samedi 29 décembre 2018

Les Gaulois en Thrace

Un char celtique découvert en Bulgarie : les Gaulois en Thrace il y a 2 300 ans
Par Camille Renard - 28/12/2018.

Un exceptionnel char celtique a été découvert en Bulgarie, avec ses chevaux enterrés debout, figés.
Témoin d’une improbable migration gauloise en Thrace, il y a 2 300 ans.
Char gaulois découvert sur le site de Sboryanovo (Bulgarie)• Crédits : © M. Gios, J. Anastassov

Un char celtique unique au monde a été récemment retrouvé en Bulgarie.
Il est le témoin d’une migration celte en Thrace, il y a 2 300 ans.

Alors que tous les chevaux enterrés sont couchés, les deux chevaux enterrés de ce char celtique sont debout, comme pétrifiés.
Chez les Celtes, peuple cavalier, le cheval est si important qu’on lui voue un culte.
Cette découverte révèle que les Celtes migraient déjà jusqu’en Thrace au IIIe siècle avant J.-C. L'archéologue Jordan Anastassov décrypte les enjeux de cette découverte.

Site des fouilles de Sboryanovo• Crédits : © D. Bogomilov

Jordan Anastassov : "On est en présence d’une découverte exceptionnelle. Il s’agit d’un char celtique retrouvé à plus de 2 000 kilomètres du territoire des Gaulois.
C’est unique. Ce char a été déposé dans une fosse avec ses deux chevaux qui ont la particularité d’avoir été modelés, figés dans le mouvement.

Squelette de cheval (détail du char)• Crédits : © P. Méniel

C’est extraordinaire et unique dans la mesure où nulle part ailleurs on a retrouvé cela, même en Bulgarie, c’est le seul exemple connu.
On est dans une mise en scène qui rejoint l’ensemble des rituels funéraires associés à ce territoire. Il faut imaginer un véhicule à la base majoritairement constitué de bois, qui a disparu. On a les empreintes qui restent encore sur le terrain et on a également toutes les garnitures en fer ou en bronze qui sont conservées et qui ont été restaurées depuis. On va avoir des pièces technologiques qui ont pour but de maintenir la structure même du char, bloquer les roues. Et on a les éléments qui sont plutôt décoratifs, qui sont plutôt en bronze avec l’expression d’un art celtique identique à ce que l’on va retrouver en Europe centrale et occidentale.

Fouilles autour du char• Crédits : © J. Anastassov

À côté de cela, on a les chevaux qui sont attelés avec un système de harnachement, des mors en position fonctionnelle dans les bouches, des boutons décoratifs également qui faisaient partie du système de harnais."

Détail du char (roue)• Crédits : © D. Gergova


Migrations gauloises

Jordan Anastassov : "Cela nous apprend que les Celtes avaient conquis le territoire des Thraces, territoire de la Bulgarie actuelle, au cours du début du IIIème siècle avant J.-C. On a de la peine à situer ces Celtes. Avec ce type de découverte on se rapproche de leur territoire d’installation, territoire sur lequel ils ont créé un royaume avec une capitale qui s’appelait Tylis, comme nous l'apprennent les historiens."


Trésor découvert sur le site de Sboryanovo.• Crédits : © D. Gergova


Les trésors de Sboryanovo

Jordan Anastassov : "Sboryanovo est une réserve archéologique au Nord-Est de la Bulgarie. Ce sont 800 hectares qui font l’objet d’études depuis les années 1980. On a un habitat fortifié, des nécropoles tumulaires, plus d’une centaine de tumuli répartis au sein de deux grandes nécropoles. Ces tumuli font plus de 10 mètres de hauteur, et sous certains d'entre eux on a découvert des tombeaux, des structures funéraires tout à fait exceptionnelles, dont un tombeau classé à l’Unesco.

On a également des sanctuaires, et ce qui est intéressant c’est également le paysage qui est encore intact, préservé. On a majoritairement de la forêt, et les recherches futures nous permettront de découvrir bien d’autres sites sur ce territoire.

Sboryanovo est un site qui n’a pas livré tous ses secrets, c’est un territoire sur lequel on travaille et je pense qu'en tout cas on va tous terminer notre carrière sur ce site-là et laisser du travail pour les autres." 
…………..
Mémoires gauloises
Par Vincent Charpentier - 22/04/2018


Tombe gauloise de Buchères (IIIe siècle avant notre ère) • Crédits : Denis Gliksman/ Inrap

Très tôt, la Gaule a perdu la parole, cette dernière étant accaparée par les vainqueurs : Rome, qui a fait oublier la Gaule. Puis la parole des dominants s’est brisée à son tour, et leur mémoire s’est défaite comme celles des peuples qu’ils avaient soumis… 
art celtique tombe à char de Roissy • Crédits : MAN/RMN

Qui de mieux que Laurent Olivier pouvait incarner « la voix de la Gaule » dans le magazine d’archéologie de France Culture ! 
Chercheur partageant sa vie entre un grand musée et les ferrailles, millénaires et rouillées, issues de l’ultime combat d’une Gaule encore libre et indépendante, Alésia !

Oui ! L’histoire de la Gaule est par essence romaine, les romains se figurant représenter « la civilisation », l’état le plus avancé de l’humanité ; le prix à payer pour les gaulois fut donc de représenter les barbares ou de disparaitre dans la romanité.

art celtique tombe à char de Roissy • Crédits : MAN/RMN

Dans cette émission, la recherche de la mémoire gauloise est l’occasion de découvrir les « grands guerriers », la pratique de la dette et la tradition des suicides assistés… le poids de l’histoire qui empêcha longtemps de reconnaître le passé gaulois, cette histoire qui imagina un autre passé que celui que découvrent les archéologues.…

L’art gaulois fut longtemps méprisé, et c’est grâce aux surréalistes - dont André Breton - que l’on prit la mesure de la force d’expressivité et de l’originalité de cet art.

Nous y reconnaissons maintenant la marque d’une pensée et d’un savoir voisin de celui de la science grecque. 

guerrier gaulois inhumé avec son bouclier (IIIe siècle avant notre ère)• Crédits : Denis Gliksmann /Inrap




jeudi 27 décembre 2018

Les pratiques psycho-corporelles.

Pourquoi faut-il respirer profondément pendant une méditation* ?
Par Elena Sender - 26.12.2018.

Reliant le cerveau aux principaux organes, le nerf vague transporte un flux permanent de messages.
Les scientifiques confirment aujourd’hui le potentiel de cette formidable connexion.
Reliant le cerveau aux principaux organes, le nerf vague transporte un flux permanent de messages. FLORE-AEL SURUN / TENDANCE FLOUE

Près de trois cents ans plus tard, cette relation fait toujours l'objet d'interrogations.
Néanmoins, la science a réussi à lever certains pans du mystère.
Selon les recherches et les observations cliniques, l'interaction corps-esprit serait rendue possible par le système respiratoire avec l'intervention du système nerveux, en lien étroit avec le coeur, le cerveau et l'intestin.

"Prenez quelques inspirations profondes", entend-on souvent au début des séances de méditation, yoga, hypnose, sophrologie, relaxation…


Le penseur de Auguste Rodin.

Est-ce une coïncidence ?

Non, à en croire le professeur Thomas Similowski, chef de service de pneumologie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris.
Car la respiration est le lien corps-esprit par excellence.

Directement "branchée sur les émotions", elle se modifie en fonction de notre état mental, pouvant passer de profonde et lente (état calme) à courte et rapide (état de stress).
À l'inverse, agir sur la respiration influence notre esprit, précisément ce qui est recherché dans les pratiques psycho-corporelles.

Une méditation collective au Sri Lanka - CC BY 2.0 - File:Early Morning Meditation.jpg - Création : 13 février 2005

"Elle est la seule fonction végétative (automatique) du corps sur laquelle l'esprit (la volonté) peut agir directement, explique le professeur Similowski.

Si l'on nous demandait de ralentir notre transit intestinal ou notre fréquence cardiaque - fonctions tout aussi automatiques -, nous en serions bien incapables !" Alors que la respiration, elle, peut être modifiée à volonté et sans effort.
Par ailleurs, si elle est tellement mise à contribution dans les pratiques psychocorporelles, "c'est tout bonnement parce que ça marche ! poursuit le professeur.
En la contrôlant, on obtient des effets positifs visibles et mesurables sur le corps".

Francisco de Zurbarán — http://www.nationalgallery.org.uk/paintings/francisco-de-zurbaran-saint-francis-in-meditation/27646

Lorsque les poumons sont gonflés à plein, une décharge nerveuse inhibe l’inspiration
Ces effets sont de plusieurs ordres.

Tout d'abord, respirer étant un automatisme, se concentrer volontairement sur son souffle exige de maintenir son attention.
"Or, le cerveau est très imparfaitement multitâche.

Se focaliser sur une action empêche donc de ruminer ses soucis", souligne le spécialiste de pneumologie.
C'est l'équivalent d'une technique de méditation dite "à attention focalisée" qui stabilise et apaise le mental.

Mieux, se concentrer sur sa respiration modifierait l'activité du cerveau dans le sens d'une augmentation de la conscience de soi !

Claude Renault de Reykjavik, Iceland — Flickr - Jain sadhvis meditating (in Brindavan)

Dans une étude publiée en 2018, des chercheurs du Feinstein Institute for Medical Research à Manhasset (État de New York, États-Unis) ont enregistré l'activité du cerveau de patients chez qui avaient été implantées des électrodes cérébrales dans le cadre d'un traitement contre l'épilepsie.

José Luis Herrero, associé au neurochirurgien Ashesh Mehta, a observé les modifications cérébrales intervenant lorsque les patients respiraient normalement, augmentaient l'amplitude de leur souffle ou devaient compter leurs respirations.

L'analyse du tracé de l'activité corticale est étonnante : quand les sujets se concentrent sur leur respiration (comptage), l'activité de certaines aires cérébrales augmente et se synchronise !
Pas n'importe lesquelles : le cortex cingulaire antérieur, le cortex pré-moteur, l'insula et l'hippocampe, toutes impliquées dans la mémorisation, les émotions, la conscience et la conscience de soi…

Un autre effet positif de la respiration est à chercher dans… les poumons !

Un effet calmant.
À l'inspiration, l'air circule dans les bronches, puis les bronchioles et les alvéoles richement vascularisées, au niveau desquelles se produisent les échanges gazeux entre l'oxygène de l'air frais et le gaz carbonique issu de la respiration.

À chaque inspiration, les poumons se gonflent mais "par sécurité, ce gonflement est stoppé avant qu'il atteigne son volume maximal, car cela pourrait être dangereux pour le tissu pulmonaire, explique Thomas Similowski. Les bronches hébergent de multiples récepteurs sensibles à l'étirement mécanique.

Lorsque les poumons sont gonflés à plein, ces récepteurs déclenchent une décharge nerveuse qui inhibe l'inspiration.
À l'origine de ce précieux contrôle, le nerf vague".

C’est le dixième nerf crânien, l’un des plus longs du corps humain, qui part de la base du cerveau et innerve la plupart des organes.
Sans doute l’axe majeur reliant corps et esprit !

 "Il fait partie du système nerveux autonome [involontaire, NDLR] qui relie le cerveau à nos organes et véhicule des informations dans les deux sens, explique ainsi Sonia Pellissier, chercheuse au Laboratoire inter-universitaire de psychologie, personnalité, cognition et changement social (université Savoie-Mont-Blanc, université Grenoble-Alpes).

Ce système a deux branches, sympathique et parasympathique, comme une voiture dispose d’une pédale de frein et d’une pédale d’accélérateur."

Quand il faut s’adapter, réagir, fuir, courir, on met en route l’accélérateur, le système sympathique, dont le neuromédiateur (molécule qui transmet l’information entre les neurones) est l’adrénaline.

Lorsque l’action est terminée, le corps a besoin de ralentir pour reprendre des forces et là, le frein, le système parasympathique, utilise un autre neuromédiateur, l’acétylcholine.
Le nerf vague est un acteur majeur de ce système.
"Chaque fois que l’on étire ses poumons en inspirant fort, on provoque une décharge de ce nerf", résume Thomas Similowski.

Un dialogue biochimique intime entre le nerf vague et le coeur
Comment fait-il pour nous calmer instantanément ?

"Les connexions du nerf vague au coeur sont très nombreuses, répond Philippe Chevalier, rythmologue, chef de service de cardiologie au CHU de Lyon.

Ses terminaisons s’insèrent dans des coussinets vagaux à la surface du coeur, desquels partent des filaments nerveux qui cheminent le long des cellules cardiaques.
" De multiples ramifications embrassent ainsi l’organe dans la moindre de ses régions, "telle une toile d’araignée".
Quasiment chaque cellule myocardique possède un réseau de nerfs microscopiques.
"S’en suit un dialogue biochimique intime entre le nerf vague et le coeur", poursuit Philippe Chevalier.

Le premier envoie de l’acétylcholine aux cellules cardiaques, qui ralentissent le rythme de leurs contractions.
 Une stimulation excessive (lors d’une émotion forte, d’une douleur brutale) déclenche le fameux "malaise vagal" (nausées, vertiges, pouvant aller jusqu’à la syncope).
 "Un coeur dénervé - lors d’une greffe cardiaque par exemple - bat de façon autonome à une cadence rapide et fixe d’environ 100 battements par minute", note le cardiologue. Alors qu’un coeur normal voit son rythme varier sans cesse, avec une moyenne de 60 battements par minute.

"Le témoin d’un bon tonus vagal, ce sont les variations spontanées et amples du rythme cardiaque, comme celles observées chez l’enfant, résume Philippe Chevalier.
Le plus souvent, les centenaires ayant un coeur sain ont un excellent système vagal."

Ce tonus vagal est évalué en mesurant, par électro- cardiogramme, ces variations au repos.
Il est propre à chacun, lié à des facteurs génétiques, mais des traumatismes précoces sont à même de l’altérer.
Résultat : "Un nerf vague faible peut être associé à un profil anxieux", assure Sonia Pellissier.
L’environnement exerce aussi son influence. "Si vous êtes confronté quotidiennement au stress, au-delà de vos ressources, votre tonus vagal peut en être affecté, poursuit la chercheuse, ce qui vous expose à une moins bonne régulation des émotions." Au fil du temps, une dégradation chronique du fonctionnement vagal va prédisposer à certaines pathologies, "au stress chronique et aux troubles associés comme la dépression, le burn-out" . Observation notable de John Williamson, de l’école médicale de l’université de Floride en 2014 : des patients victimes de stress post-traumatique ont un système vagal défaillant. Ils adoptent un comportement de fuite ou d’attaque inadapté à la vie quotidienne, sans parvenir à revenir au calme.

Comment remédier à ces défaillances ?

Grâce aux progrès de la recherche, il est désormais possible d’augmenter la tonicité du nerf vague par stimulation électrique invasive, pour traiter certaines pathologies comme l’épilepsie ou la polyarthrite rhumatoïde (lire Sciences et Avenir n° 855, mai 2018) et, depuis peu, les troubles de l’humeur.

Implanté dans le cou, un appareil stimule à haute fréquence (20 Hz) la branche gauche du nerf, ce qui aurait pour effet d’activer les fibres nerveuses remontant vers le cerveau.

"La stimulation vagale modifie, entre autres, les taux de décharge des neurones du raphé, un noyau cérébral qui produit de la sérotonine - neuromédiateur dont le faible niveau est notamment impliqué dans la dépression", explique le psychiatre Rémy Bation, chercheur au Centre de recherche en neurosciences de Lyon.

La preuve par l’imagerie cérébrale : en 2006, l’école de médecine de l’université de Saint Louis (États-Unis) a démontré chez quatre patients que la stimulation vagale était corrélée à une augmentation du flux sanguin cérébral au niveau de régions innervées par le nerf vague et associées à la dépression, preuve que cette stimulation a des effets directs.

Une souris sans microbiote, génétiquement manipulée pour être anxieuse
Une étude pilote a par ailleurs été menée en 1998 au Southwestern Medical Center de l’université du Texas sur trente patients gravement déprimés que l’on avait équipés d’un stimulateur.

Environ 40 % ont vu leurs symptômes réduits de moitié en trois mois.

Et après neuf mois, plus de la moitié allaient mieux.

Une deuxième étude portant sur 235 patients n’a toutefois, quant à elle, pas montré de différence statistique entre ceux qui avaient été stimulés et les autres (janvier 2002).

Après moult discussions, la Food and Drug Administration des États-Unis a néanmoins approuvé en 2005 l’utilisation de cette technique chez les malades ne répondant pas à "au moins quatre autres traitements disponibles".

En 2016, 5000 patients, en dépression résistante aux traitements, ont été soignés de la sorte dans le monde. Mais pas en France.
La Haute Autorité de santé a retoqué le dossier en 2017, arguant que cette technique n’avait pas d’intérêt par rapport aux molécules chimiques.

Reste que le nerf vague peut aussi être stimulé beaucoup plus naturellement : "Méditation de pleine conscience, cohérence cardiaque (méthode de respiration)... Tout ce qui permet d’améliorer la régulation émotionnelle va renforcer son pouvoir, assure Sonia Pellissier. Il nous faudrait cependant plus d’études contrôlées et comparatives de ces méthodes à court et long terme sur plus de six mois pour confirmer leur intérêt."

Le nerf vague a un dernier pouvoir extraordinaire, et non des moindres.

"Le “petit” cerveau qu’est l’intestin communique en permanence avec le “grand”, dans notre tête, grâce à une autoroute à plusieurs voies, dont le nerf vague", explique Emeran Mayer, gastro-entérologue, directeur exécutif du Center for Neurobiology of Stress de l’université de Californie à Los Angeles (États-Unis) et auteur de The Mind-Gut Connection.

L’intestin possède en effet un système nerveux qui lui est propre.
Et sa paroi cellulaire est colonisée par 40.000 milliards de bactéries de mille espèces différentes, qui composent son microbiote aux multiples fonctions.

Dès 2004, les travaux de Nobuyuki Sudo, de l’université de Kyushu (Japon), et son équipe ont démontré que des souris axéniques (dépourvues de microbiote) étaient plus anxieuses que la normale.

Autre argument en faveur du rôle des bactéries intestinales dans le stress : en 2011, une étude menée par Premysl Bercik, professeur associé de médecine à l’université McMaster (Canada), établit que la transplantation du microbiote d’une souris normale chez une souris axénique manipulée génétiquement pour être anxieuse entraîne une baisse du stress chez cette dernière.

John Cryan, professeur du département d’anatomie et neurosciences de l’université de Cork (Irlande), parvient la même année à réduire le comportement anxieux d’une souris en lui faisant consommer… des bactéries ! Pendant 28 jours, l’animal a ainsi ingéré une souche de Lactobacillus rhamnosus, un probiotique (bactérie vivante).

Soigner le ventre pour soulager l’esprit : une piste thérapeutique prometteuse
Comment une bactérie peut-elle modifier le cerveau jusqu’à agir sur le comportement ?

 "Il se pourrait que les bactéries intestinales émettent des substances communiquant avec les neurones de l’intestin, relié au nerf vague", répond John Cryan.
Pour tester cette hypothèse, les chercheurs ont reproduit l’expérience sur des souris ayant subi une vagotomie (ablation du nerf vague) avant d’ingérer Lactobacillus rhamnosus.

Résultat : l’effet des probiotiques sur le comportement cesse… "Lactobacillus rhamnosus pourrait servir comme antidépresseur et anxiolytique grâce à ses effets sur le nerf vague", conclut John Cryan.
Et pas seulement chez les souris (lire l’encadré ci-dessous).
 Tant et si bien qu’émerge une prometteuse piste thérapeutique : soigner le ventre (le microbiote) pour soulager l’esprit !

Le marché des probiotiques (y compris les laits fermentés), estimé à 50 milliards de dollars dès 2018, a de quoi motiver les recherches !
Que ce soit par des pratiques ou de nouveaux aliments, soigner l’esprit par le corps a tout d’un nouvel Eldorado.

Les bactéries, c’est bon pour le moral !

Modifier le microbiote pour atténuer les troubles de l’humeur : cette piste thérapeutique insolite a déjà fait l’objet de nombreuses études chez l’humain.

En 2013, le Dr Emeran Mayer, à Los Angeles, a observé, pour la première fois en IRM fonctionnelle, que la consommation de lait enrichi en probiotiques pendant trente jours chez des volontaires sains « modifie l’activité des régions cérébrales qui contrôlent la gestion centrale des émotions et sensations ».

En 2017, Premysl Bercik de l’université McMaster (Montréal) démontre le
bienfait des probiotiques chez l’humain.

Sur 44 patients souffrant du syndrome du côlon irritable (troubles intestinaux souvent associés à de l’anxiété ou une dépression), 22 ont ingéré une dose quotidienne de Bifidobacterium longum, un probiotique, alors que l’autre groupe prenait un placebo.

Six semaines plus tard, 14 des 22 patients (64 %) du groupe « probiotiques » ont vu leur score de dépression diminuer, contre 32 % dans le groupe placebo.

Et l’IRMf a montré des changements dans les zones cérébrales impliquées dans le contrôle de l’humeur. Disposera-t-on un jour de "psychobiotiques", que John Cryan définit comme "des bactéries vivantes ayant un effet positif sur la santé mentale" ?
C’est en tout cas l’objectif affiché.

…………….
*Le terme méditation (du latin meditatio) désigne une pratique mentale ou spirituelle. Elle consiste souvent en une attention portée sur un certain objet de pensée (méditer un principe philosophique par exemple, dans le but d'en approfondir le sens) ou sur soi (dans le but de pratique méditative afin de réaliser son identité spirituelle).

La méditation implique généralement que le pratiquant amène son attention de façon centripète sur un seul point de référence.

La méditation (bhāvanā en sanskrit et pali) est au cœur de nombreuses pratiques spirituelles ou religieuses comme celles du bouddhisme, de l'hindouisme, du jaïnisme, du sikhisme, du taoïsme, du yoga, de l'islam, du christianisme ainsi que d'autres formes plus récentes de spiritualité.

C'est une pratique visant à produire la paix intérieure, la vacuité de l'esprit, des états de conscience modifiés ou l'apaisement progressif du mental voire une simple relaxation, résultats pouvant être obtenus en se « familiarisant » avec un objet d'observation : qu'il soit extérieur (comme un objet réel ou un symbole) ou intérieur (comme l'esprit ou un concept, voire l'absence de concept, ou bien les sensations). Certaines techniques de méditation peuvent être utilisées dans un cadre thérapeutique.

Wikipédia
………………………………
Les dangers de la méditation.
Par Julie Pujols Benoit - Paris Match - 13/12/2017 - Partage.

Les 7 piliers de la méditation: La simplicité. La présence corporelle. La respiration. La présence mentale. La bienveillance. Vivre au présent. Se sentir vivant. Patrik Giardino / Paris Match

Ultra-tendance, la méditation ne cesse de faire des adeptes et infiltre les clubs de gym, les hôpitaux, les entreprises, et même les écoles.
Mais cette discipline n’est pas anodine.

Analyse.

Elle puise ses origines en Inde, se pratique dans quasiment toutes les religions et, depuis quelques années, une de ses versions laïques connaît un essor considérable en Occident.
En France, le philosophe Fabrice Midal fonde en 2006 l’Ecole occidentale de méditation et, depuis, des spécialistes comme Christophe André contribuent à la populariser.

Connue sous le nom de « pleine conscience », « Mindfulness » en anglais, elle se constitue du b.a.-ba de la méditation bouddhiste et invite à atteindre, comme l’étymologie du terme anglo-saxon l’illustre, un état de pleine attention.

Le principe ?
 D’après Joachim Vallet, professeur de yoga et de méditation à Paris, il repose sur cet exercice :
« S’asseoir, accepter de penser, se rendre compte de cet état de fait, se poser et tenter de se décrisper de toute chose à faire. »

Méditer ne mène pas d’emblée au calme

Les bienfaits sont si nombreux que méditer devient une injonction dans toutes les strates de la société.
Via son Smartphone, au bureau ou lors de séances collectives, la pratique se généralise, galvanise les urbains stressés mais déconcerte aussi.
En effet, certains ont des difficultés à s’y adonner, tandis que d’autres y parviennent facilement mais connaissent des déconvenues.
Logique, car la discipline n’est pas si accessible et si banale que cela.

Les néophytes curieux s’y mettent en douceur par des vidéos sur YouTube ou des applications comme Petit BamBou qui proposent des exercices simples de respiration et de relaxation.

Quant aux plus investis, ils se tournent vers des cours collectifs ou des retraites menées par des enseignants.

Mais pour Yasmine Liénard, psychiatre, ancienne chef de clinique et initiatrice des groupes de pleine conscience à l’hôpital Sainte-Anne, aucun protocole n’est inoffensif.
Elle explique : « La méditation, c’est apprendre à accueillir sa vulnérabilité, apprivoiser ses émotions et se délivrer de ses souffrances.

Du coup, on lâche ses défenses psychiques et cela peut réactiver des traumas, des souvenirs enfouis.
Ce n’est pas forcément mauvais, mais c’est un passage délicat. »
Cette expérience d’état de conscience modifié, beaucoup l’ont endurée et n’en sont pas ressortis indemnes.
« Parfois, il est trop difficile d’affronter cette résurgence (maltraitance, viol…), alors la personne peut opérer une dissociation et sortir de son corps pour la fuir. »

L’importance d’être bien accompagné

Il est nécessaire de trouver un enseignant qui apporte une traduction occidentale de la méditation bouddhiste.
Car les différences culturelles sont importantes et peuvent freiner l’apprentissage.

Par exemple, certaines postures sont difficiles à réaliser pour des Occidentaux, l’utilisation de gongs peut déstabiliser, tout comme le port de l’uniforme, qui vise à gommer l’individualité.

Ensuite, il faut commencer par répondre à la question : pourquoi je veux méditer ?
 Est-ce que je souhaite me sentir plus libre ?
Mieux me connaître ?
Me libérer de certaines souffrances ?

Lorsqu’on a la réponse, on essaie de rencontrer le formateur qui dispense la méthode adéquate.
Selon le Dr Liénard, « un bon professeur est quelqu’un à qui l’on peut poser toutes les questions (sur sa vision, sa technique, son parcours) et qui est capable de se remettre en question ».

Enfin, si l’on souffre de pathologies (anxiété, phobies, schizophrénie, troubles dissociatifs…), il est impératif de se tourner vers des médecins qui proposent des séances adaptées.

Porosité des frontières entre psychothérapie et spiritualité

Depuis le début des années 2000, des scientifiques ont prouvé que la méditation pouvait aider à lutter contre la dépression et ses rechutes.

Le but pour les médecins est d’apporter aux patients une approche complémentaire, un autre outil de guérison, en parallèle des antidépresseurs.

Mais est-ce que cela fonctionne vraiment ?

« Oui, mais pas pour tout le monde », témoigne Cyril Tarquinio, professeur en psychologie de la santé à l’université de Lorraine, et directeur du laboratoire de psychologie de la santé. Il précise :
« On a trop vendu la méditation comme la thériaque dans l’Antiquité, cet antipoison qui faisait office de remède à tous les maux.

Elle est utile dans certains cas mais doit être évitée à tout prix dans d’autres.
Surtout, il faut garder à l’esprit qu’elle reste une approche complémentaire et pas alternative ! »
D’où, là encore, l’importance de trouver un praticien compétent qui propose une méthode sur mesure et accompagne les patients pour leur éviter des situations périlleuses.

Et si on se perdait dans la recherche exacerbée de spiritualité ?

Il y a vingt ans déjà, Alain Ehrenberg évoquait, dans son livre « La fatigue d’être soi », les maux d’une société devenue trop compétitive, narcissique et égocentrique, et dans laquelle les humains se tournent vers la spiritualité pour trouver un sens à leur vie.

Plus récemment, Daniel Pink, essayiste et ancien conseiller d’Al Gore, expliquait qu’il fallait désormais développer des capacités intellectuelles nouvelles pour survivre dans un monde qui demande trop aux individus.

Plus qu’un effet de mode, la méditation représenterait-elle un changement culturel ?
« Oui, répond le Dr Liénard, sans doute que dans quelques années on ne pourra plus vivre sans, mais, d’ici là, il ne faut surtout pas se forcer à méditer, et rester libre face à cette pratique. »

Pour Joachim Vallet, il est nécessaire de rester vigilant face aux dérives :
« On apprend même aux enfants, à l’école, à respirer sereinement, à se poser.

A priori, pas de danger, mais c’est assez délirant de leur inculquer des techniques pour être encore plus calmes alors qu’ils sont déjà assis huit heures par jour en classe !

Quant aux entreprises qui font méditer leurs cadres afin de les rendre plus performants, n’y a-t-il pas un risque de burn-out si, malgré la pratique, ils ne parviennent pas à remplir leurs objectifs ? »

A méditer pour ne pas transformer une quête spirituelle en une apologie du capitalisme ou en promotion de l’individualité.



mercredi 26 décembre 2018

Comment utiliser son drone en toute sécurité

Vous avez reçu un drone pour Noël ? - 26/12/2018

Voici quelques règles pour vous aider à l’utiliser correctement.


Pour assurer la bonne sécurité de votre drone, mais aussi celle des personnes au sol et pour le respect de la vie privé et du droit à l’image, il est très important de connaître les règles autour de l’utilisation des drones. 

Voici quelques règles à avoir toujours en tête quand vous utilisez votre drone :

Circuler dans l’espace aérien

Par principe, un aéronef doit être immatriculé. 
Cependant, un aéronef circulant sans personne à bord et dont la masse n’excède pas 25 kilogrammes n’est pas soumis à l’immatriculation.

Un drone n’est pas autorisé à voler n’importe ou ! 
Le télépilote doit respecter quelques règles pour éviter les collisions et autres dommages :

Pour les aéronefs télépilotés, la hauteur maximale de vol est de 150m et peut être réduite en fonction de l’environnement

Il existe des interdictions de vol au dessus de certaines zones pour des raisons d’ordre militaire ou de sécurité publique (aéroports, centrales nucléaires etc.).

Vous pouvez retrouver les zones soumises à interdiction ou à restriction sur cette carte

Ce cas est puni de 6 mois d’emprisonnement et 15 000€ d’amende pour maladresse et négligence.

Cette peine est portée jusqu’à un an d’emprisonnement et 45 000€ d’amende en cas de maintien volontaire du drone au dessus de telles zones.

Il est interdit de faire voler son drone de nuit

Protection des biens et des personnes au sol

Le survol de personne est interdit

Il est interdit de faire voler son aéronef télépiloté en agglomération au-dessus de l’espace public

La prise de vues aériennes est possible au cours d'un vol dont l'objectif reste le loisir ou la compétition.
Toutefois, les prises de vues ne peuvent pas être exploitées à titre commercial.

De plus, il est interdit de filmer ou photographier des personnes sans leur autorisation au risque de porter atteinte à leur vie privée, ce qui est puni d'un an d'emprisonnement et de 45 000 € d'amende.

La liste des zones interdites à la prise de vue aérienne :
(Arrêté du 12 octobre 2018)

Attention

A partir du 26 décembre 2018, les aéronefs télépilotés de 800g ou plus doivent être enregistrés par leur propriétaire sur AlphaTango , le portail public des utilisateurs d’aéronefs télépilotés.

Les télépilotes d’aéronefs télépilotés de 800g ou plus utilisés à des fins de loisir doivent avoir suivi une formation.

Cette formation peut être la formation Fox AlphaTango proposée par la DGAC (Direction générale de l’aviation civile) ou une formation dispensée par la FFAM (Fédération française d’aéromodélisme) ou l’UFOLEP (Union française des œuvres laïques d’éducation physique) reconnue comme équivalente par la DGAC.

À noter, les mineurs de moins de 14 ans ne peuvent obtenir d’attestation de suivi de formation et ne peuvent piloter que sous la supervision d’un adulte formé ou dans le cadre d’un club d’aéromodélisme sur un site publié.


Pour plus d’informations et de conseils :





Rwanda : génocide de 1994

Rwanda : il n'y aura pas de procès pour l'attentat déclencheur du génocide de 1994
Par L'Obs – 26/12/2018.

Les juges d'instruction chargés de l'enquête ont rendu une ordonnance de non-lieu.
Cliquez sur l'image pour voir le diaporama

Un rebelle tutsi du Front patriotique rwandais, devant la carcasse de l'avion du président hutu Juvénal Habyarimana. (JEAN MARC BOUJOU/AP/SIPA)

Les juges d'instruction chargés de l'enquête sur l'attentat contre le président rwandais Juvénal Habyarimana ont rendu une ordonnance de non-lieu, écartant la perspective d'un procès sur cet épisode déclencheur du génocide de 1994, a appris mercredi 26 décembre l'AFP de source judiciaire.

François Mitterrand et Juvénal Habyarimana, en 1984. (GEORGES GOBET/AFP)


Ils ont ainsi suivi les réquisitions du parquet de Paris, réclamant en octobre l'abandon des poursuites contre des proches de l'actuel président rwandais Paul Kagamé, qui risquaient d'être renvoyés devant une cour d'assises.


Paul Kagame, président du Rwanda depuis le 24 mars 2000.

Dans son réquisitoire définitif daté du 10 octobre, le parquet demandait en effet l'abandon des poursuites contre les sept protagonistes mis en examen, tous issus du clan de l'actuel président du Rwanda, estimant que l'enquête n'avait pas permis de réunir de "charges suffisantes" contre eux.


Depuis plus de vingt ans, ce dossier empoisonne les relations entre Paris et Kigali, sur fond de débat sur les responsabilités françaises à l'époque du génocide.

Évolution de la démographie entre 1961 et 2003 (chiffre de la FAO, 2005). Population en milliers d'habitants

"La position du ministère public est inacceptable. Depuis dix ans, le parquet a lâché les juges d'instruction pour des raisons notamment politiques", avait réagi en octobre Philippe Meilhac, avocat de la veuve de l'ex-président, Agathe Habyarimana.

Le déclencheur du génocide

Le soir du 6 avril 1994, l'avion de Juvénal Habyarimana, un Hutu, avait été abattu en phase d'atterrissage à Kigali par au moins un missile. Cet attentat est considéré comme le déclencheur du génocide qui fit 800.000 morts selon l'ONU, principalement dans la minorité tutsi.

Lac et volcan dans les montagnes des Virunga.

Alors qu'au Rwanda, une commission d'enquête a imputé la responsabilité de cet attentat aux extrémistes hutu qui voulaient se débarrasser d'un président jugé trop modéré, une information judiciaire avait été ouverte en 1998 à Paris après la plainte des familles de l'équipage, composé de Français.

Enfants rwandais dans le parc national des volcans.

Sous l'égide du premier juge saisi, Jean-Louis Bruguière, l'enquête avait privilégié l'hypothèse opposée d'un attentat commis par l'ex-rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR), dirigée... par Paul Kagamé.

Paul Kagamé, leader du Front patriotique rwandais en 1994, est devenu président du Rwanda en 2000. (JOEL ROBINE/AFP)

Les relations diplomatiques entre les deux pays avaient été rompues pendant trois ans après l'émission en 2006 de neuf mandats d'arrêt contre des proches du président rwandais. Puis rétablies après la mise en examen de sept d'entre eux en 2008 et 2010.

Église de Rwamagana.

Closes une première fois, les investigations avaient été relancées en 2016, car les juges souhaitaient entendre un dissident rwandais, Faustin Kayumba Nyamwasa. Lui-même visé par un des mandats d'arrêt, il avait fait une déposition devant notaire niant son rôle dans l'attentat, mais accusant le FPR.

Plantation de thé.

L'Afrique du Sud, où cet ancien général est réfugié, avait refusé l'exécution de la commission rogatoire des juges qui voulaient l'auditionner par visioconférence.

R. F. (avec AFP)
……………….
Le Rwanda, en forme longue la république du Rwanda, en kinyarwanda Repubulika y'u Rwanda, surnommé le « pays des mille collines », est un pays d'Afrique de l'Est. Le Rwanda étend ses 26 338 km2 dans la région des Grands Lacs. Il partage des frontières avec, au nord, l'Ouganda, à l'est, la Tanzanie, au sud, le Burundi, et à l'ouest, la république démocratique du Congo. Sa capitale Kigali est située au centre du pays.

Les Rwandais parlent le kinyarwanda, et vivent dans les collines qui constituent la localisation de référence des habitats. L'histoire du pays est marquée par le génocide des Tutsis perpétré entre avril et juillet 1994.

Par Wikipédia






Néron

Par Wikipédia –

(latin : IMPERATOR NERO CLAVDIVS CAESAR AVGVSTVS GERMANICVS), né Lucius Domitius Ahenobarbus le 15 décembre 37 à Antium et mort le 9 juin 68 à Rome.

Il est le cinquième et dernier empereur romain de la dynastie Julio-Claudienne ; il régna de 54 à 68 (apr. J-C).

Néron, œuvre en marbre du Ier siècle, musée du Palatin (Inv. 618).

Il accède au trône le 13 octobre 54, à la mort de son grand-oncle et père adoptif Claude (Claudius), Empereur de Rome.
En 66, il ajoute le titre Imperator à son nom. Il est dépossédé de son pouvoir en 68 et se suicide assisté de son scribe Épaphrodite.

Tête de Néron (règne 54-68 ap. J.-C.), provenant d'une statue plus grande que nature, haute d'environ 2,40 m. Après 64 ap. J.-C.

Buste de Sénèque, double hermès du iiie siècle, d'après un original du ier siècle, Collection antique de Berlin (de).

Bien que Sénèque ait été son précepteur, on se souvient de lui comme d'un despote cruel, notamment pour avoir assassiné sa mère Agrippine en 59, et pour ses persécutions des chrétiens.

Il est célèbre pour avoir bâti la Domus Aurea, après l'incendie de Rome de juillet 64, et pour être un prince poète, chanteur et musicien, un grand organisateur de célébrations sportives et artistiques (les Neronia).

Il est aussi un homme d'une ambition démesurée, ayant lutté de toutes ses forces contre l'immense conjuration politique dressée contre lui.
Certains historiens débattent de la folie, réelle ou mise en scène, de Néron

Buste de Claude en Jupiter. Marbre, œuvre romaine, vers 50. Rome, musée Pio-Clementino.

Sources sur Néron

Les sources primaires concernant Néron doivent être lues avec précaution.

Autel de la Paix, détail de la frise montrant probablement Antonia la Jeune, Drusus et leur fils Germanicus.

Sa vie a été rapportée par l'historiographe Suétone dans son œuvre De vita duodecim Caesarum libri (La Vie des douze Césars) et par Tacite dans les Annales, œuvres toutes deux écrites une quarantaine d'années après la mort de Néron.

Le fait que tous deux appartiennent aux ordres supérieurs de la société romaine, Tacite avec le rang de sénateur et Suétone avec le titre de chevalier, a conduit certains historiens à considérer la description des événements du règne de Néron avec prudence, dans la mesure où l'on sait que Néron persécuta les sénateurs romains à partir des années 65-66 à la suite de la découverte de deux conspirations.

Certains récits exaltés du règne de Néron pourraient être discutables. Cependant, par leurs fonctions, les deux auteurs avaient un accès privilégié aux archives impériales, Suétone notamment, né dans les années qui suivent la mort de Néron, qui a été archiviste d'Hadrien.

Buste de Suétone, Rome, musée du Capitole.

Aussi, il faut prendre en considérations que les textes des historiens étaient accessibles par des copies, retranscrites par des copistes.

Avec l'avènement du christianisme dans l'Empire romain, qui deviendra religion d'Etat au IVe siècle, les copies seront surtout retranscrites par des moines chrétiens, plutôt que par des laïcs.

Avec les siècles, et le temps en général, les créations de Tacite et de Suétone n'étaient peut-être pas identiques à ce qu'elles étaient à l'origine.
Par exemple, les historiens s'interrogent depuis longtemps sur le rôle des chrétiens, qui n'étaient peut-être même pas cités dans les textes originaux, et ils seraient apparus au IVe siècle, ajoutés par des copistes en liens étroits avec la propagande du pouvoir impérial.

Par conséquent, les rôles des sénateurs et de la curie romaine étaient écartés, d'autant plus que nous ne possédons pas les manuscrits originaux de ces ouvrages, dont une grande partie des textes sont aussi perdus.


Statue de Tibère (ier siècle), Paris, musée du Louvre.

Famille

Arbre généalogique des Julio-Claudiens

Ascendance de Claude, à sa naissance. En grisé, parents décédés à cette date

Né à Antium, Néron est le fils unique de Gnaeus Domitius Ahenobarbus et d'Agrippine la Jeune, sœur de Caligula.
Son père adoptif est Claudius (ou Claude), qui fut le prédécesseur de Néron en tant qu’empereur.

Buste de Caligula, musée des sciences naturelles de Houston.

Grands-parents paternels

Lucius Domitius Ahenobarbus : fils de Gnaeus Domitius Ahenobarbus l'Ancien et d'Aemilia Lepida.

Antonia l'Aînée : fille de Marc Antoine et d'Octavie (sœur d'Auguste et petite-nièce de Jules César).

Grands-parents maternels

Germanicus : fils de Drusus (fils de Tiberius Néron et de Livie, et frère de Tibère) et d'Antonia la Jeune (sœur d'Antonia l'Aînée).
Germanicus est le frère de Claude ; il est aussi le petit-fils adoptif d'Auguste, puis le fils adoptif de son oncle Tibère.
Agrippine l'Aînée : fille d'Agrippa et de Julia (fille d'Auguste et de Scribonia).

Naissance sous Caligula

Lucius Domitius Ahenobarbus est né le 15 décembre 37.
Rien ne le prédestinait alors à devenir maître de l'empire.

Son oncle maternel Caligula venait de commencer à régner le 16 mars de cette année, à 24 ans.
Ses prédécesseurs, Auguste et Tibère, avaient vécu respectivement jusqu'à 75 et 77 ans.

Caligula est donc l'oncle de Néron, ce dernier n'aurait pu prétendre au trône que dans le cas où Caligula n'aurait pas eu d'héritier mâle.

Néron porte le nom de ses ancêtres de la gens des Domitii.
Comme eux, précédemment, les prénoms dans la gens Domitii étaient donnés, toujours les mêmes, par succession de trois en trois.

On trouve ainsi : trois Caius de suite, puis trois Lucius de suite, etc. Néron était donc un Lucius Domitius Ahenobarbus comme beaucoup de ses ancêtres avant lui.

Agrippine, quatrième épouse de Claude, va réussir à évincer Britannicus de la succession directe et légitime au titre d'empereur.
Son fils Néron (de son précédent mariage avec Lucius Domitius Ahenobarbus, connu à Rome pour sa violence et ses actes de cruauté), sera adopté et reconnu par Claude, comme son héritier et successeur.
Ce tour de force réussi, il ne restait plus à Agrippine que de se "débarrasser" de Claude en le faisant assassiner.

L'Empire romain sous Claude.      L'Empire à l'avènement de Claude      Annexion de royaumes clients      Conquêtes armées

Un scandale marquant le début du règne de Caligula fut sa relation particulièrement étroite avec ses trois sœurs Julia Drusilla, Julia Livilla et Agrippine.

Toutes les trois étaient représentées avec leur frère sur les pièces de monnaie de l'époque.
Les trois femmes semblent avoir obtenu sa faveur et y ont sans doute gagné de l’influence.
Les écrits de Flavius Josèphe, Suétone, Dion Cassius rapportent qu’elles avaient des relations incestueuses avec leur frère.

Lucius devenait ainsi le fils d'une femme influente et célèbre.
Mais elle pouvait perdre rapidement l’influence qu'elle avait sur son frère. Caligula n'avait toujours pas d’enfant.

Ses parents mâles les plus proches étaient alors ses beaux-frères Marcus Aemilius Lepidus (le mari de Drusilla), Marcus Vinicius (le mari de Livilla) et Gnaeus Domitius Ahenobarbus (le mari d'Agrippine).
Ils étaient les héritiers probables en cas de décès prématuré de Caligula. Pourtant, après le décès de sa femme, Lepidus semblait avoir perdu toute chance, mais pas toute ambition, de succéder à son beau-frère.

Camée du triomphe de Claude : deux centaures tirent le char impérial en piétinant les vaincus. Claude tient le foudre de Jupiter tandis que la Victoire lui apporte la couronne triomphale. À ses côtés, Messaline tenant un épi, Octavie couronnée de laurier et Britannicus en habit militaire. –

Conspirations

En septembre 39, Caligula partit rejoindre ses légions en campagne contre les tribus germaniques.
La campagne dut être repoussée à l'année suivante à cause des craintes de l'empereur d'une conspiration contre lui.
Lepidus avait réussi à devenir l'amant d'Agrippine et de Livilla, apparemment à la recherche de leur aide pour gagner le trône.
 Il fut pour cela immédiatement exécuté.

Caligula ordonna également l'exécution de Gnaeus Cornelius Lentulus Gaetulicus, le populaire légat de Germanie supérieure, et son remplacement par Servius Sulpicius Galba.
Pourtant, on ne sait toujours pas s'il était lié à la conspiration de Lepidus. Agrippine et Livilla furent reléguées aux Îles Pontines. Lucius fut sans doute séparé de sa mère à cette époque.

Le père de Lucius mourut d'hydropisie en 40.

Lucius était maintenant orphelin et son destin était incertain, sous le règne d'un Caligula de plus en plus fantasque.
La chance lui sourit l'année suivante : le 24 janvier 41, Caligula, son épouse Cæsonia Milonia, et leur fille Julia Drusilla furent assassinés par une conspiration menée par Cassius Chaerea.
L'oncle de Caligula, Claude, devint le quatrième empereur romain, grâce à l'aide de la garde prétorienne, et rappela Agrippine et Livilla d'exil.

Claude proclamé empereur, peinture de Charles Lebayle selon le récit de Flavius Josèphe, 1886.

Agrippine se remaria rapidement au riche Gaius Sallustius Crispus Passienus.
Son mari mourut entre 44 et 47, et Agrippine fut suspectée de l'avoir empoisonné pour hériter de son immense fortune.
Lucius était le seul héritier de sa mère, devenue riche.

Statue de Claude en Jupiter, 37-54 apr. J.-C., Musées du Vatican.

Adoption par Claude

Lucius, à dix ans, avait très peu de chances d'occuper le trône.
Claude, âgé de 57 ans à cette époque, avait régné plus longtemps, et sans doute plus efficacement que son prédécesseur.
Claude s'était déjà marié trois fois.
Il avait épousé Plautia Urgulanilla et Aelia Paetina quand il était simple citoyen. Empereur, il s'était marié à Valeria Messalina.

Le couple avait deux enfants, Britannicus (né en 41) et Octavie (née en 40). Messaline n'avait que 25 ans et pouvait lui donner d'autres héritiers.

Famille de Claude et de Messaline, vers 42

Pourtant, Messaline fut exécutée en 48, accusée de conspiration contre son époux.
L'ambitieuse Agrippine projeta rapidement de remplacer sa tante par alliance. Le 1er janvier 49, elle devint la quatrième femme de Claude, Tiberius Claudius Nero Caesar Drusus.
Le mariage dura cinq ans. La même année, Agrippine fait rompre les fiançailles d'Octavie et de Lucius Junius Silanus et la fait fiancer avec Néron.

Début 50, le Sénat romain offrit à Agrippine le titre honorifique d'Augusta, que Livie (14-29) avait été la seule à porter avant elle.
Le 25 février 50, Lucius fut officiellement adopté par Claude sous le nom de Nero Claudius Caesar Drusus.

Néron était plus âgé que Britannicus, son frère adoptif, et cette adoption fit de lui l'héritier officiel du trône.

Buste de Claude, salon de la paix du château de Versailles

Claude honora son fils adoptif de plusieurs manières.
Néron fut émancipé en 51, à 14 ans. Il fut nommé proconsul, entra au Sénat, y fit son premier discours, apparut publiquement en compagnie de Claude, et fut représenté sur les pièces de monnaie.
En 53, il épousa sa sœur adoptive, Octavie.

Au pouvoir

Les premières années de l'empereur

Claude mourut empoisonné le 13 octobre 54 et Néron fut rapidement nommé empereur à sa place.
Il n'avait que 17 ans. Les historiens s'accordent à considérer que Sénèque a joué le rôle de figure de proue au début de son règne.
Les décisions importantes étaient probablement laissées entre les mains plus capables de sa mère Agrippine la Jeune (qui pourrait avoir empoisonné Claude elle-même), de son tuteur Sénèque, et du préfet du prétoire Sextus Afranius Burrus.
Néron cherche dès le début de son règne à obtenir les faveurs de l'armée et de la plèbe par diverses primes6.

Les cinq premières années du règne de Néron furent connues comme des exemples de bonne administration, suscitant même l'émission d'une série de pièces de monnaie célébrant le quinquennium Neronis.

Les affaires de l'empire étaient traitées avec efficacité et le Sénat bénéficiait d'une période d'influence renouvelée dans les affaires de l'État.

Les problèmes devaient pourtant bientôt surgir de la vie personnelle de Néron et de la course à l'influence croissante entre Agrippine et les deux conseillers. Tout le monde savait que Néron était déçu de son mariage et trompait Octavie. Il prit pour maîtresse Claudia Acte, une ancienne esclave, en 55.
Agrippine tenta d'intervenir en faveur d'Octavie et exigea de son fils le renvoi d'Acte. Burrus et Sénèque, pour leur part, choisirent de soutenir leur protégé.

Néron résista à l'intervention de sa mère dans ses affaires personnelles.

Le fils légitime de Claude, Britannicus, était âgé de treize ans, il était toujours légalement mineur et sous la responsabilité de Néron, mais il approchait de l'âge de la majorité.
C'est à Britannicus qu'aurait dû revenir le titre d'empereur.
Il restait pour Néron une menace permanente.
Mais le jeune homme mourut brutalement avant le 12 février 557, empoisonné « sur ordre de Néron » par Locuste (célèbre empoisonneuse), d'après Suétone (vie des douze césars).
La proclamation de sa majorité avait été prévue pour le 13 février.

La coïncidence des dates laisse penser qu'il a effectivement été empoisonné. Burrus est suspecté d'avoir pris part au meurtre.
Néron se révoltait de plus en plus contre l'emprise d'Agrippine, et il commençait à envisager le meurtre de sa propre mère.
Il justifiait ses intentions en clamant qu'elle complotait contre lui.
Le pouvoir d'Agrippine déclinait encore rapidement, tandis que Burrus et Sénèque devenaient les deux hommes les plus influents de Rome.

Une série de scandales

Alors que ses conseillers s'occupaient des affaires de l'État, Néron s'entourait d'un cercle de proches.

Les historiens romains rapportent des nuits de débauche et de violence, alors que les affaires plus banales de la politique étaient négligées.
Marcus Salvius Otho était au nombre de ces nouveaux favoris.
À tous points de vue, Othon était aussi débauché que Néron, mais il devint aussi intime qu'un frère.

Certaines sources considèrent même qu'ils ont été amants.
Othon aurait présenté à Néron une femme qui aurait d'abord épousé le favori, puis l'empereur.
Poppée (Poppaea Sabina) était décrite comme une femme de grande beauté, pleine de charme, et d'intelligence.
On peut trouver dans de nombreuses sources les rumeurs d'un triangle amoureux entre Néron, Othon, et Poppée.

En 58, Poppée avait assuré sa position de favorite de Néron.
L'année suivante (59) fut un tournant dans le règne de Néron.

Néron et/ou Poppée auraient organisé le meurtre d'Agrippine.
Sénèque eut beau tenter de convaincre le Sénat qu'elle mettait sur pied une conspiration contre son fils, la réputation de l'empereur fut irrémédiablement entachée par ce cas de matricide.
Othon fut bientôt chassé de l'entourage impérial et envoyé en Lusitanie comme gouverneur.

Le tournant suivant fut l'année 62, pour plusieurs raisons.

La première fut un changement parmi ses conseillers.
Burrus mourut et Sénèque demanda à Néron la permission de se retirer des affaires publiques.

Leur remplaçant aux postes de préfet du prétoire et de conseiller fut Tigellin.
Il avait été banni en 39 par Caligula, accusé d'adultère avec à la fois Agrippine et Livilla.
Il avait été rappelé d'exil par Claude, puis avait réussi à devenir un proche de Néron (et peut-être son amant).

Avec Poppée, il aurait eu une plus grande influence que Sénèque en eut jamais sur l'empereur.
Une théorie suggère que Poppée tenta, pendant ces quatre ans (58-62), d'éloigner Néron de ses conseillers et de ses amis ; si cela est vrai, ce qui est arrivé à Burrus et Sénèque pourrait ne pas être le fruit du hasard.

Le deuxième événement important de l'année fut le divorce de l'empereur. Néron, âgé alors de vingt-cinq ans, avait régné huit ans et n'avait pas encore d'héritier.

Quand Poppée tomba enceinte, Néron décida d'épouser sa maîtresse, mais son mariage avec Octavie devait d'abord être annulé.
Il commença par l'accuser d'adultère. Mais Néron avait déjà acquis la réputation d'être infidèle, alors qu'Octavie était connue pour être un parangon de vertu.
Il fallait des témoignages contre elle, mais la torture de ses esclaves ne parvint qu'à produire la célèbre déclaration de l'une d'elles, Pythias, selon laquelle la vulve d'Octavie était plus propre que la bouche de Tigellinus.

Néron réussit à obtenir le divorce pour cause d'infertilité, ce qui lui permettait d'épouser Poppée et d'attendre qu'elle donne naissance à un héritier.
La mort soudaine d'Octavie, qui s'ouvrit les veines, le 9 juin 62, provoqua des émeutes publiques.

Un des effets rapides de la nomination de Tigellinus fut la promulgation d'une série de lois contre les trahisons ; de nombreuses peines capitales furent exécutées.

Au cours de cette année, Néron fit exécuter deux des membres restants de sa famille :

Gaius Rubellius Plautus.
Sa mère Claudia Julia était la petite-fille de Tibère et de Vipsania Agrippina. C'était aussi la petite-fille de Drusus et d'Antonia la Jeune.

Faustus Cornelius Sulla Felix.
Il était le petit-fils de Lucius Domitius Ahenobarbus et d'Antonia l'Aînée.
Il était aussi le demi-frère maternel de Messaline. Il avait épousé Claudia Antonia, la fille unique de Claude et Aelia Paetina.

Le grand incendie de Rome

Début 63, Poppée donna naissance à une fille : Claudia Augusta.
Néron célébra l'événement, mais l'enfant mourut quatre mois plus tard. Néron n'avait toujours pas d'héritier.

Le 18 juillet 64 éclata le grand incendie de Rome.
Le feu débuta dans les boutiques des environs du Cirque Maxime.
Néron était alors en vacances dans sa ville natale, Antium, mais il dut revenir en toute hâte. L'incendie fit rage durant six jours. La rumeur circula que Néron aurait joué de la lyre et chanté, au sommet du Quirinal, pendant que la ville brûlait.

Les mêmes récits nous décrivent un empereur ouvrant ses palais pour offrir un toit aux sans-abris et organisant des distributions de nourriture pour éviter la famine parmi les survivants.
Mais Néron perdit toute chance de redorer sa réputation en rendant trop vite publics ses projets de reconstruction de Rome dans un style monumental.

La population désorientée cherchait des boucs émissaires, et bientôt des rumeurs tinrent Néron pour responsable.

Selon Suétone, on lui prêtait l'intention d'immortaliser son nom en renommant Rome Neropolis.
Il était important pour Néron d'offrir un autre objet à cette suspicion. Il choisit pour cible une secte juive, celle des chrétiens.

Il ordonna que les chrétiens soient jetés aux lions dans les arènes alors que d'autres étaient crucifiés en grand nombre et brûlés vifs comme des torches.

Tacite nous fait le récit de cet épisode :

« La prudence humaine avait ordonné tout ce qui dépend de ses conseils : on songea bientôt à fléchir les dieux, et l'on ouvrit les Livres Sibyllins.
D'après ce qu'on y lut, des prières furent adressées à Vulcain, à Cérès et à Proserpine : des dames romaines implorèrent Junon, premièrement au Capitole, puis au bord de la mer la plus voisine, où l'on puisa de l'eau pour faire des aspersions sur les murs du temple et la statue de la déesse ; enfin les femmes présentement mariées célébrèrent des sellisternes et des veillées religieuses.

Mais aucun moyen humain, ni largesses impériales, ni cérémonies expiatoires ne faisaient taire le cri public qui accusait Néron d'avoir ordonné l'incendie.

Pour apaiser ces rumeurs, il offrit d'autres coupables, et fit souffrir les tortures les plus raffinées à une classe d'hommes détestés pour leurs abominations et que le vulgaire appelait chrétiens.
Ce nom leur vient de Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Pontius Pilatus.

Réprimée un instant, cette exécrable superstition se débordait de nouveau, non seulement dans la Judée, où elle avait sa source, mais dans Rome même, où tout ce que le monde enferme d'infamies et d'horreurs afflue et trouve des partisans.

On saisit d'abord ceux qui avouaient leur secte ; et, sur leurs révélations, une infinité d'autres, qui furent bien moins convaincus d'incendie que de haine pour le genre humain.

On fit de leurs supplices un divertissement : les uns, couverts de peaux de bêtes, périssaient dévorés par des chiens ; d'autres mouraient sur des croix, ou bien ils étaient enduits de matières inflammables, et, quand le jour cessait de luire, on les brûlait en place de flambeaux.

Néron prêtait ses jardins pour ce spectacle, et donnait en même temps des jeux au Cirque, où tantôt il se mêlait au peuple en habit de cocher, et tantôt conduisait un char.
Aussi, quoique ces hommes fussent coupables et eussent mérité les dernières rigueurs, les cœurs s'ouvraient à la compassion, en pensant que ce n'était pas au bien public, mais à la cruauté d'un seul, qu'ils étaient immolés. »

Aujourd'hui encore, on ignore la cause de cet incendie.

Bien que les anciennes sources (et les lettrés) attribuent la responsabilité de l'incendie à Néron, les études récentes tendent à l'innocenter.
L'immense Domus aurea, qui couvrait une partie de Rome intra muros, fut bâtie par Néron à la suite de cette destruction.

Néron, l'artiste et le veuf

En 65, Néron fut impliqué dans un autre scandale, pris plus au sérieux par le peuple de cette époque qu'il ne le serait de nos jours.
Il était considéré comme dégradant pour un empereur romain d'apparaître comme un amuseur public, jouant la comédie, chantant et jouant de la lyre.

Détesté par de nombreux citoyens, avec une liste d'ennemis politiques qui s'allongeait, Néron commençait à apprécier sa solitude, quand en 65 il découvrit la conjuration de Pison (du nom de Gaius Calpurnius Piso, qui tenta de prendre sa place) et l'implication d'anciens amis comme Sénèque dans le complot.

Les conspirateurs furent contraints de mourir.
Parmi eux se trouvent plusieurs anciens amis du pouvoir néronien.
Ainsi Sénèque, Pétrone et Lucain durent se suicider.

De plus, Néron ordonna que Gnaeus Domitius Corbulo, un général populaire et valeureux, se suicide, pour faire suite à de vagues soupçons de trahison.
Cette décision poussa les commandeurs militaires, à Rome et dans les provinces, à envisager l'organisation d'une révolution.

En 65, Poppée meurt alors qu'elle était enceinte, d'un coup de pied porté au ventre par Néron, si l'on en croit Tacite et Suétone, et ce, malgré la passion qu'il semblait lui vouer.

Néron essaye d'abord de se remarier à Claudia Antonia, la fille de Claude et d'Aelia Paetina (sa demi-sœur par adoption).
Comme celle-ci refuse, Néron la fait tuer sous prétexte qu'elle fomentait un complot.
Elle était sa dernière proche parente. Néron se tourne alors vers son ancienne maîtresse, Statilia Messalina, qu'il épouse en mai 66.
Dès le mois de septembre, Néron quitte sa jeune épouse pour un voyage de plus d'un an en Grèce.

L'Empereur partit en Grèce, en 66, où il distrayait ses hôtes avec des spectacles artistiques (les écrits de Suétone rapportent cependant que l'Empereur empêchait quiconque de sortir de l'amphithéâtre lorsqu'il déclamait ses écrits, et que certains spectateurs durent se faire passer pour morts pour s'échapper, tant ils étaient las d'écouter et d'applaudir, alors qu'à Rome le préfet du prétoire Nymphidius Sabinus cherchait à obtenir le soutien des gardes prétoriens et des sénateurs.

Suicide

De retour à Rome après sa tournée, Néron trouva une atmosphère glaciale ; Gaius Julius Vindex, le gouverneur de la Gaule lyonnaise, se révolta, ce qui amena Néron à une chasse de toute menace éventuelle.

Il ordonna l'élimination de tout patricien avec des idées suspectes.
Galba, son (autrefois) fidèle serviteur, gouverneur d'Hispanie (Espagne), était l'un de ces nobles dangereux.
Il ordonna donc son exécution.

Galba, qui n'avait pas le choix, jura fidélité au Sénat et au Peuple de Rome (Senatus Populusque Romanus : SPQR), il ne reconnaissait plus le pouvoir de Néron.
De plus, il commença à organiser une campagne pour prendre la tête de l'empire.

En conséquence, Lucius Clodius Macer, légat de la légion III Augusta en Afrique, se révolta et cessa d'envoyer du blé à Rome.
Nymphidius Sabinus corrompit la garde impériale, qui se retourna contre Néron avec la promesse d'une récompense financière de Galba.

Le Sénat démit Néron. Apprenant que les sénateurs allaient lui imposer le supplice des parricides (le culleus : recouvert d'une cagoule, cousu dans un sac de cuir dans lequel étaient introduits des animaux – coq, chien et serpent – le supplicié est jeté dans le Tibre), il fut contraint au suicide : abandonné de tous, il se réfugia dans la maison de campagne de Phaon, son fidèle affranchi.

Suivant Suétone, peu avant de mourir, il répétait :
« Quel grand artiste périt avec moi ! » (Qualis artifex pereo) et cita encore un vers de l'Iliade (« Le galop des coursiers résonne à mes oreilles »), en entendant les cavaliers venus se saisir de lui, avant qu'il se poignarde à la gorge le 9 juin 68, aidé de son secrétaire Épaphrodite.

Églogue et Alexandrie, ses nourrices, ainsi qu’Akté, sa concubine, réunirent 200 000 sesterces pour réaliser son incinération et ensevelir ses cendres dans un mausolée sur le Pincio, qui se trouve aujourd'hui dans la Villa Borghèse.

Avec sa mort, la dynastie julio-claudienne prit fin.
Le sénat vota sa damnatio memoriae, maudissant sa mémoire.
Plusieurs guerres civiles s'ensuivirent lors de l'année 69, année des quatre empereurs.

Points de vue historiques à propos de Néron

À l'époque moderne, en Occident, Néron est mis par beaucoup en symbole de tout ce que la Rome antique a eu de plus monstrueux.

Ils s'appuient sur les textes de Suétone, fréquemment colporteur de ragots, et de Tacite, augmentés des attaques des auteurs chrétiens (Tertullien, repris par Eusèbe de Césarée et d'autres), et couronnés par des œuvres de fiction comme Quo vadis, les « monstruosités » montées en épingle étant, outre les assassinats familiaux, l'incendie de Rome et la persécution des chrétiens.

Cependant, la culpabilité réelle de Néron dans le grand incendie de Rome est une accusation à laquelle certains historiens comme Guy Achard ou Claude Aziza ne croient plus guère.
De plus, aucune loi anti-chrétienne ne fut promulguée sous son règne de manière officielle : il y a bien eu persécution, mais uniquement localisée à Rome.

À la décharge de Néron, on peut indiquer qu'il se trouvait à Antium lors de l'incendie de Rome en 64.
En outre les collections auxquelles il tenait y ont brûlé.
La persécution des chrétiens a peut-être été par la suite un choix politique pour calmer la plèbe romaine qui avait besoin de coupables.

Guy Achard porte un jugement plus mesuré sur Néron.
Il constate que l'empire a été bien administré, que les campagnes militaires ont été victorieuses, que l'empereur a inauguré une espèce de théocratie ludique qui avait tout pour séduire une large partie du peuple.

Claude Aziza montre comment la réforme monétaire revalorisant le denier a profité aux milieux d'affaires, et combien la politique étrangère a été favorable aux régions orientales de l'Empire (hellénisation de l'Empire, conclusion d'une paix avec les Parthes, ennemis héréditaires), Néron donnant en outre une impulsion importante aux évolutions artistiques dans le domaine de l'architecture et des arts décoratifs (voir la Domus aurea).

Ainsi la grande popularité auprès du peuple de son temps prit, dès sa mort, le mythe du « retour de Néron » : caché chez les Parthes, il devait réapparaître à la tête d'une armée pour vaincre les conspirateurs et rentrer victorieux à Rome.

Ce mythe fut stimulé par l'attente messianique juive et chrétienne de l'époque et par l'apparition de faux Néron

Après s'être fait bâtir un somptueux palais de cinquante hectares, la Domus Aurea, Néron l'inaugure et s'exclame :
« Enfin je pourrai vivre tel un être humain » (« ut se diceret quasi hominem tandem habitare coepisse. ») (Suétone - Vie des XII Césars - XXXI)

Le Sénat décrète sa mort le 6 juin 68. Néron, en se suicidant, se serait exclamé : « Qualis artifex pereo ! » (« Quel artiste périt avec moi ! »)

Néron dans sa jeunesse aurait dit : « Comme je souhaiterais ne pas savoir écrire » (Suétone- Vie des XII Césars) lorsqu'on lui présentait un ordre de condamnation à mort qu'il devait signer, paroles très étonnantes pour cet empereur.

D'après Suétone, Néron, persuadé de posséder un formidable talent lyrique, a participé à de nombreux concours durant sa vie et notamment lors de son voyage en Grèce.
Il interdisait alors formellement de quitter l'amphithéâtre pendant sa représentation et Suétone rapporte que plus d'un spectateur dut se faire passer pour mort pour pouvoir être emporté en dehors tellement ses déclamations ennuyaient le public.

« Que jamais Néron n'entre dans ce sein résolu ; Il faut être cruel, non dénaturé. » Hamlet, acte III scène 2, monologue d'Hamlet