Alexis Le Meur – 01/11/2019.
Le rapporteur de l’ONU sur la torture a fait part de son «inquiétude face à
la dégradation continue de la santé de Julian Assange» depuis son arrestation,
et son placement en détention en avril dernier.
Il a demandé sa libération
immédiate.
Une femme venue soutenir Julian Assange devant le
tribunal de Londres, le 1er mai 2019, au Royaume-Uni (image d'illustration).
Dans un
communiqué diffusé ce 1er novembre, le rapporteur de l’ONU sur
la torture, Nils Melzer, a exprimé son «inquiétude face à la dégradation
continue de la santé de Julian Assange depuis son arrestation et son
placement en détention», ajoutant que «sa vie était en danger».
«A moins que le Royaume-Uni ne change d’urgence de cap et ne soulage sa situation inhumaine de toute urgence, Julian Assange continuera d’être exposé à l’arbitraire et aux violations de ses droits qui pourraient bientôt lui coûter la vie», a fait valoir l’expert indépendant de l’ONU.
«A moins que le Royaume-Uni ne change d’urgence de cap et ne soulage sa situation inhumaine de toute urgence, Julian Assange continuera d’être exposé à l’arbitraire et aux violations de ses droits qui pourraient bientôt lui coûter la vie», a fait valoir l’expert indépendant de l’ONU.
Arrêté le 11 avril dernier alors qu’il se trouvait dans
l’ambassade d’Equateur à Londres depuis sept ans, Julian Assange
purge une peine de 50 semaines de
prison pour violation des conditions de sa liberté provisoire. Il
est actuellement incarcéré au pénitencier de haute sécurité de Belmarsh à
Londres. Le ressortissant australien est
accusé d’espionnage par les Etats-Unis, où il encourt une peine
allant jusqu’à 175 ans de prison, qui ont demandé son extradition. La justice britannique a
fixé l'audience décisive à février 2020.
Les Britanniques font la sourde oreille
L’expert de l’ONU avait rendu visite en mai,
accompagné de médecins, au fondateur de WikiLeaks dans sa prison londonienne,
soit un mois après son arrestation. Il s’était alors inquiété des «maux
physiques» dont souffrait Julian Assange, assurant qu’il présentait «tous les
symptômes typiques d’une exposition prolongée à la torture psychologique» ainsi
qu’une «anxiété chronique et des traumatismes psychologiques intenses».
En conséquence, il avait exigé des
mesures immédiates afin de protéger la santé et de préserver la dignité de
Julian Assange.
Malgré l’urgence médicale de mon appel et la
gravité des violences alléguées, le Royaume-Uni n’a pris aucune mesure
d’enquête, de prévention ou de réparation requises par le droit international.
Dans son communiqué, Nils Melzer a regretté de n’avoir reçu aucune réponse
satisfaisante de la part des autorités britanniques depuis. «Ce que nous avons
vu de la part du gouvernement britannique est un mépris total pour les droits
et l’intégrité de Julian Assange […]
Malgré l’urgence médicale de mon appel et la gravité des violences
alléguées, le Royaume-Uni n’a pris aucune mesure d’enquête, de prévention ou de
réparation requises par le droit international».
Le professeur de droit
international a néanmoins assuré avoir reçu une réponse «sommaire» de la part
des Britanniques, «près de cinq mois après» sa visite, dans laquelle le
gouvernement a «catégoriquement rejeté [ses] conclusions, sans indiquer sa
volonté d’examiner [ses] recommandations, et encore moins de les mettre en
œuvre ou de fournir les compléments d’information demandés».
L'Etat de droit menacé ?
Pour le rapporteur de l’ONU, Julian Assange «continue d’être détenu dans
des conditions d’oppression, d’isolement et de surveillance, non justifiées par
son statut de détenu».
«Malgré la complexité des procédures engagées contre lui par le
gouvernement le plus puissant du monde, l’accès de Julian Assange à un conseil
et à des documents juridiques a été sérieusement entravé, sapant ainsi son
droit le plus fondamental de préparer sa défense», a souligné Nils Melzer.
Micros cachés, retransmissions en direct : une société espagnole aurait
espionné Assange pour la CIA
Enfin, l’expert a noté «un arbitraire flagrant et soutenu dont ont fait
preuve tant le pouvoir judiciaire que le gouvernement dans cette affaire» qui
laisse «présager d’un écart alarmant par rapport à l’engagement du Royaume-Uni
en faveur des droits de l’Homme et de l’Etat de droit».
Le rapporteur a
vivement recommandé que «l’extradition de Julian Assange soit interdite, qu’il
soit libéré rapidement et autorisé à recouvrer la santé et à reconstruire sa
vie personnelle et professionnelle».
Le 21 octobre, l’Australien de 48 ans était apparu passablement
fatigué et désorienté lors d’une audience à Londres, sa première
apparition publique depuis son arrestation. Il avait même semblé éprouver des
difficultés à se rappeler sa date de naissance. Il s’était également plaint de
ses conditions de détention.
Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 et s’est fait connaître en juillet
2010 après avoir diffusé The Afghan
War Diary, agrégat de 91 000 documents militaires américains sur la guerre
en Afghanistan.
L’organisation avait répété l’opération le 23 octobre 2010 avec la mise en
ligne de 391 832 documents secrets
sur la guerre en Irak, révélant la mort de plus de 65 000
civils ainsi que le recours à la torture dans différents centres de
détention.
Enfin, entre novembre 2010 et septembre 2011, elle avait rendu publics plus
de 250 000 télégrammes de la diplomatie américaine, opération connue sous le
nom de Cablegate.
A la fin du mois de mai, la justice américaine avait
ajouté plusieurs chefs d’accusation à son acte d’inculpation, dont
la plupart portaient sur des violations des lois contre l’espionnage, ce qui
avait suscité une levée de boucliers chez les
défenseurs de la liberté de la presse mais aussi le soutien de certains
Gilets jaunes.
Alexis Le Meur