La culture générale revient en force.
Florence
Braunstein, éditorialiste d’iPhilo, et Jean-François Pépin, agrégé d’histoire,
docteur ès lettres et professeur de chaire supérieure en classes préparatoires
aux grandes écoles, viennent de publier 1 kilo de culture générale - 1700 pages
(P.U.F., février 2014), sur notre culture et celle des autres.
Loin d’avoir voulu empiler les feuilles sur les
différents savoirs à travers le temps, de donner une connaissance stérile à la
façon d’un Bouvard et Pécuchet, nous avons voulu fournir un véritable couteau
suisse contre le refus d’une pensée aliénante et totalitaire, mais en revanche
une pensée qui favorise un regard méditant qui refuse la banalisation, la
dispersion.
Enjeu ces dernières années de débats politiques, prise en
otage par des doxologues de droite ou de gauche, la culture générale mérite
aujourd’hui d’éviter un requiem, parce qu’être sourd, écrivait Nietzsche, n’est
pas la meilleure condition pour écouter de la musique.
Elle est devenue ces dernières années un vaste fourre
tout, où pêle-mêle sont associés, la culture d’entreprise, la culture
populaire, la culture de masse.
Trop de culture partout a fini par défavoriser la culture
générale, la réduire à une peau de chagrin, à un smic intellectuel, dans le
meilleur des cas à un kit de survie pour
briller en société.
Notre époque est certes boulimique de savoirs, une
attitude facilitée par un accès au web qui a mis à disposition une masse énorme
de connaissances mais où tout est mis à plat, au même niveau, œuvres et moyens
d’expressions et où nous assistons à la mise en place d’une espèce de cafétéria
culturelle, celle dénoncée par Claude Lévi-Strauss.
De la culture générale nous sommes passés à la culture
généralisée.
La démocratisation de la culture a conduit à sa
diffusion, puis à son exploitation commerciale sous toutes les formes (Quiz et
QCM en console), menant davantage à une décérébralisation de l’individu qu’à sa
formation.
Bref de la culture générale pour tous, nous sommes passés
à l’inculture pour tous ou peu s’en faut.
Les principaux arguments contre cette culture générale se
sont appuyés sur l’incapacité à en donner une définition exacte en dépit de
celle fournie par le Dictionnaire de l’Académie française en, 1932, « ensemble
de connaissances générales sur la littérature, l’histoire, la philosophie, les
sciences et les arts que doivent posséder au sortir de l’adolescence toute
personne ».
Le but de la culture générale est de pourvoir les jeunes
d’un bagage de connaissances utiles, mais aussi et surtout de favoriser le
libre et complet développement de leurs facultés.
C’est aussi ce qui est demandé aujourd’hui à tout élève
de Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles à travers la matière enseignée de
culture générale : connaître ce qui a constitué notre socle commun intellectuel
et culturel.
Pourtant dans certains concours, elle a été tout
bonnement supprimée, au grand Oral de l’ENA et à Sciences Po, parce que jugée
trop discriminatoire socialement.
Nous n’en avions pas encore fini avec « la raison
instrumentale » de l’école de Francfort et les héritiers de Bourdieu.
Mais, ainsi que souligne Claude Javeau, ce ne sont pas
les élites qui sont visées mais « celle d’une certaine façon de concevoir leur
existence et la justification de celle-ci, ce que notre époque a baptisé
élitisme ».
Aujourd’hui encore, nous le savons tous, les fils de
polytechniciens ne deviennent pas polytechniciens et tous les fils de postiers
ne deviennent pas postiers.
Résumer à un « habitus » le mérite d’un travail, le goût
de l’excellence et de l’effort est complétement réducteur.
Sous prétexte que certains ne manient pas bien l’oralité
d’une langue première, faut-il pour autant faire disparaitre toute langue
littéraire, toute forme de poésie ?
C’est aussi au nom d’un égalitarisme à tout crin que l’on
fait croire que la France progressera mieux avec des bacheliers, des
fonctionnaires, des administratifs, des médecins, sans culture générale,
oubliant ainsi la notion d’humanités qui lui est centrale.
La culture générale est la culture du débutant, elle
demande, à partir de connaissances acquises, de savoir en faire le tri et de
savoir comment les accroitre avec raison.
C’est une véritable passerelle entre les choses qu’il
faut établir pour savoir ce qui les relie entre elles avec jugement et
discernement, à la différence du spécialiste qui ne peut le faire que sur un
objet restreint dans un domaine bien précis.
C’est pour cela aussi que l’on dit du polytechnicien
qu’il sait tout et rien d’autre…
La culture générale aurait en fait vocation, dès son
origine, à être étendue sans spécificité profonde, sans être particulière pour
autant.
L’homme de notre époque est souvent amnésique et il est
bon de lui rappeler ce qui en a fait la grandeur et la valeur.
La culture générale a toujours eu cette volonté
d’ouverture sur l’extérieur, sur les autres et sur soi.
Elle refuse l’isolement, le fixisme et privilégie la
remise en cause, le questionnement, même si notre époque croit valoriser ceux
qui aiment les réponses toutes prêtes, les contenus sans forme, le préfabriqué
dans la construction de l’individu où le paraître a détrôné depuis longtemps
l’être.
Elle constitue le meilleur rempart contre les idéologies
totalitaristes, amies des idées uniques et simplificatrices tenues pour un
ersatz de culture générale à ceux qui en sont justement dépourvus.
Les totalitarismes brisent la pensée, l’arrêtent dans son
élan, refusent d’accepter les différences des autres et, en ce sens, castrent
l’identité de ces richesses.
Ce sont des « misologies » au sens où Kant l’entendait,
une ruse de la raison contre l’entendement, un discours contre la raison.
L’inculture devient leur fond de commerce, elles
l’entretiennent, le soignent, car elles ne seront ainsi jamais remises en
cause.
Enfin la culture générale permet, même dans les heures
les plus sombres de l’histoire, à travers les écrits de Jorge Semprun, de Primo
Levi, ou de Robert Antelme de comprendre comment en développant et en tissant
davantage les liens sociaux et amicaux entre les déportés, elle a été une des
conditions de survie puis de résilience.
…………………………
Culture générale
Par Wikipédia.
La culture générale désigne les connaissances en tout
genre d'un individu, sans spécialisation.
Elle fait partie du projet humaniste, trouvant ses
origines dans la paideia grecque, traduite par Cicéron sous le terme
d'humanitas, puis se mêlant lors de la Renaissance aux arts libéraux, par
exemple chez Pic de la Mirandole.
Le projet d’une culture générale est intrinsèquement lié
à des réflexions à propos de l'humanité, qu'elle soit conçue comme nature
humaine ou encore comme dépassement de la nature par la culture (ou « seconde
nature »).
Durant la Renaissance, elle forme l'idéal de l'« honnête
homme ».
La problématique de la culture générale est au cœur de ce
que l'on a pu appeler la « crise de l'éducation » (La crise de la culture de
Hannah Arendt).
L'humanitas de Cicéron
Cicéron définit l’humanitas comme « le traitement à
appliquer aux enfants pour qu’ils deviennent hommes » (De oratore, I, 71, et
II, 72).
Il forge aussi l'expression « culture de l'âme » (cultura
animi):
« La culture de l’âme, c’est la philosophie : c’est elle
qui extirpe radicalement les vices, met les âmes en état de recevoir les
semences, leur confie et, pour ainsi dire, sème ce qui, une fois développé,
jettera la plus abondante des récoltes »
— Cicéron, Les Tusculanes, II, 13
Selon Cicéron, la culture générale se distingue de
l’éducation donnée à l'enfant, puisqu’elle doit se poursuivre tout au long de
la vie (De oratore, II, 1 et I, 12). L’idéal de culture de la Grèce du IVe
siècle s’est transmis jusqu’à aujourd’hui, s’incarnant dans des modèles scolaires
distincts.
Voir la suite sur :
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J’ai quelques correspondant(e)s qui sont lycéen(ne)s, et
qui ne se plaisent pas trop au lycée, car ils trouvent que l’enseignement de «
culture générale » est sans intérêt.
Je comprendrais
très bien leur point de vue s’ils étaient attirés par de l’enseignement concret
d’un métier, et ils faudrait alors qu’ils se dirigent vers l’enseignement
technique, qui leur serait plus approprié.
Mais il n’en n’est
rien; ils détestent tout autant le travail manuel, si ce n’est taper sur un
clavier pour écrire sur Facebook ou envoyer un SMS.
En fait pour eux
la « culture générale » est une chose inutile.
Je ne suis pas
d’accord sur ce point de vue, et pourtant le contenu de l’enseignement actuel
est bien moins un enseignement général qu’autrefois.
Qu’est ce que la
culture générale ? : C’est « l’ensemble des connaissances sur l’histoire, la
littérature, la philosophie, les sciences et les arts que l’on devrait posséder
au sortir de l’adolescence et à l’entrée de l’âge adulte », (dictionnaire de
l’Académie).
C’est en quelque
sorte un ensemble de connaissances et de savoir-faire importants pour vivre dans
la société humaine.
Je suis d’accord
avec cette définition mais elle me semble restrictive.
Certes tout au
long de ma vie, l’éducation que m’avait donnée mes parents et grands-parents et
l’instruction que j’ai eue dans le primaire et le secondaire, m’ont beaucoup
plus servi que les études supérieures que j’ai faites ensuite, qui m’ont
surtout été utiles dans mon métier ou pour comprendre mes lectures
scientifiques.
Peut être
l’enseignement était il plus concret autrefois, mais il ne se passe pas de jour
où je n’utilise les vieux savoirs que j’ai appris à l’école.
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