samedi 20 avril 2019

La fête de Pâques

Pâques est une fête joyeuse pour les chrétiens, célébrée le dimanche qui suit la pleine lune après l’équinoxe de printemps pour les protestants et les catholiques.

C’est pourquoi la date change chaque année.

La Cène, de Léonard de Vinci

Les orthodoxes et les Juifs ont aussi leurs propres dates. Il arrive certaines années qu’elles tombent en même temps.

Pâques, c’est le rappel de la mort et de la résurrection de Jésus précédé de la « cène » c’est à dire le dernier repas de Jésus avec ses apôtres avant son arrestation et sa crucifixion.

Il ressuscite 3 jours après, apparaît vivant devant ses disciples, se montre à eux pendant 40 jours puis monte au ciel.
Pour les chrétiens c’est aussi le symbole fort d’un « passage » de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière.

Le tombeau de Jésus ouvert

Certains avancent que Jésus à été mis sur la croix à cause d’un mauvais bulletin scolaire, hypothèse non validé jusqu’à maintenant… (attention, c’est de l’humour !).

Les Juifs commémorent le jour de Pâques la sortie d’ Égypte des Israélites (vers 1500 AV Jésus Christ).
C’est le passage de l’esclavage à la liberté puisque le peuple hébreu subissait l’esclavage en Égypte.

C’est aussi le passage de la Mer Rouge par le peuple hébreu, conduit par Moïse.

Vous pouvez voir à cet effet les films :


Cette fête dure 7 jours.

Le premier soir de Pâques, les juifs vivent une fête familiale appelée le Sédèr où ils mangent ensemble un repas traditionnel.

Ce repas est notamment composé d’un agneau, (en souvenir de la nuit où Dieu leur demanda de marquer leur porte de sang de l’animal pour préserver leur fils de l’ange exterminateur), de pain sans levain (rappel du pain que les Israélites avaient fait avant leur départ précipité d’ Égypte vers Israël), d’herbes amères (amertume de l’esclavage vécu en Égypte) et de vin.

Le jour de Pâques est un jour qui change tous les ans puisqu’il est choisi en fonction de la lune de printemps.
Il n’y a donc pas de saint particulier pour le jour de Pâques.

En effet, dans notre calendrier, nous avons des saints inscrits à chaque date. C’est ainsi que le jour anniversaire d’un saint correspond au jour de sa mort.

Il est évident qu’il y a des saints qui sont morts le même jour, et portant le même nom comme Ste Thérèse par exemple.
Il y a des milliers de saints et le calendrier ne comporte que 365 jours !

Il existe un calendrier officiel avec les noms les plus connus comme Saint Pierre, Sainte Marie… mais il y a aussi les saints locaux comme la Saint Nicolas dans le Nord de la France

Le repas de Pâques pour les catholiques

Le repas Pascal est un moment de joie.

Les chrétiens mangent traditionnellement de l’agneau.
Cela fait référence à la Pâque juive et à l’agneau immolé avant que les juifs ne quittent l’Egypte où ils étaient réduits en esclavage.

Jean-Baptiste dit également au sujet de son cousin Jésus : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».

L’agneau de Pâques

L’œuf de pâques est symbole d’une vie nouvelle en rappel de la résurrection.
Autrefois, il était interdit de manger des œufs pendant le carême.

Le carême est la période où les chrétiens font le jeûne c’est à dire 40 jours avant Pâques (ce qui correspond aux 40 jours de Jésus passés dans le désert avant sa mort.)
Si bien qu’on se trouvait à Pâques avec des quantités d’œufs.

Au 18ème siècle, en France, on décide de vider les œufs frais et de les remplir en chocolat.
Puis on les fabrique directement en chocolat et on les cache dans les jardins pour que les enfants les trouvent.

Oeufs de Pâques décorés

Dans les pays catholiques ont dit que ce sont les cloches de Pâques qui ramènent les œufs de Rome.

La légende voulait que les cloches partent à Rome où le Pape les bénissait. Le matin de Pâques, les cloches revenaient en carillonnant pour annoncer la résurrection du Christ.
A Rome, elles se chargeaient d’œufs de Pâques qu’elles répandaient à leur retour dans les jardins, permettant aux enfants de les chercher.

La tradition du silence des cloches prit naissance vers le 7ème siècle
A l’époque, l’Église interdisait de sonner les cloches du Vendredi Saint au Dimanche de Pâques, et cela pour commémorer le temps entre la mort et la résurrection du Christ.

Le repas de Pâques pour les orthodoxes

Selon les pays les traditions sont variées.
En France, on sert le koulitch, brioche d’origine russe, et la paskha, gâteau au fromage blanc et fruits confits orné des lettres « XB », initiales russes de Christ ressuscité.

Le Koulitch

Dans certains monastères, on cuit et on fait bénir pendant la veillée le pain de Pâques, orné d’une croix.
On dégustera ce pain chaque matin de la semaine qui suit.

Des recettes pour fêter Pâques - Voici quelques idées de recettes :



Fabriquer des œufs de Pâques

Pour décorer votre table de Pâques, vous pouvez mettre des œufs décorés, dans un panier, sur la table ou à côté de chaque assiette.

Ils peuvent être personnalisés. Vous pouvez acheter des œufs à décorer en polystyrène.
Pour les petits enfants, vous ne risquez pas de les casser (collage de papier, gommettes gouache,…).

Pour les mains plus agiles, achetez des œufs dans le commerce que vous percez d’un petit trou en haut et en bas à l’aide d’une pointe de couteau ou d’une grosse aiguille.
Puis vous soufflez dans un trou pour les vider. Gardez bien le blanc et le jaune d’œuf vidé car vous pouvez les cuisiner en omelette le soir.

Pour les peindre, vous pouvez les mettre soit sur un coquetier ou dans une boîte à œufs coupée et vous faites la peinture en 2 temps (d’abord le haut et ensuite le bas….).
Sinon, vous traversez les 2 trous faits à chaque extrémité des œufs avec une brochette en bois pour le tenir pendant que vous peignez.

Utilisez de la gouache ou de l’acrylique (motifs géométriques, fleurs…)
Une fois secs vous pouvez les vernir.
Si vous avez peu de temps, peignez les unis et entourez- les d’un ruban. Cela fera très joli sur la table de Pâques.

Qu’est-ce que le carême ?


Le carême pour les catholiques dure 40 jours.

Il rappelle les 40 ans passés dans le désert par le peuple hébreu avant de rallier la terre promise et les 40 jours de Jésus passés dans le désert entre son baptême et le début de sa vie publique.

Ce carême commence le mercredi des cendres, c’est à dire le lendemain de mardi gras et se termine à Pâques.

Les chrétiens se préparent à la grande fête de Pâques en pensant aux autres et en priant Dieu.
C’est un temps où l’on s’arrête pour partager, prier, faire un don, seul avec des amis ou en famille.

Le carême peut pour certains être une période de jeûne mais peut aussi être remplacé par un effort que l’on doit faire au quotidien.



L'incendie

de Notre-Dame a fait naître parfois bien plus que des larmes
Par Sandra Lorenzo – 16/04/2019

Voir la cathédrale en feu, un symbole qui peut ébranler.

PSYCHOLOGIE - Le spectacle était aussi effroyable que fascinant.

Malgré tous les efforts des pompiers, les flammes ont longtemps illuminé le cœur de Notre-Dame de Paris alors que la nuit tombait.
De tous les points de vue de la Capitale, les Parisiens et ceux qui étaient de passage se sont pressés pour regarder.

Derrière nos écrans de télévision, de smartphones, la flèche s’effondrant, dévorée par les flammes, est passée en boucle.
Nombre d’entre nous, à Paris ou ailleurs, se sont arrêtés dans leur quotidien.

Un brasier géant qui consume en direct plus de 850 années d’histoire, une forêt de poutres que même les bombardements de la Seconde Guerre mondiale n’avaient pas détruite.


 Et pour beaucoup de témoins, croyants ou non, une émotion vive et intense. Des larmes, des prières, des chants et de dessins d’hommages. Ils se disent “déboussolés”, n’ont plus les mots comme certains dans la vidéo ci-dessous.

Pour Barbara Attia, psychologue urbaniste interrogée par Le HuffPost, avec cet incendie, “c’est une partie de soi” qui est partie en fumée. “
Un deuil va devoir se faire, peu importe la symbolique qu’on donne à ce monument”.


Notre-Dame de Paris est un point de repère.

Géographique bien sûr, elle est le point zéro des routes de France.

Spirituel, aussi.
Et également temporel.

“Lorsque nous regardons un objet matériel, qu’il s’agisse d’une cathédrale, d’un immeuble, d’une pierre, d’une vieille montre, explique le philosophe Etienne Klein, le seul fait d’y prêter attention nous porte [...] à nous enfoncer dans son histoire, à nous décaler, par l’imagination, de la surface de son présent.”

“Un morceau de notre passé projeté dans notre présent”

Admirer cette cathédrale ou même juste lui jeter un regard en passant, c’était voyager dans le temps, comme l’explique le philosophe, “ce bâtiment somptueux n’était pas une chose statique dans l’espace, mais une suite d’événements dans l’espace-temps. [...]

Notre-Dame : Les photos inédites de l'intérieur de la cathédrale


La persistance de cette grande chose immobile cachait une dynamique invisible, profonde, celle de la succession ininterrompue des instants qui ont transporté sa présence depuis sa première apparition.

Notre-Dame était un morceau de notre passé projeté dans notre présent”.

La regarder, vivre à ses côtés, c’est aussi s’assurer de la permanence des choses.

Ce monument qui a vu tant de générations naître doit nous survivre, faire partie de la génération qui la voit “mourir” en direct peut provoquer beaucoup d’inquiétudes.
“Il s’agit d’un lieu très symbolique en termes de sécurité personnelle”, confirme Barbara Attia.

“L’heure est à l’écoute”

Cette spécialiste qui accompagne des habitants et des mairies comme celle de Calais dans la rénovation de quartiers et la destruction de grands ensembles regarde de près les réactions depuis l’annonce de l’incendie.
“Après soixante-douze heures, il sera temps de faire ce que l’on appelle un ‘debriefing’, c’est pour l’instant trop tôt, explique-t-elle.

“L’heure est à l’écoute. Quand on traverse un événement traumatique, on a besoin de ne pas se sentir isolé, de se rassembler et de partager.”

La spécialiste espère ainsi que des cellules d’écoute seront mises en place par la mairie et surtout que le projet de reconstruction pourra laisser de la place à tous.
“Il faudra que tout le monde ait voix au chapitre pour permettre l’apaisement.”
…………………….
L'incendie de Notre-Dame nous montre que notre surpuissance n’est qu’un leurre

Battons-nous aujourd’hui pour que notre patrimoine, culturel et naturel, ne parte pas en fumée... demain.
Par Muriel Douru Illustratrice

Muriel Douru Illustratrice - Comment l'étude de la collapsologie apprend à relativiser.

Hier soir, en regardant les images de Notre-Dame de Paris en feu, je ressentais de la tristesse mais pas cette émotion énorme, largement partagée, et cela n’a rien à voir avec le cynisme ou mon rejet des religions car je suis très sensible à la créativité humaine, quelle que soit sa motivation.

Non. C’est juste que je suis ... anesthésiée.

Car hier, j’ai entendu le journaliste scientifique Laurent Testot dire, dans une interview, que si rien n’est fait pour changer le cours du dérèglement climatique, Venise et New-York, ces merveilles de la culture humaine, si différentes, seront sous les eaux à la fin du siècle.

Disparues, anéanties, par la faute de ceux qui en sont à l’origine parce que nous sommes entrés dans l’ère de l’Anthropocène, “l’époque de l’histoire de la Terre qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l’écosystème terrestre” (Wikipédia).

Notre Dame date de 1163.

856 ans pour l’histoire des humains, c’est considérable.
856 ans pour l’histoire de la Terre (qui a 4,5 milliards d’années), c’est... rien.

Il y a des symboles de notre civilisation que nous pensons éternels, parce que nous nous pensons éternels et nous refusons obstinément de croire à ce que les scientifiques ne cessent de nous répéter: si nous ne faisons rien, notre Civilisation va s’effondrer parce qu’à cause d’elle, le monde du vivant s’effondre et le climat se transforme, à toute vitesse.

À ce rythme, nos gamins assisteront, de leur vivant, à la disparition inéluctable, non seulement des joyaux nés de l’ingéniosité des humains (réparables), mais aussi de cet autre joyau qui n’est pas de notre fait et qui, du coup, semble moins nous toucher: la perte de l’incroyable diversité du vivant (perdue à jamais).

Ce drame de Paris devrait être l’occasion de comprendre que notre surpuissance n’est qu’un leurre et que nous ne sommes pas invulnérables.

Alors, battons-nous aujourd’hui pour que notre patrimoine, culturel et naturel, ne parte pas en fumée... demain.

Ce billet est également publié sur la page Facebook de Muriel Douru.






vendredi 19 avril 2019

Bangladesh

Une femme brûlée vive pour avoir accusé le directeur de son école de harcèlement sexuel
 Par L'Obs avec AFP – 19/04/2019

Des étudiants l’ont attirée sur le toit pour l’asperger de kérosène et lui mettre le feu. Le directeur de l’école est accusé d’avoir commandité l’attaque.

L’émotion est grande, ce vendredi 19 avril au Bangladesh, après le décès d’une jeune fille de 19 ans brûlée vive sur ordre du directeur de son école qu’elle avait accusé de harcèlement sexuel.
La mort de Nusrat Jahan Rafi, qui remonte au 6 avril, a entraîné des manifestations au Bangladesh.
La Première ministre Sheikh Hasina s’est engagée à ce que toutes les personnes impliquées dans cet assassinat soient traduites en justice.

Le 12 avril 2019, des Bangladaises manifestaient à Dacca, après l’assassinat de Nusrat Jahan Rafi. SAZZAD HOSSAIN / AFP

La jeune femme avait été attirée sur le toit du séminaire islamique où elle étudiait par des personnes lui ayant fait croire qu’une de ses amies se faisait agresser.
C’est là que ses agresseurs lui ont demandé de retirer la plainte pour harcèlement qu’elle avait déposée.
Quand elle a refusé, elle a été aspergée de kérosène auquel on a mis le feu.

Dacca est une mégapole avec une population d'environ 15 millions d'habitants.
Ahron de Leeuw de Amsterdam, Netherlands

Nusrat Jahan Rafi vivait à Feni, une petite ville à 160 kilomètres au sud de Dacca. Le 27 mars, elle a accusé le directeur de son école de l’avoir touchée de manière inappropriée, comme le rapporte la BBC.
Elle s’est enfuie avant que les choses n’aillent plus loin, a-t-elle raconté à l’époque.

Rajbari -  Photo Nashimevan

Au Bangladesh, beaucoup de femmes cachent leurs agressions sexuelles de peur des représailles. Nusrat a refusé de se taire.

Le jour même, elle s’est rendue au commissariat accompagnée de sa famille pour déposer une plainte. Au lieu de recueillir ses propos dans un environnement rassurant, le policier qui a pris sa plainte l’a filmée avec son téléphone.
Sur la vidéo, qui a été rendue publique par des médias locaux, la jeune fille raconte les faits en tentant de cacher son visage.
« Ce n’est pas grand-chose », lui répond le policier.

Salat à Dacca. Nasir Khan Saikat — Saying Juma Namaz (Friday prayer for Muslims), Dhaka, Bangladesh.

Après sa plainte, la jeune femme avait dû faire face à l’hostilité d’autres étudiants.
Sa famille avait commencé à craindre pour sa sécurité. Jusqu’au jour de sa mort.

« Je me battrai jusqu’à mon dernier souffle »

La police a précisé vendredi que l’une des 17 personnes arrêtées en lien avec ce meurtre avait accusé le directeur de l’école d’en être le commanditaire.
Il « leur avait dit de faire pression sur Nusrat Jahan Rafi pour qu’elle retire sa plainte ou de la tuer en cas de refus de sa part », a déclaré à l’AFP Mohammad Iqbal, l’officier de police responsable de l’enquête.

Festival hindou. Balaram Mahalder — Festival of sacred bath ("Baruni snan" in Bengali) in Bangladesh

Mohammad Iqbal a raconté qu’au moins cinq des personnes arrêtées, dont trois camarades de classe de la victime, l’avaient attachée avec un foulard avant de l’asperger de kérosène.

« Le plan était de faire croire à un suicide. Mais il a échoué car l’écharpe a brûlé, libérant les pieds et les mains de Nusrat Jahan Rafi qui est parvenue à redescendre », a-t-il dit.

Manifestations de la place Shahbag en 2013. HamimCHOWDHURY —

Souffrant de brûlures sur 80 % de son corps, elle est morte à l’hôpital le 10 avril.

Mais elle a entre-temps enregistré une vidéo réitérant ses accusations contre son directeur.
« Il m’a touchée », dit-elle sur la vidéo, identifiant aussi certains de ses agresseurs. « Je me battrai contre ce crime jusqu’à mon dernier souffle. »

Plusieurs manifestations ont depuis eu lieu pour demander justice pour le meurtre de Nusrat.
Face à la vague d’émotion, Sheikh Hasina a promis qu’aucun « coupable n’échapperait à l’action légale ».

Le fort de Lalbagh, à Dacca. Muhammad Noman — Self-taken for Wikipedia

Mais les associations dénoncent le peu d’empressement des autorités à enquêter sur les affaires de viol ou d’agression sexuelle.
« Le meurtre horrible d’une femme courageuse qui demandait justice montre à quel point le gouvernement du Bangladesh manque à ses engagements vis-à-vis des victimes d’agressions sexuelles », a estimé dans un communiqué Meenakshi Ganguly, directrice pour l’Asie du Sud de Human Rights Watch.
…………
Le Bangladesh, situé à l'est de l'Inde, dans le golfe du Bengale, est un pays d'Asie du Sud caractérisé par ses terres verdoyantes et ses nombreux cours d'eau.
Ses fleuves, la Padma (alimentée par le Gange), la Meghna et la Jamuna, assurent la fertilité de ses plaines et sont des voies navigables très fréquentées.

Détail du mur du temple de Kantanagar. Omar Shehab (omarshehab) —

Sur la côte sud, les Sundarbans, une énorme forêt de mangroves partagée avec l'Inde de l'est, abritent des tigres du Bengale.

Capitale : Dacca - Population : 164,7 millions (2017) Banque mondiale
Devise : Taka - Continent : Asie








Dons

Idées reçues

“La déductibilité des dons grève le budget de l’Etat”
Par Eddie Willers – 17/04/2019

Laissez les gens donner aux causes qui leur sont chères et arrêtez de donner un blanc-seing à des élus qui gaspillent l’impôt.

L’incendie ayant détruit partiellement Notre-Dame de Paris le 15 avril dernier fut un drame ; un de ces drames qui permet néanmoins de souder les Français et de leur rappeler la grandeur des monuments construits par leurs ancêtres.

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Devant les besoins de financement à venir en vue de la reconstruction, plusieurs grandes familles françaises ont décidé de réaliser des dons significatifs : 100 millions d’euros pour la famille Pinault, 200 millions pour la famille Arnault…
Il n’en fallait pas plus pour que certains s’emportent devant ce qu’ils considèrent comme un manque à gagner pour l’État.

Ces derniers s’appuient sur le raisonnement suivant : les dons sont déductibles donc ces sommes importantes viennent réduire la base d’impôt payé et donc le budget de l’État.
En cette triste période, nous aurions pu nous éviter cette polémique fondée sur une logique fallacieuse et erronée.

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UN CONSTAT ERRONÉ

L’État offre la possibilité de déduire de l’impôt sur le revenu et de l’impôt sur la fortune immobilière une partie des dons versés à des associations.

Premièrement, pour que la théorie énoncée par nos contradicteurs en préambule soit valide, il faut que les donateurs fassent la demande de cette déductibilité.
Or nous avons appris mercredi que la famille Pinault avait fait le choix de ne pas solliciter la déductibilité de ses dons pour la reconstruction de Notre-Dame.

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Deuxièmement, ces dons sont évidemment plafonnés : 0,5 % de son chiffre d’affaires pour une entreprise et 20 % de son impôt sur le revenu pour un particulier.
Il y a fort à parier que ces plafonds seront atteints compte tenu des montants évoqués et des autres activités philanthropiques de ces familles.

Troisièmement, l’État aurait de toute façon dû assurer la reconstruction du bâtiment.
Étant son propre assureur, il aurait dû compter intégralement sur son budget pour financer la reconstruction de l’édifice.
Tout don, même s’il était déductible à 100 % vient donc subventionner de fait la reconstruction à hauteur minimale de 34 %.
Cela dégage autant de ressources à l’État pour assurer ses autres missions.

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 La défiscalisation des dons n’est ainsi qu’une manière d’orienter l’impôt vers les causes qui tiennent à cœur aux Français.
En lieu et place que l’État prélève une somme S égale à Impôt versé + Impôt déductible et l’affecte ensuite, l’Impôt déductible est directement versé au bénéficiaire.
Nous évitons donc les frictions administratives et orientons l’argent vers ce qui nous importe.

Nous pourrions en effet remettre en cause cette niche fiscale : elle crée de mauvaises incitations, comme toute incitation fiscale, et il vaudrait bien mieux la supprimer et réduire l’impôt du même montant.
Cependant, comme nous venons de le constater dans le cas de Notre-Dame de Paris, utiliser cet argument n’a juste aucun sens.

Non, la déductibilité des dons ne grève pas le budget de l’État, la reconstruction de Notre-Dame est un imprévu qu’il devra payer et qui vient en revanche grever son budget. Remercions les personnes qui subventionnent cette dépense imprévue.

En réalité toute cette affaire n’est encore une fois qu’une affaire de jalousie bien française. « Qu’ils paient leurs impôts, on ne veut pas de leur générosité » : s’il y a fraude fiscale, apportez les preuves et qu’ils soient condamnés, s’il y a optimisation fiscale, c’est légal et que l’État améliore le cadre de l’impôt.
Qu’on arrête de nous faire croire que les gens ont envie de payer davantage d’impôt que ce qu’ils doivent.

DES RAPACES ET DES ENVIEUX           

Finalement, les personnes qui s’en prennent aux familles Pinault et Arnault aimeraient que cet argent leur revienne, à elles.
Mettez-le dans ce grand pot commun qu’est le budget de l’État car je veux décider de sa répartition, plutôt dans le sens qui me convient d’ailleurs.
Tels des rapaces, elles détestent que cet argent leur échappe.
Sous couvert de moralité, ce sont elles dont la générosité fait défaut.

Il est toujours plus facile d’éructer sur Twitter ou dans la presse que de faire un don qui encore une fois représente, comme vous l’aurez compris, au minimum du minimum une valeur faciale de 34 % du montant versé.

Et quand ces critiques proviennent d’organisations comme Attac qui ne vivent que grâce à la déductibilité des dons, je dois avouer que cela ne manque vraiment pas de saveur.

Dénuer le sens d’un don au travers de critiques aussi minables que celles auxquelles nous avons eu droit depuis mardi est affligeant.

Se permettre de juger de l’utilisation que font les individus de leur argent lorsque l’on voit la façon dont l’État gère de façon cataclysmique son budget frôle l’indécence.

Laissez chacun donner aux causes qui lui sont chères et arrêtez de donner un blanc-seing à des élus qui gaspillent l’impôt. Je vous assure que le patrimoine et les Français s’en porteront mieux.
……………….
Eddie Willers est né 1993. Il est analyste dans un fonds d’investissement et engagé dans le scoutisme. Il souhaite tordre le cou à quelques idées reçues souvent assénées comme des vérités par nos journalistes et nos hommes politiques.
………………….






Issad Rebrab

Le milliardaire qui soutient les révolutionnaires algériens
Par Nicolas Keraudren - Photographe : Manuel Braun –

Première fortune du pays, Issad Rebrab se présente comme une grande victime de l'ère Bouteflika.
Il est l'un des rares industriels à soutenir le soulèvement populaire en cours. Portrait d'un milliardaire que beaucoup surnomment le « Berlusconi algérien ».

Emmanuel Macron a modifié son programme pour être dans les Ardennes et ne cache pas sa satisfaction de voir 1000 emplois directs créés par le projet de Rebrab / Photo : D. R.

Un silence trompeur règne sur les hauteurs algéroises. Nous sommes vendredi, dans le quartier des Annassers à Kouba.

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Algérie: l’homme le plus riche du Maghreb entendu par la gendarmerie

Une poignée de fonctionnaires est mobilisée au ministère des Affaires étrangères pour accueillir les journalistes des quatre coins du monde.
Certains mangent le couscous devant la retransmission en direct du soulèvement populaire algérien. 
« Vous venez couvrir les manifestations ? Prenez votre accréditation et dépêchez-vous d'aller défiler ! » s'exclame l'un d'eux. 
« N'oubliez pas, nous voulons un changement radical », ajoute un autre.

Issad Rebrab, dans une station d'ultrapurification, fabriquée par EvCon, sa filiale allemande ©Manuel Braun pour Les Echos Week-end


À quelques kilomètres, dans le centre-ville d'Alger, aux embouchures de la place Maurice-Audin, plusieurs centaines de milliers de manifestants sont rassemblés pour réclamer la fin du « système » .

Issad Rebrab -  photo Benoudina samir

Comme tous les vendredis depuis le 22 février, les « Elblad bladna w ndirou rayna » - « C'est notre pays, c'est à nous de décider » - fusent dans les rues. Etudiants, avocats, médecins, ingénieurs, retraités… Toutes les corporations sont là.

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  Le « gang » des patrons

Toutes, sauf une. Celle des grands patrons algériens que les manifestants qualifient de « gang ».
Ceux qui pendant des années ont usé du « système » à des fins personnelles et favorisé un climat de corruption que tout le monde dénonce aujourd'hui. 
« Nous ne voulons plus de ces voleurs, ils doivent tous tomber », défend Mustapha, un jeune Algérien.

La justice s'est saisie de leur cas.
« Des enquêtes préliminaires sont mises en oeuvre pour des faits de corruption et de transferts illicites de capitaux vers l'étranger », a annoncé le Parquet le 1er avril, par la voie d'un communiqué.
Certains ont d'ailleurs été frappés d'une interdiction de sortie du territoire.
Ils seraient une dizaine au total, dont l'ancien patron des patrons, Ali Haddad, qui présidait jusqu'au mois dernier le Forum des chefs d'entreprise - l'équivalent du Medef en France.

Première fortune d'Algérie

Rebrab a inauguré son usine en présence du président français. D. R.

Le milliardaire Issad Rebrab , lui, joue son va-tout.
Il a bien été inquiété par la police des frontières à l'aéroport Houari-Boumédiène d'Alger. Avant de s'envoler pour l'Allemagne où il a rencontré le PDG d'ABB, un géant mondial de la robotique, il a raté un, puis deux vols.
Selon le journaliste algérien Khaled Drareni, « les policiers voulaient être certains de ne pas commettre d'erreur en le laissant passer. Ils ont donc pris toutes les précautions nécessaires. »
Mais à l'heure où le pouvoir vacille, son antagonisme avec le clan Bouteflika est devenu un atout. L'homme d'affaires n'est pas n'importe qui : il représente la première fortune d'Algérie et la sixième d'Afrique.

Vidéo
L'usine du futur EvCon pour Larbaa

Décrit comme « un acharné de travail », il a bâti son empire Cevital dans la décennie 1990, en investissant dans l'agroalimentaire, la construction, l'électroménager, les vitres et les réseaux de distribution.

« Voir grand, commencer petit et aller vite. » Une devise, telle un leitmotiv, qui a porté Issad Rebrab jusqu’à la réussite.

Dans un café à quelques pas de la place Maurice-Audin, un proche se souvient : « À l'aide de crédits à l'exportation, il achetait des produits pour les revendre cash. Parfois, il se faisait même préfinancer par ses clients.
Il a dégagé des sommes colossales qu'il a réinvesties dans des secteurs productifs où il n'y avait aucune concurrence. Et pour cause : le commerce extérieur était réservé au secteur public jusqu'en 1993.
Tout ceci lui a donné les moyens de démarrer ses activités. »

JEAN-LOUIS LEVET EN VISITE À BEJAÏA - 22 MAI 2017
Le président du groupe Cevital, M. Issad Rebrab, a reçu la visite du Haut Responsable à la coopération industrielle et technologique franco-algérienne, M. Jean Louis Levet, ce Lundi 22 Mai. Cette rencontre fut l’occasion pour M. Levet de découvrir le plus grand complexe industriel privé en Algérie et en Afrique, composé de plusieurs unités de production agroalimentaires ultramodernes, de silos portuaires, ainsi que du premier terminal de déchargement portuaire en Méditerranée.

Zones d'ombre

Sa fortune, estimée à 3,9 milliards de dollars aujourd'hui, n'est pas forcément bien vue de tous les Algériens.
Sur les réseaux sociaux, l'un d'eux écrit : « Il a volé plus que Haddad. » Pour Rachid, chargé d'affaires juridiques dans une entreprise publique, « c'est un voleur, oui. Mais contrairement aux autres, il a aidé son pays. »

Pour ne rien arranger, l'homme d'affaires a aussi été cité dans les Panama Papers dévoilés à l'été 2016.

6 JUIN 2017 - Cevital, premier groupe privé algérien hors hydrocarbures, lance une campagne de communication de grande envergure pour souligner sa contribution majeure au rayonnement de l’industrie algérienne, à la richesse du pays et à la création d’emplois.

Selon Le Monde, il compte « parmi les plus anciens clients du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca ».
Rebrab aurait alors bénéficié d'un compte offshore, au début de la « décennie noire », alors que la loi algérienne l'interdisait. Ce qu'il a toujours démenti.

TROPHÉE EXPORT 2016 : BRANDT REÇOIT LE PREMIER PRIX D’ENCOURAGEMENT 7 JUIN 2017
Le Premier prix d’encouragement du « Trophée Export 2016 », décerné par le World Trade Center Algérie aux meilleurs exportateurs algériens, a été attribué à Brandt Algérie, filiale du groupe Cevital, et producteur et exportateur de produits électroménagers et électroniques.

Malgré ces zones d'ombre, il reste un « homme très populaire en Algérie » estime Jean-Pierre Séréni, journaliste et observateur du pays depuis quarante ans.
Pour Mokrane, un jeune Algérien originaire de Kabylie et expatrié en France, « il porte l'espoir du développement dans notre pays ».
L'un de ses proches abonde : « Sa fortune ne doit rien aux privilèges accordés par l'Etat. Il s'est construit seul. »

8 AOÛT 2017 - Brandt Algérie, filiale du groupe Cevital spécialisée dans l’électroménager, a organisé ce mardi 08 juillet, à Alger, une cérémonie honorifique de remise de prix aux lauréats des classes d’examens de cinquième année primaire, du brevet d’enseignement moyen (BEM) et du baccalauréat de l’année 2017, en offrant aux trois premiers lauréats une Smart TV dotée du programme de soutien scolaire « Likoul », une innovation intégrée dans toutes les Smart TV Brandt, ainsi que des packs électroménagers à leurs familles respectives.

Dans le monde sclérosé des affaires algériennes, Issad Rebrab est effectivement un ovni.
Il est l'un des rares industriels à s'opposer au « système ».
Le 1er mars 2019, il a même participé physiquement à la « révolution du sourire ». Drapé du drapeau algérien, on le voit porté par la foule qui manifeste.

Electron libre

Au huitième et dernier étage du siège de son groupe situé aux portes d'Alger, il dresse son réquisitoire d'une voix paisible et saccadée, comme s'il pesait ses mots.
« Certains de nos jeunes sont obligés de traverser la Méditerranée pour trouver un emploi. Ce n'est pas normal, l'Algérie aurait pu être un eldorado pour les investisseurs et pour le peuple. »

UNE FIN D’ANNÉE 2017 CHARGÉE POUR LE GROUPE CEVITAL !

Troisième producteur de pétrole africain derrière le Nigeria et l'Angola, elle vit depuis des décennies au gré de la rente qu'elle tire de ses hydrocarbures.
Ceux-ci représentent la quasi-totalité de ses exportations (97%).

« Notre malheur, c'est la mauvaise gouvernance », ajoute Issad Rebrab, qui regrette de ne pas pouvoir faire plus pour son pays.
 « Je pense que le système algérien ne voulait pas d'une personnalité ou d'un entrepreneur qui arrive à un certain niveau. »
Son indépendance, il l'arbore comme un étendard.
« J'ai toujours été un électron libre », assure-t-il en racontant sa démission d'une entreprise publique, dans la décennie 1970.

A l'occasion de son itinérance mémorielle, le président de la République a visité ce mercredi matin les anciens locaux de PSA à Charleville-Mézières où le groupe Cévital va s'implanter. A la clé, plus d'un millier d'emplois. Cette visite n'était pas inscrite à l'agenda présidentiel.
Emmanuel Macron est arrivé sur le futur site d'implantation de Cévital à Charleville-Mézières. A ses côtés, Issad Rebrab, le PDG de groupe © Radio France - Alexandre Blanc

Issad Rebrad est alors expert-comptable et rédige un rapport d'activité défavorable au ministre de l'Industrie, qui l'oblige à revoir sa copie.
« À ce moment, j'ai compris que je ne travaillerai plus jamais dans une entreprise publique algérienne », lâche-t-il devant un modeste plat de poisson qu'il savoure à son rythme.

L'homme ne cite jamais ses ennemis. Pas même Abdelaziz Bouteflika, l'ex-président algérien avec qui il entretient des relations exécrables : « Il ne veut pas d'un Berlusconi en Algérie, m'a-t-on dit », glisse-t-il sans jamais le nommer.

Le « Berlusconi algérien »

Des points communs avec le magnat italien, il en existe plus d'un.
Comme lui, Rebrab est un patron de presse.
Le regard rivé sur sa montre clinquante, il explique être l'un des quatre fondateurs de Liberté, l'un des principaux médias d'opposition qui lui assure une couverture médiatique favorable.

Il est aussi impliqué dans le football, via le club de la Jeunesse sportive de Kabylie.
« C'est mon devoir d'aider la JSK et j'en suis fier », dit-il devant les caméras.
« Ce club est l'emblème de la Kabylie et de la nation algérienne », le président d'honneur du club.
Ces activités lui ont permis d'asseoir sa notoriété. Et de conforter sa position de « victime » de Bouteflika auprès du grand public.

Car depuis plusieurs années, tous les projets d'Issad Rebrab sont ralentis ou bloqués par le pouvoir algérien.

Ce fut le cas d'un hub portuaire en Kabylie, où devaient être construits un complexe pétrochimique, une centrale électrique, une usine de construction automobile, une de sidérurgie et une de désalinisation d'eau de mer.
Le tout devait générer 1 million d'emplois et 32 milliards de dollars de revenus à l'export, assure l'intéressé.

Autre projet avorté, celui de l'usine de trituration de graines oléagineuses prévu par Cevital dans la ville de Béjaïa, à l'est d'Alger.
Quelque 100 000 emplois étaient en jeu, toujours selon Rebrab.
Le gouvernement ne veut pas en faire une affaire d'Etat : pour Ahmed Ouyahia, Premier ministre jusqu'au 11 mars dernier, « les malentendus touchent des centaines d'entreprises et ce n'est pas en les politisant ou en organisant des marches qu'ils vont se régler ».

La main invisible

Le coup de grâce fut porté avec le retrait de la concession Hyundai qu'Issad Rebrab détenait depuis plus de vingt ans, et que dirigeait l'un de ses fils, Omar. Celle-ci a été confiée à un autre homme d'affaires, l'influent Tahkout Mahieddine, grâce aux arrangements de l'ancien ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb.

Selon le journaliste algérien Khaled Drareni, « celui-ci a tout fait pour trouver une faille chez Rebrab ».
Au-delà du gouvernement, c'est toute une partie du patronat qui lui fait barrage.
Publiquement, le milliardaire préfère parler d'une « main invisible » qui retient ses projets.
À notre micro, il se fait plus disert. Ces blocages ne seraient-ils pas le fait d'un concurrent ?

La famille Kouninef ou le clan Haddad, par exemple ?
« Vous avez tout compris », murmure-t-il.
La première est en cour au sommet de l'Etat. Son PDG, l'influent Rédha Kouninef, serait l'un des plus proches fidèles de Saïd Bouteflika, le frère d'Abdelaziz. Tout comme Ali Haddad - ex-chef du patronat algérien - dont les affaires concurrencent celles de Rebrab.

Le plafond de verre

Les entreprises algériennes se divisent ainsi en deux catégories :
« D'une part, celles qui sont connectées au pouvoir et entretiennent une relation de vassalité avec celui-ci.
Elles sont d'ailleurs organisées au sein du Forum des chefs d'entreprise.

Et d'autre part, les entreprises non connectées à l'Etat, plus indépendantes mais qui demeurent sous un plafond de verre », explique le professeur d'économie El Mouhoub Mouhoud, auteur d'un rapport pour la Banque mondiale sur la diversification de l'économie algérienne.

Issad Rebrab revendique son appartenance au second groupe.
« Le pouvoir craint que je me lance en politique. » Est-ce justifié ? « Ma seule ambition est de contribuer au développement de l'économie de mon pays, en créant des richesses et des emplois pour nos jeunes », élude-t-il.

Difficile, selon lui, de marquer la frontière entre l'économie et la politique.
Pour l'un de ses proches, « ceux qui prêtent des ambitions politiques à Monsieur Rebrab n'ont rien compris de lui.
La politique ne l'intéresse pas du tout. »

Succès étrangers

Les difficultés qu'il rencontre dans son pays contrastent avec l'aura dont il jouit à l'étranger.
Notamment en France, où il a été reçu en grande pompe en novembre 2018 par Emmanuel Macron à l'occasion d'un forum sur l'attractivité de l'Hexagone.

En 2014, Rebrab avait été qualifié de « sauveur » par la presse française après le rachat pour 200 millions d'euros du groupe d'électroménager français Brandt, alors en redressement judiciaire.
Un an plus tôt, c'est le menuisier PVC Oxxo qui avait été repris par le groupe Cevital.

Dans les Ardennes, à Charleville-Mézières, il prévoit de recruter 1 000 personnes pour son usine du traitement de l'eau, EvCon. Via différentes filiales, il est aussi présent en Allemagne, au Brésil et en Espagne.
Un dynamisme qui tranche avec le marasme des activités algériennes. « J'aimerais pouvoir faire plus pour mon pays », soupire Rebrab.
Alors que le pouvoir bascule, son heure est peut-être venue.

Issad Rebrab dans l'histoire algérienne

27 mai 1944 : Naissance en Kabylie.

5 juillet 1962 : L'Algérie obtient son indépendance.

1988 : Issad Rebrab fonde Metal Sider (sidérurgie). C'est avec cette société qu'il monte sa fortune dans la décennie 1990.

27 juin 1992 : Avec trois autres associés, Issad Rebrab fonde le journal Liberté dans le contexte de la « décennie noire ». Quatre journalistes sont assassinés par les terroristes islamistes pendant cette période.

1998 : Naissance du conglomérat Cevital, un an avant la première élection de Bouteflika à la présidence.

30 avril 2001 : Un décret signé par Ali Benflis, alors Premier ministre, interdit de manifester dans la capitale.

12 novembre 2008 : Le Parlement révise la Constitution pour autoriser Abdelaziz Bouteflika à exercer plus de deux mandats présidentiels. Il est réélu une troisième fois avec 90,24% des voix.

10 février 2019 : Bouteflika annonce son intention de briguer un cinquième mandat. Quelques jours plus tard, plusieurs milliers de personnes manifestent dans tout le pays, répondant à différents appels anonymes lancés sur les réseaux sociaux.

2 avril 2019 : Démission d'Abdelaziz Bouteflika. Abdelkader Bensalah est nommé président par intérim la semaine suivante, pour une durée de 90 jours. L'élection présidentielle est fixée au 4 juillet.










jeudi 18 avril 2019

Compagnons-charpentiers

Villeneuve-d'Ascq
 Europe1  -18 avril 2019

Les compagnons-charpentiers rêvent déjà d’investir le chantier de Notre-Dame : "Ce serait un honneur"

Les compagnons du devoir appliquent des techniques anciennes à des matériaux modernes, ce qui pourrait donner une nouvelle vie à la charpente disparue de Notre-Dame. © Lionel Gougelot pour Europe 1

Les compagnons du devoir estiment que le chantier de rénovation de la cathédrale incendiée sera l'occasion d’une formidable revalorisation de leur métier.


La reconstruction de Notre-Dame risque d'être confrontée "à un manque de main d'œuvre en tailleurs de pierre, charpentiers et couvreurs", a averti mardi le secrétaire général des Compagnons du devoir Jean-Claude Bellanger.

Le coq de la flèche de Notre-Dame de Paris a été retrouvé par un restaurateur mardi. © Capture d'écran Twitter/@chanutj

Selon lui, il faudrait recruter en apprentissage 100 tailleurs de pierre, 150 charpentiers et 200 couvreurs.

À Villeneuve-d'Ascq, près de Lille, les futurs charpentiers formés au sein des compagnons du devoir rêvent de participer, un jour, à ce grand chantier de rénovation de la cathédrale. Europe 1 est allé à leur rencontre.

Notre-Dame de Paris en flammes, une heure après le début de l'incendie, le 15 avril 2019.
Milliped

Dans l'atelier, Hugo prépare son brevet professionnel et se dit prêt à mettre son savoir-faire à la disposition de ce grand défi. "Ce serait un honneur d'aller travailler sur Notre-Dame.
C'est au cœur de nos sujets. C'est sur que ce serait gratifiant".

"Et pourquoi pas moi ?", lance son confrère, Kevin, qui travaille sur une maquette. "Je suis dans le vif du sujet parce que c'est un pentagone, une flèche à cinq faces.
Elle pourrait être une partie de la cathédrale".

Une vitrine exceptionnelle pour des métiers peu valorisés

Le savoir-faire de ces artisans sera précieux pour reconstruire la charpente de Notre-Dame de Paris.

Quelque 1.300 poutres, dont certaines assemblées au 13e siècle, sont parties en fumées en quelques heures lundi soir, mais elles ne seront pas forcément remplacées par du chêne, selon le directeur Bastien Lassonnerie.

"Il pourrait y avoir un bel ouvrage qui représenterait la charpente de Notre-Dame sans que ce soit du bois brut.
Il y a des matériaux dérivés du bois, comme le lamellé-collé, qui permettent de reproduire des charpentes comme celle-là, avec un aspect tout à fait traditionnel", assure-t-il.

Pour Alex, formateur de ces compagnons, l'essentiel est que ce grand chantier permette de revaloriser les métiers d'art, quel que soient les artisans qui y travailleront.

"Des compagnons passeront sur ce chantier, mais c'est surtout un essor pour le métier au sens large", relève-il. "

Ce que l'on souhaite, c'est que ça nous permette de redonner de l'élan pour [en faire] un métier moderne." Cinq charpentiers sont actuellement en fin de formation chez les compagnons, à Villeneuve-d'Ascq, mais il serait possible d'en former quatre fois plus selon les responsables.

Notre-Dame de Paris : comment va se dérouler l'enquête ?

Lundi soir, Notre-Dame de Paris a été défigurée par un incendie. © AFP

Au surlendemain de l'incendie qui a ravagé une partie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, les enquêteurs sont déjà à pied d'oeuvre pour tenter d'en cerner précisément les causes.

ON DÉCRYPTE

Si l'incendie est désormais circonscrit à la cathédrale Notre-Dame de Paris, l'enquête ne fait que commencer pour savoir ce qui a causé la perte de la charpente, de la flèche et de la toiture, entre autres éléments de cet édifice emblématique de la capitale.

Lister les sources d'énergie

Une cinquantaine de policiers ont été saisis, alors que la piste accidentelle est privilégiée.
Un des cinq laboratoires spécialisés de la police scientifique a aussi été sollicité, avec une méthode très précise : il faut d'abord figer la scène et éventuellement la modéliser en 3D, afin de garder une trace de tous les éléments de la cathédrale.

Il faut ensuite recueillir des photos et des vidéos de témoins. A ce stade, une dizaine de personnes ont été entendues. De nouveaux témoins seront auditionnés jeudi.

Une fois que le lieu est sécurisé, il est également nécessaire de quadriller la zone pour identifier ce qui aurait pu provoquer un départ de feu :
"On va faire l'inventaire de toutes les sources d'énergie.

Ça peut être une cause liée à une activité humaine, comme des travaux, ou un mégot… Il y a aussi des causes électriques", liste Véronique Vidotto, la responsable du service incendie et explosion de l'Institut national de police scientifique de Haute-Garonne, à Toulouse.

L'objectif, in fine, est de déterminer "tout ce qui est susceptible de donner cette énergie d'activation".

Remonter "la logique" du feu

Pour vérifier chaque hypothèse, il faut remonter le temps.
Car si un profane ne voit dans l'incendie qu'une forme de chaos, le spécialiste perçoit une logique dans le déroulé de cet événement.
"On a un comportement vivant, ou humain : le feu a besoin de manger, c'est le combustible.
On va ainsi pouvoir suivre son cheminement", décrit Dominique Deharo, directeur adjoint du laboratoire.
"Le feu a pu démarrer à quelques dizaines de mètres de là et trouver un moyen de développement.

Nos collègues du laboratoire central de la préfecture de Paris vont remonter cette logique."

Le suivi du déclenchement des alarmes pourrait aussi permettre de restreindre la zone d'investigations.
Mais ce qui est certain, c'est qu'il s'agit là d'un travail méticuleux qui pourrait prendre de longues semaines, alors qu'Emmanuel Macron a a promis d'"achever la restauration" de Notre-Dame de Paris d'ici cinq ans, un délai a priori compliqué à tenir selon les spécialistes.

A ce stade, les enquêteurs restent prudents sur la cause précise du sinistre.
Tous les scénarios restent envisageables à ce stade : court-circuit, "point chaud" provoqué par une soudure au chalumeau, etc...