Par le site de René Girard *.
Quoi qu'il en soit du
débat sur sa nature et ses causes, le terrorisme islamique a un objectif assez
clair :
- détruire les sociétés
démocratiques, non pas certes physiquement (il n’en a pas les moyens), mais
dans leur essence politique, morale et spirituelle, en les poussant à se renier
elles-mêmes, à se dénaturer et à faire ainsi la preuve de l’insignifiance des
valeurs sur lesquelles elles se prétendent fondées.
C'est donc d'abord sur le
terrain des valeurs et des institutions que doit s'évaluer la résilience de
l'esprit démocratique et la pertinence de ses réponses politiques.
Comment faire pour que la
démocratie sorte grandie de cette épreuve ?
Pour commencer, il
convient d'examiner si la manière dont nous répondons à la violence est de
nature à nous en protéger.
S'il est vrai que, comme
le pensait René Girard *, « la violence n'est jamais perdue pour la violence »,
il faut se demander comment les sociétés démocratiques métabolisent la haine
dont elles sont l'objet dans les comportements quotidiens, la culture, les
pratiques collectives et le fonctionnement de leurs institutions, et ce que
produisent en retour ces réponses sur les ressorts de la violence.
La non-violence exemplaire des foules qui se
rassemblent par solidarité avec les victimes a pour contrepartie l'exigence de
voir l'État assumer, avec plus de solennité et de sévérité encore, son monopole
de la violence légitime.
Cette violence se
concrétise d'abord par une répression policière et judiciaire implacable.
Mais elle peut aussi se
sublimer dans des dispositifs symboliques.
Il semble en effet
inévitable et salubre d’opposer à l'idéologie djihadiste une autre forme de
religiosité, à travers une mise en scène politique de l'unanimité du corps
social, voire des initiatives mémorielles.
Mais l’ambivalence de ces
nouveaux rituels doit aussi être questionnée.
Face à une violence qui
cherche à s'ancrer dans une transcendance religieuse, le risque existe toujours
d'être entraîné sur le même terrain, celui de la diabolisation de l'adversaire,
de la rhétorique guerrière, de la sacralisation du combat et de ses victimes
innocentes.
Or, la priorité doit être
plutôt de démystifier la violence terroriste, de faire apparaître sa nullité,
son incapacité à fonder quoi que ce soit.
C'est à cette entreprise
que peut contribuer la société civile par ses élans de solidarité et la mise en
récit du traumatisme.
En fin de compte, ne
sommes-nous pas dans un moment privilégié pour faire de nouveaux pas vers la
sortie du sacrificiel, seul destin possible pour la démocratie ?
…………….
L'Association Recherches
Mimétiques organise des colloques, des conférences et des séminaires en
partenariat avec la BnF, l'ENS et d'autres institutions.
MERCREDI 19 DÉCEMBRE 2018
- de 9h15 à 18h - COLLOQUES ARM
Vous trouverez sur le site la présentation détaillée de ces
événements, ainsi que les enregistrements des événements passés.
Bibliothèque nationale –
Petit Auditorium
Accès par l’entrée
EST, avenue de France , à proximité de
l’entrée du cinéma MK2-Bibliothèque, 75013 Paris.
Intervenants : Robert Badinter (entretien
filmé), Jean-Marc Bourdin, Benoît Chantre,
Alain Cugno, Antoine Garapon, Christian Lavialle, Cathy Leblanc ,
François Molins, Pierre-Olivier Monteil , Bernard Perret, Denis Salas et
Frédéric Worms
>> INSCRIPTION
* René Girard, né le 25
décembre 1923 à Avignon et mort le 4 novembre 2015 à Stanford1,2, est un
anthropologue, historien et philosophe français.
Ancien élève de l'École
des chartes et professeur émérite de littérature comparée à l'université
Stanford et à l'université Duke aux États-Unis, il est l’inventeur de la «
théorie mimétique » qui, à partir de la découverte du caractère mimétique du
désir, cherche à fonder une nouvelle anthropologie de la violence et du
religieux.
Il est élu à l'Académie
française en 2005.
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