Par Yves Mamou – 29/01/2020.
FIGAROVOX/TRIBUNE - Les fonds européens destinés à des
ONG promouvant la paix au Moyen-Orient sont parfois détournés au profit d’organisations
terroristes pro-palestiniennes, accuse Yves Mamou.
«Il y a une sorte légèreté manifeste de la part des institutions
européennes, qui ont commis de profondes erreurs d’analyse et semblent ignorer
la réalité politique du terrain». Wikimedia commons
Yves Mamou est un
ancien journaliste du Monde. Il a également collaboré au Canard Enchaîné, à
Libération et à La Tribune.
Collaborateur
régulier du site américain The Gatestone Insitute, il est l’auteur de nombreux
ouvrages dont
Le Grand abandon.
Les élites
françaises et l’islamisme (éd. L’Artilleur, 2018).
L’Union européenne et les différents États
membres de l’Union européenne consacrent ensemble et chaque année, plus d’une
centaine de millions d’euros à financer des actions menées en faveur de la paix
entre les Israéliens et les Palestiniens. Ces actions sont menées par un tissu important d’associations et
d’ONG palestiniennes et israéliennes.
Source : Bare
Naked Islam (avec liste d’articles en relation)
Mais le 17 mai
2017, le Parlement européen a voté une résolution affirmant que pour maintenir
vivant le «processus de paix», il était «vital pour les autorités compétentes
de l’UE de veiller à ce qu’aucun financement de l’UE ne puisse être directement
ou indirectement détourné vers des organisations ou des activités terroristes
qui incitent à ces actes».
Des manifestants palestiniens aux prises avec l’armée
israélienne près de la colonie de Qadomem, en Cisjordanie, le 30 décembre.
Photo Mohamad Torokman. Reuters
Entre 2017 et
2019, plusieurs directives ont été adoptées pour réduire la porosité financière
entre un certain nombre d’ONG et diverses organisations terroristes.
Dans chaque
contrat passé avec une ONG, l’Union européenne a ajouté une clause dite de
contre-terrorisme, qui engage l’ONG bénéficiaire de fonds européens à ne pas
s’associer au mouvement BDS (Boycott Désinvestissement Sanction) ni à d’autres
organisations terroristes.
Conséquence de ce
«durcissement» des conditions de financement, le 1er janvier 2020, plus d’une
centaine d’ONG palestiniennes qui soutenaient le BDS ou qui avaient un lien
avec le FPLP fondé par Georges Habache, une organisation qui est sur la liste
des organisations terroristes de l’Union européenne, des États-Unis, du Canada
et d’Israël, ont bruyamment fait savoir qu’elles renonçaient à demander des
subventions à l’Union européenne.
Cette
manifestation de colère des ONG palestiniennes a été soutenue par l’Autorité
Palestinienne.
Voici deux
exemples d’une utilisation partisane des fonds de l’UE, publiés par le site
Internet NGO Monitor, une association israélienne spécialisée dans le suivi
politique et financier des ONG palestiniennes et israéliennes.
En 2017, l’EIDHR
(European Instrument for Democracy and Human Rights), un fonds humanitaire de l’Union européenne, a accordé 699 236 euros
à un projet intitulé «Renforcer la résilience et la cohésion sociale de la
communauté de Jérusalem-est de part et d’autres du mur de séparation».
Les cinq ONG
palestiniennes impliquées dans le projet (Union of Palestinian Women Committees
(UPWC), Defense for Children International-Palestine (DCI-P), Health Work
Committees (HWC), et Bisan Center for Research and Development Association)
avaient toutes des liens avec le FPLP, une organisation inscrite sur la liste
des organisations terroristes de l’UE.
Ma’an Network, une agence de presse
palestinienne, a reçu 427 200 euros de l’EIDHR entre 2016 et 2019 pour une
bourse de recherche intitulée «Médias pour le changement:
Tirer parti des
initiatives des médias pour promouvoir l’engagement participatif dans le
processus de paix».
Le 1er août 2017,
Ma’an Network a publié un article en arabe intitulé «Chanson en hébreu en
défense de la mosquée Al Aqsa» pour illustrer une vidéo du même nom.
La vidéo montre une attaque terroriste
accompagnée en chanson des paroles suivantes:
«Je vais nettoyer
mon pays de chaque Juif / Je servirai mon pays de tout mon être».
L’article raconte
que la vidéo «promet de nettoyer la Palestine des Juifs, et proteste contre les
mesures de sécurité israéliennes».
La réprobation
publique générée par l’information sur cette chanson a incité Ma’an à retirer
par la suite l’article de son site Internet et la vidéo de son compte Youtube…
Les services administratifs de l’UE se
rendent ainsi complices d’ONG qui n’ont aucun goût pour la « solution à deux
États », pourtant prônée… par l’Union
européenne.
Entre 2017 et
2020, l’ONG Al-Haq a touché 296 600 € de l’EIDHR pour «Autonomiser la société
civile palestinienne et promouvoir la déclaration et la mise en œuvre efficaces
des instruments internationaux de droits que la Palestine a accueillis en 2014»
:
Al-Haq joue un
rôle prépondérant dans le «lawfare» (la guerre juridique) contre Israël et
s’active aux côtés de BDS.
Le directeur
général d’Al-Haq, Shawan Jabarin, a des liens avec l’organisation terroriste
FPLP et, pour cette raison, Israël et la Jordanie lui ont refusé des visas de
sortie.
Selon la Cour
suprême israélienne, Jabarin «agit apparemment comme une manière de Docteur
Jekyll et Mister Hyde, agissant une partie du temps en tant que PDG d’une
organisation de droits de l’homme, et à d’autres moments en tant que militant
d’une organisation terroriste.».
En réalité, la liste est longue et il nous
est difficile de tous les citer.
À chaque fois, il
en ressort une légèreté manifeste de la part des institutions européennes, qui
ont commis de profondes erreurs d’analyse et semblent ignorer la réalité
politique du terrain.
Le paradoxe,
c’est que les services administratifs de l’UE se rendent ainsi complices d’ONG
qui n’ont aucun goût pour la «solution à deux États», pourtant prônée… par
l’Union européenne.
Aucune base de données ne permet de
différencier les ONG réellement impliquées dans le travail social une ONG qui
utilise les fonds pour financer des organisations terroristes.
Ces exemples de
subventions douteuses accordées par l’EIDHR pourraient être juxtaposés avec
d’autres exemples de financements douteux accordés par d’autres enveloppes
financières de l’UE, comme le Directorate General for International Cooperation
and Development (DEVCO), l’EU Peacebuilding Initiative (PbI), l’EU’s
Peacebuilding Initiative, etc.
Le vrai problème de ces différents
portefeuilles d’aides financières de l’Union européenne tient au fait qu’ils ne
sont pas connectés entre eux, que leurs missions se chevauchent et que les
aides forment un éventail complexe et mal coordonné qui est distribué par des
équipes dépourvues de stratégie politique.
Par ailleurs,
aucune base de données ne permet de différencier les ONG réellement impliquées
dans une forme ou une autre de travail social et une ONG qui utilise tout ou
partie des fonds pour financer des organisations terroristes ou inciter à la
violence contre Israël.