vendredi 22 février 2019

Armes non létales

Active Denial System – Armes non létales

Par Wikipédia.

L'Active Denial System (ADS) est un système d'armes non létales à énergie dirigée développé pour l'armée américaine par Raytheon.

C'est un puissant émetteur d'ondes millimétriques utilisé pour disperser une foule.

Le système de refus actif est une arme non létale mise au point par le programme des armes non létales du ministère de la Défense pour répondre aux besoins opérationnels des forces armées américaines sans blesser les non-combattants. Des manifestations sont organisées pour aider à informer les forces armées des capacités de la technologie non létale. (Graphique de l'US Air Force.

Fonctionnement

L'ADS émet un faisceau d'onde électromagnétique d'une fréquence de 95 GHz vers un sujet.


Quand les ondes touchent la peau, l'énergie des ondes se transforme en chaleur au contact des molécules d'eau de la peau.

Vidéo 

Une impulsion de 2 secondes porterait la peau jusqu'à une température d'environ 55 °C, causant une intense sensation de brûlure très douloureuse.
Il faudrait une exposition au faisceau de 250 secondes pour brûler la peau

Un système de refus actif (ADS) stationné à la base aérienne MacDill, Floride, le 27 janvier 2016. Le système ADS est conçu pour sauver des vies, protéger les innocents et limiter les dommages collatéraux tout en repoussant efficacement les adversaires. (Photo de l'aviation américaine Danielle Quilla, photo de l'US Air Force)

Histoire

L'ADS a été développé en secret pendant 10 ans au coût de 40 millions de dollars américains.

Son existence a été révélée en 2001, mais la plupart des détails sur les effets de l'ADS sur les humains restent classifiés.

Le 22 septembre 2004, Raytheon a obtenu une licence de la FCC pour faire une démonstration de la technologie aux forces de sécurité, aux militaires et aux organismes de sécurité

En juillet 2010, l'ADS a été déployé en Afghanistan, mais n'a pas été mis en service.
Les rapports de l'époque ont noté les problèmes opérationnels avec le système, comme le fait qu'il a fallu 16 heures pour le faire démarrer.

En 2012, un centre de recherche en Russie indique qu'il travaille sur cette technologie.

En novembre 2014, une entreprise chinoise présente un système utilisant cette technologie6.

Stephen MIHM, professeur d'histoire à l'université de Georgie, a été invité récemment au Pentagone pour visionner un film présentant les tests de nouvelles armes, puis pour voir des démonstrations de certaines de ces armes. Je décris (Daniel MARTIN) ici brièvement les armes dont il parle.

Active Denial System

Ce système ressemble à une parabole d'antenne satellite un peu trapue. Lorsqu'un soldat appuie sur une détente, il émet un faisceau d'énergie électromagnétique très douloureux pour ceux qu'il frappe, mais qui ne cause aucune blessure permanente.

Armes à énergie dirigée en cours de développement

Il s'agit de projecteurs d'énergie sous forme de rayonnements électromagnétiques ou laser, capables de griller le câblage électrique d'un véhicule ou de frapper et de désorienter des gens avec des éclairs lumineux violents.

L'Active Denial System fait partie de cette catégorie, mais avec une longueur d'onde qui brûle la surface de la peau. Sa portée est supérieure à celle d'une arme de poing.

Armes incapacitantes

Une nouvelle famille d'armes incapacitantes empêchent des ennemis de combattre, sans les blesser ni détruire les objets qui les entourent. Cette famille comprend:

- des canons à plasma qui assomment et désorientent les gens atteints;

- des projectiles qui explosent devant leur cible, avant de l'atteindre, en l'aspergeant d'un liquide visqueux qui bloque les mouvements humains, ou en bombardant les hommes de petites billes de caoutchouc douloureuses ou d'un nuage de poivre irritant, ou en les aspergeant d'un liquide malodorant…

Filets à pointes

Un tel filet, de la taille d'un couvre-lit, posé sur une route, arrête un gros camion en quelques mètres, ses roues bloquées par le filet. Les Marines s'en sont servi avec succès récemment à Haïti. Il permet notamment d'arrêter un véhicule bourré d'explosifs suffisamment loin pour que son explosion fasse peu de dégâts.

Un filet du même type peut être tiré par un canon spécial en direction d'un petit bateau qui s'approche d'un navire à protéger, pour bloquer ses hélices. Si on en avait disposé lors de l'attaque du destroyer USS Cole, on aurait évité une dizaine de morts et un gros trou dans la coque.

Mobility Denial System

Il s'agit d'un liquide qui peut être lancé à partir d'un réservoir, porté par un soldat sur son dos ou monté sur un véhicule.
 Il a le coefficient de frottement de la glace mouillée.
La zone qu'il recouvre devient infranchissable.
On ne peut pas la traverser à pied, ou avec un véhicule, tellement elle est glissante.
Cela empêche aussi un avion d'atterrir ou de décoller.
Un homme ne peut même pas y tenir debout.

Une variante a l'effet contraire: c'est une colle instantanée, qui empêche tout mouvement d'un homme qu'elle atteint.

Modular Crowd Control Munition

Ce dispositif lance des centaines de petites balles en caoutchouc, avec une force telle qu'elles piquent les personnes atteintes de manière douloureuse, mais non fatale.

M1006 Sponge Round

Ce projectile à pointe en mousse peut frapper violemment. Il est déjà déployé.

Armes bivalentes

Certaines armes comme le XM29 lancent deux types de projectiles, l'un mortel, l'autre non.
Elles sont destinées aux troupes de maintien de l'ordre, qui peuvent avoir à faire face à des situations de type émeute comme de type attaque.










Le fils du Titan

- Prométhée.
Par mythologica.fr.

Prométhée, le bienfaiteur de la race humaine, que certains considèrent comme faisant partie de la famille des Titans, est le fils du Titan Japet et de l'Océanide Clyméné.


Cliquez sur l'image pour voir le diaporama :
Création de l'homme par Prométhée (Athéna se tient à gauche), bas-relief en marbre, Italie, IIIe siècle, musée du Louvre

Toutefois Eschyle le considère comme le fils de  la sage Thémis, seconde épouse de Zeus, qui lui aurait enseigné la sagesse et lui aurait confié quelques secrets capables de troubler la quiétude de l'Olympe.

Tous les dieux et déesses sont autour de Prométhée, assis à la tête de l'homme qu'il vient de créer. Sarcophage romain du ive siècle, Musée archéologique national de Naples. Jebulon — Travail personnel

 Selon une tradition minoritaire, le Géant Eurymédon abusa d'Héra alors qu'elle était encore dans sa famille; elle conçut Prométhée.

Prométhée enchaîné avec l'aigle ; à gauche son frère Atlas (Kylix laconien à figures noires du peintre Arcésilas de Cerveteri, vers -560/-550, Musée du Vatican, Rome) - Karl-Ludwig Poggemann

Alors quand Zeus, après avoir épousé Héra, eut vent de cette histoire, il rejeta Eurymédon au fond du Tartare et profita de la première occasion pour faire enchaîner Prométhée.

Héra et Prométhée, intérieur de coupe de Douris, début du ve siècle av. J.-C., Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale de France
Douris — Jastrow (2006)

Prométhée avait trois frères :

Atlas porteur de Wikipédia - Xhienne

Atlas se révolta contre Zeus et reçut comme châtiment de soutenir la voute céleste;
Epiméthée (Celui qui réfléchit après coup) épousa Pandore;

cratère à volutes était utilisé pour mélanger le vin et l’eau, conformément à la pratique grecque du symposion, où l’on évitait le vin pur.
L’une de ses faces présente un décor rare : il montre la naissance de Pandore.
De gauche à droite, apparaissent Zeus, Hermès, Épiméthée et Pandore.

Ménoetios lutta contre les Olympiens, il fut foudroyé par Zeus et envoyé dans l'Erèbe ou le Tartare, en châtiment de « sa méchanceté et de son audace sans mesure » (Théogonie, 510-515).

Les divinités grecques primordiales issues du Chaos (mythologie) du mythe fondateur de la mythologie grecque et de la Grèce antique - Matteo.Richon

Le rusé

Prométhée, (Celui qui réfléchit avant), qui était plus avisé qu'Atlas ou Ménoetios, avait gardé une neutralité prudente au début de la Titanomachie, puis ayant soupçonné l'issue de la révolte de Cronos il préféra combattre aux côtés de Zeus; il persuada Epiméthée d'en faire autant.

Les Titans enchaînés dans le Tartare. Illustration du livre la Divine Comédie de Dante — Les Enfers, par Gustave Doré (1857).
Gustave Doré (1832 – 1883)

Il était, à la vérité, le plus avisé de toute sa race, et Athéna, à la naissance de laquelle il avait assisté lorsqu'elle avait jailli toute armée de la tête de Zeus, lui enseigna l'architecture, l'astronomie, les mathématiques, la navigation, la médecine, la métallurgie et bien d'autres arts forts utiles qu'il communiqua aux hommes.

L'une des premières représentations de Zeus trônant. Coupe laconienne du Peintre de Naucratis (vers 560 av. J.-C.), musée du Louvre.

Prométhée épousa Pronoia une Océanide, fille d'Océan et de Téthys, ou une Néréide, fille de Nérée et de Doris et de leur mariage naquit Deucalion, héros du déluge.
Toutefois le scholiaste d'Apollonius de Rhodes cite Clyméné comme épouse et ajoute un enfant du nom d'Hellen.

Olympe, par Tiepolo (milieu du xviiie siècle).

Il était admis dans l'Olympe et dans la familiarité des Immortels.
Avait-il une sourde rancune contre les destructeurs de ses frères et de sa race, ou bien avait-il d'autres motifs de s'intéresser aux humains?

Héraclès entrant dans l'Olympe accompagné par Athéna, olpè attique à figures noires, 550-530 av. J.-C., musée du Louvre.

Il est vrai qu'une tradition assez tardive faisait de Prométhée le créateur de la race humaine.
Il aurait façonné le premier homme avec de la terre et de l'eau, voire ses propres larmes, auquel Athéna insuffla la vie.

Pausanias dit avoir vu à Panopée, en Phocide, des morceaux d'argile durcie qui avaient l'odeur de la peau humaine et qui passaient pour être les restes de la glaise employée par Prométhée.

Mais cette légende est en contradiction avec l'opinion courante qui attribuait aux hommes une origine plus ancienne et plus noble.

Pindare disait « Hommes et dieux, nous sommes de la même famille ; nous devons le souffle de la vie à la même mère. »
Tant que Cronos avait régné, l'entente s'était maintenue entre les dieux et les hommes.
Hésiode raconte qu'« alors, les repas étaient pris en commun, les assemblées étaient communes entre les dieux immortels et les humains. »
Tout changea avec l'avènement des Olympiens. Zeus prétendit imposer sa suprématie divine non seulement aux anciennes divinités mais aussi aux hommes.

Il est aussi possible qu'il ait voulu compenser les bêtises commises par son frère Epiméthée.
Celui-ci avait voulu se charger de la répartition des qualités entre les animaux et les hommes qui venaient d'être créés comme le raconte Platon dans son Protagoras.
 Il dota les animaux des meilleures qualités et quand le tour des hommes fut venu il ne restait presque plus rien.

L'espèce humaine restait donc dépourvue de tout, et il ne savait quel parti prendre à son égard.
Dans cet embarras, Prométhée survint pour jeter un coup-d'œil sur la distribution.
Il trouva que les autres animaux étaient partagés avec beaucoup de sagesse, mais que l'homme était nu, sans chaussure, sans vêtements, sans défense. (Platon, Protagoras)

C'est pour cela que Prométhée jugea qu'il était indispensable que les hommes aient à leur disposition le feu pour utiliser au mieux les arts et les techniques.

Les sacrifices

Rapidement Zeus, s'irrita de voir les divers talents des hommes mais aussi de voir leurs pouvoirs s'accroître sans cesse d'autant plus que Prométhée leur avait fait profiter de tous les enseignements qu'Athéna lui avait auparavant prodigués.

Un jour, une querelle éclata à Sycione, au sujet d'un taureau offert en sacrifice: personne n'était d'accord sur les morceaux qui devaient être consacrés aux dieux et ceux qui revenaient aux hommes.
Prométhée, fut appelé pour être l'arbitre du conflit et tout le monde admis qu'une fois la règle établie, tous devraient la respecter.

Prométhée dépeça et découpa le taureau et avec la peau il fit deux sacs qu'il remplit des morceaux qu'il avait découpés.

« D'un côté il enferma dans la peau les chairs, les intestins et les morceaux les plus gras ; de l'autre, il disposa avec une perfide adresse les os blancs qu'il recouvrit de graisse luisante. »
Lorsqu'il demanda à Zeus de choisir celui-ci, facilement trompé, choisit le sac contenant les os et la graisse qui fut désormais la part réservée aux dieux.

Zeus, « ayant écarté la graisse éclatante de blancheur, devint furieux quand il aperçut les os blancs de l'animal ». Toutefois il ne put se dédire alors dans sa colère, il retira le feu inextinguible aux hommes infortunés qui vivent sur la terre.

On peut se demander comment le tout puissant Zeus ait pu se laisser berner aussi facilement et certains pensent qu'il avait déjà en tête la suite de l'histoire.

Sans le feu ...

Sans le feu, impossible de cuire les aliments, impossible de s'éclairer lorsque la nuit a jeté son manteau bleu sur la terre, impossible de se réchauffer durant les froides journées d'hiver, et impossible de forger les métaux.

Prométhée se rendit aussitôt chez Athéna et la pria de le faire entrer secrètement dans l'Olympe, ce qu'elle lui accorda.

Aussitôt qu'il y fut parvenu, il alluma une torche au char de feu du Soleil et il en détacha un morceau de braise incandescente qu'il glissa dans la tige creuse d'un fenouil géant.
Puis, éteignant sa torche, il s'enfuit sans être aperçu pour revenir sur la terre.

Dans une version alternative, l'astucieux Prométhée se rendit dans l'île de Lemnos, où se trouvaient les forges d'Héphaïstos, et il y déroba une parcelle du feu sans se faire voir.
 Il l'enferma dans une férule et retourna chez lui.

Puis il donna le feu aux hommes.
Bien entendu quand Zeus apprit que Prométhée s'était une nouvelle fois joué de lui, il jura de se venger aussi bien contre le voleur que contre les hommes qu'il protégeait.

Pandore

Zeus donna l'ordre à Héphaïstos de fabriquer une femme en argile à l'image des déesses puis les quatre Vents d'insufflèrent la vie en elle et toutes les divinités lui donnèrent un don.

Cette femme, Pandore, la plus belle qui fût jamais créée, Zeus l'envoya en présent à Epiméthée, sous la conduite d'Hermès.
Mais Epiméthée, qui avait été prévenu par son frère de n'accepter aucun cadeau venant de Zeus.

Puis Epiméthée, très ému par la beauté de Pandore, s'empressa de l'épouser.

 Peu après, elle ouvrit une jarre, que Zeus lui même avait recommandé de tenir close et dans laquelle il avait enfermé tous les maux capables d'affliger le genre humain: notamment la vieillesse, le travail, la maladie, la folie, le vice et la passion.

Tous les maux se répandirent au-dehors en une immense nuée et piquèrent Epiméthée et Pandore sur toutes les parties du corps puis s'attaquèrent aux mortels.
Cependant la trompeuse Espérance, qui était aussi enfermée dans la jarre, les dissuada d'un suicide général.

Le supplice

De plus en plus irrité par la rébellion continuelle de Prométhée, Zeus le fit enchaîner, nu, à une rocher dans les montagnes du Caucase (ou à une colonne) et un aigle (ou un vautour) lui dévorait le foie toute la journée.

Cet animal vorace faisait partie de la dangereuse progéniture d'Echidna et Typhon.
En plus il n'y avait pas de terme à sa souffrance, car toutes les nuits son foie se reconstituait.

Et Zeus pour excuser sa cruauté, fit circuler une histoire qu'il avait inventée de toute pièce: Prométhée venait sur l'Olympe pour avoir aventure amoureuse secrète avec Athéna (scholiaste d'Apollonios de Rhodes).

Malgré son supplice, Prométhée persista dans son attitude de révolte. Dédaigneux des plaintes et des prières humiliantes, il ne cessait de défier le maître de l'Olympe et d'exhaler sa haine en apostrophes violentes.
Ne détenait-il pas d'ailleurs un secret redoutable intéressant l'avenir même de Zeus ?

Le pardon

Enfin, après trente années de souffrances — d'autres disent trente mille ans — il fut, avec la permission de Zeus, délivré par Héraclès, qui tua l'aigle d'une flèche en plein cœur et rompit les chaînes du prisonnier.

Cependant, comme il l'avait un jour condamné à un châtiment éternel, Zeus stipula que pour donner l'impression d'être toujours prisonnier, il devrait porter une bague faite du métal de ses chaînes et sertie d'une pierre du Caucase, et ce fut la première bague sertie d'une pierre.

Celui-ci révéla alors à Zeus son fameux secret et lui apprit que, s'il continuait à poursuivre de ses assiduités Thétis, la fille de Nérée, il risquait de voir naître un fils qui le détrônerait.
Peu soucieux d'encourir la mésaventure de son père et de son aïeul, Zeus ne poussa pas plus avant son entreprise amoureuse et imposa à Thétis de s'unir avec un mortel, Pélée.

Pour remercier Héraclès, Prométhée lui donna quelques informations sur la façon de trouver et de cueillir les pommes d'or du jardin des Hespérides.
Pour d'autres auteurs c'est Nérée qui fournit l'information.

Prométhée cependant ne pouvait acquérir l'immortalité que si quelque immortel consentait à échanger sa destinée contre la sienne.

Or le centaure Chiron, qui avait été touché par une flèche empoisonnée d'Héraclès, désespérant de voir guérir sa blessure, demanda, pour mettre fin à ses souffrances éternelle, de se séparer de son immortalité.
Zeus accepta l'échange, et le fils de Japet prit dès lors définitivement place parmi les Immortels sur l'Olympe.

Ce don d'immortalité est difficile à comprendre puisque à priori Prométhée est immortel en tant que fils d'un Titan.
Peut-être faut-il entendre que Zeus avait promis de délivrer Prométhée de son supplice à la condition qu'un immortel consente à "mourir" pour lui.






jeudi 21 février 2019

Le logement social

Grand débat national : six acteurs du logement lancent un cri d’alarme au gouvernement.
Par batiweb - 20/02/2019.

Exceptionnellement réunis à la même tribune :
- l’Union Sociale pour l’Habitat,
- l’Association des Maires de France,
- la Fédération Française du Bâtiment,
- l’Assemblée des Communautés de France,
- France Urbaine
- Fondation Abbé Pierre ont tiré la sonnette d’alarme et demandé au gouvernement une politique plus ambitieuse pour le logement, particulièrement pour son versant social.


Affecté par la décision du gouvernement de baisser les APL début 2018 et donc de ses ressources, le secteur du logement social se porte mal.

De 120 000 logements produits par an, on pourrait très vite arriver à 65 000/an selon les estimations de la Caisse des Dépôts, soit un total largement insuffisant pour couvrir la demande de logements sociaux.

D’autres mesures négatives sont venues s’ajouter à cela, affaiblissant de moitié la capacité d’autofinancement du secteur, selon la CDC.

L’accession sociale est aussi touchée, avec la baisse de l’APL Accession, du PTZ …


Le logement social en danger

C’est donc un cri d’alarme que Jean-Louis Dumont, président de l’USH, a poussé.

Il a pointé la baisse des ressources des organismes HLM, leur capacité largement affaiblie à produire de nouveaux logements et à rénover le parc existant.

Il a rappelé que les acteurs du logement social produisent aussi des logements dits intermédiaires, destinés aux ménages dont les revenus ne leur permettent pas de postuler aux HLM et que ce segment va se trouver aussi touché.

Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, a insisté sur la récurrence du thème du logement dans le Grand Débat National, bien au-delà de la place que le gouvernement lui a accordée.

Dans les réunions auxquelles il a assisté « la question du logement revenait sans arrêt » en rappelant que « c’est le premier poste de dépense des ménages modestes » et en ajoutant que « le logement a un impact sur tous les aspects de la vie des ménages, la santé, la réussite scolaire, la ségrégation territoriale l’étalement urbain et donc le transport ... »

La bonne santé du bâtiment menacée

Jacques Chanut, président de la FFB, a rappelé les chiffres que sa propre organisation communique régulièrement.
Ceux du quatrième semestre 2018 accusent une forte baisse, avec -7,1% des logements autorisés et -7% pour ceux mis en chantier.

LCA-FFB, qui représente les promoteurs-constructeurs et donc la construction privée, indiquait, il y a quelques jours, que les ventes de maisons individuelles s’étaient effondrées en 2018.

Jacques Chanut a aussi mentionné que le secteur de la rénovation est atone et bien loin des objectifs de rénovation, notamment énergétique, de 500 000 logements par an.
 "Il faut arrêter de dénigrer systématiquement la politique du logement sous le simple prétexte d'une réduction du déficit budgétaire » a-t-il conclu.

Les collectivités locales inquiètes mais mobilisées

Les représentants des collectivités locales ont rappelé leur rôle dans la politique du logement à l’échelle des territoires et l’importance de celui-ci aussi bien pour les classes moyennes que pour la population aux revenus les plus faibles.

François Baroin, président de l’AMF, affirme que « depuis l'affaire des APL, les clignotants sont au rouge.

Par exemple Toulouse gagne 4.000 à 5.000 habitants par an.
Les besoins en logements sociaux devraient être amplifiés, or c'est tout le contraire qui se produit. »

Jean-Paul Bret, vice-président de l’Assemblée des Communautés de France, a précisé que les 1 000 intercommunalités que fédère l’ACF sont prêtes, « en fonction des spécificités territoriales, à partager avec le gouvernement des objectifs avec des obligations de résultat. »

Des propositions communes dans le cadre du Grand débat

Les six organisations se préparent à une déclaration commune pour peser dans le cadre du Grand débat.
Et Jean-Louis Dumont, président de l’USH conclut
« Il faut un pacte de construction pour un logement durable et abordable pour toutes les générations, des plus jeunes aux seniors. »

Avec la question de la rénovation thermique des bâtiments, l’adaptation de la politique du logement aux spécificités locales et la question plus générale du financement, nos six acteurs ont tout ce qu’il faut pour interpeler le gouvernement et faire entendre leur voix.

Nous ne manquerons pas de revenir vers vous dès que le texte sera rendu public.
  
Régis Bourdot
© Photo Adobe Stock et Régis Bourdot


mercredi 20 février 2019

Syrie

Un officier français critique la façon dont les États-Unis font la guerre.
Par Moon of Alabama – 18/02/2019.

Assad offre une certaine autonomie aux Kurdes.

Un double attentat à la voiture piégée (vidéo) a frappé aujourd’hui la ville d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie.

Une voiture carbonisée par un double attentat dans la ville d'Idleb dans le nord-ouest de la Syrie le 18 février 2019 - © Muhammad HAJ KADOUR

Entre 20 et 30 personnes ont été tuées et d’autres blessées.
Le gouvernorat d’Idleb est contrôlé par Hayat Tahrir al-Sham (HTS), aligné sur Al-Qaida, mais de nombreux autres groupes terroristes continuent d’exister dans la région.

Photo prise le 18 février 2019 dans le village de Baghouz, dans l'est de la Syrie, montrant un combattant des Forces démocratiques syriennes (FDS) - © Delil souleiman

Tous se disputent les ressources disponibles.

En septembre, l’accord d’Astana entre la Turquie, la Russie et l’Iran a servi de base à un cessez-le-feu dans le gouvernorat d’Idleb.

Vue aérienne de la ville d'Idleb en Syrie (image d'illustration). © Omar Haj Kadour Source: AFP

La Turquie était censée nettoyer la zone et la débarrasser de HTS – faux-nez d’Al Qaida – et des autres groupes terroristes.
Elle a déployé des soldats dans des postes d’observation fortifiés dans toute la région, mais n’a guère fait plus pour respecter l’accord.

Les présidents russe, turc et iranien s'étaient réunis le 14 février à Sotchi pour évoquer la résolution du conflit syrien. Ils avaient notamment abordé le sort de la province d'Idleb. Pour Valdimir Poutine, le maintien du cessez-le-feu «ne veut pas dire que nous devons tolérer la présence de groupes terroristes à Idleb».

Mais la Turquie ne fait pas que traîner les pieds à Idleb, elle permet aussi à de nouveaux combattants étrangers d’y pénétrer :

Selon des sources locales de la province, citées par Spoutnik, environ 1 500 terroristes ont franchi la frontière turque pour entrer à Idleb sous le couvert des autorités turques, soutenus par des agents turcs et directement supervisés par la gendarmerie turque (Jandarma) qui est affiliée à l'armée turque. ...

Un tireur armé d'une mitraillette à l'arrière d'un V-22 Osprey du Corps de la marine américain volant près d'une base d'artillerie française près d'Al Qaim, dans la province d'Anbar, dans l'ouest de l'Irak, en face de la région syrienne de Deir Ezzor, à quelques kilomètres du dernier fragment de territoire tenu par ISIS. AFP

Les sources ont indiqué que les terroristes sont de nationalités occidentales, ainsi que d'autres de nationalités est-asiatiques et arabes, qui ont été transportés vers la zone de Jisr al-Shughour, qui est sous le contrôle de terroristes chinois et turcs, tandis que les autres terroristes étrangers ont été transférés vers les camps de Jabhat al-Nusra et Hurras Eddin dans la campagne du sud et sud-est de Idleb.

ISIS s'est adapté à une menace secrète malgré la perte de la majeure partie de son territoire au Moyen-Orient - Un rapport de l'ONU indique que des insurgés utilisent des paiements mobiles en Afrique de l'Ouest pour financer leurs opérations.

Il est probable que nombre de ces nouveaux arrivants sont des terroristes d’État islamique ayant fui l’Est de la Syrie en direction de la Turquie et ont ensuite été dirigés vers Idleb.

Les terroristes du gouvernorat d’Idleb continuent d’attaquer les troupes syriennes situées autour d’eux.
Ils utilisent beaucoup de munitions et doivent avoir des lignes de ravitaillement en provenance de Turquie pour soutenir de tels combats.

Une autre réunion tenue récemment à Astana entre la Russie, l’Iran et la Turquie a confirmé l’accord de base, mais n’a pas abouti à une position commune sur la manière de procéder.

Le journal turc Hurriyet vient de publier une interview du porte-parole de Poutine, Dmitry Peskov. À propos d’Idleb, il a dit :

Q : Faut-il s'attendre à une opération à court terme sur Idleb ?

R : Nous devrions laisser cela à nos experts militaires.
Nous avons besoin d'une opération, mais nous devons décider si cette opération sera menée par la Turquie ou d'autres pays.

Nous ne devrions pas espérer conclure un marché avec les enfants d'Ahrar al-Sham.
C'est un faux espoir, ce sont des terroristes, ils sont comme Al-Nusra, ce sont les enfants d'Al-Qaïda.

Lors de la récente conférence sur la sécurité à Munich, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergej Lavrov, a également mentionné (vidéo) la situation à Idleb. Il a indiqué qu’il y aurait des patrouilles russes et turques communes dans certaines zones du gouvernorat d’Idleb, mais n’a fourni aucun détail.

Pour l’instant, tout le monde attend que les États-Unis se retirent du nord-est de la Syrie, comme l’a ordonné Trump.
Idleb ne sera attaquée que lorsque cela sera fait.

État islamique en tant qu’entité détentrice d’un territoire est terminé.
Il continuera d’exister pendant un certain temps en tant que mouvement terroriste clandestin en Syrie et en Irak et en tant que marque, que les groupes locaux d’ailleurs utiliseront pour leurs méfaits.

Depuis la fin de la semaine dernière, la dernière résistance de EI est coincée dans quelques milliers de mètres carrés.
Les États-Unis négocient de nouveau avec les terroristes au lieu de les achever :

Plus de 300 militants de État islamique, encerclés dans une toute petite région de l'est de la Syrie, refusent de se rendre aux forces soutenues par les États-Unis et tentent de négocier une sortie, ont déclaré lundi des militants syriens et une personne proche des négociations. ...

Le DeirEzzor 24, un collectif d'activistes de l'Est de la Syrie, a déclaré que plusieurs camions chargés de denrées alimentaires sont entrés dans des zones contrôlées par EI à Baghouz, Deir el-Zour, le lundi matin.

Le groupe a également rapporté qu'EI avait relâché 10 combattants des SDF, dimanche, sans préciser si l'approvisionnement en nourriture était en échange de cette libération.

DeirEzzor 24 a déclaré que la trêve conclue entre EI et les SDF, la semaine dernière, a été prolongée de cinq jours à compter de dimanche.

Un colonel français à la tête d’un groupe d’artillerie dans la lutte contre EI a critiqué la manière américaine de mener cette guerre :

Le colonel François-Regis Legrier, qui est chargé de diriger l'artillerie française de soutien aux groupes commandés par les Kurdes en Syrie depuis octobre, a déclaré que la coalition s'était concentrée sur la limitation de ses propres pertes, ce qui avait considérablement augmenté le nombre de morts parmi les civils et les niveaux de destruction.

« Oui, la bataille de Hajin a été gagnée, du moins sur le terrain, mais en refusant l'engagement sur le terrain, nous avons inutilement prolongé le conflit et ainsi contribué à augmenter le nombre de victimes dans la population », a écrit M. Legrier dans un article de la Revue de défense nationale.

« Nous avons massivement détruit l'infrastructure et donné à la population une image dégoûtante de ce qui pourrait être une libération à l'occidentale, laissant derrière elle les germes pour la résurgence imminente d'un nouvel adversaire », a-t-il dit, dans de rares critiques publiques d'un officier en service.

Artillerie française dans le nord-est de la Syrie (source)


A noter le mélange de grenades LU107 à haut pouvoir explosif et LU214 au phosphore blanc (catalogue Nexter) qui, ensemble, peuvent être utilisés pour “secouer et rôtir” les forces ennemies. La tactique est très controversée.

Plusieurs fois au cours des derniers mois, le mauvais temps a empêché l’utilisation de bombardements aériens et de tirs d’artillerie contre EI.

Les terroristes utilisaient toujours ces pauses pour contre-attaquer.

Les SDF kurdes/arabes, mal armés et mal dirigés, ont subi de nombreuses pertes à cause de ces attaques.
Le colonel estime qu’une force terrestre professionnelle bien armée aurait raccourci le conflit avec moins de pertes et beaucoup moins de dégâts.

L’essai original de celui qui sera bientôt un ex-colonel a été retiré de la toile. Il est disponible en français en téléchargement.

On ne sait toujours pas si et quand les forces américaines quitteront le nord-est de la Syrie.

Le président Trump avait demandé à la Turquie de prendre le contrôle de la région, mais la Syrie, la Russie, l’Iran et les forces kurdes utilisées par les États-Unis comme mandataires contre EI sont contre.

Une tentative américaine de recruter des forces britanniques, allemandes ou françaises pour occuper la région a échoué.

Le terrain syrien doit évidemment être redonné au gouvernement syrien.

Les forces kurdes, contrôlées par le PKK/YPG anarcho-marxiste que la Turquie et d’autres désignent comme terroristes, utilisent leur position pour exiger l’autonomie politique dans la zone qu’elles contrôlent actuellement.
Le gouvernement syrien s’y oppose fermement.

Toute fédéralisation de la Syrie serait le début de sa fin.

Hier, le président syrien Bachar al-Assad a offert un compromis aux Kurdes. Dans un discours devant les chefs des conseils locaux, il a annoncé des élections locales et la décentralisation de certaines décisions politiques.
La loi 107 requise est déjà en place mais sa mise en œuvre a été retardée par la guerre :

[Assad] a dit que l'essence même de la loi sur l'administration locale est de parvenir à un équilibre en matière de développement, dans tous les domaines, en donnant aux unités administratives locales le pouvoir de développer leurs domaines en termes d'économie, de développement urbain, de culture et de services, améliorant ainsi les conditions de vie des citoyens en lançant des projets, en créant des emplois et en fournissant des services locaux, notamment dans les régions isolées.

Le président al-Assad a déclaré qu'il n'est plus utile de gérer les affaires de la société et de l'État et de parvenir à un développement équilibré de la même manière centralisée que celle utilisée depuis des décennies, notant que la population de la Syrie en 1971 lorsque la loi précédente a été adoptée était d'environ 7 millions, alors que la population en 2011 lorsque la loi 107 fut adoptée avait atteint environ 22 millions.

Le fait que la mise en place d’administrations locales élues soit proposée maintenant est un signe clair pour les Kurdes qu’ils peuvent obtenir une certaine autonomie mais pas celle qu’ils demandent.

S’ils pourront organiser des élections locales, des conseils et des administrations comme toutes les autres régions, il n’y aura pas de force armée, de police ou de justice indépendante dans les zones à majorité kurde.

À plusieurs reprises au cours de la guerre, les Kurdes ont dépassé les bornes, ont fait des demandes trop importantes et ont perdu à cause de cela.

La Turquie a pris la région d’Afrin et la population kurde a dû fuir parce que ses dirigeants ne voulaient pas que l’armée syrienne en prenne le contrôle.
Dans une partie ultérieure du discours, Assad s’adressa de nouveau aux Kurdes sans les nommer spécifiquement.
Il a prévenu :

« Les Américains ne vous protégeront pas... vous serez une monnaie d'échange dans leur poche en plus de l'argent qu'ils ont, et ils ont déjà commencé à négocier.
Si vous ne vous préparez pas à défendre votre pays, vous serez de simples esclaves pour les Ottomans.
Seul votre État vous protégera et seule l'armée arabe syrienne vous défendra lorsque vous la rejoindrez et combattrez sous sa bannière.

Lorsque nous nous trouvons dans une même position et dans la même tranchée, que nous faisons face à un seul ennemi et que nous visons dans la même direction au lieu de nous viser les uns les autres, nous ne craignons aucune menace, quelle qu'en soit l'ampleur » a dit Son Excellence.

Le président al-Assad a déclaré que le temps est venu pour ces groupes de décider comment l'histoire les jugera, et qu'ils ont le choix : être maîtres sur leur propre terre, ou esclaves et pions aux mains des occupants.

L’offre est très claire et les conséquences d’un refus seront sévères.

Les Kurdes et la région qu’ils détiennent doivent revenir sous le contrôle du gouvernement syrien ou la Turquie s’en emparera et mettra les Kurdes sous sa botte.

L’entêtement de leurs dirigeants pourrait facilement mener à cela.
Dans son discours, Assad prédit déjà qu’ils rejetteront son offre avant – peut-être – de l’accepter.

« Comme vous l'avez remarqué, je ne nommerai pas ces groupes, mais comme d'habitude, pendant quelques heures ou peut-être quelques jours, ils feront des déclarations attaquant ce discours, alors vous saurez de qui je parle » a-t-il ajouté.
Quelques heures après le discours d’Assad, le commandant kurde des SDF suppliait à nouveau les États-Unis d’y maintenir 1 500 hommes.

Mazloum Kobani, commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis, quémandait auprès des alliés de la coalition internationale de maintenir 1 000 à 1 500 soldats en Syrie.

 « Nous aimerions avoir une couverture aérienne, un soutien aérien et une force au sol pour assurer la coordination avec nous », a déclaré M. Kobani aux journalistes dans une base aérienne non divulguée du nord-est de la Syrie, rapporte Reuters.

Il est très peu probable que Trump change de position.
Les troupes américaines vont partir.
Seul le gouvernement syrien peut donner aux Kurdes la protection dont ils ont besoin.

Combien d’autres Kurdes devront mourir avant que leurs dirigeants l’acceptent enfin ?

Moon of Alabama

Note du Saker Francophone

L'essai original du colonel (ou futur ex-colonel) François-Regis Legrier est disponible en français en téléchargement.
Il est vraiment très intéressant à lire car il raconte une réalité de la guerre qui dénote totalement de la vision qu'en donne les médias occidentaux et se rapproche des analyses publiées ici notamment.

Il tape gentiment mais fermement sur les bureaucrates étoilés de l'OTAN.
Il énonce une vérité largement partagée, les tensions au sein de la gouvernance militaire des USA entre Trump et le Pentagone, chacun menant sa guerre et surtout il met le gouvernement français mais aussi tous les gouvernements occidentaux face à leurs responsabilités.

L'analyse tactique et stratégique est aussi fort passionnante.
Il en ressort qu'au niveau des colonels d'active au moins, les gradés n'en pensent pas moins et sûrement aussi les soldats notamment les fameuses forces spéciales sur le terrain qui sont censées gagner cette guerre.
Les gars protégez-vous, ce n'est pas notre guerre.

Traduit par Wayan, relu par jj pour le Saker Francophone









Nietzsche, toute action exige l’oubli

France culture - 18/02/2019

Il y a dans la pensée de Nietzsche une valorisation de l’oubli renvoyant à une réflexion sur le vivant et son fonctionnement qui participe chez lui d’une analyse de la vie :
-  l'oubli est une condition du bon fonctionnement du vivant.

Pourquoi faudrait-il se réjouir d'avoir la mémoire qui flanche ?

"Nietzsche, toute action exige l’oubli", dessin de David Ha• Crédits : © David Ha

Cette semaine, nous vous proposons une expérience inédite : celle de saisir ce qui, par définition, nous échappe, nous est perdu à jamais : l'oubli...

Des clés égarées, une adresse, un code, un nom qui nous sont sortis de l'esprit, un moment, une atmosphère, un je-ne-sais-quoi qui se rappelle à nous, nous avons tous fait l'expérience d'avoir oublié quelque chose.

Mais l'oubli nous apparaît seulement quand il ne l'est plus et quand le souvenir surgit et quand on surprend l'absence, avec angoisse ou émotion...
Drôle de paradoxe.

- Comment faire vraiment l'expérience de l'oubli ?
- Comment le provoquer,
- comment apprendre à ne plus se souvenir ?
- Comment cultiver la disparition d'une partie de nous ?
- Et donc, pourquoi faudrait-il même s'en réjouit ?

L'invité du jour :

Patrick Wotling, professeur de philosophie, directeur du département de philosophie de l’Université de Reims et fondateur du Groupe International de Recherches sur Nietzsche

L’oubli, fondement même de la vie communautaire

Nietzsche nous apprend que l’oubli est positif, s’éduque, peut se contrôler et surtout qu’il est la condition qui rend possible énormément de choses, comme la vie sociale : le second traité de la "Généalogie de la morale" est fondé sur cette affaire de la tendance à l’oubli qui est une régulation fondamentale du vivant et la manière dont cette tendance à l’oubli peut être régulée, éduquée, contrecarrée, canalisée, représente pour Nietzsche le fondement même de la possibilité d’une vie communautaire.

L’oubli est vraiment un processus positif si on le comprend bien. 

L’homme n’est pas une machine à stocker du savoir

L’homme n’est pas un pur esprit, l’homme n’est pas une machine à construire du savoir et surtout pas à avaler et stocker du savoir, le problème est bien là :

- pour l’épanouissement, pour ce que Nietzsche désigne comme le bonheur, qui suppose une manière de coller au présent, d’épouser le présent, il faut avoir un minimum de liberté, de légèreté, ne pas être écrasé par le poids du souvenir…

C’est l’une des directions qui permettent de commencer à comprendre pourquoi Nietzsche valorise l’oubli.

Nietzsche fait un rapport au modèle animal qui est très parlant :
-  l’animal ne connaît pas les angoisses,
- les crises d’identité qui sont devenues le lot commun de l’homme contemporain et Nietzsche l’attribue notamment au fait que l’animal ne souffre pas de cette hypertrophie de la mémoire qui surcharge, paralyse les régulations vitales fondamentales…
- L’animal vit dans l’instant. 

Oublier, est-ce digérer ?

Nietzsche utilise cette image au début du second traité de la "Généalogie de la morale", il parle de digestion spirituelle, psychique, qui est l’équivalent plus général d’une digestion organique, matérielle.

Oublier, au bon sens du terme, c’est rendre quelque chose inconscient, mais ça ne veut pas dire le perdre ou le neutraliser, ça veut dire l’agréger à toutes les régulations physiques qui sont déjà actives. 

Patrick Wotling

Extrait de Seconde considération intempestive de Nietzsche, traduction de Pierre Rush aux éditions Gallimard, collection Folio essais
Extrait de Généalogie de la morale de Nietzsche, Second Traité, traduction de Patrick Wotling aux éditions Livre de Poche.

Textes lus par Hélène Lausseur :



lundi 18 février 2019

Débris spatiaux

RemoveDebris.

RemoveDebris est un mini-satellite expérimental de l'Agence spatiale européenne lancé en 2018 et destiné à tester plusieurs techniques de collecte et de retrait des débris spatiaux.

Cliquez sur l'image pour voir le diaporama

Figure 18: Le satellite RemoveDebris déployé depuis la station spatiale internationale le 20 juin 2018 (crédit image: NASA / NanoRacks / Ricky Arnold, réf. 28).

Contexte

Les débris spatiaux sont de plus en plus nombreux dans l'espace : il s'agit de satellites arrivés en fin de vie, d'étages supérieurs de lanceurs, de débris générés par la collision de deux engins, de sous-composants largués au moment du déploiement du satellite, de particules de peinture, de fluides (ergols, réfrigérant).

Figure 11: Enlèvement du satellite DEBRIS lors de l'assemblage final à SSTL (crédit image SSTL / Max Alexander)

Les principales agences spatiales ont pris conscience du phénomène et depuis une vingtaine d'années tentent de mettre en place des stratégies pour réduire sinon limiter la croissance de leur nombre.

Figure 19: Photo du commandant de l'astronaute de la NASA Drew Feustel la semaine dernière alors qu'il abordait le chargement du microsatellite RemoveDebris dans le sas de Kibo (crédit image: NASA / NanoRacks)

La mesure la plus facile est l'application d'une réglementation visant à restreindre leur multiplication : suppression des pièces mobiles, passivation des étages supérieurs (pour éviter leur explosion) ou désorbitation de ceux-ci, mise en orbite cimetière en fin de vie ou accélération de la désorbitation.

Figure 20: 4 avril 2018: Configuration de la station spatiale internationale. Quatre vaisseaux spatiaux sont amarrés à la station spatiale, dont le cargo SpaceX Dragon, le navire de ravitaillement Progress 69 et les navires-équipages Soyouz MS-07 et MS-08 (crédit image NASA TV) 31)

Elle est déjà appliquée par les principales agences spatiales.
Une autre mesure active consiste à désorbiter les débris spatiaux.

L'Agence spatiale européenne est un des acteurs les plus actifs dans ce dernier domaine.
Son programme e.Deorbit vise à mettre au point des techniques permettant de désorbiter un satellite de grande taille.

Figure 21: Les installations de vol MISSE illustrées ici sont fabriquées par Alpha Space Test and Research Alliance. La nouvelle configuration offre plusieurs faces, ce qui permet aux spécimens matériels d’être exposés à l’environnement spatial à partir des quatre orientations (bélier, sillage, zénith et nadir), crédit d’image: Alpha Space Test & Research Alliance

Les travaux déjà effectués ont permis d'identifier les principaux problèmes techniques et d'évaluer les aspects économiques de missions dédiés à la désorbitation de satellites.

Figure 22: à bord de l'ISS, des astronautes ont accroché le dragon non encore armé aujourd'hui (4 avril) à 10 h 40 GMT à l'aide de l'énorme bras robotique Canadarm2 du laboratoire en orbite (crédit image: NASA TV)

Plusieurs techniques de capture ont été proposées et étudiées : bras robotique, filet, harpon.
La capture d'un débris nécessite auparavant de réaliser un rendez-vous spatial avec celui-ci.


Figure 31 : Illustration du projectile pour harpon RemoveDebris (crédit image: consortium RemoveDebris)

Plusieurs techniques basées sur des capteurs optiques sont en cours de développement.
Enfin les technologies de désorbitation sont proposées et ont fait parfois l'objet d'une évaluation dans l'espace : voile solaire, module de désorbitation, utilisation de câbles électrodynamiques1.

Objectifs

La mission RemoveDebris, développée dans le cadre du programme Framework 7 de l'Union européenne doit évaluer plusieurs solutions techniques de capture et de désorbitation.
Son implémentation a débuté en 2013. Elle doit déboucher sur une mission opérationnelle vers 2023.

Figure 36: Image de la caméra sur la TDS-1 de l'APM avec la Terre à l'arrière-plan (crédit d'image: consortium RemoveDebris)

Les objectifs de la mission RemoveDebris sont les suivants :

- Capturer à l'aide d'un filet un nano-satellite DebriSat 1 déployé auparavant depuis le satellite
- Utiliser un harpon pour capturer le nano-satellite DebriSat 2 déployé auparavant
- Mettre en œuvre un système de navigation optique pour repérer le nano-satellite DebriSat 2
- Utiliser une voile solaire pour accroitre la trainée et ainsi accélérer la rentrée atmosphérique.

20 juin 2018 - Le satellite RemoveDEBRIS a été déployé depuis la Station spatiale internationale via le Kaber Microsatellite Deployer (Kaber) de Nanorack, développé commercialement, et est devenu le plus gros satellite jamais déployé depuis l'ISS à partir de l'ISS!

Caractéristiques techniques
RemoveDebris est un mini-satellite de 100 kg utilisant une plateforme de la série SSTL X50 développée par la société anglaise SSTL.

Le satellite a la forme d'un cube dont les dimensions sont de 0,65 m x 0,65 m x 0,72 m.
Le satellite est stabilisé 3 axes avec une précision de pointage de 2,5°.
Il dispose de cellules solaires qui fournissent 8 Watts.

 Les photos sont fournies avec l'aimable autorisation de NASA / NanoRacks.

La charge utile d'une masse approximative de 40 kg est constituée par :

- Un nano-satellite de type CubeSat 2U baptisé DebrisSat 1
- Un nano-satellite de type CubeSat 2U baptisé DebrisSat 2
- Un filet déployable
- Un harpon
- Un système de navigation optique VBN (vision-based navigation) comprenant - - une caméra et un lidar
- Une voile déployable.

Le projet est cofinancé par la Commission européenne et les recherches ayant abouti à ces résultats ont été financées par le septième programme-cadre de l'Union européenne (7e PC / 2007-2013) au titre de la convention de subvention n ° 607099.

Déroulement de la mission

Le satellite RemoveDebris a été placé en orbite le 2 avril 2018 par le cargo spatial SpaceX Dragon dans le cadre de la mission SpaceX CRS-14 (en).

Placé dans la soute interne du cargo spatial, il doit être déployé dans l'espace via le petit sas du laboratoire spatial japonais Kibo de la Station spatiale internationale.

Illustration: Le satellite devrait être déployé par le bras robotique de la station en mai
L'ensemble du projet RemoveDebris coûte 15 M € (13 M £). La moitié provient de la Commission européenne; l'autre moitié provient des 10 partenaires impliqués.

Il circulera initialement sur une orbite de 400 km identique à celle de la station spatiale puis son orbite sera progressivement réduite par les forces de trainée accrues par l'utilisation d'une voile solaire.

La mission doit durer environ 1,5 ans dont une période de 20 semaines durant lesquelles le satellite sera actif et un an de suivi de la phase de désorbitation.

Déroulement des expériences

Le satellite exécute quatre expériences sur une période longue d'une vingtaine de semaines :

La première expérience a pour objectif d'améliorer la technique de capture basée sur l'utilisation d'un filet.

Pour effectuer ce test, la satellite éjecte le CubseSat DS1 stocké jusque là dans la plateforme.
DS1 accroit son volume grâce à un système ballon gonflable.

Lorsque le CubeSat se trouve à 7 mètres, le filet est projeté vers le CubeSat.
Des masselotes placées aux extrémités du filet doivent contribuer à l'enveloppement et un filin est entrainé par un winch pour empêcher le filet de se rouvrir.

Le déroulement du test est filmé par deux caméras.
Le CubeSat est ensuite largué et son altitude décroit rapidement du fait de la surface du ballon sur lequel s'exerce les forces de trainée.

La deuxième expérience a pour objectif de tester un système de navigation optique (VBN).

Pour effectuer ce test, un deuxième CubseSat est largué et s'éloigne du satellite à petite vitesse.
Il est suivi par deux caméras et un lidar infrarouge.

La troisième expérience consiste à mettre en oeuvre un harpon pour frapper une cible fixée sur une perche longue de 1,5 mètre.

Le harpon comporte un dispositif de verrouillage qui l'empêche de se détacher.
La quatrième expérience consiste à déployer une voile destinée à augmenter la trainée et accélérer ainsi la diminution de l'altitude et donc le délai avant la rentrée atmosphérique.