mercredi 19 juin 2019

Persécution des chrétiens

La Détresse Masquée des Chrétiens Palestiniens
Par Raymond Ibrahim    16 juin 2019

« Le Fatah oblige les chrétiens à ne jamais signaler les violences et le vandalisme dont ils sont victimes.
Sinon, l'Autorité palestinienne apparaîtrait incapable de protéger la vie et les biens des citoyens de la minorité chrétienne...

Cette mauvaise image pourrait aussi avoir des répercussions négatives sur le plan financier.
N'oublions pas que l'Autorité Palestinienne est puissamment aidée, notamment par l'Europe. » - Dr. Edy Cohen, Centre d'études stratégiques Begin-Sadat.

Le christianisme est sur le point de disparaître de son lieu de naissance, y compris Bethléem (photo). Selon Justus Reid Weiner, avocat et universitaire, « les persécutions systématiques des Arabes chrétiens qui vivent dans les zones palestiniennes ne rencontrent aucun écho au sein de la communauté internationale, ni auprès des ONG, des défenseurs des droits de l'homme, des médias... Dans une société où les chrétiens arabes n'ont ni porte-parole, ni protection, il n'est guère surprenant qu'ils finissent par s'en aller ». (Source image : Daniel Case / Wikimedia Commons)

Le labeur quotidien de l'Autorité palestinienne, de ses partisans, des médias et autres, est d'ériger les Palestiniens en victimes permanentes des agressions et discriminations israéliennes.
Ce narratif victimaire serait compromis si la communauté internationale prenait soudain conscience que les Palestiniens persécutent certains de leurs compatriotes - uniquement pour des motifs religieux.


« Plutôt que d'arrêter les auteurs de violences contre des édifices chrétiens, l'Autorité palestinienne préfère bloquer l'information. Ce qu'elle réussit parfaitement.
A part quelques petits journaux locaux, les grands médias internationaux ont complètement ignoré les faits. » - Dr. Edy Cohen, Israël Today .

L'AVENIR IMPOSSIBLE DES CHRÉTIENS AU MOYEN-ORIENT

Comme l'explique Justus Reid Weiner, avocat et universitaire spécialiste de la région, « la persécution systématique des Arabes chrétiens qui vivent dans les zones palestiniennes ne rencontre aucun écho au sein de la communauté internationale, ni auprès des défenseurs des droits de l'homme, des médias et des ONG.
Dans une société où les chrétiens arabes n'ont ni porte-parole, ni protection, il ne faut pas s'étonner qu'ils finissent par s'en aller. »

L'USINE TERRORISTE IRANIENNE VISE LES CHRÉTIENS
Par Uzay Bulut - Institut Gatestone -
«En Iran, toute pratique qui contredit l’islam est considérée comme une menace à la sécurité nationale, sévèrement punie par le système judiciaire.» - International Christian Concern, 2019.
«Des tribunaux révolutionnaires ont été créés pour protéger de toutes les menaces contre l’islam. Ces tribunaux sont devenus une machine à oppression bien huilée qui fonctionne en toute impunité sous la protection de l'État. Les tribunaux sont étroitement liés au ministère du Renseignement. Les juges ont à leur disposition des gardes de la révolution (police secrète) et un réseau de prisons utilisées pour torturer et interroger des chrétiens. ”- International Christian Concern.
«Si vous vous rétractez et vous repentez, vous irez en prison. Et si vous ne le faites pas, vous serez tué. »- Dr. Mike Ansari de Heart4Iran, un ministre chrétien iranien, rapporté par International Christian Concern.

En cette période de persécution des chrétiens au sein du monde musulman, la détresse des chrétiens palestiniens fait l'objet d'une omerta particulière.

Open Doors, une association humanitaire spécialisée dans la défense des droits des chrétiens, positionne les persécutions que les chrétiens palestiniens subissent à un niveau « élevé ».
L'origine de cette oppression tient, selon Open Doors, en deux mots, « oppression islamique » :

DES RELIGIEUX MUSULMANS MENACENT UN CHRÉTIEN SOUDANAIS EN EGYPTE

« Les musulmans convertis au christianisme subissent les pires exactions anti-chrétiennes et la simple adhésion à l'une ou l'autre des églises de la région les met en danger.

En Cisjordanie, ils vivent sous la menace et sont soumis à de fortes pressions ; à Gaza, le danger est si grand que la plupart vivent leur foi chrétienne dans le plus grand secret ...
L'islamisme radical a une telle influence aujourd'hui que les églises historiques doivent adopter une approche quasi diplomatique lorsqu'elles s'adressent à des musulmans. »

UN COPTE CHRÉTIEN ARRÊTÉ POUR AVOIR INSULTÉ L'ISLAM SUR FACEBOOK EN EGYPTE

Si la persécution des chrétiens qui vivent dans des pays musulmans - Pakistan, Égypte, Nigéria pour ne citer qu'eux...- commence à être sérieusement documentée, les souffrances des chrétiens sous tutelle de l'Autorité palestinienne demeurent masquées.

Ce silence tient-il à un niveau de persécution moindre que dans d'autres pays musulmans ?
Ou est-ce l'extrême conflictualité de l'arène politique et médiatique israélo-palestinienne qui place les chrétiens palestiniens dans une situation unique ?

« The Persecution of Christians in the Palestinian Authority » (La persécution des chrétiens sous l'Autorité palestinienne), un récent article du Dr. Edy Cohen, publié le 27 mai, par le Centre d'études stratégiques Begin-Sadate, répond longuement à ces questions.

L'étude du Dr Cohen fait état de trois cas de persécutions récentes de chrétiens, que les soi-disant « grands médias » ont parfaitement ignoré :

JOURNÉE MONDIALE COPTE: LE 1ER JUIN, RAPPELEZ-VOUS LES PERSÉCUTÉS

« Le 25 avril, les habitants terrifiés du village chrétien de Jifna près de Ramallah ... ont été attaqués par des musulmans en armes... L'attaque a eu lieu peu après qu'une femme du village ait porté plainte contre le fils d'un éminent dirigeant du Fatah qui avait agressé sa famille.
En représailles, des dizaines d'hommes du Fatah ont fait irruption dans le village, tirant des centaines de balles en l'air, lançant des bidons d'essence enflammés et hurlant des injures.
Des équipements publics ont été gravement endommagés.
C'est un miracle que personne n'ait été tué ou blessé...

« Le deuxième incident a eu lieu dans la nuit du 13 mai.
Des vandales ont brisé la clôture d'une église de la communauté maronite du centre de Bethléem, ont pénétré le bâtiment par effraction, puis l'ont profané avant de se retirer emportant un coûteux matériel, notamment des caméras de sécurité.

« Trois jours plus tard, ce fut le tour de l'église anglicane du village d'Aboud, à l'ouest de Ramallah. Des vandales ont percé la clôture, brisé les fenêtres de l'église et y ont pénétré par effraction. Ils l'ont profanée, ont recherché des objets de valeur et volé beaucoup d'équipement.

« Selon sa page Facebook, l'église maronite de Bethléem a signalé qu'elle était victime pour la sixième fois d'actes de vandalisme et de cambriolages ; en 2015, un incendie criminel a provoqué des dégâts considérables et contraint l'église à fermer pendant une longue période. »

Ces trois attaques qui ont eu lieu en l'espace de trois semaines sont conformes au type de sévices que les chrétiens subissent dans d'autres régions à majorité musulmane.

La profanation et le pillage d'églises sont les brutalités les plus répandues, mais il n'est pas rare que la populace musulmanes attaque les minorités chrétiennes chaque fois que celles-ci - perçues comme des « dhimmis » ou des « citoyens » de troisième classe, qui devraient s'estimer heureux d'être tolérés - osent évoquer leurs droits, comme ce fut le cas au village chrétien de Jifna le 25 avril :

"[L] es émeutiers ont réclamé [aux chrétiens] le paiement de la jizya- une taxe par tête qui a été imposée tout au long de de l'histoire aux minorités non musulmanes vivant sous domination islamique. Les victimes les plus récentes de la jizya sont les communautés chrétiennes d'Irak et de Syrie mises en coupe réglée par l'Etat islamique. »

En outre, comme chaque fois quand des musulmans attaquent des chrétiens, la police de l'Autorité palestinienne est resté sourde aux appels à l'aide des habitants [chrétiens] » de Jifna.
Aucun suspect n'a été arrêté non plus.
Il en a été de même pour les deux autres églises attaquées, « aucun suspect n'a été arrêté ».

En résumé, les chrétiens palestiniens subissent le même schéma de persécution - attaques d'église, enlèvements et conversions forcées - que leurs coreligionnaires de dizaines d'autres pays musulmans.

La différence cependant, est que la persécution des chrétiens palestiniens n'est jamais « couverte par les médias palestiniens ».
En fait, explique Cohen, « un bâillon complet a été imposé le plus souvent » :

« La seule chose qui intéresse l'Autorité palestinienne est que ces exactions ne soient jamais divulguées.
Le Fatah exerce ainsi de fortes pressions sur les chrétiens pour qu'ils ne dénoncent pas les actes de violence ni le vandalisme dont ils sont fréquemment victimes.

Une mauvaise publicité risquerait de porter atteinte à l'image de l'Autorité Palestinienne, celle d'un acteur incapable de protéger la vie et les biens de la minorité chrétienne placée sous son autorité.
L'Autorité palestinienne ne souhaite évidemment pas apparaître comme une entité radicalisée qui persécute les minorités religieuses.
Une telle image aurait forcément des répercussions négatives sur l'aide internationale massive, d'origine européenne notamment, que l'AP reçoit. »

Il faut aussi garder en mémoire que le gagne-pain quotidien de l'Autorité palestinienne, de ses partisans, des médias et d'autres acteurs de la scène moyen orientale, repose sur la victimisation des Palestiniens.

Le narratif du souffre-douleur permanent des agressions et discriminations commises par Israël serait compromis si la communauté internationale apprenait que les Palestiniens eux-mêmes persécutent leurs compatriotes - essentiellement pour des raisons religieuses.

Un peuple soi-disant opprimé aurait du mal à susciter la sympathie s'il apparaissait qu'il opprime lui aussi, sans vergogne d'autres minorités.

Les responsables de l'AP sont si sensibles à cette difficulté « qu'ils font pression localement sur les chrétiens pour que jamais, ils ne dénoncent de tels incidents, lesquels aboutiraient à lever le masque.
L'Autorité Palestinienne apparaitrait alors comme un régime islamiste de plus au Moyen-Orient », écrit Cohen dans un autre article.

« Plutôt que d'arrêter les agresseurs des lieux de culte chrétiens, l'Autorité palestinienne préfère empêcher les grands médias de rapporter de tels incidents.
Et elle y réussit très bien.
A part une poignée de journaux locaux qui se donnent la peine d'informer réellement, les grands médias internationaux observent un silence total ».

Une dynamique similaire est à l'œuvre concernant les réfugiés musulmans.
Les politiciens et les médias d'Europe occidentale les présentent comme des personnes persécutées et des opprimés en quête d'une main secourable, alors que ces migrants musulmans persécutent et oppriment eux-mêmes souvent les réfugiés chrétiens qui sont parmi eux.
Ils les terrorisent dans les centres d'accueil de réfugiés ou bien les noient en Méditerranée.

Dans tous les cas de figure, la triste et simple évidence est que le christianisme est sur le point de disparaître sur les lieux mêmes où il est né, y compris Bethléem. Justus Reid Weiner, avocat et universitaire, expert de la région, explique :

« La communauté internationale, les défenseurs des droits de l'homme, les médias et les ONG observent un silence presque total sur les persécutions systématique dont sont victimes les Arabes chrétiens vivant dans les zones palestiniennes ...
Dans une société où les chrétiens arabes n'ont ni porte-parole, ni protection, il n'est pas surprenant qu'ils s'en aillent. »

Raymond Ibrahim, auteur du livre Sword and Scimitar, Fourteen Centuries of War between Islam and the West, (Le sabre et le cimeterre, quatorze siècles de guerre entre l'islam et l'Occident), est Distinguished Senior Fellow du Gatestone Institute et Fellow du Judith Rosen Friedman du Middle East Forum.

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Sagesse des rois de France

DES PRÉCEPTES OBÉISSANT AUX LOIS NATURELLES DES ÊTRES ET DES ÉVÉNEMENTS.
Par FrancePittoresque – 16/06/2019.


 Initiateur de la flamme du soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe en 1923, ancien combattant de la Première Guerre mondiale, l'écrivain et journaliste Gabriel Boissy (1879-1949) regroupe dans cet ouvrage paru en 1935 — notre édition a été entièrement recomposée et enrichie de 30 portraits-vignettes de rois de France — et en adoptant un classement thématique, l'essentiel des « pensées » des rois de France, écrites ou prononcées — mémoires, déclarations, discours, correspondances, instructions, papiers législatifs et diplomatiques —, et formant un corpus de préceptes immuables.

Gabriel Boissy à côté de la tombe du soldat inconnu -  Voir les informations sur l’auteur

À ses yeux, la politique française était jadis frappée au coin d'une sagesse qu'il expose dans une ample introduction et caractérisée par une souplesse dans l'application des principes, un sens aigu de la relativité des choses, le besoin passionné de la durée, la prééminence de la raison, un désir profond de sociabilité, de douceur, et un respect de la personne humaine.

Plaque dans le passage du Souvenir à Paris - Voir les informations sur l’auteur

Dans un article de mars 1935, La Revue hebdomadaire partage son enthousiasme à la lecture de ces paroles royales « si éloignées des bavardages qui nous affligent depuis soixante ans, que l'on reste surpris d'y découvrir une simplicité qui nous laisse en contact direct avec la réflexion et le jugement.

Aucune démagogie, aucun batelage, aucune promesse, aucune utopie, aucune rhétorique, aucune dissimulation.

Quel souci de concision, de franchise, de prudence et de réalité !

Rien n'y est célébré, ni imposé à l'avance.
Tout est soumis à l'expérience.
Tout suit les préceptes inflexibles de la morale et de la justice, mais tout demeure humain, c'est-à-dire que tout obéit aux lois naturelles des êtres et des événements.

LOIN DES « FANTÔMES VIVANTS QU'ON DIT NOUS GOUVERNER » AUJOURD'HUI

« Songez, poursuit le chroniqueur de La Revue hebdomadaire, à ce que représente d'irréalité l'inscription que la Révolution a commencé de mettre au fronton des monuments publics, jusque sur les monnaies et le papier Liberté, Égalité, Fraternité, avant même qu'elle eût essayé de donner à ces trois simulacres un semblant de vie.

Songez à ce que représente de connaissance de l'homme, de sagesse et de vérité, une phrase comme celle-ci :

Les règles de la justice et de l'honneur conduisent presque toujours à l'utilité même, qui est tirée des Mémoires de Louis XIV, ou comme cette autre :

Le moyen pour tous, rois ou peuple, d'assurer ses droits, c'est de se conformer à ses devoirs, qui est de Louis-Philippe. »

Et d'ajouter ne pas faire « l'injure aux ombres souveraines qui peuplent notre passé de les mettre en parallèle avec ces fantômes vivants qu'on dit nous gouverner. »

Pour La Revue hebdomadaire, la gloire des monarques français réside,
- non pas dans les mots, mais dans les actes,
- non pas dans des promesses, mais dans des faits,
- non pas dans une démagogie éphémère, mais dans un durable et paternel amour du peuple.

Ainsi vécut, près de mille ans, ce grand corps dont le roi était la tête, et les sujets les membres, selon l'image qu'affectionnait Louis XIV.
Mais celui dont Renan a écrit qu'en le décapitant, la France s'était décapitée elle-même, nous a légué la plus haute pensée qu'un homme et qu'un chef puisse exprimer :
Ce n'est pas pour le seul temps de sa vie que la destinée de ses États lui [au roi] est confiée, affirmait Louis XVI ; il doit, par ses lois et par ses exemples, régner même après sa mort. »

Un ouvrage édité par La France pittoresque : LIRE UN EXTRAIT
…………………
L'HISTOIRE DE LA FLAMME SOUS L'ARC DE TRIOMPHE


À la suite du traumatisme de la Première Guerre mondiale (1,4 million de morts - 3,6 millions de blessés – plus d'un million d'invalides civils et militaires), les autorités nationales et les associations organisent le culte de la mémoire des soldats morts pour la France afin de perpétuer aux travers de lieux symboliques, l'exemple de leur patriotisme et de leur sacrifice.

L'Arc de Triomphe au même titre que Verdun et Rethondes est ainsi mis en valeur.


L'idée d'un culte rendu à la dépouille d'un soldat inconnu qui représenterait tous les combattants français tombés au champ d'honneur lors de la Grande Guerre germe dès 1916.
Au travers des journaux de l'époque, la bataille du lieu d'inhumation se joue.

Ce n'est que le 8 novembre 1920 que la Chambre des députés puis le Sénat vote une loi instituant l'inhumation d'un soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe.

C'est ainsi que le 10 novembre 1920, à Verdun, le soldat Auguste Thin, avec à ses côtés, André Maginot, ministre des Pensions, désigne le soldat inconnu parmi 8 cercueils, contenant les corps de 8 soldats français non identifiés pris dans 8 des 9 secteurs du front, « de la mer aux Vosges ».

Il est transféré sous l'Arc de Triomphe le 11 novembre 1920 puis sera inhumé à son emplacement définitif le 28 janvier 1921.

Afin d'éviter l'oubli de ce beau symbole, Gabriel Boissy, journaliste à « l'Intransigeant », lance l'idée d'une Flamme du souvenir sur cette tombe.

Deux ministres André Maginot à la Guerre et Léon Bérard à l'Instruction publique, secondés par Paul Léon, directeur des Beaux-Arts reprennent ce projet.

Le plan de l'architecte Henri Favier est retenu et exécuté par Brandt.
La Flamme surgit de la gueule d'un canon braqué vers le ciel encastré dans un bouclier renversé dont la surface ciselée est constituée par des épées formant une étoile.

La Flamme est allumée pour la première fois le 11 novembre 1923 par André Maginot, ministre de la Guerre.
- Elle ne devait plus s'éteindre réalisant le vœu exprimé par Gabriel Boissy :
« La Flamme, comme un feu follet, jaillira du sol.
- Elle sera vraiment comme l'âme du Mort résurgente.
- Elle palpitera, elle veillera. […]
- Sa palpitation atteindra ce haut résultat de contraindre tous les passants à une seconde de recueillement.
- Cette seconde les incitera à un rapide examen de conscience, à ce rappel des vertus nécessaires lorsque le devoir, l'honneur ou la simple nécessité nous appellent ».

Mais pour beaucoup d'anciens combattants la Flamme sur la tombe du soldat inconnu ne suffit pas.

Jacques Péricard, épaulé par Maurice Brunet - également ancien combattant et grand invalide - et par le directeur du journal « l'Intransigeant » Léon Bailly qui leur affecte un bureau au siège du journal, organisent le « culte de l'Inconnu ». L'un s'occupe de la gestion administrative et l'autre des cérémonies tous les soirs à l'Arc.

À leur appel 150 associations d'anciens combattants s'engagent à raviver la Flamme tous les soirs à tour de rôle selon un calendrier et des rites établis.

Fondée en 1925, déclarée le 16 octobre 1930, l'association La Flamme sous l'Arc de Triomphe, désigne le général Gouraud, mutilé de guerre et gouverneur militaire de Paris comme son premier président, ceci jusqu'en 1946, date de sa mort.






lundi 17 juin 2019

Corruption

L’aide à l’Afrique, sabotée par la corruption
Par Catherie Alles – 17/06/2019

Lorsque vous donnez de l’argent, il est important de vérifier qu’il va au bon endroit et qu’il est dépensé efficacement.
Après tout, les dons ne servent à rien s’il y a de la corruption dans le système de leur gestion.

Affiche d'une campagne de prévention contre la corruption en Mauritanie. Photo (c) C. Hug

Pas plus tard qu’hier, alors que je réfléchissais à l’opportunité de faire un don à une organisation à but non lucratif, quelques pensées me traversèrent l’esprit. Premièrement, cette organisation défend-t-elle une cause que je soutiens ? Et deuxièmement, puis-je être sûre que mon argent sera entre de bonnes mains et qu’il sera utilisé à bon escient ?

Après tout, la plus grande crainte des donateurs est que leur argent soit perdu, volé ou gaspillé. En cas de crise, de généreux philanthropes ainsi que des citoyens ordinaires du monde entier se mobilisent pour aider. Malheureusement, la cupidité, la malhonnêteté et l’incompétence sabotent parfois des efforts bien intentionnés pour aider les autres.

COMMENT LA CORRUPTION A ALIMENTÉ L’ÉPIDÉMIE

Lorsque le virus Ebola a éclaté en Afrique de l’Ouest en 2014, le monde entier a été choqué par les dégâts dévastateurs de l’épidémie.

Dans les années qui ont suivi, plus de 10 000 personnes ont péri à cause du virus plongeant le monde en deuil.
Selon la BBC, la Croix-Rouge a recueilli plus de 100 millions de dollars de dons pour lutter contre la maladie.
Sur ces 100 millions de dollars, 5 millions de dollars, ou 5 %, ont été volés.

Transparency International a constaté que près de la moitié des patients Ebola en Sierra Leone et au Libéria devaient verser un pot-de-vin pour recevoir des soins médicaux.

Les Libériens étaient si méfiants à l’égard de leur propre gouvernement que, lorsque le virus Ebola s’est propagé au Libéria, de nombreux citoyens pensaient que le gouvernement avait fabriqué l’épidémie et s’en servait pour solliciter des dons qu’il pourrait ensuite voler.
Conséquence préjudiciable de cette croyance, de nombreux Libériens ont ignoré les avertissements du ministère de la Santé.

Satta Watson, une Libérienne qui a vécu l’épidémie, décrivait sa pensée en ces termes :

« J’entendais des gens me dire que ce qui se passait n’était pas le virus Ebola, mais peu importe ce que c’était, il a été créé dans des laboratoires pour tenter de tuer des Libériens.
Que c’était une façon pour le gouvernement d’obtenir de l’argent de l’Organisation mondiale de la santé afin de le mettre ensuite dans ses poches. »

Au lieu d’aller se faire soigner, les malades ignoraient leurs symptômes et refusaient de demander de l’aide médicale.

La corruption systématique a provoqué un manque de confiance envers le gouvernement libérien.
Cette méfiance a incité les patients à ne pas prendre leur santé au sérieux, ce qui a aggravé la crise.
La corruption empêche non seulement les dons d’atteindre les patients, mais elle peut également empêcher les patients de se manifester.

UN FACTEUR DE RISQUE POUR LA SANTÉ PUBLIQUE

Davantage de responsabilité serait sûrement plus efficace que davantage d’argent.
C’est d’ailleurs bien expliqué dans le magazine Foreign Policy :

« Il existe un lien évident entre cet échec de la gouvernance et la crise sanitaire actuelle.
Dans les endroits où les gouvernements sont si rarement disposés ou capables [d’agir] dans l’intérêt de leurs citoyens, nous pouvons commencer à comprendre pourquoi l’épidémie continue de se propager.

Les services de santé, qui existent à peine dans de nombreux endroits, sont boudés parce que les conditions insalubres des hôpitaux et des centres de santé en font des plaques tournantes pour la propagation du virus.

De nombreux membres du personnel hospitalier – déjà sous-payés et mal équipés – sont devenus eux-mêmes des victimes.

Les agents de santé étrangers envoyés pour aider, sont ignorés et même chassés par des habitants effrayés. »

Bien que la politique et le domaine médical puissent sembler sans lien, l’épidémie d’Ebola a révélé à quel point ces deux domaines sont interconnectés et à quel point la corruption et la méfiance peuvent avoir un impact considérable sur les soins médicaux.

Quelles leçons pouvons-nous tirer de la lutte contre Ebola ?

Le professeur Taryn Vian est parvenu à la conclusion suivante :

« S’il existe un enseignement au sujet de la corruption que nous pouvons tirer de l’épidémie d’Ebola, c’est que : la corruption est un facteur de risque pour la santé publique.

Les pratiques de corruption dans le secteur de la santé réduisent les ressources dont nous disposons pour faire face aux épidémies telles qu’Ebola.
Cela affaiblit également la confiance du public dans les systèmes de santé du gouvernement, confiance sur laquelle nous devons compter dans les situations d’urgence.

Les stratégies de lutte contre la corruption peuvent renforcer les systèmes de santé publique et les réseaux d’intervention afin qu’ils soient prêts lorsque nous en avons besoin. »

Parlant de la corruption, cela me brise le cœur d’apprendre que des gouvernements se livrent à des comportements prédateurs et exploitent leurs propres peuples.

Cela se produit surtout dans le domaine de la santé publique, où la vie des gens est en jeu.
Combien de morts auraient pu être évitées avec l’aide volée à la Croix-Rouge d’une valeur de 5 millions de dollars ?

La corruption et la fraude se produisent aussi parfois lors de campagnes de collecte de fonds moins importantes.
Comme le signale le New Jersey Advance, un couple du sud du New Jersey a été accusé d’avoir collecté frauduleusement plus de 400 000 dollars pour un ancien combattant sans abri et de ne jamais le lui avoir donné.

Parmi les autres scandales sur GoFundMe figurent des mères simulant le cancer d’un enfant et des personnes prétendant faussement avoir une maladie du cerveau.
Un homme a même battu son propre chiot pour collecter 14 000 dollars en vue d’une chirurgie d’urgence.

Les escroqueries ne sont pas nouvelles, mais Internet a créé encore plus d’opportunités de corruption.

Lorsque vous donnez de l’argent, il est important de vérifier qu’il va au bon endroit et qu’il est dépensé efficacement.
Après tout, les dons ne servent à rien si le système de leur gestion est corrompu.


- Catherie Alles est analyste pour Foundation of Economic Education – Article initialement publié en anglais par la Foundation of Economic Education – Traduction réalisée par Libre Afrique.





Le plaisir

HÉDONISME ET EPICURISME

Extrait de Wikipédia

La différence entre l’hédonisme et l’épicurisme est le rapport au plaisir :

– Epicure affirme que l’homme doit maîtriser ses plaisirs, en ne consentant qu’aux plaisirs naturels et nécessaires (besoins vitaux)

– Les hédonistes pensent que l’homme doit maximiser ses plaisirs, quel qu’ils soient.

L'hédonisme est parfois confondu avec l'eudémonisme, les deux doctrines pouvant soit se rapprocher soit s'opposer selon les théories.

Portrait d'Épicure, fondateur de l'épicurisme. Copie romaine d'un original hellénistique.

L’hédonisme (du grec ancien : ἡδονή / hēdonḗ, « plaisir » et du suffixe -ισμός / -ismós), est une doctrine philosophique selon laquelle la recherche du plaisir et l'évitement de la souffrance constituent le but de l'existence humaine.
Elle est revendiquée de manière absolue par le cyrénaïsme.


Aristippe de Cyrène

L'hédonisme se différencie de l'eudémonisme, théorisé notamment par les Épicuriens et les Stoïciens, qui considèrent le bonheur et non le plaisir comme but de la vie humaine.

Les Épicuriens adoptent toutefois une position particulière car s'ils considèrent effectivement le bonheur comme le but de la vie humaine, ils perçoivent les plaisirs, lorsqu'ils sont naturels et nécessaires, comme un intermédiaire permettant de l'atteindre.

La doctrine épicurienne peut donc être perçue soit comme un eudémonisme, soit comme une forme d'hédonisme raisonné.

Pensée philosophique

Les plaisirs de l'existence, multiples, varient selon les individus et selon leur éducation.

Les penseurs hédonistes ont orienté leur vie en fonction de leurs dispositions propres, mais on retrouve des thèmes communs :
- l'amitié,
- la tendresse,
- la sexualité,
- les plaisirs de la table,
- la conversation,
- une vie constituée dans la recherche constante des plaisirs (cf. le Gorgias de Platon), un corps en bonne santé.

On peut aussi trouver la noblesse d'âme, le savoir et les sciences en général, la lecture, la pratique des arts et des exercices physiques, le bien social…

Dans le même temps, les douleurs et les déplaisirs à éviter sont :
- les relations conflictuelles et la proximité des personnes sans capacités contractuelles (sans paroles),
- le rabaissement et l'humiliation,
- la soumission à un ordre imposé,
- la violence,
- les privations et les frustrations justifiées par des fables, etc.

Ainsi, il n'y a pas d'hédonisme sans discipline personnelle, sans connaissance de soi, du monde et des autres.

Les fondations directes d'une philosophie hédoniste sont la curiosité et le goût pour l'existence d'une part, et d'autre part l'autonomie de pensée (et non la croyance), le savoir et l'expérience du réel (au lieu de la foi).

La pensée hédoniste a été fermement combattue par les principales religions monothéistes.

Beaucoup de philosophes hédonistes, ou ayant une conception qui s'en rapprochait, ont adopté des positions athées (Michel Onfray, « athéisme athée comme franche et claire négation de Dieu » et dénonciation des athéismes « post-religieux » qui acceptent toutes les conséquences éthiques liées à la religion) ou agnostiques ; et dans une autre dimension, une position anarchiste (Michel Onfray, revendiquant « la société socialiste libertaire actionné selon la mécanique des micro-résistances concrètes » comme la modalité politique de l'hédonisme).

Michel Onfray

Il faut noter cependant l'existence d'une ligne de pensée chrétienne  revendiquant la foi chrétienne comme étant l'hédonisme véritable, car menant au plaisir le plus profond et le plus durable, dans la contemplation de Dieu.

John Piper's church. Also see here American Eagle

Le représentant contemporain le plus notable en est John Piper, qui n'hésite pas à qualifier sa position d'hédonisme chrétien, mais la même idée se retrouve chez C. S. Lewis, Pascal, Érasme, Thomas d'Aquin et Augustin.

Selon Nietzsche la revendication de l'hédonisme chrétien n'est pas légitime.

 Selon lui, l'hédonisme chrétien est une déformation de la réalité, de ce qu'est la nature de l'hédonisme même.
La religion chrétienne tend à prendre des états philosophiques existants, ou des traditions, ou encore de la vérité et à les vider de leur contenu, de leur nature afin de les refaire sous une forme chrétienne et ainsi de les intégrer sous une image vide de sens à cette religion.

D'après Michel Onfray, l'hédonisme se résume par cette maxime de Chamfort : « Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi, ni à personne, voilà je crois, toute la morale ».
Pour l'auteur Rudy Méliczek, l'hédonisme doit être mesuré et réfléchi.
Sans une certaine sagesse, il peut être galvaudé.

En ethnologie

« Hédonistique » est un adjectif créé par des ethnologues pour désigner les sociétés dans lesquelles les interactions sont destinées à les prolonger ou à en établir, en contraste avec les sociétés agonistiques où les interactions sont orientées à les interrompre ou les diminuer.

Histoire

La doctrine est associée notamment dans l'Antiquité à Aristippe de Cyrène et au Cyrénaïsme, mais aussi à Épicure, bien que leurs définitions du plaisir soient différentes.

Épicure rappelle qu'un plaisir excessif actuel doit être évité s'il conduit à une douleur future alors que les Cyrénaïques insistaient sur le fait que le plaisir est toujours le but présent de l'action, même si cette fin est relativisée et se modifie dans le temps.

Jeremy Bentham, le fondateur de l'utilitarisme, le comprenait comme un « calcul hédoniste », qui devait systématiser l'idée de mesure des plaisirs dans le Philèbe de Platon.
Ce calcul constitue une des bases des modélisations dans la théorie de la décision.

John Stuart Mill, qui reprit la doctrine utilitariste, reprocha ensuite à Bentham de ne pas avoir donné de hiérarchisation qualitative de la nature des plaisirs. Mais une telle hiérarchisation fait sortir de l'hédonisme pour y introduire d'autres valorisations et d'autres fins (comme celle de « vie bonne pour l'homme », qui recherche une valeur du bonheur en plus des plaisirs).

Critique

Le cardinal Poupard voit dans l'Occident actuel une mentalité de consommation — marquée par l'hédonisme — qui engendrerait relativisme moral et indifférence religieuse.

Le cardinal Paul Poupard le 15 août 2015 - Claude Truong-Ngoc

Dans les médias

La série télévisée d'animation Futurama comporte un personnage récurrent du nom de « robot hédoniste », allégorie caricaturale de la philosophie éponyme.


Épicurisme

L'épicurisme, est un courant de la philosophie occidentale ayant pour objectif principal l'atteinte du bonheur par la satisfaction des seuls plaisirs de la vie.

C'est une doctrine matérialiste et atomiste qui peut être soit qualifiée d'hédonisme raisonné soit d'eudémonisme.

L'épicurisme est issu de l'école du Jardin, fondée à Athènes par Épicure en 306 av. J.-C., et est de ce fait aussi appelé « doctrine d'Épicure » ou « philosophie du Jardin », Épicure ayant établi son école dans un petit jardin acquis à Athènes.

Son héritage a été revendiqué par le matérialisme moderne (Marx notamment, mais aussi certains penseurs classiques proches des libertins comme Pierre Gassendi et les matérialistes des Lumières comme Diderot ou D'Holbach).

L'épicurisme propose de s'appuyer sur le plaisir, défini comme souverain bien, et sur le rejet de la souffrance afin d'atteindre un état de bonheur, une sérénité de l'esprit, caractérisé par l'absence de troubles, l'ataraxie.
Toutefois, à la différence de l'hédonisme tel qu'il est pratiqué par les Cyrénaïques, l'épicurisme bannit toute forme de plaisir non naturel et non nécessaire et consent à accepter certaines formes de souffrances.

Ainsi contrairement au « plaisir en mouvement » et immédiat d'Aristippe de Cyrène, la recherche d'Épicure du « plaisir en repos » (en absence de douleur) dans « la mémoire des plaisirs corporels du passé et dans l'anticipation de ceux de l'avenir » fait que « sa doctrine était en réalité beaucoup plus proche de l'ascétisme que de l'hédonisme ».

L'abolition de la crainte de la mort et des dieux complète l'éthique épicurienne. Ces quatre éléments sont traditionnellement regroupés sous l'appellation de « quadruple remède » ou tetrapharmakos8 (τετραφάρμακος).

L'épicurisme professe que pour éviter la souffrance il faut éviter les sources de plaisir qui ne sont ni naturelles ni nécessaires.

Il ne prône donc nullement la recherche effrénée du plaisir.

La caricature de l'épicurien jouisseur — qui remonte à l'Antiquité et est déjà bien présente, mais avec humour et distance, chez Horace se définissant comme un « porc du troupeau d'Épicure » —, commença par la confusion entre l'épicurisme et l'hédonisme d'Aristippe de Cyrène, plus connu sous le nom de cyrénaïsme, puis se répandit par le biais de la polémique philosophique et, plus tard, de la propagande des Pères de l'Église, qui rejetaient le matérialisme de cette philosophie.

L'épicurisme entre en concurrence avec une autre grande pensée de l'époque, le stoïcisme, fondé en 301 av. J-C.

En effet, les deux courants, matérialistes et monistes, sont l'un comme l'autre axés sur la recherche du bonheur mais proposent des moyens différents pour y parvenir.

Il entretient également une polémique constante avec le scepticisme, dans la mesure où l'épicurisme est une doctrine dogmatique, c'est-à-dire croyant à la possibilité d'utiliser des critères de vérité pour fonder des connaissances certaines.

Le critère de vérité épicurien est la sensation.

L'épicurisme antique – Le succès de la doctrine

L'épicurisme, en tant que conception matérialiste du monde, se diffuse avec succès dans tout le bassin méditerranéen d'Alexandrie à Rome et demeure vivace jusqu'aux premiers siècles du christianisme.

Le nombre des épicuriens fut très important à certaines périodes, au témoignage de Diogène Laërce, qui écrit que « les villes ne pouvaient plus contenir [ses amis] » :
« Le charme de cette doctrine égalait la douceur des sirènes. »

La doctrine semble avoir eu un grand succès en Campanie, comme en témoigne la présence d'une bibliothèque et d'un cercle épicuriens constitués autour de la figure de Lucius Calpurnius Pison.

On trouve également des traces de présence épicurienne jusque sur le site d'Oeonanda (dans l'actuelle Turquie) via l'inscription épicurienne monumentale édifiée au IIIe siècle par Diogène d'Œnoanda.
Plotina Pompeia, épouse de Trajan, semble avoir été proche de l'école.

Cicéron, pourtant adversaire d'Épicure, ne contredit pas un de ses interlocuteurs qui s'écrie avec enthousiasme :
« Quelle nombreuse élite d'amis il rassemblait dans sa maison ; quels intimes rapports d'affection mutuelle dans ce commun attachement au maître !
 Et cet exemple est encore suivi par tous les épicuriens. (De finibus I,) »

Causes de ce succès

Les publications d’Amafinius, considéré comme le premier philosophe à écrire en langue latine et de Lucrèce firent de l'épicurisme une doctrine populaire dans toutes les couches de la société.
Elles avaient la réputation d'être relativement facile à saisir, moins techniques que l'enseignement de la Nouvelle Académie ou du stoïcisme.

Dans un monde où le choc incessant des guerres et l'aggravation de la misère bouleversent les valeurs traditionnelles,

« l'épicurisme propose un idéal de bonheur individuel et une vision du monde où ni les dieux, ni même la mort ne sont à craindre, car si tout l'univers est composé d'atomes éternels et indestructibles, l'homme ne doit rien à l'initiative des Dieux. »

Caractères de l'école épicurienne

L'école épicurienne a la réputation d'être restée fidèle à la doctrine originelle d’Épicure jusqu'à son extinction.
Ce fait est attesté notamment par Numénius dans les fragments de son traité Sur l'infidélité de l'Académie à Platon, qui pointe la soumission des disciples d’Épicure à ses dogmes.

Épicure était vraisemblablement l'objet d'un culte au sein du Jardin ; selon Plutarque, de son vivant déjà on relève des marques extrêmes de dévotion de la part de certains de ses disciples, comme Métrodore et Colotès de Lampsaque (Contre Colotès ).

Suivant la recommandation du maître dans son testament, les disciples célébraient chaque année l'anniversaire de sa naissance ; tous les mois, par une réunion plus solennelle, ils rappelaient son souvenir.

Ils exposent dans leur chambre à coucher le portrait d'Épicure, ils en portent sur eux des réductions.
Pas moyen d'oublier le fondateur de l'épicurisme, s'écrie Pomponius dans Cicéron, lorsque sa figure est chez nos amis, non seulement en peinture, mais jusque sur leurs vases et leurs bagues.

Pour ses disciples, Épicure est le libérateur — il est désigné souvent comme sôtèr, sauveur.

Le poète Lucrèce le décrit dans un éloge célèbre comme « honneur de la Grèce » et père (De Rerum Natura III, v. 1-99) : il est à ses yeux l'homme et le philosophe qui a débarrassé l'humanité de la nuit noire de la superstition ; c'est le défenseur des droits de la liberté et de l'indépendance personnelle contre toute tradition religieuse.

Aussi Lucien de Samosate parle-t-il d'Épicure comme d'un « homme saint, divin, qui seul a connu la vérité et qui en la transmettant à ses disciples est devenu leur libérateur ».

Non content de révérer la personne d'Épicure, ses disciples ont un égal respect pour sa doctrine.
Selon Cicéron, qu'il ne faut peut-être pas prendre ici au pied de la lettre, leur secte sait peu ce qu'on dit ailleurs.

Les épicuriens ne lisent que ses écrits, ils les aiment exclusivement, et sans connaissance de cause, ils condamnent les autres.

Tout ce qui a plu au maître plaît aux disciples qui se feraient un crime de changer la moindre chose.
Cette hypothèse est aujourd'hui assez sérieusement atténuée par les historiens : si la doctrine elle-même a connu peu d'infléchissements notables, elle est restée en dialogue permanent avec les autres sectes philosophiques et l'isolement absolu n'est plus défendu aujourd'hui.

Il y a au Louvre un marbre qui représente sur une de ses faces Épicure, et sur l'autre son inséparable ami Métrodore.
On dirait une petite république où l'accord est complet entre tous les membres, selon les mots de Numénius cités par Eusèbe de Césarée.
C'est là un côté par lequel l'épicurisme ressemble au pythagorisme : les disciples restent profondément unis.

Épicure avait montré l'exemple ; pendant le siège d'Athènes par Démétrios, il avait nourri tous ses disciples (Plutarque, Démétrius,).
Sa dernière pensée est de recommander les enfants de son ami, Métrodore ; c'est à eux, en grande partie, qu'est consacré son testament.

L'amitié ou philia est en effet une notion cardinale de l'éthique épicurienne.

Cicéron développe cet aspect de la doctrine dans le livre I du traité De finibus. Cette pratique philosophique et propédeutique de l'amitié est encore mal connue.
Elle a beaucoup intéressé Michel Foucault qui a dans les dernières années de son enseignement émis des hypothèses sur la pratique épicurienne de la parrhèsia philosophique.

Les épicuriens sont connus pour avoir souhaité se tenir à l'écart de la vie publique, selon le prétexte popularisé par le pamphlet de Plutarque « Vis caché ! » (lathè biôsas en grec).
Ce refus de la participation politique s'explique principalement par l'identification du désir de gloire et de richesse comme un désir orienté vers des réalités bien plus toxiques que plaisantes, et par une volonté de fuir les situations de souffrance et de risque.

Cela ne signifie pas l'absence de toute préoccupation collective, comme le montre bien la prégnance de la notion d'amitié dans l'éthique épicurienne. De fait, la doctrine épicurienne propose des développements significatifs sur l'origine du droit, la notion de justice, la philanthropia, et la rhétorique comme technique politique.

Ces points sont particulièrement documentés dans les Maximes Capitales d’Épicure, les fragments de l'épicurien Hermarque transmis par Porphyre, et de nombreux traités de Philodème comme l'Economique, Le bon roi selon Homère ou les livres sur la Rhétorique.
On trouve des traces d'une polémique sur cette question de l'implication politique dans ce qui reste du De otio de Sénèque.

Influences philosophiques et postérité de l'épicurisme

La doctrine d’Épicure a eu une postérité considérable à de nombreuses époques.

Sur le plan politique et éthique, on considère souvent les épicuriens comme les premiers penseurs utilitaristes et conventionnalistes.

La justice, suivant Épicure, est fondée sur des conventions mutuelles de non-agression qui ne tiennent que par appréhension de l'utile pour ceux qui en sont capables et crainte du châtiment pour les autres.

 Les principes du droit ne sont donc pas fondés sur des normes naturelles mais sur des décisions locales guidées par une compréhension ponctuelle de ce qui favorisera collectivement la poursuite du plaisir et l'évitement de la souffrance. On a pu y voir les premiers balbutiements des théories contractualistes de penseurs comme Locke, Hobbes et Jean-Jacques Rousseau.

Pierre Gassendi, éditeur, traducteur et commentateur d’Épicure, en proposera une défense argumentée dans son Vie et mœurs d’Épicure.

Les théories corpusculaires de la physique cartésienne sont construites en opposition avec cette physique atomiste épicurienne défendue par Gassendi.

On trouve des traces de la théorie épicurienne de la connaissance chez Kant, dans l'exposé de l'Analytique et de la Dialectique transcendantale dans la Critique de la raison pure.

L'influence des atomistes antiques est considérable en France chez les penseurs des Lumières.

Diderot dans le Rêve de D'Alembert, D'Holbach dans son Système de la Nature et La Mettrie puisent une partie importante de leur inspiration dans la physique épicurienne.

Cette filiation se retrouve chez les représentants les plus contemporains du matérialisme, et tout premièrement chez Marx, auteur d'une dissertation sur Épicure et Démocrite.
Cette reprise marxiste explique l'abondance de travaux philologiques et philosophiques parfois de tout premier plan consacrés à l'épicurisme antique dans les pays de l'ex Bloc de l'Est.

En France, les poètes Francis Ponge et Raymond Queneau dans sa Petite Cosmogonie portative se réclament également de l'épicurisme dans sa transmission lucrétienne.