samedi 23 mars 2019

Mary Cassatt

Mary Stevenson Cassatt, dite Mary Cassatt, née le 22 mai 1844 à Allegheny, en Pennsylvanie et morte le 14 juin 1926 au Mesnil-Théribus en France, où elle est enterrée, est une peintre et graveuse américaine (extrait de Wikipédia).

Enfance

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Mère et enfant (1903), pastel. Mary Cassatt

Mary Cassatt naît le 22 mai 1844 à Allegheny City, qui fait actuellement partie de Pittsburgh en Pennsylvanie.

C'est le quatrième enfant de Robert Simpson Cassat (puis Cassatt) et de Katherine Kelso Johnston.

Portrait d'enfant (1907).  Mary Cassat

La famille Cassatt est une vieille famille américaine issue d'émigrés français arrivés aux États-Unis en 1662 : les Cossart.
Tout en revendiquant cette filiation et reconnaissant que sa mère Katherine a reçu une éducation française, langue qu'elle parlait couramment, Mary Cassatt se sent profondément américaine.

Mary Cassatt (de face)et Mme J.Durand-Ruel, 1910, photographie de Joseph Durand-Ruel. Archives Duran-Ruel

Elle est âgée de sept ans environ lorsqu'elle quitte les États-Unis pour l'Europe avec ses parents.
Il s'agit de consulter des médecins au sujet de la maladie de son frère Robbie qui mourra d'un cancer des os en 1855.

Petite fille dans un fauteuil bleu, 1878, National Gallery of Art, Washington. Mary Cassatt

La famille s'installe à Paris.
Mary apprend le français et l'allemand, visite les musées et les galeries d'art.
 En 1855, la famille retourne en Pennsylvanie où Mary prend des cours de dessin.

Lydia dans une loge, portant un collier de perles (1879) Mary Cassatt

Formation

En 1860, elle entre à l'Académie des beaux-arts de Pennsylvanie où elle apprend les rudiments de son art. Mary est déçue de la formation qu'elle y reçoit.

Le Bas (v 1891). Yelkrokoyade

Elle quitte donc l'Académie au bout de deux ans.
Elle retourne en 1865 à Paris avec sa mère et une compagne d'étude, Eliza Haldeman. Les deux jeunes femmes restent à Paris tandis que Katherine rentre aux États-Unis.

Femme à la toilette, (1891), pointe sèche et aquatinte. Mary Cassatt

Elles étudient la peinture avec le peintre Paul-Constant Soyer puis s'inscrivent dans la classe de Charles Chaplin où elles apprennent l'art du portrait et obtiennent leurs cartes de copiste du Louvre.

Après le bain, 1891, pointe sèche et aquatinte, 30 x 22.9 cm, Clark Art Institute.
Mary Cassatt

Mary est élève du peintre Jean-Léon Gérôme.
Elles visitent Barbizon. C'est un des premiers contacts de Mary avec la peinture impressionniste.
En 1868, sa Joueuse de mandoline est acceptée au Salon de Paris.
Elle découvre les œuvres de Manet et Courbet.

La Toilette de l'enfant (1894). Mary Cassatt

En 1870, la guerre éclate en France. Mary Cassatt rentre en Pennsylvanie.

En 1871, elle retourne en Europe, visitant Londres, Paris, Turin, puis s'installe à Parme où elle étudie Le Corrège et où elle développe son art de la couleur.
C'est également là, auprès de Carlo Raimondi, qu'elle s'initie à l'art de la gravure.

Margot en bleu (1902). Mary Cassatt

Elle part ensuite pour l'Espagne, découvre les Rubens du musée du Prado qui la poussent à visiter Anvers.
C'est de cette étude de Rubens qu'elle acquiert le sens de la lumière et le goût des couleurs claires.

Le château de Beaufresne dans le Beauvaisis, résidence de campagne achetée par Mary Cassatt en 1894. Chatsam

Le Salon de Paris accepte ses peintures : Sur le balcon durant le carnaval (1872), Le Torero et la jeune fille (1873) et Ida (1874).
C'est cette dernière peinture qui attire pour la première fois l'attention de Degas pour cette artiste.

Le Toréador, 1873, Institut d'art de Chicago. Mary Cassatt

Mary s'installe à Paris. Elle continue ses études auprès de Couture.
En 1875, son Portrait de Lydia est d'abord refusé par le Salon de Paris puis est accepté après qu'elle en eut assombri le fond.

Cette année-là, elle fait la connaissance de Degas. Celui-ci lui conseille de se joindre aux impressionnistes, le peintre devient son maître, il révèle sa personnalité d'artiste.

Avec les impressionnistes

Lorsqu'en 1877, son dernier tableau est refusé par le Salon, Degas l'encourage à exposer à la Quatrième exposition des peintres impressionnistes en 1879.
Elle y expose son tableau Lydia dans une loge portant un collier de perles et La tasse de thé.
Elle y envoie onze peintures.

La Barque, 1893-1894, National Gallery of Art, Washington. Mary Cassatt

Mary Cassatt se sent à l'aise dans le milieu impressionniste.
Mary Cassatt est une figure un peu atypique dans le groupe des impressionnistes, portraitiste plus que paysagiste, elle les rejoint cependant dans son goût pour le travail à l'extérieur, son sens des couleurs et sa recherche du réalisme qui n'est pas incompatible avec une forme de lyrisme et de sentimentalisme qui lui est propre.

Motherhood 1890 - Painted originally by: Mary Cassatt

Sans être à proprement parler disciple de l'un d'entre eux, elle s'entretient fréquemment avec Degas, et admire Pissarro aux côtés duquel le hasard la fait travailler.
Elle se lie d'amitié avec Berthe Morisot.

Mary Cassatt (1845-1926) - Titre: «Les enfants jouent avec un chat»
Création: 1908 - Médium: Huile sur toile

Cette période est aussi celle de l'installation à Paris de ses parents et de sa sœur Lydia, qui est gravement malade du foie, ce qui est l'occasion de nombreux portraits intimistes (1880).
Après la mort de sa sœur en 1882, Mary se lance dans une série de portraits de jeunes enfants, souvent avec leur mère, ce qui devient son sujet d'étude privilégié.
Ce thème est d’autant plus marquant que Mary Cassatt est restée toute sa vie célibataire et sans enfant.

Mary Cassatt, La Tasse de thé, vers 1880-1881, huile sur toile, 92,4 x 65,4 cm

Mary Casatt participe ensuite à la cinquième exposition des peintres impressionnistes de 1880 et à la sixième (1881), mais elle suit Degas qui a refusé de participer à la septième exposition de 1882.

Mary Cassatt, Le Repas des canards, vers 1895, pointe sèche, vernis mou, aquatinte en couleurs et rehauts d’aquarelle , 29,9 x 40 cm

Degas est en conflit avec Renoir, Monet, Cézanne et Sisley qui ne veulent pas accepter de nouveaux peintres dans le groupe des impressionnistes.
 Elle participe de nouveau à la huitième exposition des impressionnistes 1886.


Elle exerce également l'activité d'agent et de conseillère de grands amateurs de peinture, notamment auprès du couple Louisine et Henry Osborne Havemeyer (étudiante à Paris, elle avait été la condisciple de Louisine) et collabore avec Paul Durand-Ruel lorsqu'en 1886 celui-ci et son fils Charles partent pour les États-Unis avec quelque 300 tableaux de l'école impressionniste.


Lorsqu'en 1891, la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs français exclut de l'exposition chez Durand-Ruel tous les artistes nés à l'étranger, Mary Cassatt indignée loue chez lui deux salles proches pour y exposer ses tableaux et ceux de Pissarro. Félix Fénéon leur consacre une chronique élogieuse dans Le Chat noir (journal)

Maturité

En 1890, la visite d'une exposition sur la gravure japonaise est l'occasion pour elle d'un infléchissement dans son art.

Mary tombe en admiration devant les œuvres d'Utamaro et de Toyokuni.
Si l'esthétique de l'estampe japonaise l'influence fortement, elle n'adopte pas la technique de la xylographie, caractéristique de ces productions extrême-orientales.
Elle leur préfère les techniques de taille-douce et pratique la pointe sèche, l'eau-forte et l'aquatinte.
Son talent pour cette dernière technique, extrêmement difficile, lui vaut une grande admiration de ses confrères.


Lors de sa première exposition particulière chez Durand-Ruel en 1891, elle expose dix de ses eaux-fortes.
 Celle-ci sera suivie de quatre autres chez Durand-Ruel, et chez Ambroise Vollard.
Ses œuvres s'exposent aussi aux États Unis : New York (1895-1903) et au Royaume Uni : Manchester (1907).


Elle continue sa série de portraits de femmes et d'enfants. Selon Segard, c'est durant la période de 1890-1910 qu'elle atteint le sommet de son art, synthèse heureuse entre l'ascétisme de la gravure japonaise et l'abondance de coloris de sa période impressionniste, évoluant au gré de son humeur entre ces différentes tendances.


En 1892, elle reçoit commande d'une fresque qui sera présentée dans le bâtiment des femmes de l'exposition universelle de Chicago, mais qui est aujourd'hui perdue.

Elle achète, en 1894 le château de Beaufresne au Mesnil-Théribus qui devient sa résidence d'été. De 1912 à 1924, elle partagera son temps entre Beaufresne et la villa Angellito à Grasse.

Son tableau Caresse lui vaut, en 1904, le prix Walter Lippincott, qu'elle refuse par esprit d'indépendance.
La même année, elle est décorée de la Légion d'honneur.

Son père meurt en 1891, sa mère en 1895 et son frère Gardner en 1911.
Ces décès l'affectent profondément et Mary souffre d'une dépression.

Le diabète et la cataracte lui abîment la vue, elle cesse de peindre en 1914, et devient définitivement aveugle en 1921.
Morte le 14 juin 1926, elle est enterrée dans la tombe familiale de Mesnil-Théribus.

Amie d'Edgar Degas, elle est souvent rattachée à l'impressionnisme, qui aura une grande influence sur son œuvre.
Ses peintures, ses gravures et ses dessins de maturité doivent cependant plutôt être comparés à ceux produits par la génération de peintres post-impressionnistes : Toulouse-Lautrec ou encore les Nabis, avec qui elle partage un net intérêt pour les peintres et graveurs de l'ukiyo-e, période du japonisme.

Elle exerça également l'activité d'agent et de conseillère de grands amateurs de peinture.
Ses tableaux, présents dans les grands musées américains et à Paris, continuent d'être régulièrement montrés dans des expositions.











mercredi 20 mars 2019

Démocratie

Démocratie ou l’art de tirer de l’homme le plus possible en lui rendant
le moins possible.
Par La France-pittoresque

(Extrait de « Hommes et choses. Alphabet des passions et des sensations.
Esquisses de mœurs faisant suite au petit glossaire » (Tome 2), paru en 1850)

Promesses électorales. Image d’Épinal de la série Le Bulletin de Vote du père François parue dans le Supplément du Figaro du 30 mars 1889

Témoin et acteur des bouleversements politiques de son temps, préhistorien, Jacques Boucher de Perthes, l’un des fondateurs de sa discipline et dont la Société d’anthropologie de Paris dira qu’il fut en toutes choses un initiateur, nous livre en 1850 sa vision sans concession et sans illusion d’un gouvernement, raillant plus particulièrement la démocratie :

Jacques Boucher de Perthes. Gravure (colorisée) du temps de la bibliothèque d’Abbeville

« La seule différence du despotisme à cette liberté nouvelle, c’est qu’ici la masse est sacrifiée à l’égoïsme ou à l’insouciance d’un seul, et que là elle l’est à celui de quelques-uns »

Comment se fait-il que depuis le commencement du monde, après tant de méditations, d’essais, de livres et de paroles, on n’ait pas pu trouver un moyen, même passable, pour conduire les hommes et les rendre heureux, et ceci, pas plus chez un grand peuple que dans un couvent de capucins ?


Le vote. Image d’Épinal de la série Le Bulletin de Vote du père François
parue dans le Supplément du Figaro du 30 mars 1889

Vous, par exemple, mes chers compatriotes, vous avez passé, depuis 1790,
- par toutes les nuances de gouvernements réputés possibles ;
- vous avez essayé de tout :
- royauté pure, royauté constitutionnelle, royauté républicaine, république, convention, terreur, directoire, consul, empereur, roi légitime, roi philosophe, roi très chrétien, roi citoyen ;
- et pendant chacun de ces règnes, vous avez changé vingt fois de ministres et tout autant de systèmes.

En résultat, où a été le bénéfice pour la majorité ?
Le musée Boucher de Perthes à Abbeville - Emmanuelhammel —

Qu’y a gagné la masse ?

Vous avez déplacé la misère et peut-être les vices : celui qui était pauvre est devenu riche, celui qui était riche est devenu pauvre.

Mais, encore une fois, qu’y a gagné la nation en aisance et en moralité ?
Y voyez-vous un pauvre de moins et un honnête homme de plus ?

Vos nobles étaient corrompus, aujourd’hui ce sont vos bourgeois.

Votre peuple était superstitieux et fanatique, aujourd’hui il est ivrogne et turbulent.

Il tuait un homme parce qu’il était protestant, il le tuera aujourd’hui parce qu’il est républicain ou henriquinquiste.

En résumé, il n’y a pas moins de misère, pas moins de débauches, pas moins de vices, pas moins de préjugés, pas moins de crimes, pas moins de turpitudes qu’avant 1790 ;
- et si nous ajoutons que vous avez plus d’impôts,
- plus de charges de toute nature et la conscription qui, à elle seule, vous coûte plus que la corvée, la dîme, la gabelle, le servage et l’esclavage ; si, avec toutes ces choses, il est de fait que vous n’êtes pas plus riches, plus instruits, plus prévoyants, plus moraux, plus sains de corps et d’esprit, en un mot, plus heureux moralement et physiquement que vous ne l’étiez jadis, je vous demanderai, pour la dixième fois :
- quel profit avez-vous donc fait, et qu’avez-vous gagné à vos révolutions ?

Si vous ne pouvez le dire, comment voulez-vous que ce peuple le sache ?

Il n’entend rien à vos démonstrations bavardes, à vos combinaisons stériles.

Ce qu’il entendrait, c’est un résultat ; et ce résultat, pour lui, est du travail tous les jours, et du travail qui le fasse vivre tous les jours aussi : c’est du pain qu’il veut, et du pain assuré.

Or, ce travail ou ce pain, car l’un doit représenter l’autre, l’a-t-il, ou comptez-vous le lui donner ?

S’il ne l’a pas, si vous n’avez pas encore trouvé le moyen de le lui faire avoir, vous n’êtes donc pas plus avancés que le premier jour ; et toutes vos améliorations prétendues, tous vos soi-disant progrès ne sont que déceptions et mensonges.

« – Mais l’industrie, mais le commerce sont prospères, me répondrez-vous ; voyez nos produits et comparez-les à ceux de l’autre siècle.

II ne s’agit pas de produits, il s’agit d’hommes. »

Je vous dirai, moi : voyez ces hommes, voyez ce qu’ils étaient et voyez ce qu’ils sont.

Visitez vos villes dites industrielles, entrez dans les ateliers : qu’y trouvez-vous ?

Une race pâle, hâve, décharnée, mourant de consomption et de rachitisme, êtres étiolés que cette industrie que vous vantez saisit en naissant pour les accoler à toutes les misères, à tous les vices et à toutes les infirmités humaines.

Oui, vos étoffes ont gagné, j’en conviens ; elles sont plus fines et plus belles. Mais votre population, osez dire qu’elle s’est embellie, qu’elle s’est civilisée, qu’elle est plus robuste, plus saine, plus vivace qu’elle n’était !

Ce peuple riche, ce peuple fort, ce peuple d’hommes que vos institutions dites libérales devaient produire, où est-il donc ?

Je le cherche en France, je le cherche en Europe ; je le demande à tous, et c’est en vain.

Je vois bien, de loin à loin, quelques masques dorés, puis quelques corps bien gras et regorgeant de plénitude et de santé, mais ce n’est pas un sur cent, pas un sur mille.

Ce que partout j’aperçois, ce sont des groupes de mendiants que la faim décime au bruit de la voix des sophistes.

« – Mais ce peuple était serf, il est libre ; il était soumis au bon plaisir, il ne l’est plus qu’à la loi ! »

Le bon plaisir qui nourrit vaut-il moins que la loi qui dévore ?

Et si, depuis soixante ans et sous tant de régimes, cette loi dévore toujours ; si toujours l’état de ce peuple est la pauvreté même ; si sa santé, sa moralité, son bien-être présent ou à venir ne sont rien dans vos codes ; si vous ne lui offrez enfin aucune garantie contre la faim et contre lui-même, c’est-à-dire aucune certitude de vivre et de vivre honnêtement, quel intérêt peut-il prendre à vos lois ou à un gouvernement qui ne le rend ni plus heureux ni moins vicieux ?

 Pourquoi voulez-vous qu’il l’aime, qu’il le respecte, qu’il l’étudie, qu’il le conçoive ?
Comment prétendez-vous qu’il ne le renverse pas au premier caprice ?

Eh ! qu’importe à ce maçon, à ce couvreur, à ce cocher de fiacre, à cet ouvrier de fabrique, à ce matelot, à ce laboureur, que vous ayez un roi ou un empereur, qu’il s’appelle roi de France ou roi des Français, qu’il règne d’après une charte ou selon sa fantaisie ?

En quoi la différence des régnants le touche-t-il ?

Que ce soit l’un ou l’autre, en aura-t-il, lui pauvre ouvrier, plus d’aisance ou plus de liberté ?

En est-il moins valet, en est-il moins soldat ?

En végètera-t-il moins dans sa mansarde ou dans vos ateliers ?
En mourra-t-il moins de misère ou d’ivrognerie ?

« – Mais cette pauvreté et cette corruption de la masse sont une nécessité : partout où il y a beaucoup d’hommes, il y aura beaucoup de pauvres et de vagabonds.

C’est la conséquence naturelle de la vie en société et de la civilisation ; c’est la suite de l’entassement des populations dans les villes. »

Alors, démolissez vos villes et renoncez à la civilisation, car elle serait pire que la barbarie.
Mais ce n’est pas ce que je vous conseille.
Non, la cause du mal n’est pas là : la terre est assez grande pour ses habitants, et l’Europe assez fertile pour faire vivre tous les siens, pour les rendre tous riches et heureux.

Savez-vous pourquoi, sous vos institutions si savamment élaborées, sous vos dix gouvernements tous reconnus parfaits par leurs auteurs, la masse est constamment restée si abjecte et si malheureuse ?

C’est que les intérêts de cette masse n’y ont jamais été pris en sérieuse considération, c’est que vos législateurs ont songé à tout, hors à sa moralisation ; c’est qu’il n’y a pas dans vos codes un seul mot qui assure du pain à celui qui n’en a pas, ni même qui lui ouvre la voie d’en gagner.
Et pourtant ne devrait-ce pas être la première préoccupation de tout législateur ?

Tirer de l’homme le plus possible en lui rendant le moins possible, voilà l’esprit, l’intention, le but plus ou moins mal déguisé de toutes les constitutions, chartes, codes, contrats, en un mot, de tous les gouvernements, y compris même ceux que vous nommez démocratiques.

La seule différence du despotisme à cette liberté nouvelle, c’est qu’ici la masse est sacrifiée à l’égoïsme ou à l’insouciance d’un seul, et que là elle l’est à celui de quelques-uns.

La propriété doit être l’une des bases fondamentales de toute constitution, c’est ce qu’on ne saurait mettre en doute.

Que cette propriété soit représentée par le propriétaire, rien de plus juste encore.
Que celui-ci soit appelé à faire les lois, de préférence à bien d’autres, je n’y vois aussi rien que de très logique, parce que celui qui a sa fortune faite présente plus de garantie que celui qui veut la faire.
Ainsi, tout est bien jusque là.

Mais ce qui l’est moins, c’est qu’oubliant trop souvent qu’il est le représentant de tous, il songe beaucoup à lui et assez peu aux autres.

Il en résulte que si vous analysez les codes des divers peuples européens, vous y verrez que la loi a moins mission de faire vivre ceux qui sont pauvres que d’enrichir encore ceux qui sont riches ;
- et quand le législateur propriétaire a tout fait pour ne jamais mourir de faim, lui et ses enfants, il ne prend aucun souci pour que les autres n’en meurent pas, parce qu’en effet, sauf un petit nombre de cas, ces autres étant inutiles à son bien-être, il lui importe peu qu’ils vivent ;
- et c’est précisément pourquoi, parmi tant de savantes constitutions, il n’en est pas une seule qui garantisse la vie du grand nombre.

Néanmoins, cette constitution, cette charte, qui ne confère rien au peuple, qui ne lui ouvre aucune voie de gagner quelque chose, s’arroge le droit de prendre sur ce que ce peuple parvient à gagner sans elle.

Elle fait plus, elle s’empare de ce peuple lui-même, elle l’arrache à sa famille, à son atelier, à sa liberté ; elle le fait soldat et le fait égorger pour la défense d’intérêts qui ne sont pas les siens, c’est-à-dire d’un territoire où il ne possède rien et d’un gouvernement qui ne le protège ni ne le nourrit.

La plupart des chartes humaines peuvent donc se résumer ainsi :

« Les deux tiers de la nation travailleront pour défendre, nourrir et enrichir l’autre tiers.
Le tiers nourri, défendu et enrichi ne doit rien aux deux autres tiers.
Il n’est responsable ni de leur moralité, ni de leur bonheur ni de leur vie. »

En indiquant le tiers, j’ai pris l’acception la plus large, car il est de fait que chez la grande majorité des nations, ce n’est pas le tiers qui prospère aux dépens des deux autres, c’est le dixième, c’est le vingtième.

Analysez et commentez vos lois européennes et pesez-en les conséquences, voyez ce qui est, non dans les discours de vos rhéteurs, mais dans la réalité des choses, et comptez le nombre des heureux et des malheureux, des pauvres et des riches ; comptez-les chez vous, comptez-les partout, et dites en conscience si j’exagère.

J’en reviens donc encore à ces conclusions : ce que nous nommons gouvernement ou administration n’est, de fait, ni l’un ni l’autre, mais l’exploitation de la majorité par la minorité.

Dès lors, de tous les gouvernements européens aujourd’hui existants, il n’en est aucun qui intéresse essentiellement la multitude, par la raison que dans tous la masse souffre, et que le nombre des malheureux n’est pas moindre dans ce qu’on appelle un bon gouvernement que sous celui qu’on nomme un mauvais.

Conséquemment, les prétendues améliorations qui ont eu lieu dans les institutions européennes depuis soixante ans, n’ayant donné ni plus de travail, ni plus d’aisance, ni plus de moralité, ni plus d’avenir, ni plus de lumière, ni plus de liberté au peuple, ces améliorations n’existent pas de fait ; et, de même que l’oiseau dans sa cage, nous avons fait beaucoup de mouvements sans avancer d’un pas.

Si la civilisation consiste à écarter de l’humanité l’ignorance, le vice et la pauvreté, cette civilisation n’existe donc réellement point en Europe où la très grande majorité des individus est pauvre, ignorante et vicieuse.




mardi 19 mars 2019

Piqûres de frelon

Comment faire fuir un frelon ?
Par Nathalie Mayer

Les piqûres de frelon peuvent s'avérer dangereuses, notamment pour les personnes les plus fragiles ou pour les allergiques.

Le frelon asiatique, lorsqu'il se sent en danger, se montre particulièrement agressif. Mieux vaut donc connaître quelques astuces qui vous éviteront de piquante déconvenues.

Selon l’Inventaire national du patrimoine naturel, il est possible d’observer un nid de frelons asiatiques à quatre ou cinq mètres de distance sans risquer une attaque. © Boris Mélinand, Fotolia

Le frelon asiatique a débarqué en France en 2004.

Depuis, il fait des ravages dans les essaims d’abeilles et menace notre apiculture.
On le tient même pour responsable d'une dizaine de décès.
Son dard n'est pas plus impressionnant qu'un autre.
Mais il s'avère capable de traverser des tissus, même épais.
Ainsi, la piqûre du frelon asiatique est particulièrement douloureuse.

Comme toute piqûre d’hyménoptère, elle peut être à l'origine de réactions allergiques parfois violentes.
D'autant que le frelon asiatique ne perd pas son dard après avoir piqué.
Il peut donc revenir à la charge plusieurs fois.

Le frelon asiatique. © DR

De quoi n'avoir qu'une envie lorsque vous apercevez un frelon : le mettre en fuite.
Mais sachez tout d'abord que la meilleure chose à faire, si vous vous retrouvez dans le même espace qu'un ou deux frelons asiatiques, c'est de les laisser tranquilles.
Car les frelons ne sont pas naturellement agressifs.
Ils le deviennent uniquement s'ils voient en vous un danger.
Mieux vaut donc éviter de vous approcher de leur nid.
D'autant qu'alors, les frelons risquent d'attaquer en groupe.

Heureusement, les nids sont généralement installés en hauteur et il reste assez rare de tomber dessus par hasard.

Des astuces pour éloigner les frelons

De manière générale, pour éviter d'être incommodé par des frelons, quelques précautions simples sont à prendre.

Ne laissez pas les poubelles ouvertes, car la nourriture qu'elles contiennent pourrait les attirer.
Idem pour les bouteilles de boissons sucrées.

Quant aux fruits et autres denrées alimentaires, pensez à ne pas les laisser à découvert sur la table.
Évitez les parfums trop forts et trop sucrés.
Ainsi que les couleurs trop vives.
Le soir, ne laissez pas fenêtres ou portes ouvertes si vous allumez à l'intérieur : les frelons sont attirés par la lumière.

Si l'un d'entre eux devait s'aventurer dans votre salon, ne paniquez pas.
Affolé, il pourrait vous attaquer.
Éteignez plutôt la lumière et allumez-en une à l'extérieur.
Le frelon ne pourra pas résister à l'appel.

Pour faire fuir les frelons, vous pouvez aussi brûler des bâtons d'encens, du thym ou du café moulu ou vaporiser autour de vous un mélange d'eau, de vinaigre et de jus de citron.



dimanche 17 mars 2019

Le miel et les néonicotinoïdes

Les trois quarts des miels du monde contaminés par des néonicotinoïdes.
Par La Relève et La Peste - 15 mars 2019 -

En 1995, les insecticides néonicotinoïdes font leur apparition en France.

Depuis lors, environ 300 000 ruches périssent chaque année et doivent être reconstituées. Les mortalités sont passées de 5 à 30% de nos jours.
Les rendements de miel par ruche ont été significativement réduits divisant la production de miel française par deux en 20 ans.


Selon une étude, une grande majorité des miels produits dans le monde sont désormais contaminés par les insecticides.

Déclin des abeilles et contamination du miel

Une étude sur les « néonicotinoïdes », les pesticides les plus utilisés à travers le monde, a été dirigée par le professeur Suisse Edward Mitchell durant 3 ans.

Les néonicotinoïdes, aussi appelés « tueurs d’abeilles » jouent un rôle déterminant dans le déclin d’Apis mellifera (abeille à miel domestique originaire d’Europe.
Elle est considérée comme semi-domestique. C’est une des abeilles élevées à grande échelle en apiculture pour produire du miel et pour la pollinisation) et contaminent par la même occasion la grande majorité des miels récoltés à travers le monde.

Crédit Photo : Annie Spratt

Cette contamination affecte un grand nombre d’espèces ainsi que l’ensemble de la chaîne alimentaire, jusqu’à l’homme. Cela a conduit les autorités de plusieurs pays à prendre des mesures de restriction depuis plusieurs années.

Crédit Photo : Joséphine Amélie

En 2017 cette étude franco-suisse a ainsi déterminé que 75 % des miels analysés contenaient des traces de substances neurotoxiques. 300 pots avaient été récupérés provenant d’Alaska, d’Australie, d’Europe ou encore d’Asie.

Crédit Photo : Annie Spratt

« Nous avons opéré une sélection pour garder un échantillonnage qui ne surreprésente pas certaines régions par rapport à d’autres » explique un chercheur à l’université de Neuchatel (Suisse).
« En définitive, nous avons conservé 198 miels différents pour l’analyse » précise-t-il.

Crédit Photo : Anne Reiff

Ces analyses sont le reflet d’une contamination des sources de nourritures des insectes pollinisateurs, tels que le nectar et le pollen, pouvant provoquer des troubles à différents niveaux.
En effet, pour de nombreux insectes, l’exposition « chronique à faible dose » de ces substances provoque des troubles cognitifs, une baisse de l’immunité et une diminution de la capacité à se reproduire.
Par ailleurs, dans certains cas, les néonicotinoïdes altèrent le système nerveux des insectes, entrainant la paralysie puis la mort.

Les risques sur la santé

Selon, Christopher Connolly, chercheur à l’université d’Ecosse, le miel est « un bon indicateur de l’état général des écosystèmes ».
Remontant à la source, le miel « contaminé » est bien le fruit de l’utilisation de pesticides dans l’environnement voisin, pouvant provenir d’un rayon de plusieurs kilomètres.

Les chercheurs se veulent malgré tout rassurants quant aux risques sur la santé humaine. « Selon les normes en vigueur, la très grande majorité des échantillons étudiés ne posent pas de souci pour la santé des consommateurs » explique Edward Mitchell.

C’est toutefois « l’effet cocktail » qui pose problème.

En effet, les organismes sont contaminés par plusieurs substances toxiques provenant de multiples pesticides issus des produits alimentaires ou de la pollution de l’air.

« Avec plus de 350 pesticides de synthèse utilisés, (…) les combinaisons sont infinies et rendant toute étude illusoire.

Nous sommes donc réduits à nous baser sur des recherches à court terme, souvent centrées sur le seul composé « actif ». 
Nous ne tenons donc compte ni des adjuvants, ni de la présence de métabolites parfois aussi toxiques, si ce n’est plus, que les composés actifs eux-mêmes ».

Soumis à des restrictions d’usage dans l’Union Européenne depuis 2013, trois néonicotinoïdes sont désormais interdits en France depuis 2018.

15 mars 2019 - La Relève et La Peste