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Selon sa thèse fondamentale, les aspirations idéales de
l’humanité, y compris la soif d’immortalité, pourront être réalisées moins au
moyen de transformations sociales et du développement spirituel de la
personnalité que par suite d’une transfiguration du Cosmos et de la place qu’y
occupe l’homme.
L'identification des galaxies, à partir des années 1920, a permis d'étendre notre conception de l'Univers bien au delà de l'ancienne notion de Voie Lactée.
Cependant, le
mouvement intellectuel qu'il désigne, philosophique ou para-philosophique, est
proprement russe et constitue une alliance unique en son genre entre
déploiement de l'imagination et confiance dans la puissance de la connaissance
scientifique.
Le Cosmos, d'abord pensé comme « sympathie universelle »
entre tous les êtres, puis sur un mode plus conforme à la vision scientifique
contemporaine de l'Univers, y est conçu comme une entité vivant d'une existence
supérieure.
Ce courant s’est articulé en différentes doctrines, parmi
lesquelles les plus populaires ont été la « philosophie de l’œuvre commune » de
Nikolaï Fiodorov et la doctrine de la noosphère de Vladimir Vernadski.
On distingue dans le cosmisme russe différents niveaux
d'appréhension de la réalité (biologique, énergétique, astronomique, social,
etc.) dont la réunion est censée constituer une connaissance intégrale.
Définitions
Le terme même de cosmisme a été largement employé dans la
littérature russe des années 1980, à la suite des succès remportés dans la
conquête spatiale et de l'intérêt grandissant pour les travaux méthodologiques
de Constantin Tsiolkovski, le père de la « cosmonautique », ou encore pour les
idées d'Alexandre Tchizhevski et de Vladimir Vernadski.
Le relâchement de la censure soviétique, dans un pays où l'idéologie officielle était le marxisme-léninisme, a également contribué à redécouvrir le terme dans des textes relevant d'une autre tradition que celle du marxisme.
Pièce commémorative de la Fédération de Russie, 1997 , dédiée à ChizhevskyTsiolkoski
Le relâchement de la censure soviétique, dans un pays où l'idéologie officielle était le marxisme-léninisme, a également contribué à redécouvrir le terme dans des textes relevant d'une autre tradition que celle du marxisme.
La notion de cosmisme peut recouvrir des contenus bien
différents selon les époques et les cultures auxquelles elles se réfèrent, mais
le cosmisme russe possède ses caractéristiques spécifiques et il est convenu de
distinguer en son sein deux tendances :
- le cosmisme de type « scientifique », s'appuyant sur la
science et la technique, et qui consiste d'abord à examiner tout ce qui se
passe sur la Terre en union étroite avec les processus cosmiques
Ce qui rapproche ces deux tendances est leur intuition
commune d'un monde tissé d'interrelations et la mission qu'ils accordent à
l'humanité dans le rétablissement ou la réalisation de l'harmonie cosmique.
Aujourd'hui, c'est au cosmisme dit scientifique que l'on
se réfère le plus souvent lorsqu'on parle de « cosmisme russe ».
Svetlana Semonova, figure actuelle majeure du mouvement,
définit cette forme de cosmisme à partir de l'idée « d'évolution active », qui
fait de l'homme un être de transition au sein du processus de développement
universel, capable, par sa conscience, de prendre en charge l'évolution de sa
propre nature comme celle du monde extérieur.
L'historien des
idées Michael Hagemeister définit quant à lui le cosmisme russe comme un
système de pensée fondé sur :
- une conception holiste et anthropocentrique de
l'univers, qui présuppose une évolution « téléologique », c'est-à-dire dirigée
vers un but déterminé qui donne un sens à ce processus évolutif.
- l'identification du monde actuel à une phase de
transition au sein d'un processus qui évolue de la « biosphère » (sphère de la
matière vivante) à la « noosphère » (sphère de la raison).
- le rôle cosmique accordé à l'homme qui, en tant qu'être
devenu rationnel, est destiné à devenir un agent déterminant de l'évolution
cosmique, étendant le processus d'organisation et d'unification du monde
commencé sur Terre à tout l'Univers, où il réussira à faire disparaître la
maladie et la mort.
Le récit biblique de la création de l'homme par Dieu,
représenté ici par Michel-Ange au xvie, attribue à l'espèce humaine un statut
central dans l'histoire de l'univers.
Les Grecs et les Romains représentent leurs dieux sous
des apparences humaines. Ici, une statue romaine représentant le dieu Apollon
(IIe s av. J.-C.).
Fondements philosophiques et religieux
Le cosmisme russe s'enracine dans la tradition occultiste
et ésotérique de la Russie.
A l'instar des alchimistes et des « magiciens » de
l'ancienne Russie, Nikolaï Fiodorov et les théoriciens du cosmisme insistent
sur la capacité de l'homme à transformer le monde de façon radicale, et à se
transformer lui-même dans le même élan.
Portrait de Vladimir Soloviev, à l'origine de la notion
mystico-religieuse « d'unitotalité ».
Radicalisant certaines positions des théosophes
allemands, également héritiers d'une tradition ésotérique et alchimiste, la
philosophie qu'ils cherchent à développer se présente non pas comme une théorie
spéculative décrivant ou expliquant ce qu'est le monde, mais comme une
philosophie pratique, où l'intervention active de l'homme sur la nature devient
une nécessité morale.
Comme la plupart des écrits religieux russes dont il tire
une partie de son inspiration, le cosmisme possède aussi une dimension mystique
chrétienne importante.
L'idée de résurrection des corps y est centrale.
S'inscrivant en ce sens dans le grand mouvement de la
spiritualité russe, il affirme la réalité d'une résurrection à venir qui
transformera le monde radicalement.
Le sens même du monde actuel réside dans cette
eschatologie qui en décrit la fin.
Mais contrairement à la doctrine chrétienne de la
résurrection des corps, les théoriciens du cosmisme considèrent qu'une telle
fin ne se réalisera pas d'elle-même, car elle constitue un projet universel
pour lequel l'homme doit consacrer l'essentiel de son intelligence et de son
travail.
Par ailleurs, dans le contexte des débats entre
slavophiles et occidentalistes, particulièrement vifs en Russie au XIXe siècle,
Fiodorov et les adeptes du cosmisme développent une position alternative
réconciliatrice entre ces deux tendances opposées.
Mikhaïl Boulgakov en 1928.
Promouvant, à l'instar des occidentalistes, le progrès
matériel et technique sur la base des découvertes scientifiques occidentales,
mais s'appuyant également sur la notion proprement russe de sobornost («
communauté spirituelle »), les cosmistes définissent un projet collectif pour
la Russie, combinant science et spiritualité, qui se veut conforme à son destin
historique.
Maison des Boulgakov, 13, descente Saint-André, à Kiev.
Ce destin se confond avec celui de l'humanité tout
entière dans la mesure où la Russie, par ses caractéristiques géographiques
(vaste pays entre occident et extrême-orient), présenterait mieux que les
autres nations les qualités requises pour mener le projet de conquête de
l'espace.
Sur le plan proprement philosophique, les fondements
théoriques du cosmisme sont à la fois d'ordre ontologique et gnoséologique,
avec :
- les concepts d' « unitotalité » et de structure
hiérarchique de l'être, développés par Soloviev, Boulgakov, Karsavine,
Florensky et Zenkovsky (concepts ontologiques)
Vladimir Solovyov
- la notion introduite par Kireïevski et Khomiakov de «
savoir vivant », celle développée par Soloviev de « savoir intégral », ainsi
que l'idée de « conception intégrale du monde » de Florensky (notions
gnoséologiques).
Chez ces penseurs, qui relèvent tous de la tradition
russe de la philosophie religieuse, le monde n'est pas seulement envisagé tel
qu'il se présente, mais aussi tel qu'il doit être, en considérant son
développement.
C'est dans l'achèvement de ce développement, considéré à
l'échelle cosmique, que l'homme trouve chez eux sa mission divine.
Doctrines contemporaines
C'est avec Nikolaï Fiodorov et son projet de l' « œuvre
commune » que sont d’abord théorisés les principes du cosmisme scientifique
russe.
Serge Boulgakov et son enseignement sur la
divino-humanité, ainsi que Ivan Ilyne avec son principe de la « volonté
spirituelle », poursuivront de leur côté cette théorisation.
Konstantin Eduardovich
Tsiolkovsky was a Russian rocket scientist and pioneer of cosmonautics.
Mais c'est à Constantin Tsiolkovski et à Vladimir
Vernadski que l'on doit les développements les plus remarquables du cosmisme
russe proprement dit.
Nikolaï Fiodorov représenté dans sa bibliothèque du
musée Roumiantsev à Moscou.
À la fin du XIXe siècle, le géographe et bibliothécaire
Nikolaï Fiodorov élabore un système utopique à l'origine du cosmisme
scientifique russe.
Sa doctrine, à caractère à la fois scientiste et
religieux, est réunie par quelques-uns de ses disciples dans un ouvrage en deux
tomes intitulé La philosophie de l’œuvre commune, et publié en 1906 trois ans
après sa mort.
Fiodorov y considère le processus historique à travers le
prisme de l' « œuvre commune » à l'humanité.
Il estime en effet que l’apparition de l’homme a
transformé l’évolution de la nature en un processus de perfectionnement du
monde à caractère conscient, moral et obéissant à une impulsion religieuse.
Ce processus se poursuit dans l'œuvre commune (ou « cause
commune ») qui consiste non plus dans le développement de la vie mais dans la
tâche de résurrection des morts, interprétée comme un retour à la vie de tous
les êtres humains ayant habité sur terre.
Il s'agit alors d’atteindre, au terme de ce processus, un
véritable état d’immortalité.
Pour Fiodorov, tous les problèmes de l'existence, qu'ils
soient sociaux, économiques, politiques ou philosophiques, ont une racine
commune dans le problème de la mort, et aucune solution viable ne peut y être
apportée sans que ne soit affronté au préalable le drame de la mort.
Celle-ci est conçue avant tout par lui comme une
désintégration qui doit être surmontée par la réintégration de tous les êtres,
présents et passés, au sein d'une même communauté réunie autour de l’œuvre
commune de résurrection. Il faut souligner que Fiodorov n’évoque pas la
résurrection des morts et l’existence immortelle au sens figuré, mais dans un
sens direct et littéral, comme une tâche concrète, la seule qui soit digne de
l’homme.
La résurrection des ancêtres, la « patrofication »,
suppose le retour à la vie des « géniteurs » sous une forme nouvelle,
corporelle certes, mais transfigurée et capable de s'auto-générer à partir
d'éléments artificiels non organiques.
Cette entreprise technologique de salut universel ne peut
se réaliser, d'après Fiodorov, que sur la très longue durée (estimée à
plusieurs milliers d'années au moins), et doit mobiliser toutes les énergies
jusque là déployées dans des entreprises négatives de destruction,
d'asservissement et d'exploitation.
Dans cette perspective salvatrice, qui retourne
positivement l'orientation nihiliste de l'homme, l'humanité doit apprendre à
maîtriser non seulement le mouvement de la Terre et ses phénomènes
atmosphériques mais aussi le système solaire et l'Univers.
Les théories de Fiodorov ont suscité des réactions très
diverses, et elles sont souvent jugées déconcertantes, mais sa pensée a exercé
une influence déterminante sur le cosmisme russe, et Tsiolkovki s'en inspire
directement.
Tsiolkovski
Pièce de monnaie d'1 rouble de l'année 1987, avec la représentation
idéalisée de Constantin Tsiolkovski.
Constantin Tsiolkovski est un penseur et expérimentateur
scientifique russe puis soviétique, à l'origine de l'astronautique en tant que
nouvelle branche du savoir scientifique, au début du XXe siècle.
Par sa philosophie du monde, il appartient pleinement à
la ligne du cosmisme.
Il subit l'influence de Fiodorov et en reprend notamment
l'idée de résurrection universelle.
C’est sous l’inspiration de Fiodorov que Tsiolkovski est
devenu le père de l’astronautique russe.
Il se passionne en effet pour le programme de
colonisation du cosmos par l’humanité car il est convaincu que la Terre
deviendra trop petite pour contenir la masse des individus ressuscités.
Il conçoit d'abord les vols spatiaux en tant que
scientifique et ingénieur, mais il élabore progressivement et en parallèle une
philosophie et une éthique « cosmiques ».
L'activité humaine prend alors chez lui des dimensions
nouvelles, non seulement planétaires mais aussi extraterrestres, sa vocation
étant « de migrer hors de la Terre et de peupler le Cosmos. »
Avec Tsiolkovski, la Terre n'est plus qu'un corps
cosmique dont le mouvement dans l'espace est soumis aux lois du Cosmos, et dont
la vie, qu'elle regorge à sa surface, dépend intégralement d'un ensemble
favorable de facteurs naturels (terrestres et cosmiques).
Mais il considère comme exceptionnels la place et le
destin de notre planète dans l'ensemble de la structure de l'Univers.
La Terre est en effet vue par lui comme une « réserve »
où se joue le drame du devenir biologique et social des nouvelles formes
vivantes.
Ce drame est lié à la concentration des souffrances qui
accompagnent inéluctablement la sélection naturelle des êtres vivants sur cette
planète.
C'est là que commence donc le processus de montée vers
les degrés supérieurs de l'accomplissement cosmique que l'humanité doit
réaliser.
Ce processus comprend plusieurs étapes, qui constituent
des « ères cosmiques » dont chacun s'étend sur des millions d'années :
- l'ère de la naissance, celle où s'établit un organisme
socio-économique harmonieux
- l'ère du devenir, dont le décompte commence avec le
début de l'expansion cosmique active
- l'ère de l'épanouissement, qui pose les prémisses d'une
maîtrise des lois générales de l'Univers
- l'ère terminale, époque où l'humanité passe des formes
« corpusculaires » d'existence aux formes énergétiques, aux « rayonnements »,
ce qui marque la fin de la chair organique souffrante et l'accession à la «
béatitude éternelle » au sein de l'unité universelle.
Tsiolkoski définit par ailleurs une « éthique cosmique »
qui ne relève pas du libre-arbitre de l'homme, qu'il estime profondément
illusoire, mais de la volonté de l'Univers qui préside toutes les forces
existantes.
Vladimir Vernadski
Vladimir Vernadski est un minéralogiste et chimiste russe
du début du XXe siècle, considéré comme l'un des fondateurs de la géochimie
moderne et de la biogéochimie.
Il est vu comme le plus académique des cosmistes dits
scientifiques.
C'est en tant que scientifique reconnu qu'il étudie les
effets des radiations solaires et cosmiques sur l'ensemble des organismes
vivants. Il définit en 1926 la notion de biosphère, dans une optique à la fois
biologique, géologique et cosmologique, posant comme hypothèse que la vie est une
force géologique qui transforme la Terre et qui interagit sur le long terme
avec le cosmos.
Ayant emprunté l'expression de « noosphère » à Teilhardde Chardin et à Édouard Le Roy, Vernadski l’associe à sa propre doctrine de la
biosphère, l’impact humain sur la nature étant devenu pour lui une force
géologique à part entière.
Pour Vernadski, la vie est une constante éternelle du
Cosmos, à l'instar de la matière et de l'énergie.
Elle est présente en germe dans la matière à l'échelle
subatomique, d'où elle émerge au niveau des organismes.
Cette émergence de la vie entraîne la formation,
par-dessus la biosphère terrestre, d’une nouvelle couche, dite « noosphère »,
où s'organise rationnellement la vie par le biais de l'activité humaine.
Cette rationalisation de la vie est envisagée elle-même
comme un prolongement du processus d’évolution.
Mais la dégradation des ressources naturelles dans la
biosphère ne permettra pas à l'humanité de continuer à vivre tel qu'elle vit
actuellement.
Elle devra donc changer radicalement ou périr dans une
biosphère dégradée.
Vernadski envisage alors une nouvelle avancée
scientifique et technologique rendant possible la modification physico-chimique
de la constitution même de l'homme, anticipant ainsi certains projets
transhumanistes fondés sur la modification génétique.
Kouprevitch et les
immortalistes
Vassili Kouprevitch est un botaniste et naturaliste
biélorusse, mort en 1969, partisan d'une longévité illimitée pour les êtres
humains.
Il réactualise certaines des positions de Fiodorov en
réaffirmant par exemple que la mort n'est pas une propriété inhérente à la
condition humaine.
Il considère qu'avec le développement de la noosphère,
l'humanité a atteint un stade d'évolution tel, que la mort n'est plus nécessaire
à son évolution future.
La raison humaine peut désormais se substituer à la
nécessité biologique dans la formation de l'humanité à venir.
Le principal obstacle au dépassement de notre actuelle
condition d'homme mortel réside, selon Kouprevitch, dans l'attitude
conservatrice de refus de cette possibilité, alors même que la majorité des
avancées technologiques et scientifiques appartenaient, avant leur réalisation,
à la catégorie de l' « impossible ».
De ce fait, la première étape à franchir en vue d'obtenir
la longévité illimitée consiste à inciter la communauté scientifique et
l'ensemble des intellectuels à changer d'attitude sur la question de la mort,
et à redécouvrir les vérités contenues dans les mythes, les légendes et les
religions populaires.
En Russie aujourd'hui, les travaux de Kouprevitch
constituent une référence pour les adeptes du cosmisme du courant «
immortaliste » (prônant une longévité illimitée).
Les « immortalistes » russes convergent avec les
transhumanistes et les « cryogénistes » occidentaux pour définir leur position
comme une tendance philosophique qui inclut :
l'investigation scientifique des moyens techniques pour
parvenir à une extension de la durée de vie jusqu'à atteindre l'immortalité
physique
la recherche de modèles socio-économiques optimaux pour
l'organisation d'une société composée d'individus immortels une conception du
monde adaptée à ceux qui souhaitent l'immortalité physique pour eux-mêmes,
l'estiment réalisable techniquement et la considèrent comme un bienfait dont
l'humanité entière pourrait bénéficier.
Pour ce courant du cosmisme, le meilleur projet de
société est celui qui tente d'incarner l'idéal d'immortalité pour le monde et
l'univers.
La liberté implique elle aussi de s'affranchir du temps
et de ses limitations en atteignant un état d'immortalité dans lequel il ne
s'impose plus comme une donnée déterminante, orientant toutes nos décisions et
restreignant nos actions.
Influence et
postérité
Timbre soviétique de 1967
illustrant l' « étape lunaire », première étape supposée de l'expansion humaine
dans le cosmos.
Le cosmisme a connu des fortunes diverses au cours du XXe
siècle, sans jamais disparaître mais sans atteindre non plus le grand public.
L'impulsion donnée par le cosmiste Constantin Tsiolkovski
à l'astronautique russe a été déterminante, et il en est resté dans le
vocabulaire international le terme de « cosmonaute » (en russe, космонавт) pour
désigner les premiers explorateurs soviétiques de l'espace, leurs homologues
américains étant qualifiés quant à eux d' « astronautes » après leurs premiers
pas sur la Lune.
Les premiers vols spatiaux ont valu au cosmisme une
attention accrue et une plus large diffusion de l'expression même.
Depuis, les idées du cosmisme ont également attiré
l’intérêt des philosophes professionnels.
L'idée de noosphère introduite par Vernadski n’a pas été
systématiquement élaborée et existe essentiellement sous forme d’idée générale,
mais elle continue de circuler aujourd’hui assez largement dans les cercles
savants et philosophiques russes, et en France parmi les adeptes des thèses de
Pierre Teilhard de Chardin ou d'Édouard Le Roy.
De nouveaux projets de recherche, qualifiés parfois de «
pseudo-sciences », ainsi que de nouvelles spéculations, à caractère ésotérique,
se développent aujourd'hui en Russie, portés notamment par l'Institut Central
pour l’Étude et la Propagation du Cosmisme Russe, le Musée Fiodorov, l'Institut
pour la Recherche Scientifique en Anthropoécologie Cosmique (IRSAC), etc.
Les mouvements « néo-eurasiens » et « hyperboréens »,
réapparus en Russie après la chute du régime soviétique, en reprennent aussi
certains thèmes, s'inspirant en particulier des idées de Fiodorov, et le
courant « immortaliste » des transhumanistes russes s'y réfère explicitement.
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Vassily Kandinsky. — « Bild
XVI. Das Grosse Tor Von Kiew » (Tableau XVI. La Grande Porte de Kiev), vers 1928
Centre Pompidou, MNAM-CCI - RMN-Grand Palais / Georges
Meguerditchian et Philippe Migeat
Le cosmisme, une vieille idée russe pour le XXIe siècle
Depuis la fin de l’Union soviétique, les élites russes
sont en quête d’idéologies de rechange. Ainsi renaît de ses cendres le
cosmisme.
Conjuguant foi chrétienne, rationalisme et rêve d’immortalité, ce
courant de pensée né au XIXe siècle offre à ses nouveaux apôtres un cadre
idoine pour marier relance des programmes scientifiques et affirmation des
valeurs traditionnelles.
par Juliette Faure
https://www.monde-diplomatique.fr/local/cache-vignettes/L890xH702/img015-7-9a828.jpg?1543315331
https://leocoutellec.files.wordpress.com/2013/09/prog_vernadsky_def.pdf
https://transhumanistes.com/la-mort-de-la-mort-86-de-lindividu-connecte-au-grand-tout/
https://www.legrandsoir.info/transhumanisme-l-homme-repare-et-augmente-a-t-il-encore-besoin-du-divin.html
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