Par Batiweb – 19/11/2018.
Dans une lettre ouverte
adressée au président de la République et au Premier ministre, Alain Dinin, PDG
de Nexity, reproche à l’exécutif de ne pas avoir réussi son choc de l’offre de
logements.
Très critique, le
promoteur immobilier estime que certaines mesures ont cassé « un marché (..)
qui se portait presque bien ».
Nexity appelle ainsi le
gouvernement à présenter « un vrai plan » en faveur du logement et formule 22
propositions pour endiguer la crise.
Dans une lettre adressée
au Gouvernement, Alain Dinin, PDG du groupe Nexity, s’insurge:
« Vous nous aviez promis
un véritable choc de l’offre, plus de logements moins chers. Le compte n’y est
pas. De loin ».
« Une fois de plus,
quelques mesures auront cassé un marché du logement qui se portait presque bien
(…).
Une fois encore, alors que
le logement rapporte toujours plus à l’Etat –
35 milliards d’euros
d’excédent l’an passé - votre gouvernement, à Bercy, a privilégié une vision
comptable, oubliant les gens, d’abord les plus modestes, leurs besoins, le
vivre-ensemble », indique-t-il.
Le besoin en logement est
pourtant important :
« d’ici 20 ans, plus de 10
millions de personnes n’auront pas accès à un logement décent ou adapté et pour
certains pas de logement du tout » si le gouvernement « ne corrige pas très
rapidement les choix faits en matière de logement ».
Des logements accessibles
Nexity souligne que les
enjeux sont démographiques, générationnels et culturels.
Le choc de l’offre ne fera
pas baisser les prix.
Les prix doivent baisser
pour attirer des acheteurs potentiels.
Si le prix n’est pas
accessible, « il n’y a pas d’acheteurs; et s’il n’y a pas d’acheteurs, les
opérateurs ne lancent pas de constructions ».
Lors d’une conférence de
presse, Alain Dinin est revenu sur le prix du foncier.
« S'il y a un secteur dans
lequel il faut faire preuve d'autorité brutale, c'est celui-là ».
« Si on ne plafonne pas
les prix du foncier, si on ne touche pas à la fiscalité, on produira moins de
350 000 logements par an et dans 3 à 4 ans on aura une société qui votera
n'importe comment ».
« En un an, les taxes et
prélèvements sur le logement sont passés de 70 à 74 milliards d’euros », a-t-il
encore regretté en déplorant les conséquences sur le coût final des logements.
« On sent la montée de la
désespérance dans notre clientèle.
Elle est là notre
inquiétude ».
A l’occasion de son
intervention devant la presse, le PDG a dévoilé les 22 propositions « à la fois
fiscales, législatives et structurelles pour endiguer la crise du logement » en
France.
« Il faut peut-être se
mettre en avant car il y a une responsabilité RSE des entreprises.
C'est ça qui nous anime »,
a-t-il poursuivi pour justifier sa démarche inhabituelle.
Parmi l'éventail, M. Dinin
a particulièrement mis en avant les mesures suivantes:
- « rétablir l'APL
accession »,
- « réformer en profondeur
les droits de mutation et établir une progressivité des frais de notaires »,
- « instaurer un seuil minimal
de constructibilité en zone urbaine » et non une hauteur maximale,
- « rétablir la TVA
réduite à 5,5% pour le logement locatif très social » et
- « régionaliser la
politique du logement » pour redonner du pouvoir aux élus locaux.
« Les mesures sont critiquables,
elles peuvent être débattues mais si on n'a pas de courage politique, on le
paiera en 2022, a-t-il ajouté.
On me reproche de ne pas
avoir de poids politique, mais on ne propose que des points de débat.
On cherche la
confrontation, on secoue le cocotier ».
Nexity attend ainsi du
gouvernement qu’il présente « un vrai plan logement » afin que chaque Français
puisse trouver un toit « adapté et abordable ».
R.C (AFP)
Photo de une : ©Fotolia
………………………………
Tensions autour du
logement :
J. Denormandie préconise
la suppression du zonage géographique
Impliqué dans la réduction
de la fracture territoriale, Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et
du Logement, a profité de sa venue à la convention annuelle d’Action Logement
pour faire part de sa volonté et de celle du gouvernement de mettre un terme au
système géographique de zones.
Cette initiative
permettrait en outre de ne plus faire de distinction entre les politiques
publiques relatives au logement. Les détails.
La France vit-elle les
derniers instants du système de zonage géographique ?
C’est en tout cas un
projet du gouvernement, comme l’a fait savoir Julien Denormandie ce mardi 20, à
l’occasion de la convention annuelle d’Action Logement.
Le ministre chargé de la
Ville et du Logement a en effet déclaré que l’État réfléchissait actuellement à
des mesures visant à « en finir avec le zonage ».
Si elle aboutissait, cette
initiative permettrait de ne plus distinguer les zones dites ‘’tendues’’ en
matière de logements (où l’offre est insuffisante par rapport à la demande). In
extenso, les mécanismes fiscaux et budgétaires relatifs à cette problématique
ne seraient plus différenciés à l’échelle locale.
« On fait depuis des
années des politiques publiques où on va construire ici ou là », a déploré
Julien Denormandie.
« La politique publique du
logement, elle doit être profondément territorialisée ».
Les aides locales, seules
impactées ?
Les annonces du ministre
n’ont cependant pas suffi à rassurer les professionnels du BTP et les
économistes, qui considèrent la réduction de certaines aides responsable des
mauvais résultats du marché de la construction de logements neufs depuis le
début de l’année.
Des attaques contre
lesquelles Julien Denormandie s’est défendu, soulignant que l’objectif du
gouvernement, « parfois c’est construire, parfois et même souvent, c’est mieux
réhabiliter ».
Il en a également profité
pour rappeler que l’Assemblée nationale avait validé, il y a quelques semaines,
un nouveau dispositif fiscal encourageant la réhabilitation des logements
anciens ou dégradés en centre-ville.
Ce soutien inédit n’est
d’ailleurs pas lié à un quelconque zonage, en adéquation avec les motivations
du gouvernement.
F.C (avec AFP)
Photo de Une :
@J_Denormandie (Twitter)
………………………………………………….
Le marché du logement en
chute libre au troisième trimestre
Décidément, rien ne va
plus du côté des logements neufs !
Le ministère de la
Cohésion des territoires a partagé le 16 novembre les derniers chiffres – peu
glorieux – du marché, toujours aussi mal orienté au troisième trimestre.
En effet, les réservations
et les mises en vente ont largement baissé par rapport à la même période
l’année précédente, du fait notamment d’un problème d’offre pointé du doigt par
la Fédération des promoteurs immobiliers.
Le bilan.
Particulièrement mis à mal
depuis le début de l’année, le marché des logements n’est toujours pas parvenu
à remonter la pente au troisième trimestre.
Pour preuve, les chiffres
publiés par le ministère de la Cohésion des territoires le 16 novembre sont
presque tous négatifs par rapport à 2017.
De juillet à septembre
2018, seulement 27 400 logements neufs ont été réservés, soit une baisse de
-8,9% par rapport à la même période l’an passé.
Selon le gouvernement, ce
repli se fait particulièrement ressentir dans l’individuel (-21,4%), bien que
le collectif ne soit pas épargné non plus (-7,8%).
Les constats ne sont guère
plus optimistes du côté des mises en vente, qui enregistrent une chute globale
de -14,2%. 22 100 biens ont finalement été commercialisés durant cette période.
Pour la Fédération des
promoteurs immobiliers (FPI), qui organisait jeudi 15 une conférence de presse,
ces mauvais résultats trouvent une explication très simple.
« On a un problème d’offre
qui est de plus en plus criant, cette offre ne permettant pas aux promoteurs de
faire toutes les ventes que le marché lui permettrait de faire », déplorait
Alexandra François-Cuxac, présidente de l’organisme, citée par l’AFP.
« C’est un des plus
mauvais troisièmes trimestres qu’on ait connu depuis sept ans, à l’exception de
2014 », a-t-elle ajouté, pointant « un ralentissement très fort dans un grand
nombre de villes des permis de construire ».
L'ensemble du marché mis à
mal
Segment par segment, c’est
le collectif qui s’en sort ‘’le mieux’’, avec 25 500 unités réservées au cours
du dernier trimestre observé (-7,8% par rapport à la même période en 2017).
Les studios, tout
particulièrement, enregistrent une baisse de -15,2%. Les mises en vente
affichent, elles aussi, une régression notable de -12,8% pour 20 600 logements
concernés.
Elles atteignent ainsi
leur niveau le plus bas depuis le troisième trimestre 2015.
Le bilan est encore plus
lourd pour les maisons individuelles, dont les réservations se sont rétractées
de -21,4% vis-à-vis du troisième trimestre 2017.
« La tendance annuelle est
aussi orientée à la baisse : -12,9% de maisons réservées au cours des douze
derniers mois par rapport aux douze mois précédents », précise le ministère.
Sans surprise, les mises
en vente sont elles aussi en berne : -29,9%, soit 1 500 unités concernées.
Le gouvernement ajoute par
ailleurs que la demande est particulièrement variable dans les différentes
zones géographiques.
Au beau fixe dans la zone
B2 – qui regroupe les communes de 50 000 à 250 000 habitants –, elle est
largement en baisse dans les autres territoires.
La zone B1 se distingue
notamment par ses très mauvais résultats en termes de mises en vente, avec
moins de 10 000 logements commercialisés au troisième trimestre 2018.
Au vu de ce bilan peu
reluisant, la FPI a d’ores et déjà annoncé qu’elle se montrerait très vigilante
concernant la tendance du quatrième trimestre.
En attendant, davantage de
précisions devraient être apportées par LCA-FFB (Les constructeurs et
aménageurs de la Fédération française du bâtiment) dans les jours à venir,
l’organisme ayant programmé son séminaire annuel du 22 au 25 novembre.
F.C
Photo de Une : ©Fotolia
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