vendredi 30 novembre 2018

Substances cancérogènes dans le valsartan

Substances cancérogènes dans le Valsartan: trois-quarts des médicaments désormais concernés
Par AFP - 29/11/2018.

Le retrait des médicaments à base de valsartan prend une nouvelle ampleur: après une première vague début juillet, des rappels supplémentaires ont été annoncés jeudi par l'agence du médicament (ANSM), à cause de la présence d'une deuxième substance classée comme probablement cancérogène.

Cette mesure de précaution va entraîner des ruptures de stock, a prévenu l'ANSM.


En effet, le cumul des deux rappels touche les trois-quarts de ces médicaments utilisés en cas d'insuffisance cardiaque, d'hypertension artérielle et après un infarctus récent.
Entre 1,2 et 1,5 million de patients en France suivent ce traitement.

Illustration d'une pharmacie — Yann Bohac/SIPA


Le premier rappel, prononcé au niveau international, avait été motivé par la présence d'une impureté, la N-nitrosodiméthylamine (NDMA), substance classée comme probablement cancérogène chez l'homme.

La société chinoise Zhejiang Huahai Pharmaceuticals avait d'abord été mise en cause.
Deux autres laboratoires chinois, Rundu Pharma et Tianyu Pharm, avaient ensuite été épinglés.

Toutes ces sociétés fabriquent le principe actif pour le compte de laboratoires qui produisent ensuite le médicament.

Le deuxième rappel, annoncé jeudi, a été décidé en raison de "la présence possible d'une autre impureté, la NDEA (N-nitrosodiéthylamine)", selon l'ANSM.

D'une nature voisine de la première, cette impureté est, comme elle, "classée comme probablement cancérogène chez l'homme par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)", a précisé l'ANSM dans un communiqué.

Cette deuxième substance indésirable "a été mise en évidence suite aux nombreuses investigations entreprises depuis le mois de juillet 2018 au niveau européen concernant le valsartan".

Comme le premier, ce nouveau rappel "est mis en oeuvre par d'autres Etats européens et au niveau international", selon l'ANSM.

Au total, onze laboratoires pharmaceutiques sont concernés par les deux rappels, qui ne touchent cependant pas forcément tous les médicaments à base de valsartan qu'ils produisent: Arrow Génériques, Biogaran, Cristers, EG Labo, Evolupharm, Mylan, Ranbaxy, Sandoz, Teva, Zentiva et Zydus.

INVESTIGATIONS INTERNATIONALES

On ignore si la deuxième impureté décelée dans les médicaments rappelés jeudi est due aux sociétés chinoises déjà épinglées, ou si de nouveaux sous-traitants sont à leur tour mis en cause.

"Pour l'instant, on ne peut pas répondre à cette question.
Cela fait partie des investigations actuellement menées" au niveau international, a expliqué à l'AFP l'un des responsables de l'ANSM, Jean-Michel Race.

Les fabricants des médicaments qui ne sont pas concernés par les deux rappels "ne sont actuellement pas en mesure d'augmenter suffisamment leur production pour couvrir l'ensemble des besoins des patients français", a souligné l'ANSM.
Par conséquent, "des ruptures de stocks conséquentes sont attendues rapidement".

"Il existe de nombreuses alternatives thérapeutiques permettant d'assurer une prise en charge optimale des patients actuellement traités par valsartan", a rappelé l'ANSM.

"L'hypertension artérielle est fréquente et très bien prise en charge par les praticiens", a ajouté Jean-Michel Race, selon qui les solutions alternatives sont "d'autres sartans (une classe de médicaments dont le valsartan est l'une des variantes, ndlr) et d'autres familles d'antihypertenseurs".

L'ANSM recommande aux patients de consulter leur médecin ou leur pharmacien pour savoir si le médicament qu'ils prennent est concerné par le rappel et, le cas échéant, s'orienter vers un autre traitement.

"Le risque d'un arrêt brutal de traitement étant important (poussées hypertensives, décompensations cardiaques, accidents neurologiques), les patients ne doivent en aucun cas interrompre leur traitement sans avis médical", a insisté l'ANSM.

"Arrêter son traitement quand on est hypertendu est beaucoup plus dangereux que continuer à prendre pendant quelques jours un médicament qui fait partie des lots rappelés", selon Jean-Michel Race.

L'ANSM a mis en place en juillet un numéro vert pour répondre aux questions des patients et de leurs proches (0800 97 14 03).
………………………
Valsartan - Contexte

Le valsartan est une substance active largement utilisée dans la prise en charge de l’hypertension artérielle, de l’insuffisance cardiaque et en post infarctus du myocarde récent.

Un défaut de qualité a été identifié sur de nombreux  médicaments à base de valsartan commercialisés au niveau mondial.
Des impuretés, la N-nitrosodiméthylamine (NDMA) et la N-nitrosodiéthylamine (NDEA), ont été retrouvées dans la substance active valsartan.

La NDMA et la NDEA appartiennent à la classe des nitrosamines et sont classées par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) comme probablement cancérogènes chez l'homme.

Les nitrosamines sont des substances liquides et solubles dans l'eau, elles peuvent être retrouvées dans l’environnement (aliments, ainsi que dans une moindre mesure dans l’eau et l’air).

Ainsi, à titre de précaution, tous les lots des   médicaments contenant du valsartan   fabriqués à partir de la substance active valsartan impactée par la présence de ces impuretés ont été rappelés en France, en juillet 2018 puis en novembre 2018.
Cette décision a été prise en concertation au niveau européen.

Lire aussi

Liste des médicaments concernés (29/11/2018) application/pdf (124 ko)

Liste des médicaments non concernés (29/11/2018) application/pdf (120 ko)

Nouveau rappel de médicaments à base de valsartan : Informations pour les patients et les professionnels de santé (29/11/2018) - Point d'Information

Evaluation du risque pour la santé des patients

Ce défaut de qualité n’induit pas de risque aigu pour la santé des patients.

En revanche, le risque d’arrêt brutal du traitement est réel (poussées hypertensives, décompensations cardiaques, accidents neurologiques).

Aussi, les patients ne doivent en aucun cas arrêter d’eux-mêmes leur traitement.
En cas de doute, ils doivent se rapprocher de leur pharmacien ou de leur médecin.

Compte tenu du risque cancérigène de la NDMA et de la NDEA, il est important de déterminer si des mesures complémentaires seront nécessaires pour les patients concernés traités par les médicaments à base de  valsartan.

Ceci nécessite une évaluation détaillée du risque, fondée sur des tests approfondis des lots de médicaments.
Cette évaluation se fait actuellement de manière coordonnée au niveau européen.

Lire aussi
Valsartan, valsartan / hydrochlorothiazide et valsartan / amlodipine : information sur les rappels de lots - https://www.ansm.sante.fr/content/download/147871/1949541/version/6/file/Valsartan_QR_2018-11-29.pdf

Conduite à tenir dans le contexte de tension d'approvisionnement de valsartan

Environ 60% des médicaments à base de valsartan (seul ou associé à une autre molécule, l’hydrochlorothiazide ou l’amlodipine) commercialisés en France sont impactés par ce défaut.
Dans ce contexte, des tensions d’approvisionnement et des ruptures de stocks sur ces médicaments sont attendus.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Votre commentaire est le bienvenu à condition d'être en relation avec le sujet - il sera en ligne après accord du modérateur.

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.