Par l’Echo Républicain - 02/02/2019.
Une foule grave et imposante dans la sérénité de la
chapelle royale. © Agence DREUX
La cérémonie des obsèques du Comte de Paris, décédé le 21
janvier, a réuni plusieurs centaines de personnes à Dreux.
La République et la monarchie se côtoient pour un dernier
hommage à un homme décrit comme "généreux et artiste".
La messe de requiem dite pour Henri d'Orléans, ce samedi
2 février 2019, en la chapelle royale de Dreux, est à l'image de la mort de
l'héritier du trône de France pour les Orléanistes.
Pleine de sérénité dans cette chapelle royale où se
pressent des centaines de personnes venues saluer une dernière fois le Comte de
Paris.
Un office plein de sérénité et d'élégance, à l'image de
ce décès, le 21 janvier 2019 au matin, alors que Henri d'Orléans s'apprêtait à
assister à la messe en hommage au roi Louis XVI.
Le prince Albert de Monaco
Certes, il y a de la gravité sur les visages et beaucoup
de noir sur les épaules. Mais, la tristesse du deuil fait place à l'espérance
dans l'avenir et le sentiment que la mémoire de Henri d'Orléans sera entretenue
par ses héritiers.
A commencer par Jean Comte de Paris qui reprend le
flambeau de la Maison de France.
Une personnalité
faite de générosité et de délicatesse, au tempérament d'artiste
Monseigneur Dominique Rey, évêque de Toulon et Fréjus,
évoque une personnalité faite "de générosité, de délicatesse", au
"tempérament d'artiste".
Il inscrit l'histoire d'Henri d'Orléans dans la grande
histoire de France qui remonte aux Capétiens.
Une invitation aux "princes et princesses à ne
jamais oublier les devoirs que leurs privilèges leur confèrent".
Oubliés les tourments de la vie et les affres d'une vie
familiale parfois compliquée.
Henri d'Orléans va rejoindre les gisants dans la sérénité
de la crypte de la nécropole des Orléans.
Dans ce dernier voyage, il est accompagné de nombreux
représentants des Maisons d'Europe et du Maroc, comme le prince Albert de
Monaco ou Moulay Hassan, prince héritier du royaume chérifien.
La République est là aussi, avec Albéric de Montgolfier
pour le Sénat, Olivier Marleix et Chantal Deseyne, député de Dreux et
sénatrice, Gérard Hamel, maire de Dreux...
Moulay Hassan en compagnie de la princesse Philomena
Une cohabitation tranquille entre la République et la
monarchie que Stéphane Bern appelle de ses voeux.
Un souhait qu'il partage avec Jean Comte de Paris et
désormais chef de la Famille de France, qui s'inscrit dans ce que son
grand-père et son père ont toujours souhaité :
"Etre au
service de la France et des Français".
Le Comte de Paris
s'éteint et laisse la maison de France au prince Jean
La dernière fois que le Comte de Paris est venu à
Dreux, c'était pour les obsèques du prince François, le 6 janvier 2018. Photo
Argan Fagnou. © Agence DREUX
Henri d'Orléans est décédé, ce lundi 21 janvier 2019, au
matin, à Paris.
Le prince Jean de France, installé à Dreux, devient
automatiquement le chef de la famille de France.
"Il est mort
juste avant d'aller à la messe à la mémoire du Roi Louis XVI, dans la
dignité".
Le Comte de Paris s'est éteint, en toute sérénité, ce
lundi 21 janvier 2019, au matin, à son domicile parisien, dans le 8e
arrondissement.
Sa belle-fille, la princesse Philomena d'Orléans, qui vit
à Dreux et en route pour Paris, est émue :
"Il a eu une
très belle mort, une mort très digne.
Il était habillé
pour aller à la messe en mémoire du roi Louis XVI.
Il s'est senti
faible, a envoyé un SMS d'excuses aux organisateurs de la cérémonie.
Il s'est allongé,
il est parti."
Henri d'Orléans avait 85 ans.
Il était considéré, par les Orléanistes, comme le chef de
la famille de France.
Il reposera dans la chapelle royale, à Dreux.
Son gisant viendra rejoindre tous ceux des défunts de la
famille d'Orléans.
La dernière fois qu'on l'avait vu à Dreux, c'était
justement à l'occasion des obsèques du prince François, son fils aîné, le 6
janvier 2018.
Le prince Jean ne reprend pas le titre tout de suite
Il y avait été accueilli par le prince Jean qui a élu
domicile à Dreux, depuis sept ans, et veille sur le dernier sanctuaire de la
famille d'Orléans.
Les relations entre le père et le fils n'ont pas toujours
été tendres.
Mais, la princesse Philomena précise :
"Ils avaient
un différend d'ordre familial. Mais, ils n'étaient pas fâchés".
Le prince Jean s'inscrit dans ce respect du père, du
titre et du chef de la famille de France par-delà la mort et au-delà des
différends : il devient automatiquement le chef de la famille de France,
l'héritier du trône.
Son fils, Gaston, devient le dauphin de France.
En revanche, Jean de France ne s'attribue pas le titre de
Comte de Paris : il a annoncé le décès de son père en tant que duc de Vendôme
et ne reprendra le titre de Comte de Paris qu'après plusieurs mois, voire une
année entière.
Une question de respect.
Il n'empêche, depuis ce lundi 21 janvier, l'héritier du
trône de France est Drouais.
Le prince Jean d'Orléans se livre sur le Comte de Paris :
"Mon père et moi étions taillés dans le même roc"
Le prince Jean d'Orléans évoque des relations
compliquées avec son père mais finalement, leur vision de la France et du rôle
de la famille de France ne sont pas si éloignées.
Le chef de la famille de France prend la parole pour
évoquer la personnalité du Comte de Paris mais aussi les relations complexes
entre un père et un fils.
La vie les a parfois séparés mais le lien n'a jamais été
rompu.
Samedi 2 février 2019, le prince Henri d'Orléans reposera
en paix, à la chapelle royale de Dreux, dans la nécropole des Orléans.
Le Comte de Paris est mort le 21 janvier 2019. Henri
d'Orléans était sur le point de se rendre à la messe en mémoire de Louis XVI
quand il s'est senti mal.
Élégamment vêtu, il s'est allongé et a poussé son dernier
soupir à la même heure que Louis XVI, à quelques minutes près et 226 ans
d'intervalle.
En 2014, le Comte de Paris était venu au musée d'art
et d'histoire de Dreux.
Samedi 2 février 2019, il rejoindra tous les princes et
princesses d'Orléans.
Il reposera parmi les gisants de la chapelle royale, sur
les hauteurs de Dreux.
À l'occasion du décès de ce père avec lequel il a eu des
relations complexes, le prince Jean d'Orléans, désormais chef de la famille de
France, évoque le souvenir et les engagements de Henri d'Orléans, Comte de
Paris.
Qui était Henri
d'Orléans, Comte de Paris ?
Mon père est né en 1933. La famille, à l'époque, était
encore sous le coup de la loi d'exil qui n'a été abolie qu'en 1950.
Il avait obtenu du gouvernement français une dérogation
pour faire ses études à Bordeaux.
Il a fait des études de sciences politiques.
Nous avons été les premières générations à vivre au
contact des citoyens français et de la France, au quotidien.
Mon père a eu une carrière militaire dans la cavalerie.
C'était une manière de servir. Il a d'ailleurs reçu la
Légion d'honneur des mains de Nicolas Sarkozy pour des faits d'armes.
En 1957, il avait épousé Marie-Thérèse de Würtemberg.
Ils étaient vraiment amoureux l'un de l'autre. Même si
cette union avait été bien vue du général de Gaulle, qui y voyait un
rapprochement entre la France et l'Allemagne, il s'agissait vraiment d'un
mariage d'amour.
On peut évoquer aussi la mort de mon oncle François.
Il était l'alter ego de mon père et sa disparition l'a
beaucoup marqué.
Mais on peut dire que cette période de 1957 aux années
soixante-dix a été une période très heureuse.
Les choses se sont dégradées ensuite, comment l'expliquer
?
Dans les années soixante-dix, les choses se sont
compliquées.
Mon grand-père, qui avait des relations étroites avec de
Gaulle et qui comptait beaucoup sur lui, a été déçu par la fin de son mandat.
Cette atmosphère a rejailli sur toute la famille.
Les mariages ont volé en éclats. Celui de mon père aussi.
En 1973, mon père n'était plus là pour nous.
Or, les garçons ont besoin d'un père. Indiscutablement,
il y a eu un manque.
Et puis, il y a eu le remariage de mon père en 1984,
l'annulation de son premier mariage en 2009, la même année que mon mariage...
Quelles étaient alors vos relations avec ce père absent ?
Paradoxalement, je fais partie des enfants qui avaient
sans doute le plus de rapports avec lui.
Nous avons eu finalement une relation soutenue, parfois
en bien, parfois en mal, mais le lien n'a jamais été rompu.
Nous siégions, par exemple, dans le même conseil
d'administration pour la gestion de la forêt de Bord-Louviers.
Il y a eu aussi des décisions compliquées à prendre dans
le domaine dynastique autour de mon frère François.
Mais au-delà de ces divergences, nous avions des analyses
similaires.
Il avait fait
sciences-po, j'ai plutôt une formation de philosophe et de juriste. Mais, nous
étions taillés dans le même roc.
Ces derniers temps, nous avions la même réflexion à
propos des gilets jaunes sur les fractures qui traversent la France.
Sur le plan personnel et affectif, c'était plus
compliqué.
Comme mon grand-père, il était très généreux, il avait un
côté séduisant, sensible à la cause des petites gens.
Mais il pouvait être très dur avec ses proches.
Il faut être exigeant avec ses enfants mais la relation
affective, pourtant importante, était compliquée.
Il n'arrivait pas à séparer le domaine politique et le
domaine personnel.
Il faisait un mélange des genres qui compliquait les
relations.
Vous parliez de sa vision de la société française, quelle
était-elle et comment voyait-il son rôle?
Il avait un regard
pessimiste sur la situation.
Pour lui, la France
renonce à des choses qui en font une nation forte, comme le contrat social très
abîmé.
On abandonne le
côté humain pour ne favoriser que le volet économique. Il avait aussi un grand
sens de l'environnement.
Or, il estimait que la société de consommation prenait le
pas sur le reste.
Il pensait que la famille de France devait montrer
l'exemple.
Il avait un vrai sens de la communication : son blog
était suivi, il tweetait beaucoup, surtout ces derniers temps, au sujet des
gilets jaunes...
Il a aussi pris la décision de consacrer la France au
Sacré Coeur, la mort de mon frère François n'est pas étrangère à cette décision
qui l'a apaisé.
Finalement, il s'inscrivait en cela dans la tradition des
Robertiens qui, même quand ils ne régnaient pas, étaient maîtres du palais,
jouaient un rôle de conseil.
Pourquoi ne pas transposer cela à notre époque où la
dynastie régnante serait le Président de la République et la famille de France
jouerait ce rôle de conseil...
Propos recueillis par Valérie Beaudoin
Le prince Jean de France comprend le mouvement des gilets
jaunes.
On peut être attaché à la monarchie et comprendre les
gilets jaunes.
C’est ce que laisse entendre le prince Jean de France
dans une publication où il explique être inquiet de la situation en France :
« Les gilets jaunes résument ces fractures multiples.
Ils représentent tous ces Françaises et Français qui
supportent tout depuis plus de trente ans, mais qui n’y arrivent plus.
Ils n’en peuvent
plus de la cherté de la vie, du poids des impôts et taxes, d’un État qui ne les
comprend même plus. »
Le prince rejette l’expression de “France périphérique”,
lui qui a choisi de vivre à Dreux après avoir été Parisien.
Avoir vu les gilets jaunes et les policiers chanter La
Marseillaise à côté de la crèche vivante de Dreux lui permet d’espérer une
France réconciliée.
Plein de sagesse et de lucidité, il ne franchit pas le
pas de souhaiter le retour du roi.
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