vendredi 8 février 2019

La Banque de France et son stock d'or

La France est-elle en train d’hypothéquer son stock d’or ?

A l’heure où la plupart des grandes banques centrales accumulent de l’or pour se prémunir contre une nouvelle crise financière, la Banque de France a monté un dispositif visant à échanger et à prêter les réserves détenues à Paris.

Une entreprise inédite qui interroge et inquiète.


C’est ce qu’on appelle une annonce en catimini.

En octobre dernier, dans une petite revue anglaise spécialisée (The Alchemist), le tout nouveau sous-gouverneur de la Banque de France – Sylvie Goulard – annonçait l’utilisation prochaine du stock d’or gardé dans les coffres de l’institution, jusqu’ici soigneusement tenu à l’écart du marché.

Sylvie-Anne Goulard, née Grassi2 le 6 décembre 1964 à Marseille, est une femme politique française, députée européenne de 2009 à 2017 et auteur de plusieurs ouvrages sur la construction et le fonctionnement de l'Union européenne.
Ancienne conseillère de Romano Prodi en sa qualité de président de la Commission européenne, Sylvie Goulard est élue députée européenne dans la circonscription Ouest de la France lors des élections européennes de 2009 puis réélue en 2014 dans la circonscription Sud-Est. Elle siège dans le groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe jusqu'en mai 2017.
Elle soutient Emmanuel Macron, candidat du parti En marche, pour l'élection présidentielle de 201716. Elle contribue à organiser la rencontre entre le candidat à la présidentielle et la chancelière allemande Angela Merkel.
Elle est ministre des Armées le 17 mai 2017 dans le premier gouvernement Édouard Philippe. Citée dans l’affaire des assistants parlementaires du Mouvement démocrate au Parlement européen, elle renonce à ce poste dans le gouvernement du 20 juin 2017.
En janvier 2018, elle est nommée second sous-gouverneur de la Banque de France. (Wikipédia)

Dans ce document, elle expliquait avoir passé un partenariat « avec une grande banque commerciale active dans le marché de l’or ».

Quelques semaines plus tard, l’agence Reuters précisait que la banque en question était l’organisme américain JP Morgan, l’un des principaux spéculateurs sur le marché des matières premières et des monnaies.

Peu diserte sur le sujet, Sylvie Goulard faisait néanmoins mention de prêts d’or à des établissements financiers et d’échanges or-devises avec d’autres institutions. Elle se félicitait également sur tout un paragraphe de la rénovation des coffres parisiens de la Banque, qui permet désormais d’utiliser des chariots élévateurs puissants et qui facilite les manipulations et le transport des lingots…

Entrée de l'hôtel de Toulouse, siège de la Banque de France, dans la rue Croix-des-Petits-Champs.

Pas de communiqués officiels

Le but ?

Officiellement, il consiste à refaire de Paris « une place de marché clef pour l’or ».
Et puis ?
De gagner un (tout) petit peu d’argent en utilisant le métal précieux détenu dans les coffres.
Pour des informations plus précises, et des communiqués officiels, le quidam attendra.

Médaille du centenaire de la Banque de France par Oscar Roty.

Christian Eugène, ancien responsable du service de l’endettement international à la Banque de France déclare :

Je suis un peu étonné car l’essentiel du stock d’or appartient tout de même à l’Etat. Utiliser ce patrimoine ne me parait pas une bonne idée, surtout dans un contexte financier rempli de risques.

La Banque de France de Paris à l'origine : gravure de Miss Byrne, 1829

Mais Sylvie Goulard veut aller vite, très vite.

En interne, elle s’est constituée un cabinet afin de ne pas se retrouver dépendante des services opérationnels.
« C’est nouveau, personne n’avait jamais fait ça avant » souligne un connaisseur de l’institution.

En cas de nomination de l’actuel premier gouverneur à la tête de la BCE, certains la voient déjà devenir chef de la plus puissante institution financière du pays.

50 francs
Monnaie de Paris (banknote), Banque de France (photograph) — Banque de France (banknote)

Aussi peu connue soit-elle du grand public, celle qui a été propulsée sous-gouverneur en janvier 2018 par décret du président de la République a un passé politique déjà très rempli.

En mai 2017, dans la foulée de l’élection d’Emmanuel Macron, elle était nommée ministre des Armées ; aussitôt, elle ne cachait pas sa volonté de remanier l’armée française dans le seul but de construire une défense européenne intégrée.

Elle démissionnera quatre semaines plus tard.

Entretemps, son passé de ‘consultante’ aux revenus mirobolants de l’Institut Berggruen – un lobby américain visant à accélérer « l’intégration européenne » – était sorti dans la presse, tandis que son nom était cité dans une présomption d’emplois fictifs du Modem au Parlement européen.

La foule devant la Banque de France lors de la crise monétaire de juillet 1914.
Agence Rol — Bibliothèque nationale de France

L’étonnant parcours du sous-gouverneur

Son militantisme pour la création d’un Etat central sur le continent vient de loin, et elle ne s’en cache pas.

Conseiller politique de Romano Prodi à la Commission européenne entre 2001 et 2004, elle a présidé le Mouvement européen entre 2006 et 2010.

Cette année-là, elle créait avec les députés Daniel Cohn-Bendit et Guy Verhofstadt le groupe Spinelli, une structure qui militait notamment pour la diminution des relations bilatérales entre Etats afin de mieux centraliser le pouvoir à Bruxelles.

Partisane du CETA, un vaste traité commercial avec le Canada, Sylvie Goulard a cosigné en 2012 ‘De la démocratie en Europe’ avec le très fédéraliste Mario Monti, homme politique qui dirigeait alors le gouvernement italien.

La précipitation avec laquelle la sous-gouverneur veut utiliser nos réserves d’or peut interroger.
« Faire des prêts sur l’or ou des swaps [échanges de devises contre de l’or] revient à gager ce stock, à l’hypothéquer.

Il est clair que lancer des opérations sur l’or revient à en perdre la propriété pleine et entière. Nous n’avons plus alors la possession du bien pour qu’il serve de garantie à autre chose », prévient Christian Eugène.

A qui serviront ces prêts et ces échanges ?
A quelles fins ?
Un début de réponse se trouve peut-être du côté de New-York et de Londres. En effet, ces ‘hypothèques’ sur l’or sont menées depuis longtemps par les systèmes bancaires américain et anglais, avec en pointe des établissements comme … JP Morgan.

 Depuis 20 ans, une grande association américaine, le Gold anti-trust action commitee (GATA), se bat pour que la nature exacte des opérations soit rendue publique.

Selon cet organisme, les interventions sur le marché de l’or sont destinées à étouffer le cours du métal précieux, afin que celui-ci ne soit pas perçu comme un concurrent de la première devise du monde, le dollar.

« En faisant cela, le système n’est pas freiné et il peut continuer d’émettre de la monnaie à l’infini.
Cela lui permet de contrôler les marchés » estime Chris Powell, son secrétaire général.

Faire des prêts sur l’or ou des swaps revient à hypothéquer ce stock.

En vendant l’or à découvert, les plus gros établissements financiers s’assureraient que les masses de monnaie qu’ils créent ne se détournent pas vers le métal précieux, mais continuent au contraire de se déverser sur les titres de dette publique et privée.

Pour nourrir la machine ad vitam aeternam…
Côté pile, les Etats-Unis affichent depuis des décennies les mêmes quantités officielles de métal précieux dans leurs coffres.

Côté face, ils utiliseraient ce stock (via des certificats) pour pousser le prix vers le bas, afin que l’ancien étalon monétaire ne supplante pas le dollar dans l’esprit des utilisateurs.
Néanmoins, l’or garanti par les certificats peut être un jour réclamé, prévient le GATA.

Les dizaines de documents et de témoignages réunis par l’association américaine tendent à prouver que l’or demeure un actif essentiel dans le système monétaire actuel.

« Les opérations de prêts ou les swaps sur l’or ne sont pas anodins, ils servent à quelque chose, ajoute Chris Powell.
Mais les banques centrales ne veulent pas que le marché libre connaisse l’ampleur de ces opérations, car ce sont des informations extrêmement sensibles ».

En décembre dernier, à l’occasion d’une procédure judiciaire aux Etats-Unis, un trader de … JP Morgan a avoué avoir manipulé le marché des métaux précieux pendant des années.
Il a affirmé avoir agi avec son équipe, après avoir été formé par des traders plus anciens au sein de la même banque, et au su de sa hiérarchie.

Aux dernières nouvelles, le stock d’or total que la Banque de France conserve officiellement dans ses coffres s’élève à 2436 tonnes.

Servira-t-il à soutenir le dollar ?
L’euro ?
Ou les grandes banques privées, comme l’article du Alchemist le suggérait ?

Dans un passé récent, l’actuel sous-gouverneur a montré une véritable appétence pour les sujets financiers en lien avec la centralisation des pouvoirs à Bruxelles.
Lors de son passage au Parlement européen entre 2009 et 2017, Sylvie Goulard a été rapporteur ou co-rapporteur de plusieurs textes législatifs déterminants, comme celui visant à créer un mécanisme européen de supervision financière, ou cet autre à forte portée sur l’Union bancaire dans la zone euro.

L’or, un actif monétaire très sensible

La sous-gouverneur a même été à l’initiative d’un rapport sur les euro-obligations, ces titres de dette fédérale que la Commission européenne souhaiterait émettre un jour pour trouver des financements de manière indépendante, sans dépendre des transferts d’argent effectués par les Etats nationaux.

Des euro-obligations qui, en l’absence d’impôts européens, pourraient par exemple avoir besoin d’un stock d’or pour asseoir leur légitimité.

« Mais le marché de l’or est très opaque. Il est difficile de savoir d’où partent les transactions et chez qui elles arrivent » précise un trader en matières premières.

Une chose est sûre : l’idée de mobiliser le stock d’or français va à l’encontre de ce que font les autres grandes banques centrales de la planète (Etats-Unis mis à part).

Depuis la crise financière de 2008, qui avait vu des montagnes de titres de dette perdre toute valeur, les banques centrales sont devenues acheteuses de métal précieux, et elles le conservent précieusement.

La Russie a ainsi multiplié son stock d’or par 4 en dix ans, tandis que des rumeurs persistantes prêtent à la Chine une stratégie visant à dépasser les réserves officiellement détenues par les Etats-Unis.

D’autres nations – la Turquie, l’Inde, l’Indonésie, la Pologne, etc. – se sont mises à racheter de l’or ces dernières années après avoir longtemps été absentes du marché.

Mieux : des gouvernements possédant de l’or stocké à l’étranger ont demandé le rapatriement de leurs lingots afin d’en avoir la pleine propriété.

C’est ainsi que l’Allemagne a obtenu (difficilement et progressivement) le retour de son or entreposé aux Etats-Unis.

La France dépourvue de ses réserves au pire moment ?

Le mouvement s’est accéléré ces dernières années, car les signaux annonçant une nouvelle crise de la dette s’accumulent.
Pour Antoine Brunet, ancien chef économiste de HSBC France et ex économiste-conseil de la Banque de France :

Quel intérêt y aurait-il à prêter son or par les temps qui courent ? Quand Nicolas Sarkozy avait vendu 20% des réserves au début des années 2000, j’avais dit que c’était une très mauvaise idée.
Aujourd’hui, des puissances essayent de se débarrasser du dollar et pourraient éventuellement utiliser l’or à la place.
Si les opérations de prêt ou de swaps sur le stock d’or manifestent une volonté de s’en séparer, ce serait complètement stupide.

Longtemps, l’or a été utilisé comme monnaie à part entière, notamment dans le cadre des transactions internationales (achats de pétrole, de minerais, de marchandises).

Aujourd’hui, le précieux métal est souvent considéré comme un gage implicite des monnaies que nous utilisons.

 « L’or est le gage ultime. Prenons un exemple : admettons que l’euro ne tienne pas, pour des raisons politiques ou économiques.
Nous serions alors bien contents d’avoir une réserve d’or pour relancer une monnaie nationale qui inspire confiance, souligne Christian Eugène.

Mais si nous avons adossé notre stock à d’autres opérations, il sera difficile de le faire.
Une garantie peut toujours jouer, et on ne peut alors plus utiliser l’actif en question ».
La conséquence est redoutable : en cas de nouvelle crise financière, la France pourrait se retrouver nue dans la tempête.

Par Edouard Fréval
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Le JT de France 2 fait un reportage mensonger sur l'or de la Banque de France, Par Philippe Herlin, économiste – 15/02/2019.

Finalement mes trois articles sur la fin de la sanctuarisation de l'or de la Banque de France n'auront pas été inutiles : le JT du 20h de France 2 du 14 février y consacre un sujet (de 15'40 à 18'30) !

Mais il ne s'agit pas d'un travail journalistique, plutôt d'un morceau de propagande pour étouffer une affaire naissante.

Le journaliste ne parle pas de mes articles, bien sûr, ils sont trop argumentés et sourcés, il préfère s'appuyer sur celui du site Insolatiae de Charles Sannat, au ton souvent complotiste, qui affirme que JP Morgan a fait "main basse" sur l'or de la Banque de France.

C'est bien sûr faux et je n'ai jamais rien dit de tel, soyons sérieux.
Il fait aussi les poubelles du Net pour trouver un tweet débile affirmant avoir photographié des fourgons emportant l'or de la France...

Il ne manque pas non plus l'interview de l'expert de service qui ne connaît rien au sujet, Christian Chavagneux, de toute façon un économiste keynésien qui ne serait pas malheureux de vendre cet or pour "relancer la consommation".
Ces procédés sont pitoyables.

La Banque de France et JP Morgan mettent en place des swaps et des prêts sur l'or, ce qui engage le stock d'or physique, ce que le "journaliste" de France 2 n'explique pas.

Il dit ensuite que seul l'or des banques centrales étrangères stocké dans le sous-sol de la Banque de France est concerné, mais que l'or français ne "devrait" pas être mobilisé "selon un article des Echos".

C'est justement la question que je pose !
Ce conditionnel devrait pousser le journaliste, s'il faisait son travail, à aller plus loin, mais non, il s'arrête là !

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La météo et le trafic aérien

Les avions rendent les précipitations et les chutes de neige dix fois plus intenses
Floriane BOYER, Futura - 07/02/2019.

Les avions et la météo sont complémentaires.

Plus que jamais. Une étude invite les prévisionnistes à prendre en compte l'influence du trafic aérien sur les précipitations et les chutes de neige, grands ennemis des aéroports.
Il apparaît en effet que les avions sont capables de déchaîner les éléments.

Des cavums laissés par des avions traversant des nuages en surfusion lors de leur procédure d'approche de l'aéroport Suvarnabhumi de Bangkok, en Thaïlande. Ils peuvent être circulaires, ou rectilignes comme ici. Les cristaux, en tombant, forment des filaments de virgas, des précipitations qui n'atteignent pas le sol. © Ian Jacobs, Flickr, CC by-nc 2.0

Sur les images du radar météorologique de l'université d'Helsinki, de longues traînées apparaissent donnant corps aux couloirs aériens.

Car, dans le sillage des avions, et cela, sur des kilomètres, les précipitations ont redoublé d'intensité.
Des chercheurs finlandais ont observé ces bandes au voisinage de l'aéroport d'Helsinki-Vantaa, le plus important du pays.

Leur étude, publiée dans le Journal of Geophysical Research : Atmospheres, démontre que les avions peuvent accroître brutalement, en moyenne d'un facteur 10, les averses et les chutes de neige.

Une bande de précipitation accrue (en jaune à gauche) laissée par un avion se préparant à atterrir à l'aéroport d'Helsinki-Vantaa (EFHK) en mars 2009. Cette image provient d'une station radar dans la ville de Kerava (KER), dans la banlieue nord d'Helsinki. L'université d'Helsinki se situe, quant à elle, dans le quartier de Kumpula (KUM). © Dimitri Moissev et al., AGU, Journal of Geophysical Research: Atmospheres, 2019


Cela n'a rien à voir avec les prétendues chemtrails -- théorie conspirationniste assimilant les traînées de condensation des avions à un épandage de produits chimiques --, ni avec une expérience d'ensemencement des nuages par des aérosols pour modifier le temps, et encore moins avec la pollution.

Les précipitations accrues se produiraient « même avec des avions absolument écologiques, n'ayant aucune forme de combustion ni de carburant », assure dans un communiqué Dimitri Moissev de l'université d'Helsinki, premier auteur de l'étude.

Le passage fortuit des avions ne fait que mettre le feu au poudre dans des nuages où des conditions un peu particulières sont réunies.

Les nuages se forment par condensation de microgouttelettes d’eau autour de noyaux de condensation présents dans l’atmosphère. © François Roche CC by-nc-sa 2.0

Plus d'une cinquantaine de pays mènent des programmes d'ensemencement des nuages.
La technique est utilisée pour faire pleuvoir après une sécheresse, lutter contre le brouillard de pollution ou encore pour dégager le ciel avant un évènement important.
Son efficacité reste encore débattue.

L'ascension du nuage dans le ciel dépend notamment de la stabilité de la masse d'air. © P.P.Feyte.

Des flèches formées par de fortes précipitations pointent vers l'aéroport

En examinant onze ans de données issues du radar météorologique de l'université d'Helsinki, entre décembre 2008 et janvier 2018, Dimitri Moissev était certain de trouver « quelque chose d'intéressant ».
Et en effet, ses collègues et lui ont comptabilisé pas moins d'une soixantaine de bandes de précipitations accrues, réparties sur un total de 17 jours.

Les nuages ​​«trou-trou» comme celui-ci, qui a été vu au-dessus de Houston (Minnesota) en novembre 2014, se produisent lorsque les avions survolent un mince nuage de vapeur d'eau en surfusion, provoquant le gel des gouttelettes d'eau. Les minuscules cristaux tombent laissant un trou pour marquer le passage de l'avion. Selon une nouvelle étude du Journal of Geophysical Research: Atmosphères d'AGU, lorsque les nuages ​​en surfusion recouvrent une couche inférieure de précipitations, les cristaux qui tombent peuvent provoquer une pluie ou des chutes de neige intensifiées.
Crédit: Jamie Vix .

Les bandes, longues de quelques kilomètres à plusieurs dizaines de kilomètres, étaient inversement très étroites, « peut-être une centaine de mètres » de largeur, précise Dimitri Moissev.

Elles persistaient durant une demi-heure à une heure, et les précipitations, en l'occurrence les chutes de neige, y étaient 6 à 14 fois plus intenses par rapport aux précipitations environnantes.
Elles semblaient toutes fléchir en direction de l'aéroport d'Helsinki-Vantaa.

En comparant les archives du trafic aérien, les chercheurs ont constaté que, dans la plupart des cas, des avions étaient passés à une distance de 2 à 10 km de ces bandes de précipitations accrues.

Une réaction en chaîne dans des nuages en surfusion

Les bandes de précipitations accrues sont dues au passage des avions à travers des nuages constitués de gouttelettes en surfusion, demeurées liquides bien que la température soit en dessous de zéro, typiquement entre -15 et -20 °C.

La baisse brutale de pression créée à l'extrémité des ailes fait chuter localement la température jusqu'à -40 °C, voire en-deçà, et déclenche leur cristallisation.

Le phénomène ressemble fortement aux cavums (trouées dans des nuages assez fins lorsque les cristaux de glace, formés à la suite du passage d'un avion, tombent) laissant transparaître le ciel bleu.

Que cela puisse engendrer des précipitations n'est donc pas surprenant, mais Dimitri Moissev et ses collègues sont les premiers à l'observer avec autant de détails.

D'après les chercheurs, dans le cas des bandes de précipitations accrues observées à Helsinki, les nuages de gouttelettes en surfusion incriminés flottent à l'altitude à laquelle les avions effectuent leur phase d'approche et surplombent les nuages d'où s'abattent les précipitations.

C'est dans cette couche nuageuse supérieure que démarre une réaction en chaîne : la formation de cristaux augmente, exacerbant leur fréquence de collision et leur agrégation en flocons de neige de plus en plus gros, qui tombent dans la couche nuageuse inférieure, amplifiant les précipitations préexistantes.

Des prévisions météo à court terme

Afin d'identifier ce mécanisme, les chercheurs ont concentré leur analyse sur 23 de ces bandes, car ils disposaient de données complémentaires, par satellite et au lidar (télédétection par laser), pour les étudier.

Ils ont ainsi remarqué que le phénomène s'amorçait au-dessus des nuages de précipitations.

Quelques observations au niveau du sol concordent également avec leur explication ; elles mettent en évidence des flocons plus gros et en plus grande concentration à l'intérieur de ces bandes par rapport à la neige tombant dans la zone autour.

Le satellite Calipso a embarqué un Lidar destiné à étudier le rôle des nuages et des aérosols sur le climat. © NASA, Wikipedia, Public Domain

Comprendre l'influence du trafic aérien sur la météo est utile pour le bon fonctionnement des aéroports.

Des prévisions à court terme, dans les 2 à 6 heures, estime Dimitri Moissev, permettront d'anticiper un renforcement local des pluies et de la neige susceptibles d'impacter les vols.



LES FRANÇAIS ET LE GRAND DÉBAT NATIONAL

SONDAGE-  07/01/2019


Interrogés par l’IFOP pour le JDD dans le cadre du grand débat national dont le lancement est prévu le 15 janvier, les Français se déclarent massivement favorables aux mesures portées à la fois par les revendications des Gilets Jaunes et à celles proposées par l’opposition.

Parmi les cinq mesures testées,

- c’est la réduction du nombre de parlementaires qui remporte
   le plus l’adhésion des Français (82%),

- devant la prise en compte du vote blanc dans les résultats électoraux,
   (80%)

- le référendum d’initiative citoyenne (80% )

- et l’introduction d’une dose de proportionnelle pour l’élection des députés (74%).

 Fait rare, ces mesures sont toujours nettement majoritaires quelles que soient les sympathies partisanes exprimées.

Ainsi, 60% des sympathisants de La République En Marche et 91% des sympathisants du Rassemblement national se déclarent favorables à l’introduction du Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC).

Ce rassemblement autour de mesures institutionnelles se retrouve également sur le plan de la fiscalité.

Le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF) convainc 77% des personnes interrogées dont 61% des sympathisants de La République en marche (LREM) et 62% des sympathisants des Républicains.



……………………………

Association pour la reconnaissance du vote blanc

«Un vote blanc, pour moi, en tant que photographe, c'est dire noir sur blanc le refus d'être coincé par des choix imposés.  

Il est indispensable que l'on mette à la disposition des électeurs des bulletins de vote blanc et essentiel que ces votes soient comptabilisés et non amalgamés aux votes nuls.
Où en est-on avec la démocratie ?  

Je souhaite que l'on explique pour quelles raisons l'idée du vote blanc est impraticable. »  
Henri Cartier-Bresson Le Monde, 1995

Notre système démocratique électoral qui n'évolue pas depuis plus de cent ans nous empêche d'avoir des gouvernants avec une légitimité réellement solide.

- Flavius Romulus Augustus, dit Augustulus,  fut le dernier empereur d’occident. Mis sur le trône à l’âge de 13 ans par son père ambitieux, il n’y resta que dix mois, chassé par le barbare Odoacre.

Comme Olybrius quelques années plus tôt, ce fut un empereur fantoche, sans aucune légitimité.

Nos présidents restent plus longtemps dans leur palais.

Mais leur état de grâce et le temps où ils sont capables de mener des réformes est de plus en plus court.

Ils sont vite désactivés et on attend le suivant.

Combien de temps durera l’illusion cette fois-ci

Voir la suite sur : http://www.vote-blanc.org/


jeudi 7 février 2019

Yémen

- Les Émirats arabes unis fournissent des armes occidentales à des milices sans se soucier des conséquences.
Patrick Wilcken  - 6 février 2019.

Une enquête menée à partir d’informations disponibles en libre accès, rendue publique par Amnesty International mercredi 6 février, met en évidence un danger croissant dans le conflit au Yémen du fait que les Émirats arabes unis équipent des milices avec du matériel de guerre sophistiqué sans se soucier des conséquences.

Des militants houthis à Hodeida, le 10 décembre 2018. REUTERS/Abduljabbar Zeyad

Cette enquête, intitulée - Quand des armes s'égarent - : la nouvelle menace mortelle des détournements d'armes vers des milices au Yémen, montre que les Émirats arabes unis sont devenus un fournisseur majeur de véhicules blindés, de mortiers, de fusils, de pistolets et de mitrailleuses qui sont vendus illégalement à des milices agissant en dehors de tout contrôle et accusées de crimes de guerre et d’autres graves exactions.

ArabieSaoudite Amnesty Yemen
Des milices au Yémen armées indirectement par les Occidentaux, selon Amnesty international

« Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et d’autres États européens ont été critiqués, à raison, parce qu’ils fournissent des armes aux forces de la coalition et l’Iran envoie des armes aux houthis.

Cependant, une nouvelle menace se fait jour. Le Yémen est en train de devenir un repaire pour les milices soutenues par les Émirats arabes unis, qui ne sont généralement pas soumises à l’obligation de rendre des comptes, a déclaré Patrick Wilcken, chercheur sur le contrôle des armes et les droits humains à Amnesty International.

Un combattant avec une mitrailleuse légère Minimi conçue par la FN Herstal

Les forces armées émiriennes reçoivent des milliards de dollars d’armes provenant de pays occidentaux et d’autres sources, qu’elles ne font que détourner vers des milices au Yémen qui ne sont pas contrôlées et sont connues pour commettre des crimes de guerre.

Patrick Wilcken, chercheur sur le contrôle des armes et les droits humains à Amnesty International

« Les forces armées émiriennes reçoivent des milliards de dollars d’armes provenant de pays occidentaux et d’autres sources, qu’elles ne font que détourner vers des milices au Yémen qui ne sont pas contrôlées et sont connues pour commettre des crimes de guerre.

« La prolifération de ces parties belligérantes est le meilleur moyen de provoquer une catastrophe pour les civils yéménites, dont plusieurs milliers ont déjà été tués tandis que des millions d’autres sont au bord de la famine en conséquence directe de la guerre. »

Les groupes armés qui bénéficient de ces ventes d’armes douteuses – les « Brigades des Géants », la Brigade al Hizam (Forces de la ceinture de sécurité) et les Forces d’élite – sont entraînés et financés par les Émirats arabes unis, mais ne sont placés sous le contrôle d’aucun gouvernement.

Certains d’entre eux sont accusés d’avoir commis des crimes de guerre, notamment pendant la récente offensive contre la ville portuaire d’Hodeida et dans le réseau de prisons secrètes soutenu par les Émirats arabes unis dans le sud du Yémen.

Les États qui fournissent des armes aux Émirats arabes unis

Selon les données publiques, depuis le début du conflit au Yémen en mars 2015, les États occidentaux ont vendu pour au moins 3,5 milliards de dollars américains d’armes aux Émirats arabes unis.

Il s’agit notamment d’armes classiques lourdes – comme des avions et des navires –, d’armes de petit calibre, d’armes légères, de pièces détachées et de munitions.

Malgré les graves atteintes aux droits humains attribuées aux Émirats arabes unis et aux milices qu’ils soutiennent, les pays suivants ont récemment fourni des armes aux Émiriens : l’Afrique du Sud, l’Allemagne, l’Australie, la Belgique, le Brésil, la Bulgarie, la Corée du Sud, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Tchéquie et la Turquie, entre autres.

Amnesty International a analysé les éléments disponibles en libre accès au sujet de la bataille d’Hodeida et constaté que les véhicules militaires et les armes vendus aux Émirats arabes unis sont aujourd’hui largement utilisés par les milices sur le terrain.

Une grande variété de véhicules blindés d’origine américaine équipés de mitrailleuses lourdes, tels que les modèles M-ATV, Caiman et MaxxPro, ont été observés entre les mains de milices soutenues par les Émirats arabes unis : la Brigade al Hizam, les Forces d’élite de Shabwa et les « Brigades des Géants ».

Des mitrailleuses légères Minimi, de fabrication belge, également probablement vendues aux Émirats arabes unis, sont actuellement utilisées par les « Brigades des Géants ».

Parmi les autres armes utilisées par les milices alliées aux Émirats arabes unis dans la bataille d’Hodeida figurent les mitrailleuses serbes Zastava MO2 Coyote et le mortier singapourien Agrab de 120 millimètres monté sur un véhicule blindé – les Émirats arabes unis sont le seul pays connu pour acheter ce système d’armement combiné.

Ailleurs au Yémen, les Émirats arabes unis ont directement entraîné et financé la Brigade al Hizam et les Forces d’élite, qui gèrent un réseau nébuleux de prisons secrètes appelées « sites noirs ».

Amnesty International et d’autres organisations ont déjà rassemblé des informations sur le rôle de ces groupes dans des disparitions forcées et d’autres atteintes aux droits humains commises dans ces structures, où des détenus ont notamment été menacés avec des armes à feu, torturés à l’aide de décharges électriques et soumis à des simulacres de noyade (« waterboarding »), à des humiliations sexuelles, à une détention prolongée à l’isolement, à des conditions sordides et à des quantités insuffisantes de nourriture et d’eau.

Les milices soutenues par les Émirats arabes unis qui gèrent ces sites noirs manient des fusils bulgares et conduisent des véhicules blindés américains.

Violations du Traité sur le commerce des armes
Beaucoup d’États qui continuent de fournir des armes aux Émirats arabes unis sont parties au Traité sur le commerce des armes.

Certains ont d’autres obligations légales, en tant que membres de l’Union européenne ou au regard de leur législation nationale, qui leur interdisent de transférer des armes utilisées pour commettre des crimes de guerre.

En persistant à fournir des armes aux Émirats arabes unis, malgré les nombreux éléments prouvant que celles-ci sont utilisées dans des crimes de guerre et d’autres graves exactions au Yémen, ils font fi de ces obligations.

Amnesty International appelle tous les États à cesser de fournir des armes aux parties au conflit yéménite, sans exception, tant qu’il subsistera un risque non négligeable que ce matériel serve à commettre ou à faciliter de graves violations du droit international humanitaire et relatif aux droits humains.

Le Danemark, la Finlande, les Pays-Bas et la Norvège ont récemment annoncé la suspension de leurs transferts d’armes vers les Émirats arabes unis.

« À l’approche des prochains pourparlers de paix concernant le conflit au Yémen, les États fournisseurs d’armes doivent réfléchir attentivement à la manière dont leurs transferts d’armes continuent d’alimenter directement et indirectement des crimes de guerre et d’autres graves exactions.

La prolifération des milices soutenues par les Émirats arabes unis qui ne sont soumises à aucun contrôle aggrave la crise humanitaire et menace de plus en plus la population civile, a déclaré Patrick Wilcken.

« Seuls quelques rares pays ont pris la bonne décision en cessant de convoyer des armes vers le conflit dévastateur que traverse le Yémen.
Les autres doivent suivre leur exemple, ou bien ils partageront la responsabilité des ravages que ces milliards de dollars de transferts d’armes causent pour les civils au Yémen. »





Révélations

 sur un nouveau partenaire de Benalla qui inquiète Matignon.
Par Emmanuel Fansten et Ismaël Halissat — 6 février 2019.

Alexandre Benalla et Chokri Wakrim en août 2018 (captures d'écran vidéo). DR

Compagnon de la cheffe de la sécurité du Premier ministre, Chokri Wakrim est impliqué dans un sulfureux contrat russe au côté de l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron, Alexandre Benalla et Brigitte Macron au Touquet, en juin 2017.

C’est un personnage central de l’affaire Benalla, dont le nom n’est encore jamais apparu jusqu’ici.
Chokri Wakrim, 34 ans, a pourtant tissé de nombreux liens avec l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron.

Libération enquête depuis plusieurs semaines sur ce militaire au parcours opaque.

Selon nos informations, il est impliqué dans un contrat de sécurité avec l’oligarque russe Iskander Makhmudov.

L’homme est aussi le compagnon de Marie-Elodie Poitout, cheffe du groupe de sécurité du Premier ministre (GSPM), Edouard Philippe.

      
Alexandre Benalla et Mohamad Izzat Khatab, capture d'écran.

«Ami commun»
Le couple a vu Alexandre Benalla fin juillet, comme en atteste un courrier adressé par le directeur de cabinet d’Edouard Philippe au parquet de Paris le 1er février.

La rencontre s’est déroulée au domicile de Marie-Elodie Poitout.

C’est ce courrier, consulté par Libération, qui a servi de base à l’ouverture d’une enquête préliminaire pour «atteinte à la vie privée» et «détention illicite d’appareils ou de dispositifs permettant la réalisation d’interception de télécommunications ou de conversations».

Dans ce cadre, le parquet a cherché à perquisitionner lundi les locaux de Mediapart, qui s’y est opposé.

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Quelques jours plus tôt, le site avait révélé un enregistrement accablant d’Alexandre Benalla et de Vincent Crase daté du 26 juillet, alors que leur contrôle judiciaire leur interdisait pourtant formellement de se voir.

On y entend les deux hommes réfléchir au meilleur moyen de détruire d’éventuelles preuves compromettantes.
Ils s’inquiètent en particulier des liens qui pourraient apparaître avec un contrat de sécurité signé en juin avec un sulfureux oligarque russe, Iskander Makhmudov, proche de Vladimir Poutine, alors que Benalla travaillait encore à l’Elysée.

Dans quel cadre Benalla et Crase ont-ils été enregistrés, s’interrogent les services du Premier ministre ?
Le courrier envoyé par Matignon au parquet de Paris ne répond pas à cette question.
Entendue par sa hiérarchie, Marie-Elodie Poitout, promue commissaire divisionnaire en janvier 2018, a simplement indiqué avoir reçu Benalla à son domicile en compagnie de Chokri Wakrim, présenté sobrement comme «un ami commun».

«Entretien corporel»

Un attelage d’autant plus suspect que Wakrim a été sollicité quelques mois plus tôt par Alexandre Benalla pour travailler sur le fameux contrat russe.
Il était notamment en charge, à Monaco, de la sécurité de la famille de Iskander Makhmudov.

A l’époque, une partie de ce contrat avait été confiée à la société de sécurité privée Velours, qu’Alexandre Benalla connaît bien pour y avoir travaillé entre 2014 et 2015.
Or il existe un autre lien entre cette entreprise et Chokri Wakrim.

Selon nos informations, ce dernier a en effet créé une autre société avec un des fondateurs de Velours, dont les statuts datent du 9 juillet 2018, à peine dix jours avant les premières révélations du Monde à l’origine de l’affaire Benalla.

 Pourquoi avoir créé cette structure à l’objet social incongru («entretien corporel»), sans lien apparent avec le milieu de la sécurité ?

Toujours est-il que le patron de Velours a revendu toutes ses parts à Chokri Wakrim quelques semaines plus tard.

Plusieurs documents consultés par Libération attestent par ailleurs de la proximité entre Chokri Wakrim et Alexandre Benalla.

Le militaire l’a notamment accompagné cet été dans le château de l’homme d’affaires Vincent Miclet, en Dordogne.
Dans une vidéo, il apparaît par exemple en pleine séance de tir à la carabine avec l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron, dans les jardins de la demeure.

Une autre séquence le montre cette fois au domicile parisien de Mohamad Izzat Khatab, sulfureux homme d’affaires syrien soupçonné de nombreuses escroqueries, qui a hébergé Alexandre Benalla pendant plusieurs semaines après son son départ de l’Elysée, comme l’avait révélé Libération.
Une proximité qui soulève de très nombreuses questions. Contacté à plusieurs reprises, Chokri Wakrim n’a pas répondu à nos sollicitations.


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Affaire Benalla- Matignon "mouillé" par Chokri Wakrim et Marie-Elodie Poitout?
Publié le : Jeudi 07 Février 2019 

Les coups de griffe de la Cour des comptes

LES ECHOS - 06/02/2019.

Travail détaché, pompes funèbres, mobilier national, trains Intercités… dans son rapport annuel publié ce mercredi, la Cour des comptes épingle plusieurs entités publiques pour leur gestion déficiente du personnel et donc de leurs finances et met en cause de nombreuses procédures de contrôle jugées très insuffisantes.

Effectifs pléthoriques, rémunérations trop importantes, temps de travail insuffisant... dans  son rapport 2019 paru ce mercredi la Cour des comptes met en lumière plusieurs exemples de mauvaise gestion de l'argent public. Revue d'effectif :

Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, et Michèle Pappalardo, rapporteure générale, lors de la présentation du rapport annuel 2019 de la Cour des comptes ce mercredi matin. – AFP

· EDF

EDF doit supprimer l' « avantage énergie » qu'il offre à ses employés et ex-salariés, un bénéfice « sans équivalent » qui se chiffre en milliards d'euros et contribue à plomber les finances du groupe français, estime la Cour.

La gratuité de l'abonnement, la fourniture de l'électricité pour environ 4 % du tarif de base et l'exonération des taxes sont actuellement offertes aux agents en activité ainsi qu'aux agents retraités pouvant justifier d'au moins 15 ans de services.  Plus d'informations à lire ici

EDF « continue d'offrir des rémunérations élevées et une série d'avantages, sans équivalent, dont bénéficient salariés et anciens salariés, largement déconnectées des performances de l'entreprise », critique la Cour des comptes. - AFP

· Travail détaché

Alors qu'il n'y a jamais eu autant de travailleurs détachés en France (516.000 en 2017), la Cour des comptes juge que la France peut mieux faire en matière de lutte contre la fraude. Certes, les magistrats financiers saluent le « renforcement » d'un arsenal juridique déployé tardivement mais désormais « important », et « la priorité assignée à l'inspection du travail » (près de 1.000 contrôles par mois en 2017).

Mais elle souligne qu'il reste encore à faire en matière de lutte contre la fraude aux cotisations sociales, les résultats n'étant « pas à la hauteur des enjeux ».

Elle regrette en outre que « les parquets et les tribunaux rencontrent des difficultés [...] pour traiter l'afflux des procédures » Ce n'est pas qu'une question de moyens mais aussi d'organisation, souligne la rue Cambon, jugeant les sanctions insuffisantes, avec notamment un « nombre élevé d'affaires classées sans suite » par les parquets. >>> 

La Cour des comptes s'est penchée sur l'efficacité de l'arsenal de lutte contre la fraude au travail détaché. - Shutterstock

· Urgences hospitalières

Les magistrats financiers recommandent de « faire évoluer les services d'urgence à l'activité insuffisante en utilisant tous les leviers disponibles », y compris leur « fermeture » ou leur « transformation en centre de soins non programmés ».

Sont particulièrement visés ceux « dont la faible activité, notamment en « nuit profonde » (00 heures - 8 heures, NDLR), ne permet plus d'assurer la permanence des soins dans des conditions financièrement supportables ». >>>  Plus d'informations à lire ici


· Radio France

La « Maison Ronde » a fait des progrès en matière d'audience et de gestion depuis 2015, mais la Cour des comptes l'appelle à se réformer pour sortir d'une situation financière « inquiétante ».

Les magistrats financiers lui suggèrent par exemple de cesser de diffuser Mouv' sur la FM, de mieux suivre son pharaonique chantier de rénovation et d'augmenter le temps de travail des salariés.  >>> Plus d'informations à lire ici


· Trains Intercités

La Cour des comptes juge que l'Etat est « mal armé » pour conserver la gestion des Intercités et trains de nuit, en raison notamment « de la faiblesse des moyens qu'il peut y consacrer ».

Elle suggère un transfert des « lignes d'aménagement du territoire » (Nantes-Lyon, Nantes-Bordeaux, Toulouse-Hendaye) aux régions concernées et une exploitation sans convention des trains de nuit et des « lignes structurantes » (Paris-Toulouse, Paris-Clermont, Bordeaux-Toulouse-Marseille) « par la SNCF ou ses futurs concurrents ».

· Mobilier national

Collections insuffisamment documentées et mal entretenues, défaillances dans la mise en oeuvre des missions ou gestion « sclérosée » du personnel qui bénéficie de conditions extrêmement avantageuses (avec un nombre de jours réellement travaillés oscillant entre 120 et 176 jours par an, et la possibilité d'utiliser les ateliers pour des travaux à des fins personnelles) : le Mobilier national, chargé de l'ameublement des résidences présidentielles et de l'entretien du patrimoine d'Etat est « à bout de souffle », selon la Cour, qui appelle l'Etat à « engager sans plus attendre la redynamisation des activités » du MNGBS (le Mobilier national et les Manufactures nationales des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie) ».

· Sécurité alimentaire

La France a progressé en matière de sécurité alimentaire, mais quelques zones d'ombre demeurent, telles les procédures de retrait-rappel qui demeurent « inefficaces », selon la Cour des comptes, qui fait référence à l'affaire Lactalis.

L'institution financière prône notamment, comme le Conseil national de la consommation dans un rapport publié en juillet, le blocage en caisse des produits concernés et la publication des retraits-rappels sur un site internet unique. >>>  Plus d'informations à lire ici


· Pompes funèbres

« Insuffisamment contrôlé », le secteur des pompes funèbres manque de transparence en France, selon la Cour, qui analyse l'évolution du domaine funéraire au cours des 25 dernières années.

Du fait de cette situation, les prix de prestations funéraires augmentent chaque année deux fois plus vite que les prix à la consommation.

 Pour améliorer cette transparence et mieux contenir les hausses de prix, les magistrats recommandent à l'Etat de renforcer les contrôles des entreprises et de muscler la législation. >>>  Plus d'informations à lire ici

« L\'indice de prix des prestations funéraires a augmenté deux fois plus vite que celui de l\'ensemble des prix à la consommation », constate la Cour des comptes. - GEORGES GOBET/AFP

· Lanceurs spatiaux

Le futur lanceur Ariane 6 devra évoluer rapidement pour rester compétitif face à une concurrence américaine puissamment soutenue par la commande publique et alors que les applications liées au spatial prennent une place de plus en plus importante dans les activités humaines, estime la cour.

Pour l'institution de la rue Cambon, « une plus grande participation des partenaires européens de la France » doit par ailleurs « être recherchée ».  >>> Plus d'informations à lire ici

Vue d\'artiste de la future fusée européenne Ariane 6 qui remplacera peu à peu Ariane 5 à partir de 2020 - ESA - David Ducros

· Fonds européens outre-mer

En outre-mer, les Fonds européens structurels et d'investissements (FESI) sont très utilisés, mais la volonté de consommer à tout prix ces crédits conduit parfois à « des défaillances de gestion » et à un « manque de transparence », regrettent les magistrats financiers.

· Filière du sang

La Cour dresse un constat d'échec du LFB, laboratoire de médicaments dérivés du plasma détenu à 100 % par l'Etat, pointant des pratiques industrielles « défaillantes » et une stratégie de diversification dans les biotechnologies « trop ambitieuse ».
Ce bilan remet en cause « la pertinence du rôle de l'Etat comme actionnaire à 100 % » du LFB, selon le rapport.

· Service militaire adapté en outre-mer

Le Service militaire adapté (SMA), dispositif d'insertion professionnelle dans les outre-mer pour les 18-25 ans avec un encadrement militaire, obtient « de bons résultats », mais doit s'améliorer, souligne la Cour des comptes.

Celle-ci pointe « une moindre ambition des formations avec une diminution de leur durée et la fin des formations diplômantes »,

· Comptes et assurances vie en déshérence

C'est un des rares points positifs du rapport annuel de la Cour des comptes. Le dispositif censé traiter le problème des avoirs bancaires et des contrats d'assurance vie dits en déshérence est salué par la Cour, qui parle d'une « réforme bien engagée ».

Elle n'a toutefois pas encore atteint son « régime de croisière » :
« L'érosion est lente », constatent les magistrats financiers, qui appellent à divers ajustements pour simplifier et compléter les procédures.

· Ile-de-France

Les communes les plus pauvres d'Ile-de-France, qui connaissent d'importantes contraintes de gestion liées à leur population souvent jeune et plus fragile économiquement et socialement, doivent s'engager dans une meilleure maîtrise de leurs dépenses de personnels, recommande la Cour des comptes.

Malgré les subventions reçues, « les programmes d'investissements ont souvent conduit au prix d'un endettement croissant », notent les magistrats.
Selon eux, « d'importantes économies peuvent être envisagées dans ces communes sur les dépenses de personnel qui permettraient des redéploiements budgétaires ». >>>  Plus d'informations à lire ici

Plus de 83 % de la population de Grigny, dans le département de l\'Essonne, vit en quartier prioritaire de la ville. - AFP

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