Par Marie Persidat – 15/01/2019.
Ce retraité a écrit en préfecture du Val-d’Oise et a eu
la surprise d’être interrogé par les services du renseignement.
Mériel, ce mardi. Jacques a voulu envoyer des
doléances à la préfecture mais ne pensait pas attirer l’attention des services
de renseignement. LP/Marie Persidat
En voulant apporter sa pierre au débat national, Jacques
D. s'est retrouvé… interrogé par les services de renseignement.
Ce retraité de Mériel n'en revient pas. « Cela donne à
réfléchir sur le fond. », s'interroge le septuagénaire. « Ils disent que le
débat est ouvert à tous, mais derrière on est fliqué… »
C'est une simple
lettre adressée au préfet du Val-d'Oise qui a tout déclenché.
Nous sommes en
décembre et Jacques a envie de faire remonter des « doléances ». « A l'époque
la mairie n'avait pas encore mis de cahier à disposition, explique-t-il. Je me
suis dit qu'il n'y avait qu'un seul moyen officiel de s'exprimer, en
transmettant directement à la préfecture. »
Un courrier de
quatre pages
Car à ses heures perdues, ce retraité aime débattre.
Il fait partie depuis longtemps d'un petit groupe sur les
réseaux sociaux, appelé la lucarne, au sein duquel on commente l'actualité
politique.
Lorsqu'a émergé le mouvement des Gilets Jaunes, un petit
forum issu du premier a été créé intitulé « les gilets jaunes solidaires du
Val-d'Oise ».
C'est une synthèse des réflexions de ce groupe que
Jacques a voulu faire remonter.
Il a envoyé quatre pages de doléances sur des thèmes
variés allant des écarts de revenus à l'Euro en passant par l'éducation et la
laïcité.
Le document est assorti d'une lettre signée par le
Mériellois et demandant au préfet de « transmettre au Premier ministre ».
Deux agents lui
posent des questions pendant une heure et demie.
L'histoire aurait pu s'arrêter là mais la semaine
dernière, Jacques reçoit un appel émanant du service départemental du
renseignement territorial.
« Ils m'ont demandé de venir me présenter à leur bureau
», explique le Val-d'Oisien.
« Ou alors m'ont dit qu'ils pouvaient venir à mon
domicile. »
Vendredi dernier, le retraité reçoit donc la visite de
deux agents qui sont restés… une heure et demie.
« Ils m'ont posé beaucoup de questions, mais ne m'ont
jamais dit pourquoi. »
Qui sont les membres de son groupe, a-t-il fait partie
d'un parti politique…
Le Val-d'Oisien n'a pourtant jamais manifesté avec les
Gilets Jaunes.
« Mon groupe de discussion est un mélange de gens
raisonnables qui n'ont jamais rien cassé et qui ne vont même pas sur les
ronds-points ! »
Une démarche «normale» d’après l’Etat
Du côté de la préfecture, on considère cette démarche
comme « normale ».
« A partir du moment où ce monsieur se présente comme un
Gilet Jaune, il est normal qu'on le contacte.
Ces doléances émanaient d'un groupe que nous ne connaissions
pas du tout, on se pose logiquement des questions.
Comme tout mouvement sociétal, il est suivi par les
renseignements.
Et d'ailleurs il n'y a pas eu de convocation, nous
l'avons invité à nous rencontrer. »
Comme il l'a précisé dans son courrier, Jacques est prêt
à participer au débat national. « Mais personne ne m'a invité. »
La préfecture nous indique que désormais tous les
citoyens peuvent déposer leurs contributions sur le site https://granddebat.fr/, y compris le retraité
de Mériel.
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