samedi 16 février 2019

Les prisons en Allemagne

Allemagne : le nombre de détenus nés à l'étranger atteint un niveau record
Par Soeren Kern    16 février 2019

Les prisons de Rhénanie-du-Nord-Westphalie qui ont compté jusqu'à 114 aumôniers musulmans, n'en dénombrent plus que 25 aujourd'hui.

Cette réduction drastique est la conséquence d'un contrôle de sécurité qui a fait découvrir aux autorités allemandes que 97 aumôniers musulmans étaient des fonctionnaires turcs payés par le gouvernement turc.

La Turquie a refusé que ses imams répondent aux questions des fonctionnaires allemands.


Photo: Prison de Remscheid à Remscheid, Rhénanie du Nord-Westphalie, Allemagne. (Source de l'image: Coltdragoon / Wikimédia Commons)

Un article du Berliner Morgenpost intitulé « L'allemand est une langue étrangère dans de nombreuses prisons » explique que le nombre croissant des conflits entre gardiens et détenus étrangers est dû à des problèmes de communication.

Les autorités allemandes ont enregistré une hausse des violences contre le personnel pénitentiaire.

En Rhénanie du Nord-Westphalie, depuis 2016, les agressions de détenus contre les gardiens ont plus que doublé.

La proportion de détenus nés à l'étranger a atteint un niveau record dans les prisons allemandes indique une récente enquête menée sur le système pénitentiaire des 16 États fédéraux allemands.

Àinsi, à Berlin et Hambourg, plus de 50% des détenus sont désormais étrangers. Le rapport évoque également un pic dans le nombre d'islamistes détenus en Allemagne.

Les données rendues publiques par le Rheinische Post, indiquent une forte hausse du nombre de détenus nés à l'étranger depuis 2015, date à laquelle la chancelière Angela Merkel a ouvert les frontières de l'Allemagne à plus d'un million de migrants en provenance d'Afrique, d'Asie et du Moyen-Orient.

Selon ce même journal, tous les États fédéraux allemands signalent depuis trois à cinq ans, une « très forte augmentation » du nombre de prisonniers étrangers et apatrides.
Mais faute d'un appareil statistique homogène, une photographie du problème au niveau national demeure difficile à obtenir.

Depuis 2016, dans les États d'Allemagne de l'ouest, la proportion de détenus étrangers est passée de
- 55% à 61% à Hambourg ; de
- 43% à 51% à Berlin ; de
- 44% à 48% dans le Bade-Wurtemberg ; de
- 35% à 41% à Brême; de
- 33% à 36% en Rhénanie du Nord-Westphalie ; de
- 28% à 34% dans le Schleswig-Holstein ; de
- 29% à 33% en Basse-Saxe ; de
- 26% à 30% en Rhénanie-Palatinat ; de
- 24% à 27% en Sarre.

On peut parler de relative stabilité en Hesse (44,6% aujourd'hui contre 44,1% il y a trois ans).
En Bavière, le nombre de détenus étrangers qui était de 31% en 2012 atteint aujourd'hui 45%.

Le même phénomène se remarque dans les États d'Allemagne de l'Est.

Le nombre de détenus étrangers a ainsi plus que doublé en Saxe depuis 2016.

La plupart des détenus étrangers sont originaires de Pologne, de Tunisie, de Libye, de République tchèque et de Géorgie.
Le Mecklembourg-Poméranie occidentale compte maintenant 160 détenus étrangers originaires de 66 pays différents.

Les autorités allemandes signalent également une augmentation significative du nombre de détenus musulmans.

 Ils représentent aujourd'hui 20% des 65 000 détenus du système pénitentiaire allemand alors que la population musulmane en Allemagne est de six millions de personnes, soit 7% d'une population totale de 82 millions d'habitants.

Les détenus musulmans représentent
- 29% du total des détenus à Brême ;
- 28% à Hambourg ;
- 27% à Hesse (dans certaines prisons,
- 40% des détenus assistent aux prières du vendredi);
- 26% dans le Bade-Wurtemberg ;
- 21% en Rhénanie du Nord-Westphalie ;
 20% à Berlin ; et
- 18% en Bavière.

Selon les données des ministères de la justice régionaux, pas moins de 300 islamistes radicalisés purgent une peine dans le système pénitentiaire allemand.

Un autre contingent de 350 islamistes est actuellement sous mandat de dépôt.

La plupart des détenus islamistes se trouvent à Hesse, en Bavière, en Rhénanie du Nord-Westphalie et à Berlin.
La plupart sont incarcérés dans des établissements distincts, mais la crainte existe de voir les détenus qui n'ont pu être séparés des autres, radicaliser les autres détenus.

Depuis 2013, le nombre d'islamistes détenus en Hesse a plus que doublé alors que ceux de Bade-Wurtemberg ont vu leur nombre multiplié par trois depuis 2016.

« Le nombre de prisonniers que leurs sentiments islamistes distinguent des autres a fortement augmenté ces deux dernières années », a déclaré Guido Wolf, ministre de la Justice du Bade-Wurtemberg.
« Cela représente de nouveaux défis pour nos responsables pénitentiaires déjà en butte à d'importantes difficultés. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour détecter au plus tôt les signes de radicalisation islamiste afin de pouvoir résolument nous y opposer. »

Dix à quinze pour cent des détenus musulmans sont à risque de radicalisation, affirme Husamuddin Meyer, un Allemand converti à l'islam soufi et devenu haut fonctionnaire au sein de l'administration pénitentiaire de Rhénanie du Nord-Westphalie (RN-W).
Husamuddin Meyer réclame plus d'aumôniers pour lutter contre la radicalisation.

Les prisons de Rhénanie-du-Nord-Westphalie qui comptaient autrefois 114 aumôniers musulmans, n'en dénombrent plus que 25 aujourd'hui.

Cette réduction drastique est la conséquence d'un contrôle de sécurité.

Les autorités allemandes ont ainsi découvert que 97 aumôniers musulmans étaient des fonctionnaires turcs payés par le gouvernement turc.
La Turquie a refusé que les imams répondent aux questions des fonctionnaires allemands.
 « Soumettre ces employés à un nouveau contrôle de sécurité est inappropriée et erronée », a déclaré le consulat de Turquie.

Le ministre de la Justice de RN-W, Peter Biesenbach, a répondu que son « objectif à moyen terme était d'organiser des activités religieuses et pastorales indépendantes de l'Etat turc. »

Entre-temps, à Hesse, le ministère de la Justice a suspendu un aumônier en raison de ses liens avec les Frères musulmans.

L'augmentation du nombre de détenus étrangers a entraîné une surpopulation carcérale et une pénurie de personnel.
Les prisons de Bade-Wurtemberg et de Rhénanie du Nord-Westphalie fonctionnent à plein régime.

Une « amnistie de Noël » a été opportunément décrétée en RN-W pour libérer 500 prisonniers et alléger les tensions dues au surpeuplement.
Les prisons de Bavière, Berlin, Brême, Hambourg et Rhénanie-Palatinat sont pleines à 90%.

Le personnel pénitentiaire de RN-W a réclamé le paiement de plus de 500 000 heures supplémentaires en 2018, indique un rapport judiciaire interne divulgué par le Rheinische Post.
Et les pénuries de personnel nécessiteraient l'embauche d'au moins 500 nouveaux gardiens de prison.

Mais les contraintes physiques et émotionnelles liées à ce type d'emploi font que, en dépit d'un salaire correct et de nombreux avantages sociaux, les candidats ne se bousculent pas.

Outre le manque de personnel, nombre de sites pénitentiaires sont délabrés.

A Münster, plus de 500 détenus ont dû être évacués et transférés en raison d'un risque d'effondrement du bâtiment.

À Cologne, les dangers liés à l'amiante ont amené la fermeture de 100 centres de détention.
Rien qu'en RN-W, trois milliards d'euros au moins seraient nécessaires pour rénover les établissements pénitentiaires.

Dans un article intitulé, « L'allemand est devenu une langue étrangère dans de nombreuses prisons, » le Berliner Morgenpost a rapporté que les conflits allaient croissant entre le personnel pénitentiaire et les détenus étrangers, souvent en raison de problèmes de communication.
 « Les besoins de cours de langue et le recours à des interprètes augmentent, sans parler du nécessaire apprentissage des us et coutumes d'autres cultures », a déclaré Dieter Lauinger, ministre de la Justice de Thuringe.

Le syndicat des prisonniers GG / BO (Gefangenen-Gewerkschaft/ Bundesweite Organisation) a appelé les directeurs de prison à engager des interprètes capables de donner des ordres et de délivrer des instructions dans la langue maternelle des détenus étrangers.
Certains Lander utilisent des interprètes, mais le coût est généralement prohibitif.

Les autorités allemandes signalent également une augmentation des agressions de gardiens par les détenus.

Le Syndicat du personnel pénitentiaire (Bund der Strafvollzugsbediensteten Deutschlands, BSBD) a dénombré 550 « événements spéciaux » en 2017.

 Depuis 2016, en Rhénanie du Nord-Westphalie, le nombre d'agressions contre le personnel pénitentiaire a plus que doublé .

« Les statistiques sont le reflet de notre société », a déclaré Peter Brock, président du syndicat BSBD.
 «Les insultes, les menaces et les agressions sont désormais notre lot quotidien. »

Soeren Kern est Senior Fellow du Gatestone Institute de New York .


Financements libyens

Les juges reconstituent le puzzle des financements libyens de Sarkozy
Par Fabrice ARFI ET Karl LASKE – 16/02/2019.

Les juges chargés de l’affaire libyenne se sont rendus pour la première fois à Tripoli du 4 au 6 février derniers.

Selon un procès-verbal consulté par Mediapart, l’ancien chef des services secrets militaires Abdallah Senoussi* a confirmé un apport de 7 millions d’euros à la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy et l’intervention en sa faveur de Me Thierry Herzog, l’avocat et ami personnel de l’ancien président, dans le dossier de l’attentat du DC-10 d’UTA.


Pour la première fois, des juges français ont eux-mêmes interrogé certains acteurs libyens de l’affaire des financements octroyés par le régime de Mouammar Kadhafi à la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.

Le colonel Kadhafi et Abdallah Senoussi, alors chef des services de renseignement, en octobre 2009 à Sebha (Libye). (Abdel Magid al-Fergany/AP/SIPA)

Escortés par des hommes du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), les juges Serge Tournaire et Aude Buresi, accompagnés d’un commandant de police de l’Office anticorruption (OCLCIFF), ont passé trois jours à Tripoli, du 4 au 6 février.

Robert Mugabe (à d.) salue Muammar Kadhafi (de dos) lors du 15e Sommet de l’Union africaine à Kampala (Ouganda), le 25 juillet 2010. En arrière-plan à droite, Ali Bongo du Gabon. © EPA/BGNES
…………..
* Abdallah Senoussi, né en 1949 au Soudan, est un militaire libyen. Marié avec la sœur de Safia Farkash, il est le beau-frère par alliance de Mouammar Kadhafi. Wikipédia –

L’ancien chef du renseignement militaire du colonel Kadhafi, Abdallah Senoussi, dont le témoignage a été versé dans la procédure intentée par la justice française contre Nicolas Sarkozy, était livré en 2012 aux autorités libyennes par le président mauritanien Ould Abdel Aziz, moyennant un dessous de table de 123 millions d’euros. Révélations







Auguste Renoir

Par Wikipédia –

Pierre-Auguste Renoir dit Auguste Renoir, né à Limoges (Haute-Vienne) le 25 février 1841 et mort au domaine des Collettes à Cagnes-sur-Mer le 3 décembre 1919, est l'un des plus célèbres peintres français.

Cliquez sur l'image pour voir le diaporama
Pont-Neuf (1872), Washington, National Gallery of Art.

Membre à part entière du groupe impressionniste, il évolue dans les années 1880 vers un style plus réaliste sous l'influence de Raphaël.
Il a été peintre de nus, de portraits, paysages, marines, natures mortes et scènes de genre, pastelliste, graveur, lithographe, sculpteur et dessinateur.

Bal du moulin de la Galette (1876) Paris, musée d'Orsay.
Auguste Renoir —

Peintre figuratif plus intéressé par la peinture de portraits et de nu féminin que par celle des paysages, il a élaboré une façon de peindre originale, qui transcende ses premières influences (Fragonard, Courbet, Monet, puis la fresque italienne).

Pendant environ soixante ans, le peintre estime avoir réalisé à peu près quatre mille tableaux

La Fillette à l'arrosoir (1876), Washington, National Gallery of Art.
Auguste Renoir

Enfance et premiers apprentissages

Pierre-Auguste, dit Auguste Renoir, est né à Limoges, au no 71 de l'actuel boulevard Gambetta, ancien boulevard Sainte-Catherine, le 25 février 1841.
Il est le sixième de sept enfants, issu d'une famille ouvrière.
Son père, Léonard Renoir (1799-1874) est tailleur, sa mère, Marguerite Merlet (1807-1896) est couturière.

La famille vit alors assez pauvrement.

En 1844, la famille Renoir quitte Limoges pour Paris, où le père espère améliorer sa situation. Ils s'installent au 16 rue de la Bibliothèque mais doivent déménager en 1855 au 23 rue d'Argenteuil. Pierre-Auguste y suit sa scolarité.

Pierre-Auguste Renoir La Balayeuse, 1899

À l’âge de 13 ans, il entre comme apprenti à l’atelier de porcelaine Lévy Frères & Compagnie pour y faire la décoration des pièces.
Dans le même temps, il fréquente les cours du soir de l’École de dessin et d’arts décoratifs jusqu’en 1862.
À cette période, il suit des cours de musique avec Charles Gounod qui remarque cet élève intelligent et doué.

Lise (Tréhot) cousant (1866), Dallas Museum of Art. Auguste Renoir

Débuts dans l'impressionnisme

En 1858 à l’âge de 17 ans, pour gagner sa vie, il peint des éventails et colorie des armoiries pour son frère Henri, graveur en héraldique.

En 1862, Renoir réussit le concours d'entrée à l’École des beaux-arts de Paris et entre dans l’atelier de Charles Gleyre, où il rencontre Claude Monet, Frédéric Bazille et Alfred Sisley.
Une solide amitié se noue entre les quatre jeunes gens qui vont souvent peindre en plein air dans la forêt de Fontainebleau.

Victor Chocquet (1876), Cambridge, Fogg Art Museum. Un mécène de Renoir.

Ses relations avec Gleyre finissent par se détériorer peu à peu et lorsque ce dernier prend sa retraite en 1864, Renoir quitte les Beaux-Arts.
Cependant, alors que la première œuvre qu’il expose au salon (l’Esméralda 1864) connaît un véritable succès, après l’exposition, il la détruit.

Pierre-Auguste Renoir photographié par Dornac vers 1910.

Les œuvres de cette période sont marquées par l'influence d'Ingres et de Dehodencq dans les portraits, de Gustave Courbet (particulièrement dans les natures mortes), mais aussi d'Eugène Delacroix, à qui il emprunte certains thèmes (les femmes orientales, par exemple).

Marie-Félix Hippolyte-Lucas, Portrait de Renoir (1919), localisation inconnue.

En 1865, sont acceptés par le Salon : Portrait de William Sisley et Soirée d'été, une toile considérée comme perdue.

Jeune femme au crochet (1875), Williamstown, Clark Art Institute.
Auguste Renoir

Un modèle important à cette époque pour lui est sa maîtresse Lise Tréhot : elle a posé pour le tableau Lise à l'ombrelle (1867), qui, exposé au salon de 1868, a suscité les commentaires élogieux d'un jeune critique, nommé Émile Zola.
Mais en général, les critiques sont plutôt mauvaises, et de nombreuses caricatures paraissent dans la presse, telles celles de Bertall.

Les Fiancés - Le Ménage Sisley (1868), Cologne, musée Wallraf Richartz.
Auguste Renoir

Deux enfants sont nés de sa liaison avec Lise Tréhot : Pierre né à Ville-d'Avray, le 14 septembre 1868, dont on ignore le lieu et la date de décès, et Jeanne, née à Paris 10e le 21 juillet 1870 et décédée en 1934.

Femme à la perruche (1871), New York, musée Solomon R. Guggenheim.
Auguste Renoir

Le séjour que Renoir fait avec Monet à la Grenouillère (établissement de bains sur l'île de Croissy-sur-Seine, lieu très populaire et un peu « canaille » selon les guides de l'époque) est décisif dans sa carrière.
Il peint véritablement en plein-air, ce qui change sa palette, et fragmente sa touche (moins que Monet qui va plus loin dans ce domaine).

Au jardin - Sous la tonnelle au moulin de la Galette (1876), Moscou, musée Pouchkine. Auguste Renoir

Il apprend à rendre les effets de la lumière, et à ne plus utiliser le noir pour les ombres.
Dès lors, commence la période impressionniste de Renoir.

Monet préfère peindre les paysages, et Renoir préfère peindre les personnages. Pour les mêmes scènes de La Grenouillère, Renoir adopte un point de vue plus rapproché qui lui permet de donner une plus grande importance aux figures.

Madame Charpentier et ses enfants (1878), New York, Metropolitan Museum of Art. Auguste Renoir

 Pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, Renoir est mobilisé et affecté à la cavalerie à Bordeaux puis à Tarbes.
Tombé gravement malade, il est hospitalisé à Bordeaux avant d'être démobilisé en mars 1871 et de rentrer à Paris où il apprend la mort de Frédéric Bazille.

La Fin du déjeuner (1879), Francfort-sur-le-Main, Musée Städel.
Auguste Renoir

En mars 1872, Renoir rencontre le marchand d'art Paul Durand-Ruel.
En septembre 1873, il quitte son studio de la rue Notre-Dame-des-Champs pour un atelier plus grand rue Saint-Georges.
En 1876, il loue un modeste atelier au no 12 rue Cortot (devenu en 1960 musée de Montmartre).

Les Grandes Baigneuses (1887), Philadelphie, Philadelphia Museum of Art.
Pierre-Auguste Renoir

Il expose avec les Impressionnistes dès la Première exposition des peintres impressionnistes 1874 et celle de 1878 et réalise son chef-d'œuvre : le Bal du moulin de la Galette, à Montmartre, en 1877.

Jeunes filles au piano (1892), Paris, musée d'Orsay. Auguste Renoir

Le tableau est acheté par Gustave Caillebotte, membre et mécène du groupe. Cette toile ambitieuse (par son format d'abord, 1,30 m × 1,70 m) est caractéristique du style et des recherches de l'artiste durant la décennie 1870 : touche fluide et colorée, ombres colorées, non-usage du noir, effets de textures, jeu de lumière qui filtre à travers les feuillages, les nuages, goût pour les scènes de la vie populaire parisienne, pour des modèles de son entourage (des amis, des gens de la « bohème » de Montmartre).

L'Allée cavalière au bois de Boulogne (Madame Henriette Darras) (1873), Kunsthalle de Hambourg. Auguste Renoir

Pour les nus, il fait d'abord appel à des modèles professionnels puis à des jeunes femmes qu'il rencontre parfois dans la rue et qu'il paye en leur offrant le portrait, des fleurs ou des chapeaux à la mode.

Autoportrait (1876), Cambridge, Fogg Art Museum. Auguste Renoir

Vers une peinture plus classique

Autour de 1880, Renoir est en pleine misère : il n'arrive pas à vendre ses tableaux et la critique est souvent mauvaise ; il décide de ne plus exposer avec ses amis impressionnistes mais de revenir au Salon officiel, seule voie possible vers le succès.

Il n'expose d'abord qu'une seule toile au Salon de 1878 intitulée Le Café.
De fait, grâce à des commandes de portraits prestigieux - comme celui de Madame Charpentier et ses enfants en 1878 - il se fait connaître et obtient de plus en plus de commandes.

Son art devient plus affirmé, il recherche davantage les effets de lignes, les contrastes marqués, les contours soulignés, comme dans le fameux Déjeuner des canotiers peint de 1880 à 1881, même si le thème reste proche de ses œuvres de la décennie 1870.
On peut apercevoir dans ce tableau son nouveau modèle, Aline Charigot, sa maîtresse qui devient sa femme en 1890, et qui lui donne trois autres enfants, après Pierre et Jeanne nés de Lise Tréhot : Pierre Renoir, Jean Renoir, le cinéaste, et Claude Renoir dit « Coco ».

Les trois danses (Danse à Bougival (en), Musée des beaux-arts de Boston ; Danse à la ville et Danse à la campagne, Musée d'Orsay, vers 1883) témoignent aussi de cette évolution.

Entre 1881 et 1883, Renoir effectue de nombreux voyages qui le mènent dans le sud de la France (à l'Estaque, où il rend visite à Paul Cézanne), en Afrique du Nord où il réalise de nombreux paysages, et en Italie.

C'est là-bas que se cristallise l'évolution amorcée dès 1880.
Au contact surtout des œuvres de Raphaël, (les Stanze du Vatican), Renoir sent qu'il est arrivé au bout de l'impressionnisme, qu'il est dans une impasse, désormais il veut faire un art plus intemporel, et plus « sérieux » ; il a l'impression de ne pas savoir dessiner.

Il entre alors dans la période dite ingresque ou Aigre, qui culmine en 1887 lorsqu'il présente ses fameuses Grandes Baigneuses à Paris.
Les contours de ses personnages deviennent plus précis.

Il dessine les formes avec plus de rigueur, les couleurs se font plus froides, plus acides, ce qui indigne le critique Joris-Karl Huysmans :
« Allons, bon ! Encore un qui est pris par le bromure de Raphaël ! ».

Sa peinture qui marque un retour vers le classicisme est plus influencée aussi par l'art ancien (notamment par un bas-relief de François Girardon à Versailles pour les Baigneuses).

Lorsqu'il devient à nouveau père d’un petit Pierre (1885), Renoir abandonne ses œuvres en cours pour se consacrer à des toiles sur la maternité.

La réception des Grandes Baigneuses est très mauvaise, l'avant-garde (Camille Pissarro notamment) trouve qu'il s'est égaré, et les milieux académiques ne s'y retrouvent pas non plus.
Le marchand d'art Paul Durand-Ruel lui demande plusieurs fois de renoncer à cette nouvelle manière.

Aline, la future Madame Renoir, le convainc de découvrir, en 1888, son village natal : Essoyes.
Il écrit alors à son amie Berthe Morisot :
 « Je suis en train de paysanner en Champagne pour fuir les modèles coûteux de Paris. Je fais des blanchisseuses ou plutôt des laveuses au bord de la rivière. ».

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vendredi 15 février 2019

Xinjiang

Le cruel châtiment des musulmans chinois
Par Rémi Castets – 14/02/2019.

Un univers digne de « 1984 » ·

L’arrivée au sommet de l’État et du Parti communiste de Xi Jinping en 2012-2013 a coïncidé avec la montée des tensions dans le Xinjiang *.
L’année 2014 fut une année noire, marquée par de nombreux attentats.

Cliquez sur l'image pour voir le diaporama :
Alex Palmer/ABC

Le nouveau leader chinois décida alors d’amener les Ouïghours et les autres minorités turcophones musulmanes à se comporter en citoyens modèles, à même d’afficher une foi inébranlable en la nation chinoise, instaurant un régime qui rappelle celui décrit par George Orwell dans son roman 1984.

Divisions administratives et disputes territoriales de la République populaire de Chine - Ismoon (discussion) (Fichier:RP Chine administrative.svg

Depuis l’arrivée de Chen Quanguo aux manettes du Parti communiste dans le Xinjiang en 2016, l’approfondissement des dispositifs de contrôle développés à la suite des émeutes de 2009 et de la série d’attentats de 2014 se poursuit désormais à un rythme accéléré.

Près de la route du Karakoram. Colegota — Travail personnel

Selon les travaux conduits par Adrian Zenz, les budgets alloués à la sécurité ont explosé.

Forces de police spéciales et dispositifs anti-émeutes ont été renforcés.
Plus largement, c’est plus de 100 000 policiers qui ont été recrutés après 2009 dans cette province de 23 millions d’habitants.

Lac Tianchi. - Bernard Gagnon — Travail personnel

Les recrutements ont culminé entre l’été 2016 et l’été 2017 avec plus de 90 000 policiers, soit douze fois plus qu’en 2009.

Il s’agissait notamment de tenir l’objectif de mise en place d’antennes des bureaux de la sécurité publique dans chaque village ou hameau de la région.

Jarres et bois travaillé. Antique cité de Karadong ve siècle - iiie siècle avant notre ère. Taklamakan, ancienne vallée de la Keriya. Photo Aurel Stein 1906, International Dunhuang Project [1] [archive]. Aurel Stein

A été aussi lancé le programme « Faire famille ».

Les fonctionnaires séjournent régulièrement et restent parfois plusieurs jours dans les familles pour interroger adultes et enfants afin d’identifier les comportements subversifs, pousser à la dénonciation et faire de l’éducation patriotique.

Tapisserie en laine ornée d'un centaure dans sa partie supérieure, 116×48 cm. Asie centrale iie siècle av.n.è. - iiie siècle de notre ère. Mise au jour : Xinjiang. Musée de la Région autonome ouïghoure du Xinjiang, Urumqi
Ismoon (talk) 23:05, 20 December 2012 (UTC)

Le dispositif qui a émergé au tournant de 2013-2014 a été renforcé et intensifié, avec désormais plus d’un million de fonctionnaires particulièrement impliqués dans les zones rurales du sud où se concentre la défiance à l’égard de Pékin.

Ruines de Gaochang, fondée au ier siècle de notre ère. Architecture de terre.
Colegota — Travail personnel

DES BARBES « ANORMALES »

Par ailleurs, des cadres juridiques de plus en plus étroits continuent d’être raffinés en vue de lutter contre l’influence de l’islam dans la société, et plus largement contre ce que les autorités chinoises appellent l’« extrémisme », autrement dit toutes les opinions et idéologies qui ne cadrent pas avec les lignes du Parti.

Trois fillettes ouïghoures au marché de Khotan. Colegota — Travail personnel

Au mois de novembre 2014, l’Assemblée de la région autonome du Xinjiang avait déjà voté une loi réformant les régulations religieuses régionales de 1994. Cette nouvelle loi avait ajouté 18 articles aux régulations précédentes afin de « moderniser » le dispositif d’accréditation des imams et plus largement de contrôle des mosquées et de ce qu’il reste des structures d’enseignement religieux déjà sous étroite surveillance.

En 2017, un nouveau train de régulations a été édicté afin de lutter contre l’« extrémisme ».

Ces nouveaux cadres juridiques mettent plus que jamais l’accent contre les dangers de « l’extrémisme religieux » et le contrôle des nouveaux supports de diffusion des contenus religieux ou politico-religieux.

Désert du Taklamakan étendue de sable indomptée

Néanmoins, pour beaucoup de musulmans, ils comportent une dimension très intrusive.

Ces régulations vont jusqu’à proscrire par exemple le port des barbes dites « anormales », le voile dans l’espace public ou des prénoms musulmans marqueurs d’une trop grande ferveur religieuse.

Grottes aux mille bouddhas de Kizil reflet du bouddhisme sur la Route de la Soie

FICHAGE ADN

Alors qu’en Chine il n’existe pas véritablement de protection contre le fichage des données et leur croisement, le Xinjiang est devenu un vaste terrain d’expérimentation pour l’Etat et les fleurons de la surveillance high-tech et du big data sécuritaire.


Grand Canyon de Tianshan mystérieuses falaises ocrées

Les smartphones seraient équipés de logiciels espions.

Ils sont sujets à vérification, voire peuvent être aspirés à tout moment au niveau des multiples checkpoints qui émaillent les routes et des points de contrôle policier.

Montagnes flamboyantes fournaise de Chine

Après les évènements de 2009, un vaste système de vidéosurveillance avec reconnaissance faciale a été développé, alors que des codes QR sont apposés à l’entrée des maisons pour mieux accéder aux données de ceux qui les habitent.

Lac céleste

Les véhicules doivent être quant à eux équipés de systèmes GPS les rendant localisables, et les systèmes de reconnaissance automatique des plaques d’immatriculation scannent les véhicules sur les routes.

Chine : dans les déserts du Xinjiang, sur la route de la soie

Alors que les allées et venues à l’entrée de la région sont particulièrement surveillées, beaucoup ont dû remettre leur passeport aux bureaux de police, ce qui a réduit à néant les espoirs de ceux qui souhaitent gagner l’étranger.

Nomades tadjiks

Il y a quelques mois, une vaste campagne de santé régionale avait déjà permis de réaliser le fichage ADN de plus de 19 millions de personnes.
Cette campagne va de pair avec des scans rétiniens, des prises d’empreintes, voire des enregistrements vocaux.

Marché de Kashgar

Cet univers de l’ultra-contrôle s’inscrit dans le cadre d’une mutation de la philosophie sécuritaire chinoise.

Il ne s’agit plus comme auparavant de surveiller la société et de sanctionner durement ceux qui fauteraient.
Les nouveaux dispositifs s’inscrivent dans une logique de contrôle de tous les instants, voire de contrôle prédictif de masse.

Marché aux moutons

Le dispositif le plus avancé de collecte et de croisement des données étant sans doute la fameuse base Plate-forme d’opérations jointe intégrée (POJI).

Développée par une filiale de la China Electronics Technology Group Corporation, elle vise à prendre dans un filet de surveillance à petites mailles toutes les « graines » de contestataires avant qu’ils ne passent à l’action tout en débusquant les individus à « double visage », c’est-à-dire ceux qui cachent leurs véritables opinions politiques.

Mausolée d'Abakh Hoja

Elle génère des possibilités de croisement des données de plus en plus fines.
La collecte de données conjuguées à l’étude de comportements « inhabituels » doit permettre d’anticiper et de classer les individus en fonction de leur degré de loyauté et du risque sécuritaire qu’ils font peser.

Troupeau de moutons aux abords de la ville de Khotan

Parmi les nombreux critères permettant d’identifier d’éventuels individus problématiques figurent les séjours à l’étranger dans l’un des 26 pays à risque (la plupart à prédominance musulmane), le fait
- d’échanger avec des étrangers ou des personnes ayant séjourné à l’étranger,
-d’avoir téléchargé l’application de télécommunication interdite Whatsapp,
- de porter la barbe,
- de ne pas boire d’alcool,
- de ne pas fumer,
- de manger halal,
- de faire le ramadan,
- de ne pas manger de porc ou bien de vouloir
- donner à ses enfants des prénoms musulmans jugés subversifs.

ÉRADIQUER LES VIRUS IDÉOLOGIQUES

Conjugué au fameux projet de crédit social, ce tournant semble préfigurer des lendemains où les individus qui souhaiteraient exprimer des idées divergentes n’auront plus d’autre choix que de rentrer dans le rang sous peine de se marginaliser ou de se criminaliser.

Une fois les éléments problématiques identifiés, il s’agit désormais de tenter de les traiter au sein d’un vaste système de rééducation destiné à lutter contre « l’extrémisme ».

Ce système a été développé au Xinjiang à partir du dispositif extrajudiciaire de « transformation par l’éducation » qui a été mis en place en Chine dans les années 1990, au départ pour rééduquer les adeptes de la secte du Falungong.

Là-bas, il a été adapté et élargi pour traiter de façon systématique l’ensemble des individus issus des minorités musulmanes faisant l’objet de la moindre suspicion sur leur loyauté au régime.

En l’absence de données officielles, il est impossible de chiffrer le nombre d’individus internés ou passés par ce dispositif, mais Adrian Zenz a tenté d’évaluer sa capacité en étudiant notamment les données relatives à la passation des marchés publics afin de construire ces structures ou agrandir des structures existantes.

Selon lui, plus de 10 % de la population ouïghoure serait passée par ce dispositif ou bien serait actuellement internée.

Contrairement aux fameux camps de réforme par le travail (laogai), ce système peut conduire à des durées d’internement indéterminées.

Ses travaux et les rapports des organisations de protection des droits humains décrivent une organisation à plusieurs échelons, avec des classes de rééducation ouvertes, mais aussi des centres fermés à la discipline de fer.

Chacun de ces dispositifs, en vertu d’une pathologisation des pensées contestataires vise à « éradiquer les virus idéologiques » et à traiter les individus en fonction de leur degré de récalcitrance.

Alerté par la situation, le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a demandé un accès aux centres.
Alors que leur existence était niée au départ par les autorités, elles ont fini par les présenter à la fois comme des centres d’éducation patriotique et de formation professionnelle destinés à favoriser l’insertion des minorités.

De fait, cours d’éducation patriotique, interrogatoires, séances d’autocritique côtoient des cours de chinois pour les individus les moins à l’aise avec le mandarin.

Cependant, les témoignages dans les médias étrangers de ceux qui ont fui après avoir été libérés des centres fermés dépeignent un tableau beaucoup plus sombre que celui des médias chinois avec des conditions de détention parfois très dures, de fortes pressions voire des actes de torture psychologique ou physique, le tout sans savoir pour combien de temps on sera interné...

SINISATION FORCÉE

Alors que les Ouïghours chinois vivant à l’étranger et ayant la citoyenneté sont contactés régulièrement et mis sous pression pour rentrer, livrer des informations ou renoncer à toute action politique, les communications au sein même des familles écartelées entre le Xinjiang et l’étranger sont bien souvent rompues de peur de provoquer l’internement d’un parent.

Alors que les arrestations explosent, des universitaires de renom, des artistes, voire des sportifs célèbres ont brusquement disparu, pour certains probablement internés dans ces camps ou bien mis sous résidence surveillée quand ils ne font pas l’objet d’inculpations.

Depuis quelques mois des condamnations parfois extrêmement lourdes ont été prononcées au regard des faits reprochés.

Ainsi, l’ancien directeur du bureau pour la supervision de l’éducation du Xinjiang et l’ancien président de l’université du Xinjiang ont été récemment condamnés à mort pour « tendance séparatiste », autrement dit probablement pour avoir affiché trop de sympathie envers une partie des thèses anticoloniales.

En effet, le « vivre-ensemble » proposé par Pékin repose sur une immigration chinoise massive, une homogénéisation culturelle sinisatrice, ainsi que sur un contrôle étroit de la population et des institutions de la région autonome.

Alors que la langue ouïghoure laisse progressivement la place au chinois dans le système scolaire depuis les années 2000, que le contrôle de la police et de l’administration se resserre sans cesse, l’immigration chinoise persiste et exacerbe le sentiment d’être en proie à une submersion par les Chinois ethniques —

les Hans —.

Au début des années 2010, ces derniers représentaient 40 % des 22 millions d’habitants de la région (contre 6 % en 1949) et les Ouïghours ne représentaient plus que 45 % de la population provinciale (contre 75 % en 1949).

Par ailleurs, les investissements destinés à développer et rendre plus attractives les zones de colonisation, la suprématie des Hans dans l’administration et l’économie et leur méfiance vis-à-vis des Ouïghours favorise les uns et contribue à maintenir au bas de l’échelle sociale une partie importante de la société ouïghoure.

Certes, l’État assure l’essentiel du budget régional et a longtemps garanti une croissance à deux chiffres grâce à des investissements massifs.

Cependant, moins bien formés, car plus modestes ou tout simplement discriminés malgré leurs diplômes, de nombreux Ouïghours peinent à tirer profit d’une croissance économique vigoureuse sur un marché du travail tenu par les Hans.

La solution que prônent les autorités via les camps de rééducation serait une formation linguistique et un formatage intellectuel afin de rendre compatibles les esprits rétifs à la modernité élaborée à Pékin.

Les autorités affichent des taux de rééducation élevés et se félicitent de la baisse des actes de violence depuis quelques mois, mais en Chine les observateurs s’inquiètent — sans oser le dire publiquement — des conséquences des niveaux de frustration générés par ces politiques sur le long terme.

Rémi Castets

Directeur du département d’études chinoises de l’Université Bordeaux Montaigne
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* Région autonome ouïghoure du Xinjiang, plus rarement appelé également Turkestan oriental depuis le xixe siècle, est une des cinq régions autonomes de la République populaire de Chine, au statut particulier, comme la Mongolie-Intérieure ou le Tibet.
Situé à son extrême ouest, il s'étend sur 1 660 001 km2 et occupe un sixième du territoire chinois. Le Xinjiang possède une frontière commune avec huit pays, la Mongolie, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l'Afghanistan, le Pakistan, et l'Inde. Sa capitale est Ouroumtsi (Ürümqi).






15 février 1788

Louis XVI abolit la question préalable.
Par La France pittoresque.

La suppression de la question préalable, torture infligée aux individus reconnus coupables afin d’obtenir le nom d’éventuels complices, a lieu huit ans après celle de la question préparatoire, supplice appliqué à des personnes potentiellement innocentes au cours de l’instruction.

Portrait de Louis XVI, 1775 - Marie-Louise-Adélaïde Boizot

 Jadis, chaque parlement de France avait un genre de question plus habituellement employé.

Médaille commémorative du Sacre à Reims de Louis XVI le 11 juin 1775

A lire : (cliquez sur le lien)

Au parlement de Paris, on donnait la question en faisant souffrir aux membres une extension douloureuse, ou en froissant les jambes avec des brodequins : l’estrapade n’avait été défendue qu’en 1697.

Couronnement du roi Louis XVI. gravure Patas. G.Garitan pour les modif & le versement. — BM Reims

Au parlement de Bretagne, on attachait le patient sur une chaise de fer ; on lui faisait présenter les jambes au feu, et on les en approchait par degrés.

Illustration issue du Codex theresianus (Autriche, 1768).

Au parlement de Rouen, on administrait la question à l’eau et aux brodequins ; on serrait le pouce, ou un autre doigt, ou une jambe, avec une machine de fer, pour la question ordinaire.

Roues utilisées pour divers supplices (1589)

On comprimait les deux pouces pour la question extraordinaire.
Les menottes, en sont le dernier souvenir, comme les aiguillettes de la cavalerie ne sont que les anciennes cordes que la maréchaussée portait toujours dans ses expéditions contre les malfaiteurs.

Lit de justice au Parlement de Paris, Pierre-Louis Dumesnil, 1715.

Au parlement de Besançon, on donnait la question à l’estrapade.
On liait les bras du patient dans le dos, et on relevait en l’air avec une corde attachée à ses bras, qu’on tirait par le moyen d’une poulie de tour.

Louis XVI visitant le port de Cherbourg le 23 juin 1786 (gravure sur bois du xviiie siècle)
Lortsche — Gallica.bnf.fr

Pour la question extraordinaire, on lui attachait de plus un gros poids de fer à chaque pied, et les poids demeuraient suspendus en l’air lorsqu’on élevait l’accusé.

Cahier de doléances d'Angers (1789).

« O hommes ! s’écrie l’auteur qui donne ces tristes détails, il n’y avait donc pas assez de souffrance attachée à votre malheureuse condition ?

Vous avez mis plus d’art et de recherche pour créer des maux étrangers à votre existence que pour la soulager de ceux qui en sont inséparables.
Vous avez calculé le degré de la sensibilité humaine avec un sang-froid barbare.

 Vous avez recueilli les cris, vous les avez comparés, afin de pouvoir marquer précisément le terme où votre fermeté devait s’arrêter pour ne pas perdre la victime. »

Débarquement de l'armée française à Newport (Rhode Island) le 11 juillet 1780, sous le commandement du comte de Rochambeau

On voit, par le commentaire de Ségla sur le procès de Gairaud, Burdéus et autres, que la question préparatoire se nommait, à Toulouse, bouton de gehenne (gêne), ce qui semble indiquer une pression douloureuse imprimée sur l’un des membres.

Vue générale de la capitulation de Yorktown le 19 octobre 1781, avec le blocus de la flotte française. Le rôle de Grasse a été essentiel dans cette victoire.

On y revenait jusqu’à trois fois, et on y joignait aussi celle de l’eau.
On voit aussi que l’on faisait jeûner un malheureux pendant vingt-quatre heures, et qu’on le menaçait de ne pas lui donner à manger s’il ne confessait la vérité.

Mais les deux genres de question le plus généralement employés au moment de la suppression de tous les supplices préalables étaient la question à l’eau et les brodequins.

Poire d'angoisse - Klaus D. Peter, Wiehl, Germany — Travail personnel

Toutes deux se divisaient en ordinaire et extraordinaire.

Après avoir mis le corps du malheureux dans un état de tension extrême au moyen de cordes attachées à ses poignets et à ses pieds et retenues par des anneaux de fer, on lui passait sous les reins un tréteau qui empêchait le corps de retomber.

Chevalet de la tour de Londres - David Bjorgen — Travail personnel

Alors le questionnaire (c’était l’homme destiné à ce triste ministère) faisait avaler au patient, au moyen d’une corne creuse de bœuf qu’on lui mettait dans la bouche, quatre pintes d’eau pour la question ordinaire et huit pour l’extraordinaire.

Il s’arrêtait, sur l’avis du chirurgien présent, si la victime faiblissait, et, dans ces intervalles, le juge interrogeait l’accusé pour obtenir l’aveu de son crime et la révélation de ses complices.

Le patient ressemblait à un cétacé, rendant l’eau par toutes les ouvertures de son corps, nous dit un vieux procès-verbal de torture.

La question ordinaire par l’eau s’employait avant la condamnation.

Cure par l'eau. J. Damhoudère (from Praxis Rerum Criminalium)

Celle des brodequins et des coins était réservée aux condamnés avant de leur faire subir le dernier supplice.
Elle était usitée en Angleterre comme en France.

On faisait asseoir le patient, on lui plaçait chaque jambe entre deux planches, que l’on serrait sous le genou et au-dessus de la cheville.
Les jambes étaient rapprochées et liées ensemble avec des courroies ; alors des coins étaient placés entre les deux planches intérieures, à l’endroit des genoux et des pieds, et enfoncés à coups de maillet au point de faire craquer les os.

La question ordinaire était de quatre coins ; l’extraordinaire, de huit.

Plus d’un condamné était ainsi estropié et brisé avant d’être livré à l’exécuteur des hautes œuvres.
La question des coins fut appliquée à Ravaillac et à Damiens, avant leur exécution.

D’autres fois, dit Merlin, on suspendait le patient par des cordes placées entre ses doigts, avec des poids à ses pieds : c’est ce que l’on nommait l’estrapade.

On plaçait des mèches allumées entre les doigts du patient, et on les laissait brûler pendant un temps déterminé, à moins que l’aveu ne vînt interrompre le supplice.
Ce mode de question n’était plus employé à la fin du XVIIe siècle.

On avait réduit en principe et en axiome les cas où l’on pouvait donner la question préparatoire.
Ainsi on trouve dans un ancien auteur du parlement de Toulouse :
« Il est véritable qu’ès choses anciennes la renommée est une preuve certaine (...) et suffit pour donner la question. »

Il y eut longtemps à Paris deux chambres de question, l’une au Châtelet, l’autre au grand Palais de Justice ; celle-ci était placée au rez-de-chaussée de l’une des tours donnant sur la rivière.
Elle était en communication directe avec la tournelle.

Au XVe siècle, cette chambre sans fenêtre s’éclairait (selon un auteur quelquefois cité pour l’étude qu’il a faite du vieux Paris) par le brasier qui servait à chauffer les instruments de la torture.

On posait le patient sur un matelas, ou lit de cuir, qui était presque au niveau du sol, et on l’attachait au milieu du corps par une courroie à boucle, munie d’un anneau de cuivre, lequel était retenu par un crochet encastré dans la clef de voûte.

Dès le début de son règne, Louis XVI s’occupa d’améliorations publiques.

En parcourant le recueil des arrêts du conseil, les registres du parlement pour l’enregistrement des édits, on doit se faire une idée étendue de toutes les mesures d’administration durant cette période.

Ce serait à tort qu’on attribuerait aux ministres du roi l’initiative des mesures de bienfaisance et de réforme ; la plupart des préambules des ordonnances ou des édits sont écrits de la main de Louis XVI, et l’un des plus beaux monuments de ce règne, la déclaration, en date du 24 août 1780, qui abolit la question préparatoire — employée au cours de l’instruction dans le but de provoquer des aveux, elle s’appliquait donc à des prévenus, peut-être innocents, à la différence de la question préalable, imposée seulement aux individus reconnus coupables —, est entièrement rédigée par le roi, avec des vues admirables de raison, d’humanité et de bien public.

On trouve des édits sur le régime des prisons, sur les hôpitaux, sur l’amélioration des procédures, sur les dépôts de mendicité, sur le sort du pauvre et de l’ouvrier.

La question préalable, torture infligée aux condamnés à mort peu de temps avant l’exécution dans le but de leur faire dénoncer leurs complices, fut abolie par déclaration de Louis XVI en date du 15 février 1788.