Par André Larané – herodote.net -
- Deux semaines après la défaite de Sedan, la capture de
Napoléon III et la proclamation de la IIIe République, les armées prussiennes
atteignent Paris. Le siège de la capitale débute le 19
septembre 1870 –
4 septembre 1870 - Proclamation de la République
Siège de Paris
Adolphe Thiers, chef du gouvernement provisoire de la
République, renonce à la réprimer et s'enfuit à Versailles avec tous les corps
constitués.
18 mars 1871 - Paris, de l'insurrection à la Commune -
Charonne
C'est l'amorce de la « Commune ». Maîtres malgré eux de
la capitale, les révolutionnaires et militants socialistes et ouvriers vont
offrir à la bourgeoisie républicaine l'occasion de se débarrasser une fois pour
toutes de la « question sociale ».
Il en coûtera 20 000 victimes.
Provocations
À l'automne précédent, après avoir capturé l'empereur
Napoléon III et son armée à Sedan,
les Prussiens ont assiégé la capitale et le gouvernement
de la Défense nationale, qui s'est entre-temps réfugié à Bordeaux, s'est
résigné à signer un armistice.
Les vainqueurs se voient accorder le droit de défiler le
1er mars 1871 à Paris, dans une capitale en deuil, devant des statues
recouvertes d'un voile noir. Les Parisiens ruminent leur humiliation.
Après avoir soutenu un siège très pénible, ils se sentent
trahis par leurs gouvernants.
10 mai 1871 - Traité de Francfort
L'Assemblée nouvellement élue et où dominent les
monarchistes attise les tensions.
Après l'arrêt des combats contre les Prussiens, elle
renonce à revenir à Paris et quitte Bordeaux pour... Versailles, la ville royale
!
Dès le lendemain, parmi ses premières mesures, le
gouvernement lève sans préavis le moratoire sur le remboursement des effets de
commerce et des loyers qui avait été instauré au début de la guerre.
Il supprime aussi l'indemnité due à la garde nationale
(30 sous par jour).
Or, à Paris, la garde nationale rassemble pas moins de
180 000 hommes issus de la petite bourgeoisie et du monde ouvrier qui se sont
portés volontaires pour défendre la capitale contre l'ennemi et se sont
habitués à vivre sous les armes.
Massacre
L'atmosphère s'échauffe. Thiers décide de récupérer 227
canons financés par les Parisiens en vue de la défense de la capitale.
La garde nationale les a disposés sur les buttes de
Montmartre et de Belleville pour les mettre hors d'atteinte des Prussiens lors
de leur entrée dans la capitale.
Le samedi 18 mars, Thiers envoie une colonne de 4 000
soldats avec l'ordre de les récupérer.
On sonne le tocsin. La foule s'assemble. Les soldats se
débandent ou se rallient au petit peuple.
Le général Lecomte, qui commande l'une des brigades, est
fait prisonnier.
Un autre général, Clément-Thomas, qui se promène sur les
boulevards, est arrêté à son tour par les émeutiers ; on lui reproche d'avoir
participé à la répression
de juin 1848.
À 17 heures, les deux hommes sont exécutés par la foule.
Des émeutes se produisent au même moment en d'autres
quartiers de Paris. Adolphe Thiers renonce à les réprimer.
Peut-être juge-t-il l'entreprise trop risquée avec 30 000
soldats à la fidélité incertaine face aux 150 000 hommes de la garde nationale
?
Il ordonne donc à l'armée et aux corps constitués
d'évacuer sur le champ la capitale.
L'évacuation commence avant même le meurtre des généraux
Lecomte et Clément-Thomas. Elle est achevée le soir même.
Confusion
Abandonné par la République, Paris s'en remet à des
militants jacobins nostalgiques de la Grande Révolution (celle de 1789), à des
anarchistes, des socialistes et des utopistes.
Pris de court par le vide du pouvoir, ces militants au
nombre d'une trentaine se réunissent dans la plus grande confusion à l'Hôtel de
ville.
Ils organisent des élections municipales le 26 mars mais
la majorité des Parisiens s'en désintéressent (229 000 votants sur 485000
inscrits).
Il est vrai que beaucoup de bourgeois n'ont pas attendu
pour fuir la capitale.
La Commune est néanmoins proclamée dans la foulée des
élections le 28 mars 1871. Elle est représentée par une assemblée de 79 élus et
son nom fait référence à la Commune insurrectionnelle qui mit bas la royauté
le 10 août 1792.
La capitale doit dès lors supporter un deuxième siège,
non par les Prussiens mais par l'armée française.
Il s'achèvera dans la tragédie, avec la Semaine
Sanglante, deux mois plus tard. La blessure, jamais cicatrisée, continue de
séparer en France la gauche de la droite.
Le Figaro : gare aux hommes malintentionnés, égarés,
inconnus, communistes...
Dans son édition du 20
mars 1871, Le Figaro dresse heure par heure le récit de la journée tragique
qui a vu l'abandon de Paris par les corps constitués.
Il publie aussi la déclaration du gouvernement à la
population, mettant celle-ci en garde contre « des hommes malintentionnés, sous
prétexte de résister contre les Prussiens, qui ne sont plus dans vos murs, se
sont constitués les maîtres d'une partie de la ville... »
…………
Alsaciens-Lorrains à Paris et en Algérie
Dans les années 1870, la germanisation de l'Alsace et de
la Lorraine du nord (aujourd'hui le département de la Moselle) va entraîner
plusieurs dizaines de milliers d'habitants à quitter leur terre natale pour se
réfugier en France.
De nombreux Mosellans s'installent dans le département
limitrophe de la Meurthe, qui prendra le nom de Meurthe-et-Moselle.
10 000 à 12 000 Alsaciens-Lorrains s'installeront comme
colons en Algérie tandis que d'autres referont leur vie à Paris.
Les célèbres brasseries alsaciennes qui ceinturent
aujourd'hui la capitale perpétuent leur souvenir et leur nom : Lipp, Bofinger,
Wepler, Zeyer... Le restaurant où se réunit chaque année l'académie Goncourt a
aussi été fondé par un Alsacien, Charles Drouant, en 1880.
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