à l'ingestion d'une conserve contaminée de haricots verts préparée par la
famille.
Quatre personnes avaient dû être placées sous ventilation
assistée pendant plus d'un mois, tandis qu'une cinquième est morte.
Des préparations familiales ont été mises en cause dans
10 des foyers alimentaires confirmés (jambon : 6 foyers de botulisme de type b,
et conserves de légumes : épinards et asperges dans 2 foyers de botulisme de
type b, haricots verts et aubergines dans 2 foyers de type A).
Des produits commercialisés ont été responsables des 4
autres foyers confirmés (préparations à base d'olives et de tomates séchées,
préparation de pâtes fraîches dans 3 foyers de type A et un pâté dans un foyer
de type b).
Les symptômes les plus fréquents étaient la diplopie
(60%), un trouble de la vision qui consiste à voir en double ; et la dysphagie
(59%) qui est une gêne à la déglutition. La sécheresse buccale et les
vomissements ont concernés respectivement 48 % et 47 % des cas.
La toxine
botulique n'ayant ni goût ni odeur, il est donc nécessaire de prendre ses
précautions.