Pâques est une
fête joyeuse pour les chrétiens, célébrée le dimanche qui suit la pleine lune
après l’équinoxe de printemps pour les protestants et les catholiques.
C’est pourquoi la date change chaque année.
La Cène, de Léonard de Vinci
Les orthodoxes et les Juifs ont aussi leurs propres
dates. Il arrive certaines années qu’elles tombent en même temps.
Pâques, c’est le rappel de la mort et de la résurrection
de Jésus précédé de la « cène » c’est à dire le dernier repas de Jésus avec ses
apôtres avant son arrestation et sa crucifixion.
Il ressuscite 3 jours après, apparaît vivant devant ses
disciples, se montre à eux pendant 40 jours puis monte au ciel.
Pour les chrétiens c’est aussi le symbole fort d’un «
passage » de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière.
Le tombeau de Jésus ouvert
Certains avancent que Jésus à été mis sur la croix à
cause d’un mauvais bulletin scolaire, hypothèse non validé jusqu’à maintenant…
(attention, c’est de l’humour !).
Les Juifs commémorent le jour de Pâques la sortie d’
Égypte des Israélites (vers 1500 AV Jésus Christ).
C’est le passage de l’esclavage à la liberté puisque le
peuple hébreu subissait l’esclavage en Égypte.
C’est aussi le passage de la Mer Rouge par le peuple
hébreu, conduit par Moïse.
Le premier soir de Pâques, les juifs vivent une fête
familiale appelée le Sédèr où ils mangent ensemble un repas traditionnel.
Ce repas est notamment composé d’un agneau, (en souvenir
de la nuit où Dieu leur demanda de marquer leur porte de sang de l’animal pour
préserver leur fils de l’ange exterminateur), de pain sans levain (rappel du
pain que les Israélites avaient fait avant leur départ précipité d’ Égypte vers
Israël), d’herbes amères (amertume de l’esclavage vécu en Égypte) et de vin.
Le jour de Pâques est un jour qui change tous les ans
puisqu’il est choisi en fonction de la lune de printemps.
Il n’y a donc pas de saint particulier pour le jour de
Pâques.
En effet, dans notre calendrier, nous avons des saints
inscrits à chaque date. C’est ainsi que le jour anniversaire d’un saint
correspond au jour de sa mort.
Il est évident qu’il y a des saints qui sont morts le
même jour, et portant le même nom comme Ste Thérèse par exemple.
Il y a des milliers de saints et le calendrier ne
comporte que 365 jours !
Il existe un calendrier officiel avec les noms les plus
connus comme Saint Pierre, Sainte Marie… mais il y a aussi les saints locaux
comme la Saint Nicolas dans le Nord de la France
Le repas de Pâques
pour les catholiques
Le repas Pascal est un moment de joie.
Les chrétiens mangent traditionnellement de l’agneau.
Cela fait référence à la Pâque juive et à l’agneau immolé
avant que les juifs ne quittent l’Egypte où ils étaient réduits en esclavage.
Jean-Baptiste dit également au sujet de son cousin Jésus
: « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».
L’agneau de Pâques
L’œuf de pâques
est symbole d’une vie nouvelle en rappel de la résurrection.
Autrefois, il était interdit de manger des œufs pendant
le carême.
Le carême est la période où les chrétiens font le jeûne c’est
à dire 40 jours avant Pâques (ce qui correspond aux 40 jours de Jésus passés
dans le désert avant sa mort.)
Si bien qu’on se trouvait à Pâques avec des quantités
d’œufs.
Au 18ème siècle, en France, on décide de vider les œufs
frais et de les remplir en chocolat.
Puis on les fabrique directement en chocolat et on les
cache dans les jardins pour que les enfants les trouvent.
Oeufs de Pâques décorés
Dans les pays catholiques ont dit que ce sont les cloches
de Pâques qui ramènent les œufs de Rome.
La légende voulait que les cloches partent à Rome où le
Pape les bénissait. Le matin de Pâques, les cloches revenaient en carillonnant
pour annoncer la résurrection du Christ.
A Rome, elles se chargeaient d’œufs de Pâques qu’elles
répandaient à leur retour dans les jardins, permettant aux enfants de les
chercher.
La tradition du silence des cloches prit naissance vers
le 7ème siècle
A l’époque, l’Église interdisait de sonner les cloches du
Vendredi Saint au Dimanche de Pâques, et cela pour commémorer le temps entre la
mort et la résurrection du Christ.
Le repas de Pâques
pour les orthodoxes
Selon les pays les traditions sont variées.
En France, on sert le koulitch, brioche d’origine russe,
et la paskha, gâteau au fromage blanc et fruits confits orné des lettres « XB
», initiales russes de Christ ressuscité.
Le Koulitch
Dans certains monastères, on cuit et on fait bénir
pendant la veillée le pain de Pâques, orné d’une croix.
On dégustera ce pain chaque matin de la semaine qui suit.
Des recettes pour fêter Pâques - Voici quelques idées de
recettes :
Pour décorer votre table de Pâques, vous pouvez mettre
des œufs décorés, dans un panier, sur la table ou à côté de chaque assiette.
Ils peuvent être personnalisés. Vous pouvez acheter des
œufs à décorer en polystyrène.
Pour les petits enfants, vous ne risquez pas de les
casser (collage de papier, gommettes gouache,…).
Pour les mains plus agiles, achetez des œufs dans le
commerce que vous percez d’un petit trou en haut et en bas à l’aide d’une
pointe de couteau ou d’une grosse aiguille.
Puis vous soufflez dans un trou pour les vider. Gardez
bien le blanc et le jaune d’œuf vidé car vous pouvez les cuisiner en omelette
le soir.
Pour les peindre, vous pouvez les mettre soit sur un
coquetier ou dans une boîte à œufs coupée et vous faites la peinture en 2 temps
(d’abord le haut et ensuite le bas….).
Sinon, vous traversez les 2 trous faits à chaque
extrémité des œufs avec une brochette en bois pour le tenir pendant que vous
peignez.
Utilisez de la gouache ou de l’acrylique (motifs
géométriques, fleurs…)
Une fois secs vous pouvez les vernir.
Si vous avez peu de temps, peignez les unis et entourez-
les d’un ruban. Cela fera très joli sur la table de Pâques.
Il rappelle les 40 ans passés dans le désert par le
peuple hébreu avant de rallier la terre promise et les 40 jours de Jésus passés
dans le désert entre son baptême et le début de sa vie publique.
Ce carême commence le mercredi des cendres, c’est à dire
le lendemain de mardi gras et se termine à Pâques.
Les chrétiens se préparent à la grande fête de Pâques en
pensant aux autres et en priant Dieu.
C’est un temps où l’on s’arrête pour partager, prier,
faire un don, seul avec des amis ou en famille.
Le carême peut pour certains être une période de jeûne
mais peut aussi être remplacé par un effort que l’on doit faire au quotidien.
de
Notre-Dame a fait naître parfois bien plus que des larmes
Par Sandra Lorenzo – 16/04/2019
Voir la cathédrale en feu, un symbole qui peut ébranler.
PSYCHOLOGIE - Le
spectacle était aussi effroyable que fascinant.
Malgré tous les efforts des pompiers, les flammes ont
longtemps illuminé le cœur de Notre-Dame de Paris alors que la nuit tombait.
De tous les points de vue de la Capitale, les Parisiens
et ceux qui étaient de passage se sont pressés pour regarder.
Derrière nos écrans de télévision, de smartphones, la
flèche s’effondrant, dévorée par les flammes, est passée en boucle.
Nombre d’entre nous, à Paris ou ailleurs, se sont arrêtés
dans leur quotidien.
Un brasier géant
qui consume en direct plus de 850 années d’histoire, une forêt de poutres que
même les bombardements de la Seconde Guerre mondiale n’avaient pas détruite.
Et pour beaucoup de témoins, croyants ou non, une émotion
vive et intense. Des larmes, des prières, des chants et de dessins d’hommages.
Ils se disent “déboussolés”, n’ont plus les mots comme certains dans la vidéo
ci-dessous.
Pour Barbara Attia, psychologue urbaniste interrogée par
Le HuffPost, avec cet incendie, “c’est
une partie de soi” qui est partie en fumée. “
Un deuil va devoir se faire, peu importe la symbolique
qu’on donne à ce monument”.
Notre-Dame de
Paris est un point de repère.
Géographique bien sûr, elle est le point zéro des routes
de France.
Spirituel, aussi.
Et également temporel.
“Lorsque nous regardons un objet matériel, qu’il s’agisse
d’une cathédrale, d’un immeuble, d’une pierre, d’une vieille montre, explique
le philosophe Etienne Klein, le seul fait d’y prêter attention nous porte [...]
à nous enfoncer dans son histoire, à nous décaler, par l’imagination, de la
surface de son présent.”
“Un morceau de
notre passé projeté dans notre présent”
Admirer cette cathédrale ou même juste lui jeter un
regard en passant, c’était voyager dans le temps, comme l’explique le
philosophe, “ce bâtiment somptueux n’était pas une chose statique dans
l’espace, mais une suite d’événements dans l’espace-temps. [...]
Notre-Dame : Les photos inédites de l'intérieur de la cathédrale
La persistance de cette grande chose immobile cachait une
dynamique invisible, profonde, celle de la succession ininterrompue des
instants qui ont transporté sa présence depuis sa première apparition.
Notre-Dame était
un morceau de notre passé projeté dans notre présent”.
La regarder, vivre à ses côtés, c’est aussi s’assurer de
la permanence des choses.
Ce monument qui a vu tant de générations naître doit nous
survivre, faire partie de la génération qui la voit “mourir” en direct peut
provoquer beaucoup d’inquiétudes.
“Il s’agit d’un lieu très symbolique en termes de
sécurité personnelle”, confirme Barbara Attia.
“L’heure est à
l’écoute”
Cette spécialiste qui accompagne des habitants et des
mairies comme celle de Calais dans la rénovation de quartiers et la destruction
de grands ensembles regarde de près les réactions depuis l’annonce de
l’incendie.
“Après soixante-douze heures, il sera temps de faire ce
que l’on appelle un ‘debriefing’, c’est pour l’instant trop tôt,
explique-t-elle.
“L’heure est à l’écoute. Quand on traverse un événement
traumatique, on a besoin de ne pas se sentir isolé, de se rassembler et de
partager.”
La spécialiste espère ainsi que des cellules d’écoute
seront mises en place par la mairie et surtout que le projet de reconstruction
pourra laisser de la place à tous.
“Il faudra que tout le monde ait voix au chapitre pour
permettre l’apaisement.”
…………………….
L'incendie de
Notre-Dame nous montre que notre surpuissance n’est qu’un leurre
Battons-nous aujourd’hui pour que notre patrimoine,
culturel et naturel, ne parte pas en fumée... demain.
Par Muriel Douru
Illustratrice
Muriel Douru Illustratrice - Comment l'étude de la
collapsologie apprend à relativiser.
Hier soir, en regardant les images de Notre-Dame de Paris
en feu, je ressentais de la tristesse mais pas cette émotion énorme, largement
partagée, et cela n’a rien à voir avec le cynisme ou mon rejet des religions
car je suis très sensible à la créativité humaine, quelle que soit sa
motivation.
Non. C’est juste
que je suis ... anesthésiée.
Car hier, j’ai entendu le journaliste scientifique
Laurent Testot dire, dans une interview, que si rien n’est fait pour changer le
cours du dérèglement climatique, Venise et New-York, ces merveilles de la
culture humaine, si différentes, seront sous les eaux à la fin du siècle.
Disparues, anéanties, par la faute de ceux qui en sont à
l’origine parce que nous sommes entrés dans l’ère de l’Anthropocène, “l’époque
de l’histoire de la Terre qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un
impact global significatif sur l’écosystème terrestre” (Wikipédia).
Notre Dame date de 1163.
856 ans pour l’histoire des humains, c’est considérable.
856 ans pour l’histoire de la Terre (qui a 4,5 milliards
d’années), c’est... rien.
Il y a des symboles de notre civilisation que nous
pensons éternels, parce que nous nous pensons éternels et nous refusons
obstinément de croire à ce que les scientifiques ne cessent de nous répéter: si
nous ne faisons rien, notre Civilisation va s’effondrer parce qu’à cause
d’elle, le monde du vivant s’effondre et le climat se transforme, à toute
vitesse.
À ce rythme, nos gamins assisteront, de leur vivant, à la
disparition inéluctable, non seulement des joyaux nés de l’ingéniosité des
humains (réparables), mais aussi de cet autre joyau qui n’est pas de notre fait
et qui, du coup, semble moins nous toucher: la perte de l’incroyable diversité
du vivant (perdue à jamais).
Ce drame de Paris devrait être l’occasion de comprendre
que notre surpuissance n’est qu’un leurre et que nous ne sommes pas
invulnérables.
Alors, battons-nous aujourd’hui pour que notre patrimoine,
culturel et naturel, ne parte pas en fumée... demain.
Ce billet est également
publié sur la page Facebook de Muriel Douru.
Une
femme brûlée vive pour avoir accusé le directeur de son école de harcèlement
sexuel
Par L'Obs avec AFP – 19/04/2019
Des étudiants l’ont attirée sur le toit pour
l’asperger de kérosène et lui mettre le feu. Le directeur de l’école est accusé
d’avoir commandité l’attaque.
L’émotion est
grande, ce vendredi 19 avril au Bangladesh, après le décès d’une jeune fille de
19 ans brûlée vive sur ordre du directeur de son école qu’elle avait accusé de
harcèlement sexuel.
La mort de Nusrat Jahan Rafi, qui remonte au 6 avril, a
entraîné des manifestations au Bangladesh.
La Première ministre Sheikh Hasina s’est engagée à ce que
toutes les personnes impliquées dans cet assassinat soient traduites en
justice.
Le 12 avril 2019, des Bangladaises manifestaient à
Dacca, après l’assassinat de Nusrat Jahan Rafi. SAZZAD HOSSAIN / AFP
La jeune femme avait été attirée sur le toit du séminaire
islamique où elle étudiait par des personnes lui ayant fait croire qu’une de
ses amies se faisait agresser.
C’est là que ses agresseurs lui ont demandé de retirer la
plainte pour harcèlement qu’elle avait déposée.
Quand elle a refusé, elle a été aspergée de kérosène
auquel on a mis le feu.
Dacca est une mégapole avec une population d'environ
15 millions d'habitants.
Ahron de Leeuw de Amsterdam, Netherlands
Nusrat Jahan Rafi vivait à Feni, une petite ville à 160
kilomètres au sud de Dacca. Le 27 mars, elle a accusé le directeur de son école
de l’avoir touchée de manière inappropriée, comme le rapporte la BBC.
Elle s’est enfuie avant que les choses n’aillent plus
loin, a-t-elle raconté à l’époque.
Rajbari - Photo
Nashimevan
Au Bangladesh,
beaucoup de femmes cachent leurs agressions sexuelles de peur des représailles.
Nusrat a refusé de se taire.
Le jour même, elle s’est rendue au commissariat
accompagnée de sa famille pour déposer une plainte. Au lieu de recueillir ses
propos dans un environnement rassurant, le
policier qui a pris sa plainte l’a filmée avec son téléphone.
Sur la vidéo, qui a été rendue publique par des médias
locaux, la jeune fille raconte les faits en tentant de cacher son visage.
« Ce n’est pas
grand-chose », lui répond le policier.
Salat à Dacca. Nasir Khan Saikat — Saying
Juma Namaz (Friday prayer for Muslims), Dhaka, Bangladesh.
Après sa plainte, la jeune femme avait dû faire face à
l’hostilité d’autres étudiants.
Sa famille avait commencé à craindre pour sa sécurité.
Jusqu’au jour de sa mort.
« Je me battrai
jusqu’à mon dernier souffle »
La police a précisé vendredi que l’une des 17 personnes
arrêtées en lien avec ce meurtre avait accusé le directeur de l’école d’en être
le commanditaire.
Il « leur avait
dit de faire pression sur Nusrat Jahan Rafi pour qu’elle retire sa plainte ou
de la tuer en cas de refus de sa part », a déclaré à l’AFP Mohammad Iqbal,
l’officier de police responsable de l’enquête.
Festival hindou. Balaram
Mahalder — Festival of sacred bath ("Baruni snan" in Bengali) in
Bangladesh
Mohammad Iqbal a raconté qu’au moins cinq des personnes
arrêtées, dont trois camarades de classe de la victime, l’avaient attachée avec
un foulard avant de l’asperger de kérosène.
« Le plan était de faire croire à un suicide. Mais il a
échoué car l’écharpe a brûlé, libérant les pieds et les mains de Nusrat Jahan
Rafi qui est parvenue à redescendre », a-t-il dit.
Manifestations de la place Shahbag en 2013. HamimCHOWDHURY
—
Souffrant de brûlures
sur 80 % de son corps, elle est morte à l’hôpital le 10 avril.
Mais elle a
entre-temps enregistré une vidéo réitérant ses accusations contre son
directeur.
« Il m’a touchée
», dit-elle sur la vidéo, identifiant aussi certains de ses agresseurs. « Je me
battrai contre ce crime jusqu’à mon dernier souffle. »
Plusieurs manifestations ont depuis eu lieu pour demander
justice pour le meurtre de Nusrat.
Face à la vague d’émotion, Sheikh Hasina a promis
qu’aucun « coupable n’échapperait à l’action légale ».
Le fort de Lalbagh, à Dacca. Muhammad Noman — Self-taken
for Wikipedia
Mais les associations dénoncent le peu d’empressement des
autorités à enquêter sur les affaires de viol ou d’agression sexuelle.
« Le meurtre
horrible d’une femme courageuse qui demandait justice montre à quel point le
gouvernement du Bangladesh manque à ses engagements vis-à-vis des victimes
d’agressions sexuelles », a estimé dans un communiqué Meenakshi Ganguly,
directrice pour l’Asie du Sud de Human Rights Watch.
…………
Le Bangladesh, situé à l'est de l'Inde, dans le golfe du
Bengale, est un pays d'Asie du Sud caractérisé par ses terres verdoyantes et
ses nombreux cours d'eau.
Ses fleuves, la Padma (alimentée par le Gange), la Meghna
et la Jamuna, assurent la fertilité de ses plaines et sont des voies navigables
très fréquentées.
Détail du mur du temple de Kantanagar. Omar Shehab
(omarshehab) —
Sur la côte sud, les Sundarbans, une énorme forêt de
mangroves partagée avec l'Inde de l'est, abritent des tigres du Bengale.
Capitale : Dacca - Population : 164,7 millions (2017)
Banque mondiale
“La déductibilité
des dons grève le budget de l’Etat”
Par Eddie Willers – 17/04/2019
Laissez les gens donner aux causes qui leur sont chères
et arrêtez de donner un blanc-seing à des élus qui gaspillent l’impôt.
L’incendie ayant
détruit partiellement Notre-Dame de Paris le 15 avril dernier fut un drame ; un
de ces drames qui permet néanmoins de souder les Français et de leur rappeler
la grandeur des monuments construits par leurs ancêtres.
Vidéo
Devant les besoins de financement à venir en vue de la
reconstruction, plusieurs grandes familles françaises ont décidé de réaliser
des dons significatifs : 100 millions d’euros pour la famille Pinault, 200
millions pour la famille Arnault…
Il n’en fallait pas plus pour que certains s’emportent
devant ce qu’ils considèrent comme un manque à gagner pour l’État.
Ces derniers s’appuient sur le raisonnement suivant : les
dons sont déductibles donc ces sommes importantes viennent réduire la base
d’impôt payé et donc le budget de l’État.
En cette triste période, nous aurions pu nous éviter
cette polémique fondée sur une logique fallacieuse et erronée.
Vidéo
UN CONSTAT ERRONÉ
L’État offre la possibilité de déduire de l’impôt sur le
revenu et de l’impôt sur la fortune immobilière une partie des dons versés à
des associations.
Premièrement, pour que la théorie énoncée par nos
contradicteurs en préambule soit valide, il faut que les donateurs fassent la
demande de cette déductibilité.
Or nous avons appris mercredi que la famille Pinault
avait fait le choix de ne pas solliciter la déductibilité de ses dons pour la
reconstruction de Notre-Dame.
Vidéo
Deuxièmement, ces
dons sont évidemment plafonnés : 0,5 % de son chiffre d’affaires pour une
entreprise et 20 % de son impôt sur le revenu pour un particulier.
Il y a fort à parier que ces plafonds seront atteints
compte tenu des montants évoqués et des autres activités philanthropiques de
ces familles.
Troisièmement, l’État
aurait de toute façon dû assurer la reconstruction du bâtiment.
Étant son propre assureur, il aurait dû compter
intégralement sur son budget pour financer la reconstruction de l’édifice.
Tout don, même s’il était déductible à 100 % vient donc
subventionner de fait la reconstruction à hauteur minimale de 34 %.
Cela dégage autant de ressources à l’État pour assurer
ses autres missions.
Vidéo
La défiscalisation des dons n’est ainsi qu’une manière
d’orienter l’impôt vers les causes qui tiennent à cœur aux Français.
En lieu et place que l’État prélève une somme S égale à
Impôt versé + Impôt déductible et l’affecte ensuite, l’Impôt déductible est
directement versé au bénéficiaire.
Nous évitons donc les frictions administratives et
orientons l’argent vers ce qui nous importe.
Nous pourrions en effet remettre en cause cette niche
fiscale : elle crée de mauvaises incitations, comme toute incitation fiscale,
et il vaudrait bien mieux la supprimer et réduire l’impôt du même montant.
Cependant, comme nous venons de le constater dans le cas
de Notre-Dame de Paris, utiliser cet argument n’a juste aucun sens.
Non, la
déductibilité des dons ne grève pas le budget de l’État, la reconstruction de
Notre-Dame est un imprévu qu’il devra payer et qui vient en revanche grever son
budget. Remercions les personnes qui subventionnent cette dépense imprévue.
En réalité toute cette affaire n’est encore une fois
qu’une affaire de jalousie bien française. «
Qu’ils paient leurs impôts, on ne veut pas de leur générosité » : s’il y a
fraude fiscale, apportez les preuves et qu’ils soient condamnés, s’il y a
optimisation fiscale, c’est légal et que l’État améliore le cadre de l’impôt.
Qu’on arrête de nous faire croire que les gens ont envie
de payer davantage d’impôt que ce qu’ils doivent.
DES RAPACES ET DES ENVIEUX
Finalement, les
personnes qui s’en prennent aux familles Pinault et Arnault aimeraient que cet
argent leur revienne, à elles.
Mettez-le dans ce grand pot commun qu’est le budget de
l’État car je veux décider de sa répartition, plutôt dans le sens qui me
convient d’ailleurs.
Tels des rapaces, elles détestent que cet argent leur
échappe.
Sous couvert de moralité, ce sont elles dont la
générosité fait défaut.
Il est toujours plus facile d’éructer sur Twitter ou dans
la presse que de faire un don qui encore une fois représente, comme vous
l’aurez compris, au minimum du minimum une valeur faciale de 34 % du montant
versé.
Et quand ces critiques proviennent d’organisations comme
Attac qui ne vivent que grâce à la déductibilité des dons, je dois avouer que
cela ne manque vraiment pas de saveur.
Dénuer le sens
d’un don au travers de critiques aussi minables que celles auxquelles nous
avons eu droit depuis mardi est affligeant.
Se permettre de
juger de l’utilisation que font les individus de leur argent lorsque l’on voit
la façon dont l’État gère de façon cataclysmique son budget frôle l’indécence.
Laissez chacun
donner aux causes qui lui sont chères et arrêtez de donner un blanc-seing à des
élus qui gaspillent l’impôt. Je vous assure que le patrimoine et les Français
s’en porteront mieux.
……………….
Eddie Willers est né 1993. Il est analyste dans un fonds
d’investissement et engagé dans le scoutisme. Il souhaite tordre le cou à
quelques idées reçues souvent assénées comme des vérités par nos journalistes
et nos hommes politiques.
Le
milliardaire qui soutient les révolutionnaires algériens
Par
Nicolas Keraudren - Photographe : Manuel Braun –
Première fortune du pays, Issad Rebrab se présente comme
une grande victime de l'ère Bouteflika.
Il est l'un des rares industriels à soutenir le
soulèvement populaire en cours. Portrait d'un milliardaire que beaucoup
surnomment le « Berlusconi algérien ».
Emmanuel Macron a modifié son programme pour être dans les Ardennes et ne cache pas sa satisfaction de voir 1000 emplois directs créés par le projet de Rebrab / Photo : D. R.
Un silence
trompeur règne sur les hauteurs algéroises. Nous sommes vendredi, dans le
quartier des Annassers à Kouba.
Vidéo
Algérie: l’homme le plus riche du Maghreb entendu par
la gendarmerie
Une poignée de
fonctionnaires est mobilisée au ministère des Affaires étrangères pour
accueillir les journalistes des quatre coins du monde.
Certains mangent
le couscous devant la retransmission en direct du soulèvement populaire
algérien.
« Vous venez couvrir les manifestations ?
Prenez votre accréditation et dépêchez-vous d'aller défiler ! » s'exclame l'un d'eux.
« N'oubliez
pas, nous voulons un changement radical », ajoute un autre.
À quelques
kilomètres, dans le centre-ville d'Alger, aux embouchures de la place
Maurice-Audin, plusieurs centaines de milliers de manifestants sont rassemblés
pour réclamer la fin du « système » .
Issad Rebrab - photo Benoudina samir
Comme tous les
vendredis depuis le 22 février, les « Elblad bladna w ndirou
rayna » - « C'est notre
pays, c'est à nous de décider » - fusent dans les rues. Etudiants,
avocats, médecins, ingénieurs, retraités… Toutes les corporations sont là.
Vidéo
Le
« gang » des patrons
Toutes, sauf une.
Celle des grands patrons algériens que les manifestants qualifient de
« gang ».
Ceux qui pendant
des années ont usé du « système » à des fins personnelles et favorisé
un climat de corruption que tout le monde dénonce aujourd'hui.
« Nous ne
voulons plus de ces voleurs, ils doivent tous tomber », défend Mustapha, un jeune Algérien.
La justice s'est
saisie de leur cas.
« Des enquêtes préliminaires sont mises en oeuvre pour
des faits de corruption et de transferts illicites de capitaux vers l'étranger
», a annoncé le Parquet le 1er avril, par la voie d'un communiqué.
Certains ont d'ailleurs été frappés d'une interdiction de
sortie du territoire.
Ils seraient une
dizaine au total, dont l'ancien patron des patrons, Ali Haddad, qui présidait
jusqu'au mois dernier le Forum des chefs d'entreprise - l'équivalent du Medef
en France.
Première fortune
d'Algérie
Rebrab a inauguré son usine en présence du président
français. D. R.
Le milliardaire
Issad Rebrab , lui, joue son va-tout.
Il a bien été inquiété par la police des frontières à
l'aéroport Houari-Boumédiène d'Alger. Avant de s'envoler pour l'Allemagne où il
a rencontré le PDG d'ABB, un géant mondial de la robotique, il a raté un, puis
deux vols.
Selon le
journaliste algérien Khaled Drareni, « les policiers voulaient être certains de
ne pas commettre d'erreur en le laissant passer. Ils ont donc pris toutes les
précautions nécessaires. »
Mais à l'heure où le pouvoir vacille, son antagonisme
avec le clan Bouteflika est devenu un atout. L'homme d'affaires n'est pas
n'importe qui : il représente la
première fortune d'Algérie et la sixième d'Afrique.
Vidéo
L'usine du futur EvCon pour Larbaa
Décrit comme « un acharné de travail », il a bâti son
empire Cevital dans la décennie 1990, en investissant dans l'agroalimentaire,
la construction, l'électroménager, les vitres et les réseaux de distribution.
« Voir grand, commencer petit et aller vite. » Une
devise, telle un leitmotiv, qui a porté Issad Rebrab jusqu’à la réussite.
Dans un café à quelques pas de la place Maurice-Audin, un
proche se souvient : « À l'aide de
crédits à l'exportation, il achetait des produits pour les revendre cash.
Parfois, il se faisait même préfinancer par ses clients.
Il a dégagé des sommes colossales qu'il a réinvesties
dans des secteurs productifs où il n'y avait aucune concurrence. Et pour cause
: le commerce extérieur était réservé au secteur public jusqu'en 1993.
Tout ceci lui a donné les moyens de démarrer ses
activités. »
JEAN-LOUIS LEVET EN VISITE À BEJAÏA - 22 MAI 2017
Le président du groupe Cevital, M. Issad Rebrab, a
reçu la visite du Haut Responsable à la coopération industrielle et
technologique franco-algérienne, M. Jean Louis Levet, ce Lundi 22 Mai. Cette
rencontre fut l’occasion pour M. Levet de découvrir le plus grand complexe
industriel privé en Algérie et en Afrique, composé de plusieurs unités de
production agroalimentaires ultramodernes, de silos portuaires, ainsi que du
premier terminal de déchargement portuaire en Méditerranée.
Zones d'ombre
Sa fortune, estimée à 3,9 milliards de dollars
aujourd'hui, n'est pas forcément bien vue de tous les Algériens.
Sur les réseaux sociaux, l'un d'eux écrit : « Il a volé plus que Haddad. » Pour
Rachid, chargé d'affaires juridiques dans une entreprise publique, « c'est un
voleur, oui. Mais contrairement aux
autres, il a aidé son pays. »
Pour ne rien
arranger, l'homme d'affaires a aussi été cité dans les Panama Papers dévoilés à
l'été 2016.
6 JUIN 2017 - Cevital, premier groupe privé algérien
hors hydrocarbures, lance une campagne de communication de grande envergure
pour souligner sa contribution majeure au rayonnement de l’industrie
algérienne, à la richesse du pays et à la création d’emplois.
Selon Le Monde, il compte « parmi les plus anciens
clients du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca ».
Rebrab aurait alors bénéficié d'un compte offshore, au
début de la « décennie noire », alors que la loi algérienne l'interdisait. Ce
qu'il a toujours démenti.
TROPHÉE EXPORT 2016 : BRANDT REÇOIT LE PREMIER PRIX
D’ENCOURAGEMENT 7 JUIN 2017
Le Premier prix d’encouragement du « Trophée Export
2016 », décerné par le World Trade Center Algérie aux meilleurs exportateurs
algériens, a été attribué à Brandt Algérie, filiale du groupe Cevital, et
producteur et exportateur de produits électroménagers et électroniques.
Malgré ces zones d'ombre, il reste un « homme très
populaire en Algérie » estime Jean-Pierre Séréni, journaliste et observateur du
pays depuis quarante ans.
Pour Mokrane, un jeune Algérien originaire de Kabylie et
expatrié en France, « il porte l'espoir
du développement dans notre pays ».
L'un de ses proches abonde : « Sa fortune ne doit rien aux privilèges accordés par l'Etat. Il s'est
construit seul. »
8 AOÛT 2017 - Brandt Algérie, filiale du groupe
Cevital spécialisée dans l’électroménager, a organisé ce mardi 08 juillet, à
Alger, une cérémonie honorifique de remise de prix aux lauréats des classes
d’examens de cinquième année primaire, du brevet d’enseignement moyen (BEM) et
du baccalauréat de l’année 2017, en offrant aux trois premiers lauréats une
Smart TV dotée du programme de soutien scolaire « Likoul », une innovation
intégrée dans toutes les Smart TV Brandt, ainsi que des packs électroménagers à
leurs familles respectives.
Dans le monde sclérosé des affaires algériennes, Issad
Rebrab est effectivement un ovni.
Il est l'un des rares industriels à s'opposer au «
système ».
Le 1er mars 2019,
il a même participé physiquement à la « révolution du sourire ». Drapé du
drapeau algérien, on le voit porté par la foule qui manifeste.
Electron libre
Au huitième et dernier étage du siège de son groupe situé
aux portes d'Alger, il dresse son réquisitoire d'une voix paisible et saccadée,
comme s'il pesait ses mots.
« Certains de nos
jeunes sont obligés de traverser la Méditerranée pour trouver un emploi. Ce
n'est pas normal, l'Algérie aurait pu être un eldorado pour les investisseurs
et pour le peuple. »
UNE FIN D’ANNÉE 2017 CHARGÉE POUR LE GROUPE CEVITAL !
Troisième
producteur de pétrole africain derrière le Nigeria et l'Angola, elle vit depuis
des décennies au gré de la rente qu'elle tire de ses hydrocarbures.
Ceux-ci
représentent la quasi-totalité de ses exportations (97%).
« Notre malheur, c'est la mauvaise gouvernance », ajoute
Issad Rebrab, qui regrette de ne pas pouvoir faire plus pour son pays.
« Je pense que le
système algérien ne voulait pas d'une personnalité ou d'un entrepreneur qui
arrive à un certain niveau. »
Son indépendance,
il l'arbore comme un étendard.
« J'ai toujours été un électron libre », assure-t-il en
racontant sa démission d'une entreprise publique, dans la décennie 1970.
A l'occasion de son itinérance mémorielle, le
président de la République a visité ce mercredi matin les anciens locaux de PSA
à Charleville-Mézières où le groupe Cévital va s'implanter. A la clé, plus d'un
millier d'emplois. Cette visite n'était pas inscrite à l'agenda présidentiel.
Issad Rebrad est alors expert-comptable et rédige un
rapport d'activité défavorable au ministre de l'Industrie, qui l'oblige à
revoir sa copie.
« À ce moment, j'ai compris que je ne travaillerai plus
jamais dans une entreprise publique algérienne », lâche-t-il devant un modeste
plat de poisson qu'il savoure à son rythme.
L'homme ne cite jamais ses ennemis. Pas même Abdelaziz
Bouteflika, l'ex-président algérien avec qui il entretient des relations
exécrables : « Il ne veut pas d'un Berlusconi en Algérie, m'a-t-on dit »,
glisse-t-il sans jamais le nommer.
Le « Berlusconi
algérien »
Des points communs avec le magnat italien, il en existe
plus d'un.
Comme lui, Rebrab est un patron de presse.
Le regard rivé sur sa montre clinquante, il explique être
l'un des quatre fondateurs de Liberté, l'un des principaux médias d'opposition
qui lui assure une couverture médiatique favorable.
Il est aussi impliqué dans le football, via le club de la
Jeunesse sportive de Kabylie.
« C'est mon devoir d'aider la JSK et j'en suis fier »,
dit-il devant les caméras.
« Ce club est l'emblème de la Kabylie et de la nation
algérienne », le président d'honneur du club.
Ces activités lui ont permis d'asseoir sa notoriété. Et
de conforter sa position de « victime » de Bouteflika auprès du grand public.
Car depuis plusieurs années, tous les projets d'Issad
Rebrab sont ralentis ou bloqués par le pouvoir algérien.
Ce fut le cas d'un
hub portuaire en Kabylie, où devaient être construits un complexe
pétrochimique, une centrale électrique, une usine de construction automobile,
une de sidérurgie et une de désalinisation d'eau de mer.
Le tout devait
générer 1 million d'emplois et 32 milliards de dollars de revenus à l'export,
assure l'intéressé.
Autre projet
avorté, celui de l'usine de trituration de graines oléagineuses prévu par
Cevital dans la ville de Béjaïa, à l'est d'Alger.
Quelque 100 000
emplois étaient en jeu, toujours selon Rebrab.
Le gouvernement ne veut pas en faire une affaire d'Etat :
pour Ahmed Ouyahia, Premier ministre jusqu'au 11 mars dernier, « les
malentendus touchent des centaines d'entreprises et ce n'est pas en les
politisant ou en organisant des marches qu'ils vont se régler ».
La main invisible
Le coup de grâce fut porté avec le retrait de la
concession Hyundai qu'Issad Rebrab détenait depuis plus de vingt ans, et que
dirigeait l'un de ses fils, Omar. Celle-ci a été confiée à un autre homme
d'affaires, l'influent Tahkout Mahieddine, grâce aux arrangements de l'ancien
ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb.
Selon le journaliste algérien Khaled Drareni, « celui-ci
a tout fait pour trouver une faille chez Rebrab ».
Au-delà du gouvernement, c'est toute une partie du
patronat qui lui fait barrage.
Publiquement, le milliardaire préfère parler d'une « main
invisible » qui retient ses projets.
À notre micro, il se fait plus disert. Ces blocages ne
seraient-ils pas le fait d'un concurrent ?
La famille Kouninef ou le clan Haddad, par exemple ?
« Vous avez tout compris », murmure-t-il.
La première est en cour au sommet de l'Etat. Son PDG,
l'influent Rédha Kouninef, serait l'un des plus proches fidèles de Saïd
Bouteflika, le frère d'Abdelaziz. Tout comme Ali Haddad - ex-chef du patronat
algérien - dont les affaires concurrencent celles de Rebrab.
Le plafond de
verre
Les entreprises algériennes se divisent ainsi en deux
catégories :
« D'une part, celles qui sont connectées au pouvoir et
entretiennent une relation de vassalité avec celui-ci.
Elles sont d'ailleurs organisées au sein du Forum des
chefs d'entreprise.
Et d'autre part, les entreprises non connectées à l'Etat,
plus indépendantes mais qui demeurent sous un plafond de verre », explique le
professeur d'économie El Mouhoub Mouhoud, auteur d'un rapport pour la Banque
mondiale sur la diversification de l'économie algérienne.
Issad Rebrab revendique son appartenance au second
groupe.
« Le pouvoir
craint que je me lance en politique. » Est-ce justifié ? « Ma seule ambition
est de contribuer au développement de l'économie de mon pays, en créant des
richesses et des emplois pour nos jeunes », élude-t-il.
Difficile, selon lui, de marquer la frontière entre
l'économie et la politique.
Pour l'un de ses proches, « ceux qui prêtent des
ambitions politiques à Monsieur Rebrab n'ont rien compris de lui.
La politique ne l'intéresse pas du tout. »
Succès étrangers
Les difficultés qu'il rencontre dans son pays contrastent
avec l'aura dont il jouit à l'étranger.
Notamment en France, où il a été reçu en grande pompe en
novembre 2018 par Emmanuel Macron à l'occasion d'un forum sur l'attractivité de
l'Hexagone.
En 2014, Rebrab avait été qualifié de « sauveur » par la
presse française après le rachat pour 200 millions d'euros du groupe
d'électroménager français Brandt, alors en redressement judiciaire.
Un an plus tôt, c'est le menuisier PVC Oxxo qui avait été
repris par le groupe Cevital.
Dans les Ardennes, à Charleville-Mézières, il prévoit de
recruter 1 000 personnes pour son usine du traitement de l'eau, EvCon. Via
différentes filiales, il est aussi présent en Allemagne, au Brésil et en
Espagne.
Un dynamisme qui tranche avec le marasme des activités
algériennes. « J'aimerais pouvoir faire plus pour mon pays », soupire Rebrab.
Alors que le pouvoir bascule, son heure est peut-être
venue.
Issad Rebrab dans
l'histoire algérienne
27 mai 1944 : Naissance en Kabylie.
5 juillet 1962 : L'Algérie obtient son indépendance.
1988 : Issad Rebrab fonde Metal Sider (sidérurgie). C'est
avec cette société qu'il monte sa fortune dans la décennie 1990.
27 juin 1992 : Avec trois autres associés, Issad Rebrab
fonde le journal Liberté dans le contexte de la « décennie noire ». Quatre
journalistes sont assassinés par les terroristes islamistes pendant cette
période.
1998 : Naissance du conglomérat Cevital, un an avant la
première élection de Bouteflika à la présidence.
30 avril 2001 : Un décret signé par Ali Benflis, alors
Premier ministre, interdit de manifester dans la capitale.
12 novembre 2008 : Le Parlement révise la Constitution
pour autoriser Abdelaziz Bouteflika à exercer plus de deux mandats
présidentiels. Il est réélu une troisième fois avec 90,24% des voix.
10 février 2019 : Bouteflika annonce son intention de
briguer un cinquième mandat. Quelques jours plus tard, plusieurs milliers de
personnes manifestent dans tout le pays, répondant à différents appels anonymes
lancés sur les réseaux sociaux.
2 avril 2019 : Démission d'Abdelaziz Bouteflika.
Abdelkader Bensalah est nommé président par intérim la semaine suivante, pour
une durée de 90 jours. L'élection présidentielle est fixée au 4 juillet.
Les compagnons du
devoir estiment que le chantier de rénovation de la cathédrale incendiée sera
l'occasion d’une formidable revalorisation de leur métier.
La reconstruction de Notre-Dame risque d'être confrontée
"à un manque de main d'œuvre en tailleurs de pierre, charpentiers et
couvreurs", a averti mardi le secrétaire général des Compagnons du devoir
Jean-Claude Bellanger.
Selon lui, il faudrait recruter en apprentissage 100
tailleurs de pierre, 150 charpentiers et 200 couvreurs.
À Villeneuve-d'Ascq, près de Lille, les futurs
charpentiers formés au sein des compagnons du devoir rêvent de participer, un
jour, à ce grand chantier de rénovation de la cathédrale. Europe 1 est allé à
leur rencontre.
Notre-Dame de Paris en flammes, une heure après le début de l'incendie, le 15 avril 2019.
Milliped
Dans l'atelier, Hugo prépare son brevet professionnel et
se dit prêt à mettre son savoir-faire à la disposition de ce grand défi.
"Ce serait un honneur d'aller travailler sur Notre-Dame.
C'est au cœur de nos sujets. C'est sur que ce serait
gratifiant".
"Et pourquoi pas moi ?", lance son confrère,
Kevin, qui travaille sur une maquette. "Je suis dans le vif du sujet parce
que c'est un pentagone, une flèche à cinq faces.
Elle pourrait être une partie de la cathédrale".
Une vitrine
exceptionnelle pour des métiers peu valorisés
Le savoir-faire de ces artisans sera précieux pour
reconstruire la charpente de Notre-Dame de Paris.
Quelque 1.300 poutres, dont certaines assemblées au 13e
siècle, sont parties en fumées en quelques heures lundi soir, mais elles ne
seront pas forcément remplacées par du chêne, selon le directeur Bastien
Lassonnerie.
"Il pourrait y avoir un bel ouvrage qui
représenterait la charpente de Notre-Dame sans que ce soit du bois brut.
Il y a des matériaux dérivés du bois, comme le
lamellé-collé, qui permettent de reproduire des charpentes comme celle-là, avec
un aspect tout à fait traditionnel", assure-t-il.
Pour Alex, formateur de ces compagnons, l'essentiel est
que ce grand chantier permette de revaloriser les métiers d'art, quel que
soient les artisans qui y travailleront.
"Des
compagnons passeront sur ce chantier, mais c'est surtout un essor pour le
métier au sens large", relève-il. "
Ce que l'on souhaite, c'est que ça nous permette de
redonner de l'élan pour [en faire] un métier moderne." Cinq charpentiers
sont actuellement en fin de formation chez les compagnons, à Villeneuve-d'Ascq,
mais il serait possible d'en former quatre fois plus selon les responsables.
Notre-Dame de
Paris : comment va se dérouler l'enquête ?
Au surlendemain de l'incendie qui a ravagé une partie de
la cathédrale Notre-Dame de Paris, les enquêteurs sont déjà à pied d'oeuvre
pour tenter d'en cerner précisément les causes.
ON DÉCRYPTE
Si l'incendie est désormais circonscrit à la cathédrale
Notre-Dame de Paris, l'enquête ne fait que commencer pour savoir ce qui a causé
la perte de la charpente, de la flèche et de la toiture, entre autres éléments
de cet édifice emblématique de la capitale.
Lister les sources
d'énergie
Une cinquantaine de policiers ont été saisis, alors que
la piste accidentelle est privilégiée.
Un des cinq laboratoires spécialisés de la police
scientifique a aussi été sollicité, avec une méthode très précise : il faut
d'abord figer la scène et éventuellement la modéliser en 3D, afin de garder une
trace de tous les éléments de la cathédrale.
Il faut ensuite recueillir des photos et des vidéos de
témoins. A ce stade, une dizaine de personnes ont été entendues. De nouveaux
témoins seront auditionnés jeudi.
Une fois que le lieu est sécurisé, il est également
nécessaire de quadriller la zone pour identifier ce qui aurait pu provoquer un
départ de feu :
"On va faire l'inventaire de toutes les sources
d'énergie.
Ça peut être une cause liée à une activité humaine, comme
des travaux, ou un mégot… Il y a aussi des causes électriques", liste
Véronique Vidotto, la responsable du service incendie et explosion de
l'Institut national de police scientifique de Haute-Garonne, à Toulouse.
L'objectif, in fine, est de déterminer "tout ce qui
est susceptible de donner cette énergie d'activation".
Remonter "la
logique" du feu
Pour vérifier chaque hypothèse, il faut remonter le
temps.
Car si un profane ne voit dans l'incendie qu'une forme de
chaos, le spécialiste perçoit une logique dans le déroulé de cet événement.
"On a un comportement vivant, ou humain : le feu a
besoin de manger, c'est le combustible.
On va ainsi pouvoir suivre son cheminement", décrit
Dominique Deharo, directeur adjoint du laboratoire.
"Le feu a pu démarrer à quelques dizaines de mètres
de là et trouver un moyen de développement.
Nos collègues du laboratoire central de la préfecture de
Paris vont remonter cette logique."
Le suivi du déclenchement des alarmes pourrait aussi
permettre de restreindre la zone d'investigations.
Mais ce qui est certain, c'est qu'il s'agit là d'un
travail méticuleux qui pourrait prendre de longues semaines, alors qu'Emmanuel
Macron a a promis d'"achever la restauration" de Notre-Dame de Paris
d'ici cinq ans, un délai a priori compliqué à tenir selon les spécialistes.
A ce stade, les enquêteurs restent prudents sur la cause
précise du sinistre.
Tous les scénarios restent envisageables à ce stade :
court-circuit, "point chaud" provoqué par une soudure au chalumeau,
etc...