Extrait de Wikipédia –
Le Dimanche rouge (en russe : Кровавое воскресенье,
littéralement « dimanche sanglant ») du 9 janvier 1905 (22 janvier 1905 dans le
calendrier
grégorien) à Saint-Pétersbourg,
capitale de l'Empire russe,
désigne la répression sanglante d'une manifestation populaire sur la place
du palais d'Hiver par l'armée
impériale, qui tira sur la foule.
Cet événement
dramatique marque le début de la révolution
russe de 1905.
Cliquez sur l'image pour voir le diaporama :
L'armée prend position, la veille du Dimanche rouge,
devant l'arc de triomphe de Narva.
Historique
Le 3 janvier 1905 (16 janvier 1905) débute une grève aux
usines Poutilov après le licenciement de quatre ouvriers, membres de l'Union
chapeautée par le prêtre Gueorgui
Gapone.
Manifestants défilant vers le palais d'Hiver.
La grève s'étendit à d'autres usines. Le 8 janvier 1905
(21 janvier 1905), il y eut jusqu'à 200 000 grévistes.
La quasi-totalité des entreprises pétersbourgeoises
étaient touchées.
Des revendications politiques voient le jour.
L'armée russe le matin même du Dimanche rouge.
Le dimanche 9 janvier 1905 (22 janvier 1905), une foule
considérable, évaluée par les témoins à un nombre compris entre 50 000 et 100
000 personnes, ouvriers et habitants de Saint-Pétersbourg, participe à une
marche pacifique (beaucoup sont venus avec leurs enfants) organisée par le prêtre
orthodoxe Gueorgui
Gapone convergeant vers le palais d'Hiver, lieu
de résidence de l'empereur au centre de Pétersbourg.
La perspective Nevski percée sous le règne d'Anne
(photochrome de 1890). Saint-Pétersbourg
La cavalerie verrouille la place du palais d'Hiver à
Saint-Pétersbourg.
Selon l'historien W. Berelowitch, les tirs éclatèrent
avant que la foule soit parvenue à la place du Palais, en particulier, avant qu'elle
ait franchi la Neva.
Les soldats tirant sur la foule lors du Dimanche rouge
(scène fictive tirée d'un film soviétique de 1925).
Ce jour-là,
cependant, la famille impériale n'est pas à Pétersbourg, mais à Tsarskoïe Selo.
Façade du palais Catherine
L'impératrice Elisabeth Ire à Tsarskoïe Selo.
Sur le parcours,
beaucoup chantent, et la police précède même la manifestation, comme lors des
processions religieuses ; en plusieurs endroits du défilé, aucune force de
police n'est visible.
Soldats, héros, où est passée votre gloire ? Valentin
Serov 1905
Les doléances
Le texte
de la la pétition des travailleurs du 9 janvier 1905 qu'apportent les
manifestants au gouvernement est relativement long et complet.
Les analystes ont relevé l'opposition entre le fond
(exigences extrêmement claires et formulées souvent sous la forme d'ultimatum)
et la forme (une supplique où l'empereur est appelé « père »).
Palais de Marbre. Saint-Pétersbourg
Les manifestants
réclamaient :
- la libération de tous les révolutionnaires emprisonnés
;
- de meilleures conditions de travail ;
- la cession des terres aux paysans ;
- la suppression de la censure.
Les manifestants
demandaient en outre la création d'un parlement.
Ceci ne constituait pas alors un acte de révolution à
proprement parler, puisque la manifestation se déroulait de façon pacifique.
Certains manifestants étaient accompagnés par leur
famille, et des portraits du tsar avaient été hissés au milieu de la
manifestation.
La perspective Nevski en 1901.
Les gardes ouvrent
alors le feu sur les manifestants.
En l'absence de l'empereur, qui se trouvait dans la
résidence de Tsarskoïe Selo depuis le 8 janvier 1905 et qui espérait ainsi
désamorcer la crise (Nicolas II détestait Pétersbourg, qu'il qualifiait de «
cloaque »), le commandement armé dépassé par l'ampleur de la manifestation
aurait pris cette initiative.
La cathédrale Notre-Dame-de-Kazan.
Les victimes
Les chiffres officiels font état de 96 morts et 333
blessés.
Un emballement médiatique sans précédent s'ensuit.
Des chiffres non officiels avancent des chiffres beaucoup
plus élevés :
- 2 100 selon l'Evening Sun de New York,
- 6 000 selon plusieurs quotidiens de Berlin,
- 5 000 morts selon la presse italienne,
- 10 000 morts selon certains titres britanniques.
- Richard
Pipes évalue le nombre de victimes à 200 morts et 800 blessés.
Peterhof.
Répercussions
Le préfet de police de Pétersbourg est révoqué dès le
lendemain, remplacé par Dmitri
Trepov chargé de rétablir l'ordre ; le 20 janvier, c'est le ministre de
l'Intérieur, Piotr
Sviatopolk-Mirski, qui est relevé.
La réprobation est
unanime.
Tout l'Empire est choqué. Toute la population
pétersbourgeoise réagit très fortement : annulation de spectacles, 459
intellectuels indignés signent une lettre de protestation…
À l'initiative de Vladimir
Dmitrievitch Nabokov, le conseil municipal vote la constitution d'un fonds
de 25 000 roubles pour venir
en aide aux victimes.
L'intelligentsia se mobilise également pour collecter de
l'argent.
Nicolas II
manifestement ne comprend pas la gravité des « événements du 9 janvier ».
Il accorde 50 000
roubles aux victimes, et son « pardon », ce qui est ressenti comme une insulte
par la population.
De fait, les événements du 9 janvier marquent une coupure
radicale entre la population russe et l'autocratie.
Le lendemain, les ouvriers de Saint-Pétersbourg se
mettent en grève.
Celle-ci atteint rapidement 160 000 grévistes.
Mais les refus de reprendre le travail ne concernent pas
que le monde ouvrier.
Les professeurs du Conservatoire de musique de
Pétersbourg refusent de reprendre les cours : même le compositeur Nikolaï
Rimski-Korsakov adresse une lettre publique de protestation à la direction
de l'établissement et indique que la tension est telle que les cours ne peuvent
y être donnés.
De haut en bas et de gauche à droite : la forteresse
Pierre-et-Paul, la сathédrale de la Résurrection, la rivière Moïka, la
сathédrale de la Trinité, le Cavalier de bronze et le palais d'Hiver. Alex
Florstein (WikiPhotoSpace) —
Dès lors, de
multiples grèves tant politiques qu'économiques éclatent un peu partout en
Russie, qui vont en se radicalisant jusqu'à l'explosion d'octobre 1905.
Commencent alors des actes de protestation plus durs, des
grèves, des soulèvements révolutionnaires, des émeutes ou encore des meurtres
d'industriels.
Une vague de protestation se soulève contre la politique
impériale.
Une grève générale d'ouvriers paralyse le pays.
Devant la crise,
l'empereur recule.
Peu après ce dimanche, le poète et révolutionnaire Piotr Yakoubovitch
rédigea le poème La Neige rouge (en russe : « Красный снег »), qui dénonça ce
crime d'État et qui fut étudié, par la suite, dans les programmes scolaires
durant l'ère de l'Union
soviétique.
Quant au peintre Valentin Serov, il
réalise son tableau : Soldats,
héros, où est passée votre gloire ?
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