mercredi 12 décembre 2018

L’humanisme de Cicéron.

Par Romain Treffel.

L’humanisme de Cicéron est la principale source de l’humanisme occidental.

L’orateur propose dans son traité Les devoirs une philosophie morale complète qui présente la perfection morale comme l’accomplissement de l’humanité en l’homme.

Il affirme que la culture rend l’homme plus humain et que ceux qui ne l’admettent pas sont des monstres avec lesquels il lui est impossible de s’entendre.
Les Devoirs de Cicéron (Auteur), Maurice Testard (Sous la direction de), Stéphane Mercier (Introduction, Traduction)

L’humanisme découle de la nature humaine.

Cicéron en énonce les différentes caractéristiques :
- l’homme doit s’alimenter et se reproduire ;
- il est intelligent, sociable ;
- il recherche la vérité, mais aussi la domination ;
- il a le sentiment de l’ordre et de la mesure dans les paroles et les actes ;
- il a le sens de la propriété ;
- il échange des services avec ses semblables, avec lesquels il forme une communauté de raison et de parole.

Toutes ces caractéristiques se synthétisent dans les quatre vertus cardinales identifiées depuis longtemps par la tradition morale :
- la prudence,
- la justice la grandeur d’âme, et
- la tempérance.

Ainsi, pour Cicéron, la nature humaine s’épanouit en communauté, comme Aristote l’avait établi.
Elle est également spirituelle, car les échanges intellectuels sont fondamentaux pour la société humaine.

La culture est donc le propre de l’homme.
« Le lien de cette société, explique l’homme d’État, c’est la raison et la parole qui, par l’enseignement et l’étude, en permettant de communiquer, de discuter et de juger, associent les hommes entre eux et les unissent dans une sorte de société naturelle » (Les devoirs).

Enfin, l’humanisme de Cicéron présuppose l’universalité de la nature humaine : tout homme peut atteindre la perfection morale, quelles que soient sa race, sa nation ou son ethnie.

Les Politiques Broché – de Aristote  (Auteur)

L’humanisme de Cicéron est fondé sur la perfection morale

L’humanisme repose sur l’honestas.

Ce terme est employé par Cicéron pour désigner la beauté ou la perfection morale, réalisée lorsque toutes les vertus de la nature humaine parviennent à l’état achevé.

Il se retrouve dans le concept de l’« honnête homme », qui désigne un homme parfait dans la mesure où il réunit en lui toutes les vertus.

L’honestas implique que l’homme a des devoirs (officia) à remplir pour atteindre la beauté morale, laquelle est à elle-même sa propre récompense.
Si elle est une fin soi menant au bonheur, elle peut également être honorée.

 L’humanisme de Cicéron ne néglige pas pour autant les conflits potentiels entre la perfection morale et l’utile.

Il part du principe que les valeurs morales sont absolument prépondérantes : il faut faire le bien dans tous les cas, quelles que soient les conséquences anticipées – la question ne doit même pas se poser – car l’honestas est plus importante que la santé, la richesse, les honneurs ou les plaisirs.

Il considère toutefois que la morale n’est pas une entrave à la vie.
Bien au contraire, l’homme ne rencontrera pas d’obstacles à l’honestas s’il conforme, en bon stoïcien, sa vie à la nature.

« Les hommes, avance Cicéron, renversent tout ce qui constitue les fondements de la nature, quand ils dissocient l’utilité de la beauté morale » (Les devoirs).

La morale est donc en réalité la condition de la vie authentique et du bonheur.

Manuel d'Epictète Poche – de Epictète (Auteur), Olivier D'Jeranian  (Auteur), Laurent Jaffro (Postface), Emmanuel Cattin (Traduction)

L’humanisme exige l’exercice des vertus cardinales.

Cicéron affirme que l’identification du devoir requiert une forme de casuistique.

 Première vertu cardinale, la prudence se divise en deux devoirs : il faut éviter la précipitation qui mène à l’erreur, puis la curiosité malsaine.

Vertu cardinale prééminente, la justice se divise elle aussi en deux devoirs :
- à un premier niveau, elle consiste à ne nuire à personne tout en attribuant à chacun le sien ;
- à un second niveau, elle demande d’être bienfaisant.

Dans l’humanisme de Cicéron, la justice a fondamentalement pour fonction de garantir la cohésion de la communauté, qu’il s’agisse de la société universelle, de la communauté nationale, de la Cité ou de la famille.

« Ceux, écrit Cicéron, qui disent qu’il faut tenir compte des citoyens, mais non pas des étrangers, ils rompent le lien social commun du genre humain et celui-ci supprimé, la bienfaisance, la générosité, la bonté, la justice disparaissent radicalement » (Les devoirs).

L’homme s’accomplit supérieurement en servant l’intérêt général plutôt que son intérêt particulier ; à l’inverse, l’injustice détruit l’humain en l’homme.

Troisième vertu cardinale, la grandeur d’âme est dépendante de l’action.

Alors que le philosophe reste en retrait des affaires, l’homme politique peut lui développer une grandeur d’âme en s’exposant aux revers de la fortune.

Cicéron présente enfin la tempérance comme la vertu cardinale qui détache l’homme de l’animalité.

Elle se traduit par des devoirs sociaux comme le tact et elle hiérarchise les métiers selon leur honnêteté.

La République Poche – 24 novembre 1994
de Cicéron  (Auteur), Bernard Besnier (Préface), Esther Bréguet (Traduction), Albert Yon (Traduction)


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