Par Béatrice Héraud - 07/12/2018.
La colère des gilets jaunes a mis sur le devant de la
scène l’injustice ressentie devant leur contribution fiscale et financière,
notamment à la transition énergétique.
Une étude, publiée par I4CE, met de fait en lumière que
les ménages sont les premiers porteurs de projets concernant les bâtiments et
les transports principalement.
Les ménages sont les principaux porteurs de
projets de transition énergétique, notamment du fait des
travaux liés à leur logement. @Andreas Steidlinger
travaux liés à leur logement. @Andreas Steidlinger
Avec 16,6 milliards d’euros dépensés en 2017, les ménages
sont les principaux porteurs de projets de la transition énergétique.
Ils réalisent 40 % des investissements dans la
construction de logements bas carbone, la rénovation énergique de l’habitat ou,
dans une moindre mesure, dans l’achat de véhicules.
Ils devancent ainsi les entreprises (10,5 milliards) et
les porteurs de projets publics (État, collectivités, bailleurs sociaux et
gestionnaires d’infrastructures) qui cumulent 14,1 milliards d’euros. Et leur
part augmente depuis 2014.
Ces chiffres sont issus de la dernière édition du
Panorama des financements climats (1) réalisé depuis trois ans par le thinktank I4CE.
Ils ont été présentés le 29 novembre à l’assemblée
nationale, à l’initiative du nouveau collectif parlementaire transpartisan
"Accélérons", dédié à la transition énergétique.
Ils donnent un éclairage sur le mouvement des gilets
jaunes.
Les projets des ménages financés en grande partie sur
fonds propres
Pour financer ces projets, les ménages se financent en
grande partie sur leurs fonds propres (7,7 milliards), plus que par crédits
bancaires, subventions publiques ou crédits d’impôts.
Cette part importante des ménages dans le financement de
la transition énergétique est "frappante" selon le député (Modem,
Finistère) Erwan Balanant. Qui appelle à une plus grande mobilisation de
l’État, les collectivités et les banques et plus généralement les acteurs de
proximité sur le financement de la transition énergétique.
Ils aident notamment les ménages via des subventions, de
prêts à taux préférentiels via les banques publiques ou des dispositifs comme
les certificats d'énergie et l'éco-PTZ proposé par les banques commerciales.
Mais l'État entend impliquer davantage les acteurs
privés.
Fin novembre, le ministre de la Transition écologique et
solidaire, François de Rugy, annonçait vouloir réunir les acteurs du bâtiment
et de l’énergie, avec les banques, pour élaborer des "packages"
permettant de mieux financer la rénovation des habitations.
Et les banques elles-mêmes annonçaient travailler à une
amélioration de leurs offres de crédits pour favoriser le financement des
véhicules verts, un objectif mis en avant par Emmanuel Macron dans son discours
sur le programme énergétique du pays.
Repenser le financement
Reste la question la question de la fiscalité écologique.
Elle n’est pas en soi à bannir.
Mais elle ne pourra être acceptée et acceptable que si
elle est accompagnée de mesures pour les plus modestes.
La colère des gilets jaunes montre d'ailleurs à quel
point il y a urgence à repenser ce modèle pour le rendre plus juste et
équilibrée.
D’autant plus que ce financement reste largement
insuffisant face à l’ampleur du défi climatique.
Selon I4CE, il manque actuellement chaque année entre 10
et 40 milliards d’euros pour financer la transition française…
Alors que les investissements climat réalisés sont
estimés à 40 milliards d’euros par an, près de "70 milliards d’euros sont
investis annuellement dans des véhicules (souvent) ou des chaudières (parfois)
qui consomment trop d’énergies fossiles", relève le panorama des
financements.
Béatrice Héraud @beatriceheraud
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Votre commentaire est le bienvenu à condition d'être en relation avec le sujet - il sera en ligne après accord du modérateur.
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.