samedi 1 février 2020

Palestine

Quand des ONG proches du terrorisme palestinien vivent de subventions... européennes
Par Yves Mamou – 29/01/2020.

FIGAROVOX/TRIBUNE - Les fonds européens destinés à des ONG promouvant la paix au Moyen-Orient sont parfois détournés au profit d’organisations terroristes pro-palestiniennes, accuse Yves Mamou.

«Il y a une sorte légèreté manifeste de la part des institutions européennes, qui ont commis de profondes erreurs d’analyse et semblent ignorer la réalité politique du terrain». Wikimedia commons

Yves Mamou est un ancien journaliste du Monde. Il a également collaboré au Canard Enchaîné, à Libération et à La Tribune.
Collaborateur régulier du site américain The Gatestone Insitute, il est l’auteur de nombreux ouvrages dont Le Grand abandon.
Les élites françaises et l’islamisme (éd. L’Artilleur, 2018).


L’Union européenne et les différents États membres de l’Union européenne consacrent ensemble et chaque année, plus d’une centaine de millions d’euros à financer des actions menées en faveur de la paix entre les Israéliens et les Palestiniens. Ces actions sont menées par un tissu important d’associations et d’ONG palestiniennes et israéliennes.


 Entre 2017 et 2019, plusieurs directives ont été adoptées pour réduire la porosité financière entre un certain nombre d’ONG et diverses organisations terroristes.


Source : Bare Naked Islam (avec liste d’articles en relation)
  
Mais le 17 mai 2017, le Parlement européen a voté une résolution affirmant que pour maintenir vivant le «processus de paix», il était «vital pour les autorités compétentes de l’UE de veiller à ce qu’aucun financement de l’UE ne puisse être directement ou indirectement détourné vers des organisations ou des activités terroristes qui incitent à ces actes».

Des manifestants palestiniens aux prises avec l’armée israélienne près de la colonie de Qadomem, en Cisjordanie, le 30 décembre. Photo Mohamad Torokman. Reuters

Entre 2017 et 2019, plusieurs directives ont été adoptées pour réduire la porosité financière entre un certain nombre d’ONG et diverses organisations terroristes.

Dans chaque contrat passé avec une ONG, l’Union européenne a ajouté une clause dite de contre-terrorisme, qui engage l’ONG bénéficiaire de fonds européens à ne pas s’associer au mouvement BDS (Boycott Désinvestissement Sanction) ni à d’autres organisations terroristes.

Conséquence de ce «durcissement» des conditions de financement, le 1er janvier 2020, plus d’une centaine d’ONG palestiniennes qui soutenaient le BDS ou qui avaient un lien avec le FPLP fondé par Georges Habache, une organisation qui est sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne, des États-Unis, du Canada et d’Israël, ont bruyamment fait savoir qu’elles renonçaient à demander des subventions à l’Union européenne.

Cette manifestation de colère des ONG palestiniennes a été soutenue par l’Autorité Palestinienne.

Voici deux exemples d’une utilisation partisane des fonds de l’UE, publiés par le site Internet NGO Monitor, une association israélienne spécialisée dans le suivi politique et financier des ONG palestiniennes et israéliennes.

En 2017, l’EIDHR (European Instrument for Democracy and Human Rights), un fonds humanitaire de l’Union européenne, a accordé 699 236 euros à un projet intitulé «Renforcer la résilience et la cohésion sociale de la communauté de Jérusalem-est de part et d’autres du mur de séparation».

Les cinq ONG palestiniennes impliquées dans le projet (Union of Palestinian Women Committees (UPWC), Defense for Children International-Palestine (DCI-P), Health Work Committees (HWC), et Bisan Center for Research and Development Association) avaient toutes des liens avec le FPLP, une organisation inscrite sur la liste des organisations terroristes de l’UE.

Ma’an Network, une agence de presse palestinienne, a reçu 427 200 euros de l’EIDHR entre 2016 et 2019 pour une bourse de recherche intitulée «Médias pour le changement:

Tirer parti des initiatives des médias pour promouvoir l’engagement participatif dans le processus de paix».

Le 1er août 2017, Ma’an Network a publié un article en arabe intitulé «Chanson en hébreu en défense de la mosquée Al Aqsa» pour illustrer une vidéo du même nom.
 La vidéo montre une attaque terroriste accompagnée en chanson des paroles suivantes:
«Je vais nettoyer mon pays de chaque Juif / Je servirai mon pays de tout mon être».
L’article raconte que la vidéo «promet de nettoyer la Palestine des Juifs, et proteste contre les mesures de sécurité israéliennes».
La réprobation publique générée par l’information sur cette chanson a incité Ma’an à retirer par la suite l’article de son site Internet et la vidéo de son compte Youtube…

Les services administratifs de l’UE se rendent ainsi complices d’ONG qui n’ont aucun goût pour la « solution à deux États  », pourtant prônée… par l’Union européenne.

Entre 2017 et 2020, l’ONG Al-Haq a touché 296 600 € de l’EIDHR pour «Autonomiser la société civile palestinienne et promouvoir la déclaration et la mise en œuvre efficaces des instruments internationaux de droits que la Palestine a accueillis en 2014» :

Al-Haq joue un rôle prépondérant dans le «lawfare» (la guerre juridique) contre Israël et s’active aux côtés de BDS.
Le directeur général d’Al-Haq, Shawan Jabarin, a des liens avec l’organisation terroriste FPLP et, pour cette raison, Israël et la Jordanie lui ont refusé des visas de sortie.

Selon la Cour suprême israélienne, Jabarin «agit apparemment comme une manière de Docteur Jekyll et Mister Hyde, agissant une partie du temps en tant que PDG d’une organisation de droits de l’homme, et à d’autres moments en tant que militant d’une organisation terroriste.».

En réalité, la liste est longue et il nous est difficile de tous les citer.

À chaque fois, il en ressort une légèreté manifeste de la part des institutions européennes, qui ont commis de profondes erreurs d’analyse et semblent ignorer la réalité politique du terrain.
Le paradoxe, c’est que les services administratifs de l’UE se rendent ainsi complices d’ONG qui n’ont aucun goût pour la «solution à deux États», pourtant prônée… par l’Union européenne.

Aucune base de données ne permet de différencier les ONG réellement impliquées dans le travail social une ONG qui utilise les fonds pour financer des organisations terroristes.

Ces exemples de subventions douteuses accordées par l’EIDHR pourraient être juxtaposés avec d’autres exemples de financements douteux accordés par d’autres enveloppes financières de l’UE, comme le Directorate General for International Cooperation and Development (DEVCO), l’EU Peacebuilding Initiative (PbI), l’EU’s Peacebuilding Initiative, etc.

Le vrai problème de ces différents portefeuilles d’aides financières de l’Union européenne tient au fait qu’ils ne sont pas connectés entre eux, que leurs missions se chevauchent et que les aides forment un éventail complexe et mal coordonné qui est distribué par des équipes dépourvues de stratégie politique.

Par ailleurs, aucune base de données ne permet de différencier les ONG réellement impliquées dans une forme ou une autre de travail social et une ONG qui utilise tout ou partie des fonds pour financer des organisations terroristes ou inciter à la violence contre Israël.









lundi 27 janvier 2020

Coronavirus en Chine

Après le SRAS, la sulfureuse coopération franco-chinoise à Wuhan
Par Antoine Izambard le 23.01.2020

La Chine qui est de nouveau frappée par un coronavirus, lequel a causé la mort de 17 personnes, a noué après la crise du SRAS en 2003 un partenariat très sensible et décrié avec la France en matière de sécurité biologique.

Des chercheurs chinois au sein du laboratoire P4 de Wuhan inauguré en février 2017 en présence de Bernard Cazeneuve. JOHANNES EISELE / AFP

La Chine se retrouve de nouveau au cœur d'une affaire sanitaire dont la portée menace d'être mondiale. Baptisé "2019-nCoV", un coronavirus est apparu le mois dernier à Wuhan - ville du centre du pays qui a été mise en quarantaine jeudi - et a déjà fait dix-sept victimes en Chine où au total 570 personnes sont infectées d’après le dernier décompte officiel. Plusieurs personnes au Japon, en Corée du Sud ou aux Etats-Unis ont également été contaminées alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dira dans les jours qui viennent si l'épidémie constitue une urgence de santé publique internationale.

Celle-ci présente plusieurs points communs avec le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), virus hautement contagieux, parti de Chine et qui avait fait près de 800 morts en 2002-2003.

Cette pandémie avait poussé le gouvernement chinois à se tourner vers la France pour se renforcer dans la lutte contre ces épidémies.

Le début d'une intense et sulfureuse coopération entre les deux pays. Celle-ci a été racontée en détails dans le livre "France-Chine, les liaisons dangereuses" paru en octobre 2019 (Stock) et écrit par l'auteur de ces lignes - les citations ci-dessous en sont extraites.


C’est lors du premier semestre 2003, que la puissante Académie chinoise des Sciences fait savoir à Paris qu’elle souhaite acquérir un laboratoire Pathogènes de classe 4 (P4) qui peut héberger les virus les plus dangereux de la planète (Ebola, Coronavirus, H5N1…).
Il sert à traquer les souches infectieuses dans l’espoir de les combattre et protéger ainsi des dizaines de milliers de personnes à travers le monde.

La France, qui a inauguré en 1999 à Lyon, le P4 Jean Mérieux, le plus grand d’Europe, fait partie des pays les plus en pointe sur le sujet.

La demande de Pékin reçoit toutefois un accueil mitigé au sein de l’État français. Si Paris ne peut que soutenir la Chine dans sa volonté de lutter plus efficacement contre les pandémies, plusieurs questions se posent.

Alerté par ses services de renseignement, le pouvoir se demande si la technologie demandée par Pékin ne va pas être détournée pour mettre au point des armes bactériologiques.
Ces craintes sont étayées par les soupçons très forts autour de l’existence d’un programme biologique offensif chinois.

« L’administration a freiné des quatre fers »

Malgré ces inquiétudes, la France va toutefois très vite donner des gages à son partenaire.
Après une enquête minutieuse du Secrétariat général à la Défense (l’ex SGDSN), le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, qui s’était rendu en Chine en avril 2003 en pleine épidémie de SRAS, rend un arbitrage positif fin 2003.

La France aidera bien la Chine à construire son P4, mais suivant certaines conditions qui visent à garantir que Pékin n’utilisera pas ces futurs équipements à des fins offensives.
Ainsi, le projet devra s’inscrire dans le cadre d’une coopération plus large destinée à lutter contre les maladies émergentes et remplir de nouvelles conditions liées à la sécurité biologique.

L’alliance est ensuite scellée lors de la visite de Jacques Chirac en Chine en octobre 2004.
Il prend la forme d’un accord intergouvernemental sur les maladies émergentes, prévoit la construction du P4 ainsi qu’un programme de coopérations scientifiques sur le sujet entre les deux pays.

Le texte provoque alors une certaine crispation au sein de l’administration française comme le confie Jean-Pierre Raffarin.
« Il y a eu un accord politique, de chef d’État à chef d’État, mais derrière l’administration a freiné des quatre fers ».

Celle-ci, et plus particulièrement la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), soulève entre autre le fait qu’alors que le cabinet d’architecte lyonnais RTV a été choisi pour assurer la maîtrise d’ouvrage du P4, le ministère chinois de la Recherche, désigne en 2005 la société locale IPPR Engineering International pour construire le laboratoire.

Or, après vérifications des espions français, celle-ci dépend d’un organisme, le China National Equipment of Machinery Corporation (CNEMC), qui serait contrôlé par l’Armée populaire de libération.
Ce dernier est notamment dans le viseur de la CIA qui suspecte un certain nombre de sociétés affiliées à la CNEMC d’être des faux-nez des services de renseignement chinois.
A tel point que cet organisme a un temps figuré sur la liste noire de l’agence de Langley.

Ces craintes, auxquelles se greffent des difficultés techniques et juridiques – le groupe d’ingénierie Technip qui devait certifier le P4 s’est subitement retiré de l’accord en 2007 – puis une brouille diplomatique entre Paris et Pékin après les propos de Nicolas Sarkozy sur le Tibet en 2008, vont mettre à mal le projet.

Ce dernier sera toutefois relancé en 2009-2010 et débouchera en juin 2011 par le début des travaux sur le site de de Zhengdian au sud de Wuhan.
Ils seront achevés en 2016 et l’inauguration en grande pompe du P4 aura lieu en février 2017, en présence du Premier ministre français Bernard Cazeneuve.

Entreprise aussi légitime qu’explosive

Accrédité en 2017 par les autorités chinoises pour manipuler trois virus : Ebola, fièvre hémorragique de Congo-Crimée (CCHF) et Nipah, le P4 est entré en service il y a trois ans.
Mais il doit encore se conformer à un certain nombre de standards internationaux pour le conduire à rejoindre le réseau des centres collaborateurs de l’OMS, dispositif qui identifie les épidémies de portée internationale et essaie d’y répondre. Cette accréditation, espérée pour 2020, permettra alors au P4 de tourner enfin à plein régime avec 250 chercheurs présents à temps plein sur le site de Zhengdian.

La dernière phase de ce projet qui aura mis plus de quinze ans à éclore sonne aussi l’heure d’un premier bilan. La France a-t-elle eu raison de se lancer dans cette entreprise aussi légitime qu’explosive ?

La Chine a-t-elle tenu ses engagements ?

La situation sanitaire mondiale s’en trouvera-t-elle améliorée ?
« Tout n’a pas été simple, c’était une coopération sensible qui a rencontré un certain nombre de problèmes, répond Yuan Zhiming, le directeur de l’Institut de Virologie de Wuhan et du P4.

La France et la Chine ont eu par moment des opinions différentes, des tensions diplomatiques, mais au final nous avons réussi.
La Chine a maintenant un laboratoire de haut niveau qui permettra à l’Asie et au monde de mieux lutter contre les pandémies ».
Au sein de l’État français, tous ne sont pas de cet avis.

« Durant ces quinze années, la Chine a plusieurs fois manqué à sa parole, un certain flou a notamment entouré son action en faveur d’un programme biologique offensif, précise un fonctionnaire.
Les dirigeants chinois nous avaient par exemple certifié qu’ils n’avaient pas d’autres P4 et ne projetaient pas d’en construire de nouveau.
On sait aujourd’hui qu’ils en ont plusieurs, dont certains sont assez suspects ».

Plus de quinze ans après la crise du SRAS, le premier P4 d’envergure internationale dont va disposer la Chine n’a pas fini de faire polémique.

Antoine Izambard