vendredi 14 juin 2019

Sécurité informatique

Vulnérabilité zero-day


Dans le domaine de la sécurité informatique, une vulnérabilité zero-day — également orthographiée 0-day — (en français : « jour zéro ») est une vulnérabilité informatique n'ayant fait l'objet d'aucune publication ou n'ayant aucun correctif connu.


L'existence d'une telle faille sur un produit informatique implique qu'aucune protection n'existe, qu'elle soit palliative ou définitive.

ANDREW CABALLERO-REYNOLDS/AFP

La terminologie « zero day » ne qualifie pas la gravité de la faille : comme toute vulnérabilité, sa gravité dépend de l'importance des dégâts pouvant être occasionnés, et de l'existence d'un exploit, c'est-à-dire d'une technique « exploitant » cette faille afin de conduire des actions indésirables sur le produit concerné.

Cycle de sécurité informatique type

A la gare de Francfort en Allemagne, un écran a subi les inconvénients de l'attaque. La compagnie ferroviaire publique allemande Deutsche Bahn fait partie des victimes. BORIS ROESSLER/AFP

La recherche de vulnérabilités informatiques (pour s'en défendre ou les exploiter) est un domaine largement empirique.
Bien que les méthodes de protection soient en perpétuel progrès, de nouvelles vulnérabilités sont découvertes en permanence.

Les criminels utilisent des bugs pour créer des backdoors et rediriger le trafic à partir de ressources piratées.

Ces découvertes, fortuites ou fruits de recherches très complexes, sont difficiles à anticiper.
C'est pourquoi une part importante de la sécurité informatique consiste en des protections a posteriori.

Une attaque nouvelle est découverte par de la recherche en sécurité ou à la suite d'une attaque identifiée d'un type non répertorié.
L'attaque est publiée et documentée.

Les sociétés productrices de logiciels (système d'exploitation, antivirus, logiciel de communication...) étudient l'attaque publiée et conçoivent des solutions qui sont intégrées dans les logiciels lors de leur mise à jour périodique.

Ainsi, les machines concernées ne sont vulnérables à une attaque donnée, que dans l'intervalle de temps allant de sa découverte à la diffusion d'un correctif ou sa déclaration dans les bases d'antivirus et autres logiciels de sécurité informatique.

Particularité de la vulnérabilité zero day

La qualité de vulnérabilité zero day n'est que transitoire.

Une vulnérabilité cesse d'être « zero day » dès qu'elle a été identifiée par la communauté de la sécurité informatique.
Celle-ci n'a pas de caractéristiques techniques particulières : elle peut être bénigne ou virulente, être d'application très générale ou au contraire ne s'appliquer qu'à des configurations peu courantes.

L'attaque zero day est en général capable de déjouer les protections existantes tant qu'elle n'a pas été identifiée.

Utilisation des vulnérabilités zero day

Par définition, une vulnérabilité perd aussi son qualificatif « zero day » après son exposition.

Elle est en général employée par des groupes restreints d'utilisateurs pour des objectifs à fort enjeu.
Si l'attaque est discrète et si ses utilisateurs en font un usage optimal, elle peut conserver ce statut durant une longue période de temps.

La recherche de vulnérabilité zero day est en général réalisée par des experts en informatique de haut niveau (à l'opposé des script kiddies qui utilisent des attaques déjà publiées en tirant parti de lacunes dans les mises à jour).

Ces vulnérabilités sont désormais l'objet d'un marché naissant principalement à l'étranger, et des entreprises se sont spécialisées dans leur découverte et leur revente (par exemple Vupen qui a fini par fermer ses bureaux en France ou l'entreprise Zerodium aux États-Unis).

Selon un article de Forbes citant un pirate informatique français, la valeur d'une vulnérabilité zero day variait en 2012 entre 5 000 $ et 250 000 $, suivant son efficacité et les logiciels concernés.
Mais pour les pays signataires de l'arrangement de Wassenaar, le commerce de zero-day est réglementé par cet accord, par lequel, en France notamment, l’État français doit donner son autorisation à l'exportation.

Les vulnérabilités zero day sont notamment utilisées par des attaquants possédant des moyens importants, tels que les services de renseignement des pays industrialisés.
À titre d'exemple, le virus Stuxnet, employé par les États-Unis contre le programme nucléaire iranien, utilisait plusieurs vulnérabilités zero day.

Les limites des services de renseignement

D'après les protocoles du « Vulnerability Equities Process » (VEP) créé par le gouvernement des États-Unis, les agences de renseignement américaines sont supposées — sous l'égide de la NSA — déterminer collectivement si elles préfèrent révéler une vulnérabilité pour permettre au développeur du logiciel de la corriger, ou bien si elles préfèrent l'exploiter.

L'attaque informatique du 12 mai 2017 qui a momentanément affecté le National Health Service britannique et quelques douzaines d'autres institutions russo-européennes — touchant 200 000 stations de travail à travers 150 pays, selon Europol — révèle l'échec des protocoles de gouvernement des États-Unis pour avertir les développeur de logiciels et le secteur privé des vulnérabilités des systèmes.
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0Day-vulnérabilités dans les plugins pour WordPress exploitant plusieurs groupes à la fois

Au moins deux groupes cybercriminels exploitent activement les vulnérabilités des plugins WordPress les plus répandus.
Les pirates utilisent des bogues pour créer des comptes d’administrateur sur des sites qui servent de portes dérobées et redirigent le trafic à partir de ressources piratées.

En particulier, la vulnérabilité du jour zéro a été découverte dans le plug-in Easy WP SMTP, dont l'audience dépasse les 300 000 utilisateurs.
Le programme est utilisé pour configurer SMTP sur les serveurs.

Les premières attaques ont été remarquées vendredi dernier par des spécialistes de NinTechNet.
Bien que le développeur du plug-in ait publié une version révisée v1.3.9.1, les attaquants ont poursuivi leurs attaques pour tenter de pirater autant de sites que possible, jusqu'à ce que les propriétaires installent la mise à jour.

Selon Defiant, les attaques ont exploité la fonctionnalité de configuration d'exportation / importation présentée dans Easy WP SMTP 1.3.9 pour modifier les paramètres généraux du site, en particulier pour activer l'enregistrement de nouveaux utilisateurs, ce que de nombreux propriétaires désactivent pour des raisons de sécurité.

En modifiant l'option de gestion des autorisations, les criminels pourraient créer un compte avec des droits d'administrateur pour les abonnés.

Initialement, les attaquants ont modifié le paramètre wp_user_roles, puis ont changé de tactique en passant à default_role.
En conséquence, tous les comptes créés ont reçu des droits d’administrateur.
 Selon Defiant, cette méthode est utilisée par deux groupes de cybercriminels.

Les deux campagnes utilisent le même code PoC publié auparavant par NinTechNet, mais la similarité se termine là.

Selon les experts, le premier groupe cesse ses activités après la création d'un compte administrateur, tandis que le second agit de manière plus agressive en redirigeant le trafic entrant vers des ressources malveillantes, principalement vers de faux sites de support technique.

Une autre vulnérabilité, déjà activement exploitée par des criminels, a été découverte dans le plugin Social Warfare installé sur plus de 70 000 sites.
Le plugin est temporairement supprimé du référentiel officiel WordPress, mais la version révisée (Social Warfare 3.5.3) est déjà disponible.

Notez que selon Sucuri, en 2018, environ 90% des attaques sur les systèmes de gestion de contenu ont eu lieu sur des sites WordPress.

Viennent ensuite Magento (4,6%), Joomla (4,3%) et Drupal (3,7%) avec une marge considérable.