Par Caroline Becker – 17/12/2018.
Édifiée à la mémoire de Louis XVI et Marie-Antoinette, à
l'endroit où leurs corps auraient été jetés après leurs exécutions, la chapelle
expiatoire, située dans le VIIIe arrondissement de Paris, n'aurait pas fini de
dévoiler tous ses secrets.
C’est une découverte inédite.
La chapelle expiatoire, construite par Louis XVIII entre
1816 et 1826, pour honorer la mémoire de Louis XVI et Marie-Antoinette, cache
d’autres sépultures sous ses fondations.
Une découverte qui confirme les soupçons que les
historiens entretenaient depuis des décennies.
Myrabella I CC BY-SA 3.0 - Chapelle expiatoire, Paris,
France
Le cimetière des guillotinés
Située à deux pas de la gare Saint-Lazare, la chapelle
expiatoire a été érigée sur l’ancien cimetière de la Madeleine qui aurait
accueilli les corps mutilés du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette.
C’est là que, juste après leur exécution en 1793, leurs
corps furent balancés dans une fosse commune avec d’autres victimes de la
Terreur.
Identifiés 22 ans plus tard, à la suite de recherches
ordonnées par Louis XVIII, les ossements du roi et de la reine furent
transportés solennellement en la basilique Saint-Denis où ils reposent
aujourd’hui dans la crypte.
Mais que sont devenus les autres corps du cimetière ?
Personne ne semble s’être jamais posé la question.
Quelques témoignages — de l’architecte Pierre-François
Léonard Fontaine et des journaux de l’époque — évoquent, ici et là, sans trop
de précisions, que les ossements retrouvés furent rassemblés dans des caveaux.
Aucune plaque ne fut jamais posée avec les noms des
victimes.
Avec le temps, les martyrs de la Révolution furent
oubliés et l’on crû même, pendant un temps, que les ossements avaient été
transférés dans les catacombes.
Des cavités insoupçonnées sous la chapelle expiatoire ?
Aymeric Peniguet de Stoutz pense que les ossements
transférés aux catacombes ne proviennent pas du cimetière de la Madeleine où
s’élève la chapelle expiatoire, mais d’un autre, jouxtant l’église de la
Madeleine.
Une confusion qui laisse imaginer que l’édifice possède
toujours sous ses pieds les restes de plusieurs guillotinés.
Après consultation des plans successifs de la chapelle,
l’idée que des cavités insoupçonnées sont présentes sous le sol de la crypte se
confirme.
Philippe Bélaval, le président du Centre des monuments
nationaux, donne alors son accord pour effectuer des sondages.
Philippe Charlier, médecin légiste et anthropologue, fait
pénétrer des petites caméras médicales dans le mortier pour ne pas abîmer les
murs.
La surprise est totale : sur l’écran de contrôle
apparaissent des sortes de coffres mais aussi des ossements.
Aujourd’hui une question cruciale se pose.
D’autres personnalités guillotinées sous la Révolution
française seraient-elles encore présentes sous les fondations ?
- Madame du Barry, la dernière maîtresse de Louis XV,
- Élisabeth de France, sœur de Louis XVI,
- Antoine Lavoisier, célèbre chimiste,
- Olympe de Gouges, pionnière du féminisme français ou
encore
- Philippe Égalité, duc d’Orléans, qui a voté la mort de
son cousin Louis XVI ?
Des recherches plus approfondies permettront certainement
de répondre à ces questions dans les prochains mois.
…………
Un monument mémoriel.
La Chapelle expiatoire s’élève à l'emplacement où furent
inhumés Louis XVI et Marie-Antoinette en 1793, après avoir été guillotinés sur
la place de la Révolution (actuelle place de la Concorde).
Sa construction est décidée en 1815 par Louis XVIII,
frère de Louis XVI. Elle est achevée en 1826.
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