vendredi 23 novembre 2018

Un « vrai » plan logement en attente

Nexity attend un « vrai » plan logement de la part du Gouvernement.
Par Batiweb – 19/11/2018.

Dans une lettre ouverte adressée au président de la République et au Premier ministre, Alain Dinin, PDG de Nexity, reproche à l’exécutif de ne pas avoir réussi son choc de l’offre de logements.


Très critique, le promoteur immobilier estime que certaines mesures ont cassé « un marché (..) qui se portait presque bien ».
Nexity appelle ainsi le gouvernement à présenter « un vrai plan » en faveur du logement et formule 22 propositions pour endiguer la crise.

Dans une lettre adressée au Gouvernement, Alain Dinin, PDG du groupe Nexity, s’insurge:
« Vous nous aviez promis un véritable choc de l’offre, plus de logements moins chers. Le compte n’y est pas. De loin ».

« Une fois de plus, quelques mesures auront cassé un marché du logement qui se portait presque bien (…).
Une fois encore, alors que le logement rapporte toujours plus à l’Etat –
35 milliards d’euros d’excédent l’an passé - votre gouvernement, à Bercy, a privilégié une vision comptable, oubliant les gens, d’abord les plus modestes, leurs besoins, le vivre-ensemble », indique-t-il.

Le besoin en logement est pourtant important :
« d’ici 20 ans, plus de 10 millions de personnes n’auront pas accès à un logement décent ou adapté et pour certains pas de logement du tout » si le gouvernement « ne corrige pas très rapidement les choix faits en matière de logement ».

Des logements accessibles

Nexity souligne que les enjeux sont démographiques, générationnels et culturels.
Le choc de l’offre ne fera pas baisser les prix.

Les prix doivent baisser pour attirer des acheteurs potentiels.

Si le prix n’est pas accessible, « il n’y a pas d’acheteurs; et s’il n’y a pas d’acheteurs, les opérateurs ne lancent pas de constructions ».

Lors d’une conférence de presse, Alain Dinin est revenu sur le prix du foncier.
« S'il y a un secteur dans lequel il faut faire preuve d'autorité brutale, c'est celui-là ».
« Si on ne plafonne pas les prix du foncier, si on ne touche pas à la fiscalité, on produira moins de 350 000 logements par an et dans 3 à 4 ans on aura une société qui votera n'importe comment ».

« En un an, les taxes et prélèvements sur le logement sont passés de 70 à 74 milliards d’euros », a-t-il encore regretté en déplorant les conséquences sur le coût final des logements.
« On sent la montée de la désespérance dans notre clientèle.
Elle est là notre inquiétude ».

A l’occasion de son intervention devant la presse, le PDG a dévoilé les 22 propositions « à la fois fiscales, législatives et structurelles pour endiguer la crise du logement » en France.
« Il faut peut-être se mettre en avant car il y a une responsabilité RSE des entreprises.
C'est ça qui nous anime », a-t-il poursuivi pour justifier sa démarche inhabituelle.

Parmi l'éventail, M. Dinin a particulièrement mis en avant les mesures suivantes:
- « rétablir l'APL accession »,
- « réformer en profondeur les droits de mutation et établir une progressivité des frais de notaires »,
- « instaurer un seuil minimal de constructibilité en zone urbaine » et non une hauteur maximale,
- « rétablir la TVA réduite à 5,5% pour le logement locatif très social » et
- « régionaliser la politique du logement » pour redonner du pouvoir aux élus locaux. 

« Les mesures sont critiquables, elles peuvent être débattues mais si on n'a pas de courage politique, on le paiera en 2022, a-t-il ajouté.
On me reproche de ne pas avoir de poids politique, mais on ne propose que des points de débat.
On cherche la confrontation, on secoue le cocotier ».

Nexity attend ainsi du gouvernement qu’il présente « un vrai plan logement » afin que chaque Français puisse trouver un toit « adapté et abordable ».

R.C (AFP)
Photo de une : ©Fotolia

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Tensions autour du logement :
J. Denormandie préconise la suppression du zonage géographique


Impliqué dans la réduction de la fracture territoriale, Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du Logement, a profité de sa venue à la convention annuelle d’Action Logement pour faire part de sa volonté et de celle du gouvernement de mettre un terme au système géographique de zones.

Cette initiative permettrait en outre de ne plus faire de distinction entre les politiques publiques relatives au logement. Les détails.

La France vit-elle les derniers instants du système de zonage géographique ?

C’est en tout cas un projet du gouvernement, comme l’a fait savoir Julien Denormandie ce mardi 20, à l’occasion de la convention annuelle d’Action Logement.
Le ministre chargé de la Ville et du Logement a en effet déclaré que l’État réfléchissait actuellement à des mesures visant à « en finir avec le zonage ».

Si elle aboutissait, cette initiative permettrait de ne plus distinguer les zones dites ‘’tendues’’ en matière de logements (où l’offre est insuffisante par rapport à la demande). In extenso, les mécanismes fiscaux et budgétaires relatifs à cette problématique ne seraient plus différenciés à l’échelle locale.

« On fait depuis des années des politiques publiques où on va construire ici ou là », a déploré Julien Denormandie.
« La politique publique du logement, elle doit être profondément territorialisée ».
Les aides locales, seules impactées ?

Les annonces du ministre n’ont cependant pas suffi à rassurer les professionnels du BTP et les économistes, qui considèrent la réduction de certaines aides responsable des mauvais résultats du marché de la construction de logements neufs depuis le début de l’année.

Des attaques contre lesquelles Julien Denormandie s’est défendu, soulignant que l’objectif du gouvernement, « parfois c’est construire, parfois et même souvent, c’est mieux réhabiliter ».

Il en a également profité pour rappeler que l’Assemblée nationale avait validé, il y a quelques semaines, un nouveau dispositif fiscal encourageant la réhabilitation des logements anciens ou dégradés en centre-ville.

Ce soutien inédit n’est d’ailleurs pas lié à un quelconque zonage, en adéquation avec les motivations du gouvernement.

F.C (avec AFP)
Photo de Une : @J_Denormandie (Twitter)


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Le marché du logement en chute libre au troisième trimestre

Décidément, rien ne va plus du côté des logements neufs !

Le ministère de la Cohésion des territoires a partagé le 16 novembre les derniers chiffres – peu glorieux – du marché, toujours aussi mal orienté au troisième trimestre.

En effet, les réservations et les mises en vente ont largement baissé par rapport à la même période l’année précédente, du fait notamment d’un problème d’offre pointé du doigt par la Fédération des promoteurs immobiliers.

Le bilan.


Particulièrement mis à mal depuis le début de l’année, le marché des logements n’est toujours pas parvenu à remonter la pente au troisième trimestre.
Pour preuve, les chiffres publiés par le ministère de la Cohésion des territoires le 16 novembre sont presque tous négatifs par rapport à 2017.

De juillet à septembre 2018, seulement 27 400 logements neufs ont été réservés, soit une baisse de -8,9% par rapport à la même période l’an passé.

Selon le gouvernement, ce repli se fait particulièrement ressentir dans l’individuel (-21,4%), bien que le collectif ne soit pas épargné non plus (-7,8%).

Les constats ne sont guère plus optimistes du côté des mises en vente, qui enregistrent une chute globale de -14,2%. 22 100 biens ont finalement été commercialisés durant cette période.

Pour la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), qui organisait jeudi 15 une conférence de presse, ces mauvais résultats trouvent une explication très simple.
« On a un problème d’offre qui est de plus en plus criant, cette offre ne permettant pas aux promoteurs de faire toutes les ventes que le marché lui permettrait de faire », déplorait Alexandra François-Cuxac, présidente de l’organisme, citée par l’AFP.

« C’est un des plus mauvais troisièmes trimestres qu’on ait connu depuis sept ans, à l’exception de 2014 », a-t-elle ajouté, pointant « un ralentissement très fort dans un grand nombre de villes des permis de construire ».

L'ensemble du marché mis à mal

Segment par segment, c’est le collectif qui s’en sort ‘’le mieux’’, avec 25 500 unités réservées au cours du dernier trimestre observé (-7,8% par rapport à la même période en 2017).

Les studios, tout particulièrement, enregistrent une baisse de -15,2%. Les mises en vente affichent, elles aussi, une régression notable de -12,8% pour 20 600 logements concernés.
Elles atteignent ainsi leur niveau le plus bas depuis le troisième trimestre 2015.

Le bilan est encore plus lourd pour les maisons individuelles, dont les réservations se sont rétractées de -21,4% vis-à-vis du troisième trimestre 2017.

« La tendance annuelle est aussi orientée à la baisse : -12,9% de maisons réservées au cours des douze derniers mois par rapport aux douze mois précédents », précise le ministère.
Sans surprise, les mises en vente sont elles aussi en berne : -29,9%, soit 1 500 unités concernées.

Le gouvernement ajoute par ailleurs que la demande est particulièrement variable dans les différentes zones géographiques.

Au beau fixe dans la zone B2 – qui regroupe les communes de 50 000 à 250 000 habitants –, elle est largement en baisse dans les autres territoires.
La zone B1 se distingue notamment par ses très mauvais résultats en termes de mises en vente, avec moins de 10 000 logements commercialisés au troisième trimestre 2018.

Au vu de ce bilan peu reluisant, la FPI a d’ores et déjà annoncé qu’elle se montrerait très vigilante concernant la tendance du quatrième trimestre.

En attendant, davantage de précisions devraient être apportées par LCA-FFB (Les constructeurs et aménageurs de la Fédération française du bâtiment) dans les jours à venir, l’organisme ayant programmé son séminaire annuel du 22 au 25 novembre.

F.C
Photo de Une : ©Fotolia



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