Par Soeren Kern • 16
février 2019
Les prisons de
Rhénanie-du-Nord-Westphalie qui ont compté jusqu'à 114 aumôniers musulmans,
n'en dénombrent plus que 25 aujourd'hui.
Cette réduction
drastique est la conséquence d'un contrôle de sécurité qui a fait découvrir aux
autorités allemandes que 97 aumôniers musulmans étaient des fonctionnaires
turcs payés par le gouvernement turc.
La Turquie a
refusé que ses imams répondent aux questions des fonctionnaires allemands.
Photo: Prison de Remscheid à Remscheid, Rhénanie du
Nord-Westphalie, Allemagne. (Source de l'image: Coltdragoon / Wikimédia
Commons)
Un article du Berliner Morgenpost intitulé « L'allemand
est une langue étrangère dans de nombreuses prisons » explique que le nombre
croissant des conflits entre gardiens et détenus étrangers est dû à des
problèmes de communication.
Les autorités allemandes ont enregistré une hausse des
violences contre le personnel pénitentiaire.
En Rhénanie du Nord-Westphalie, depuis 2016, les
agressions de détenus contre les gardiens ont plus que doublé.
La proportion de détenus nés à l'étranger a atteint un
niveau record dans les prisons allemandes indique une récente enquête menée sur
le système pénitentiaire des 16 États fédéraux allemands.
Àinsi, à Berlin et
Hambourg, plus de 50% des détenus sont désormais étrangers. Le rapport évoque
également un pic dans le nombre d'islamistes détenus en Allemagne.
Les données rendues publiques par le Rheinische Post,
indiquent une forte hausse du nombre de détenus nés à l'étranger depuis 2015,
date à laquelle la chancelière Angela
Merkel a ouvert les frontières de l'Allemagne à plus d'un million de migrants
en provenance d'Afrique, d'Asie et du Moyen-Orient.
Selon ce même journal, tous les États fédéraux allemands
signalent depuis trois à cinq ans, une « très forte augmentation » du nombre de
prisonniers étrangers et apatrides.
Mais faute d'un appareil statistique homogène, une
photographie du problème au niveau national demeure difficile à obtenir.
Depuis 2016, dans les États d'Allemagne de l'ouest, la
proportion de détenus étrangers est passée de
- 55% à 61% à Hambourg ; de
- 43% à 51% à Berlin ; de
- 44% à 48% dans le Bade-Wurtemberg ; de
- 35% à 41% à Brême; de
- 33% à 36% en Rhénanie du Nord-Westphalie ; de
- 28% à 34% dans le Schleswig-Holstein ; de
- 29% à 33% en Basse-Saxe ; de
- 26% à 30% en Rhénanie-Palatinat ; de
- 24% à 27% en Sarre.
On peut parler de relative stabilité en Hesse (44,6%
aujourd'hui contre 44,1% il y a trois ans).
En Bavière, le nombre de détenus étrangers qui était de
31% en 2012 atteint aujourd'hui 45%.
Le même phénomène
se remarque dans les États d'Allemagne de l'Est.
Le nombre de détenus étrangers a ainsi plus que doublé en
Saxe depuis 2016.
La plupart des détenus étrangers sont originaires de
Pologne, de Tunisie, de Libye, de République tchèque et de Géorgie.
Le Mecklembourg-Poméranie occidentale compte maintenant
160 détenus étrangers originaires de 66 pays différents.
Les autorités allemandes signalent également une
augmentation significative du nombre de détenus musulmans.
Ils représentent
aujourd'hui 20% des 65 000 détenus du système pénitentiaire allemand alors que la population musulmane en Allemagne est de
six millions de personnes, soit 7% d'une population totale de 82 millions d'habitants.
Les détenus musulmans représentent
- 29% du total des détenus à Brême ;
- 28% à Hambourg ;
- 27% à Hesse (dans certaines prisons,
- 40% des détenus assistent aux prières du vendredi);
- 26% dans le Bade-Wurtemberg ;
- 21% en Rhénanie du Nord-Westphalie ;
20% à Berlin ; et
- 18% en Bavière.
Selon les données des ministères de la justice régionaux,
pas moins de 300 islamistes radicalisés purgent une peine dans le système
pénitentiaire allemand.
Un autre contingent de 350 islamistes est actuellement
sous mandat de dépôt.
La plupart des détenus islamistes se trouvent à Hesse, en
Bavière, en Rhénanie du Nord-Westphalie et à Berlin.
La plupart sont incarcérés dans des établissements
distincts, mais la crainte existe de voir les détenus qui n'ont pu être séparés
des autres, radicaliser les autres détenus.
Depuis 2013, le nombre d'islamistes détenus en Hesse a
plus que doublé alors que ceux de Bade-Wurtemberg ont vu leur nombre multiplié
par trois depuis 2016.
« Le nombre de
prisonniers que leurs sentiments islamistes distinguent des autres a fortement
augmenté ces deux dernières années », a déclaré Guido Wolf, ministre de la
Justice du Bade-Wurtemberg.
« Cela représente
de nouveaux défis pour nos responsables pénitentiaires déjà en butte à
d'importantes difficultés. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour
détecter au plus tôt les signes de radicalisation islamiste afin de pouvoir
résolument nous y opposer. »
Dix à quinze pour cent des détenus musulmans sont à
risque de radicalisation, affirme Husamuddin Meyer, un Allemand converti à
l'islam soufi et devenu haut fonctionnaire au sein de l'administration
pénitentiaire de Rhénanie du Nord-Westphalie (RN-W).
Husamuddin Meyer réclame plus d'aumôniers pour lutter
contre la radicalisation.
Les prisons de Rhénanie-du-Nord-Westphalie qui comptaient
autrefois 114 aumôniers musulmans, n'en dénombrent plus que 25 aujourd'hui.
Cette réduction drastique est la conséquence d'un
contrôle de sécurité.
Les autorités allemandes ont ainsi découvert que 97
aumôniers musulmans étaient des fonctionnaires turcs payés par le gouvernement
turc.
La Turquie a refusé que les imams répondent aux questions
des fonctionnaires allemands.
« Soumettre ces employés à un nouveau
contrôle de sécurité est inappropriée et erronée », a déclaré le consulat
de Turquie.
Le ministre de la Justice de RN-W, Peter Biesenbach, a
répondu que son « objectif à moyen terme était d'organiser des activités
religieuses et pastorales indépendantes de l'Etat turc. »
Entre-temps, à Hesse, le ministère de la Justice a suspendu
un aumônier en raison de ses liens avec les Frères musulmans.
L'augmentation du nombre de détenus étrangers a entraîné
une surpopulation carcérale et une pénurie de personnel.
Les prisons de Bade-Wurtemberg et de Rhénanie du
Nord-Westphalie fonctionnent à plein régime.
Une « amnistie de Noël » a été opportunément décrétée en
RN-W pour libérer 500 prisonniers et alléger les tensions dues au
surpeuplement.
Les prisons de Bavière, Berlin, Brême, Hambourg et
Rhénanie-Palatinat sont pleines à 90%.
Le personnel pénitentiaire de RN-W a réclamé le paiement
de plus de 500 000 heures supplémentaires en 2018, indique un rapport
judiciaire interne divulgué par le Rheinische Post.
Et les pénuries de personnel nécessiteraient l'embauche
d'au moins 500 nouveaux gardiens de prison.
Mais les contraintes physiques et émotionnelles liées à
ce type d'emploi font que, en dépit d'un salaire correct et de nombreux
avantages sociaux, les candidats ne se bousculent pas.
Outre le manque de personnel, nombre de sites
pénitentiaires sont délabrés.
A Münster, plus de 500 détenus ont dû être évacués et
transférés en raison d'un risque d'effondrement du bâtiment.
À Cologne, les dangers liés à l'amiante ont amené la
fermeture de 100 centres de détention.
Rien qu'en RN-W, trois milliards d'euros au moins
seraient nécessaires pour rénover les établissements pénitentiaires.
Dans un article intitulé, « L'allemand est devenu une
langue étrangère dans de nombreuses prisons, » le Berliner Morgenpost a
rapporté que les conflits allaient croissant entre le personnel pénitentiaire
et les détenus étrangers, souvent en raison de problèmes de communication.
« Les
besoins de cours de langue et le recours à des interprètes augmentent, sans
parler du nécessaire apprentissage des us et coutumes d'autres cultures »,
a déclaré Dieter Lauinger, ministre de la Justice de Thuringe.
Le syndicat des prisonniers GG / BO
(Gefangenen-Gewerkschaft/ Bundesweite Organisation) a appelé les directeurs de
prison à engager des interprètes capables de donner des ordres et de délivrer
des instructions dans la langue maternelle des détenus étrangers.
Certains Lander utilisent des interprètes, mais le coût
est généralement prohibitif.
Les autorités allemandes signalent également une
augmentation des agressions de gardiens par les détenus.
Le Syndicat du personnel pénitentiaire (Bund der Strafvollzugsbediensteten
Deutschlands, BSBD) a dénombré 550 « événements spéciaux » en 2017.
Depuis 2016, en
Rhénanie du Nord-Westphalie, le nombre d'agressions contre le personnel
pénitentiaire a plus que doublé .
« Les statistiques sont le reflet de notre société », a
déclaré Peter Brock, président du syndicat BSBD.
«Les insultes, les
menaces et les agressions sont désormais notre lot quotidien. »
Soeren
Kern est Senior Fellow du Gatestone Institute de New York .