Par Loïc Chauveau - 18.04.2018
– Sciences et Avenir.
Le monde (qui a mis en
place un "black friday" incitant à la consommation à tout-va), a
généré en 2017 près de 45 millions de tonnes de déchets électriques et
électroniques.
20 % seulement sont
recyclés. Des tonnes d’or, de cuivre, de métaux nobles et de terres rares sont
ainsi incinérées ou mises en décharge.
CROISSANCE. Le rapport
bisannuel de l'Université des Nations unies sur les
déchets électriques et électroniques dresse le
portrait d'une humanité toujours plus équipée et toujours plus connectée,
croissance économique oblige.
En 2016, le monde comptait
moins d'hommes — 7,4 milliards — que de téléphones mobiles — 7,7 milliards. 3,6
milliards d'habitants sont connectés à Internet, et un ménage sur deux possède
un ordinateur.
Le développement
économique permet par ailleurs à nombre de classes moyennes en Asie et plus
récemment en Afrique d'accéder à la climatisation et aux appareils ménagers.
Si le taux de croissance
en équipement des ménages des pays riches n'est plus que de 1,6 %, il est de 13
% pour les pays à revenus moyens, de 23 % pour les pays pauvres, et même de 15
% pour les pays aux plus faibles revenus.
Conséquences : des
montagnes d'appareils usagés se forment faute d'un secteur du recyclage performant.
Les 44,7 millions de
tonnes produites en 2016 représentent une hausse de 8 % par rapport à 2014.
Trois secteurs sont en croissance forte.
Les volumes de petits
appareils électriques et le gros électro-ménager au rebut augmentent de 4 % par
an, ceux des appareils de climatisation de
6%.
En revanche, du fait des
progrès de miniaturisation accomplis, les appareils de communication ne
croissent que de 2 % et les lampes de 1%.
Après avoir connu une
hausse exponentielle avec le remplacement des tubes cathodiques par les écrans
plats, le secteur de la télévision et des ordinateurs devrait connaître une
baisse de 3% d'ici à 2020.
Tous les ans, 45 milliards
d'euros de métaux précieux sont perdus.
Intégration : Sarah Sermondadaz pour Sciences et Avenir
Les Australiens et les
Néo-Zélandais sont les plus gaspilleurs avec 17,3 kilos par habitant et
seulement 6 % de recyclage.
Suit l'Europe (Russie
comprise) avec 16,6 kilos par habitant mais le meilleur taux de recyclage à
35%.
Une directive européenne
impose un recyclage à 65% dès 2019.
L'Amérique du Nord est à
11,6 kilos par habitant avec un taux de recyclage de 17 %, semblable à celui de
l'Asie. Mais l'Asie produit trois fois moins de déchets électriques que
l'Amérique.
Le sort de ces appareils
usagés est incertain.
En exploitant les
registres de collecte et de recyclage disponibles, le rapport onusien estime
que 20 % seulement sont effectivement recyclés.
4 % ont officiellement été
mis en décharge.
Donc 76 % des appareils
usagés ont été incinérés, mis en décharge illégalement, sont restés dans les
tiroirs des consommateurs ou ont été désossés dans des filières informelles de
récupération de matériaux, principalement en Chine et en Afrique.
Le rapport estime que les
pertes en or, palladium, argent, cuivre platine s'élèvent à 45 milliards
d'euros !
Des exportations vers
l'Afrique et l'Asie illégales
En théorie, la Convention
internationale de Bâle (la ville suisse où elle a été adoptée en mars 1989)
interdit toute exportation de déchets dangereux.
Chaque pays doit les traiter sur son
territoire, et les appareils électriques en font partie.
La réalité est tout autre
du fait des difficultés de mesures des flux de ces appareils.
Si les déchets sont en
effet interdits d’exportation, il n’en est pas de même pour des appareils en
état de marche destinés à un marché de seconde main. Et il est souvent
difficile de faire la différence.
Ainsi, 93 % des déchets
des États-Unis partent en Chine et 7% chez les voisins canadiens et mexicains,
un trafic révélé par l’utilisation de mouchards électroniques.
L’Europe triche aussi avec
ces règles.
Un chercheur a ainsi
inspecté les mouvements d’importations sur le port de Lagos au Nigeria.
Il estime que 60 000
tonnes sont importées illégalement.
De 50 à 70 % des appareils
électriques entrent en effet au Nigeria dans des conteneurs transportant des
voitures d’occasion.
28 % de ces containers
sont chargés en Allemagne,
24 % en Grande-Bretagne,
13% en Belgique,
12 % aux Pays-Bas.
Il s’agit du port de
départ ,et cela ne signifie en rien que des appareils français ne se retrouvent
pas dans ces flux.
80 % des appareils
inspectés à Lagos étaient en état de marche mais 40 % n’étaient pas bien
emballés et 19 % étaient totalement inaptes au service.
Seule une réglementation
plus forte pourra résoudre le problème. Le rapport note que 67 % des pays
couvrant 66 % de la population mondiale ont adopté une législation sur le
sujet.
Reste à la faire
appliquer.
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