Par Giulio Meotti - 5
mai 2019
Qui se Scandalise
en Occident ?
Quand la
Catastrophe se Heurte à l'Indifférence
Les extrémistes musulmans ont pris bonne note que
l'Occident ne s'est pas mobilisé contre eux pour sauver les chrétiens.
Inconsciemment, notre silence a étrangement convergé avec la purification
ethnique anti-chrétienne de l'État islamique.
Le massacre des chrétiens par des djihadistes du Sri
Lanka ne se réduit pas à une terrible succession de mères en pleurs et de
petits cercueils. Ce massacre nous informe aussi malheureusement, de l'état
décourageant de l'Occident. Photo : les funérailles d'une des victimes de
l'attaque du dimanche de Pâques du 21 avril au Sri Lanka. (Photo de Carl Court
/ Getty Images)
« La liberté
religieuse, valeur fondamentale de la civilisation occidentale, est en train
d'être anéantie un peu partout dans le monde.
Mais un Occident
myope, nie cette guerre contre une religion et détourne son regard ... » -
Mélanie Phillips, journaliste britannique, The Times, 17 novembre 2014.
Le duc de Cambridge, le prince William, a rendu visite
aux musulmans qui ont survécu à l'attaque des mosquées de Christchurch, en
Nouvelle-Zélande.
La famille royale britannique n'a pas eu la compassion de
faire escale au Sri Lanka, leur ancienne colonie, pour aller à la rencontre des
chrétiens survivants, avant de rentrer en Angleterre.
L'appel à l'aide
des filles d'Asia Bibi s'est heurté à la surdité de l'Occident.
Le Royaume-Uni a
refusé l'asile à cette famille chrétienne pakistanaise persécutée.
« Où est la
solidarité avec les chrétiens du Sri Lanka? » a demandé l'expert musulman
britannique Rakib Ehsan.
« Les différences de ton et de nature qui marquent les
condamnations des attaques terroristes de Christchurch et du Sri Lanka sont
frappantes.
Après Christchurch, personne n'a hésité à évoquer
l'appartenance religieuse des victimes et à adresser émotion et affection aux
communautés musulmanes.
Les politiciens n'ont eu aucune difficulté à classer
Christchurch dans la catégorie des actes terroristes.
« En revanche, «
terrorisme » et « christianisme » - et autres mots associés -, étaient
curieusement absents des réactions après les attaques du Sri Lanka.
« A l'évidence, une réticence existe à reconnaître que
des chrétiens ont été assassinés en tant que chrétiens au Sri Lanka ; mais
cette réticence s'accompagne aussi d'une absence de solidarité sincère avec les
communautés chrétiennes du monde entier, lesquelles sont gravement persécutées
en raison de leur foi. »
Rakib Ehsan a posé
la bonne question.
Laquelle se résume
à ceci : où est la solidarité des occidentaux pour les chrétiens assassinés du
Sri Lanka ?
Nous vivons un
drame en trois actes.
Le premier met en
scène les violences et assassinats contre les chrétiens et autres peuples
autochtones non musulmans.
Le second acte
campe les extrémistes musulmans en acteurs de génocides.
Et le troisième
s'ouvre sur un Occident indifférent qui regarde ailleurs que là où faut.
Le nombre de victimes srilankaises assassinées par des
djihadistes ce dimanche de Pâques, 21 avril 2019, défie la raison et
l'imagination : 253 morts.
Dont 45 enfants assassinés.
Leurs petits visages et leurs histoires font
progressivement surface.
Les terroristes musulmans savaient qu'il y aurait
beaucoup d'enfants dans les trois églises et c'est pour cette raison que leurs
bombes les ont délibérément ciblées.
La vidéo montre
l'un des poseurs de bombes tapotant la tête d'un enfant avant de déposer sa
charge dans l'église Saint-Sébastien de Negombo, où « tout le monde a perdu
quelqu'un ».
La famille Fernando avait pris une photo du baptême de
leur troisième enfant, Seth.
À Negombo, ils ont tous été enterrés ensemble.
Le père, la mère et leurs trois enfants âgés de 6, 4 et
11 mois. Selon le New York Times :
« Fabiola Fernando, âgée de 6 ans, était une élève de
primaire.
Sur une photo publiée sur la page Facebook de sa mère,
elle montre une médaille d'or et un petit sourire éclaire son visage.
Leona Fernando, 4 ans, l'enfant du milieu, apprenait à
lire et, sur la photo, elle tient un livre, « La Belle au bois dormant ». Seth
Fernando, 11 mois, dernier né de la famille Fernando, a été enterré avec ses
parents et ses deux sœurs. »
Le silence des
intellectuels occidentaux et des médias est particulièrement assourdissant.
La nouvelle conscience humanitaire se construit en
opérant un tri entre les victimes : certaines ont droit à la compassion et à la
protection de la communauté internationale et les autres, au nombre desquelles
comptent les chrétiens, sont jugées indignes d'aide ou de solidarité.
L'assassinat délibéré d'un bébé de 8 mois, Matthew, dans
une église sri-lankaise n'a pas bouleversé ni tétanisé l'Occident, n'est pas
devenu viral sur les réseaux sociaux, n'a pas donné lieu à hashtag sur Twitter,
ni incité les Européens à se regrouper sur leurs places publiques.
Le monde islamique de son côté, n'a pas trouvé utile de
pratiquer un examen de conscience.
Quant aux hommes
politiques et leaders d'opinion occidentaux, la question de savoir qui a tué
cet enfant et qui fomente et finance la haine anti-chrétienne des islamistes ne
les a pas taraudé une seconde.
Sudesh Kolonne attendait devant l'église Saint-Sébastien
lorsqu'il a entendu l'explosion. Il s'est rué dans les décombres et a mis une
demi-heure à retrouver les corps de sa femme et sa fille.
Les trois enfants d'un milliardaire danois ont également
été tués.
Une femme a perdu sa fille, son fils, son mari, sa
belle-sœur et ses deux nièces.
Un père britannique a dû choisir lequel de ses deux
enfants il devait sauver.
Une autre famille britannique a été détruite.
Pour ajouter
l'horreur à l'horreur, la femme enceinte de l'un des terroristes, a riposté à
une descente de police à son domicile, en faisant exploser un gilet-suicide,
tuant ainsi ses propres enfants.
L'annihilation de
la vie chrétienne et du peuple chrétien semble ne pas scandaliser l'Occident.
L'indignation n'affleure même pas, seul le silence règne,
interrompu par des bombes et des "Allahu Akbar".
Les livres
d'histoire du futur ne toléreront pas cette trahison.
Si l'Occident avait pris au sérieux les persécutions des
chrétiens, la cloche ne sonnerait pas aujourd'hui la mort de la présence
chrétienne - non seulement sur les terres historiques du christianisme, mais
également en Occident.
Les extrémistes islamiques ont parfaitement remarqué que
l'Occident ne se mobilisait pas contre leurs exactions anti-chrétiennes.
Comme si, inconsciemment, notre silence entrait en
convergence avec le projet de purification ethnique et antichrétienne l'État
islamique.
« La liberté
religieuse, valeur fondamentale de la civilisation occidentale, est en train
d'être détruite dans de nombreuses régions du monde.
Mais un Occident myope nie cette guerre de religion,
détourne son regard de la destruction de son credo fondateur au Moyen-Orient et
de la tentative d'éradication du christianisme qui est en cours ailleurs.
Face aux barbaries djihadistes à l'étranger et aux
offensives culturelles sur son territoire, le monde libre se révèle, sans
surprise, totalement inadapté ».
L'attaque djihadiste du Sri Lanka n'a pas seulement été «
l'attaque la plus meurtrière de tous les temps perpétrée contre des chrétiens
en Asie du Sud ». Ce fut aussi le plus grand massacre d'enfants chrétiens.
Mais aucun journal
n'a lancé de campagne pour sensibiliser l'opinion publique européenne, aucun
mouvement de solidarité pro-chrétien n'a eu lieu, aucun dirigeant occidental ne
semble avoir visité une église en signe de solidarité, aucun dirigeant d'une
église occidentale n'a eu le courage de désigner les coupables par leur nom,
aucun maire occidental n'a suspendu au fronton de sa mairie la photo des 45
enfants déchiquetés, aucune place publique n'a été occupée par des milliers de
personnes disant « Je suis chrétien ».
Il y a quelques années, au plus fort de la crise
migratoire en Europe, une photographie a mobilisé l'opinion publique
occidentale.
L' image du jeune Aylan Kurdi, un Syrien âgé de trois
ans, noyé au large des côtes de Bodrum, en Turquie, est devenue virale.
Ce petit migrant voulait migrer à l'Ouest. Le New York
Times l'a appelé « l'Europe d'Aylan Kurdi ».
« Pour des raisons historiques, Angela Merkel a craint
les images de policiers allemands armés s'affrontant à des civils à nos
frontières », a écrit Robin Alexander, célèbre journaliste de Die Welt , dans
son livre Die Getriebenen.
Les photographies d'enfants migrants ont incité les
dirigeants européens à ouvrir leurs frontières, mais les photographies
d'enfants chrétiens assassinés - comme les 45 au Sri Lanka - les ont en
revanche laissés indifférents.
« C'est avec indifférence que nous assistons à une
catastrophe civilisationnelle sans précédent », a écrit l'historien français
Jean-François Colosimo, après la destruction du christianisme oriental.
Aucune religion,
aucune communauté au monde n'est aujourd'hui plus persécutée que les chrétiens.
Pourquoi ce silence
de l'Occident ?
Sommes-nous devenus si étrangers à nous-mêmes, à nos
racines et à notre histoire, que cette flambée de violence djihadiste ne nous
fait même plus cligner des yeux ?
Espérons nous
acheter la "paix" avec les extrémistes musulmans au prix de l'abandon
de ces chrétiens ?
Un raisonnement de court terme nous empêche-t-il de voir
que cette idéologie djihadiste qui a assassiné des enfants chrétiens au Sri
Lanka a déjà visé les enfants européens de Nice, Manchester et Barcelone ?
Le massacre du Sri
Lanka ne se borne pas à une terrible succession de mères en pleurs et de petits
cercueils.
Ce massacre nous
informe aussi malheureusement d'un état très décourageant de l'Occident.
Giulio Meotti, journaliste culturel à Il Foglio, est un
journaliste et auteur italien.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Votre commentaire est le bienvenu à condition d'être en relation avec le sujet - il sera en ligne après accord du modérateur.
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.