samedi 8 décembre 2018

Vérité et bonheur.

Comte-Sponville : «La philosophie m’a montré que vérité et bonheur pouvaient aller ensemble»

Par André Comte-Sponville

Dans un entretien mené en 2010 pour la sortie de son essai Le goût de vivre, André Comte-Sponville se confiait avec tendresse sur la mort de sa mère, tout en ouvrant un chemin vers le bonheur.


Le philosophe revient dans cet entretien sur les raisons intimes qui l’ont naturellement poussé vers la philosophie, «bonne mère» auprès de laquelle il a pu tracer un chemin de vie menant à la «sagesse vraie». 

À la question de savoir si, en terminale, la découverte de la philosophie a changé sa vie, le philosophe répond que la celle-ci lui a enseigné la joie de vivre, en lui permettant pour la première fois de concilier vérité et bonheur.

«S’agissant non plus maintenant de ma vocation d’écrivain, mais de ma vie, ça s’est passé plus progressivement – quoique dès la classe de terminale, pour moi ce qui s’est joué en philosophie, c’est l’idée que la vérité et le bonheur pouvaient aller ensemble.

Pour des raisons biographiques sur lesquelles je ne veux pas m’étendre, il se trouve que ma mère était dépressive, très malheureuse.

Elle vivait dans une espèce de monde illusoire, fantasmatique, un théâtre qu’elle se faisait à elle-même – si bien qu’elle n’était vraie, au fond, que lorsqu’elle était malheureuse.

Je me souviens, quand elle est morte, elle s’est suicidée – mon frère m’a appelé pour m’annoncer que notre mère venait de se suicider, on était adultes depuis longtemps – je me suis dit :
«Tout était faux en elle, sauf le malheur».

Et ses seuls moments de vérité étaient des moments d’abîme, des moments de malheur, de pleurs.
Et donc j’avais fini par associer la vérité avec le malheur, et j’avais le soupçon que toute joie était factice.
Et puis, je découvre la philosophie, notamment la philosophie grecque, et je découvre qu’il peut y avoir une vraie joie, un rapport joyeux à la vérité.

C’est pourquoi il m’arrive de dire que la philosophie grecque a été ma «bonne mère», un peu au sens que Melanie Klein donne à l’expression, au sens où la philosophie, spécialement la philosophie grecque, m’a montré que la vérité et le bonheur pouvaient aller ensemble – et qu’à l’inverse, c’est l’illusion qui rend malheureux.

Lire aussi : Nietzsche, homme malade et enfant joueur (Sylvain Portier)

Nietzsche

D’où le thème que j’évoquais dans mon premier livre, Le traité du désespoir et de la béatitude, qui est l’idée que nous n’aurons de bonheur qu’à proportion du désespoir que nous serons capables de supporter, et que l’espérance au contraire nous voue au malheur, puisqu’elle est toujours déçue.

Elle nous voue à la crainte pendant qu’on espère, et presque inévitablement à la déception une fois que l’espoir ne s’est pas réalisé, ou pire peut-être, qu’il s’est réalisé.
Ça, c’est une belle formule de Bernard Shaw qui disait :
«Il y a deux catastrophes dans l’existence.
La première, c’est quand nos désirs ne sont pas réalisés.
La seconde, c’est quand nos désirs sont réalisés».

Alors là, nous sommes très près du monde de Schopenhauer, finalement.
C’est l’illusion qui rend malheureux, c’est l’espoir qui rend malheureux.

Quand mon premier livre est paru, j’ai reçu quelques mois après la lettre d’un psychanalyste, que je ne connaissais pas du tout, un lecteur, qui me disait qu’il était tout à fait d’accord avec moi, parce que, disait-il :
«Je constate avec mes patients que l’espoir est la principale cause de suicide.
On se tue par déception».

Et en effet, des années plus tard et après un parcours compliqué, en quelques jours ma mère s’est suicidée parce que la vie n’a pas cessé de la décevoir.

Et bien ce que les Grecs, ce que la philosophie grecque nous montre, c’est que la vie ne nous déçoit que dans la mesure où on lui demande d’être autre chose que ce qu’elle est – qu’au contraire, si on accepte la vie telle qu’elle est, c’est-à-dire si on aime la vie, il n’y a plus de déception.

C’est pourquoi la vraie sagesse est celle de Montaigne qui, à l’extrême fin des Essais, conclut, si l’on peut dire, en écrivant simplement :
«Pour moi donc, j’aime la vie».
Eh bien voilà, c’est la sagesse vraie.
Mais pour aimer la vie, encore faut-il cesser de lui demander d’être autre chose que ce qu’elle est.

Lire aussi : Spinoza : l’esprit et le corps (Daniel Guillon-Legeay)

Portrait de 1665 tiré de la Herzog August Bibliothek.

Quand j’étais petit, je m’étais cogné je ne sais où, et je me suis mis à pleurer parce que j’avais très mal.
Et ma mère était là près de moi – c’était une mère très aimante, fragile, mais très aimante – et m’a dit, bizarrement, car ce n’est pas le genre de réaction qu’elle avait habituellement :
«Mais écoute, tu ne peux pas avoir mal, je suis tout près de toi et je ne sens rien».
Je savais pertinemment que je me faisais avoir, qu’il y avait une espèce d’escroquerie dans ce propos ; et en même temps, c’est une définition de la solitude : c’est-à-dire que quelqu’un se cogne, et ceux qui sont le plus près de lui, même ceux qui l’aiment passionnément comme c’était le cas de ma mère, n’ont pas mal à sa place.

Et bien la solitude, c’est ça, et c’est une dimension dont on n’a pas parlé.

Toute vie est solitaire en quelque chose – et non pas isolée, on ne vit pas tout seul.
Mais vous savez ce que dit Pascal dans Les Pensées :
«Nous mourons seuls».
Ça ne veut pas dire que nous mourrons isolés dans une pièce où il n’y aura personne, non – au XVIIe siècle on n’est jamais seul quand on meurt : il y a toujours le curé, le médecin, les amis, la famille…

Non, non, mais nous mourons seuls parce que personne ne peut mourir à notre place.

Et bien pour la même raison, nous vivons seuls, parce que personne ne peut vivre à notre place.

Et quand ma mère me disait : «Je suis tout près de toi et je ne sens rien», ça voulait dire au fond «Je ne peux pas avoir mal à ta place».
Si bien que dans cette formule assez étrange et qui m’étonne encore aujourd’hui de sa part, elle m’apprenait une vérité essentielle, qui est la vérité de la solitude.

Ce n’est pas le contraire de l’amour, mais là encore il faut prendre les deux ensemble, parce que l’amour n’est pas le contraire de la solitude, c’est deux solitudes qui se rencontrent, qui se saluent, comme disait Rainer Maria Rilke, et qui s’inclinent l’une devant l’autre.»

Lire aussi : Roland Barthes : le plaisir du texte

Roland Barthes
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André Comte-Sponville, né le 12 mars 1952 à Paris, est un philosophe français. Docteur et agrégé en Philosophie, ancien élève de l'Ecole normale supérieure, il fut maître de conférences à l'Université Panthéon-Sorbonne jusqu'en 1998 et membre du Comité consultatif national d'éthique de 2008 à 2016.

Auteur de très nombreux ouvrages, il est lauréat en 1996 du Prix La Bruyère de l'Académie française pour son Petit traité des grandes vertus traduit en 24 langues.
Il a dernièrement publié Du tragique au matérialisme (et retour) (éd. PUF, 2015) et C'est chose tendre que la vie (entretiens avec François L'Yvonnet, éd. Albin Michel, 2015).


Gilets Jaunes en Belgique.

 Le Parisien et RTBF – 08/12/2018.

100 arrestations à Bruxelles et des incidents


Nos voisins belges ont également leur propre mouvement de mobilisation contre la hausse des taxes.

Il n’y a pas qu’en France que des Gilets jaunes manifestent ce samedi.

Environ 400 personnes se sont rassemblées en fin de matinée à différents endroits de Bruxelles pour protester notamment contre la hausse des taxes.


Si aucune grave violence n'a été constatée pour le moment, la police a tout de même dû faire usage de gaz lacrymogène pour repousser des manifestants.
 Et environ une centaine de personnes ont été arrêtées en amont de cette manifestation dans la capitale belge, où le quartier des institutions européennes a été entièrement bouclé.

A 15h45, les derniers manifestants sont en passe d'être interpellés à proximité de la chaussée d'Anvers.

Pour le moment, nos journalistes présents sur place évoquent des blessés parmi les policiers sans préciser le nombre.
La police fédérale n'a, pour l'heure, encore rien confirmé officiellement.


Mais vers 16h, nous apprenons qu'un autre groupe de gilets jaunes de plus d'une centaine de personnes manifeste toujours.
Des irréductibles, du côté de Trône. Un groupe qui se dirige maintenant vers la Toison d'or.

Des barrages de police ont ainsi été déployés autour des institutions européennes (Commission, Conseil et Parlement européens), empêchant l'accès des véhicules, mais aussi des piétons.

Blocages d’autoroutes

La RTBF signale que la situation s’est un peu tendue à la mi-journée rue de la Loi. 
Et selon l'agence Belga, des Gilets jaunes bloquent par ailleurs l'autoroute E17 vers Rekkem, une ville de Flandre occidentale, située près de la frontière avec la France.

Un barrage a également été mis en place tôt ce matin sur la E40, au niveau de la frontière franco-belge, à hauteur d'Adinkerque (nord), toujours selon Belga.

Espagne, Belgique, Royaume-Uni : quand les Gilets jaunes embarrassent nos voisins.


Madrid accuse notamment le mouvement français de «porter préjudice » transporteurs routiers transfrontaliers et à la libre circulation des marchandises.

Arrestations en Belgique, protestations en Espagne, perturbations au Royaume-Uni : le mouvement inédit des Gilets jaunes ne s’exprime pas seulement sur les routes hexagonales.

Explications.

En Espagne. Les manifestations en France, prenant notamment la forme de blocages de routes, « portent préjudice aux transporteurs qui doivent traverser chaque jour la frontière avec la France et font obstacle à la libre circulation des marchandises », a tempêté jeudi le ministère espagnol des Affaires étrangères.

Mardi, le poste-frontière d'Irun au Pays basque espagnol a été fermé à la circulation des poids lourds pendant plusieurs heures, occasionnant jusqu'à 13 kilomètres d'embouteillages.

La France était en 2017 le premier client des exportations espagnoles, pesant 15% du total soit 41,6 milliards d'euros.

Au Royaume-Uni.
Sur les bords de la Manche, une trentaine de manifestants ont également perturbé la circulation sur l'autoroute A16, qui mène au tunnel sous la Manche, emprunté par des milliers de poids-lourds faisant le voyage jusqu'en Angleterre.

En Belgique.
Le mouvement des Gilets jaunes a essaimé en Wallonie, particulièrement dans le Hainaut, mais pas à Bruxelles ni en Flandre, le nord néerlandophone de la Belgique.
Il s'est traduit en Wallonie par le blocage régulier de dépôts pétroliers, au point de perturber l'approvisionnement.

Des débordements ont aussi été imputés par les autorités à des « casseurs » ou des « anarchistes », agissant pour la plupart cagoulés.
Des dizaines de personnes ont ainsi été interpellées dans la nuit de mercredi à jeudi, à la suite de violents incidents près d'un dépôt pétrolier où manifestent depuis une semaine des Gilets jaunes.
Selon le parquet de Charleroi (sud), 23 personnes ont été placées en garde à vue après ces incidents au dépôt de Feluy, entre Mons et Bruxelles.

Depuis vendredi dernier, ce dépôt pétrolier, géré par le groupe français Total sur la commune de Seneffe (sud), est un des points les plus chauds en Belgique du mouvement lancé en France contre la hausse du prix des carburants.
Les allées et venues de véhicules sur ce dépôt ont régulièrement été bloquées par des gilets jaunes, ainsi que la circulation sur l'autoroute avoisinante, l'E19 qui relie Bruxelles à Mons.

Les Gilets jaunes : la presse étrangère accable Emmanuel Macron

Différents titres internationaux pointent « plusieurs erreurs » d’un chef de l’Etat incapable de se réconcilier avec « la France du diesel ».


« Les Français ont l’impression d’être pris pour des imbéciles.

A juste titre. » Cette citation n’est pas extraite d’un tract de l’opposition politique, ni d’une pancarte de propagande révolutionnaire.
Elle provient d’un article de Die Welt, journal conservateur établi en Allemagne, où il est l’un des trois quotidiens les plus vendus.

A l’image de ce genre de Figaro d’outre-Rhin, la presse étrangère n’épargne pas Emmanuel Macron à l’heure d’analyser le mouvement de ces Gilets jaunes qui bloquent les routes françaises depuis samedi, et menacent de s’en prendre à Paris ce week-end.

« Plusieurs grosses erreurs »

Die Welt estime ainsi que « le gouvernement a commis plusieurs grosses erreurs », notamment « en justifiant l’augmentation des taxes par la seule protection de l’environnement, bien que la majeure partie des recettes serve un objectif différent. »

Dans cette fronde « différente du folklore protestataire habituel » en France - « cette fois, il ne s’agit pas de défendre des privilèges ou des acquis sociaux », relève-t-il,- le journal allemand voit « le symptôme d’une rupture » entre « la classe dirigeante » et des citoyens dont elle est « toujours plus éloignée ».

Le spectre de la « brioche » de Marie-Antoinette

Autre journal phare outre-Rhin, le Süddeutsche Zeitung use de la même rhétorique, évoquant « la rébellion d’une classe moyenne qui se sent marginalisée socialement et géographiquement par les personnes les mieux rémunérées des grandes villes ».
Et n’est pas plus tendre avec le chef de l’Etat.

« Pour la plupart des Français, sa politique n’a jusqu’à présent apporté aucune amélioration notable », relève-t-il.
Et de dresser un constat mi-amusé, mi-sérieux, avec la Révolution. La colère, dit-il, « était née du prix du pain ».

Après quoi il est de bon ton de prétendre que Marie-Antoinette aurait conseillé aux démunis de manger « de la brioche ».
« Aujourd’hui, le coût des carburants alimente la colère, et Macron recommande aux automobilistes d’acheter des voitures électriques propres », raille le quotidien munichois.

« Un nouvel aristocrate »

En Italie, le Corriere Della Sera, qui admet voir en l’écologie « l’une des plus nobles batailles » du président de la République, estime que la fronde populaire a « des causes plus profondes qu’une prétendue insensibilité écologique » des Français.

 « Le président Macron, étranger aux partis politiques et néophyte, a été élu en partie grâce à une révolte contre les élites, ponte-t-il.
Maintenant qu’il est à l’Élysée, il est perçu comme un nouvel aristocrate, éloigné des problèmes de la population commune. »




Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789.

Inspirée de la déclaration de l'indépendance américaine de 1776 et de l'esprit philosophique du XVIIIème siècle, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 marque la fin de l'Ancien Régime et le début d'une ère nouvelle.

Lien de téléchargement en fichier PDF :
https://art-entreprise.fr/BLOG/droits%20homme.pdfhttps://art-entreprise.fr/BLOG/droits%20homme.pdf

Expressément visée par la Constitution de la Vème République, elle fait aujourd'hui partie de nos textes de référence.


L'histoire

La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen est, avec les décrets des 4 et 11 août 1789 sur la suppression des droits féodaux, un des textes fondamentaux votés par l'Assemblée nationale constituante formée à la suite de la réunion des Etats Généraux.

Adoptée dans son principe avant le 14 juillet 1789, elle donne lieu à l'élaboration de nombreux projets. Après de longs débats, les députés votent le texte final le 26 août 1789.

Elle comporte un préambule et 17 articles qui mêlent des dispositions concernant l'individu et la Nation.
Elle définit des droits "naturels et imprescriptibles" comme la liberté, la propriété, la sûreté, la résistance à l'oppression.

La Déclaration reconnaît également l'égalité, notamment devant la loi et la justice.
Elle affirme enfin le principe de la séparation des pouvoirs.

Ratifiée seulement le 5 octobre par Louis XVI sous la pression de l'Assemblée et du peuple accouru à Versailles, elle sert de préambule à la première Constitution de la Révolution Française, adoptée en 1791.

Bien que la Révolution elle-même ait, par la suite, renié certains de ses principes et élaboré deux autres déclarations des Droits de l'Homme en 1793 et 1795, c'est le texte du 26 août 1789 qui est devenu une référence pour nos institutions, notamment dans les Constitutions de 1852, 1946 et 1958.


La Déclaration de 1789 inspire, au XIXème siècle, des textes similaires dans de nombreux pays d'Europe et d'Amérique latine. La tradition révolutionnaire française est également présente dans la Convention européenne des Droits de l'Homme signée à Rome le 4 novembre 1950.

Le texte

Les représentants du peuple français, constitués en Assemblée nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d'exposer, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'homme, afin que cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs.

En conséquence, l'Assemblée nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Être Suprême, les droits suivants de l'homme et du citoyen.

- afin que les actes du pouvoir législatif, et ceux du pouvoir exécutif, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés ;

- afin que les réclamations des citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution et au bonheur de tous.


En conséquence, l'Assemblée Nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Etre suprême, les droits suivants de l'Homme et du Citoyen.


Art. 1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.

Art. 2. Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression.

Art. 3. Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.

Art. 4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.

Art. 5.  La Loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n'est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas. 

Art. 6. La Loi est l'expression de la volonté générale.
Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation.
Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse.
Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.

Art. 7. Nul homme ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la Loi, et selon les formes qu'elle a prescrites.
Ceux qui sollicitent, expédient, exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires, doivent être punis ; mais tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la Loi doit obéir à l'instant : il se rend coupable par la résistance.

Art. 8. La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une Loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée. 

Art. 9. Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s'assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi. 

Art. 10. Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi.

Art. 11. La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

Art. 12. La garantie des droits de l'Homme et du Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée.

 Art. 13. Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés.

Art. 14. Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée.

Art. 15. La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration.

Art. 16. Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n'est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution.

Art. 17. La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité.

Les institutions de la Cinquième République
C'est la Constitution du 4 octobre 1958 qui régit le fonctionnement des institutions de la Ve République.

Elle a fait l'objet de plusieurs révisions concernant par exemple l'élection du Président de la République au suffrage universel direct (1962),
- l'établissement de l'Union économique et monétaire,
- l'égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et fonctions électives,
- la reconnaissance de la juridiction de la Cour pénale internationale (1999),
- la réduction du mandat présidentiel (2000);
- les dernières en date portant sur les modifications apportées suite à l'adoption de la Charte de l'environnement (2005).

 Le Président de la République

Le chef de l'État est élu pour cinq ans au suffrage universel direct (instauration du quinquennat à la suite du référendum du 24 septembre 2000).

Le Président de la République nomme le Premier ministre et, sur proposition de celui-ci, les membres du Gouvernement (article 8 de la Constitution).

Il préside le Conseil des ministres, promulgue les lois et il est le chef des armées. Il peut dissoudre l'Assemblée nationale et, en cas de crise grave, exercer des pouvoirs exceptionnels (article 16 de la Constitution).

En savoir plus :

- La fonction présidentielle dans la Constitution
- Les pouvoirs et attributions du Président de la République
- Le Président de la République en quelques questions
- Le Conseil constitutionnel

Le Conseil constitutionnel est une institution juridictionnelle.
Il est composé de neuf membres.

Il a pour particularité de faire porter ses décisions sur des questions éminemment politiques : qu'il s'agisse de vérifier la conformité de la loi avec la Constitution, notamment en tant que celle-ci protège les droits et les libertés, qu'il s'agisse de vérifier :

- la régularité des opérations électorales nationales (élections présidentielles, élections législatives et sénatoriales, opérations référendaires)
- ou qu'il s'agisse de vérifier que les conditions qui justifient la mise en œuvre de l'article 16 de la Constitution (pouvoirs spéciaux du Président de la République en cas de crise majeure) sont réunies ou encore réunies après un laps de temps d'un mois.

Depuis l'entrée en vigueur de l'article 61-1 créé par la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008, il peut également être saisi par les justiciables, sur renvoi du Conseil d'Etat ou de la Cour de cassation, de la constitutionnalité des dispositions législatives déjà promulguées.

Le Premier ministre et le Gouvernement
Le Premier ministre
Le Premier ministre est responsable devant le Parlement (article 20 de la Constitution). Il dirige l'action du Gouvernement et assure l'exécution des lois (article 21 de la Constitution).

Le Gouvernement et sa composition
Les ministres sont nommés par le Président de la République sur proposition du Premier ministre (article 8 de la Constitution).

Sous la direction du Premier ministre, le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation.

Le Gouvernement est composé, bien sûr,
- du Premier ministre,
- de ministres d'État, des ministres de plein exercice,
- des ministres délégués et des secrétaires d'Etat, voire de hauts commissaires.

 Le champ d'activité, les compétences, les attributions et les missions de chaque ministre ne sont pas figées, contrairement à ce qui est le cas dans d'autres pays comme les États-Unis.

Ils sont déterminés librement par le Premier ministre et le Président de la République : il y a là un moyen de façonner une équipe en prenant en considération les équilibres politiques du moment mais aussi les priorités que l'on entend mettre en œuvre

Pour en savoir plus :

Le Parlement
Il est composé de deux assemblées :

Le Sénat, élu au suffrage universel indirect et renouvelable par moitié tous les trois ans.
La dernière élection a eu lieu en septembre 2017. Il comprend 348 sénateurs.

L'Assemblée nationale, dont les 577 députés sont élus au suffrage universel direct pour cinq ans.

La dernière élection a eu lieu en juin 2017. L'Assemblée nationale est composée de 577 députés.

Les deux assemblées, outre leur fonction de contrôle du Gouvernement, élaborent et votent les lois.
À cet égard et en cas de désaccord, l'Assemblée nationale statue définitivement.

Pour en savoir plus :

La justice

Gardienne de la liberté individuelle (article 66 de la Constitution), l'autorité judiciaire de la France est organisée selon une distinction fondamentale entre, d'une part, les juridictions judiciaires chargées de régler les litiges entre les personnes, et, d'autre part, les juridictions administratives pour les litiges entre les citoyens et les pouvoirs publics.

L'ordre judiciaire comporte deux types de juridictions

Les juridictions civiles :
Juridictions de droit commun (le tribunal de grande instance) ou spécialisées (le tribunal d'instance, le tribunal de commerce, le tribunal des affaires de sécurité sociale et le Conseil des prud'hommes qui règle les litiges entre salariés et employeurs).

Les juridictions pénales qui traitent trois niveaux d'infractions :
- les contraventions jugées par le tribunal de police ;
- les délits jugés par le tribunal correctionnel ;
- les crimes par la cour d'assises.
- Il existe enfin une juridiction particulière qui traite du civil et du pénal, le tribunal pour enfants.

La Cour de cassation, la plus haute instance judiciaire, est chargée d'examiner les recours en droit formés contre les arrêts des cours d'appel.

Au sommet des juridictions administratives se situe le Conseil d'État qui juge en dernier recours de la légalité des actes administratifs.

Il est également consulté, pour avis, par le Gouvernement sur les projets de loi et sur certains projets de décret.

Pour en savoir plus :

Le Conseil économique, social et environnemental

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) est une assemblée consultative dont la mission principale est d'assurer la participation de la société civile à la politique économique, sociale et environnementale du gouvernement.

3ème assemblée de la République, le CESE doit favoriser le dialogue entre les catégories socioprofessionnelles, contribuer à l'évaluation des politiques publiques entrant dans son champ de compétences, promouvoir un dialogue constructif avec ses homologues, tant au plan régional, local qu'international et contribuer à l'information des citoyens.

Les 233 membres du CESE sont répartis en trois grands pôles :
- le premier rassemble les acteurs de la vie économique et du dialogue social ;
- le deuxième représente les acteurs de la vie associative et de la cohésion sociale et territoriale.

Le troisième pôle est constitué, dans la logique du Grenelle de l’environnement, des représentants des associations et fondations agissant dans le domaine de la protection de l'environnement et du développement durable.

Le CESE peut être saisi par le Premier ministre, le président de l'Assemblée nationale, le président du Sénat et, depuis la loi organique de juin 2010, par voie de pétition citoyenne.

Son siège est situé au palais d'Iéna à Paris.

Pour en savoir plus :







La révolte des gilets jaunes n’est pas seulement antifiscale.

Par Elisabeth Lévy - 7 décembre 2018.

Loin de pleurer le modèle social français, les gilets jaunes en ont assez de le financer.

La révolte des gilets jaunes n’est pas une simple jacquerie antifiscale.

Certes, la France périphérique souffre de la vie chère et du déclassement social mais sa colère ne se compte pas en euros.

Symboliquement, la voiture représente le dernier espace de liberté pour cette frange du peuple fâchée avec ses élites politiques, syndicales et médiatiques. Loin de pleurer le modèle social français, les gilets jaunes en ont assez de le financer.

- Populaires ou populistes ?
- Peste brune ou lutte des classes ?
- Poujadistes ou insoumis ?
- Mobilisation ou jacquerie ?

La question du sexe des « gilets jaunes » a mis au supplice nombre de commentateurs d’habitude prompts à nommer, catégoriser, enfermer et, in fine, disqualifier ou encenser – on se rappelle le ravissement de certains devant Nuit debout.

Ce désarroi sémantique partagé d’un bout à l’autre de l’arc médiatique et politique (y compris par votre servante) n’est guère surprenant.

Jusqu’à ce que Christophe Guilluy, identifiant le grand mouvement qui a chassé les classes moyennes et populaires des centres-villes trop chers, puis des banlieues, trop islamisées, la qualifie de « périphérique », la France périurbaine, celle qui vit dans des bourgades qui ne sont ni vraiment la ville, ni vraiment la campagne et cumulent souvent les défauts des deux, n’avait aucune existence médiatique.

« Il s’agit d’une France largement ignorée par les intellectuels et les acteurs publics, confirme l’urbaniste Philippe Genestier dans Le Monde.

Quand on parcourt cette France-là, on perçoit qu’elle se considère comme vraiment invisible aux yeux des pouvoirs publics, contrairement aux “banlieues à problèmes”, bien qu’elle soit, elle aussi, menacée de déclassement et de précarisation.

En outre, elle se sent déconsidérée par les injonctions morales (à la mixité sociale dans l’habitat et à l’école, ou à utiliser des modes de déplacement doux) que lui adresse la “France d’en haut”, alors que cette dernière s’affranchit de la carte scolaire et voyage régulièrement en avion. »

Marre des crânes d’œuf parisiens

La sociologie très hétérogène du mouvement et la diversité des aspirations que cachent les « Ras l’bol » et les « On n’en peut plus », exprimés de mille manières, sont un défi de plus à l’analyse.

Aussi faut-il saluer l’effort de Genestier pour dresser un portrait-robot des manifestants :
 « Que leurs revenus soient modestes ou moyens (de 1,5 à 3 ou 4 SMIC pour un couple avec deux salaires), qu’ils soient ouvriers qualifiés, employés, cadres d’exécution ou alors représentants, artisans, commerçants ou infirmières, leurs activités et leur choix de vie se caractérisent par leur localisation dans le périurbain.

Il s’agit de ces Français qui ont conçu l’accès à la propriété d’un pavillon dans une zone peu dense (rêve de 85 % d’entre eux, selon un sondage TNS-Sofres de 2007) comme une manière de sécuriser l’avenir.


La Révolution en circuit fermé.

Par Jean Sévillia -

Redécouvert en 1978 par François Furet, Augustin Cochin avait décrypté le mécanisme qui avait permis aux petits cercles des sociétés de pensée imbues des Lumières d’imposer leurs aspirations en les faisant passer pour la volonté du grand nombre.
Son oeuvre est heureusement rééditée.


 En 1978, François Furet publiait Penser la Révolution française, essai qui a marqué un véritable tournant historiographique.

Ancien membre du parti communiste, l’auteur y exprimait le vœu de rompre avec la version officielle de la Révolution dès lors que celle-ci ne pouvait plus être un moteur politique, le socialisme réel ayant montré son vrai visage, celui du goulag.

« La Révolution française est terminée », écrivait Furet, estimant que les historiens avaient désormais à penser la Révolution non plus en termes idéologiques mais en termes scientifiques, notamment pour comprendre comment les aspirations libérales de 1789 avait débouché sur la Terreur de 1793.

Furet expliquait encore comment deux historiens, « les seuls à proposer une conceptualisation rigoureuse de la Révolution française », avaient contribué à sa réflexion : Alexis de Tocqueville, qui aide à comprendre la part de continuité de la Révolution dans l’histoire de France, et Augustin Cochin, pour sa théorie du jacobinisme.

Augustin Cochin en 1916.

Ce dernier, mort héroïquement pendant la Première Guerre mondiale, édité à titre posthume dans les années 1920, était tombé dans l’oubli jusqu’à ce que François Furet fasse connaître son nom.

Cette redécouverte avait permis quelques rééditions, notamment une anthologie publiée aux PUF, en 1979, sous le titre L’esprit du jacobinisme, avec une préface du sociologue Jean Baechler.

Suivraient de nouveau quarante années d’oubli, l’Université ne faisant rien pour sortir de l’anonymat un historien hors catégories.

Mais voici, aux éditions Tallandier, sous l’intitulé La Machine révolutionnaire, un recueil quasiment exhaustif des textes d’Augustin Cochin, préfacé par Patrice Gueniffey qui souligne le courage dont fit preuve Furet en passant au-dessus des préjugés à l’encontre de Cochin.

L’ouvrage est également précédé d’une éclairante introduction à l’œuvre de celui-ci par Denis Sureau.

Né à Paris le 22 décembre 1876, Augustin Cochin est issu d’une vieille famille de la bourgeoisie parisienne anoblie au XVIIIe siècle.
L’hôpital qui porte son nom a été fondé par un de ses aïeux, et son père, le baron Denys Cochin (1851-1922), fut député de Paris, défenseur de l’Eglise lors de l’examen des lois Combes et de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, et brièvement ministre pendant la Première Guerre mondiale.
A l’exemple de son père, Augustin Cochin est un catholique fervent, acceptant la République plus par raison que par sentiment.

Après des études au collège Stanislas, trois fois lauréat du concours général, il est licencié ès-lettres et en philosophie.

A vingt ans, il effectue volontairement une période militaire d’un an dont il sort officier de réserve.
Reçu premier au concours de l’Ecole des Chartes, il en sort premier également avec un mémoire sur Le Conseil et les réformés de 1652 à 1658.

A partir de 1903, la fortune familiale le dispensant de solliciter un poste d’enseignant ou de chercheur, il devient historien indépendant, mais sans jamais renoncer aux exigences méthodologiques apprises à l’Ecole des Chartes.

C’est donc dans les archives qu’il s’adonne à ce qui va être l’œuvre de sa vie : l’étude de la Révolution de 1789.

En 1904, il commence par se pencher sur la campagne électorale pour les Etats généraux de 1789 en Bourgogne.

De 1905 à 1909, il effectue le même travail en Bretagne.
De 1908 jusqu’à sa mort, il étudie le gouvernement révolutionnaire, ayant le projet de publier en trois volumes les Actes du gouvernement révolutionnaire (1793-1794) dont il n’aura le temps d’achever que le premier tome.
A long terme, il projetait une histoire générale de la Terreur.

Quand éclate la Grande Guerre, Augustin Cochin s’engage avant même d’avoir reçu son ordre de mobilisation. Portant le grade de capitaine, cinq fois blessé et décoré de la Légion d’honneur, il est tué à la tête de sa compagnie, au calvaire d’Hardicourt, sur le front de la Somme, le 8 juillet 1916, à l’âge de trente-neuf ans.

A sa mort, il avait encore peu publié : trois études sur le calvinisme, deux conférences sur la Révolution et, en 1909, la crise de l’histoire révolutionnaire : Taine et M. Aulard.
Dans cet essai, tout en partageant l’aversion manifestée à l’égard du personnel révolutionnaire par l’auteur des Origines de la France contemporaine, Cochin mettait en doute la « méthode psychologique » de Taine, la Révolution ne s’expliquant pas, selon lui, par une volonté consciente ou une intention délibérée de ses acteurs, mais par un mécanisme qu’il fallait décomposer pour le comprendre.

Le jeune historien s’en prenait de même à Alphonse Aulard, le premier titulaire de la chaire d’histoire de la Révolution française à la Sorbonne, militant républicain qui, attaquant Taine, avait justifié la nécessité de la Terreur par le poids des circonstances.

Après la Première Guerre mondiale, c’est Charles Charpentier, ami, collaborateur et compagnon d’armes d’Augustin Cochin, qui assurera la publication de ses écrits épars :
- en 1921, Les sociétés de pensée et la démocratie moderne ;
- en 1924, La Révolution  et la libre pensée, qui était conçu comme un discours préliminaire à l’édition des Actes ;
- en 1925, en deux volumes, Les sociétés de pensée et la Révolution en Bretagne, 1788-1789.

Selon Cochin, la Révolution n’a jamais été un phénomène populaire et spontané, mais a été préparée au sein de cercles restreints, ce qu’il nomme les sociétés de pensée, qui se porteront au pouvoir en lançant une mécanique possédant sa logique interne, dont la Terreur est l’aboutissement théorique et historique.

Ces sociétés de pensée sont les multiples académies littéraires, clubs patriotiques, loges maçonniques, musées, lycées ou sociétés d’agriculture formées sous les règnes de Louis XV et Louis XVI, et dont les membres seront à la fois des partisans enthousiastes du mouvement de 1789 et des victimes toutes désignées de la guillotine en 1793.

L’originalité de Cochin réside dans la façon dont il étudie la mise en place de ce qu’il appelle « la Machine révolutionnaire ».
En Bourgogne, explique-t-il, une poignée de médecins et de robins contrôle la consultation du tiers état pour les Etats généraux ; en Bretagne, c’est un clan de parlementaires et de nobles.

« On voit, observe-t-il, les mêmes démarches se faire au même moment dans les provinces que séparent mœurs, intérêts, régime, dialectes même, sans parler des douanes et des mauvais chemins. (…)

Ainsi, dans cette singulière campagne, tout e passe comme si la France entière obéissait au mot d’ordre du mieux monté des partis et on ne voit pas de partis ».

Poussant l’analyse, il remarque qu’en Bourgogne, le Tiers de Dijon représente un cercle intérieur à la cité de Dijon, les avocats un cercle au sein du précédent, et un petit groupe d’avocats un cercle à l’intérieur du barreau de Dijon, cercle qui, d’échelon en échelon, influence toute la ville.

En Bretagne, le processus est le même.
Ainsi donc, la « Machine » possède une structure concentrique, le plus petit cercle contrôlant indirectement le plus grand, les différentes cellules étant en rapport entre elles.

C’est faussement que Cochin est parfois comparé à l’abbé Barruel, jésuite dont les Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme, parus en 1798-1799, soutenaient que la Révolution avait été l’œuvre d’un complot ourdi par les Illuminés de Bavière qui auraient infiltré la franc-maçonnerie et d’autres sociétés afin de renverser les pouvoirs en place.

Augustin Cochin ne croit nullement que la Révolution a procédé d’une organisation préméditée, appuyée sur des personnes déterminées : il démontre simplement qu’il existe un mécanisme des sociétés de pensée, qui peut se dérouler avec des hommes interchangeables.

« Il ne cherchait pas, observe Patrice Gueniffey, à écrire une histoire de la Révolution par les intentions de ses acteurs, mais à élaborer une phénoménologie du phénomène révolutionnaire qui dépassât les intentions exprimées par ses acteurs. »

Autant historien que sociologue, Augustin Cochin avait démonté le mécanisme permettant à un petit groupe d’hommes réuni par des aspirations communes d’élaborer une volonté qui lui soit propre, et de l’imposer, de cercle en cercle, à toute une collectivité, quitte à ce que ce mécanisme se retourne un jour comme un boomerang.

Ce schéma n’est évidemment qu’une partie de l’histoire de la Révolution française.
Mais il pose de légitimes questions sur les origines de la démocratie moderne.

Jean Sévillia

Augustin Cochin, La Machine révolutionnaire, préface de Patrice Gueniffey, introduction de Denis Sureau, Tallandier, 686 p., 29,90 €.





vendredi 7 décembre 2018

L’Indécence, l’arrogance et le Mépris !

Par José CASTANO – 06/12/2018.

« Thor, fils d'Odin je t'accuse d'avoir trahi le commandement de ton roi, par ton arrogance et stupidité.
Tu as livré ce paisible royaume et ces vies innocentes à l'horreur et à la désolation de la guerre.
Tu es indigne de ces royaumes, tu es indigne de ton rang, indigne de la famille que tu viens de trahir.
Je te retire ton pouvoir !
Au nom de mon père et de son père avant lui !
Moi Odin Père de toutes choses je te bannis ! »
(THOR (film) Odin à Thor) - [THOR : Dieu du tonnerre dans la mythologie nordique]


            Alors que la colère gronde et enfle dans le pays, que la crise atteint son paroxysme, que le peuple pressuré, exsangue, hurle sa détresse et se révolte contre les bas salaires, la vie chère, la précarité, les taxes et les impôts, le couple Macron qui compte bien laisser sa trace à l’Elysée, a décidé de restaurer ce palais pour un montant estimé à plus de 100 millions d’euros par la Cour des comptes.

Moquettes, rideaux, mobilier, ornements, rien ne sera omis afin de rénover dans le luxe les 365 pièces, la salle des fêtes, le salon Napoléon III et le jardin d'hiver.


Les travaux ayant débuté le 29 novembre 2018, ils dureront jusqu'au 15 janvier 2019.
Pour les justifier, la première dame s’est ainsi expliquée :
« On avait l’impression que l’Élysée était devenu une forteresse qui se protégeait de l’extérieur.
On va alléger, épurer. Il faut que la lumière entre ».

Quand on demande des sacrifices au bon peuple et qu’en contrepartie on dilapide son argent en futilités, il y a, effectivement, de quoi se révolter…

Et le couple présidentiel n’en est pas à son coup d’essai…

Qui se souvient de la « vaisselle de l’Elysée » ?…


Le 13 juin 2018, Le Canard enchaîné dévoilait que l’Elysée avait passé commande à la manufacture de Sèvres :
1200 pièces de vaisselle pour la coquette somme de 500.000 euros.

En pleine crise des "Gilets Jaunes", les Macron rénovent le palais de l'Elysée

Malgré les “gilets jaunes”, l'Elysée dépense des millions d'euros pour se rénover
Par Auteur valeursactuelles.com.

Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement,  justifiait alors cette dépense en ces termes :
« Le président de la République procède à une commande publique qui permet de recevoir à la hauteur des personnalités qui défilent à l’Elysée […]
Une commande a été faite pour changer le service dans sa totalité, cela n’avait pas été fait depuis le président René Coty »… sauf que, Jacques Chirac avait déjà procédé en son temps au remplacement de la faïence élyséenne…

Conclusion : Le couple présidentiel peut festoyer dans des assiettes à 400 euros pièce alors que ceux qui sont pauvres, restent pauvres… et mangent dans des assiettes souvent ébréchées.

Les images peuvent être soumises à des droits d'auteur
Qui se souvient de la piscine du fort de Brégançon ?

Fin juin 2018, le couple présidentiel préférant l’eau chlorée au sel de mer, a déboursé (par le biais du contribuable) 34 000 euros pour faire installer une piscine dans cette résidence estivale…
L'idée étant d'éviter de s'exposer aux paparazzis lors de leurs baignades...
Tout cela pour, qu’in fine, Emmanuel Macron sorte à un badaud quelques semaines plus tard :
« Je n’aime pas les piscines, je préfère mille fois la mer ».

… Et ce n’est pas fini !...

Dans son rapport annuel sur l'Élysée, les magistrats de la Cour des comptes viennent de dévoiler une estimation globale des coûts liés à Brigitte Macron en cette première année de quinquennat.

Depuis son arrivée à l'Élysée, la Première dame de 65 ans (issue d’une des plus riches familles d’Amiens) qui, aux dires du personnel demeure toujours la « maîtresse d’école » du président (de 24 ans son cadet) a, à sa disposition, un directeur de cabinet et un chef de cabinet, tous deux aidés de deux secrétaires – notamment en charge de la préparation de ses rendez-vous et déplacements-. Une petite équipe à ses côtés au quotidien dont sept agents spécifiquement chargés de répondre au courrier (paraît-il important) : Masse salariale estimée à 278 750 euros par an.

A l’exception de cette somme affichée officiellement, le rapport est avare de détails, au regret des magistrats :
« La Cour s’est attachée à recenser les différentes dépenses qui sont plus particulièrement affectées à Brigitte Macron, sans toutefois pouvoir chiffrer la totalité de ces dépenses, en l’absence d’une comptabilité analytique suffisante ».

À cela s'ajoute également les six bureaux dont Brigitte Macron dispose dans « l’aile Madame » de l’Hôtel d’Évreux.
Outre les quatre collaborateurs précités, ils abritent aussi les membres du GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République) qui se chargent de sa sécurité, ainsi que deux véhicules présidentiels, un pour ses déplacements et une voiture pour les agents du GSPR « précurseurs ».

Bien qu'aucun budget de représentation ne lui soit attribué, la première dame  bénéficie, en sus, des services de la coiffeuse-maquilleuse de la Présidence. Celle-ci perçoit un forfait brut mensuel de 5 200 euros… chiffre moindre (reconnaissons-le) par rapport à celui de François Hollande dont les près de 10 000 euros de coiffeur avaient fait polémique…

Question vestimentaire, Brigitte Macron n’est pas en reste…
Souvent décriée pour le contenu exorbitant (voire, outrageant) de sa garde-robe, elle a essuyé les foudres de l’écrivain Yann Moix qui, le 24 novembre 2018, s’insurgeait de la sorte sur le plateau « Des Terriens du samedi » :
« Lors des commémorations du 11 novembre, de sinistre mémoire, elle a porté un manteau Vuitton à 3 600 euros.
La marque du manteau a supplanté la marque de l’Histoire ce jour-là.
Mais c’est normal en fait, qu’elle aime Vuitton, parce qu’il y a des liens vraiment très forts entre Vuitton et Emmanuel Macron », a-t-il déclaré.

À l’occasion de ces mêmes cérémonies, le magazine Closer qui assure la « promotion » de la première dame, se pâmait :
« Brigitte Macron enchaîne 5 tenues différentes en deux jours ! »
Les « gilets jaunes » apprécieront…

Pour 2018, la dotation budgétaire de la présidence ayant été fixée à 103 millions d’euros par la loi de finances, le couple élyséen ne connaîtra certainement pas de marasme…

« Qui s'aime trop a aisément du mépris pour les autres », dit un proverbe danois.
En ces jours de colère exprimée par le petit peuple lassé de tant de mépris et de cynisme, l’arrogance de Jupiter gagne en déchéance et précède sa ruine, son orgueil précède sa chute.

             José CASTANO



jeudi 6 décembre 2018

Pacte mondial sur les migrations

Pacte mondial sur les migrations
Par Wikipédia.

Le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières est un pacte mondial non contraignant de l'Organisation des Nations unies visant à couvrir toutes les dimensions de la migration internationale.


Une conférence des Nations unies va l'adopter à Marrakech les 10 et 11 décembre 2018.

L'idée principale du pacte est de promouvoir « des migrations sûres, ordonnées et régulières ».

Le texte indique ainsi qu'il faut « créer des conditions favorables qui permettent à tous les migrants d'enrichir nos sociétés grâce à leurs capacités humaines, économiques et sociales ».


Il souligne le fait que les États doivent porter secours aux migrants empruntant des itinéraires dangereux.

L'objectif 17 du pacte précise que les États s'engagent
« à éliminer toutes les formes de discrimination et à condamner et combattre les expressions, les manifestations et les actes de racisme, de discrimination raciale, de violence et de xénophobie visant tous les migrants », notamment par des « campagnes de sensibilisation » du public.

 Il invite également les États signataires à « sensibiliser et informer les professionnels des médias sur les questions migratoires et la terminologie adaptée » et à « [cesser] d’allouer des fonds publics ou d’apporter un soutien matériel aux médias qui propagent systématiquement l’intolérance, la xénophobie, le racisme et les autres formes de discrimination envers les migrants ».

Le texte prévoit que les « prestataires de soins de santé […] fassent cas des spécificités culturelles [des migrants] dans le cadre de leur pratique », d'« allou[er] aux établissements [...] fréquentés par une forte proportion d’enfants migrants des ressources destinées à financer des activités d’intégration », la « reconnaissance mutuelle des diplômes étrangers [pour] […] une harmonisation à l’échelle mondiale »

Portée

Le texte n'est pas juridiquement contraignant et invoque la souveraineté nationale comme « principe directeur ».
Des juridictions pourraient s'en servir dans leurs décisions.

Positions des États membres

Pays souhaitant signer

Le président de la République française, Emmanuel Macron, soutient le pacte.
 Il déclare :
« Les solutions qu'il propose vont exactement dans le sens, à la fois des valeurs de l'Europe, et des intérêts de l'Europe ».

Au Canada, le Premier ministre, Justin Trudeau, se prononce en faveur de la signature du pacte.
Cependant, les conservateurs s'opposent à la signature.
Le ministre canadien de l'Immigration, Ahmed Hussen, devrait signer au nom du Canada les 10 et 11 décembre.

Oppositions

191 pays ont accepté l’accord sur la création d'un pacte pour des migrations sûres, ordonnées et régulières à New York en juillet 2018.

Parmi ces pays, un tiers a changé d'avis depuis.

Courrier international indique fin novembre 2018 que « la liste des désistements s’allonge de jour en jour » et la conférence est un « flop annoncé ».

- L'Autriche,
- l'Australie,
- la Bulgarie,
- la Croatie,
- les États-Unis,
- Israël,
- la Hongrie,
- la Pologne,
- la Serbie,
- la Slovaquie
- et la Suisse ne signeront pas le pacte.

Lors du sommet du groupe des G6 à Lyon, le ministre Joachim Brudziński a annoncé que le projet d'accord sur le pacte mondial pourrait créer des dangers pour la Pologne. Cela peut aussi être une incitation à entreprendre une migration illégale. - À cet égard, je recommanderai au Premier ministre Mateusz Morawiecki le retrait de la Pologne de l'accord GCM - a déclaré le chef du ministère de l'Intérieur et de l'Administration.


Sous la présidence de Donald Trump, les États-Unis n'ont même pas participé à la négociation de l'accord.

Le chancelier d'Autriche, Sebastian Kurz, alors même que le pays a participé a sa négociation, déclare que le pacte réduira la souveraineté de l'Autriche et abolira les différences entre immigration légale et illégale ainsi que la migration humanitaire (réfugiés).

Selon Stéphane Bussard, dans Le Temps (quotidien suisse), le pacte aurait suscité « un déferlement de propos haineux, voire complotistes » de sorte qu'à l'ONU, on enregistrerait « avec incompréhension, voire avec une once de panique, les critiques virulentes qui font florès, surtout en Europe ».

En France, au moins une partie du mouvement des Gilets jaunes a manifesté son opposition au pacte.

Certains d'entre eux ont exprimé l'intention d’empêcher physiquement Emmanuel Macron de se rendre au Maroc en bloquant des aéroports.

MIGRATION - En septembre 2016, en ouvrant la voie à l’adoption de deux nouveaux pactes mondiaux, l’un sur les réfugiés, l’autre pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, la déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants n’avaient sans doute pas anticipé de telles divisions. Alors que les annonces de pays se retirant du Pacte mondial sur les migrations se multiplient, le texte rassemblera à Marrakech, les 10 et 11 décembre prochains, les pays qui déclareront symboliquement d’une seule voix la volonté de renforcer la coopération internationale sur les questions migratoire.

Indécis

En Belgique, alors que le Premier ministre, Charles Michel, s’était engagé à le signer avec l’aval de l’ensemble des partis de coalition, le parti nationaliste flamand N-VA change d’avis le 4 décembre 2018.
Cette position met le gouvernement « au bord de l'explosion ».

Le président du gouvernement tchèque, Andrej Babiš, a exprimé des réserves sur le traité et considère comme peu probable le fait que la République tchèque le signe.

Soutiens et critiques

Selon Louise Arbour, la représentante spéciale de l'ONU pour les migrations, l'objectif est de « maximiser les bénéfices de la migration tout en mettant en lumière ses aspects négatifs et en limitant les pratiques migratoires chaotiques et dangereuses ».

Face aux critiques visant le texte, António Vitorino, directeur général de l'Organisation internationale pour les migrations, déclare :

« Nous assistons de la part de certains secteurs politiques à la manipulation, à la distorsion des objectifs du Pacte, on a la sensation que la migration est devenue le bouc émissaire des problèmes culturels et sociaux ».

Le Figaro Magazine considère que ce pacte vise à construire une planète « sans frontières », avec comme idéologie sous-jacente « un angélisme déroutant mais destructeur », et qu'il se rapproche de la « propagande ».

Selon André Bercoff, le texte parle de migrants en général et ne fait pas de distinction entre les différents types de migrations (économique, de guerre etc).

 Le texte vise à protéger la culture et les traditions cultuelles et culturelles des migrants pour, toujours selon André Bercoff, éviter qu'ils se fondent dans la culture d’accueil.
Le journaliste souligne enfin, en France, l'absence de concertation au parlement, au Sénat, dans les médias, et le non recours à un référendum.

D'après Suzette Sandoz, parmi les 23 objectifs, seulement deux concernent les pays d’origine des migrants :
« le Pacte va donc être ressenti dans le monde comme un puissant appel vers les États signataires, une promesse d’eldorado, une garantie de succès et d’accueil à bras ouverts […]

Il accentuera l’attrait des États signataires donc accroîtra, au détriment des réfugiés [non économiques], ce flux de personnes, migrantes économiques, qui modifient très rapidement le paysage européen et placent les autorités et les populations autochtones devant des crises sociales douloureuses et pourtant niées».

Une partie des associations et de la société civile regrettent que le pacte mondial pour des migrations ne soit pas juridiquement contraignant pour les pays signataires.
………………
Belgique : le gouvernement au bord de l'explosion à cause du Pacte migratoire.
05/12/2018.

Alors que la communauté internationale doit se réunir lundi 10 décembre à Marrakech pour "endosser" le Pacte mondial pour les Migrations des Nations Unies, la Belgique est au bord de la crise politique.


Depuis deux semaines, cet accord international, non contraignant, fait vaciller le gouvernement belge.
Il souhaite pourtant seulement créer un cadre pour les relations entre Etats sur le sujet des migrations.
En septembre, a New York, Charles Michel, le Premier Ministre, s’est engagé à le signer avec l’aval de l’ensemble des partis de coalition.


Mais la N-VA, le parti nationaliste flamand, a changé d’avis : « le gouvernement qui va à Marrakech n’a pas le soutien de la N-VA », a sèchement déclaré ce lundi Bart de Wever, le président du parti.
Pour le reste des ministres, c’est une trahison de la part des nationalistes, d’autant plus que la coalition gouvernementale a besoin de la N-VA pour tenir.

Signe de désolidarisation froide à l’égard du gouvernement, la N-VA a publié sur son site internet une campagne anti-migrants ce mardi, retirée quelques heures plus tard, étant donné le tollé provoqué par des photos empruntées aux campagnes anti-migrants de l'extrême droite allemande.


Pour sortir de la crise, le gouvernement a décidé de laisser le Parlement fédéral trancher mercredi. Une majorité devrait se dégager en faveur de la signature du pacte, sans la N-VA, qui reste inflexible.

Reste à savoir ce qui adviendra de la fragile coalition gouvernementale si Charles Michel suit l'avis consultatif du Parlement et se rend à Marrakech lundi prochain.
Le vote en séance plénière aura lieu ce jeudi 6 décembre.