vendredi 30 novembre 2018

Substances cancérogènes dans le valsartan

Substances cancérogènes dans le Valsartan: trois-quarts des médicaments désormais concernés
Par AFP - 29/11/2018.

Le retrait des médicaments à base de valsartan prend une nouvelle ampleur: après une première vague début juillet, des rappels supplémentaires ont été annoncés jeudi par l'agence du médicament (ANSM), à cause de la présence d'une deuxième substance classée comme probablement cancérogène.

Cette mesure de précaution va entraîner des ruptures de stock, a prévenu l'ANSM.


En effet, le cumul des deux rappels touche les trois-quarts de ces médicaments utilisés en cas d'insuffisance cardiaque, d'hypertension artérielle et après un infarctus récent.
Entre 1,2 et 1,5 million de patients en France suivent ce traitement.

Illustration d'une pharmacie — Yann Bohac/SIPA


Le premier rappel, prononcé au niveau international, avait été motivé par la présence d'une impureté, la N-nitrosodiméthylamine (NDMA), substance classée comme probablement cancérogène chez l'homme.

La société chinoise Zhejiang Huahai Pharmaceuticals avait d'abord été mise en cause.
Deux autres laboratoires chinois, Rundu Pharma et Tianyu Pharm, avaient ensuite été épinglés.

Toutes ces sociétés fabriquent le principe actif pour le compte de laboratoires qui produisent ensuite le médicament.

Le deuxième rappel, annoncé jeudi, a été décidé en raison de "la présence possible d'une autre impureté, la NDEA (N-nitrosodiéthylamine)", selon l'ANSM.

D'une nature voisine de la première, cette impureté est, comme elle, "classée comme probablement cancérogène chez l'homme par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)", a précisé l'ANSM dans un communiqué.

Cette deuxième substance indésirable "a été mise en évidence suite aux nombreuses investigations entreprises depuis le mois de juillet 2018 au niveau européen concernant le valsartan".

Comme le premier, ce nouveau rappel "est mis en oeuvre par d'autres Etats européens et au niveau international", selon l'ANSM.

Au total, onze laboratoires pharmaceutiques sont concernés par les deux rappels, qui ne touchent cependant pas forcément tous les médicaments à base de valsartan qu'ils produisent: Arrow Génériques, Biogaran, Cristers, EG Labo, Evolupharm, Mylan, Ranbaxy, Sandoz, Teva, Zentiva et Zydus.

INVESTIGATIONS INTERNATIONALES

On ignore si la deuxième impureté décelée dans les médicaments rappelés jeudi est due aux sociétés chinoises déjà épinglées, ou si de nouveaux sous-traitants sont à leur tour mis en cause.

"Pour l'instant, on ne peut pas répondre à cette question.
Cela fait partie des investigations actuellement menées" au niveau international, a expliqué à l'AFP l'un des responsables de l'ANSM, Jean-Michel Race.

Les fabricants des médicaments qui ne sont pas concernés par les deux rappels "ne sont actuellement pas en mesure d'augmenter suffisamment leur production pour couvrir l'ensemble des besoins des patients français", a souligné l'ANSM.
Par conséquent, "des ruptures de stocks conséquentes sont attendues rapidement".

"Il existe de nombreuses alternatives thérapeutiques permettant d'assurer une prise en charge optimale des patients actuellement traités par valsartan", a rappelé l'ANSM.

"L'hypertension artérielle est fréquente et très bien prise en charge par les praticiens", a ajouté Jean-Michel Race, selon qui les solutions alternatives sont "d'autres sartans (une classe de médicaments dont le valsartan est l'une des variantes, ndlr) et d'autres familles d'antihypertenseurs".

L'ANSM recommande aux patients de consulter leur médecin ou leur pharmacien pour savoir si le médicament qu'ils prennent est concerné par le rappel et, le cas échéant, s'orienter vers un autre traitement.

"Le risque d'un arrêt brutal de traitement étant important (poussées hypertensives, décompensations cardiaques, accidents neurologiques), les patients ne doivent en aucun cas interrompre leur traitement sans avis médical", a insisté l'ANSM.

"Arrêter son traitement quand on est hypertendu est beaucoup plus dangereux que continuer à prendre pendant quelques jours un médicament qui fait partie des lots rappelés", selon Jean-Michel Race.

L'ANSM a mis en place en juillet un numéro vert pour répondre aux questions des patients et de leurs proches (0800 97 14 03).
………………………
Valsartan - Contexte

Le valsartan est une substance active largement utilisée dans la prise en charge de l’hypertension artérielle, de l’insuffisance cardiaque et en post infarctus du myocarde récent.

Un défaut de qualité a été identifié sur de nombreux  médicaments à base de valsartan commercialisés au niveau mondial.
Des impuretés, la N-nitrosodiméthylamine (NDMA) et la N-nitrosodiéthylamine (NDEA), ont été retrouvées dans la substance active valsartan.

La NDMA et la NDEA appartiennent à la classe des nitrosamines et sont classées par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) comme probablement cancérogènes chez l'homme.

Les nitrosamines sont des substances liquides et solubles dans l'eau, elles peuvent être retrouvées dans l’environnement (aliments, ainsi que dans une moindre mesure dans l’eau et l’air).

Ainsi, à titre de précaution, tous les lots des   médicaments contenant du valsartan   fabriqués à partir de la substance active valsartan impactée par la présence de ces impuretés ont été rappelés en France, en juillet 2018 puis en novembre 2018.
Cette décision a été prise en concertation au niveau européen.

Lire aussi

Liste des médicaments concernés (29/11/2018) application/pdf (124 ko)

Liste des médicaments non concernés (29/11/2018) application/pdf (120 ko)

Nouveau rappel de médicaments à base de valsartan : Informations pour les patients et les professionnels de santé (29/11/2018) - Point d'Information

Evaluation du risque pour la santé des patients

Ce défaut de qualité n’induit pas de risque aigu pour la santé des patients.

En revanche, le risque d’arrêt brutal du traitement est réel (poussées hypertensives, décompensations cardiaques, accidents neurologiques).

Aussi, les patients ne doivent en aucun cas arrêter d’eux-mêmes leur traitement.
En cas de doute, ils doivent se rapprocher de leur pharmacien ou de leur médecin.

Compte tenu du risque cancérigène de la NDMA et de la NDEA, il est important de déterminer si des mesures complémentaires seront nécessaires pour les patients concernés traités par les médicaments à base de  valsartan.

Ceci nécessite une évaluation détaillée du risque, fondée sur des tests approfondis des lots de médicaments.
Cette évaluation se fait actuellement de manière coordonnée au niveau européen.

Lire aussi
Valsartan, valsartan / hydrochlorothiazide et valsartan / amlodipine : information sur les rappels de lots - https://www.ansm.sante.fr/content/download/147871/1949541/version/6/file/Valsartan_QR_2018-11-29.pdf

Conduite à tenir dans le contexte de tension d'approvisionnement de valsartan

Environ 60% des médicaments à base de valsartan (seul ou associé à une autre molécule, l’hydrochlorothiazide ou l’amlodipine) commercialisés en France sont impactés par ce défaut.
Dans ce contexte, des tensions d’approvisionnement et des ruptures de stocks sur ces médicaments sont attendus.


La planète en guerre.


La planète en guerre.
Par Danny Sjursen – 20/11/2018 – Source Unz Review

La militarisation du monde par les États Unis, vue de l’intérieur par un officier de carrière.



Le militarisme américain a déraillé – et un officier en milieu de carrière aurait dû s’en douter.

Au début du siècle, l’armée américaine s’était logiquement concentrée sur la contre-insurrection car elle faisait face à diverses guerres assez floues et apparemment sans fin dans tout le Grand Moyen-Orient et dans certaines parties de l’Afrique.

En 2008, de retour d’Irak, alors que j’étais encore capitaine et que j’étudiais à Fort Knox, au Kentucky, nos scénarios d’entraînement étaient généralement axés sur le combat urbain et ce qu’on appelait des missions de sécurité et de stabilisation.
Nous y prévoyions d’attaquer un centre ville fictif, d’y détruire les combattants ennemis, puis de passer à la pacification et aux opérations « humanitaires ».



Bien sûr, personne ne s’interrogeait alors sur l’efficacité douteuse de ces « changements de régime »  et de ces « nations building », les deux activités dans lesquelles notre pays s’engageait avec une telle régularité.

Cela aurait été mal vu. Pourtant, aussi sanglantes et gaspilleuses qu’aient pu être ces guerres, elles ressemblent aujourd’hui à des reliques d’une époque remarquablement plus simple.
L’armée américaine connaissait alors sa mission (même si elle ne pouvait pas l’accomplir) et pouvait prédire ce à quoi chacun de nous, jeunes officiers, pouvions nous attendre : une contre-insurrection en Afghanistan et en Irak.




Huit ans plus tard – au cours desquels l’auteur a travaillé sans succès en Afghanistan et enseigné à West Point – et la présence militaire terrestre américaine a considérablement diminué au Moyen-Orient, même si ses guerres y restent « sans fin ».

Porte-avion chinois


Porte avion russe

Porte avion USA



Les États-Unis continuaient de bombarder, de faire des raids et de « conseiller » aux mêmes endroits au moment même où je commençais à enseigner au Command and General Staff College à Fort Leavenworth, au Kansas. Néanmoins, alors que, pour la première fois, je donnais des cours de formation aux officiers d’état-major, en 2016, il m’est rapidement apparu que quelque chose était en train de changer.

Nos scénarios de formation ne se limitaient plus aux opérations anti-insurrectionnelles.


Nous planifiions maintenant d’éventuels déploiements dans le Caucase, la région de la mer Baltique et la mer de Chine méridionale (pensez à la Russie et à la Chine) et envisagions une guerre classique de haute intensité dans ces régions.


Nous planifiions aussi des conflits contre un régime « voyou » à l’iranienne (pensez : eh bien, l’Iran).
Les missions consistaient à projeter des divisions de l’armée américaine dans des régions éloignées pour mener des guerres majeures afin de « libérer » des territoires et de renforcer les alliés.

Une chose est vite devenue évidente pour moi dans mes nouvelles recherches : beaucoup de choses avaient changé.
En fait, l’armée américaine s’était largement développée à l’échelle mondiale.


 Frustrée par son incapacité d’aboutir à un accord dans l’une ou l’autre des vagues guerres contre le terrorisme de ce siècle, Washington avait décidé qu’il était temps de se préparer à une « vraie » guerre contre une foule d’ennemis imaginaires.

En fait, ce processus se développe sous notre nez depuis un certain temps déjà.

 Vous vous souvenez, en 2013, lorsque le président Obama et la secrétaire d’État Hillary Clinton ont commencé à parler d’un « pivot » vers l’Asie – une tentative évidente pour contenir la Chine.
M. Obama a également sanctionné Moscou et militarisé davantage l’Europe en réponse à l’agression russe en Ukraine et en Crimée.

Le président Trump, dont l’« instinct », pendant la campagne, lui disait de se retirer du bourbier moyen-oriental, s’est finalement avéré prêt à faire monter la pression envers la Chine, la Russie, l’Iran et même (pour un temps) la Corée du Nord.

Les budgets du Pentagone ayant atteint des niveaux record – quelque 717 milliards de dollars pour 2019 – Washington a maintenu le cap, tout en commençant à planifier des conflits futurs plus étendus, dans le monde entier.

Aujourd’hui, pas un seul mètre carré de notre planète qui ne cesse de se réchauffer n’échappe à la militarisation américaine.

Pensez à ces développements comme à l’établissement d’une formule potentielle de conflit perpétuel qui pourrait mener les États-Unis dans une guerre vraiment cataclysmique dont ils n’ont pas besoin et qu’ils ne peuvent gagner de manière significative.

En gardant cela à l’esprit, voici un petit tour de la planète Terre telle que l’armée américaine l’imagine maintenant.

Nos anciens terrains de jeu :
Une guerre sans fin au Moyen-Orient et en Afrique

Totalement incapable d’arrêter, même après 17 ans d’échec, la machine militaire bipartisane de Washington continue d’arpenter le Grand Moyen-Orient.
Quelque 14 500 soldats américains sont toujours en Afghanistan (ainsi qu’une grande partie de la puissance aérienne américaine), bien que cette guerre soit un échec selon n’importe quel critère que vous pouvez choisir – et des Américains y meurent toujours, même si le nombre diminue.

En Syrie, les forces américaines restent prises au piège entre des puissances hostiles, à une erreur près d’un éventuel déclenchement des hostilités avec la Russie, l’Iran, le président syrien Assad, ou même la Turquie, alliée de l’OTAN.

Alors que les troupes américaines (et la puissance aérienne) en Irak ont contribué à détruire le « califat » physique d’État Islamique, elles y restent empêtrées dans une guérilla de faible intensité, dans un pays apparemment incapable de former un consensus politique stable.

En d’autres termes, il n’y a pas encore de fin en vue pour cette guerre vieille de 15 ans.
Ajoutez à cela les frappes de drones, les attaques aériennes conventionnelles et les raids des forces spéciales que Washington déclenche régulièrement en Somalie, en Libye, au Yémen et au Pakistan, et il est clair que l’armée américaine reste plus que présente dans la région.

Au contraire, les tensions – et le potentiel d’escalade – dans le Grand Moyen-Orient et en Afrique du Nord ne font qu’empirer.

Le président Trump a dénoncé l’accord nucléaire iranien du président Obama et, malgré le récent drame de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, soutient avec joie les rois saoudiens dans leur course aux armements et leur guerre froide contre l’Iran.

Alors que les autres acteurs majeurs de cet accord iranien sont restés à bord, le président Trump a nommé des néoconservateurs iranophobes intraitables comme John Bolton et Mike Pompeo à des postes clés pour la politique étrangère et son administration menace toujours d’un changement de régime à Téhéran.

En Afrique, malgré les discussions sur la réduction de la présence américaine dans ce continent, la mission consultative militaire n’a fait qu’accroître ses divers engagements, soutenant des gouvernements dont la légitimité est douteuse contre les forces d’opposition locales et déstabilisant davantage un continent déjà instable.

On pourrait penser que faire la guerre pendant deux décennies sur deux continents permettrait au moins d’occuper le Pentagone et de tempérer le désir de Washington d’initier d’autres affrontements.
Il se trouve que c’est le contraire qui se produit.

Frapper l’ours : encercler la Russie et lancer une nouvelle guerre froide.

La Russie de Vladimir Poutine est de plus en plus autocratique et montre une tendance à l’agression, localisée à sa sphère d’influence.
Néanmoins, il serait préférable de ne pas exagérer la menace.

La Russie a annexé la Crimée, mais les habitants de cette province étaient des Russes et souhaitaient une telle réunification.
Elle est intervenue dans une guerre civile ukrainienne, mais Washington a également été complice du coup d’État qui a déclenché ce drame.

En outre, tout cela se déroule dans le voisinage de la Russie alors que l’armée américaine déploie de plus en plus ses forces jusqu’aux frontières mêmes de la Fédération de Russie.
Imaginez l’hystérie à Washington si la Russie déployait des troupes et des conseillers au Mexique ou dans les Caraïbes.

Malgré cela, Washington et sa machine militaire n’hésitent pas à affronter la Russie.
C’est un combat pour lequel les forces armées se sentent à l’aise.
Après tout, c’est pour une telle guerre que ses commandants supérieurs ont été formés vers la fin d’une guerre froide qui a duré près d’un demi-siècle.

La contre-insurrection est frustrante et floue.
La perspective de préparer une « vraie guerre » contre de bons vieux Russes avec des chars, des avions et de l’artillerie – c’est bien pour cela que l’armée a été faite !

Et malgré tous les discours exagérés sur la complicité de Donald Trump avec la Russie, sous sa direction, l’escalade militaire de l’ère Obama en Europe n’a fait que s’amplifier.

À l’époque où je casernais désespérément en Irak et en Afghanistan, l’armée américaine retirait ses brigades de combat d’Allemagne pour les ramener sur le sol américain (quand, bien sûr, elles ne combattaient pas quelque part dans le Grand Moyen-Orient).

Puis, à la fin des années Obama, les militaires ont commencé à renvoyer ces forces en Europe et à les stationner dans les pays baltes, en Pologne, en Roumanie et dans d’autres pays toujours plus proches de la Russie.
C’est sans fin et, cette année, l’U.S. Air Force a livré sa plus importante cargaison de munitions en Europe depuis la guerre froide.

Ne vous leurrez pas : une guerre contre la Russie serait une catastrophe inutile – et elle pourrait devenir nucléaire.
La Lettonie vaut-elle vraiment ce risque ?

D’un point de vue russe, bien sûr, c’est Washington et l’expansion (par définition) en Europe de l’Est de l’alliance anti-russe que représente l’OTAN qui constitue la véritable agression dans la région – et Poutine a peut-être raison sur ce point.
De plus, une évaluation honnête de la situation suggère que la Russie, un pays dont l’économie a à peu près la taille de celle de l’Espagne, n’a ni la volonté ni la capacité d’envahir l’Europe centrale.

Même dans les pires temps de la guerre froide, comme nous le savons aujourd’hui grâce aux archives soviétiques, la conquête européenne n’a jamais été à l’ordre du jour de Moscou.
Elle ne l’est toujours pas.

Néanmoins, l’armée américaine continue de se préparer à ce que le général Robert Neller, commandant du Corps des Marines, s’adressant à certaines de ses forces en Norvège, a prétendu être un « grand combat » à venir.

Si elle n’y fait pas attention, Washington pourrait bien déclencher cette guerre qu’elle semble vouloir, à la différence de l’Europe et du reste de la planète.

Défier le Dragon : la quête futile d’une hégémonie en Asie

La marine américaine traite depuis longtemps les océans du monde comme s’il s’agissait de lacs américains.
Washington ne laisse pas ce droit à d’autres grandes puissances ou États-nations.
Ce n’est que maintenant que la marine américaine est enfin confrontée à certains défis à l’étranger, en particulier dans le Pacifique occidental.

Une Chine en plein essor, avec une économie en croissance rapide et les griefs d’une longue histoire de domination impériale européenne, a eu l’audace de s’affirmer dans la mer de Chine méridionale. Washington y réagit avec panique et bellicisme.

Peu importe que la mer de Chine méridionale soit les Caraïbes de Pékin (un endroit où Washington a longtemps estimé avoir le droit de faire tout ce qu’elle voulait sur le plan militaire).

La mer de Chine méridionale a le mot Chine dans son nom !
L’armée américaine prétend maintenant – avec juste assez de vérité pour convaincre les non-informés – que la marine chinoise en pleine expansion vise la domination du Pacifique, sinon des mers du monde.

Bien sûr, à l’heure actuelle, la Chine n’a que deux porte-avions, dont un vieux réhabilité (bien qu’elle en construise davantage), alors que la marine américaine en a 11 de taille normale et neuf plus petits.

Et oui, la Chine n’a encore attaqué aucun de ses voisins.
Pourtant, on dit au peuple américain que ses militaires doivent se préparer à une éventuelle guerre contre la nation la plus peuplée de la planète.

Dans cet esprit, les USA ont déployé encore plus de navires, de marines et de troupes dans la région du Pacifique entourant la Chine.
Des milliers de Marines sont maintenant stationnés dans le nord de l’Australie, des navires de guerre américains naviguent dans le Pacifique Sud et Washington a envoyé des signaux contradictoires concernant ses engagements militaires envers Taiwan.

Même l’océan Indien a récemment été considéré comme un champ de bataille possible contre la Chine, alors que la marine américaine y accroît ses patrouilles régionales et que Washington négocie des liens militaires plus étroits avec l’Inde, le voisin chinois en pleine expansion.
Dans un geste symbolique, l’armée a récemment rebaptisé son ancien Commandement du Pacifique (PACOM) en Commandement Indo-Pacifique (INDOPACOM).

Comme on pouvait s’y attendre, le haut commandement militaire chinois se prépare en conséquence.
Il a conseillé à son commandement de la mer de Chine méridionale de se préparer à la guerre, a fait ses propres gestes provocateurs en mer de Chine méridionale et a également menacé d’envahir Taïwan si l’administration Trump changeait l’ancienne politique américaine intitulée « une Chine ».

Du point de vue chinois, tout cela est on ne peut plus logique, étant donné que le président Trump a également déclenché une « guerre commerciale » contre Pékin et intensifié sa rhétorique anti-chinoise.
Et tout cela est, à son tour, cohérent avec la militarisation croissante du Pentagone dans le monde entier.

Aucune terre qui ne soit trop lointaine

S’il n’y avait que l’Afrique, l’Asie et l’Europe que Washington ait choisi de militariser.
Mais comme aurait pu le dire le Dr Seuss : ce n’est pas tout, oh non, ce n’est pas tout.
En fait, à peu près chaque centimètre carré de notre planète qui n’est pas déjà occupé par un État rival est considéré comme un espace militarisé à contester.

Les États-Unis ont longtemps été uniques dans la façon dont ils ont divisé toute la surface du globe en commandements géographiques (combattants) présidés par des généraux et des amiraux qui se comportent en proconsuls régionaux de style romain.

Et les années Trump ne font qu’accentuer ce phénomène.
Prenons l’Amérique latine, qui pourrait normalement être considérée comme un espace non menaçant pour les États-Unis, bien qu’elle soit déjà sous la surveillance du Commandement Sud des États-Unis (SOUTHCOM).

Récemment, cependant, après avoir déjà menacé d’« envahir » le Venezuela, le président Trump a passé la campagne électorale à soulever sa base en affirmant qu’une caravane de réfugiés désespérés venant d’Amérique centrale – provenant de pays dont les États-Unis sont responsables de leur déstabilisation – était une véritable « invasion » et donc un autre problème militaire.
À ce titre, il a ordonné l’envoi de plus de 5 000 soldats (plus que ceux qui servent actuellement en Syrie ou en Irak) à la frontière américano-mexicaine.

Bien qu’il ne soit pas le premier à essayer de le faire, il cherche également à militariser l’espace et à créer une cinquième branche de l’armée américaine, provisoirement connue sous le nom de Space Force. C’est logique.

La guerre a longtemps été tridimensionnelle, alors pourquoi ne pas faire entrer le militarisme américain dans la stratosphère, alors même que l’armée américaine s’entraîne et se prépare manifestement à une nouvelle guerre froide (sans jeu de mots) avec cet adversaire toujours à portée de main, la Russie, autour du cercle arctique.

Si le monde tel que nous le connaissons doit disparaître, ce sera soit à cause de la menace à long terme du changement climatique, soit à cause d’une guerre nucléaire absurde.

Dans les deux cas, Washington aura doublé la mise.
En ce qui concerne les changements climatiques, bien sûr, l’administration Trump semble déterminée à charger l’atmosphère d’encore plus de gaz à effet de serre.

Lorsqu’il s’agit d’armes nucléaires, plutôt que d’admettre qu’elles sont inutilisables et de chercher à réduire davantage les arsenaux gonflés des États-Unis et de la Russie, cette administration, comme celle d’Obama, s’est engagée à investir au moins 1600 milliards de dollars sur trois décennies pour la « modernisation » totale de cet arsenal.

N’importe quel groupe de personnes un peu rationnelles aurait accepté depuis longtemps que la guerre nucléaire est impossible à gagner et qu’elle n’est une méthode pour l’extinction massive de l’humanité.

Il se trouve cependant que nous n’avons pas affaire à des acteurs rationnels, mais à un establishment de défense qui considère qu’il est prudent de se retirer du traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI) datant de l’ère de la guerre froide avec la Russie.

Ainsi s’achève notre visite de la vision de la planète Terre par l’armée américaine.

On dit souvent que, dans un sens orwellien, chaque nation a besoin d’un ennemi pour unir et discipliner sa population.
Pourtant, les États-Unis resteront le seul pays dans l’histoire à avoir militarisé le monde entier (et même l’espace), prêts à affronter à peu près n’importe qui. C’est cela qui est exceptionnel..

Danny Sjursen

Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone




jeudi 29 novembre 2018

Défigurée après une coloration pour cheveux


Défigurée après une coloration pour cheveux, Estelle, 19 ans, a frôlé la mort
Par Elsa Mari – 27/11/2018.

Elle a failli mourir parce qu’elle s’est teint les cheveux.

Une substance hautement allergène est présente dans pratiquement toutes les colorations.
La jeune femme lance une alerte à tous ceux qui utilisent ces produits.




Le souvenir de ses jours douloureux se lit encore sur ses traits, légèrement gonflés.
« Vous voyez les contours de mon visage, lance Estelle, 19 ans, en soulevant sa chevelure ébène.
J’ai presque plus rien, c’est vraiment moi là », savoure-t-elle, l’index pointé vers son joli minois retrouvé.
Il y a encore quelques jours, la jeune étudiante en anglais était méconnaissable, gravement défigurée après… une simple coloration pour cheveux d’une célèbre marque, achetée en supermarché.

« Regardez, là, je voyais encore, et là, je ne pouvais plus respirer », montre-t-elle sur son téléphone, en faisant défiler les clichés de sa métamorphose cauchemardesque, dans la cuisine de sa maison à Vitry, sa maman Sygrid, à ses côtés.

Des photos qu’elles ont publiées sur Facebook pour alerter l’opinion contre la PPD, un produit hautement allergisant que l’on trouve dans 90 % des teintures disponibles partout dans le commerce.

Pourtant, Estelle, qui avait déjà fait une petite réaction instantanée à une précédente coloration, avait, cette fois-ci, bien fait un test sur sa peau auparavant.
Mais elle n’a attendu que 30 minutes contre 48 heures comme le préconise la notice.

« J’ai fait une bêtise et j’ai envie de dire aux autres, ne faites pas comme moi ! » lance-t-elle, d’un ton engagé.

« Il faudrait aussi que les mises en garde soient plus claires et alarmistes, poursuit sa maman.
Qui parvient à lire ça ? s’exclame-t-elle, en montrant l’écriture minuscule de l’emballage.
Le résultat peut être dramatique. » Sa fille s’en est vite aperçue.

«J’avais une tête d’ampoule»

Il y a dix jours, un vendredi, quelques heures après avoir « changé de tête », de blonde à brune, son cuir chevelu commence à gratter, le haut de son crâne à enfler.
Un tour chez le pharmacien et elle repart avec des antihistaminiques et une crème contre les démangeaisons.
Le dimanche matin, la jeune femme croise son reflet dans le miroir :
« J’avais une tête d’ampoule. »

VIDÉO. «J’ai été défigurée à cause d’une teinture pour cheveux»


Sygrid fonce avec sa fille aux urgences, où Estelle est immédiatement prise en charge.
 Les soignants connaissent bien les allergies au PPD. Abréviation de paraphénylènediamine, de la famille des benzènes, la PPD permet de faire tenir les colorations foncées sur les cheveux.
Mais ce produit n’est pas autorisé dans d’autres cosmétiques (maquillages, poudres…).

« Ils nous ont dit qu’ils étaient habitués », poursuit Estelle.

Son tour de tête fait alors 63 cm contre 56, en moyenne !
Après une perfusion aux corticoïdes et aux antihistaminiques, l’étudiante peut rentrer chez elle.
Mais l’œdème continue de monter vers ses tempes, son front : « J’avais l’impression d’être dans un bocal. »

Retour aux urgences.
« On nous a dit, ça va partir, raconte la maman, sidérée.
Je ne le sentais pas, on a filé à l’hôpital Mondor, à Créteil.
» Heureusement.
Dans la voiture, Estelle s’étouffe. Sa langue gonfle, son cœur s’accélère, elle respire mal. Son état se dégrade.
« Les médecins m’ont fait une piqûre d’adrénaline, m’ont gardé toute la nuit. » Le lendemain, elle est hors de danger.

Un produit désormais limité

Depuis leur alerte sur les réseaux sociaux, elles ont reçu beaucoup de messages, même de coiffeurs.
« Ils nous disent, voilà pourquoi il faut faire une coloration chez un professionnel et non à domicile, reprend Estelle, d’un sang-froid étonnant.

Mais la PPD est dans toutes les teintures. » D’autres ont affiché les photos de sa figure boursouflée dans leur salon pour informer les clients.

Joint, l’Agence du médicament ne constate pas d’augmentation des cas d’allergies.
Mais précise que « la réglementation européenne a été revue », en limitant la concentration en PPD dans les colorations depuis 2013.
Désormais pour Estelle, hautement allergique, les colorations, c’est fini.
« J’ai failli mourir, je ne veux pas que ça arrive à d’autres. »

L’avis des dermatologues

« On connaît la PPD depuis bien longtemps, explique le docteur Catherine Oliveres-Ghouti, membre du Syndicat national des dermatologues.
2 à 3 % de la population y est allergique alors qu’aujourd’hui, une personne sur deux se teint les cheveux. »
Dans son cabinet, la spécialiste en voit une quinzaine par an débarquer avec de « l’eczéma, des yeux comme un lapin, la tête enflée ».
« J’ai vu des patients défigurés. » Mais des cas aussi extrêmes qu’Estelle demeurent rares.

Les principaux touchés ?
Les coiffeurs. « Quand ils deviennent allergiques, il n’y a pas de solution, ils n’ont plus qu’à changer de métier. C’est une maladie professionnelle. »

On trouve aussi de la PPD dans les vêtements sombres comme les jeans ainsi que dans les tatouages au henné noir, que l’on fait sur les plages.
« On a fait beaucoup d’alertes à ce sujet », prévient la dermatologue.

Selon elle, interdire ce produit reviendrait à supprimer toutes les teintures foncées.

« Il faut mieux informer les consommateurs, ne faites jamais de teinture sans l’avoir testée sur votre peau 48 heures auparavant. »





mercredi 28 novembre 2018

Soudan : vente d'une jeune fille

Soudan : le gouvernement participe à la vente d'une jeune fille
Par valeursactuelles.com – 27/11/2018.

Une jeune fille de 16 ans a été vendue par ses parents sur Facebook.
Certains membres du gouvernement soudanais ont participé aux enchères.

Le 25 octobre dernier au Soudan du Sud, les parents d’une jeune fille de 16 ans mettaient en ligne une annonce sur Facebook pour vendre leur enfant.

Comme le relaye franceinfo, confirmant les informations de CNN, la jeune fille a trouvé « acquéreur » contre 500 vaches, 3 voitures et 10 000 dollars.

Selon les précisions de RFI, l’individu ayant été le plus offrant est un homme trois fois plus âgé qu’elle et est déjà marié à huit femmes.

Pris pour cible, les équipes de Facebook ont expliqué qu’ils « amélioraient constamment les méthodes utilisées pour identifier les contenus contraires [au] règlement».

« Traitée comme un simple objet »

« S'il est courant que les dots soient utilisés dans les mariages dans la culture sud-soudanaise, rien ne peut excuser la façon dont cette fille – qui est encore une enfant – a été traitée, comme un simple objet, vendu au soumissionnaire prêt à offrir le plus d’argent et de biens », regrette sur franceinfo le directeur de Plan International pour le Soudan du Sud, George Otim.

Plus surprenant, certains membres du gouvernement ont participé aux enchères.
George Otim a ainsi demandé au gouvernement sud-soudanais d’enquêter sur cette affaire et de suspendre tout responsable ayant pris part aux enchères.

http://www.valeursactuelles.com/monde/soudan-le-gouvernement-participe-la-vente-dune-jeune-fille-101157

Islam en Occident

“L’expansion de l’islam en Occident relève d’un plan stratégique”
Par Charlotte d'Ornellas - 09/11/2018.

Ancien député et président du parti chrétien démocrate (PCD), Jean-Frédéric Poisson vient de publier un nouvel ouvrage intitulé “ L’islam à la conquête de l’Occident ”, qui s’applique à décrypter un document adopté à l’unanimité par les pays membres de la coopération islamique en 2000.

Entretien.
Le document intitulé “ Stratégie de l’action culturelle islamique à l’extérieur du monde islamique ” a été adopté par l’Organisation de la conférence islamique en 2000.
Nous sommes en 2018 et vous sortez un ouvrage pour commenter ce texte. Pourquoi maintenant ?



D’abord parce que personne ne l’a fait avant.
Mais surtout parce que nous pourrions avoir l’impression que la prolifération de l’islam, sa progression dans la société française, relève d’une simple collection de comportements individuels, que nous constaterions donc localement.

Ce document raconte une toute autre histoire et c’est son intérêt premier : cette expansion de l’islam en Occident relève d’un plan stratégique élaboré par les cinquante-sept Etats qui composent la coopération islamique – une sorte d’ONU musulman – et qui, il y a 18 ans, ont théorisé l’expansion de la charia en Europe.
Ils ont alors ouvertement proclamé la volonté d’installer en Occident une “ civilisation de substitution ”.

L’analyse que propose ce texte mérite d’être regardée de près  et pourrait être résumée ainsi : premièrement, la globalisation est incapable de faire le bonheur de ceux qui vivent sous son égide.

Ensuite, la domination de l’Occident sur le monde - qui était principalement le fait de son avance technologique - est en train de se réduire (parce que la technologie n’est plus son apanage).

Enfin, l’Occident a renoncé à transmettre ses propres principes civilisationnels, qui se dissolvent dans le commerce, les échanges internationaux et la spéculation monétaire.
Par conséquent, et c’est la conclusion de la Stratégie, tous les éléments sont réunis pour que les pays musulmans se sentent capables d’installer une “ vraie civilisation ” à la place du naufrage éthique et politique occidental.

Cette description de l’état de l’Occident rejoint parfois ce que vous dites, vous aussi…
Qu’est-ce qui vous gêne ?

Vous avez raison sur un point : je suis assez familier avec l’idée qu’on ne peut accepter que l’homme soit réduit à une marchandise.

Je ne me satisfais pas, non plus, de vivre dans un monde où tout est relatif et permis au point que le pouvoir politique doive renoncer à proclamer toute espèce de norme morale.

Dans mon livre, j’explique que les musulmans affirment ne pas savoir vivre dans un monde qui bafoue l’autorité parentale, qui accepte que les enfants soient inondés de pornographie ou consomment de la drogue, qui atomise la cellule familiale, qui ne fait plus la différence entre le bien et le mal…

Je les comprends, un chrétien non plus.

Et je remarque même que ceux qui ne sont ni l’un ni l’autre ont un mal infini à vivre dans un monde pareil.


mardi 27 novembre 2018

Bulgarie - Nécropole de Varna

Bulgarie - Nécropole de Varna.
Par Wikipédia –

La nécropole de Varna est un groupement de nombreuses tombes dans la ville de Varna à l'est de la Bulgarie, au bord de la Mer Noire.
Ce cimetière contient les objets d'or les plus anciens jamais découverts à ce jour : entre 4600 et 4200 ans av. J.-C..


 
Vidéo - Trésors de la Bulgarie

 Vidéo - Nécropole chalcolithique de Varna

Cette nécropole est riche en artéfacts archéologiques car elle se trouve sur un site occupé sur une longue période :

Aux âges de bronze et de fer : les Thraces ;
au VIe siècle av. J.-C. : fondation d'Odessos par les Grecs ;
au Ier siècle : les Romains ;
au IVe siècle : le début du christianisme ;
au VIIe siècle : Les premiers Bulgares.
Il y a été retrouvé de nombreux vestiges de l’époque préhistorique (Néolithique, Chalcolithique) sur une surface de 3 500 m².

La nécropole est découverte en 1972 à côté du lac de Varna ; des fouilles y ont été menées par M. Lazarov et I. Ivanov de 1972 à 1979, mettant au jour près de 280 tombes et conduisant à la découverte de nombreuses pièces : bijoux (bracelet, colliers de perles, diadèmes, parures raffinées, les deux parties d’une ceinture), monnaies, armes et outils (sceptres en or, haches et pointes de javelot), céramiques finement décorées, notamment un réchaud.

 Vidéo - Trésors de la Bulgarie

En 2016, 293 tombes sont répertoriées.

Des plaques à l’effigie d’animaux ont été retrouvées, qui sont sans doute des objets d'un culte lié à l’élevage, ainsi que des applications convexes demi-rondes ou rondes pour le culte du soleil.

Plus de 3000 objets furent inventoriés, représentant plus de 6 kg d'or.

En octobre 2007, une nécropole d'époque romaine a été découverte avec trois sarcophages du IIe siècle1.

On a aussi découvert des lames de silex de 45 cm. Leur excellent état montre qu'il ne s'agissait pas d'outils mais plutôt de marques d’un statut social élevé.

Pratique funéraire

Avec ce site, les pratiques funéraires de l’époque ont pu être étudiées ; on note notamment la présence : de fausses tombes uniquement emplies d’objets et parfois de masques ou de cénotaphes, de tombes à inhumation allongée sur le dos (généralement pour les hommes), de tombes plus classiques pour l’époque avec des corps en position repliée

.
Ces tombes sont des fosses rectangulaires à même la terre, sans aménagements particuliers.
Seuls leurs angles sont arrondis. Elles mesurent près de deux mètres, contre un seul mètre dans les sites connus de même époque, et sont tournées suivant deux directions principales.

Civilisation

Les archéologues rattachent habituellement la nécropole de Varna à la culture de Gumelnița-Karanovo VI.

La présence de grandes richesses dans certaines tombes indique que quelques individus devaient détenir des pouvoirs politiques ou commerciaux importants ; l’un d’eux portait un sceptre.
Dans sa tombe, dite du chef, furent retrouvés 1,5 kg d’or et bien d’autres objets.
Ceci tend à montrer que la culture de Varna était hiérarchisée, avec des revenus inégalitaires.

Cette société paraît très en avance pour l'époque par rapport au reste de l'Europe : elle maîtrisait le travail des métaux (l’or et le cuivre) là où d'autres cultures d'Europe étaient encore dans une phase de Néolithique, voire de néolithisation.

De plus, le fait de trouver l’or en grande quantité et en qualité est la preuve que cette activité était organisée, ainsi que des échanges de longues distances pour l'approvisionnement en minerai.
Une partie de cette production était tournée vers des activités commerciales de type troc, comme le montre la présence de parures en coquillages sur le site.

Certains scientifiques pensent que cette civilisation florissante a été dispersée par la montée drastique et très rapide (de 1 m à 1,5 m) du niveau des mers et particulièrement de la mer Noire autour du 5e millénaire Av. JC, événement qui aurait provoqué de gigantesques inondations dans la région et chassé plus de 150 000 personnes.

Le musée d'archéologie de Varna

Fondé en 1901, le musée archéologique de Varna a ouvert ses portes au public en 1906.
La collection actuelle comprend plus de 60 000 artefacts témoignant de toutes les occupations du territoire depuis le Paléolithique (dès 100 000 ans avant le présent) jusqu'en l'an 1700.
………………







lundi 26 novembre 2018

Egypte - Bataille de Qadesh

Bataille de Qadesh
Par Wikipédia.

La bataille de Qadesh (ou Kadech) est une bataille qui a eu lieu aux environs de 1274 av. J.-C. et qui a opposé deux des plus grandes puissances du Moyen-Orient : l'empire hittite de Muwatalli, dont le centre était en Anatolie centrale, et le Nouvel Empire égyptien de Ramsès II.


Cette bataille s'est déroulée aux abords de Qadesh, dans le sud de l'actuelle Syrie.
Son résultat est discuté parce qu'il semble indécis.


Bien qu'ayant commencé à l'avantage des Hittites, elle se solde par un renversement de situation en faveur des Égyptiens, mais il est parfois considéré que les Hittites sont vainqueurs si on tient compte des gains territoriaux obtenus après le conflit.

Scènes de la bataille de Qadesh gravées sur le premier pylône du Ramesséum(Thèbes).


La bataille de Qadesh est la première bataille documentée par des sources antiques, des textes et des images gravés sur les murs de temples égyptiens sur l'ordre de Ramsès II.

Grâce à la précision des sources égyptiennes, elle est devenue un objet d'étude pour nombre d'amateurs, chercheurs spécialistes en sciences militaires et historiens.

Elle est également un objet d'étude sur la propagande et l'idéologie royale au travers de son impressionnante commémoration par Ramsès II qui la voit comme une victoire personnelle même si elle n'est pas vraiment un succès pour son royaume.
L'absence de comptes rendus hittites de la bataille laisse cependant un point de vue biaisé sur celle-ci.

Temples égyptiens

Très peu de temps après la bataille, Ramsès II ordonne sa commémoration sur les murs de plusieurs de ses temples, témoignant de l'importance de l'événement pour son règne.

La bataille de Qadesh est décrite dans cinq temples différents : dans un état fragmentaire sur deux murs du temple de Rê à Abydos, sans doute la plus ancienne version ;
- en deux endroits dans le temple d'Amon à Karnak ;
- en trois emplacements dans le temple d'Amon à Louxor ;
- deux dans chacune des grandes cours du Ramesséum, le temple funéraire de Ramsès II à Thèbes-Ouest ;
- et enfin une présentation plus courte dans la première salle hypostyle du temple principal d'Abou Simbel en Nubie.
Des copies de ces textes sur papyrus en hiératique ont également été retrouvées4.

Textes

Trois textes commandités par Ramsès et répétés en plusieurs exemplaires rapportent la bataille de façon différente :

Le Poème de Pentaour est un récit épique de la bataille que Ramsès II a fait écrire après le combat par le scribe Pentaour.

Il s'agit d'un long texte, dont subsistent huit copies en différents temples ainsi que d'autres sur des papyri.
C'est la présentation la plus détaillée du combat, mais aussi la plus poétique et la plus romancée, celle qui met le plus en avant les qualités du roi et surtout son lien avec le dieu Amon.


Le Bulletin est un texte plus concis dont il existe sept copies en bas-relief, aux côtés de celles du Poème. Il sert de commentaire aux représentations sur bas-relief.
Les légendes des bas-reliefs constituent une troisième source écrite.
Ces commentaires des représentations figurées de la bataille fournissent parfois des informations non rapportées par les deux textes.

Bas-reliefs

Séthi Ier au combat, du temple d'Amon-Rê de Karnak.

La Syrie à l'époque de la bataille de Qadesh.

Localisation des régions et principales villes de l'Anatolie hittite.


Les bas-reliefs des temples égyptiens ont été beaucoup utilisés par les rois de la XIXe dynastie pour commémorer leurs exploits militaires. Ramsès II suit en cela l'exemple de son père Séthi Ier qui a fait représenter sa victoire sur les Hittites sur les murs de Karnak.

Un char de guerre hittite monté par deux guerriers, bas-relief de Carchemishreprésentant une scène de chasse. Musée des civilisations anatoliennes d'Ankara.


Parmi les différentes campagnes de Ramsès mises en image sur les murs, celle de Qadesh est la plus attestée.

Ces représentations imagées sont en relation étroite avec le Poème et le Bulletin qu'elles illustrent, tandis que les légendes apportent des précisions pour leur compréhension.

Schéma de la position et des mouvements des différentes unités militaires au moment de l'offensive surprise des chars hittites, selon la description égyptienne et les propositions d'A. Spalinger.


Les bas-reliefs sont traditionnellement divisés en plusieurs parties représentant des moments clés de la bataille.
Un premier groupe de scènes est constitué par les événements se déroulant dans le camp égyptien et un second concerne la bataille à proprement parler.

Bague en or du Nouvel Empire représentant deux chevaux qui pourrait être une commémoration de ceux qui ont tiré le char de Ramsès IIlors de la bataille de Qadesh, Musée du Louvre.


Sont particulièrement mis en avant le camp égyptien et le conseil de guerre précédant la bataille, puis l'attaque hittite et surtout la réaction du roi qui défait ses adversaires sur son char, et la débandade de l'armée hittite.

D'autres tableaux représentent le roi capturant des prisonniers, et les offrandes qu'il effectue aux dieux lors de son retour en Égypte pour les remercier de lui avoir accordé la victoire.

Le siège de Dapour par Ramsès II et ses troupes, d'après un bas-relief du Ramesseum.


Ces scènes narratives remarquables visent avant tout à magnifier les exploits du roi, tout comme les textes, mais elles apportent des représentations vivantes et dramatiques des événements comme la bastonnade des patrouilleurs hittites capturés ou encore la situation pathétique des vaincus lorsqu'ils sont repoussés vers les zones marécageuses et se noient.

Copie de la version du traité égypto-hittite retrouvée à Hattusa (Musée archéologique d'Istanbul).


Elles rapportent des faits délaissés par les textes, comme le rôle des Na'arin. Ces documents permettent également de mieux connaître l'organisation, l'armement et les techniques de combat.

Ramsès II maîtrisant des prisonniers ennemis, temple principal d'Abou Simbel.


Sources hittites

Aucun texte hittite décrivant la bataille de Qadesh n'est connu.
Muwatalli II n'a pas laissé de texte officiel commémorant ses campagnes militaires, mais le conflit l'ayant opposé à Ramsès II est néanmoins mentionné dans des textes émanant de ses successeurs :
- l'Apologie et un décret de son frère Hatusili III qui était présent sur le champ de bataille, ainsi que le prologue historique du traité conclu entre le fils de ce dernier, Tudhaliya IV, et le roi Shaushgamuwa d'Amurru.

 Les dieux Seth et Horus couronnant Ramsès II, petit temple d'Abou Simbel.


La bataille de Qadesh semble évoquée dans des lettres envoyées par Ramsès II à Hattusili III, mais il s'agit de sources provenant d'Égypte, qui de toute manière sont dans un état trop lacunaire pour être bien comprises.

Le conflit égypto-hittite

Au début du XIIIe siècle avant notre ère, les Égyptiens et les Hittites sont en relation conflictuelle depuis plus d'une vingtaine d'années.

Les deux pays se disputent la domination sur plusieurs principautés de Syrie, région riche mais fragmentée politiquement, ce qui facilite les intrusions des grands royaumes voisins qui se la disputent depuis plus de deux siècles.

Les deux royaumes entretenaient pourtant des relations cordiales auparavant : sans frontière commune durable, ils ont longtemps entretenu chacun de leur côté une rivalité contre le royaume du Mitanni qui dominait la majeure partie de la Syrie.
L'alliance entre l'Égypte et le Mitanni n'entache pas les bonnes relations entre rois égyptiens et hittites.

L'équilibre est vraiment rompu par les campagnes du monarque hittite Suppiluliuma Ier contre le Mitanni dans les années 1340-1330 av. J.-C., qui se soldent par la désagrégation du royaume mitannien et l'établissement de la domination hittite sur la majeure partie de la Syrie.

Plusieurs vassaux égyptiens basculent même dans le camp hittite, comme l'Amurru et Qadesh, mais il ne semble pas que le pharaon de l'époque, Akhénaton, ait jugé nécessaire de combattre pour les récupérer.

Le conflit entre l'Égypte et le Hatti éclate, selon les sources hittites, à la suite de l'affaire de la demande d'une reine égyptienne, sans doute Ânkhésenamon, veuve de Toutânkhamon, qui réclame à Suppiluliuma un de ses fils en mariage pour en faire le roi du pays égyptien.
Après des hésitations le roi hittite accepte la proposition et envoie son fils Zannanza comme promis à la reine, mais il est assassiné en chemin.

Le roi hittite choisit alors d'entrer en conflit contre l'Égypte en dépit du traité d'amitié qui lie les deux pays depuis longtemps.

Les conflits, menés par les fils du roi hittite vieillissant, ne donnent pas lieu à des résultats significatifs.
La réplique égyptienne aux progrès hittites ne vient qu'avec Horemheb, considéré comme le dernier pharaon de la XVIIIe dynastie.
Il soutient une révolte de plusieurs vassaux hittites, notamment Qadesh et Nuhasse, qui sont difficilement soumis par les troupes hittites menées par des princes hittites (notamment celui de Karkemish).
Le roi Mursili II intervient par la suite en personne pour rétablir la cohésion parmi ses vassaux, en concluant plusieurs traités de paix avec eux.

Mais la situation change, et les Hittites sont désormais sur la défensive face aux Égyptiens.
Séthi Ier, deuxième pharaon de la XIXe dynastie, veut mener la revanche égyptienne en reprenant les vassaux perdus.
Il commémore sa victoire contre les Hittites par une inscription accompagnée de relief dans un temple de Karnak.

Il réussit à s'emparer de Qadesh, alors que le roi Bentesina d'Amurru rallie son camp.
Les troupes hittites vaincues à ce moment sont sans doute dirigées par le vice-roi de Karkemish qui supervisait la domination hittite en Syrie, le roi Muwatalli II étant alors retenu en Anatolie occidentale où il doit mater des rébellions jugées sans doute plus menaçantes que la situation en Syrie, en dépit du fait que son autre adversaire dans la région, l'Assyrie, progresse également.

La réaction hittite est lente. Qadesh revient dans l'orbite hittite dans les années qui suivent, dans des conditions méconnues car les sources hittites ne documentent pas ces événements.

À l'avènement de Ramsès II vers 1279 av. J.-C., seul l'Amurru est resté dans le camp égyptien, mais Muwatalli accentue la pression pour le faire revenir dans son camp.

Les trois premières années de règne du nouveau pharaon sont consacrées à des affaires internes, puis il passe à l'action en 1275 av. J.-C. en menant une première campagne vers l'Amurru, en passant sans doute par la mer, laissant au passage une stèle à Nahr el-Kelb (sur le littoral du Liban central).

Cette expédition vise sans doute à démontrer qu'il soutient son vassal face aux Hittites.
Les deux adversaires préparent leurs troupes pour l'année suivante, et c'est à ce moment que débutent les récits de la bataille de Qadesh laissés par Ramsès.

Les objectifs

La bataille de Qadesh est généralement présentée comme ayant pour but la domination de la ville de Qadesh : les Égyptiens veulent la reprendre alors que les Hittites veulent la conserver, après l'avoir récupérée à la suite du conflit contre Séthi Ier.
Les textes égyptiens ne mentionnent pas explicitement cet objectif : si c'était bien le but de Ramsès, il est logique qu'il n'apparaisse pas dans les textes à sa gloire, n'ayant pas été rempli.

Les ruines de Qadesh sont couramment identifiées à celles du Tell Nebi Mend, aujourd'hui au sud-ouest de la Syrie près de la frontière libanaise, 25 kilomètres au sud de Homs.
C'est sans doute un vassal intéressant de par sa position : Qadesh dispose d'une situation avantageuse sur l'Oronte qui coule du sud vers le nord et constitue une artère commerciale importante, ouvrant au sud sur la plaine de la Bekaa.
Vers l'ouest, la côte méditerranéenne (le long de laquelle s'étend l'Amurru) est accessible par la « trouée de Homs », affaissement situé entre le Djébel Ansariyé et le Mont Liban.
C'est donc une ville de carrefour.

Mais le seul objectif explicitement connu à cette bataille est celui des Hittites, l'Amurru.
Ce royaume est situé vers le nord-ouest, autour du Djébel Ansariyé, et le long du littoral.
C'est un ancien vassal de l'Égypte passé dans le camp hittite, puis à nouveau dans celui de l'Égypte.
Le traité conclu environ un demi-siècle après la bataille entre son roi Shaushgamuwa et le hittite Tudhaliya IV (neveu de Muwatalli), rappelant le conflit entre Muwatalli et Ramsès, désigne clairement ce royaume comme objectif des Hittites :

« Quand Muwatalli, le frère du père de Mon Soleil (Tudhaliya), le peuple de l'Amurru l'a trahi et lui a dit :
« D'hommes libres nous sommes devenus des vassaux.
Mais désormais nous ne sommes plus tes vassaux ! »
Et ils ont suivi le roi d'Égypte. Alors Muwatalli, le frère du père de Mon Soleil, et le roi d'Égypte se sont affrontés pour le peuple de l'Amurru. »

— Traité entre Tudhaliya IV et Shaushgamuwa.

Il s'agit logiquement pour les Hittites de récupérer un vassal perdu.
Il se peut également que la défense de son vassal soit l'objectif premier de Ramsès, qui ne chercherait pas alors à prendre Qadesh mais veut seulement traverser son territoire sans projet de l'assiéger.

Quoi qu'il en soit, l'enjeu de la bataille dépasse le simple conflit territorial : les deux camps souhaitent apporter la preuve de leur supériorité sur l'adversaire sur le champ de bataille pour pouvoir affirmer l'hégémonie sur la Syrie.

Cette région est au cœur des rivalités durant le Bronze récent.
Aucune grande puissance n'en est originaire depuis la chute d'Alep (Yamkhad) au début du XVIe siècle av. J.-C. et elle est morcelée entre des petites principautés incapables de rivaliser avec les grands royaumes les entourant (les Hittites, l'Égypte, le Mitanni puis l'Assyrie).

En dépit de leur faiblesse politique, ces petits États sont souvent riches, grâce à leurs productions agricoles et surtout leur commerce, car ils sont situés aux débouchés de routes essentielles pour l'approvisionnement des régions voisines en divers métaux, notamment l'étain venu d'Iran, essentiel pour la réalisation d'objets en bronze qui est encore le métal le plus forgé pour les outils et les armes de cette période.

Préparatifs et forces en présence

Du côté égyptien

Les troupes de Ramsès quittent l'Égypte vers mars-avril, le 9e jour du 2e mois de Shemou selon le calendrier égyptien, depuis la ville Pi-Ramsès située à l'est du Delta du Nil et en direction de Qadesh et de l'Amurru.

Les troupes égyptiennes sont dirigées par un état-major où le roi occupe le rang de commandant en chef, assisté par le vizir, un ministre chargé de la guerre ainsi que plusieurs généraux et les fils de Ramsès qui doivent être formés à l'art militaire en suivant leur père.
Ce conseil se réunit avant le combat dans la grande tente qui domine le campement égyptien.

Les troupes sont constituées de quatre « divisions » portant le nom d'une divinité : respectivement les divisions d'Amon, Rê, Ptah et Seth, les quatre principaux dieux de la monarchie à cette époque, dont elles portaient les bannières.

Elles sont respectivement basées à Thèbes, Héliopolis, Memphis et Pi-Ramsès. Chaque division est dirigée par un commandant en chef, et dispose également de ses services de logistique assurés par des scribes, ainsi que des hérauts qui assurent la communication entre les différentes composantes de l'armée, en particulier pour la transmission des ordres des supérieurs.

On estime qu'elles constituent chacune une force d'environ 5 000 soldats, qui sont des guerriers de métier disposant de ressources régulières (rations, salaires ou terres de service) et de conscrits.

Le gros de chaque division est composé d'environ 4 000 soldats d'infanterie, regroupés en environ 200 compagnies dirigées par des « porte enseignes » et elles-mêmes subdivisées en sections de 50 hommes dirigées par des officiers.

Les fantassins disposent de boucliers de cuir, de massues, de haches, de lances, de javelots, de dagues et d'épées recourbées (khepesh).
Les troupes de choc sont les escadrons de chars légers à deux roues, montés par deux soldats, un conducteur et un archer qui dispose également d'autres armes pour le combat rapproché, et tirés par deux chevaux.
Ils sont peut-être 500 par divisions, eux-mêmes regroupés en unités de 25 chars.

Les officiers encadrant les chars de combat sont parmi les plus prestigieux de l'armée égyptienne : le « lieutenant de charrerie », le « directeur des chevaux » et d'autres.
C'est une force plus conséquente que celle de Séthi qui avait mobilisé trois divisions lors du précédent conflit contre les Hittites, et encore plus que celle dont Thoutmosis III disposait à Megiddo où il avait mobilisé « seulement » 924 chars.
Les chars légers sont les troupes de choc des champs de bataille du Moyen-Orient de l'Âge du Bronze récent, utilisées pour lancer les premières offensives avant que l'infanterie ne prenne le relais.

En plus des quatre divisions, l'armée égyptienne compte d'autres troupes, notamment des auxiliaires, les mercenaires Shardanes, un des futurs « Peuples de la mer », qui sont d'anciens captifs de guerre que le roi a intégré à ses propres troupes en raison de leur qualité militaire, notamment leurs armes spécifiques, comme leurs épées longues.

Ils sont encadrés par des officiers Égyptiens.
Le dernier corps mentionné est celui des troupes dites Na'arin, souvent évaluées de façon arbitraire à 2 000 hommes environ.

Leur origine n'est pas expliquée et est débattue : il a été proposé de les voir comme des troupes égyptiennes (peut-être une unité d'élite) ou bien des troupes d'Amurru ou recrutées plus largement en Canaan.

On ne sait donc pas exactement s'ils ont accompagné le reste des troupes depuis l'Égypte, ou encore s'ils sont arrivés sur le champ de bataille depuis le littoral et ont rejoint le reste de l'armée au moment de la bataille depuis l'Amurru.

Cela constitue au total une force de plus de 20 000 hommes, peut-être 25 000, à laquelle il faut ajouter la logistique qui n'est pas comptabilisée dans les données des textes antiques qui ne s'intéressent qu'aux combattants.

On notera que les vassaux égyptiens du Levant ne sont pas mentionnés, y compris l'Amurru, à moins qu'il ne faille les voir derrière les Na'arin.
Il convient au moins d'admettre qu'ils ont apporté un soutien logistique à l'armée de leur suzerain via le système tributaire.
Ce dernier dispose également de garnisons permanentes installées dans ses dépendances, peu nombreuses mais qui peuvent avoir eu un rôle d'informateurs et de logistique.

Du côté hittite

Les textes égyptiens et les reliefs décrivent en détail les troupes mobilisées par les Hittites.
Muwatalli aurait levé des contingents parmi tous ses vassaux ainsi que des moyens financiers considérables pour les équiper :

« Le vil ennemi du Hatti avait rassemblé autour de lui tous les pays étrangers, jusqu'aux confins de la mer : le pays du Hatti était venu tout entier, le Naharina (sans doute le Mitanni) de même, l'Arzawa, Dardanya, les Gasgas, les gens de Masa, les gens de Pitassa, d'Arawanna, Karkisa, Lukka, Kizzuwatna, Karkemish, Ugarit, Qode, le pays de Nuhasse tout entier, Mushanesh et Qadesh.

Il n'avait laissé aucun pays qu'il n'ait amené parmi toutes ces lointaines contrées, leurs chefs étaient là avec lui, chacun avec son infanterie, et sa charrerie, une formidable multitude, sans pareille.
Ils recouvraient les collines et les vallées, ils ressemblaient à des sauterelles, à cause de leur grand nombre.
Il n'avait laissé aucun argent dans son pays, il en avait dépouillé toutes ses possessions, pour le donner à l'ensemble des contrées étrangères, afin de les amener combattre avec lui »

L'identification des pays mobilisés n'est pas toujours certaine.

Après le Hatti le texte mentionne le Naharina qui correspond sans doute au Mitanni qui est alors devenu un vassal des Hittites, puis les pays de l'ouest et du nord anatolien soumis depuis le règne de Mursili II.

Le premier et plus important est l'Arzawa, est évoqué en dépit du fait qu'il ne soit plus de réalité politique à cette époque car il a été éclaté entre trois entités politiques (Hapalla, Mira-Kuwaliya et le Pays de la rivière Seha).

Dardanya (Dardanie ?) correspond peut-être à la Troade, Masa à la Mysie, les Lukkas sont assurément les habitants de la Lycie, les Gasgas sont un peuple vivant au nord du Hatti et souvent un adversaire pour celui-ci ; la localisation des autres pays de cette région, connus par les sources hittites, est incertaine.

Après le Kizzuwatna qui correspond à une partie de la Cilicie, le texte énumère les vassaux syriens des Hittites, dont Qadesh qui est repassée de leur côté, auxquels il faut rajouter Alep dont le prince est mentionné plus loin.

Il faut également évoquer l'Alshe, situé dans l'est anatolien, son prince étant figuré dans les bas-reliefs.
Les légendes, textes et images évoquent en effet divers personnages éminents entourant Muwatalli, notamment plusieurs princes vassaux, et des frères du Grand roi, même si l'un d'eux, le futur Hattusili III, n'est pas présent alors qu'on sait par un autre source qu'il participe à la bataille avec les troupes de son royaume Hakpissa.

Cela aurait donc abouti à la constitution d'une force de 19 000 et 18 000 guerriers-teher entourant le roi, et surtout 3 500 chars de combats tirés par deux chevaux et montés par 3 guerriers selon les représentations égyptiennes : - un conducteur,
- un combattant avec un arc, plus un porte-bouclier qui n'était pas présent dans les représentations antérieures et serait une innovation de l'époque.

En tout, cela ferait 47 500 combattants (et au moins 7 000 chevaux), donc une large supériorité numérique pour les Hittites.

Ces données ont manifestement pour but de glorifier l'exploit du roi égyptien, qui aurait vaincu une troupe largement supérieure en nombre à la sienne, représentant « tous les pays étrangers », ce qui correspond au topos du combat du roi défendant son royaume seul face aux forces du chaos venant de l'étranger.

La description de l'origine géographique des troupes mobilisées est généralement considérée comme fiable car elle correspond bien aux pays sous domination hittite à cette période, mais elle n'est pourtant pas certaine.

Il est surtout probable que le nombre des troupes hittites ait été gonflé, a fortiori si on prend en considération le fait que Ramsès prétend qu'ils se cachaient derrière la ville de Qadesh.
Cette modeste cité d'environ 10 hectares aurait bien eu du mal à dissimuler un camp de plus de 40 000 soldats avec sa logistique et ses milliers de chevaux qu'il fallait faire paître dans les espaces alentours.

Quoi qu'il en soit des débats sur les chiffres et l'origine des troupes, il apparaît que cette description correspond grossièrement à ce qui est connu de l'armée hittite, dont l'organisation ne se différencie pas fondamentalement de celle des autres armées du Bronze récent.

La majorité des troupes est constituée de fantassins armés d'épées, de lances et d'arcs, faits en bronze et non pas en fer comme le veut une opinion courante, et protégés par des boucliers.
Le corps d'élite est là aussi constitué par les chars de combat.
La cavalerie montée est peu développée, réservée aux missions de surveillance et d'espionnage que l'on voit sur les bas-reliefs sur Qadesh.

Les Hittites ont souvent recours aux troupes de leurs vassaux, dont les obligations contenues dans des traités de paix comportent la nécessité d'assister militairement et financièrement leur suzerain en cas de besoin.

L'encadrement des troupes hittites comprend le roi et les hauts dignitaires de la cour hittite, en particulier le Chef de la garde royale (les MEŠEDI) qui est généralement un frère du roi.
S'y joignent les rois des dynasties hittites collatérales installées dans des cités syriennes, les « vice-rois » de Karkemish et d'Alep, représentées sur les reliefs de Qadesh.
Ils jouent le rôle de relais du pouvoir hittite dans la région et sont donc au premier rang face aux Égyptiens et des Assyriens qui convoitaient la Syrie.

Les autres agents du pouvoir hittite présents en Syrie sont les « Fils du roi », qui se trouvent dans les royaumes vassaux.
Ils ont pu être actifs dans la préparation du conflit, aussi bien dans les aspects logistiques que dans ceux liés à l'information qui joue un rôle crucial dans ce conflit.

Déroulement de la bataille

Depuis leur redécouverte et leur publication, les sources antiques sur la bataille de Qadesh ont fait l'objet de nombreuses études, parfois très poussées dans l'analyse militaire et tactique.

Elles ont été initiées par l'étude fondatrice de James Henry Breasted en 1903, dont l'interprétation a par la suite été affinée par d'autres chercheurs (Raymond Oliver Faulkner, Alan Henderson Gardiner, etc.), notamment à l'aide des sources hittites.

Ils se sont rangés aux grandes lignes de la reconstruction du déroulement de la bataille par le premier : l'affrontement se déroule sur deux jours, initié par une tactique de désinformation et d'attaque surprise des Hittites, qui réussit dans un premier temps à assaillir le campement égyptien avant d'être mise en échec au soir du premier jour par la résistance égyptienne menée par Ramsès ; le second jour voit une passe d'armes qui se solde par un armistice entre les deux parties.

Cette reconstruction qui est la plus couramment admise est contestée par d'autres historiens extrêmement sceptiques sur la description donnée par Ramsès et qui proposent un déroulement alternatif, en particulier Hans Goedicke.
Selon lui, il n'y aurait pas eu d'attaque surprise hittite mais un affrontement prévu, l'ampleur de la bataille est exagérée par les textes (ce serait une simple escarmouche), mais elle aurait cependant pu durer jusqu'à trois jours.
Par commodité la version la plus courante sera suivie ici.

Les sources égyptiennes fournissent en tout cas un matériau inédit sur le déroulement d'une bataille dans la Haute Antiquité dont il serait dommage de se priver : elles décrivent les préparatifs, les forces en présence chiffres à l'appui, les différents types d'unités, les mouvements et les tactiques des combattants.
De quoi satisfaire les spécialistes d'histoire militaire.

Mais pourtant il ne faut pas oublier que le but premier de ces récits et de ces images n'est pas de raconter la bataille, mais de s'en servir pour illustrer le fait que Ramsès II est un roi idéal, aimé des dieux, au courage et à l'adresse au combat sans égaux.
 Il est donc impossible de prendre tout le contenu de ces documents pour argent comptant, de la même manière qu'il ne faut pas non plus les reléguer au rang de simple fable.

Leur analyse nécessite de lire entre les lignes, le problème étant de déterminer quelles sont les informations les plus crédibles et lesquelles sont à rejeter, ce qui peut être assez périlleux.
Cela est bien illustré par le fait que les historiens ne sont pas d'accord sur les détails du déroulement de la bataille (même ceux qui s'accordent généralement sur les grandes lignes) et aussi sur l'interprétation du résultat de l'affrontement.

L'avancée des troupes égyptiennes vers Qadesh

Les troupes égyptiennes mettent environ un mois à parvenir dans la Bekaa depuis leur départ d'Égypte, et reçoivent en chemin l'hommage de plusieurs vassaux cananéens.
Elles arrivent dans la plaine de Qadesh par la vallée de l'Oronte, et doivent traverser le fleuve à un gué situé au lieu nommé Shabtouna, une vingtaine de kilomètres au sud de Qadesh, qu'elles atteignent après avoir traversé le bois de Laboui, vraisemblablement situé sur la rive droite de l'Oronte.

Ramsès reçoit alors deux transfuges Shasou prétendant avoir quitté le camp hittite, qui disent que Muwatalli est localisé avec ses troupes à Alep, 190 kilomètres plus au nord.
Il s'agit en réalité d'une manœuvre de désinformation car l'armée hittite est déjà installée juste au nord-est de Qadesh.

Au matin du 9e jour du troisième mois de Shemou (vers le début du mois de mai), les troupes égyptiennes trompées par les agents doubles à la solde des Hittites se dirigent vers la gueule du loup.

Le roi et ses proches, avec sa garde et la division d'Amon (et peut-être les Na'arin) franchissent en premier l'Oronte au gué de Shabtouna pour se rendre sur sa rive gauche et établissent leur camp à l'ouest de Qadesh, à l'opposé de la position des Hittites qui sont stationnés au nord-est derrière la ville, apparemment invisibles depuis la position des Égyptiens.

Les bas-reliefs d'Abou Simbel montrent le campement égyptien installé, délimité par des boucliers et dominé par la grande tente où le roi tient son conseil de guerre, tandis que tout autour les soldats s'affairent à réparer leurs armes, nourrir leurs chevaux et d'autres activités, sans se douter de l’imminence du combat.
Des patrouilles sont mises en place.
Une d'elles réussit à capturer deux éclaireurs hittites qui, après une bastonnade (illustrée elle aussi sur les bas-reliefs), révèlent la position réelle de leurs troupes :

« Sa Majesté leur demanda encore : « Où est-il, lui, le prince de Hatti ?
Voyez, j'ai entendu dire qu'il était au pays d'Alep, au nord de Tunip ».
Ils répondirent à Sa Majesté :
« Vois, le vil prince du Hatti est venu avec les contrées innombrables qui sont avec lui et qu'il a acquises par force et toutes les contrées qui se trouvent dans le pays du Hatti [...].
 Ils sont pourvus de leurs armées et de leurs charreries, et sont plus nombreux que les grains de sable de la berge.
Et vois, ils se tiennent en armes, prêts au combat derrière Qadesh l'Ancienne ». »

À ce moment, la division de Rê a traversé l'Oronte et se dirige vers le camp.
À sa suite, celle de Ptah sort du bois de Laboui et marche vers le gué de Shabtouna.
Quant à la division de Seth, elle est encore plus au sud. Les lignes égyptiennes sont étirées sur une bonne quarantaine de kilomètres.

L'offensive hittite

Les stratèges hittites ont manifestement bien préparé la bataille et développé un plan qui consiste en une embuscade visant, soit à capturer ou tuer Ramsès alors privé des trois quarts de ses forces, soit à détruire l'armée égyptienne morceau par morceau, en profitant de son étalement qui la rend vulnérable tout en évitant la confrontation directe avec la totalité de l'armée ennemie.

L'attaque est déclenchée contre la deuxième division, celle de Rê, au moment où Ramsès apprend la réalité de la position de ses ennemis :

« Mais comme Sa Majesté était assise à tenir conseil avec ses officiers, le vil vaincu de Hatti s'était avancé avec son armée et sa charrerie, ainsi que tous les pays étrangers qui étaient avec lui, dans l’intention de traverser le gué au sud de Qadesh.
Soudain, ils enfoncèrent l'armée de Sa Majesté, qui progressait, ignorante du danger.
Alors l'armée et la charrerie de Sa Majesté s'effondrèrent, courant devant eux vers le nord pour rejoindre l'endroit où se trouvait Sa Majesté.
Les rangs des vaincus de Hatti encerclèrent alors la garde de Sa Majesté qui était à ses côtés. »

Les chars hittites (2 500 selon les textes égyptiens), positionnés sur la rive droite de l'Oronte, franchissent le fleuve et provoquent la déroute de la division de Rê, encore en approche du camp et qui ne peut réagir.

Ils remontent ensuite vers le nord en direction du camp égyptien où la division d'Amon n'a pas eu le temps de se placer en ordre de bataille.
Cette première partie de l'engagement est un revers cinglant pour les troupes égyptiennes.
Leur camp commence à être investi et Ramsès directement menacé.
Muwatalli, positionné de l'autre côté de l'Oronte avec l'ensemble de ses troupes à pied, peut contempler le succès de sa charrerie.

La réaction égyptienne

Le pillage du camp égyptien démobilise peut-être une partie des troupes hittites.
En tout cas, Ramsès a eu le temps de se réarmer et de mettre ses fils à l'écart. Au moins une partie de la division d'Amon est prête au combat, tandis que les Na'arin (dont la présence est peut-être ignorée de l'ennemi) rejoignent le camp à la hâte depuis le nord, créant un apport décisif pour vaincre l'encerclement des troupes égyptiennes par les Hittites, qui de leur côté reçoivent des renforts (dont 1 000 chars supplémentaires).

Dans le même temps, la division de Ptah est prévenue de l'assaut et hâte sa marche pour rejoindre le champ de bataille au plus vite.

Les récits égyptiens font alors la part belle à l'action du Pharaon, qui aurait tenu tête seul aux hordes ennemies assaillant son campement.
Il en ressort en tout cas que les troupes égyptiennes ont su renverser le cours du combat en leur faveur : les Hittites sont repoussés.

Les reliefs égyptiens illustrent leur débâcle pour en faire ressortir l'aspect pathétique : ils sont forcés de battre en retraite en direction d'une zone marécageuse où beaucoup de soldats se seraient noyés, parmi lesquels un frère de Muwatalli, ce dernier assistant impuissant à l'éparpillement et au massacre de ses troupes depuis l'autre rive de l'Oronte.

Les derniers combats et la trêve

Au soir du premier jour de la bataille, la division de Ptah rejoint le gros de l'armée, et les dernières troupes hittites sont refoulées hors du camp.
La division de Seth arrive sans encombre par la suite.
Suivant le Poème, Ramsès est alors acclamé par ses troupes pour sa bravoure au combat, mais il réagit fermement en blâmant ses soldats pour leur lâcheté.

Le lendemain, les troupes égyptiennes enfin réunies au complet et les troupes hittites encore nombreuses auraient fait une passe d'armes à l'initiative de Ramsès qui voudrait encore en découdre, mais selon le Poème ses ennemis auraient refusé l'affrontement.
La réalité de ces combats du second jour est souvent remise en question.
Quoi qu'il en soit, même s'ils ont bien eu lieu ils ne semblent pas changer le cours de la bataille.

Dans l'impasse, les deux camps cessent le combat.

Suivant la description égyptienne des événements, c'est à ce moment que Ramsès reçoit un courrier de Muwatalli qui lui demande le « souffle de vie », c'est-à-dire de lui accorder sa bénédiction en l'épargnant après sa victoire.
Il s'agit plus certainement d'une demande d'armistice proposant à Ramsès de le laisser repartir sans encombres.

Après avoir réuni son conseil, le roi égyptien accepte la proposition et repart dans son pays.
Loin de ses bases et après avoir échappé à une débâcle, il s'agit sans doute pour le Pharaon de conserver ses forces encore disponibles et de les renforcer pour ensuite revenir dans la Bekaa pour faire valoir ses prétentions.
Les deux ennemis se quittent en effet sans conclure de traité de paix : il s'agit donc d'une trêve.

Les bas-reliefs d'Abou Simbel illustrent le retour triomphal du roi sur son char, suivi par ses officiers et le reste des troupes, tandis que les soldats et les scribes comptent les mains coupées aux ennemis tués au combat de façon à les dénombrer.
Le butin semble maigre, constitué de quelques chevaux pris à l'ennemi.

Les suites de la bataille

Les derniers affrontements égypto-hittites et la conclusion de la paix

Une fois les troupes égyptiennes reparties, les Hittites réussissent à reprendre le contrôle de l'Amurru, une dizaine d'années après sa défection.
Son roi Bentesina est remplacé par un certain Sapilli, et il rejoint l'entourage du prince Hattusili.

Si on suit un récit laissé par ce dernier une fois qu'il est devenu roi, les troupes hittites lancent ensuite une offensive contre le pays d'Apu (ou Upi, Aba), dans la région de Damas, un vassal de l'Égypte.

Ramsès revient en Amurru durant la huitième année de son règne (vers 1272 av. J.-C.), et réussit à prendre la cité de Dapour, événement commémoré sur les murs du Ramesséum.
Puis il revient encore la dixième année (vers 1270).

Aucun succès durable ne ressort pour lui de ces affrontements.
Le conflit entre l'Égypte et les Hittites s'achève peu après (on ne sait pas précisément quand), sur une situation de statu quo voyant un retour aux frontières telles qu'elles étaient avant les campagnes de Séthi Ier. Ni l'Amurru, ni Qadesh ne regagnent le camp égyptien.

La situation pacifique qui s'est installée entre les deux royaumes est formalisée vers 1259 av. J.-C. par le « traité éternel » conclu entre Ramsès II et Hatusili III. Ce dernier, frère de Muwatalli, est monté sur le trône après avoir évincé son neveu Mursili III, ou Urhi-Teshub, héritier légitime mais peu solide d'autant plus qu'il était le fils d'une concubine et non de la reine en titre.
Cette usurpation a incité Hattusili à conclure un accord avec le roi égyptien, ce dernier ayant qui plus est probablement fourni l'asile à son neveu.

La situation internationale est également en train de changer, et désormais les Hittites doivent affronter la menace de l'Assyrie, qui se fait de plus en plus pressante et est plus dangereuse que l'Égypte.
Le contenu du traité est connu par une version recopiée sur les murs du Ramesséum et du temple d'Amon de Karnak ainsi qu'une version sur une tablette d'argile retrouvée dans les ruines de Hattusa, la capitale hittite.

Il contient plusieurs clauses assurant la reconnaissance de la légitimité de Hattusili par Ramsès, et met en avant la situation de paix et fraternité qu'il instaure entre les deux dynasties :

« Ramsès, Grand Roi, Roi d'Égypte, est en bonne paix et bonne amitié avec [Hattusili], Grand Roi du Hatti.
Les fils de Ramsès-aimé-d'Amon, [Grand Roi], Roi d'Égypte, seront en paix et [en fraternité avec] les fils de Hattusili, Grand Roi, Roi du Hatti, pour toujours. Et ils resteront dans les mêmes relations de fraternité [et de] paix comme nous, ainsi l'Égypte et le Hatti seront en paix et en fraternité comme nous pour toujours.
Ramsès-aimé-d'Amon, Grand Roi, Roi d'Égypte, n'ouvrira pas à l'avenir d'hostilités contre le Hatti pour y prendre quoi que ce soit, et Hattusili, Grand Roi, Roi du Hatti, n'ouvrira pas à l'avenir d'hostilités contre l'Égypte pour y prendre quoi que ce soit. »
— Traité entre Ramsès II et Hattusili III, version de Ramsès II retrouvée à Hattusa.

Par la suite, les relations entre la cour hittite et celle d'Égypte sont cordiales : des lettres retrouvées à Hattusa montrent que les deux rois correspondaient régulièrement entre eux, mais aussi les reines et les princes.
À deux reprises Ramsès prit pour épouse une fille de son homologue hittite.

Qui a gagné Qadesh ?

Du fait des évidentes exagérations des documents égyptiens relatant la bataille, le résultat final de celle-ci est discuté.
L'idée selon laquelle Ramsès II a gagné la bataille comme il le prétend est remise en cause.
S'ils dénigrent les ennemis du Pharaon, les documents égyptiens ne sont pas tendres avec leurs propres troupes, du moment que cela met encore plus en relief l'action du roi :
- ils accusent de lâcheté ceux qui n'auraient pas tenu leur rang au combat, et relèguent au second plan des corps qui ont manifestement joué un rôle décisif dans la réaction contre les Hittites, comme les Na'arin (dont le rôle est rétabli par les bas-reliefs).

Des défaillances dans l'appareil militaire égyptien sont également décelables : le fait que les Égyptiens soient facilement tombés dans le piège tendu par leur adversaire, s'il ne s'agit pas d'une invention des récits, tant l'idée que l'armée hittite ait pu se cacher est étonnante, ainsi que la débandade d'une partie des troupes qui s'est ensuivie. Ils sont imputables au moins en partie au chef de l'armée en personne.

Assurément, le conflit dont fait partie la bataille de Qadesh a été perçu comme une victoire par les Hittites, comme le montrent les deux documents datés des règnes de Hattusili III et de Tudhaliya IV déjà évoqués, qui disent que les troupes égyptiennes ont été vaincues du fait du résultat final voyant l'Amurru revenu dans le giron hittite.

Pour autant, le déroulement du combat rapporté par les sources égyptiennes, qui est généralement considéré comme fiable, montre plusieurs échecs hittites : en dépit de leur supériorité numérique, du choix du terrain et de leur succès initial dû à une stratégie bien pensée, ils ne sont pas en mesure d'infliger une défaite totale à l'adversaire alors qu'elle leur semblait promise.

La bataille a donc pu être présentée par les historiens comme une victoire égyptienne ou du moins comme un succès tactique, mais le résultat final est souvent vu de façon nuancée, comme une demi-victoire ou bien une victoire pour aucun des deux, donc une impasse.

Le fait que les Égyptiens n'aient aucun gain territorial mais au contraire perdent la domination sur l'Amurru interdit en tout cas de voir le conflit comme une victoire égyptienne.
S'il a peut-être gagné la bataille, Ramsès a vu son pays perdre la guerre face aux Hittites.

La mise en récit de la bataille : l'épopée de Ramsès II

Que l'issue de la guerre contre les Hittites ait été peu flatteuse pour les troupes égyptiennes ou pas, il est évident que Ramsès II a vu dans la bataille de Qadesh un événement fondateur pour son règne, une véritable « épreuve du feu » face à son plus grand rival, et sans cela elle ne serait pas aussi bien connue.

Le roi était alors seulement dans sa cinquième année de règne, qui avait débuté alors qu'il était encore jeune.
Cet affrontement l'a sans doute profondément marqué sur le plan personnel, parce qu'il a failli y perdre beaucoup et qu'il a dû faire montre de ses qualités.

Certains chercheurs estiment qu'il est peu probable que Ramsès ait fait autant de tapage sur une bataille s'il n'avait pas de bonnes raisons de la considérer comme une victoire sur le plan personnel.
Quoi qu'il en soit, la propagande égyptienne a transformé cette bataille pas franchement glorieuse pour son armée en victoire légendaire.

De ce fait, le déroulement exact du conflit peut paraître secondaire, ce qui doit ressortir des nombreux documents qui « reconstruisent » la bataille est le fait que Ramsès a eu l'occasion d'y prouver qu'il était unique parmi les hommes, digne de sa fonction et capable de protéger l'Égypte seul dans les pires circonstances.

Les récits relatifs à cette bataille s'inscrivent dans un type de récit qui a été qualifié de « Conte royal » (en allemand Königsnovelle) courant sous le Nouvel Empire sous des formes très différentes, par exemple dans le récit de la victoire de Kamosé contre les Hyksôs ou celui de la bataille de Megiddo remportée par Thoutmosis III.

Le roi se retrouve confronté à une épreuve qu'il doit surmonter seul par sa volonté d'agir, et remporte un triomphe inespéré qui prouve toute sa valeur et son éclat et donne un dénouement heureux au récit.

Les récits sur Qadesh décrivent ainsi une fable à la gloire de Ramsès II : il tombe dans le piège tendu par un ennemi fourbe, se retrouve acculé, abandonné de tous et croit sa fin proche, mais par son courage et l'appui divin il évite la catastrophe.
Tous les témoins de ses exploits (serviteurs ou ennemis) sont forcés d'admettre qu'il est unique par sa grandeur.
Cela ressort bien dans le passage du Poème relatant le retour triomphal du roi en Égypte :

« Il revint en paix vers le Pays Bien-Aîmé avec son infanterie et sa charrerie ; toute vie, stabilité et force étaient auprès de lui, les dieux et les déesses assurant la protection magique de son corps. Il avait repoussé tous les pays à cause de la crainte qu'il inspirait, tandis que sa puissance avait protégé son armée. Tous les pays étrangers louaient et acclamaient son beau visage. »
— Poème de Pentaour, traduction de C. Lalouette.

La bataille de Qadesh a cela de particulier qu'elle est illustrée par de nombreux bas-reliefs qui retranscrivent en images les récits et les accompagne de divers commentaires ; le roi y est toujours figuré plus grand que les autres personnages, seul sur son char face aux chars ennemis, pour mettre en avant sa supériorité sur les autres participants au combat.

Tout est fait pour que Ramsès apparaisse comme le rempart qui a sauvé l'Égypte contre les ennemis extérieurs symbolisant le chaos, qu'il défait tout seul au cours du combat.
Suivant l'expression consacrée, il est celui qui combat le chaos (isfet) et rétablit l'ordre juste (maât).
Le roi figure donc dans les récits sur l'affrontement de Qadesh comme digne de gouverner l'Égypte, parce qu'il était l'élu et le fils des dieux, et avant tout d'Amon.
Cela ressort explicitement dans le Poème, au moment où le monarque adresse une longue prière au dieu alors qu'il se prépare à affronter l'ennemi tout seul, l'implorant de lui venir en aide alors qu'il s'est comporté comme un souverain pieux ; le dieu intervient alors :

« Je m'aperçois qu'Amon vient à mon appel ; il me donne sa main, et je suis joyeux ; derrière moi il s'écrie : « Face à face avec toi, Ramsès-aimé-d'Amon !
Je suis avec toi, c'est moi ton père, ma main est avec la tienne.
Je vaux plus que des centaines de milliers d'hommes, moi, le maître de la victoire, qui aime la vaillance. » »
— Poème de Pentaour, traduction de C. Lalouette.

À cette période, les batailles sont vues comme des jugements divins, des ordalies dont l'issue est tranchée par les grands dieux : celui qui gagne est celui qui a leurs faveurs.
Pour illustrer cela, on trouve une représentation d'Abou Simbel dans laquelle Amon tend l'épée-khepesh de la victoire à Ramsès maîtrisant des ennemis. Dans le Poème et le Bulletin, Ramsès est présenté comme un guerrier au courage et à l'adresse au combat sans égaux, abattant avec aisance ses ennemis en les criblant de flèches depuis son char :

« Alors il (Ramsès) monta sur Nakhtemouasé (« Victoire-dans-Thèbes »), son grand attelage, se lançant au galop tout seul.
- Sa Majesté était puissante, son esprit était intrépide, et on ne savait se mettre debout devant lui.
Tout le terrain sur lequel il se tenait brûlait, et une flamme avait consumé tous les pays étrangers par sa chaleur.
Ses yeux étaient féroces depuis qu’ils les avaient vus et sa puissance crachait du feu contre eux.
Il lui était impossible de prêter la moindre attention fût-ce à un million d'étrangers, car il ne les considérait que comme des fétus de paille, quand il enfonçait les rangs des vaincus de Hatti, et des pays étrangers innombrables qui étaient avec eux,
- Sa Majesté ressemblant à Seth à la grande force, à Sekhmet au moment où elle se met en rage, Sa Majesté exterminant jusqu’au dernier homme l’armée du vaincu de Hatti, ainsi que ses nombreux officiers et tous leurs frères et tous les princes de tous les pays étrangers qui étaient venus avec lui. De leur armée et de leur charrerie les soldats se retrouvèrent tombés sur la face, l'un sur l'autre,
- Sa Majesté les tuant sur place, de sorte qu’ils formaient des rangées de cadavres devant ses chevaux,
- Sa Majesté étant toute seule, sans personne avec elle. »
— Bulletin, adapté de la traduction de P. Grandet.

Est alors portée à son paroxysme l'image du roi-guerrier du Nouvel Empire.
Le Poème fait reconnaître sa supériorité par le calame même de son adversaire Muwatalli II, dans un texte inventé pour l'occasion qui est un bon révélateur de l'idéologie royale égyptienne de la période :

« Ô souverain protecteur de son armée, vaillant grâce à son bras puissant, muraille pour ses soldats le jour du combat, roi de Haute et de Basse Égypte, prince de la joie, Seigneur du Double Pays, Ousermaâtrê-Setepenrê, fils de Rê, maître de puissance, Ramsès-aimé-d'Amon, doué éternellement de vie, ton serviteur parle, afin de faire connaître que tu es le fils de Rê, issu de son corps et qu'il t'a donné tous les pays réunis en un seul. Le pays d'Égypte et le pays du Hatti sont tes serviteurs ; ils sont tous à tes pieds ; Rê, ton père auguste, te les a donnés. »

Tout cela justifie la transformation de la bataille de Qadesh en véritable épopée de Ramsès II, qui trouvait un surcroît de légitimité dans les nombreux récits et représentations de celle-ci qu'il a commandités.
Ils ont participé à sa légende et à en faire un modèle pour les dynasties suivantes.