jeudi 26 septembre 2019

Chine

La disparition des milliardaires
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Emblèmes de la Chine nouvelle qui réussit, les millionnaires patrons d'entreprise sont la nouvelle cible d'une vaste campagne de purge qui semble avoir été décidée au plus haut niveau du régime chinois.

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Selon la presse économique occidentale, plusieurs dizaines de patrons, certains dirigeants les plus grandes entreprises du pays, auraient disparu depuis deux ans.

Certaines ONG avancent le chiffre de 400 millionnaires évanouis. Évidemment, aucune donnée officielle n’existe.

Nous avions commencé ce reportage avec Hu Kexin.
Après avoir fait fortune dans les produits ménagers et agricoles, il a décidé de devenir l'empereur de la boulangerie en Chine.

Il a acheté des milliers d'hectares de terres en France afin de produire une farine de qualité et recruté des formateurs français pour ses futurs boulangers chinois. Et puis, un beau jour, M. Hu s’est évaporé.

Officiellement, il était désormais "très occupé".
Dans la presse chinoise, rien n’a filtré sur son sort. Ses partenaires français n'ont plus de ses nouvelles...

À New York, dans son appartement à 40 millions de dollars surplombant Central Park, Guo Wangui se présente comme un survivant.
Une bonne partie de sa famille a été assassinée en Chine.

 Il organise désormais la "résistance des milliardaires" depuis son exil américain.

Grâce à son immense fortune, il finance une chaîne YouTube pour prévenir ses frères de richesse et dénoncer le Parti communiste chinois :
"Le PCC a voulu créer des riches pour développer le pays.
Mais maintenant, il a peur de nous, peur du pouvoir que peut donner l'argent, alors il nous fait disparaître".

Qui sont ces riches chinois qui disparaissent ?
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En Chine, de mystérieux rapts de milliardaires
Par Bruno ALVAREZ - Mardi 7 Février 2017

Porté disparu fin janvier, un milliardaire est réapparu quelques jours après sans donner la moindre explication sur sa mystérieuse évaporation dans la nature, en Chine.
Ce possible enlèvement n’est pas sans rappeler ceux de plusieurs éditeurs hongkongais, en 2015.
 Ils publiaient des ouvrages critiques du régime communiste chinois.
Ces kidnappings avaient été commandités par la police chinoise.

La culture du secret est forte en Chine.
Les récentes disparitions et réapparitions d’hommes d’affaires le prouvent.
Elles restent étonnamment inexpliquées.

Pourtant, il ne s’agit pas de simples anonymes, mais de milliardaires.
Le dernier en date est un homme d’affaires sino-canadien notoirement connu en Asie.
Il s’appelle Xiao Jianhua. Sa fortune est estimée à près de 6 milliards de dollars.
Il se l’est construite dans le secteur de la banque et des assurances avec sa compagnie Tomorrow Group.

Le 27 janvier dernier, plus personne n’a reçu la moindre nouvelle de lui.
Il s’est évaporé dans la nature, restant injoignable durant plusieurs jours.
Xiao Jianhua est alors porté disparu.

Le plus inquiétant c’est qu’il aurait été vu pour, la dernière fois, entouré d’hommes non identifiés, aux abords de l’hôtel de luxe Four Seasons de Hongkong, où il réside depuis des années, raconte le journal anglais, The Sun.
Tout laisse à croire qu’il s’agit d’un enlèvement.

Pourtant, quatre jours après sa mystérieuse disparition, le milliardaire est réapparu en Chine continentale sans donner la moindre explication.
On sait juste qu’il se porte bien.
Selon nos confrères britanniques, il aurait été détenu par la police.
La police hongkongaise a effectivement confirmé qu’il avait passé la frontière dès vendredi sans donner plus d’explications.

C’est devant ce luxueux hôtel de Hong-Kong que le milliardaire a été vu pour la dernière fois avant de disparaître. 
(Photo Reuters)

La thèse d’un possible kidnapping n’est évidemment pas à écarter.
D’autant que l’histoire rappelle le scénario d’enlèvements, commandités par la police chinoise, de plusieurs éditeurs de Hong-Kong, en 2015.

 Ils étaient accusés de publier des ouvrages critiques du régime communiste.
Sauf que la Constitution qui régit l’ancienne colonie britannique n’autorise pas la police continentale à intervenir sur son territoire, d’où ces interventions discrètes mais illégales.

À l’époque, ces enlèvements avaient d’autant plus fait scandale que les éditeurs concernés disposaient d’un passeport étranger.

Tout comme le milliardaire Xiao Jianshua qui dispose de la nationalité canadienne et d’un passeport « diplomatique » d’Antigua-et-Barbuda, un des paradis fiscaux les plus prisés au monde.

Ce confetti antillais n’impose ni le capital, ni les revenus de ses habitants, à condition d’en acquérir la citoyenneté.

Pour cela, il suffit d’investir 400 000 dollars dans un bien immobilier ou 1,5 million dans un « business approuvé »…

Des milliardaires soupçonnés de corruption

Il y a deux ans, le Global Times, journal du Parti communiste chinois, désignait l’hôtel Four Seasons comme un refuge pour milliardaires en délicatesse avec la corruption. Xiao Jianhua pourrait être lié à l’immense campagne « mains propres », lancée en 2013 par le président chinois Xi Jinping, souvent accusée de servir de prétexte à la purge de ses opposants.

Xiao Jianhua a construit sa fortune dans la banque et les assurances. (Photo AFP)

D’après le Financial Times, Xiao Jianhua aurait, tout au long de sa carrière, tissé des liens étroits avec les cadres du Parti communiste chinois.

En 2013, il avait investi 2,4 millions de dollars (2,2 millions d’euros) dans une entreprise dirigée par la sœur et le beau-frère du président chinois, Xi Jinping.

Existe-t-il un lien avec sa mystérieuse disparition ?
Nul ne le sait.
En attendant, le bureau de Hong-Kong d’Amnesty international précise qu’une tribune signée du nom du milliardaire a été depuis publiée dans un quotidien de Hong-Kong.

On peut y lire qu’il nie avoir été enlevé. Il y affirme avoir rejoint « de son propre gré » le territoire chinois.
Et il assure qu’il « aime le parti et son pays ». Une déclaration qui pourrait, comme dans d’autres cas, lui avoir été soufflée par les autorités…

Scénario identique pour l’actionnaire du Club Med en 2015

Depuis vingt ans, une dizaine de milliardaires chinois ont été arrêtés pour corruption. Et en décembre 2015, l’un des plus célèbres d’entre eux, Guo Guangchang, avait également disparu quelques jours avant de réapparaître.

Guo Guangchang est la onzième fortune de Chine avec l’équivalent de 6,3 milliards d’euros, selon Forbes. Il dirige le conglomérat, Fosun, actionnaire principal du Club Med.

Le 11 décembre 2015, le site d’informations économiques Caixin avait écrit que le milliardaire de 48 ans (à l’époque) ne « pouvait plus être joint ».

Il s’était évaporé dans la nature de manière inexpliquée dans des circonstances aussi floues, mais assez similaires à celles de Xiao Jianshua.

Aussitôt la nouvelle de sa disparition connue, la cotation du titre Fosun avait été suspendue à la Bourse de Hongkong et de Shanghaï avant de reprendre quelques jours après le mystérieux retour de celui que certains surnomment le Warren Buffet chinois à la tête d’une fortune estimée, selon Forbes, à 6,3 milliards d’euros.

En 2015, Guo Guangchang, l’actionnaire du Club Med avait déjà mystérieusement disparu avant de réapparaître de manière tout aussi surprenante. (Photo DR)

Présenté comme le premier conglomérat privé de Chine, Fosun est aussi l’une des têtes de pont dans la percée des investissements chinois à l’étranger.

Il détient l’essentiel des parts du Club Med, avec pour projet d’appuyer son développement en Chine, où le secteur des loisirs est en pleine expansion. Fosun détient également une participation minoritaire dans les agences de voyages Thomas Cook et est également actionnaire du Cirque du Soleil, de la tour One Chase, à Manhattan, et des bijoux et accessoires de mode grecs Folli Follie.

Sur le plan politique, ce milliardaire est réputé proche de la municipalité de Shanghaï, bastion de la faction qui, au sein du Parti communiste chinois, est fidèle à l’ancien président Jiang Zemin.

L’actuel président, Xi Jinping, a détricoté, par le biais de sa campagne anticorruption, les réseaux de ce retraité omniprésent.

Le vice-maire de la ville la plus peuplée de Chine et directeur de sa toute récente zone de libre-échange, Ai Baojun, fait lui-même l’objet d’une enquête pour « violation grave de la discipline », synonyme de corruption.

Et dans l’opaque système judiciaire chinois, il arrive qu’une personnalité des affaires soit placée au secret le temps d’assister les autorités dans l’instruction d’une affaire concernant un officiel.
C’est probablement ce qu’a vécu Guo Guanchang, avancent plusieurs médias.

Mais il ne s’agit que de supputations car il ne s’est jamais exprimé sur le sujet…