AFP – 05/05/2019.
Les hostilités se sont intensifiées dimanche au deuxième
jour d'une escalade entre Israël et les groupes armés de la bande de Gaza, les
tirs de roquettes palestiniens et la riposte de l'Etat hébreu ayant tué quatre
personnes côté israélien et 23 Palestiniens depuis samedi.
Dix-neuf Palestiniens ont été tués au cours de la seule
journée de dimanche, a indiqué le ministère de la Santé dans l'enclave sous
blocus, contrôlée par le mouvement islamiste Hamas.
Au deuxième jour d'un accès de fièvre qui fait craindre
un nouveau conflit, les deux camps n'ont donné aucun signe de désarmer.
Un journaliste de l'AFP à Gaza a fait état de dizaines de
nouveaux tirs de roquettes dans la soirée sur le territoire israélien en
provenance de l'enclave palestinienne, coincée entre Israël, Egypte et
Méditerranée.
L'armée israélienne a de son côté poursuivi sans relâche
ses vagues de frappes sur la bande de Gaza, visant le Hamas et le Jihad
islamique, les deux principaux groupes armés de l'enclave.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a
ordonné la poursuite de "frappes massives" et l'envoi de renforts
militaires autour de la bande de Gaza.
Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyé a indiqué dans une
déclaration dimanche soir qu'un "retour à une accalmie est possible"
si Israël s'engage à observer un "cessez-le-feu total". Sans cela, on
risque "plusieurs cycles de confrontation", a-t-il ajouté.
Cette langue de terre éprouvée par les conflits, la
pauvreté et l'enfermement est le théâtre d'une énième escalade des tensions
depuis la guerre meurtrière de 2014 entre Israël et les groupes armés
palestiniens.
Quelque 600 roquettes ont été tirées depuis samedi de
Gaza, dont 510 ont atteint le territoire israélien, et 35 sont tombées dans des
zones urbaines, selon un décompte de l'armée israélienne.
- Menaces -
L'armée israélienne a dit en retour avoir frappé plus de
320 objectifs du Hamas et du Jihad islamique à travers la bande de Gaza, et
visé notamment des ateliers de fabrication de roquettes, des entrepôts d'armes,
des positions et des bases militaires ainsi qu'un tunnel du Jihad islamique
débouchant en Israël.
Plusieurs immeubles ont été détruits dans la ville de
Gaza.
Ils abritaient notamment des bureaux du Hamas et du Jihad
islamique et des locaux du renseignement militaire et de la sécurité du Hamas.
La Turquie a dénoncé les frappes affirmant qu'un de ces
bâtiments abritait les locaux de son agence de presse nationale Anadolu.
Sur les 19
Palestiniens tués dimanche, au moins six ont été identifiés comme des
combattants du Hamas et du Jihad islamique.
Parmi eux figure Hamad al-Khodori, 34 ans, présenté par
la branche armée du Hamas comme un de ses commandants et par l'armée
israélienne comme un responsable des transferts d'argent iranien à destination
du Hamas et du Jihad islamique.
L'armée
israélienne a ouvertement revendiqué son élimination ciblée.
Une femme enceinte et un bébé de quatre mois figurent
parmi les 19 Palestiniens tués par les frappes israéliennes dimanche, a indiqué
le ministère de la Santé à Gaza, l'armée israélienne se refusant à tout
commentaire.
En revanche, l'armée a démenti que la mort samedi d'une
fillette de 14 mois et d'une de ses tantes, d'abord présentée comme sa mère,
ait été le fait d'une de ses frappes, comme l'avait annoncé le ministère
gazaoui de la Santé relevant du Hamas. Une soeur de la fillette a été
grièvement blessée.
Elles sont mortes par la faute d'une "roquette tirée
par le Hamas et qui a explosé là où elle n'aurait pas dû", a dit un
porte-parole de l'armée, le lieutenant-colonel Jonathan Conricus.
La branche armée du Jihad islamique a publié dimanche une
vidéo montrant des activistes manipulant des roquettes et menaçant des sites
clés israéliens dont l'aéroport de Tel-Aviv.
Le Hamas et le Jihad islamique ont indiqué dimanche que
leurs branches armées avaient pris pour cible un véhicule de l'armée
israélienne à l'aide d'un missile antichar Kornet.
M. Conricus a affirmé qu'un missile Kornet avait touché
un véhicule et tué un civil israélien.
Israël a fermé les points de passage avec Gaza ainsi que
la zone de pêche au large de l'enclave palestinienne soumise à un strict blocus
israélien depuis plus de dix ans.
- Appel de l'ONU -
Ces violences remettent en cause une trêve fragile
observée depuis fin mars entre Israël et le Hamas et ses alliés, qui se sont
livré trois guerres dans l'enclave depuis 2008.
Le voisin égyptien, intercesseur historique entre Israël
et Palestiniens, ainsi que les Nations unies s'emploient à une médiation pour
faire retomber la tension, alors que le ramadan commence dans les jours à
venir.
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres
a appelé dimanche à "une retenue maximale" et à une "désescalade
immédiate".
L'envoyé des Nations unies pour le Proche-Orient,
Nickolay Mladenov, "travaille étroitement avec l'Egypte et tous ceux
concernés pour restaurer le calme", selon un communiqué de l'ONU.
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