L'Union européenne
s'autocensure pour apaiser la Chine
Par Soeren Kern - 29 avril
2020
Les envoyés chinois ont fait
preuve d'une grande agressivité sur Twitter pour attaquer, intimider et faire
taire les journalistes, les membres du Parlement et les chercheurs des pays
occidentaux – ainsi que toute personne qui portait atteinte à la version
chinoise officielle.
L'Union européenne a cédé aux pressions de la Chine et
a édulcoré un rapport qui pointait les efforts de la Chine pour échapper à ses
responsabilités dans la pandémie de coronavirus. Des responsables de Pékin
auraient menacé de bloquer l'exportation de fournitures médicales vers l'Europe
si le rapport était publié dans sa version originale. Photo : le ministre
chinois des Affaires étrangères Wang Yi au siège de l'UE à Bruxelles, le 17
décembre 2019 (photo de John Thys / AFP via Getty Images)
Cédant à la pression des
responsables chinois, Esther Osorio, conseillère en communication de Josep
Borrell, Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère, est intervenue
personnellement pour retarder la publication du rapport initial.
Officiellement, l'UE espérait
ainsi obtenir un meilleur traitement pour les entreprises européennes
implantées en Chine.
Mais le 25 avril, le South China Morning Post qui
disposait d'une copie du rapport original, a révélé que Pékin avait menacé de
bloquer l'exportation vers l'Europe de fournitures médicales si le chapitre sur
la Chine n'était pas supprimé.
Le 15 avril, Bild, le journal
allemand le plus populaire, a publié « Ce que la Chine nous doit », un article
qui suggérait que la Chine devrait indemniser l'Allemagne à hauteur de 150
milliards d'euros pour les dégâts que le coronavirus a causé.
L'article listait l'ensemble
des dommages économiques subis par l'Allemagne, notamment 50 milliards d'euros
de pertes pour les petites entreprises et 24 milliards d'euros de manque à
gagner pour le tourisme.
« Vous régnez par le
contrôle.
Vous ne seriez pas président
sans ce contrôle.
Vous surveillez tout et
chaque citoyen, mais vous refusez de contrôler les marchés d'animaux vivants et
malades de votre pays. » -
Julian Reichelt, rédacteur en
chef de Bild, « Vous mettez en danger le monde entier », Lettre ouverte au
président Xi Jinping.
L'Union européenne, cédant
aux pressions de la Chine, a édulcoré un rapport qui mettait l'accent sur les
efforts chinois pour échapper à ses responsabilités dans la pandémie de
coronavirus.
Des responsables politiques à Pékin auraient menacé de
bloquer l'exportation de fournitures médicales vers l'Europe si le rapport
était publié dans sa version originale.
Ces révélations surviennent
alors que le corps diplomatique chinois mène au plan mondial une très agressive
campagne de désinformation - du type "Wolf Warrior" (Loup Guerrier),
du nom d'une série de films d'action patriotiques chinois – pour imposer son
narratif sur les origines du coronavirus.
Sur Twitter, les diplomates
chinois ont fait preuve d'une virulence particulière pour attaquer, intimider
et faire taire les journalistes, les membres du Parlement et les intellectuels
occidentaux – ainsi que toute autre personne qui aurait été tentée de
contredire la version officielle des événements en Chine.
Selon l'agence Reuters, plus de 60 diplomates et
missions diplomatiques chinoises ont, depuis le début de l'année, ouvert des
comptes Twitter ou Facebook, - peu importe que ces deux plates-formes soient
interdites en Chine – dans le but d'imposer silence aux critiques de Pékin dans
le monde entier.
Le 21 avril, Politico Europe,
basé à Bruxelles, a rendu public le rapport que l'Union européenne prévoyait de
diffuser le même jour sur les activités de désinformation chinoises et russes
concernant le coronavirus (Covid-19).
Ce rapport comprenait le
paragraphe suivant:
« La Chine a, sans discontinuer, mené une campagne
mondiale de désinformation pour échapper à ses responsabilités dans le
déclenchement de la pandémie et conserver une bonne image au plan international.
Des tactiques manifestes et secrètes ont été
observées. »
Les responsables chinois ont
immédiatement contacté les représentants de l'Union européenne à Pékin pour
tenter d'étouffer le rapport, indique le New York Times, qui avait également
reçu copie de la version originale.
Le 24 avril, le Service pour
l'action extérieure de l'UE a finalement publié, le rapport - Covid-19 Désinformation
-, mais les termes concernant la Chine ont été nettement adoucis.
Le New York Times a expliqué :
« Le rapport original mettait
en lumière les efforts déployés par Pékin pour bloquer toute référence aux
origines chinoises du virus, ainsi que leur tentative d'imputer aux États-Unis
la responsabilité de la propagation de la maladie au plan mondial.
Le rapport pointait également
l'attitude critique de Pékin envers la France accusée d'avoir tardé à juguler
la pandémie ; il relevait également que le personnel politique français avait
été faussement accusé d'avoir proféré des insultes racistes contre le directeur
général de l'Organisation mondiale de la santé ...
« La Chine est intervenue
rapidement pour bloquer la publication du document et l'Union européenne a fait
machine arrière.
Le rapport était sur le point
d'être publié quand, à la dernière minute, de hauts responsables ont ordonné de
le reprendre pour adoucir certaines formulations ...
« La mention d'une campagne
chinoise de « désinformation mondiale » a été supprimée, ainsi que la remarque
sur le différend entre la Chine et la France. D'autres formulations ont été
adoucies... »
Cédant à la pression des
responsables chinois, Esther Osorio, conseillère en communication de Josep
Borrell, Haut représentant pour la politique étrangère de l'UE, est intervenue
personnellement pour retarder la publication du rapport initial.
Le New York Times a écrit :
« Un courriel et des
entretiens montrent que Mme Osorio, collaboratrice de M. Borrell, a exigé une
révision du document recommandant aux analystes de ne pas s'appesantir sur la
Chine et la Russie afin d'éviter toute accusation de parti pris.
Elle a demandé aux analystes
de faire la différence entre mener une action de désinformation et promouvoir
agressivement un narratif, et de documenter chaque élément « dans la mesure où
nous assistons à une réaction très vigoureuse de CN » - une abréviation pour la
Chine. »
Officiellement, l'UE espérait
obtenir un meilleur traitement pour les entreprises européennes implantées en
Chine.
Mais le 25 avril, le South
China Morning Post qui disposait lui aussi d'une copie du rapport original, a
révélé que Pékin avait menacé de bloquer l'exportation vers l'Europe de
fournitures médicales si le chapitre sur la Chine n'était pas supprimé.
L'analyste géopolitique
indien Brahma Chellaney a mis en perspective l'implication géopolitique des
actions de l'UE :
« Cédant aux pressions de la Chine, l'UE a autocensuré
son rapport.
Elle l'a rendu moins incisif
en supprimant toute référence à la « campagne de désinformation » liée à la
pandémie en Chine.
L'UE est le maillon faible de la tentative des
démocraties de mener une action de concert contre l'autoritarisme musclé de la
Chine. »
Parallèlement, les diplomates
chinois du monde entier, emmenés par le ministre des Affaires étrangères Wang
Yi, sont partis à l'assaut des gouvernements et des personnes qui, à les
écouter, avaient insulté la Chine.
Certains analystes expliquent
que cette attitude est la conséquence du poids croissante de la Chine dans les
affaires internationales.
« La Chine veut que les
autres pays sachent qui est le chef », a écrit la spécialiste des affaires
chinoises Bethany Allen-Ebrahimian.
D'autres analystes estiment
au contraire que l'intransigeance chinoise est plutôt le signe de la fragilité
du Parti communiste chinois et que le président chinois Xi Jinping joue la
carte du nationalisme pour assoir son contrôle et détourner la colère
intérieure qui va croissant contre la mauvaise gestion de la crise du
coronavirus.
« Tous les gouvernements
affrontent la question de leur survie, mais pour un gouvernement autoritaire à
parti unique, le problème est quasi existentiel », a noté Kevin Libin,
chroniqueur et rédacteur en chef du National Post (Canada).
Les pressions chinoises ont
parfois fonctionné comme ce fut le cas avec l'Union européenne et les
Philippines.
Avec d'autres, le harcèlement
chinois s'est avéré totalement contreproductif.
Le 15 avril, le journal le
plus populaire d'Allemagne, Bild, a publié « Tout ce que la Chine nous doit »,
un article qui suggérait que la Chine devrait indemniser l'Allemagne à hauteur
de 150 milliards d'euros.
L'article comprenait une
liste détaillée des pertes économiques causés par le coronavirus en Allemagne
dont 50 milliards d'euros pour les petites entreprises et 24 milliards d'euros
pour les pertes liées au tourisme.
L'ambassade de Chine à Berlin
a alors accusé Bild de racisme. Dans une lettre adressée au quotidien, le
porte-parole de l'ambassade Tao Lili a écrit :
« Non seulement votre article
fait l'impasse sur des faits essentiels et une chronologie précise, mais il
manque aussi de rigueur et d'équité journalistique.
Tous ceux qui agissent comme
vous, alimentent le nationalisme, les préjugés, la xénophobie et l'animosité
envers la Chine.
Votre article ne rend pas
justice à l'amitié traditionnelle entre nos deux peuples et ne contribue pas à
une compréhension sérieuse du journalisme.
Dans ce cadre, je m'interroge
sur l'origine de l'aversion qui semble régner dans votre rédaction envers notre
peuple et notre État. »
Sans se laisser intimider, le rédacteur en chef de
Bild, Julian Reichelt, a répliqué par une lettre ouverte intitulée : « Vous
mettez en danger le monde entier ». Ce texte publié en allemand et en anglais
s'est adressé directement au président Xi Jinping. Reichelt a écrit :
« Vous régnez par le contrôle.
Vous ne seriez pas président
sans contrôle.
Vous surveillez tout et chacun,
mais vous refusez de contrôler les marchés d'animaux vivants et malades de
votre pays.
« Vous fermez les journaux et
sites Web qui critiquent votre ordre, mais pas les étals qui vendent de la
soupe de chauve-souris.
Vous ne surveillez pas
seulement votre peuple, vous le mettez en danger - et avec lui, le reste du
monde.
« La surveillance est un déni
de liberté.
Et une nation qui n'est pas
libre, n'est pas créative.
Une nation qui n'est pas
innovante, n'invente rien.
C'est pourquoi vous avez fait
de votre pays le champion du monde du vol de propriété intellectuelle.
« La Chine s'enrichit des inventions des autres, au
lieu d'inventer par elle-même.
Si la Chine n'invente pas et n'innove pas, c'est que
vous n'autorisez pas les jeunes de votre pays à réfléchir librement.
Le plus grand succès de la Chine à l'exportation (un
succès dont personne ne voulait mais qui a néanmoins fait le tour du monde) est
le Corona ...
« Vous avez créé une Chine
impénétrable et opaque.
Avant le Corona, la Chine
avait une image d'État policier.
La Chine aura désormais la
réputation d'être un État policier qui a infecté le monde avec une maladie
mortelle.
Tel est votre héritage
politique.
« Votre ambassade me dit que
je n'honore pas « l'amitié traditionnelle entre nos peuples ».
Sans doute considérez-vous
les masques que vous envoyez généreusement à travers le monde comme un grand
geste d' « amitié ».
Mais ce n'est pas de
l'amitié, plutôt une forme d'impérialisme dissimulé derrière un sourire - un
cheval de Troie.
« Vous planifiez de renforcer
la Chine au moyen d'un fléau que vous avez exporté. Vous ne réussirez pas.
Tôt ou tard, Corona marquera
votre fin politique. »
On trouvera ci-dessous
d'autres exemples d'efforts déployés par des diplomates chinois pour intimider
et faire taire ceux qui à l'étranger ont défié le gouvernement chinois :
Australie
Le 23 avril, le Premier
ministre australien Scott Morrison a appelé tous les pays membres de
l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à ouvrir une enquête indépendante sur
la pandémie de coronavirus.
Il a déclaré que tous les
membres de l'OMS devraient obligatoirement participer à cette enquête et a
ajouté que l'Australie militerait pour ce projet lors de l'Assemblée de l'OMS
qui aura lieu le 17 mai.
Le porte-parole du ministère
chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a répondu : « la soi-disant
enquête indépendante proposée par l'Australie est en réalité une manipulation
politique.
Nous conseillons à
l'Australie de renoncer à ses préjugés idéologiques ».
Brésil
Peu après qu'Eduardo, fils de
Jair Bolsonaro, ait accusé la « dictature chinoise » d'être à l'origine de la
pandémie, l'ambassadeur de Chine au Brésil, Yang Wanming, a posté un tweet
(supprimé plus tard) qualifiant la famille du président Jair Bolsonaro d' «
énorme poison ». Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Ernesto Araújo
a condamné publiquement le tweet jugeant le comportement de l'ambassadeur
inapproprié.
Canada
Le 19 avril, l'ambassade de
Chine à Ottawa a pris à partie un éminent think tank canadien, le
Macdonald-Laurier Institute (MLI), qui avait publié une lettre ouverte accusant
les autorités chinoises de dissimulation sur les origines de la pandémie.
L'ambassade de Chine a écrit
:
« L'Institut
Macdonald-Laurier vient de rendre publique une soi-disant lettre ouverte qui
accuse à tort la Chine de dissimulation dans le développement de la pandémie,
qui répand des calomnies malveillantes et des attaques contre le Parti
communiste chinois et le gouvernement chinois, et qui interfère manifestement
dans les affaires intérieures de la Chine.
La partie chinoise exprime sa
ferme opposition à de tels actes de la part du MLI ... Nous exhortons le MLI à
agir en conformité avec l'éthique de sa profession, à ne pas se disperser hors
de sa sphère de compétence, à s'abstenir de politiser des travaux de recherche
et à renoncer à proférer des sottises antichinoises. »
Un universitaire du MLI, Kaveh Shahrooz, a tweeté :
« L'ambassade de Chine au
Canada a attaqué publiquement le @MLInstitute, où j'exerce en tant que
chercheur. Nous sommes une écharde dans le flanc de gouvernements comme ceux de
la Chine, de l'Iran et de la Russie. Et j'en suis extrêmement fier. »
Un autre universitaire du MLI, Shuvaloy Majumdar, a
tweeté :
« J'aimerais féliciter
l'ambassade de la RPC à Ottawa d'avoir contribué à attirer plus encore
l'attention sur l'intimidation que le Parti communiste pratique à l'encontre de
son propre peuple et sur ses abus continus à l'étranger. »
Le gouvernement canadien
s'est gardé de prendre parti.
Charles Burton, senior fellow
du MLI et spécialiste de la Chine, a déclaré que le silence d'Ottawa
encouragera Pékin à multiplier ses tentatives d'étouffer la liberté
d'expression au Canada:
« On aurait pu s'attendre à
ce que le gouvernement du Canada se manifeste. L'ambassade de Chine a
clairement attenté à la liberté d'expression d'un think tank canadien et a
proféré des allégations sans fondement contre lui. »
Le 19 avril, le premier
ministre de l'Alberta, Jason Kenney, a tweeté :
« Choqué d'apprendre que mon
ami de longue date, Martin Lee, fondateur du Parti démocratique de Hong Kong, a
été arrêté aujourd'hui avec d'autres citoyens parmi les plus éminents de #
HongKong. Martin est le doyen des hommes d'État de la démocratie de Hong Kong.
J'espère qu'il sera immédiatement libéré. »
Le consulat général de Chine à Calgary a répondu :
« Le Premier ministre de
l'Alberta a commenté sur Twitter l'arrestation légale d'un émeutier anti-Chine
par la police de Hong Kong.
Personne ne peut agir en
dehors de la loi. Ignorer les faits et prendre ouvertement le parti des
émeutiers ne peut que saper l'état de droit, ce qui n'est pas dans l'intérêt du
Canada.
Nous prions instamment les
élus locaux de respecter les règles de base des relations internationales, de
respecter l'application des lois par la RAS (Région administrative spéciale) de
Hong Kong et de cesser immédiatement toute intrusion dans les affaires
intérieures de la Chine. »
Kenney a répondu :
« Je reconnais bien
volontiers que l'Alberta n'a pas de politique étrangère et je ne pratique pas
la diplomatie en indépendant, mais je tiens à dire ceci : quand un de mes amis
est arrêté et devient un prisonnier politique, je ne saurais en toute
conscience garder le silence. »
Lorsque les Britanniques ont transféré à la Chine leur
souveraineté sur Hong Kong en 1997, Pékin a consenti un statut d'autonomie
relative à Hong Kong jusqu'en 2047, selon le principe de « un pays, deux
systèmes ».
Le 14 avril, le Globe and
Mail, le journal le plus lu au Canada, a publié une tribune intitulée
« La culture de corruption et de répression du Parti
communiste chinois a détruit des vies dans le monde entier ».
L'auteur accusait le PCC de
cacher, détruire, falsifier, fabriquer, censurer, déformer l'information sur
l'épidémie ; de taire et criminaliser la dissidence ; et d'avoir fait
disparaître les lanceurs d'alerte, « autant d'actes qui reflètent l'ampleur de
la criminalité et de la corruption dans le parti ».
L'article appelait la
communauté internationale à tenir les autorités chinoises pour responsables de
« l'une des plus grandes crises humanitaires de l'histoire ».
L'ambassade de Chine à Ottawa
a répondu que l'article était « plein de haine et de préjugés » contre le Parti
communiste chinois (PCC) :
« Comment oser parler de
rendre des comptes ? Le « virus politique » de la stigmatisation est plus
dangereux que la maladie elle-même. Ceux qui tentent d'imputer au PCC une
pseudo « criminalité » ne font manifester leurs préjugés idéologiques, et la «
motivation politique » du procédé est douteuse.
« Ces personnes feraient
mieux de se concentrer sur la prévention et le contrôle de l'épidémie sur leur
territoire.
Pointer du doigt un bouc
émissaire n'atténuera pas l'épidémie dans leur pays, ni ne contribuera à une
meilleure coopération internationale en matière de prévention et de contrôle de
la pandémie. »
Le 1er avril, le Globe and
Mail a publié une tribune intitulée « Peut-on faire confiance aux chiffres
officiels de la Chine concernant le COVID-19? » L'auteur demandait :
« Le premier réflexe du
gouvernement chinois ayant toujours été de cacher les faits, surtout quand ils
mettent en valeur ses échecs, pourquoi serait-on obligé de croire les données
en provenance de Chine sur le COVID-19 ? ...
Le gouvernement communiste
doit sa légitimité au fait qu'il a convaincu les citoyens chinois qu'il est
mieux à même de protéger leurs intérêts que les administrations
démocratiquement élues.
À cette fin, il a toujours gonflé les statistiques de
croissance économique et toujours minimisé ses émissions de gaz à effet de
serre.
Comment s'attendre à ce qu'il soit honnête sur sa
propre épidémie de COVID-19 ? »
L'ambassade de Chine à Ottawa a répondu :
« L'article fait le constat
que les États-Unis sont un État démocratique et que la Chine est dirigée par le
gouvernement communiste, pour conclure de manière ridicule que les statistiques
américaines sont plus fiables que les statistiques chinoises ...
Il y a là un authentique deux
poids-deux mesures.
Nous prions instamment le
Globe and Mail de renoncer à ses préjugés, de respecter les faits et de mettre
un terme à ses remarques irresponsables concernant les efforts de la Chine pour
lutter contre le COVID-19. »
France
Le 14 avril, le ministre
français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a convoqué l'ambassadeur
de Chine en France, Lu Shaye, pour exprimer son mécontentement à propos des
jugements émis par certains représentants chinois en France concernant la
pandémie de coronavirus.
« Certaines déclarations publiques récentes de
représentants de l'ambassade de Chine en France ne sont pas conformes à la
qualité des relations bilatérales entre nos deux pays », a-t-il déclaré.
Dans une série de
déclarations récentes aux médias, Lu a accusé « une certaine presse française »
d'avoir terni l'image de la Chine en répandant des « mensonges » sur sa
responsabilité dans la pandémie actuelle de coronavirus.
Ces médias - il ne les a
jamais nommés mais, ils représenteraient selon lui, l'ensemble de la presse
française - ont « tourné en dérision la Chine » au mépris de « toute éthique
médiatique et de la bonne foi la plus élémentaire » dans une démarche qui, à en
croire M. Lu, « frise la paranoïa. »
Le 15 mars, sur la chaîne
câblée Mandarin TV, Lu a accusé les médias d'utiliser des techniques de « propagande
» pour « laver le cerveau » du grand public.
Sur le site Internet de
l'ambassade les 14 et 29 février, Lu a condamné les propos « irresponsables »
et les « absurdités » des médias français à propos de la Chine.
Le secrétaire général de Reporters sans frontières
(RSF), Christophe Deloire a déclaré :
« Cette "leçon de
journalisme" à la presse française est inepte de la part d'un représentant
de la République populaire de Chine, pays au 177ème rang sur 180 du Classement
mondial RSF de la liberté de la presse et qui est la plus grande prison au
monde pour les journalistes.
La censure imposée par Pékin
aux médias chinois a eu un impact très négatif en retardant la prise en charge
de l'épidémie de coronavirus à ses débuts ».
RSF a ajouté dans le même communiqué de presse :
« L'attitude de l'ambassadeur
participe d'une politique concertée au plus haut niveau du régime chinois pour
contrôler l'information hors de ses frontières, comme RSF l'a montré l'an
dernier dans un rapport d'enquête intitulé « Le nouvel ordre mondial des médias
selon la Chine. »
Allemagne
Le 12 avril, sur la base de
fuites en provenance du ministère allemand des Affaires étrangères, le Welt am
Sonntag a révélé que des responsables chinois étaient intervenus auprès de
responsables et employés de plusieurs ministères fédéraux pour les inciter à «
tenir des propos positifs » sur la gestion chinoise de la crise du coronavirus.
Les responsables chinois «
ont également incité des décideurs politiques à agir en lobbyistes » pour
défendre « les intérêts chinois en Allemagne et promouvoir l'agenda politique
du Parti communiste ».
L'ambassade de Chine à Berlin
a accusé le Welt am Sonntag de « chercher à calomnier et salir » la Chine. « Il
faut mettre un terme à toutes les formes de stigmatisation de la Chine. »
Inde
L'ambassadeur de Chine en
Inde, Ji Rong, a mis en cause à plusieurs reprises des responsables politiques
indiens et des médias.
Le 8 avril, il a tweeté :
« La prétendue plainte
déposée par certaines organisations indiennes auprès du CDH (Comité des droits
de l'homme de l'ONU) pour exiger que la Chine compense les pertes causées par #
COVID19 est ridicule et relève du non-sens le plus spectaculaire.
En ces temps difficiles,
mieux vaudrait travailler ensemble au lieu de stigmatiser les autres et rejeter
la faute sur eux. »
Le 10 avril, Ji a tweeté :
« Il est regrettable que
certains médias indiens se réfèrent au #COVID19 comme « le virus de Wuhan » ou
le « virus chinois ».
Le consensus au sein de la
communauté internationale est qu'un virus ne doit pas être lié à un pays, une
région ou un groupe ethnique spécifique.
Une telle stigmatisation est
inacceptable. »
Philippines
Le 29 mars, le ministère de
la Santé a présenté ses excuses pour ses remarques de la veille concernant la
mauvaise qualité de deux lots de tests de dépistage du coronavirus fournis par
la Chine.
La sous-secrétaire à la
Santé, Maria Rosario Vergeire, avait déclaré que les kits de dépistage du
Covid-19 fournis par les groupes chinois BGI Group et Sansure Biotech n'étaient
précis qu'à 40% et que certains d'entre eux méritaient de finir à la poubelle.
L'ambassade de Chine à Manille a tweeté :
« L'ambassade de Chine
rejette fermement toute remarque irresponsable et toute tentative de saper
notre travail de coopération. »
Suède
Le 18 janvier, la ministre
suédoise des Affaires étrangères, Ann Linde, a convoqué l'ambassadeur de Chine
en Suède, Gui Congyou, qui avait comparé la presse suédoise à un boxeur poids
plume qui « cherche querelle » a un poids lourd.
Congyou, célèbre pour son
franc parler, a déclaré à la chaîne publique SVT que les « attaques vicieuses
et répétées de certains médias suédois à l'encontre du Parti communiste chinois
et du gouvernement chinois « étaient semblables à celles d'un boxeur poids
plume de 48 kg qui provoque un adversaire de presque deux fois son poids :
« Le boxeur de 86kg, par
souci de protéger son adversaire poids-plume, lui conseille de laisser tomber
et de s'occuper de ses affaires, mais ce dernier, non content de rien écouter,
fait irruption dans la maison du boxeur poids lourd.
Quelle doit-être alors la
réaction du poids lourd ? »
Utgivarna, association qui
défend les intérêts des médias suédois privés et publics, a déclaré :
« Une fois de plus,
l'ambassadeur de Chine Gui Congyou multiplie les attaques contre la liberté de
la presse et la liberté d'expression qui sont des droits constitutionnels en
Suède, avec des allégations mensongères et des menaces.
Il est inacceptable que la plus grande dictature du
monde attente à la liberté d'un journalisme libre et indépendant dans une
démocratie comme la Suède. Ces attaques répétées doivent cesser immédiatement.
»
Venezuela
Le 18 mars, l'ambassade de
Chine au Venezuela a posté 17 tweets qui ont mis violemment en cause des
membres non identifiés du parlement vénézuélien accusés d'avoir qualifié le
coronavirus de « coronavirus chinois » ou de « coronavirus de Wuhan ».
L'ambassadeur de Chine a
déclaré que les parlementaires vénézuéliens étaient victimes d'un « virus
politique » et il leur a conseillé d'aller « se faire soigner ».
Il a tweeté qu'ils feraient
mieux de « mettre un masque et de se taire ».
Soeren Kern est senior fellow du Gatestone Institute de New York.
Traduction du texte original: Coronavirus: China's Global
Intimidation Campaign