dimanche 10 février 2019

Le Dimanche rouge

 - 22 janvier 1905
Extrait de Wikipédia –

Le Dimanche rouge (en russe : Кровавое воскресенье, littéralement « dimanche sanglant ») du 9 janvier 1905 (22 janvier 1905 dans le calendrier grégorien) à Saint-Pétersbourg, capitale de l'Empire russe, désigne la répression sanglante d'une manifestation populaire sur la place du palais d'Hiver par l'armée impériale, qui tira sur la foule.

Cet événement dramatique marque le début de la révolution russe de 1905.

Cliquez sur l'image pour voir le diaporama :

L'armée prend position, la veille du Dimanche rouge, devant l'arc de triomphe de Narva.

Historique

Le 3 janvier 1905 (16 janvier 1905) débute une grève aux usines Poutilov après le licenciement de quatre ouvriers, membres de l'Union chapeautée par le prêtre Gueorgui Gapone.

Manifestants défilant vers le palais d'Hiver.

La grève s'étendit à d'autres usines. Le 8 janvier 1905 (21 janvier 1905), il y eut jusqu'à 200 000 grévistes.
La quasi-totalité des entreprises pétersbourgeoises étaient touchées.
Des revendications politiques voient le jour.

L'armée russe le matin même du Dimanche rouge.

Le dimanche 9 janvier 1905 (22 janvier 1905), une foule considérable, évaluée par les témoins à un nombre compris entre 50 000 et 100 000 personnes, ouvriers et habitants de Saint-Pétersbourg, participe à une marche pacifique (beaucoup sont venus avec leurs enfants) organisée par le prêtre orthodoxe Gueorgui Gapone convergeant vers le palais d'Hiver, lieu de résidence de l'empereur au centre de Pétersbourg.

La perspective Nevski percée sous le règne d'Anne (photochrome de 1890). Saint-Pétersbourg

La cavalerie verrouille la place du palais d'Hiver à Saint-Pétersbourg.

Selon l'historien W. Berelowitch, les tirs éclatèrent avant que la foule soit parvenue à la place du Palais, en particulier, avant qu'elle ait franchi la Neva.

Les soldats tirant sur la foule lors du Dimanche rouge (scène fictive tirée d'un film soviétique de 1925).

Ce jour-là, cependant, la famille impériale n'est pas à Pétersbourg, mais à Tsarskoïe Selo.

Façade du palais Catherine

L'impératrice Elisabeth Ire à Tsarskoïe Selo.

Sur le parcours, beaucoup chantent, et la police précède même la manifestation, comme lors des processions religieuses ; en plusieurs endroits du défilé, aucune force de police n'est visible.

Soldats, héros, où est passée votre gloire ? Valentin Serov 1905

Les doléances

Le texte de la la pétition des travailleurs du 9 janvier 1905 qu'apportent les manifestants au gouvernement est relativement long et complet.

Les analystes ont relevé l'opposition entre le fond (exigences extrêmement claires et formulées souvent sous la forme d'ultimatum) et la forme (une supplique où l'empereur est appelé « père »).

Palais de Marbre. Saint-Pétersbourg

Les manifestants réclamaient :

- la libération de tous les révolutionnaires emprisonnés ;
- de meilleures conditions de travail ;
- la cession des terres aux paysans ;
- la suppression de la censure.

Les manifestants demandaient en outre la création d'un parlement.
Ceci ne constituait pas alors un acte de révolution à proprement parler, puisque la manifestation se déroulait de façon pacifique.

Certains manifestants étaient accompagnés par leur famille, et des portraits du tsar avaient été hissés au milieu de la manifestation.

La perspective Nevski en 1901.

Les gardes ouvrent alors le feu sur les manifestants.
En l'absence de l'empereur, qui se trouvait dans la résidence de Tsarskoïe Selo depuis le 8 janvier 1905 et qui espérait ainsi désamorcer la crise (Nicolas II détestait Pétersbourg, qu'il qualifiait de « cloaque »), le commandement armé dépassé par l'ampleur de la manifestation aurait pris cette initiative.

La cathédrale Notre-Dame-de-Kazan.

Les victimes

Les chiffres officiels font état de 96 morts et 333 blessés.

Un emballement médiatique sans précédent s'ensuit.
Des chiffres non officiels avancent des chiffres beaucoup plus élevés :
- 2 100 selon l'Evening Sun de New York,
- 6 000 selon plusieurs quotidiens de Berlin,
- 5 000 morts selon la presse italienne,
- 10 000 morts selon certains titres britanniques.
- Richard Pipes évalue le nombre de victimes à 200 morts et 800 blessés.

Peterhof.

Répercussions

Le préfet de police de Pétersbourg est révoqué dès le lendemain, remplacé par Dmitri Trepov chargé de rétablir l'ordre ; le 20 janvier, c'est le ministre de l'Intérieur, Piotr Sviatopolk-Mirski, qui est relevé.

La réprobation est unanime.
Tout l'Empire est choqué. Toute la population pétersbourgeoise réagit très fortement : annulation de spectacles, 459 intellectuels indignés signent une lettre de protestation…

À l'initiative de Vladimir Dmitrievitch Nabokov, le conseil municipal vote la constitution d'un fonds de 25 000 roubles pour venir en aide aux victimes.

L'intelligentsia se mobilise également pour collecter de l'argent.

Nicolas II manifestement ne comprend pas la gravité des « événements du 9 janvier ».
Il accorde 50 000 roubles aux victimes, et son « pardon », ce qui est ressenti comme une insulte par la population.

De fait, les événements du 9 janvier marquent une coupure radicale entre la population russe et l'autocratie.

Le lendemain, les ouvriers de Saint-Pétersbourg se mettent en grève.
Celle-ci atteint rapidement 160 000 grévistes.

Mais les refus de reprendre le travail ne concernent pas que le monde ouvrier.

Les professeurs du Conservatoire de musique de Pétersbourg refusent de reprendre les cours : même le compositeur Nikolaï Rimski-Korsakov adresse une lettre publique de protestation à la direction de l'établissement et indique que la tension est telle que les cours ne peuvent y être donnés.

De haut en bas et de gauche à droite : la forteresse Pierre-et-Paul, la сathédrale de la Résurrection, la rivière Moïka, la сathédrale de la Trinité, le Cavalier de bronze et le palais d'Hiver. Alex Florstein (WikiPhotoSpace) —

Dès lors, de multiples grèves tant politiques qu'économiques éclatent un peu partout en Russie, qui vont en se radicalisant jusqu'à l'explosion d'octobre 1905.

Commencent alors des actes de protestation plus durs, des grèves, des soulèvements révolutionnaires, des émeutes ou encore des meurtres d'industriels.

Une vague de protestation se soulève contre la politique impériale.
Une grève générale d'ouvriers paralyse le pays.

Devant la crise, l'empereur recule.

Peu après ce dimanche, le poète et révolutionnaire Piotr Yakoubovitch rédigea le poème La Neige rouge (en russe : « Красный снег »), qui dénonça ce crime d'État et qui fut étudié, par la suite, dans les programmes scolaires durant l'ère de l'Union soviétique.

Quant au peintre Valentin Serov, il réalise son tableau : Soldats, héros, où est passée votre gloire ?





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