vendredi 23 novembre 2018

Déchets électroniques

La montagne des déchets électroniques continue de s’élever
Par Loïc Chauveau - 18.04.2018 – Sciences et Avenir.

Le monde (qui a mis en place un "black friday" incitant à la consommation à tout-va), a généré en 2017 près de 45 millions de tonnes de déchets électriques et électroniques.
20 % seulement sont recyclés. Des tonnes d’or, de cuivre, de métaux nobles et de terres rares sont ainsi incinérées ou mises en décharge.


CROISSANCE. Le rapport bisannuel de l'Université des Nations unies sur les
 déchets électriques et électroniques dresse le portrait d'une humanité toujours plus équipée et toujours plus connectée, croissance économique oblige.

En 2016, le monde comptait moins d'hommes — 7,4 milliards — que de téléphones mobiles — 7,7 milliards. 3,6 milliards d'habitants sont connectés à Internet, et un ménage sur deux possède un ordinateur.

Le développement économique permet par ailleurs à nombre de classes moyennes en Asie et plus récemment en Afrique d'accéder à la climatisation et aux appareils ménagers.

Si le taux de croissance en équipement des ménages des pays riches n'est plus que de 1,6 %, il est de 13 % pour les pays à revenus moyens, de 23 % pour les pays pauvres, et même de 15 % pour les pays aux plus faibles revenus.

Conséquences : des montagnes d'appareils usagés se forment faute d'un secteur du recyclage performant.
Les 44,7 millions de tonnes produites en 2016 représentent une hausse de 8 % par rapport à 2014. Trois secteurs sont en croissance forte.

Les volumes de petits appareils électriques et le gros électro-ménager au rebut augmentent de 4 % par an, ceux des appareils de climatisation de  6%.

En revanche, du fait des progrès de miniaturisation accomplis, les appareils de communication ne croissent que de 2 % et les lampes de 1%.
Après avoir connu une hausse exponentielle avec le remplacement des tubes cathodiques par les écrans plats, le secteur de la télévision et des ordinateurs devrait connaître une baisse de 3% d'ici à 2020.

Tous les ans, 45 milliards d'euros de métaux précieux sont perdus.


Intégration : Sarah Sermondadaz pour Sciences et Avenir

Les Australiens et les Néo-Zélandais sont les plus gaspilleurs avec 17,3 kilos par habitant et seulement 6 % de recyclage.

Suit l'Europe (Russie comprise) avec 16,6 kilos par habitant mais le meilleur taux de recyclage à 35%.

Une directive européenne impose un recyclage à 65% dès 2019.

L'Amérique du Nord est à 11,6 kilos par habitant avec un taux de recyclage de 17 %, semblable à celui de l'Asie. Mais l'Asie produit trois fois moins de déchets électriques que l'Amérique.

Le sort de ces appareils usagés est incertain.

En exploitant les registres de collecte et de recyclage disponibles, le rapport onusien estime que 20 % seulement sont effectivement recyclés.
4 % ont officiellement été mis en décharge.

Donc 76 % des appareils usagés ont été incinérés, mis en décharge illégalement, sont restés dans les tiroirs des consommateurs ou ont été désossés dans des filières informelles de récupération de matériaux, principalement en Chine et en Afrique.

Le rapport estime que les pertes en or, palladium, argent, cuivre platine s'élèvent à 45 milliards d'euros !

Des exportations vers l'Afrique et l'Asie illégales

En théorie, la Convention internationale de Bâle (la ville suisse où elle a été adoptée en mars 1989) interdit toute exportation de déchets dangereux.

 Chaque pays doit les traiter sur son territoire, et les appareils électriques en font partie.
La réalité est tout autre du fait des difficultés de mesures des flux de ces appareils.
Si les déchets sont en effet interdits d’exportation, il n’en est pas de même pour des appareils en état de marche destinés à un marché de seconde main. Et il est souvent difficile de faire la différence.

Ainsi, 93 % des déchets des États-Unis partent en Chine et 7% chez les voisins canadiens et mexicains, un trafic révélé par l’utilisation de mouchards électroniques.

L’Europe triche aussi avec ces règles.

Un chercheur a ainsi inspecté les mouvements d’importations sur le port de Lagos au Nigeria.
Il estime que 60 000 tonnes sont importées illégalement.
De 50 à 70 % des appareils électriques entrent en effet au Nigeria dans des conteneurs transportant des voitures d’occasion.

28 % de ces containers sont chargés en Allemagne,
24 % en Grande-Bretagne,
13% en Belgique,
12 % aux Pays-Bas.

Il s’agit du port de départ ,et cela ne signifie en rien que des appareils français ne se retrouvent pas dans ces flux.
80 % des appareils inspectés à Lagos étaient en état de marche mais 40 % n’étaient pas bien emballés et 19 % étaient totalement inaptes au service.

Seule une réglementation plus forte pourra résoudre le problème. Le rapport note que 67 % des pays couvrant 66 % de la population mondiale ont adopté une législation sur le sujet.
Reste à la faire appliquer.



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