jeudi 7 février 2019

Les coups de griffe de la Cour des comptes

LES ECHOS - 06/02/2019.

Travail détaché, pompes funèbres, mobilier national, trains Intercités… dans son rapport annuel publié ce mercredi, la Cour des comptes épingle plusieurs entités publiques pour leur gestion déficiente du personnel et donc de leurs finances et met en cause de nombreuses procédures de contrôle jugées très insuffisantes.

Effectifs pléthoriques, rémunérations trop importantes, temps de travail insuffisant... dans  son rapport 2019 paru ce mercredi la Cour des comptes met en lumière plusieurs exemples de mauvaise gestion de l'argent public. Revue d'effectif :

Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, et Michèle Pappalardo, rapporteure générale, lors de la présentation du rapport annuel 2019 de la Cour des comptes ce mercredi matin. – AFP

· EDF

EDF doit supprimer l' « avantage énergie » qu'il offre à ses employés et ex-salariés, un bénéfice « sans équivalent » qui se chiffre en milliards d'euros et contribue à plomber les finances du groupe français, estime la Cour.

La gratuité de l'abonnement, la fourniture de l'électricité pour environ 4 % du tarif de base et l'exonération des taxes sont actuellement offertes aux agents en activité ainsi qu'aux agents retraités pouvant justifier d'au moins 15 ans de services.  Plus d'informations à lire ici

EDF « continue d'offrir des rémunérations élevées et une série d'avantages, sans équivalent, dont bénéficient salariés et anciens salariés, largement déconnectées des performances de l'entreprise », critique la Cour des comptes. - AFP

· Travail détaché

Alors qu'il n'y a jamais eu autant de travailleurs détachés en France (516.000 en 2017), la Cour des comptes juge que la France peut mieux faire en matière de lutte contre la fraude. Certes, les magistrats financiers saluent le « renforcement » d'un arsenal juridique déployé tardivement mais désormais « important », et « la priorité assignée à l'inspection du travail » (près de 1.000 contrôles par mois en 2017).

Mais elle souligne qu'il reste encore à faire en matière de lutte contre la fraude aux cotisations sociales, les résultats n'étant « pas à la hauteur des enjeux ».

Elle regrette en outre que « les parquets et les tribunaux rencontrent des difficultés [...] pour traiter l'afflux des procédures » Ce n'est pas qu'une question de moyens mais aussi d'organisation, souligne la rue Cambon, jugeant les sanctions insuffisantes, avec notamment un « nombre élevé d'affaires classées sans suite » par les parquets. >>> 

La Cour des comptes s'est penchée sur l'efficacité de l'arsenal de lutte contre la fraude au travail détaché. - Shutterstock

· Urgences hospitalières

Les magistrats financiers recommandent de « faire évoluer les services d'urgence à l'activité insuffisante en utilisant tous les leviers disponibles », y compris leur « fermeture » ou leur « transformation en centre de soins non programmés ».

Sont particulièrement visés ceux « dont la faible activité, notamment en « nuit profonde » (00 heures - 8 heures, NDLR), ne permet plus d'assurer la permanence des soins dans des conditions financièrement supportables ». >>>  Plus d'informations à lire ici


· Radio France

La « Maison Ronde » a fait des progrès en matière d'audience et de gestion depuis 2015, mais la Cour des comptes l'appelle à se réformer pour sortir d'une situation financière « inquiétante ».

Les magistrats financiers lui suggèrent par exemple de cesser de diffuser Mouv' sur la FM, de mieux suivre son pharaonique chantier de rénovation et d'augmenter le temps de travail des salariés.  >>> Plus d'informations à lire ici


· Trains Intercités

La Cour des comptes juge que l'Etat est « mal armé » pour conserver la gestion des Intercités et trains de nuit, en raison notamment « de la faiblesse des moyens qu'il peut y consacrer ».

Elle suggère un transfert des « lignes d'aménagement du territoire » (Nantes-Lyon, Nantes-Bordeaux, Toulouse-Hendaye) aux régions concernées et une exploitation sans convention des trains de nuit et des « lignes structurantes » (Paris-Toulouse, Paris-Clermont, Bordeaux-Toulouse-Marseille) « par la SNCF ou ses futurs concurrents ».

· Mobilier national

Collections insuffisamment documentées et mal entretenues, défaillances dans la mise en oeuvre des missions ou gestion « sclérosée » du personnel qui bénéficie de conditions extrêmement avantageuses (avec un nombre de jours réellement travaillés oscillant entre 120 et 176 jours par an, et la possibilité d'utiliser les ateliers pour des travaux à des fins personnelles) : le Mobilier national, chargé de l'ameublement des résidences présidentielles et de l'entretien du patrimoine d'Etat est « à bout de souffle », selon la Cour, qui appelle l'Etat à « engager sans plus attendre la redynamisation des activités » du MNGBS (le Mobilier national et les Manufactures nationales des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie) ».

· Sécurité alimentaire

La France a progressé en matière de sécurité alimentaire, mais quelques zones d'ombre demeurent, telles les procédures de retrait-rappel qui demeurent « inefficaces », selon la Cour des comptes, qui fait référence à l'affaire Lactalis.

L'institution financière prône notamment, comme le Conseil national de la consommation dans un rapport publié en juillet, le blocage en caisse des produits concernés et la publication des retraits-rappels sur un site internet unique. >>>  Plus d'informations à lire ici


· Pompes funèbres

« Insuffisamment contrôlé », le secteur des pompes funèbres manque de transparence en France, selon la Cour, qui analyse l'évolution du domaine funéraire au cours des 25 dernières années.

Du fait de cette situation, les prix de prestations funéraires augmentent chaque année deux fois plus vite que les prix à la consommation.

 Pour améliorer cette transparence et mieux contenir les hausses de prix, les magistrats recommandent à l'Etat de renforcer les contrôles des entreprises et de muscler la législation. >>>  Plus d'informations à lire ici

« L\'indice de prix des prestations funéraires a augmenté deux fois plus vite que celui de l\'ensemble des prix à la consommation », constate la Cour des comptes. - GEORGES GOBET/AFP

· Lanceurs spatiaux

Le futur lanceur Ariane 6 devra évoluer rapidement pour rester compétitif face à une concurrence américaine puissamment soutenue par la commande publique et alors que les applications liées au spatial prennent une place de plus en plus importante dans les activités humaines, estime la cour.

Pour l'institution de la rue Cambon, « une plus grande participation des partenaires européens de la France » doit par ailleurs « être recherchée ».  >>> Plus d'informations à lire ici

Vue d\'artiste de la future fusée européenne Ariane 6 qui remplacera peu à peu Ariane 5 à partir de 2020 - ESA - David Ducros

· Fonds européens outre-mer

En outre-mer, les Fonds européens structurels et d'investissements (FESI) sont très utilisés, mais la volonté de consommer à tout prix ces crédits conduit parfois à « des défaillances de gestion » et à un « manque de transparence », regrettent les magistrats financiers.

· Filière du sang

La Cour dresse un constat d'échec du LFB, laboratoire de médicaments dérivés du plasma détenu à 100 % par l'Etat, pointant des pratiques industrielles « défaillantes » et une stratégie de diversification dans les biotechnologies « trop ambitieuse ».
Ce bilan remet en cause « la pertinence du rôle de l'Etat comme actionnaire à 100 % » du LFB, selon le rapport.

· Service militaire adapté en outre-mer

Le Service militaire adapté (SMA), dispositif d'insertion professionnelle dans les outre-mer pour les 18-25 ans avec un encadrement militaire, obtient « de bons résultats », mais doit s'améliorer, souligne la Cour des comptes.

Celle-ci pointe « une moindre ambition des formations avec une diminution de leur durée et la fin des formations diplômantes »,

· Comptes et assurances vie en déshérence

C'est un des rares points positifs du rapport annuel de la Cour des comptes. Le dispositif censé traiter le problème des avoirs bancaires et des contrats d'assurance vie dits en déshérence est salué par la Cour, qui parle d'une « réforme bien engagée ».

Elle n'a toutefois pas encore atteint son « régime de croisière » :
« L'érosion est lente », constatent les magistrats financiers, qui appellent à divers ajustements pour simplifier et compléter les procédures.

· Ile-de-France

Les communes les plus pauvres d'Ile-de-France, qui connaissent d'importantes contraintes de gestion liées à leur population souvent jeune et plus fragile économiquement et socialement, doivent s'engager dans une meilleure maîtrise de leurs dépenses de personnels, recommande la Cour des comptes.

Malgré les subventions reçues, « les programmes d'investissements ont souvent conduit au prix d'un endettement croissant », notent les magistrats.
Selon eux, « d'importantes économies peuvent être envisagées dans ces communes sur les dépenses de personnel qui permettraient des redéploiements budgétaires ». >>>  Plus d'informations à lire ici

Plus de 83 % de la population de Grigny, dans le département de l\'Essonne, vit en quartier prioritaire de la ville. - AFP

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