jeudi 6 décembre 2018

Un bébé naît grâce à un utérus greffé

Un bébé naît grâce à un utérus greffé provenant d'une donneuse décédée
Par Marie-Céline Ray - 05/12/2018.

Ce serait une première mondiale : une petite fille est née au Brésil en décembre 2017 grâce à un utérus d'une donneuse décédée.
D'autres bébés sont nés après des greffes d'utérus mais qui provenaient de donneuses vivantes.

Globalement la grossesse s’est bien déroulée, hormis une infection ayant donné lieu à un traitement antibiotique à l’hôpital à 32 semaines. © sakurra, Fotolia

La petite fille est née au Brésil le 15 décembre 2017 à 35 semaines de grossesse ; elle pesait 2,550 kg.

Sa maman n'avait pas d'utérus, de naissance, à cause d'un syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser ou syndrome de MRKH.
En septembre 2016, à 32 ans, elle a subi une greffe d'utérus.
La donneuse, décédée à 45 ans d'un AVC, avait connu trois accouchements par voie vaginale.
La patiente a été enceinte dès le premier essai de fécondation in vitro. © Canwest News Service, Wikimedia Commons, DP

L'opération de greffe a duré 10 heures et demie et un traitement immunosuppresseur a été mis en place pour éviter le rejet.

Cinq mois plus tard, la patiente avait des cycles réguliers ; ses premières règles étaient apparues 37 jours après la greffe.

Quatre mois avant la greffe, la patiente avait suivi un protocole de fécondation in vitro (FIV) qui avait permis d'obtenir huit embryons qui ont été congelés.
Les patientes qui souffrent du syndrome de MRKH ont en effet un fonctionnement ovarien normal.

Sept mois après la greffe, un des embryons congelés a été implanté dans l'utérus et, dix jours après l'implantation, la grossesse de la patiente a été confirmée.

Au moment de la naissance par césarienne, l'utérus greffé a été retiré puis le traitement immunosuppresseur a été suspendu.
Lorsque les auteurs ont rédigé leur article pour The Lancet medical journal, le bébé avait plus de sept mois. Elle allait bien, était toujours allaitée et pesait 7,2 kg.

Position du col de l’utérus dans l’appareil génital féminin. © DR

Un espoir pour des femmes souffrant d’infertilité utérine.

Cette première mondiale apporte une lueur d'espoir aux femmes souffrant d'infertilité pour des causes utérines : une grossesse viable est possible avec un utérus d'une donneuse décédée.

Dix autres greffes d'utérus de donneuses décédées ont été tentées aux États-Unis, en République tchèque et en Turquie, mais aucune n'a donné lieu à une naissance vivante.
Ce serait le premier cas de greffe d'utérus réussie en Amérique latine.

D'autres greffes d'utérus ont été décrites avec une donneuse vivante, provenant de la famille de la receveuse ou de son cercle d'amies proches.
Or, le nombre de personnes susceptibles de donner leurs organes à leur mort est plus élevé que celui des donneuses vivantes potentielles.
De plus, le recours à une donneuse décédée permet d'éviter des complications à une donneuse vivante.

Parmi les couples concernés par des problèmes d’infertilité, une femme sur 500 souffre d’une anomalie de l’utérus.
L’infertilité utérine peut être due à une affection congénitale, une malformation de naissance, ou être la conséquence d’une hystérectomie ou d’une infection utérine.

En 2013, en Suède, est né le premier bébé issu d'un utérus greffé provenant d'une donneuse vivante.
Ensuite, il y a eu 39 autres tentatives similaires, donnant lieu à 11 naissances vivantes.

CE QU'IL FAUT RETENIR

Pour la première fois au monde, un bébé est né d’un utérus greffé provenant d’une donneuse décédée.

La maman n’avait pas d’utérus de naissance.

L’opération de greffe a duré plus de dix heures.

L'embryon issu d'une FIV a été implanté dans l'utérus.

L’utérus greffé a été retiré au moment de la césarienne qui a donné naissance à une petite fille de 2,550 kg.





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