La disparition
des milliardaires
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Emblèmes de la Chine nouvelle qui réussit, les
millionnaires patrons d'entreprise sont la nouvelle cible d'une vaste campagne
de purge qui semble avoir été décidée au plus haut niveau du régime chinois.
Vidéo
Selon la presse
économique occidentale, plusieurs dizaines de patrons, certains dirigeants les
plus grandes entreprises du pays, auraient disparu depuis deux ans.
Certaines ONG
avancent le chiffre de 400 millionnaires évanouis. Évidemment, aucune donnée
officielle n’existe.
Nous avions commencé ce reportage avec Hu Kexin.
Après avoir fait fortune dans les produits ménagers et
agricoles, il a décidé de devenir l'empereur de la boulangerie en Chine.
Il a acheté des milliers d'hectares de terres en France
afin de produire une farine de qualité et recruté des formateurs français pour
ses futurs boulangers chinois. Et puis, un beau jour, M. Hu s’est évaporé.
Officiellement, il était désormais "très
occupé".
Dans la presse chinoise, rien n’a filtré sur son sort.
Ses partenaires français n'ont plus de ses nouvelles...
À New York, dans
son appartement à 40 millions de dollars surplombant Central Park, Guo Wangui
se présente comme un survivant.
Une bonne partie
de sa famille a été assassinée en Chine.
Il organise
désormais la "résistance des milliardaires" depuis son exil
américain.
Grâce à son immense fortune, il finance une chaîne
YouTube pour prévenir ses frères de richesse et dénoncer le Parti communiste
chinois :
"Le PCC a
voulu créer des riches pour développer le pays.
Mais maintenant,
il a peur de nous, peur du pouvoir que peut donner l'argent, alors il nous fait
disparaître".
Qui sont ces riches chinois qui disparaissent ?
………………………….
En Chine, de
mystérieux rapts de milliardaires
Par Bruno ALVAREZ - Mardi
7 Février 2017
Porté disparu fin janvier, un milliardaire est réapparu
quelques jours après sans donner la moindre explication sur sa mystérieuse
évaporation dans la nature, en Chine.
Ce possible enlèvement n’est pas sans rappeler ceux de
plusieurs éditeurs hongkongais, en 2015.
Ils publiaient des
ouvrages critiques du régime communiste chinois.
Ces kidnappings avaient été commandités par la police
chinoise.
La culture du secret est forte en Chine.
Les récentes disparitions et réapparitions d’hommes
d’affaires le prouvent.
Elles restent étonnamment inexpliquées.
Pourtant, il ne s’agit pas de simples anonymes, mais de
milliardaires.
Le dernier en date est un homme d’affaires sino-canadien
notoirement connu en Asie.
Il s’appelle Xiao Jianhua. Sa fortune est estimée à près
de 6 milliards de dollars.
Il se l’est construite dans le secteur de la banque et
des assurances avec sa compagnie Tomorrow Group.
Le 27 janvier dernier, plus personne n’a reçu la moindre
nouvelle de lui.
Il s’est évaporé dans la nature, restant injoignable
durant plusieurs jours.
Xiao Jianhua est alors porté disparu.
Le plus inquiétant c’est qu’il aurait été vu pour, la
dernière fois, entouré d’hommes non identifiés, aux abords de l’hôtel de luxe
Four Seasons de Hongkong, où il réside depuis des années, raconte le journal
anglais, The Sun.
Tout laisse à croire qu’il s’agit d’un enlèvement.
Pourtant, quatre jours après sa mystérieuse disparition,
le milliardaire est réapparu en Chine continentale sans donner la moindre
explication.
On sait juste qu’il se porte bien.
Selon nos confrères britanniques, il aurait été détenu
par la police.
La police hongkongaise a effectivement confirmé qu’il
avait passé la frontière dès vendredi sans donner plus d’explications.
C’est devant ce luxueux hôtel de Hong-Kong que le
milliardaire a été vu pour la dernière fois avant de disparaître.
(Photo
Reuters)
La thèse d’un possible kidnapping n’est évidemment pas à
écarter.
D’autant que l’histoire rappelle le scénario d’enlèvements,
commandités par la police chinoise, de plusieurs éditeurs de Hong-Kong, en
2015.
Ils étaient
accusés de publier des ouvrages critiques du régime communiste.
Sauf que la Constitution qui régit l’ancienne colonie
britannique n’autorise pas la police continentale à intervenir sur son
territoire, d’où ces interventions discrètes mais illégales.
À l’époque, ces enlèvements avaient d’autant plus fait
scandale que les éditeurs concernés disposaient d’un passeport étranger.
Tout comme le milliardaire Xiao Jianshua qui dispose de
la nationalité canadienne et d’un passeport « diplomatique » d’Antigua-et-Barbuda,
un des paradis fiscaux les plus prisés au monde.
Ce confetti antillais n’impose ni le capital, ni les
revenus de ses habitants, à condition d’en acquérir la citoyenneté.
Pour cela, il suffit d’investir 400 000 dollars dans un
bien immobilier ou 1,5 million dans un « business approuvé »…
Des milliardaires
soupçonnés de corruption
Il y a deux ans, le Global Times, journal du Parti
communiste chinois, désignait l’hôtel Four Seasons comme un refuge pour
milliardaires en délicatesse avec la corruption. Xiao Jianhua pourrait être lié
à l’immense campagne « mains propres », lancée en 2013 par le président chinois
Xi Jinping, souvent accusée de servir de prétexte à la purge de ses opposants.
Xiao Jianhua a construit sa fortune dans la banque et
les assurances. (Photo AFP)
D’après le Financial Times, Xiao Jianhua aurait, tout au
long de sa carrière, tissé des liens étroits avec les cadres du Parti
communiste chinois.
En 2013, il avait investi 2,4 millions de dollars (2,2
millions d’euros) dans une entreprise dirigée par la sœur et le beau-frère du
président chinois, Xi Jinping.
Existe-t-il un lien avec sa mystérieuse disparition ?
Nul ne le sait.
En attendant, le bureau de Hong-Kong d’Amnesty
international précise qu’une tribune signée du nom du milliardaire a été depuis
publiée dans un quotidien de Hong-Kong.
On peut y lire qu’il nie avoir été enlevé. Il y affirme
avoir rejoint « de son propre gré » le territoire chinois.
Et il assure qu’il « aime le parti et son pays ». Une
déclaration qui pourrait, comme dans d’autres cas, lui avoir été soufflée par
les autorités…
Scénario identique
pour l’actionnaire du Club Med en 2015
Depuis vingt ans, une dizaine de milliardaires chinois
ont été arrêtés pour corruption. Et en décembre 2015, l’un des plus célèbres d’entre
eux, Guo Guangchang, avait également disparu quelques jours avant de
réapparaître.
Guo Guangchang est la onzième fortune de Chine avec
l’équivalent de 6,3 milliards d’euros, selon Forbes. Il dirige le conglomérat,
Fosun, actionnaire principal du Club Med.
Le 11 décembre 2015, le site d’informations économiques
Caixin avait écrit que le milliardaire de 48 ans (à l’époque) ne « pouvait plus
être joint ».
Il s’était évaporé dans la nature de manière inexpliquée
dans des circonstances aussi floues, mais assez similaires à celles de Xiao
Jianshua.
Aussitôt la nouvelle de sa disparition connue, la
cotation du titre Fosun avait été suspendue à la Bourse de Hongkong et de
Shanghaï avant de reprendre quelques jours après le mystérieux retour de celui
que certains surnomment le Warren Buffet chinois à la tête d’une fortune
estimée, selon Forbes, à 6,3 milliards d’euros.
En 2015, Guo Guangchang, l’actionnaire du Club Med
avait déjà mystérieusement disparu avant de réapparaître de manière tout aussi
surprenante. (Photo DR)
Présenté comme le premier conglomérat privé de Chine,
Fosun est aussi l’une des têtes de pont dans la percée des investissements
chinois à l’étranger.
Il détient l’essentiel des parts du Club Med, avec pour
projet d’appuyer son développement en Chine, où le secteur des loisirs est en
pleine expansion. Fosun détient également une participation minoritaire dans
les agences de voyages Thomas Cook et est également actionnaire du Cirque du
Soleil, de la tour One Chase, à Manhattan, et des bijoux et accessoires de mode
grecs Folli Follie.
Sur le plan politique, ce milliardaire est réputé proche
de la municipalité de Shanghaï, bastion de la faction qui, au sein du Parti
communiste chinois, est fidèle à l’ancien président Jiang Zemin.
L’actuel président, Xi Jinping, a détricoté, par le biais
de sa campagne anticorruption, les réseaux de ce retraité omniprésent.
Le vice-maire de la ville la plus peuplée de Chine et
directeur de sa toute récente zone de libre-échange, Ai Baojun, fait lui-même
l’objet d’une enquête pour « violation grave de la discipline », synonyme de
corruption.
Et dans l’opaque système judiciaire chinois, il arrive
qu’une personnalité des affaires soit placée au secret le temps d’assister les
autorités dans l’instruction d’une affaire concernant un officiel.
C’est probablement ce qu’a vécu Guo Guanchang, avancent
plusieurs médias.
Mais il ne s’agit que de supputations car il ne s’est
jamais exprimé sur le sujet…