La cathédrale Notre-Dame de Paris, en forme
courte Notre-Dame, est la cathédrale de l'archidiocèse de Paris,
en France. Elle est située dans l'est de l'île de la Cité,
dans le 4e arrondissement
de Paris.
Sa façade occidentale domine le parvis
Notre-Dame - place Jean-Paul-II.
Cliquez sur l'image pour voir le diaporama
Façade de Notre-Dame de Paris vue du parvis.
Peter Haas
Sa construction commencée sous l'impulsion de l'évêque Maurice de Sully, s'étend sur plus de deux
siècles, de 1163 au milieu du xive siècle.
Le style n’est donc pas d'une uniformité totale : la
cathédrale possède ainsi des caractères du gothique primitif (voûtes sexpartites de
la nef) et du gothique rayonnant.
Les deux rosaces qui
ornent chacun des bras du transept sont parmi les plus grandes d’Europe, et mesurent chacune treize mètres de
diamètre.
Lors de son achèvement, la cathédrale est l'une des plus grandes
d'Occident.
Après la tourmente révolutionnaire, la cathédrale bénéficie de
1844 à 1864 d'une restauration importante et parfois controversée, sous la
direction de l’architecte Viollet-le-Duc,
qui y incorpore des éléments et des motifs inédits.
La cathédrale est depuis l'origine l'un des monuments les plus
emblématiques de Paris.
Notre-Dame de Paris et la Seine. Gilbert Bochenek
Longtemps la plus haute construction de la ville, elle occupe à Paris une place symbolique de premier rang et est l'une des plus célèbres cathédrales du pays, avec celles de Reims, où étaient sacrés les rois de France, de Strasbourg, d'Amiens, de Beauvais et de Chartres.
Édifice à la fois religieux et patrimonial, elle est liée à de
nombreux épisodes de l’histoire de France.
Église paroissiale royale au Moyen Âge, elle accueille l’arrivée de
la Sainte Couronne en
1239, puis bien plus tard, le sacre de
Napoléon Ier en 1804, le baptême du duc de Bordeaux en 1821, les funérailles
d’Adolphe Thiers, de Sadi Carnot.
Notre-Dame à la fin du xixe siècle. Alfred-Alexandre
Delauney
C'est sous ses voûtes qu'est chanté un Magnificat lors de la libération de Paris,
le 26 août 1944. Des cérémonies religieuses y ont lieu à la mort du général de Gaulle (1970), de Georges Pompidou (1974) et de François Mitterrand (1996).
Dans le domaine littéraire, elle figure notamment au centre du
roman de Victor Hugo, Notre-Dame de
Paris, publié en 1831.
Vidéo
Cette cathédrale (aussi basilique mineure) accueille au début
du XXIe siècle environ 13 à 14 millions de visiteurs
par an (un record à 14 millions en 2012), ce qui en fait le monument le
plus visité de Paris et d’Europe. En 2013, est célébré le 850e anniversaire de sa construction.
Le 15 avril 2019, un incendie détruit
une grande partie de la cathédrale.
Notre-Dame de Paris en flammes, une heure après le début de l'incendie, le 15 avril 2019.
Histoire
Coupe schématique de la grande nef avec ses deux
bas-côtés d’égale hauteur et ses tribunes telle qu’elle se présentait en
1220-12308. Vers 1230, à la suite de l’agrandissement des fenêtres hautes, on
remplaça les arcs-boutants supérieurs à double volée par des grands
arcs-boutants à simple volée, tels que le montre la photo ci-dessous.
Dictionnaire raisonné de l’architecture française du xie au xvie siècle, par
Eugène Viollet-le-Duc, 1856.
Étapes de l'édification
On pense qu’au début de l’ère chrétienne
il existait à l’emplacement de Notre-Dame un temple païen gallo-romain dédié
à Jupiter (comme
en atteste la découverte du pilier des Nautes,
découvert en 1711), ensuite remplacé par une grande basilique paléochrétienne semblable
aux basiliques
civiles antiques.
Les arcs-boutants de la nef auront bientôt huit
siècles d’âge. Ils datent des environs de l’an 1230.
Jean Lemoine
On ne sait pas si cet édifice, dédié à saint Étienne, a été élevé à la fin du ive siècle et remanié par la suite ou s'il date du viie siècle avec des éléments plus anciens réemployés (hypothèse de la cathédrale de Childebert Ier, fils de Clovis et de Clotilde).
Le maître-autel, œuvre de Nicolas Coustou, encadré par
les statues de Louis XIII (par Guillaume Coustou) et de Louis XIV (par Antoine
Coysevox). Photo: Myrabella
Cette église dédiée à Saint Étienne,
devenue cathédrale par la suite, était de très grandes
dimensions pour l’époque.
Sa façade occidentale se trouvait à une
quarantaine de mètres plus à l’ouest que la façade actuelle de Notre-Dame et
avait une largeur légèrement inférieure : elle mesurait 36 mètres.
Cet édifice mesurait 70 mètres de
long, c’est-à-dire un peu plus de la moitié de la longueur de la cathédrale
actuelle.
Des rangées de colonnes de marbre séparaient
une nef et quatre
bas-côtés. L’édifice était orné de mosaïques.
Parvis Notre-Dame en 1699.
Antier — Publié dans Notre-Dame de Paris, par Alain
Erlande-Brandenbourg, Paris, éditions La Martinière 1997
Un baptistère, dénommé Saint-Jean le Rond, était situé sur le flanc
nord de la cathédrale Saint-Étienne (sa présence est attestée avant 452) et fut
préservé jusqu'aux travaux de Soufflot au xviiie siècle.
Entre ce temple gallo-romain et la
cathédrale de Sully se
succédèrent pas moins de quatre édifices religieux : une église
paléochrétienne du ive siècle remaniée
en une basilique mérovingienne,
puis une cathédrale carolingienne (reconstruite
à la suite d'un incendie en 857) et enfin une
cathédrale romane restaurée et agrandie mais qui s'avéra progressivement trop
petite pour la population de Paris qui augmentait rapidement.
En 1160, l’évêque Maurice de Sully (initiative
personnelle, des chanoines ou du roi ?) décida la
construction d’un sanctuaire d’un nouveau type beaucoup plus vaste à la place
de la cathédrale romane démolie au fur et à mesure, les pierres sacrées étant
parfois retaillées ou utilisées pour les fondations.
La cathédrale Notre-Dame pendant les travaux de
1845-1863 : la sacristie est terminée mais la flèche pas encore rétablie - « Le
quai de Montebello et le chevet de Notre-Dame » (détail), Émile Harrouart, vers
1860 - Musée Carnavalet.
Comme dans l’ensemble de l’Europe de
l’Ouest, les xie et xiie siècles se
caractérisent en effet par une rapide augmentation de la population des villes
françaises, liée à un important développement économique, et les anciennes
cathédrales étaient un peu partout devenues trop petites pour contenir les
masses de plus en plus grandes de fidèles.
Notre-Dame de Paris Devant la rose occidentale de la
cathédrale.
Carlos Delgado
Les spécialistes estiment que la
population parisienne passe en quelques années de 25 000 habitants en
1180, début du règne de Philippe II Auguste, à 50 000 vers 1220, ce qui
en fait la plus grande ville d’Europe, en dehors de l’Italie.
L’architecture de la nouvelle cathédrale
devait s’inscrire dans la ligne du nouvel art gothique.
Exemple de la restitution du programme sculpté
effectuée par l’équipe de sculpteurs de Viollet-le-Duc : Statue de saint Denis
sur le contrefort sud de la façade ouest.
Plusieurs grandes églises gothiques
avaient déjà été inaugurées à ce moment : l’abbatiale Saint-Denis, la cathédrale Notre-Dame de Noyon et la cathédrale Notre-Dame de Laon, tandis que la cathédrale Saint-Étienne de Sens était en voie
d’achèvement.
La construction, commencée sous le règne
de Louis
VII dura de 1163 à 1345. À cette époque, Paris n’était qu’un
évêché, suffragant de
l’archevêque
de Sens, Sens étant à l'origine la préfecture romaine de la Lyonnaise quatrième.
Le Sacre de Napoléon, tableau de Jacques Louis David,
1805-1808, huile sur toile, 610 × 931 cm, Paris, musée du Louvre – Cette scène
se déroule dans le chœur de la cathédrale tel qu’il se présentait à l’époque,
avec la décoration des colonnes conçue par Robert de Cotte en 1698.
Première période
(1163-1250)
La tradition incertaine rapportée par le
chroniqueur Jean de Saint-Victor dans son Memoriale
Historiarum, veut qu'entre le 24 mars et le 25 avril 1163, le
pape Alexandre
III alors réfugié à Sens, pose lui-même la première
pierre en présence du roi Louis
VII.
Plan de la cathédrale, dans le Dictionnaire raisonné
de l'architecture française du xie au xvie siècle, par Viollet-le-Duc, 1856.
En l'état actuel des connaissances, la
date traditionnelle du début des travaux de Notre-Dame retenue est 1163.
L’essentiel des travaux se fait sous la
direction de l’évêque Maurice de Sully(1160-1197)
et de son successeur Odon
de Sully (1197-1208), ce dernier sans lien de parenté avec le
premier.
Chevet de Notre Dame de Paris la nuit.
Gpesenti
On distingue quatre campagnes
d’édification correspondant à quatre maîtres d’œuvre différents dont les noms
ne nous sont pas parvenus.
·
1163-1182 : construction du chœur et de ses deux déambulatoires. Selon
le chroniqueur Robert
de Torigni, le chœur est achevé en 1177 et le maître-autel est consacré par
le cardinal Henri de Château-Marçay, légat du pape et Maurice de Sully,
le 19 mai 1182.
·
1182-1190 : construction des quatre dernières travées de la nef, des
bas-côtés et des tribunes. La construction de la nef commença en 1182, après la
consécration du chœur. Certains pensent même que les travaux débutèrent dès
1175. Les travaux s’arrêtèrent après la quatrième travée laissant la nef
inachevée.
Voûtes de la salle du premier étage de la tour nord
(début du xiiie siècle), là où les touristes peuvent s’approvisionner en livres
et brochures. Les baies que l’on voit s’ouvrent sur le parvis (ouest), juste à
côté de la rosace. Elle est l’œuvre du troisième architecte de la cathédrale
(1190-1225) dont le nom ne nous est pas parvenu.
·
1190-1225 : construction de la base de la façade et des deux premières
travées de la nef. On commença l’édification de la façade en 1208. À partir de
cette année, les portails furent construits et décorés. L’étage de la rose date
de 1220-1225. La construction des premières travées de la nef fut reprise en
1218 afin de contrebuter la façade.
Statues du piédroit de gauche, du XIXe siècle : les
Apôtres saint Barthélemy, saint Simon, saint Jacques le Mineur, saint André, saint
Jean et saint Pierre.
·
1225-1250 : partie haute de la façade, et les deux tours.
Agrandissement des fenêtres hautes (suppression des petites rosaces) pour
remédier à l’obscurité (vers 1230). Simultanément la toiture des combles des
tribunes est remplacée par des terrasses, et de nouveaux arcs-boutants, dotés
de chaperons à chéneaux, permettent
l’évacuation des eaux de pluie de la partie supérieure de l’édifice.
Le tympan du portail du Jugement Dernier (XIIIe
siècle, linteau XIXe siècle). Albertus teolog
·
On construit les chapelles latérales de la nef entre les culées des
arcs-boutants. La tour sud est achevée en 1240 et l’on abandonne la même année
l’idée de doter les tours d’une flèche.
En 1250, fin de la construction de la
tour nord. À cette date, la cathédrale est en fait terminée et totalement
opérationnelle. Nous sommes en plein règne de Saint
Louis. Les phases ultérieures de l’édification concernent des
additions, embellissements, réparations et modifications parfois fort
importantes.
Statues du piédroit de droite, du XIXe siècle : saint
Paul, saint Jacques le Majeur, saint Thomas, saint Philippe, saint Jude et
saint Matthieu.
Deuxième période
(1250-moitié du xive siècle)
À cette époque, on s’aperçut que les
portails du transept,
construits en style roman,
contrastaient par la sévérité de leur style avec la grande façade gothique
richement ornée au goût du jour.
Vue d'ensemble du portail du Jugement Dernier. Jebulon
La reconstruction des parties romanes
fut alors prestement décidée par l’évêque Renaud de Corbeil (1250-1268).
Jehan de Chelles, Pierre
de Montreuil, Pierre de Chelles, Jean Ravy, Jean le Bouteiller et Raymond du Templesont
les maîtres d’œuvre qui se sont succédé durant cette période. Jean de Chelles
procéda à l’allongement du transept,
au nord d’abord (vers 1250), puis au sud et fit réaliser la façade nord du
transept et sa superbe rosace.
La Pesée des âmes par l’archange saint Michel - détail
du Jugement Dernier, refait lors de la restauration de la cathédrale au xixe
siècle. PHGCOM
À la suite de son décès en 1265, son
travail sur le croisillon sud fut terminé par Pierre de Montreuil à qui l’on
doit la façade sud du transept et sa tout aussi belle rosace.
Il mourut en 1267. Pierre de Montreuil
avait également achevé les chapelles et la porte rouge. De même, il commença le
remplacement des arcs-boutants du chœur.
Son successeur Pierre de Chelles
construisit le jubé et commença les chapelles du chevet en 1296.
Ces dernières furent achevées par Jean
Ravy qui fut maître d’œuvre de 1318 à 1344. Jean Ravy commença la construction
des admirables arcs-boutants du chœur d’une
portée de 15 mètres.
Il commença aussi la confection de la clôture
du chœur. En 1344, son neveu Jean le Bouteiller lui succéda jusqu’en 1363.
Après son décès, son adjoint Raymond du
Temple termina les travaux, et notamment la superbe clôture du chœur.
Représentation de l’enfer au bas des quatre dernières
voussures de droite : remarquez sur la cinquième voussure le diable couronné et
grassouillet écrasant trois damnés : un riche, un évêque et un roi. Jdresse
xve et xvie siècles
Les artistes de la Renaissance se
détournèrent de l'art gothique considéré
comme l'œuvre de barbares, aussi n'hésitèrent-ils pas à camoufler les piliers,
recouvrir les murs et arcades d'immenses tapisseries et tentures. La statuaire baroque envahit les nefs
chargées déjà de nombreux autels et pupitres, de tombeaux et cénotaphes.
Le Beau-Dieu de Notre-Dame de Paris qui se dresse au
trumeau du portail du Jugement Dernier est une des œuvres les plus remarquables
d’Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume. À l’arrière, sur les portes, les pentures
et leurs arabesques, sont une fort belle restitution du xixe siècle. — Jebulon
xviie et xviiie siècles
En 1625 est construite la fontaine du
Parvis Notre-Dame par l'architecte Augustin Guillain, elle est
destinée à alimenter les habitants de l'Île de la Cité en
eau courante.
En 1699, selon le souhait de Louis XIV et
le vœu de son père Louis XIII, on opéra de profondes
transformations dans la décoration intérieure de la cathédrale, notamment au
niveau du chœur.
L’architecte Robert de Cotte démolit le jubé (qui fut remplacé par une somptueuse
grille en fer forgé doré à la feuillure d’or), une partie des hauts-reliefs des
clôtures afin d’ouvrir le chœur sur le déambulatoire en les remplaçant par des
grilles, ainsi que des tombeaux pour permettre le réaménagement complet du
chœur dans le goût de l’époque, à l’instar de bon nombre d'autres cathédrales
gothiques dans toute l’Europe, au cours des xviie et xviiie siècles.
Abraham au paradis recueillant trois âmes pieuses dans
son giron - détail de l’extrémité inférieure de la deuxième voussure gauche du
portail. Contrairement aux grandes statues des piédroits, la statuaire des
voussures n’a pas été reconstituée au xixe siècle, mais date du tout début du
xiiie siècle. Vassil
De nouvelles stalles furent réalisées, ainsi qu’un nouveau
maître-autel pour lequel furent confectionnées les statues qui l’ornent encore
aujourd’hui, représentant Louis XIV renouvelant
le vœu de son père Louis XIII,
tous deux agenouillés devant la Pietà.
Bas-relief représentant une scène de l'enfer de
l'archivolte du Jugement Dernier (façade ouest de Notre-Dame de Paris) - Paris
IV - Mbzt —
En 1709, le chanoine Antoine de La Porte commanda au roi Louis
XIV six tableaux illustrant la vie de la Vierge pour la décoration du
chœur. Charles de la Fosse,
réalisa pour ce projet en 1715, L'Adoration des mages, aujourd'hui
conservé au Musée du Louvre.
Puis, en 1756, les chanoines jugeant l’édifice trop sombre
demandèrent aux frères Le Vieil de détruire
les vitraux du Moyen Âge et de les remplacer par du verre blanc ; après
quoi on badigeonna les murs de la cathédrale.
Le tympan du portail de la Vierge. Albertus teolog
Les rosaces furent cependant conservées. Enfin, à la demande du
clergé, Soufflot,
architecte de l'église de
Sainte-Geneviève, fit disparaître le trumeau et une partie du tympan du
portail central, orné du célèbre Jugement Dernier, pour laisser passer plus
aisément le dais des processions.
Les quatre grandes statues du piédroit de gauche du
portail de la Vierge refaites au xixe siècle représentent un roi non identifié
et saint Denis décapité, portant sa tête et entouré de deux anges.
En février 1791, par une suite de décrets de l'Assemblée
constituante pris sur une proposition de la mairie de Paris, la cathédrale Notre-Dame de
Paris devient le siège de la paroisse de la cité par transfert des prérogatives
exercées jusqu'alors par 10 petites églises de l'île.
Au cours de la Révolution française, de nombreux actes de
vandalisme visèrent la cathédrale : les rois de Juda de la galerie des
Rois de la façade furent décapités et enlevés — on croyait qu’il s’agissait des
rois de France représentés pour exalter la monarchie capétienne.
Les grandes statues du piédroit de droite du portail
de la Vierge représentent saint Jean-Baptiste, saint Étienne, sainte Geneviève
et le Pape Sylvestre. Elles ont aussi été refaites au xixe siècle. Remarquez à
gauche, près du vantail les bas-reliefs représentant des signes du zodiaque et
des travaux des mois. Ils datent du début du xiiie siècle.
On a retrouvé 21 des 28 têtes originelles
ainsi que de nombreux fragments en 1977, et ces têtes se trouvent actuellement
au musée national
du Moyen Âge.
Toutes les grandes statues des portails furent également
détruites, à l'exception de la Vierge du trumeau du portail du Cloître.
La tentation d’Adam au jardin d’Éden par le diable, en
l’occurrence la diablesse Lilith, grande séductrice dotée d’une queue de
serpent. Jebulon
Le Culte de la Raison fit son apparition à Notre-Dame de Paris
le 10 novembre 1793, avec la fête de la
Liberté ; par décret, la cathédrale devient un temple de la Raison. Ce culte fut organisé
par Pierre-Gaspard
Chaumette, et le maître-autel se vit ainsi transformé en
autel de la déesse
Raison.
Fin novembre de cette année, le culte catholique fut
d’ailleurs interdit à Paris. La cathédrale fut ensuite transformée en entrepôt.
Restauration du xixe siècle
Les quatre grandes statues du piédroit de gauche du
portail Sainte-Anne, anéanties à la Révolution ont été remplacées par celles-ci
qui datent du xixe siècle. De gauche à droite : Élie, la veuve de Sarepta,
Salomon et saint Pierre.
Restauration du xixe siècle
La cathédrale fut ensuite rendue au culte (définitivement
le 18 avril 1802, peu après la signature
du concordat de
1801).
On procéda rapidement à quelques réfections d'urgence si bien
qu'en décembre 1804, Napoléon Bonaparte put s’y sacrer empereur des
Français, en présence du pape Pie VII.
L’édifice avait été blanchi à la chaux pour la circonstance,
puis dissimulé sous des décors de Percier et Fontaine.
Une fois la paix retrouvée, la cathédrale était dans un tel état
de délabrement que les responsables de la ville commencèrent à envisager la
possibilité de l’abattre totalement.
Galerie avec les 28 rois ayant précédé le Christ. Dietmar
Rabich
Le grand romancier Victor Hugo, admirateur de l’édifice, écrivit
alors son roman Notre-Dame de
Paris (publié en 1831) qui eut un énorme succès et avait
notamment pour but de sensibiliser le public à la valeur d’un tel monument,
d'autant plus que l'année de la publication de son roman des émeutiers anti-légitimistes pillèrent la sacristie
et son trésor, brisèrent les vitraux et dévastèrent l'archevêché.
Il réussit à créer un large mouvement populaire d’intérêt en
faveur de la cathédrale. Son roman avait rendu vie à un monument alors
marginalisé et l’avait rendu plus familier aux Parisiens.
À cela s’ajoutait le
poids du nouveau courant européen appelé romantisme qui s’efforçait de donner aux
hommes une nouvelle conception du monde.
Par son roman, Victor Hugo contribua largement à sauver le
chef-d’œuvre meurtri d’un destin fatal.
Le sort de Notre-Dame focalisa différents courants de
pensée : les catholiques bien sûr qui désiraient réconcilier la France
avec la piété et la foi d’antan, les monarchistes aussi qui s’efforçaient de
renouer avec un proche passé, mais aussi le courant laïc.
Rosace ouest. Krzysztof Mizera
Le ministre des Cultes de l’époque
décida d’un grand programme de restauration. L’architecte Godde chargé jusqu’alors de l’entretien de
l’édifice et dont les méthodes de restauration faisaient l’unanimité contre
elles fut écarté.
On se tourna vers Jean-Baptiste-Antoine Lassus et Eugène Viollet-le-Duc qui s’étaient distingués
sur le chantier de la Sainte-Chapelle.
Ces derniers déposèrent un projet et un rapport, et ayant emporté l’appel d'offres en 1844, présentèrent en 1845 un budget de 3 888 500 francs, qu’ils durent réduire à 2 650 000, pour la réfection de la cathédrale et la construction d’une sacristie.
Vue du chevet de la cathédrale et de ses trois niveaux
de fenêtres. Les fenêtres des chapelles rayonnantes comme celles des tribunes
sont surmontées d’un gable. Il en va de même de la partie inférieure des culées
des grands arcs-boutants. Une frise de billettes court sous la balustrade
supérieure.
Photo: Myrabella
Ces derniers déposèrent un projet et un rapport, et ayant emporté l’appel d'offres en 1844, présentèrent en 1845 un budget de 3 888 500 francs, qu’ils durent réduire à 2 650 000, pour la réfection de la cathédrale et la construction d’une sacristie.
L'Assemblée nationale vota une loi
accordant cette somme et c’est ainsi
qu’après de longues années d’attente, la restauration put vraiment débuter.
Chevet avec la flèche et les grands arcs-boutants
datant du début du xive siècle.
Le maigre budget fut épuisé en 1850. Les
travaux s’arrêtèrent. Viollet-le-Duc dut présenter à plusieurs reprises de
nouvelles propositions afin que les travaux pussent se terminer.
Au total plus de douze millions de
francs furent ainsi octroyés. Lassus étant décédé en 1857, c’est lui seul qui
termina la restauration le 31 mai 1864.
La flèche de Notre-Dame, faite d'environ 500 t de bois
et 250 t de plomb,
elle culmine à 96 mètres (ici vue depuis le sud-est).
La construction de la sacristie se
révéla un gouffre financier.elle culmine à 96 mètres (ici vue depuis le sud-est).
Il fallut en effet descendre à neuf
mètres avant de rencontrer un terrain stable. Des maîtres-verriers pastichèrent
des vitraux du xiiie siècle en
réalisant les verrières des fenêtres hautes du chœur ou des baies des
chapelles, tels Antoine Lusson ou Adolphe Napoléon Didron.
L’état lamentable des maçonneries de la
cathédrale était généralisé, la porte rouge par exemple était en ruine.
La base de la flèche de Notre-Dame est entourée de
quatre groupes de statues de trois apôtres chacun, œuvres du sculpteur
Geoffroi-Dechaume. Ce groupe-ci, situé au nord-est est composé de saint Luc,
précédé de son bœuf symbolique et suivi de deux autres apôtres. Vassil
On ne comptait plus les pinacles brisés,
les gables effondrés.
Quant à la grande statuaire des portails et de la façade, il n’en restait plus
grand-chose.
Les restaurateurs durent effectuer un profond
travail de recherche afin de restituer (à l’identique si possible, ce qui
l’était rarement à l'époque) les parties dégradées, ce dont témoignent les
écrits et dessins de Viollet-le-Duc.
C’est la restitution du programme
sculpté de la cathédrale qui constitue la principale réussite des deux
architectes.
Nef vue d’ouest en est - Pedro Szekely
Ils ont d’emblée voulu reconstituer
toute l’ornementation sculpturale détruite en s’inspirant ou copiant des œuvres
de la même époque et restées intactes (Amiens, Chartres et Reims).
Pour ce faire les architectes réunirent
une équipe d’excellents sculpteurs sous la direction d’Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume.
Un vitrail de Notre-Dame, chapelle latérale sud. User:WeEnterWinter
Beaucoup d’entre eux provenaient de
l’atelier de David
d’Angers et se connaissaient. Plus de cent grandes statues
furent ainsi créées à destination de l’extérieur, dont les douze statues en
cuivre entourant la base de la flèche, œuvres de Geoffroi-Dechaume lui-même,
qui témoignent du grand talent de ce sculpteur Viollet-le-Duc
apporta un très grand soin à la réalisation de ces statues.
Elles étaient d’abord dessinées par ses
soins, puis une maquette grandeur nature en plâtre était réalisée.
On apportait alors les corrections
nécessaires jusqu’à ce que l’œuvre fût jugée satisfaisante. À ce moment
seulement, on procédait à la réalisation de la statue définitive en pierre.
Aucune liberté de création n’était
laissée aux sculpteurs dont le travail était totalement contrôlé par les
architectes.
Un détail de ce vitrail. Original téléversé par Lemmi
Lors de la restauration, la cathédrale
fut quelque peu remaniée. La rosace sud par exemple fut pivotée de quinze
degrés afin de la faire reposer selon un axe vertical, modification qui,
parfois critiquée, était motivée par la nécessité de consolider l’ensemble dont
la maçonnerie s’était affaissée.
Enfin quelques statues sorties de l’imagination
de l’architecte furent édifiées, telles les impressionnantes chimères contemplant
Paris du haut de la façade.
Vue de la tribune à claire-voie du chœur. Photo:
Myrabella
Le parvis de Notre-Dameest dégagé dans les années
1860-1870 par des travaux voulus par le Baron Haussmann, lors des transformations de Paris sous le Second Empire,
les préoccupations
hygiénistes d'Haussmann se conjuguant avec une nouvelle
conception artistique qui isole la cathédrale sur une place et dégage des
perspectives.
Ces travaux nécessitent la démolition de
l'ancien Hospice des Enfants-trouvés du xviiie siècle, devenu siège de l’administration de l'Assistance-publique, et
de l'ancien Hôtel-Dieu.
Après la construction de la Crypte archéologique, les contours des rues
médiévales et d’anciens bâtiments, comme l'église Sainte-Geneviève-des-Ardents,
disparue en 1747, ont été matérialisés sur le sol du parvis par des pavés de
couleurs claires.
Depuis la restauration
du xixe siècle
La croisée du transept et le départ du croisillon sud.
Au centre de la photo, contre le pilier sud-est de la croisée : la statue de la
Vierge du xive siècle appelée Notre-Dame de Paris, provenant en fait de la
chapelle Saint-Aignan hors de la cathédrale. À l’arrière-plan : le chœur avec
les stalles et la partie sud de la clôture du chœur. À gauche, contre le
pilier, le mémorial au million de morts britanniques de la Première Guerre
mondiale. Willtron
Peu de temps après, la Commune de 1871 faillit anéantir l’édifice. Des
émeutiers mirent le feu à quelques bancs et chaises, mais l’incendie fut vite
maîtrisé et ne causa que des dégâts très légers.
La cathédrale passa les deux guerres
mondiales sans problème notable.
En 1965, les douze fenêtres hautes de la nef
et les douze petites rosaces à alvéoles des tribunes furent garnies de 24 vitraux
colorés remplaçant les verres gris et ternes implantés par les chanoines
au xviiie siècle.
Non figuratifs, ils furent l’œuvre du
peintre-verrier Jacques Le Chevallier qui utilisa les produits
et couleurs du Moyen Âge.
L’ensemble utilisait une quinzaine de
tons, à dominante rouge et bleue (la graduation allant d’ouest en est du bleu
vers le rouge)
Les Grandes-Orgues de la cathédrale Notre-Dame de
Paris. Frédéric Deschamps
Dans les années 1990, les procédés modernes ont permis de redonner à la pierre extérieure de la cathédrale noircie par les siècles, sa pureté et une blancheur supposée d’origine.
On distinguait deux couches distinctes de pollution qui noircissait
la pierre :
·
une partie brune correspondant à la partie de la pierre exposée
à l’air et aux rayons du soleil ;
·
une couche noire de surface constituée de gypse (sulfate
hydraté de calcium) qui attirait les particules issues de la pollution de l'air
de Paris.
La crasse, représentant un danger pour la pierre, a
été éliminée.
Les sculptures ont été traitées par laser, micro-gommage et
compresses humides afin de pulvériser la poussière sans altérer la patine du
temps.
L'orgue de chœur, logé au-dessus des stalles, vu de la
tribune.
Photo: Myrabella
Les pierres trop détériorées ont été remplacées par d’autres,
identiques, prélevées en région parisienne dans des gisements de calcaire lutétien coquiller
semblable.
De plus, un réseau de fils électriques, invisibles depuis le
sol, a entraîné le départ des pigeons responsables d’altérations importantes au
niveau des pierres.
La réalisation de ce document a été parrainée par
Wikimédia France. (Proposez un projet !)
Lionel Allorge
À l'occasion du jubilé du 850e anniversaire de la
cathédrale, des travaux d'envergure sont menés dans la cathédrale
pour marquer son entrée dans le xxie siècle.
Les éclairages de la nef sont restaurés largement, permettant de
créer des ambiances propres aux visites, aux messes et aux concerts en soirée.
Le grand orgue voit dans une première phase sa console
totalement informatisée en 2013.
Dans un deuxième temps, en 2014, ses 12 000 tuyaux
sont tous nettoyés. Un système de prévention des incendies est mis en place,
avec de nouvelles serrures aux portes et un câblage spécifique installés.
Les fils traînant ici ou là à l'intérieur et à l'extérieur sont
également masqués en grande partie pour permettre une meilleure unité
architecturale.
L’arrivée des nouvelles cloches le 31 janvier 2013. Hélène
Combis-Schlumberger
Arrivée du nouveau carillon sur le parvis de
Notre-Dame avec en arrière plan le bourdon « Marie ».
Enfin, les tours de Notre-Dame sont garnies de neuf nouvelles
cloches, dont un bourdon, qui sonnèrent pour la première fois le 23 mars 2013. Elles donnent ainsi un nouvel ensemble
campanaire semblable à celui existant au Moyen Âge.
De novembre 2012 à décembre 2013, une structure provisoire de type beffroi, le
« Chemin du jubilé » est installé sur le parvis, suivant
l'ancienne rue Neuve Notre-Dame et
débouchant sur un belvédère et un gradin de 600 places donnant
une vue inédite de la façade de la cathédrale.
Elle est garnie des prénoms des employés de la cathédrale et des
saints de la liturgie chrétienne.
La pollution génère des dommages importants (chute de
gargouilles, ruine de pinacles…) qui conduisent en 2017 l'archevêché à lancer
un appel à des dons pour un montant espéré de 100 millions d'euros sur
20 ans afin de réparer la flèche dont il faut refaire l'étanchéité
(10 millions d'euros de travaux), pour la sacristie située tout à côté de
la cathédrale (10 millions), consolider les arcs-boutants du chevet (20 à
30 millions).
Sainte Geneviève rend la vue à deux aveugles - œuvre
d’Alfred Gérente - Cloître du Chapitre.
Jdresse
Événements historiques importants
Notre-Dame est le lieu historique d'un grand nombre d'événements
religieux et politiques de l’histoire de France.
·
En 1229, le Jeudi saint, Raymond VII de
Toulouse y fait amende honorable.
·
Saint Louis,
y dépose la couronne d'épines du Christ en
1239, en attendant l’achèvement de la construction de la Sainte-Chapelle.
·
Philippe le Bel y
ouvre les premiers états généraux du
Royaume de France en 1302.
·
Couronnement du roi Henri VI d'Angleterre en
1431, vers la fin de la guerre de Cent Ans (1337-1453),
à l’âge de dix ans. Il ne fut jamais
reconnu. Charles VII avait
déjà été couronné roi de France en 1429 à Reims.
·
En 1447, Charles VII célèbre
par un Te Deum la reprise de Paris.
·
Ouverture du procès de réhabilitation de
Jeanne d'Arc en 1456.
·
Mariage de Marie Stuart,
reine d'Écosse et du dauphin François (futur François II),
le 24 avril 1558
·
Mariage par procuration d’Élisabeth
de France avec Philippe II, roi
d'Espagne, le 22 juin 1559
·
Mariage de Marguerite
de Valois et de Henri de Navarre (futur Henri IV),
le 18 août 1572 (six
jours avant le massacre de
la Saint-Barthélemy)
·
Henri IV y
rend grâce pour la reconquête de Paris après cinq ans de soulèvement ligueur,
le 22 mars 1594
Le second reliquaire de la Sainte Couronne d’Épines,
réalisé en 1862 par Placide Poussielgue-Rusand.
PHGCOM
·
En 1660 : Te Deum célébré à l’occasion du mariage
de Louis XIV. Le duc
de Luxembourg, futur maréchal, surnommé le tapissier de
Notre-Dame, apporte ici les drapeaux ennemis.
·
Abjuration par Turenne de sa foi protestante en 1668.
·
Bossuet y
prononce l’Oraison
funèbre du Grand Condé en 1687
·
Le décadi 20 brumaire an II (10 novembre 1793),
Notre-Dame est transformée en temple de la Raison par
la Commune
de Paris, afin d'y pratiquer le culte
de la Raison et de l'Être suprême.
·
Napoléon Bonaparte s’y
sacre empereur des Français, en présence du pape Pie VII le 2 décembre 1804
·
Baptême du roi de Rome en juin 1811.
·
Le 8 mars 1835,
à la demande de Mgr de
Quélen, eut lieu la première conférence d’Henri Lacordaire dans le cadre des Conférences
de Carême de Notre-Dame, spécialement destinées à l’initiation de la
jeunesse au christianisme. Celles-ci, interrompues en 1836, reprennent à partir
de 1841 et se poursuivent jusqu’à nos jours.
·
Mariage de Napoléon III le 30 janvier 1853
·
Baptême du Prince
impérial en 1856.
Vue de Notre-Dame pendant un office religieux. Cezary
Piwowarski
·
Le 19 juillet 1896,
obsèques du marquis de Morès tué
par des rebelles en Tunisie.
·
Accueil solennel du maréchal Pétain, en avril 1944,
par le cardinal Suhard,
archevêque de Paris. Célébration des obsèques de Philippe Henriot, par le même archevêque, en
juin 1944.
·
Le 26 août 1944 un Magnificat est chanté pour la Libération de Paris,
en présence du général de Gaulle et du général Leclerc.
·
Le 9 mai 1945,
le cardinal Suhard, accueille le général de Gaulle ainsi que les membres du
gouvernement et les ambassadeurs des États-Unis, d’URSS et de Grande-Bretagne à
la cathédrale. L’archevêque y célèbre un office au cours duquel un Te Deum d’action de grâces pour la
victoire est chanté, suivi de l’exécution de la Marseillaise aux grandes orgues.
·
Obsèques nationales de : Maurice Barrès (1923), maréchal Foch (1929), maréchal Joffre (1931), Raymond Poincaré (1934), maréchal
Leclerc de Hautecloque (1947), maréchal de
Lattre de Tassigny (janvier 1952), Paul Claudel (février 1955), maréchal Juin (1967).
·
Cérémonies d’hommage national : Charles de Gaulle ,
Georges Pompidou (avril 1974), François Mitterrand (janvier 1996).
Notre-Dame de Paris dans une enluminure de Jean
Fouquet (xve siècle) : La Main de Dieu protégeant les fidèles - Heures
d’Étienne Chevalier, New York, The Metropolitan Museum of Art.
·
1980 et août 1997,
visites du pape Jean-Paul II.
·
26 janvier 2007,
funérailles de l’abbé Pierre.
·
Septembre 2008,
visite du pape Benoît XVI.
·
22 octobre 2008,
messe de Requiem le jour des obsèques de Sœur Emmanuelle.
·
Cérémonie œcuménique le 3 juin 2009 pour
les victimes du vol 447 Air France Rio-Paris.
·
Le 21 mai 2013,
l’écrivain essayiste Dominique Venner se suicide en se tirant
une balle dans la tête devant l’autel. Aussi: le 11 février 1931,
une jeune intellectuelle mexicaine en exil à Paris se
tire une balle en plein cœur dans la cathédrale.
·
15 novembre 2015,
messe d'hommage aux victimes des attentats
commis à Paris l'avant-veille, après que le glas a sonné durant un
quart d'heure.
Incendie du 15 avril 2019
Le 15 avril 2019, un incendie se
déclare alors que des travaux sont effectués sur l'édifice.
Le sinistre détruit la toiture de la cathédrale, ainsi que la
flèche et la charpente du xiiie siècle.
Structure
et dimensions
Comme la plupart des cathédrales françaises, Notre-Dame de Paris
a un plan en forme de croix latine. La nefcomporte
dix travées, le chœur cinq.
L’axe de celui-ci est légèrement dévié vers la gauche (nord) par rapport à
l’axe de la nef. L’abside est semi-circulaire à cinq pans.
La nef est flanquée de doubles collatéraux qui
se prolongent par un double déambulatoire, le tout avec chapelleslatérales (sauf sur les trois
premières travées) et rayonnantes (soit
29 au total, comportant un total 37 travées quadrangulaires).
La cathédrale peut contenir jusqu’à 9 000 personnes
dont 1 500 dans les tribunes.
Principales dimensions :
·
longueur : 127 mètres
·
largeur : 48 mètres
·
hauteur des tours : 69 mètres
·
hauteur de la flèche : 96 mètres
·
largeur de la façade : 43,5 mètres
·
hauteur de la façade sans les tours : 45 mètres
·
longueur du chœur: 38 mètres
·
largeur du chœur: 12 mètres
·
longueur de la nef : 60 mètres
·
largeur du vaisseau central de la nef : 13 mètres
·
largeur de chacun des collatéraux : 5,9 mètres
·
hauteur sous toit de la nef : 43 mètres
·
hauteur sous voûte de la nef et du chœur : 33 mètres
·
hauteur sous voûte des collatéraux extérieurs :
10,1 mètres
·
hauteur sous voûte des collatéraux intérieurs :
10,5 mètres
·
hauteur sous voûte des tribunes : 8 mètres
·
hauteur des clochers : 69 mètres
·
profondeur (largeur) des tribunes : 5,9 mètres
·
longueur du transept: 48 mètres
·
largeur du transept : 14 mètres
·
nombre de fenêtres : 113
·
nombre de colonnes et piliers : 75
·
superficie intérieure : 4 800 m2
·
superficie totale : 5 500 m2 (à
comparer aux 7 700 m2 d’Amiens)
·
superficie des points d'appui : 816,4 m2
·
diamètre des rosaces nord et sud : 13,10 mètres
(contre 13,36 mètres pour la grande rosace de Notre-Dame
de Chartres)
·
diamètre de la rosace ouest : 9,70 mètres
Bien que construite après le chœur, la nef relève du premier
style gothique, avec voûtes sexpartites,
cependant sans alternance de piles fortes et de piles faibles comme on le voit
à la cathédrale
Saint-Étienne de Sens.
Le transept, bien
identifiable de l’extérieur du monument, ne fait pas saillie par rapport aux
collatéraux et aux chapelles latérales. Il n’a pas de collatéraux.
Hormis le transept, l’élévation intérieure est à trois niveaux,
avec grandes arcades, tribunes et fenêtres hautes.
Dans les deux premières travées des deux bras du transept,
l’élévation est cependant à quatre niveaux. Au xixe siècle,
le restaurateur Viollet-le-Duc entreprit de « corriger » la
dixième travée de la nef, en y recréant les quatre niveaux tels qu’ils se
présentaient avant les modifications apportées dans les années 1220 au plan
initial.
Depuis lors, certains spécialistes estiment que cette dixième
travée est l’œuvre de Viollet-le-Duc, affirmation peut-être exagérée dans la
mesure où seule la partie supérieure a été transformée. Cette modification
délibérée a justifié des vives critiques à son encontre.
Les façades nord et sud du transept présentent de magnifiques rosaces ornées
de vitraux, parmi les plus grandes d’Europe
(diamètre : 13,1 m).
Matériaux
de construction
La cathédrale est essentiellement bâtie en pierre de taille provenant des
anciennes carrières
de Paris, situées dans le 5e arrondissement dans
un premier temps (lors de la construction du chœur), puis plutôt dans le 12e arrondissement et
à Charenton (lors
de la construction de la nef).
On y exploitait des formations calcaires de grande
qualité : les calcaires du Lutétien,
datant de 40 à 46 millions d'années, très caractéristiques de l'architecture de
toute la région parisienne.
Les calcaires lutétiens
ne sont pas présents partout, ils forment un étage géologique de quelques
mètres d'épaisseur seulement à Paris, constitué de couches superposées
et aux propriétés (texture, dureté) forts différenciées d'un banc à l'autre, et
dont une partie seulement est utilisable.
À l'époque gothique, on utilisait ces pierres depuis déjà plus
d'un millénaire, depuis l'époque gallo-romaine, et on disposait donc d'une
bonne connaissance des propriétés et du comportement de chacune des variétés
vis-à-vis du vieillissement et des intempéries.
Cette expérience a été mise à profit pour la construction de la
cathédrale.
Les calcaires tendres, notamment des « lambourdes »,
ont été utilisés pour l'intérieur des murs et pour l'architecture abritée,
comme les voûtes ou les arcades des tribunes.
En revanche les calcaires coquillers durs (calcaires à cérithes, des coquilles coniques de
gastéropodes fossilisées qui se sont déposées près du littoral au Lutétien), issus des « bancs
francs » dans les carrières, ont été utilisés pour les pierres exposées à
l'extérieur, ainsi que pour les assises des fûts des grosses colonnes à
l'intérieur, qui doivent supporter du poids.
Durant l'époque moderne, le calcaire dur à cérithes était
surtout utilisé à Paris pour les soubassements des bâtiments, mais plus guère
pour l'élévation.
Le « liais »,
un calcaire lutétien dur et au grain très fin à cérithes et à petites milioles, dont la consistance se rapproche un
peu du marbre, est de par sa densité, propice à la mise en œuvre en délit, si bien qu'il a été utilisé surtout
comme pierre statuaire (comme la célèbre statue d'Adam), et quelques petits
éléments architecturaux, comme les colonnettes monolithiques des tribunes et
celles qui longent les piliers dans la nef (mais pas dans le chœur), ainsi que
pour les meneaux et les remplages des fenêtres.
Mais le liais n'étant présent qu'en un banc de faible épaisseur
dans les carrières (30 à 40 cm d'épaisseur), il a déterminé le format allongé
des sculptures, et il a été utilisé en délit (la stratification naturelle de la
pierre est disposée verticalement, et non horizontalement dans le sens
naturel). Cette disposition n'offre qu'une faible capacité de charge41.
Les calcaires lutétiens des carrières de Paris étaient réputés
au Moyen Âge et exportés loin de Paris, en particulier le liais pour la
sculpture gothique. On en retrouve à Chartres et
à Auxerre par
exemple42.
Extérieur
Parvis
Le parvis est la grande esplanade sur laquelle s'ouvre la
cathédrale. Le mot parvis vient du latin paradisius, paradis.
Lorsque la cathédrale fut construite, le
parvis était assez étroit. La cathédrale était située parmi d’innombrables
bâtiments en bois de petite taille, telles que des maisons, boutiques et
auberges. Une fontaine s'y
trouvait de 1625 à 1755.
Le parvis conserva des dimensions
modestes jusqu’au xviiie siècle, époque à
laquelle l’architecte Beaufrand l’agrandit. Il fut remodelé à plusieurs
reprises par la suite, notamment depuis 1960.
On trouve sur le parvis le point de départ des
quatorze routes
nationales rayonnant depuis Paris, à quelques mètres de
l'entrée de la cathédrale.
Depuis le xixe siècle, de nombreuses fouilles archéologiques ont été entreprises
sous le parvis de Notre-Dame de Paris, dont deux campagnes plus
importantes : la première eut lieu en 1847 et fut menée par Théodore Vacquer, la
seconde plus récente de 1965 à 1967 fut
dirigée par Michel Fleury.
Ces fouilles ont permis de mettre au
jour d’importants vestiges gallo-romains et du haut Moyen Âge, et notamment les
fondations d’un grand édifice religieux de forme basilicale à cinq nefs.
Ces vestiges seraient ceux de la
basilique Saint-Étienne, construite au ive siècle ou au vie siècle et qui
était la cathédrale précédente.
Une crypte a été aménagée afin de
préserver l’ensemble de ces substructions et de les rendre accessibles au
public : on l’appelle Crypte
archéologique du parvis Notre-Dame. Depuis l’été 2000,
elle est gérée par le musée Carnavalet.
Tours
Les deux tours carrées de la façade occidentale ne sont pas
exactement jumelles bien que construites sur un modèle identique : une
base pleine surmontée des étages caractéristiques de l'élévation de la façade
et un dernier étage dont les quatre faces sont percées de deux hautes et
longues baies à voussures brisées
ornées de boudins et de crochets.
Une double ligne de gros crochets feuillus cerne le sommet de ces tours
couvertes d'une terrasse de plomb bordée par une balustrade ajourée.
La tour nord (gauche) d'époque un peu plus récente (construite
de 1235 à 1250 environ) est légèrement plus forte et plus large que la tour sud
(elle daterait de 1220 à 1240 environ), ce qui se remarque facilement en
observant l’ensemble depuis le centre du parvis. À cette différence correspond,
au niveau de l’étage du balcon de la Vierge situé sur la façade, une largeur
nettement plus importante du contrefort nord de la tour nord par rapport au
contrefort sud de la tour sud.
Au fil des ans, il a été suggéré à plusieurs reprises que les
plans originaux de Notre-Dame, que nous ne possédons plus, prévoyaient deux
flèches qui s’élèveraient des tours. Les solides clochers auraient pu sans
aucun doute supporter de telles structures.
Mais ce n’est pas pour autant qu’ils étaient censés être dotés
de flèches.
La cathédrale d’Amiens ainsi
que d’autres cathédrales suivirent le modèle de Notre-Dame et ne possèdent pas
non plus de flèches (il est vrai que la cathédrale
de Reims aurait dû en posséder, selon les plans initiaux, mais
elles ne furent jamais achevées.
Quant à la cathédrale d’Amiens, les tours n’ayant qu’une
profondeur de 6 mètres ne pouvaient supporter de telles structures).
Pendant la restauration qui eut lieu entre 1844 et 1864, l’idée
des flèches fut à nouveau suggérée.
Le restaurateur Viollet-le-Duc,
voulant faire échouer le projet, dessina un plan très précis de la cathédrale
avec de telles flèches afin de montrer à la population le résultat peu
esthétique auquel ce projet aboutirait.
Certains experts ont affirmé depuis, sur la base de ses plans et
de ses écrits, que Viollet-le-Duc était
lui-même en faveur de ces flèches.
Entre les deux tours, à l’arrière de la galerie supérieure de la
façade faite d’une colonnade, et à l’avant du pignon de la nef, il existe une
sorte d’esplanade, toit plat qu’on appelle l’aire de plomb ou la cour des
réservoirs.
Des plaques de plomb la recouvrent, et des bassins y ont été
aménagés qui contiennent de l’eau utilisable rapidement en cas d’incendie.
En arrière de l’aire de plomb s’élève le grand pignon triangulaire
qui termine à l’ouest le comble de la nef : sur sa pointe, un ange sonne
la trompette.
Les tours de la cathédrale, hautes de 69 m, sont accessibles au public et
offrent une vue imprenable sur Paris.
La tour sud abrite un escalier de 387
marches. Au premier étage, au niveau
de la galerie des rois et de la rosace, se trouve une grande salle gothique comportant
un comptoir d’approvisionnement pour touristes et visiteurs.
On peut y voir en plus diverses statues originales de la
cathédrale ainsi que des toiles de Guido Reni, Charles André van Loo, Étienne Jeaurat et Lodovico Carracci.
Façade ouest
La façade correspond en grande partie à
la vision d’Eudes de Sully, évêque de Paris de 1197 à 1208.
L'architecte des années 1200 adopte le
parti traditionnel de la « façade harmonique » (façade symétrique et
tripartite : soubassement percé de trois portails, le central plus large,
les deux latéraux surmontés de puissantes tours abritant les cloches) mais la
division horizontale tripartite ne reflète pas la division interne de l'édifice
à cinq nefs.
Sa construction dura un demi-siècle, de
1200 à 1250. Sa composition architecturale est une conception géométrique
simple.
Elle a une largeur de 43,5 mètres (135 pieds-du-roi) et une hauteur de
45 mètres (141 pieds), mis à part la hauteur des tours.
Elle comporte, de bas en haut, l’étage
des trois portails et des quatre statues dans les niches sur les contreforts
(il s’agit, de gauche à droite de saint Étienne, puis de deux allégories, l’Église et
la Synagogue, et très
vraisemblablement de saint
Denis), la galerie des rois, puis un étage occupé au centre par la
rosace ouest de 9,6 m de diamètre qui semble auréoler la statue de
la Vierge
à l'Enfant, avec des deux côtés sous les tours, des fenêtres
géminées surmontées de petites rosaces sous un arc en tiers-point, enfin un dernier étage de
colonnades couronné de la galerie des chimères(animaux
aux angles de la balustrade), reliant les deux tours et qui se prolonge sur les
quatre faces de ces dernières.
Au-dessus de l’ensemble, au nord et au
sud, se trouvent les tours elles-mêmes, à toit plat.
La façade, à la fois rigoureuse et
linéaire, met en valeur de façon étonnante le cercle du vitrail de la rosaceinscrit au centre d’un carré de plus de
40 mètres de côté.
Juste au niveau surplombant les trois
portails, on observe la galerie des Rois de Juda (et
non pas des rois de France). Ces reconstitutions sont l’œuvre de Viollet-le-Duc (il s’y est d’ailleurs lui-même
représenté) et les fragments originaux peuvent être observés au musée national du Moyen Âge à l’hôtel de Cluny à
Paris.
La façade est soutenue à l’extérieur par
quatre contreforts,
deux pour chaque tour, encadrant les trois portails. Sur ces
contreforts, des niches abritent quatre statues refaites au xixe siècle par l’équipe de
restaurateurs de Viollet-le-Duc.
Portail du Jugement
Dernier
Il s’agit du portail principal de la cathédrale.
La sculpture du tympan date des années 1210. Elle représente d’une manière
étendue les scènes du jugement dernier – lorsque, selon la tradition
chrétienne, les morts ressuscitent et sont jugés par le Christ.
Sur le linteau,
on peut voir les morts sortir de leurs tombes. Ils sont réveillés par deux
anges qui, de chaque côté, sonnent de la trompette.
Parmi ces personnages, tous vêtus, on peut voir un pape, un roi,
des femmes, des guerriers, et même un noir d’Afrique.
Sur le registre suivant, l’archange saint Michel utilise
une balance pour peser les péchés et les vertus.
Deux démons essayent de faire pencher l’un des
plateaux de leur côté. Les élus sont à gauche, tandis qu’à droite les damnés
enchaînés sont menés en enfer, poussés par d’autres démons, laids, cornus et aux regards
diaboliques.
Les expressions de ces damnés sont rendues avec
un rare talent : la terreur et le désespoir se lisent sur leur visage.
Sur le registre supérieur, le Christ, le
torse à moitié nu pour montrer ses plaies, préside cette cour divine. Deux
anges, debout, à droite et à gauche, tiennent les instruments de la Passion.
De chaque côté, la Vierge Marie et saint Jean sont placés à genoux et
implorent la miséricorde du Christ.
Les claveaux inférieurs
des voussures sont occupées, du côté des
damnés par des scènes de l'enfer, et du côté des élus, par les patriarches,
parmi lesquels on voit Abraham tenant des
âmes dans un repli de son manteau.
Il s’agit là d’une démonstration bien concrète de l’imagerie
chrétienne développée au Moyen Âge par l’Église, qui influence alors
grandement le peuple.
Encore, à cette époque la scène était entièrement peinte et
dorée. Groupé au paradis sur les premières voussures, l’ensemble des anges qui
regardent la scène du Jugement a plutôt l’air curieux et étonné de voir ce qui
se passe.
L’impression générale qui se dégage de l’imagerie est loin
d’être pessimiste.
L’enfer n’occupe qu’une
très petite partie de l’ensemble et tout est fait pour souligner la miséricorde
du Seigneur.
La Vierge Marie et les saints du paradis, symbolisés par saint
Jean, intercèdent pour nous, et l’image de Jésus, qui domine la scène montrant
ses plaies, nous rappelle qu’il est venu sur terre en tant que Rédempteur, pour
racheter nos péchés.
La scène du Jugement Dernier figure également sur de nombreuses
autres cathédrales gothiques et notamment à la cathédrale de Chartres,
ainsi qu’à celles d’Amiens,
de Laon,
de Bordeauxet
de Reims.
Ce portail, dont la magnifique scène du Jugement qui le
surmonte, connut d’importantes déprédations au cours de la seconde moitié
du xviiie siècle.
En 1771, sur commande du clergé, Soufflot le
mutila sérieusement, supprimant les trumeaux et entaillant les deux linteaux en
leur centre.
Lors de la restauration du xixe siècle,
Viollet-le-Duc enleva les parties latérales restantes des linteaux et les
déposa au musée.
Puis il reconstitua de manière admirable l’ensemble du Jugement
Dernier, y compris les parties manquantes, aidé en cela par des dessins
effectués avant les transformations de Soufflot.
Ainsi seule la partie supérieure de la scène date du xiiie siècle,
les deux parties inférieures étant modernes. Par contre les voussures entourant le tympan, et leurs
sculptures sont d’époque, elles aussi.
Le trumeau fut également reconstitué par l’équipe de
restaurateurs.
La grande statue qui y figure, celle du « Beau Dieu » est l’œuvre d’Adolphe-Victor
Geoffroy-Dechaume d’après le dessin — maintes fois remanié — de
Viollet-le-Duc. Il est placé sur un socle où sont sculptés les arts libéraux.
Quant aux douze grandes statues des Apôtres installées sur les deux piédroits du portail
(2 × 6 statues), fracassées en 1793 par les révolutionnaires
comme presque toutes les autres grandes statues de la cathédrale, elles sont
également des reconstitutions du xixe siècle,
d’ailleurs admirablement refaites.
On reconnaît successivement à gauche saint Barthélemy, saint Simon, saint Jacques le Mineur, saint André, saint Jean et saint Pierre. À
droite : saint Paul, saint Jacques le Majeur, saint Thomas, saint Philippe, saint Jude et saint Matthieu.
Au piédroit gauche, du côté du Paradis, figurent les vierges
sages, alors qu’au piédroit opposé, on peut voir les vierges folles.
Les sculptures de ces vierges ont également été refaites
au xixe siècle.
Sous les grandes statues des piédroits on peut admirer deux bas-reliefs conçus sous forme de
médaillons, l’un à gauche, l’autre à droite, superposant des représentations
des Vertus et des Vices, et ce d’après des scènes de la vie, facilement
compréhensibles par le peuple chrétien de l’époque.
La Douceur par exemple utilise le symbole du mouton, la Force
est représentée par une armure, la versatilité nous montre un moine jetant son
froc aux orties, etc.
Cette thématique est reprise dans la rosace ouest. Toutes ces
scènes ont également près de huit siècles d’âge.
On serait incomplet en ne mentionnant
pas le fait que ce portail est de loin l’endroit le plus populaire, le plus
visité et le plus admiré de toute la cathédrale, ce dont témoignent les
innombrables photographies qui en sont prises.
Tout concourt en effet à attirer les
foules, chrétiennes ou non, du monde entier : l’admirable équilibre et
l’extrême lisibilité du sujet, au centre d’une façade perçue à juste titre
comme de toute beauté.
Ajoutons à cela l’incontestable réussite
de la restauration du xixe siècle qui fait
qu’à part les spécialistes et les initiés, il est presque impossible de
distinguer ce qui date du xiiie siècle, de ce
qui fut recréé à l’époque de Viollet-le-Duc et de son équipe, et qui,
respectueux de l’esprit de l’époque, se fond presque parfaitement dans
l’ensemble voulu au Moyen Âge.
Portail de la Vierge
Ce portail est dédié à la Vierge Marie. Il est un peu plus ancien que le
portail du Jugement Dernier et date des années 1210.
Gravement endommagé en 1793 (les neuf grandes statues avaient
été détruites), il a fait l’objet d’une remarquable restauration au xixe siècle,
grâce à une abondante documentation qui a servi de base à la restitution des
statues.
Dans le mur de la façade, autour des arcs du tympan, on
remarque une cannelure pointue.
Les bâtisseurs voulaient que ce portail fût différent des autres en l’honneur
de la Vierge, à laquelle la cathédrale est dédiée.
Le portail comporte deux linteaux.
Au linteau inférieur, des rois d’Israël et des prophètes entourent l’Arche d’alliance.
Celle-ci se trouve juste au-dessus du dais recouvrant la statue
de la Vierge à l’enfant, foulant aux pieds le serpent, symbole de Satan, et
située au trumeau du portail (refaite au xixe siècle).
Le linteau supérieur représente la « dormition »
(mort) de la Vierge. Deux anges la sortent- ou la mettent? - du tombeau, en
présence du Christ qui bénit sa mère et montre de la main gauche le ventre où
la Parole de Dieu prit chair.
Les apôtres y compris saint Paul entourent la défunte. Aux deux
extrémités, saint Paul et saint Jean sont représentés abrités
respectivement par le figuier et l'olivier.
Au sommet du tympan, on
assiste au couronnement de la Vierge Marie. Celle-ci est assise à la droite
du Christ ;
et un ange, se trouvant au-dessus d’elle, place une couronne en or sur sa tête.
Les voussures encadrant
le tympan sont occupées par des prophètes, des rois, des anges et des
patriarches.
Les grandes statues des piédroits représentent
notamment des saints parisiens. À gauche se trouvent un empereur (non
identifié) et saint Denis décapité,
portant sa tête et entouré de deux anges.
À droite : saint Jean-Baptiste, saint Étienne, sainte Geneviève et le Pape Sylvestre. Les bas-reliefs mutilés des
niches situées sous ces statues représentent des scènes de leur vie respective.
Particularité intéressante de ce portail : les faces
latérales du trumeau, ainsi que les parties centrales des piédroits situées
près des vantaux sont constituées d’une série
de bas-reliefs représentant le zodiaque, les travaux des mois chez les
pauvres et chez les riches, les saisons et les âges de la vie, le tout
magnifiquement traité.
Lilith et le péché originel
Enfin la partie inférieure du trumeau, sous les pieds de la
Vierge est ornée d’un superbe bas-relief en trois séquences
représentant le passage d’Adam et Ève au jardin d’Éden ou paradis terrestre, et la tentation d’Adam
suivie du péché originel.
La première scène nous montre Dieu prélevant une côte à Adam endormi
au pied d’un arbre, et transformant la côte en Ève, afin qu’il eût une compagne « semblable
à lui » comme dit le texte..
La seconde partie du bas-relief représente le péché originel.
Le couple se trouve aux pieds de l’arbre
de la connaissance du bien et du mal aux fruits défendus. Le
diable a la forme d’une femme séduisante munie d’une longue queue de serpent.
Il s’agit peut-être
de Lilith, personnage biblique absente de
la bible canonique,
mais présente dans les écrits rabbiniques du Talmud de Babylone.
D’après la tradition juive, elle serait la première épouse
d’Adam qui aurait quitté le paradis terrestre à la suite de son refus de se
soumettre à ce dernier en adoptant la position inférieure lorsqu’ils faisaient
l’amour. Elle refusa ensuite d’obéir à Dieu qui lui intimait l’ordre de se
soumettre à Adam.
Chassée de la surface de la Terre, cette séductrice perverse
finit par devenir diablesse et favorite de Lucifer.
Elle revint tenter le couple dont elle était jalouse, afin de
précipiter leur malheur. Cette idée est toutefois remise en cause par le fait
qu'il est très rarement fait mention de Lilith dans les sources chrétiennes
contemporaines.
Enfin la dernière scène de ce bas-relief représente l’expulsion
des premiers hommes hors du jardin d’Éden.
Il s'agit du mythe expliquant le passage de la Nature à la
Culture, (selon Lévy-Strauss) l'Homme quittant là le statut animal.
Dieu avait averti le serpent que la femme serait dorénavant sa
pire ennemie et lui écraserait la tête. Le fait d’avoir précisément placé cette
scène sous les pieds de la Vierge Marie, elle qui réhabilite totalement la
femme et est nommée "nouvelle Eve, est hautement symbolique.
Portail Sainte-Anne
Le portail Sainte-Anne est dédié à la vie
de sainte Anne, la
mère de la Vierge. Il est en
fait récupéré de l’église antérieure à la cathédrale actuelle.
Il est constitué en grande partie de pièces
sculptées vers 1140-1150 pour un
portail plus petit. On peut donc distinguer dans l’ornementation du portail
Sainte-Anne des pièces du xiie siècle (le tympan et la
partie supérieure du linteau, deux tiers
des sculptures des voussures de l’archivolte, les huit
grandes statues des piédroits,
le trumeau), et d’autres du xiiie siècle (partie
inférieure du linteau et les autres statues des voussures de l’archivolte).
Ces dernières ont été sculptées pour faire le
raccord.
Le trumeau du portail présente une
grande statue de saint
Marcel, évêque de Paris, foulant aux pieds le dragon de la légende.
C’est en fait une copie effectuée
au xixe siècle.
L’original se trouve dans la salle haute aménagée dans la tour nord. En 1793,
la statue de saint Marcel du trumeau fut mutilée (visage) et les huit statues
des piédroits déposées.
Les couronnes furent également
endommagées. Fort heureusement certains fragments furent redécouverts plus tard
(dont un grand nombre en 1977), si bien qu’aujourd’hui on a pu reconstituer
plus ou moins au musée de Cluny le portail d’avant la Révolution.
Les huit grandes statues des piédroits que
l’on peut admirer actuellement datent du xixe siècle. Elles représentent de gauche à droite et
successivement : Élie,
la veuve de Sarepta, Salomon et saint
Pierre. Puis saint Paul, David, les
sibylles, « prophètes » du Christ,
et Isaïe.
Les deux linteaux ont été très visiblement sculptés à des
dates différentes et par des sculpteurs de style fort différent.
Le linteau inférieur constitue une pièce
de raccord entre les deux portions du portail datant de l’époque de l’église
antérieure. Il a été ajouté lorsque le portail fut remonté au début du xiiie siècle.
Il présente une série de personnages aux
formes lourdes possédant une tête disproportionnée et vêtus de draperies trop
grandes.
Sur le linteau supérieur se trouvent des
scènes de la vie de sainte Anne et de la Vierge. Au-dessus des deux linteaux,
le tympan présente une Vierge en
majesté.
Ce portail est connu principalement en
raison de la polémique concernant deux des personnages figurant sur ce tympan.
Autour du groupe comprenant la Vierge
majestueuse tenant Jésus-Christ enfant
dans ses bras et deux anges, se trouvent deux personnages : un évêque et
un roi.
La tradition veut que ces personnages
représentent l’évêque Maurice de Sully,
fondateur de Notre-Dame, et Louis
VII, roi de France à l’époque.
Mais certains experts mettent en doute
cette théorie et soutiennent que le personnage religieux est saint Germain,
évêque de Paris au vie siècle, et que
le roi est Childebert Ier,
fils de Clovis.
D’autres experts affirment même que ces personnages ne peuvent pas être
identifiés.
Enfin les deux vantaux de la
porte sont dotés d’admirables pentures,
chefs-d’œuvre de la serrurerie-ferronnerie du xiie siècle.
Entre les portails
Les trois portails sont bordés de quatre
statues (une statue entre chaque portail).
Aux deux côtés du portail du Jugement
dernier on peut reconnaître, à gauche, l'Église,
et la Synagogue à droite.
Cette dernière est une caricature des
autres Synagogues (statues des cathédrales de Reims et de Strasbourg) dans le
sens où son bandeau sur les yeux est un serpent.
Galerie des rois
À vingt mètres du sol, une série de
vingt-huit personnages royaux représente les vingt-huit générations des rois
de Judée qui ont
précédé le Christ.
Chaque statue mesure plus de trois
mètres cinquante de haut. Les têtes des statues datent du xixe siècle et sont le produit des
ateliers de sculpture de restauration placés sous la direction de Jean-Baptiste Lassus et Viollet-le-Duc à partir de 1844.
En effet, les statues d’origine furent
décapitées en 1793 pendant la Révolution française par les sans-culottes, qui,
à tort, croyaient qu’elles représentaient des souverains du royaume de France.
Il ne reste aujourd’hui que des fragments des statues médiévales.
Vingt-et-une têtes originales ont été
retrouvées en 1977, à l'occasion de travaux entrepris pour la rénovation de
l'hôtel Moreau, rue de la Chaussée-d’Antin dans le 9e arrondissement de Paris, et sont actuellement
exposées au musée national du Moyen Âge (musée de Cluny)58. Bien que mutilées
par leur chute, elles ont conservé des traces de polychromie (du rose sur les
pommettes, du rouge pour les lèvres, du noir pour les sourcils, etc.).
La galerie penche de 30 cm à
droite comme à gauche, le sous-sol très instable étant probablement à l'origine
d'une instabilité de l'édifice dès le début du xiiie siècle.
Lors de la restauration de la galerie
des rois en 1998-1999 sont apparus des inscriptions sur les bases de trois
statues de rois :
·
statue d'Achab : « Pierre Émile Queyron, 1er inspecteur
de Notre-Dame portrait par Chenillon son ami - 1860 »,
·
statue d'Éla : « Le visage de cette statue est le portrait de
Viollet-le-Duc, architecte de Notre-Dame en 1858 sculpté par Chenillon »,
·
statue d'Amasias : « Antoine Lassus, architecte de Notre-Dame,
mort en 1857 portrait par L. Chenillon son ami - 1859 ».
Les statues de la galerie des rois ont
été commencées une dizaine d'années après le début des restaurations de Lassus
et Viollet-le-Duc par une équipe entourant Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume.
Galerie de la Vierge
La galerie des Rois est surmontée d'une
petite terrasse bordée d'une balustrade à jour qui forme la galerie de la
Vierge.
Cette statue de la Vierge consacre
la totalité de la façade à la mère du Christ entourée
de deux anges avec des chandeliers, symbolisant d'un côté la Faute, de l'autre
la rédemption.
Elle fut commandée par Viollet-le-Duc pour remplacer la statue
originale de l’époque médiévale, sévèrement endommagée par les années et les
conditions climatiques, et réalisée en 1854 par Geoffroy-Dechaume.
La rosace ouest se trouvant derrière cette statue
constitue une auréole magnifique. Viollet-le-Duc plaça également des statues d’Adam et Ève (sculpté par Jean-Louis Chenillon)
devant les trumeaux des baies géminées
de chaque côté de la rosace.
Il s’agit là, d’après la plupart des
experts, de l’erreur principale de Viollet-le-Duc dans une restauration qui, sinon,
peut être qualifiée de remarquable.
Tout semble prouver qu’aucune statue
n’ait existé à cet emplacement. Les statues d’Adam et Ève auraient en fait dû être placées dans
les niches de la façade intérieure du bras sud du transept.
Rosace ouest
Cette rosace semble
énorme, mais bien qu’elle soit de dimension non négligeable, il s’agit en fait
de la plus petite des trois rosaces de
la cathédrale.
Elle mesure neuf mètres soixante de diamètre. Elle fut presque
entièrement refaite par Viollet-le-Duc lors de la grande restauration du xixe siècle.
Au centre : la Vierge.
Tout autour on peut voir les travaux des mois, les signes du
zodiaque, les Vertus et les Vices ainsi que les prophètes.
Façades latérales de la cathédrale
Certains pensent même que les travaux
débutèrent dès 1175, avant la consécration. Les travaux
s’arrêtèrent après la quatrième travée laissant
inachevée la nef tandis qu’on commença l’édification de la façade en 1208.
L’édification de la nef fut reprise en
1218 afin de contrebuter la façade.
À la fin des années 1220, le quatrième
architecte de Notre-Dame entreprit de modifier totalement le plan initial au
niveau de la partie supérieure de l'édifice, alors que celui-ci était encore en
cours de construction.
L’obscurité de Notre-Dame, jugée trop
importante dès le début de la construction, était devenue insupportable,
surtout par comparaison avec la clarté dans laquelle baignaient les sanctuaires
plus récents encore en construction.
Une mise à niveau devenait indispensable
si l'on désirait que la cathédrale restât la référence et ne
fût pas considérée comme archaïque.
On procéda donc à d’importantes
modifications. L’architecte entreprit alors l’allongement des baies vers le bas
par suppression de l’ancien troisième niveau, celui des roses de
l’ancien édifice donnant sur les combles des tribunes.
On supprima dès lors ces combles au
profit d’une terrasse coiffant ces tribunes et formée de grandes dalles.
Se posait alors le problème de
l’évacuation des eaux de pluie qui risquaient de stagner à la suite de la
suppression du toit incliné des tribunes.
L’architecte dut de ce fait introduire
un élément nouveau dans l'architecture, dont nous sommes aujourd’hui encore
héritiers : recueillir les eaux de pluie sous la toiture par un système
de chéneaux, et les
évacuer de proche en proche par des conduits verticaux vers un système se
terminant au niveau de longues gargouilles destinées
à les projeter au loin de l'édifice.
Cela constituait un système tout à fait
nouveau de gestion des eaux de pluie au sommet des bâtiments.
En corollaire toute une série d’autres
modifications durent être effectuées au niveau supérieur de l’édifice (parties
hautes du vaisseau principal) : reprise de la toiture et de la charpente,
remontée des murs
gouttereaux, création de chéneaux. Surtout on
remplaça les arcs-boutants supérieurs
à double volée par des grands arcs-boutants à simple volée lancés au-dessus des
tribunes.
Grands arcs-boutants de la nef
Ces grands arcs-boutants sont
remarquables et témoignent du génie de l’architecte de l’époque. Ils sont d’une
seule longue volée, lancés au-dessus des collatéraux et leur tête soutient le haut
des murs
gouttereaux de la cathédrale.
Ces têtes s’appuient au droit de
conduits verticaux destinés à évacuer l’eau des chéneaux de la
toiture de la nef. L’extrados des
arcs-boutants est creusé d’une gouttière qui traverse le sommet de la culée et se
termine par une longue gargouille.
Ces arcs-boutants n’étaient pas
essentiellement destinés à contrebuter l’édifice, mais à régler le problème de
l’évacuation des eaux de pluie, devenu fort important après la transformation
de la toiture des tribunes en terrasse.
C’est ce qui explique la faiblesse
relative de ces arcs. Leur construction est incontestablement une prouesse, ce
qui se manifeste par leur grande longueur, mais aussi par leur minceur.
Leur rôle étant faible dans le soutien
de la voûte du
vaisseau principal, l’architecte s’est permis d’être audacieux.
Il faut souligner que la grande portée
de ces arcs-boutants est
tout à fait exceptionnelle dans l’architecture gothique du Moyen Âge.
En effet dans les édifices de l’époque,
bordés de doubles bas-côtés ou de doubles déambulatoires,
les culées de ces
énormes arcs-boutants devaient
prendre un terrain considérable en dehors des églises.
Or le terrain était chose à épargner
dans les villes du Moyen Âge, dont la superficie était rendue inextensible par
les murs qui enserraient les cités.
Les arcs-boutants de la cathédrale de
Paris, qui franchissent d’une seule volée les doubles bas-côtés de la nef comme
le double déambulatoire du chœur, sont un exemple unique.
Ordinairement, dans ce cas, les
arcs-boutants sont à deux volées, c’est-à-dire qu’ils sont séparés par un point
d’appui intermédiaire qui, en divisant la poussée, détruit une partie de son
effet et permet ainsi de réduire l’épaisseur des contreforts extérieurs ou
culées.
C’est ainsi que sont construits les
arcs-boutants de la cathédrale Notre-Dame de Chartres, ceux de la cathédrale Saint-Étienne de Bourges, ainsi que ceux du
chœur de celle d’Amiens ; ces trois derniers édifices sont eux
aussi dotés soit de doubles bas-côtés soit d'un double déambulatoire.
Façade sud et portail Saint-Étienne
Commencé par Jean de Chelles en 1258, le portail Saint-Étienne fut terminé par Pierre de Montreuil. Il se situe au niveau du bras sud du transept.
Le tympan du portail Saint-Étienne est occupé par des
bas-reliefs qui racontent la vie du premier martyr chrétien, saint Étienne,
selon les Actes des Apôtres.
Divisé en trois registres horizontaux superposés, le décor du
tympan se lit de bas en haut et de gauche à droite: saint Étienne prêchant le
christianisme et saint Étienne mené devant le juge au registre inférieur, la
lapidation de saint Étienne et sa mise au tombeau au registre médian, et le
Christ bénissant entouré de deux anges au registre supérieur.
Le trumeau est occupé
par une grande statue de saint Étienne, œuvre de Geoffroi-Dechaume exécutée
au xixe siècle.
La triple voussure de l’Intrados de
la porte est sculptée de pas moins de vingt et un martyrs, auxquels des anges
offrent des couronnes.
On retrouve là saint Denis sans tête, saint Vincent, saint Eustache, saint Maurice, saint Laurent avec son gril, saint Clément, saint Georges, et d’autres dont l’identité n’a
pu être déterminée clairement.
De chaque côté du portail trois statues d’apôtres, elles aussi
modernes, destinées à remplacer celles fracassées par les vandales de la
Révolution.
Au-dessus du portail se trouve un beau gable ajouré
surmonté de la magnifique rosace sud
de la cathédrale offerte par saint Louis.
Comme sa sœur du nord, la rosace sud, voit son diamètre
atteindre 13,1 mètres, et, si l’on y ajoute la claire-voie sous-jacente, la hauteur
totale de la verrière atteint presque 19 mètres.
Cette rosace fut redressée par Viollet-le-Duc au xixe siècle,
ce qui entraverait l’impression de rotation de la rosace.
La raison de cette modification semble être que la rosace ait
fort souffert au cours des siècles et surtout de l’incendie de l’archevêché
déclenché par les insurgés de 1830.
L’architecte-restaurateur constata de plus un affaissement
important de la maçonnerie, et dut en conséquence reprendre entièrement cette
façade. Il fit pivoter la rosace de 15 degrés à seule fin de lui donner un axe
vertical robuste pour la consolider définitivement et éviter un affaissement
ultérieur. Le maître verrier Alfred Gérente restaura à cette occasion
les vitraux du xiiie siècle
et reconstitua dans l’esprit du Moyen Âge les médaillons manquants.
Au dernier étage de la façade, un remarquable pignon s’élève
au-dessus de la rosace. C’est un des plus beaux exemples des pignons construits
à l'époque (1257).
Il est lui-même percé d’une rose ajourée, qui éclaire le comble
du transept. Sur l’archivolte de la rosace est posé un
entablement portant une balustrade, derrière laquelle court une galerie.
Ceci permet le passage depuis les galeries supérieures de l’est
de la cathédrale vers celles de l’ouest, galeries qui longent les toitures.
Le pignon proprement dit s’élève de ce fait un peu en retrait
par rapport à la rosace, et son épaisseur est de 70 centimètres. Il est
allégé par la rose qui éclaire le comble et par des écoinçons.
Deux grands pyramidions le flanquent formant les
parties supérieures des contreforts qui
contrebutent la rosace.
Trois statues décorent le sommet et les deux angles inférieurs
du pignon. Celle du sommet représente le Christ apparaissant en songe à saint
Martin, revêtu de la moitié du manteau donné par ce dernier au pauvre de la
légende.
Les deux autres statues situées à gauche et à droite de la base
du pignon, représentent saint Martin et saint Étienne.
Le tout donne une impression de grande harmonie.
La rose du comble est
d'une proportion parfaitement en rapport avec la grande rosace du transept.
D’après Viollet-le-Duc, la grande beauté de cette construction ne fut pas
surpassée ailleurs dans l’architecture gothique.
Façade nord et portail
du Cloître
Le portail du Cloître se situe au niveau
du bras nord du transept, et a été construit vers 1250 par
l’architecte Jean de Chelles.
La construction de la façade nord est en
effet un peu antérieure à celle de la façade sud.
Presque toujours dépourvue d’ensoleillement et
située dans une rue animée, cette façade nord a moins de succès auprès des
touristes et des visiteurs que sa sœur cadette sud.
Un peu moins décorée, elle est cependant
presque tout aussi belle et son portail présente l’énorme avantage de pouvoir
être franchi pour accéder rapidement au cœur du sanctuaire.
Elle est divisée en
trois étages, en léger retrait les uns par rapport aux autres. Le niveau
inférieur est celui du portail surmonté de son grand gable. Le niveau
moyen est constitué d’une gigantesque verrière comprenant l’impressionnante rosace, merveille
du xiiie siècle, surmontant
une claire-voie. Enfin l’étage supérieur est celui du pignon triangulaire
masquant l’extrémité des combles du bras nord du transept.
Au trumeau du portail,
une statue de la Vierge sans enfant. Cette statue a pu échapper à la
destruction en 1793, mais l’enfant Jésus qu’elle portait a été brisé.
On dit que c’est l’épouse de saint Louis, Marguerite de
Provence, qui aurait servi de modèle au sculpteur.
Les six grandes statues des piédroits détruites à la Révolution
n’ont pas été reconstituées au xixe siècle,
lors de la grande restauration menée par Eugène Viollet-le-Duc.
La partie inférieure du tympan,
le linteau,
représente des scènes de l’enfance du Christ. Ces
sculptures sont parmi les plus belles œuvres sculptées sur ce thème.
Elles montrent le rôle de Marie dès l’enfance de Jésus. Les
quatre scènes représentées sont la naissance de Jésus dans une humble crèche,
l’offrande au temple de Jérusalem après la naissance de Jésus, la persécution
des enfants par le roi Hérode et
la fuite en Égypte de
Joseph et Marie pour protéger l’Enfant.
La partie supérieure du tympan présente le très populaire Miracle
de Théophile, un des « Miracles de la
Vierge » dont le Moyen Âge tardif était friand.
Il s’agit d’une histoire « faustienne » du
Moyen Âge. Théophile, clerc de
l’évêque d’Adana en Asie Mineure, était jaloux de ce dernier.
Pour le supplanter, il vend son âme au diable. Le pacte est
consigné sur un parchemin que ce dernier emporte. Avec l’aide du diable,
Théophile parvient à humilier son évêque. Mais il se repent et, ne sachant
comment sortir de la situation où il s’est mis, il implore la Vierge.
Celle-ci menace le diable et le force ainsi à remettre le
parchemin.
Celle-ci, grand chef-d'œuvre de
l’architecture religieuse gothique, mesure plus de 13 mètres de diamètre,
comme la grande rosace sud.
Le tout est surmonté d’un pignon richement décoré et analogue à celui du
sud, sans être identique. Il est percé d’une rose éclairant
les combles du transept nord,
ainsi que de trois oculi.
À sa base, de chaque côté, s’élève un grand pinacle peu
sculpté (contrairement aux voussures) ayant la forme d’un élégant clocheton,
surmontant chacun un des deux puissants contrefortsencadrant
la façade.
La façade nord de Notre-Dame, largement
privée de soleil et ne bénéficiant pas de la proximité du fleuve, n’a pas la
même popularité que la façade sud souvent baignée de lumière.
Formant la bordure sud de la rue du Cloître-Notre-Dame, elle gagne cependant à
être admirée.
On y retrouve un visage moins connu de Notre-Dame.
Les gigantesques arcs-boutants, dotés
de longues gargouilles grimaçantes et appuyés sur de massives culées, montrent
clairement que la cathédrale est aussi une lourde et impressionnante
construction de pierre.
C’est au niveau de la face nord de la
tour nord (16 mètres de largeur à la base) que cet aspect apparaît le plus
nettement.
La partie inférieure de la tour, haute de plus
de 30 mètres, avec ses trois contreforts massifs, presque sans décorations
ni ornements, avec ses blocs de pierre taillés avec rigueur et continuellement
à l’ombre, donne même à l’édifice un aspect quelque peu écrasant.
Porte rouge
Elle avait été commandée par Louis IX,
mieux connu sous le nom de Saint Louis. Cette porte était réservée aux chanoines du chapitre,
pour améliorer leur circulation entre Notre-Dame et l’« Enclos
Cannonial », quartier de l’Île de la Cité réservé
aux demeures des chanoines et situé au nord-est de la cathédrale entre le
fleuve et cette dernière.
Saint-Louis est représenté sur le tympan à
gauche de la Vierge,
couronnée par un ange. L’épouse de Saint-Louis Marguerite de
Provence, se trouve à droite du Christ.
Aux voussures entourant le tympan on peut voir des scènes de la
vie de saint Marcel,
évêque de Paris. La porte rouge s’ouvre dans la cathédrale tout près du chœur,
par une des chapelles latérales nord du chœur.
Bas-reliefs des chapelles du chœur
À gauche de la porte rouge, au niveau du mur extérieur des
chapelles latérales du chœur se trouvent sept bas-reliefs du xive siècle
- époque où ces chapelles furent construites -, dont cinq se rapportent à la
Vierge : sa Mort, son Ensevelissement, sa Résurrection, son Assomption et son Couronnement.
Les deux derniers sont un Jugement Dernier avec Marie intercédant
auprès du Christ, et une représentation du miracle de
Théophile.
Chevet de la cathédrale
Le chevet est la partie la plus ancienne du sanctuaire. Il fut
bâti durant la première phase de construction, de 1163 à 1180. Une série
d’admirables grands arcs-boutants dotés
d’élégants pinacles soutient son mur supérieur arrondi.
On ne sait pas si des arcs-boutants soutenaient dès le début le
chevet et le chœur.
Le fait est qu’on n’en trouve actuellement nulle trace.
Au xixe siècle,
Viollet-le-Duc n’en fit pas mention non plus, et aucune source antérieure ne
nous aide. L’opinion la plus
généralement admise est donc qu’il n’en existait pas, tout comme les actuels
bras du transept n’ont jamais été soutenus par des arcs-boutants.
Les divers contreforts suffisent à soutenir l’ensemble.
Les premiers
arcs-boutants auraient dès lors été construits peu avant 1230, par le quatrième
architecte de la cathédrale, et ce chronologiquement peu avant ceux de la nef.
Comme pour la nef, leur fonction de soutien de l'édifice aurait
été mineure au regard de leur rôle dans l’évacuation des eaux de pluie (voir le
paragraphe concernant les arcs-boutants de la nef).
Ces arcs-boutants du début du xiiie siècle
furent remplacés au début du xive siècle
par de nouveaux. Ceux-ci, d’une portée de 15 mètres, furent lancés par
Jean Ravy pour soutenir le chœur et son chevet.
Ils sont au nombre de
quatorze autour du chœur, dont six pour le chevet proprement dit. Comme ceux du
début du xiiie siècle,
ils paraissent particulièrement minces et audacieux.
En effet, en plus de leur minceur source d’une apparente
faiblesse, ces arcs-boutants, à l’inverse de ceux de la nef, sont percés d’un
trilobe accentuant leur relative fragilité.
Le chevet est décoré de sculptures et de panneaux représentant
entre autres des épisodes de la vie de la Vierge.
Une penture est un morceau de fer plat replié en rond à une extrémité de manière à y former un œil destiné à recevoir le mamelon d’un gond, et qui attaché sur la surface d’une porte, est destiné à la suspendre et à la faire mouvoir, tout en la maintenant bien stable. Les pentures sont clouées et boulonnées aux vantaux des portes.
Les portes de Notre-Dame de Paris sont décorées de pentures en
fer forgé d’une exceptionnelle beauté.
Les vantaux de la porte Sainte-Anne par exemple sont garnis
d’admirables pentures, qui les recouvrent presque entièrement et sont de petits
chefs-d’œuvre de ferronnerie.
Elles forment d’amples arabesques fines et légères, des dessins
de fleurs et de feuillages, et même des formes animales.
Ce sont des témoins de premier plan de l’art consommé de la
serrurerie aux xiie et xiiie siècles.
De plus, elles ressortent magnifiquement sur l’enduit dont on a recouvert les
vantaux.
De tout temps les Parisiens furent fascinés par ces petites
merveilles en fer forgé. Et bientôt des légendes se formèrent. L’une d’entre
elles affirmait qu'un artisan parisien nommé Biscornet fut chargé d'habiller
les vantaux des portes de la cathédrale de ferronneries et autres serrures.
Devant l'enjeu de la tâche, il invoqua le Diable pour le soutenir, et l'esprit
du Mal l'aida si bien qu'il fallut avoir recours à de l'eau bénite pour faire
fonctionner les clés !
Biscornet mourut peu de temps après
l'accomplissement de son œuvre, et emporta son secret dans sa tombe.
Mais le travail du métal est si particulier qu'aujourd’hui
encore, paraît-il, les spécialistes n'expliquent pas la manière dont ont été
ouvragées ses fameuses ferronneries, toujours visibles sur les portes de la
façade principale.
Il s'agit pourtant de reproductions réalisées au xixe siècle,
les originales ayant été détruites à la Révolution. Il y a en hommage au
serrurier-forgeron une rue Biscornet à Paris, près de la Bastille. Suivant une autre légende,
les pentures des portails auraient été forgées par le diable lui-même dans les
forges de l’enfer.
Les pentures des deux portes (nord et sud) du transept qui
dataient du Moyen Âge ont été remplacées au xviiie siècle
par des pentures de style gothique tel qu’on l’imaginait à l’époque. Quant au
portail du Jugement, à la suite de l’intervention de Soufflot fin
du xviiie siècle,
les portes en furent remplacées par deux vantaux de bois adaptés aux nouvelles
dimensions données à la porte à cette époque, et sculptés de deux effigies
grandeur nature du Christ et de la Vierge. Viollet-le-Duc déposa les portes de
Soufflot et reconstitua le portail tel qu’il était au Moyen Âge.
Entre 1859 et 1867, le ferronnier d'art Pierre
François Marie Boulanger effectua tous les travaux de
serrurerie de la sacristie, il restaura les portails
latéraux et réalisa les merveilleuses pentures du portail du Jugement Dernier.
Pour perpétuer le souvenir de ce travail remarquable et prouver
que le diable n'y était pas intervenu, derrière chacune des pièces du milieu,
il a gravé l'inscription suivante : « Ces
ferrures ont été faites par Pierre-François Boulanger, serrurier, posées en
août 1867, Napoléon III régnant, E. Viollet-le-Duc, architecte de Notre-Dame de
Paris ».
Les bandes de ces pentures ont une largeur de 16 à 18 centimètres, sur une épaisseur de 2 centimètres environ.
Elles sont composées de plusieurs bandes réunies et soudées de
distance en distance au moyen d’embrasses (voir
figure 2 ci-dessous).
Celles-ci non seulement ajoutent une grande résistance à
l’ensemble, mais permettent de recouvrir les soudures des branches recourbées.
Toit
Dans son testament, Maurice de Sully laissa la somme de cinq
mille deniers pour le toit de la cathédrale, qui n’était recouvert que de
matériaux temporaires jusqu’à sa mort en 1196.
Le toit est recouvert de 1 326 tuiles de plomb
de 5 millimètres d’épaisseur. Chacune a
dix pieds-du-roi de
long sur trois de large (1 pied-du-roi = 32,484 cm et une toise
= 6 pieds-du-roi).
Le poids total en est évalué
à 210 000 kg, soit 210 tonnes.
Charpente
La charpente est
détruite lors de l'incendie du 15/04/ 2019.
Construite totalement en bois de chêne et non pas de châtaignier comme on le pense souvent,
elle datait de l’époque de la construction de la cathédrale au début du xiiie siècle
(on admet généralement 1220).
Notre-Dame ayant eu la chance de ne pas connaître d’incendie
majeur jusqu'alors, elle a donc près de huit siècles d’âge au moment de sa
destruction.
On l’appelle familièrement la « Forêt
de Notre-Dame ».
Ses dimensions sont de 120 mètres de longueur,
13 mètres de largeur dans la nef, 40 mètres de longueur dans le
transept et 10 mètres de hauteur.
Au total la charpente de bois a été constituée de
1 300 chênes, ce qui représente plus
de 21 hectares de forêt.
Avec l’architecture gothique,
la construction des ogives a nécessité des toitures à forte pente. Celles de
Notre-Dame de Paris sont de 55°.
Au moment de l’édification de la charpente, les gros troncs se
faisaient rares étant donnés les défrichements de l’époque.
Les charpentiers ont ainsi dû utiliser des bois à section plus
réduite et donc plus légers qui ont permis l’élévation des charpentes et
l’accentuation de leur pente.
Dans le chœur construit en premier, il a existé une charpente
antérieure avec des bois abattus vers 1160-1170. Cette première charpente a
disparu, mais certaines de ses poutres ont été réutilisées dans la seconde
charpente mise en place en 1220.
À cette date en effet on a procédé au rehaussement du mur gouttereau de 2,70 mètres dans
le chœur, afin de le porter au même niveau que celui de la nef.
Les fenêtres hautes ont également été agrandies.
Gargouilles du Moyen Âge et chimères de Viollet-le-Duc
On confond souvent chimères et gargouilles.
Gargouilles
Les gargouilles de Notre-Dame sont célèbres. Elles ont été mises
en place à l’extrémité des gouttières pour évacuer l’eau de pluie de la toiture
et ne désignent que les extrémités des conduits d’écoulement des eaux.
Comme elles dépassent dans le vide, les masses d’eau parfois
impressionnantes des averses sont rejetées loin des murs de la cathédrale qui
ainsi ne s’abîment pas.
Elles ont souvent la forme d’animaux fantastiques, voire
effrayants. Elles datent du Moyen Âge.
De fort belles gargouilles se
trouvent notamment au niveau des grands arcs-boutants du chœur.
Le système
d’écoulement des eaux du toit de l’abside se termine par une canalisation sur
le sommet des arcs-boutants puis par de longues gargouilles.
Pour avoir une idée de leur utilité, il faut aller les voir
fonctionner un jour de forte pluie sur Paris.
Chimères
Les chimères par
contre sont des statues fantastiques et diaboliques et souvent grotesques.
Elles n’ont qu’un effet décoratif.
On les retrouve au haut de l’édifice au sommet de la façade, au
niveau de la balustrade couronnant la galerie supérieure qui relie les deux
tours et qui se prolonge sur les quatre faces de celles-ci, la Galerie
des chimères.
Tous les angles de cette balustrade servent de support ou de
perchoir à des démons, des monstres et des oiseaux fantastiques. Ces éléments
n’existaient pas au Moyen Âge et sont
des ajouts incorporés par l’architecte Eugène Viollet-le-Duc.
Ces statues monumentales, grotesques certes, mais surtout
effrayantes, étaient destinées à recréer l’atmosphère fantastique dans laquelle
baignait le Moyen Âge.
Ces œuvres furent conçues par Viollet-le-Duc lui-même qui les
dessina, s'inspirant des caricatures d'Honoré Daumier, d'une édition illustrée
de Notre-Dame de Paris de 1844, de ses propres illustrations
des Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France et
des obsessions du xixe siècle
(eugénisme, homophobie, physiognomonie et théorie de la dégénérescence) :
singes et hommes sauvages, crétin unicorne, figures de la propagande antisémite
(mythe du juif errant)…
Les statues furent réalisées par les membres d’une équipe
de 15 sculpteurs remarquables du xixe siècle
(le principal étant Victor Pyanet) rassemblés autour de Geoffroy-Dechaume.
À propos de ces statues, c'est « pour se
protéger des démons qu’il est chargé de sculpter que l’artiste médiéval les
tourne en dérision » selon l'historien d'art Michael Camille.
C’était là un pari bien audacieux de l’architecte.
On ne peut nier que ce fut un grand succès.
L’architecte-restaurateur ne se bornait plus à restituer les sculptures
détruites, mais montrait par là qu’il était aussi un brillant créateur, doué
d’un génie inventif personnel.
Aux adversaires du travail de Viollet-le-Duc qui dénoncent une
sorte de contrefaçon, on répondra que de tout temps on a ajouté des décorations
et ornements aux vieux édifices, et que les vitraux modernes qui ornent
actuellement bien des sanctuaires gothiques, y compris Notre-Dame de Paris,
sont la preuve que ce mouvement d’embellissement continue.
Notre-Dame n’est pas
un monument figé dans le passé, ni un musée, mais une cathédrale vivante.
Confortablement installées au haut de la cathédrale, ces
créatures monstrueuses semblent contempler la grande ville et se régaler de
toutes les turpitudes qu’elles y découvrent. Parmi elles, la plus célèbre est
sans doute la Stryge, esprit nocturne malfaisant semblable
au vampire, déjà redouté des Romains, qui fut popularisé par le graveur Charles Meryon qui en publia une célèbre
gravure en 1850.
Flèche
La première flèche fut construite au-dessus de la croisée du transept au xiiie siècle,
vraisemblablement entre 1220 et 1230. Des flèches aussi hautes souffrent du
vent qui plie et affaiblit leurs structures.
La flèche est déformée
lentement, les solives se faussent, jusqu’à l’écroulement total.
La flèche
d’origine fut démontée en 1786, après plus de cinq siècles d’existence. La
cathédrale resta sans flèche jusqu’à la restauration dirigée par Viollet-le-Duc et
réalisée par les Ateliers Monduit au
milieu du xixe siècle.
Elle était en chêne recouvert de plomb et pesait
750 tonnes. Cette flèche s'effondre le 15 avril 2019 lors de l'incendie de
la cathédrale.
La flèche était gardée par des statues des 12 apôtres,
réalisées en cuivre repoussé.
Chaque groupe d’apôtres étant précédé par un animal symbolisant
l’un des quatre évangélistes.
Le bœuf pour Luc, le lion pour Marc, l’aigle pour
Jean et l’homme (ou l’ange) pour Mathieu. Ces statues étaient disposées en
quatre rangées — une à chacun des points cardinaux — de trois apôtres, ceux-ci
étant placés les uns en dessous des autres.
Lors de l'incendie de 2019, les statues n'étaient plus en place
car déposées depuis une semaine pour des travaux de restauration.
Ces statues sont l’œuvre de Geoffroi-Dechaume, et constituent un
remarquable ensemble en pleine harmonie avec l’esprit du xiiie siècle.
Les apôtres sont tous tournés vers Paris, excepté l’un
d’eux, saint Thomas patron
des architectes, lequel se retourne vers la flèche.
Celui-ci ressemble étrangement à Viollet-le-Duc,
l’architecte de la flèche se retournant comme pour contempler une dernière fois
son œuvre. Il s’agit là d’une petite
plaisanterie historique de l’architecte-restaurateur.
Enfin, il faut savoir que le coq situé au sommet de la flèche
contient trois reliques : une petite parcelle de la Sainte Couronne d’Épines, une relique de saint Denis et une de sainte Geneviève.
Ces reliques furent placées à
cet endroit en 1935, au temps de monseigneur Verdier.
Le coq constitue ainsi une sorte de « paratonnerre
spirituel » protégeant tous les fidèles qui œuvrent et
pratiquent selon la loi de Dieu, dans le cadre de la cathédrale.
Intérieur
Nef
La nef se compose d’une sorte d’« avant-nef » ou narthex de deux travées situées sous et
entre les tours, suivies de huit autres travées.
Le vaisseau central d’une largeur de 12 mètres entre les
axes des colonnes est bordé de deux collatéraux à voûtes quadripartites tant au
nord qu’au sud, soit un total de cinq vaisseaux pour seulement trois portails,
ce qui est exceptionnel.
Deux rangées de sept chapelles latérales, construites entre les
arcs-boutants du vaisseau s’ouvrent, de la quatrième à la dixième travée, sur
les collatéraux extérieurs.
L’élévation est à trois niveaux. Le premier est constitué des
grandes arcades ouvrant sur les collatéraux intérieurs. Le second correspond à
une tribune à claire-voie ouvrant sur la nef par des baies composées de trois
arcades, lesquelles reposent sur de fines colonnettes.
Au-dessus de ces arcades, les remplages de ces baies sont
pleins. Les tribunes sont garnies de petites roses. Enfin
le troisième niveau est celui des fenêtres hautes qui comportent deux lancettes
surmontées d’un oculus.
Les 14 chapelles latérales
sont éclairées par des fenêtres à quatre lancettes, groupées par deux et
surmontées de trois oculi polylobés.
D’une part la tribune étant profonde et les vitraux de sa
claire-voie très sombres, et d’autre part les fenêtres des chapelles
collatérales étant fort éloignées du vaisseau central, l’éclairage de la nef
repose essentiellement sur les fenêtres hautes et est de ce fait assez faible.
La nef présente plusieurs irrégularités. La première travée est
plus étroite que les autres ; il en résulte que la tribune n’y a que deux
arcades tandis que la fenêtre haute est une baie simple.
De plus elle ne possède pas de chapelle latérale. La dernière
travée a une élévation à quatre niveaux, due à Viollet-le-Duc : la fenêtre
haute est plus courte, et dans l’espace ainsi formé entre fenêtre haute et
niveau des tribunes, on a introduit un oculus dentelé en forme de roue.
Une telle structure est analogue à celle du transept voisin.
Le
chœur, situé plein Est, est très légèrement désaxé sur la gauche par rapport à
la nef centrale, ce qui symbolise selon la tradition la
tête affaissée du Christ sur la croix.
Autre irrégularité : les colonnes.
Entre les piles massives de la croisée et les imposants piliers qui soutiennent
l’angle intérieur des deux tours, le vaisseau central est bordé de deux groupes
de sept colonnes. Le plan primitif prévoyait des colonnes tout à fait
cylindriques analogues à celles du chœur.
C’est ce qui fut réalisé à la fin
du xiie siècle pour les
cinq paires de colonnes orientales (les plus proches du transept).
Par contre les deux paires de colonnes
occidentales élevées aux environs de 1220 s’écartent de ce schéma. L’architecte
de l'époque abandonna la colonne cylindrique, une des caractéristiques
fondamentales de Notre-Dame, pour se rapprocher du modèle chartrain (lié à la cathédrale de Chartres).
Il évita cependant que cette différence
ne parût trop brutale. Ainsi, il ajouta aux deuxièmes colonnes une seule
colonnette engagée, pour faire transition avec les premières colonnes qui en
possèdent quatre.
Le revers de la façade est occupé par
une tribune d’orgue, qui précède la rosace et en masque la partie inférieure.
Celle-ci est consacrée à la Vierge, entourée des prophètes, des vices et des
vertus, des travaux des mois et des signes du zodiaque.
Cette rose a été en grande partie
refaite par Viollet-le-Duc au xixe siècle. Jusqu'au xixe siècle, la nef est vide de bancs, les laïcs déambulant pendant les
liturgies.
Elle est par contre chargée de nombreux
autels et pupitres, de
statues, de tombeaux et cénotaphes, de
tableaux et tapisseries couvrant les parois ou suspendues entre les arcades.
En 1965, les fenêtres hautes de la nef
et les roses des tribunes ont enfin été garnies de vitraux colorés remplaçant
les verres gris et ternes implantés par les chanoines au xviiie siècle.
Non figuratifs, ils sont l’œuvre
de Jacques Le Chevallier qui a utilisé les produits
et couleurs du Moyen Âge. L’ensemble est à dominante rouge et bleue.
Mays des Orfèvres
On appelle Mays à Notre-Dame une série de
76 tableaux offerts à la cathédrale par la Confrérie des Orfèvres, presque
chaque année en date du premier mai (d’où leur nom), en hommage à la Vierge
Marie, et ce de 1630 à 1707.
Les orfèvres avaient de longue date leur propre
chapelle au sein du sanctuaire. En 1449 fut instituée par la confrérie des
Orfèvres de Paris la tradition de l’Offrande du May à Notre-Dame de Paris.
Cette tradition prit différentes formes au fil du temps.
Au xve siècle,
il s’agissait d’un arbre, décoré de rubans que l’on dressait devant le
maître-autel en signe de piété mariale.
Puis la tradition évolua vers le don d’une espèce de tabernacle
auquel étaient accrochés des poèmes. À partir de 1533, on accrocha aussi des
petits tableaux se rapportant à la vie de la Vierge. On les appelle les petits
mays.
En 1630 enfin, en accord avec le chapitre,
les petits mays furent remplacés par les grands mays. C’étaient de grands
tableaux de plus ou moins 3,5 sur 2,5 mètres de dimension.
Ces Mays étaient commandités auprès de peintres de renom. Les
peintres devaient soumettre leurs esquisses aux chanoines de la cathédrale.
Après la fondation de l’Académie
royale de peinture et de sculpture, en 1648, les artistes choisis
étaient tous membres ou proches de cette dernière.
Ces commandes devinrent
rapidement une forme de concours de peinture religieuse. Leur sujet était
généralement relatif aux Actes des Apôtres.
Après les avoir exposés sur le parvis, on les accrochait au niveau des arcades
de la nef ou du chœur.
Pour les peintres, c’était une grande promotion de voir
ainsi exposée l’une de leurs œuvres, témoignage de leur savoir-faire.
Au début du xviiie siècle,
la confrérie des Orfèvres éprouva de grandes difficultés financières à la suite
de l'état désastreux de la France à cette époque et aux réformes de Colbert, et
ce fut la fin de cette belle tradition.
Récupérés ensuite, ils embarrassèrent au xixe siècle
le restaurateur Viollet-le-Duc qui, orienté vers la pureté de l’art gothique,
n’avait que faire de cette encombrante décoration baroque ou classique.
Certains se retrouvent actuellement au musée du Louvre,
d’autres dans quelques églises ou dans divers musées français. Il en reste une
cinquantaine actuellement.
Les plus importants furent fort heureusement récupérés par la
cathédrale et ornent aujourd’hui les chapelles latérales de la nef de
Notre-Dame.
Chapelles latérales sud
La première chapelle (travée 4) est l’ancienne chapelle des
orfèvres. Depuis 1964, elle leur a été restituée. On y trouve le may de
1651 : La lapidation de Saint Étienne par Charles Le Brun.
La deuxième chapelle héberge le Martyre de saint André également
de Charles Le Brun.
C’est le may de 1647. On y voit également le martyre de saint Barthélémy œuvre
de Lubin Baugin peintre
du xviie siècle.
La troisième chapelle contient le may de 1643, Crucifiement
de Saint Pierre œuvre
de Sébastien Bourdon80, lequel profite de cette
commande exceptionnelle pour se lancer dans une composition audacieuse
(complexité des lignes de force par un réseau de diagonales, créant une
dynamique baroque inédite dans l’œuvre de l'artiste).
La quatrième chapelle contient Prédication de Saint
Pierre à Jérusalem (may de 1642), peinture de Charles Poerson.
La cinquième chapelle contient Le centurion Corneille aux
pieds de Saint Pierre, may de 1639, œuvre d’Aubin Vouet.
La sixième chapelle contient le may de 1637, La
conversion de Saint Paul par Laurent de La Hyre.
On y admire également une Nativité de la Vierge de Le Nain.
La septième chapelle contient le may de 1635, Saint
Pierre guérissant les malades de son ombre par Laurent de La Hyre également.
Chapelles latérales nord
D’ouest en est, de la façade vers le chœur :
·
La première chapelle contient les fonts baptismaux confectionnés d’après
les plans de Viollet-le-Duc.
On y trouve en outre le may de 1634, La descente du Saint-Esprit de Jacques Blanchard, ainsi que L’adoration
des Bergers de Jérôme Francken,
créé en 1585.
·
Deuxième chapelle : on peut y voir Saint Paul rend
aveugle le faux prophète Barjesu, may de 1650 œuvre de Nicolas Loir.
·
La troisième chapelle ou chapelle de la Sainte-Enfance (ou
Enfance Missionnaire), contient le reliquaire de saint Paul Tchen, martyr. Ce dernier,
séminariste chinois au grand séminaire de Tsingay, en Chine, fut décapité pour
sa foi en juillet 1861, avec trois autres chrétiens chinois. Ces quatre martyrs
furent béatifiés en 1909 par le pape Pie X et canonisés par Jean-Paul II le 1er octobre
2000. La chapelle abrite aussi le may de 1755 représentant La
flagellation de saint Paul et de saint Silas de Louis Testelin.
·
Quatrième chapelle : Le may de 1670 œuvre de Gabriel Blanchard représente saint André tressaillant
de joie à la vue de son supplice. La chapelle contient aussi le monument au
cardinal Amette créé
en 1923 par Hippolyte Lefèbvre.
·
La cinquième chapelle est dédiée à Notre-Dame de
Guadalupe au Mexique. Elle contient le may de 1687
représentant le prophète Agabusprédisant à saint Paul ses souffrances à Jérusalem,
œuvre de Louis Chéron.
·
Sixième chapelle : may de 1702, Les fils de Scéva
battus par le démon par Mathieu Elias. Les fils de Scéva étaient deux
exorcistes juifs. On peut y voir aussi Le martyre de sainte Catherine peinture
du peintre-graveur Joseph-Marie Vien ; daté de 1752.
·
Enfin la septième chapelle contient la pierre tombale du
chanoine Étienne Yvert.
Le chœur et son pourtour
Le chœur de la
cathédrale est entouré d’un double déambulatoire. Il se
compose de cinq travées rectangulaires
ou droites surmontées de deux voûtes sexpartites.
L’élévation de la première travée est
semblable à celle du transept, c’est-à-dire comporte
quatre niveaux : une petite rose est
intercalée entre le niveau des tribunes et celui des fenêtres hautes.
Par
contre les autres travées y compris celles de l’abside, ont une élévation à
trois niveaux, semblable à celle de la nef (grandes arcades, tribune et fenêtres hautes).
Tout autour du chœur, la tribune est éclairée
par des baies à deux lancettes, structure que l’on retrouve au niveau des fenêtres
hautes. Les deux lancettes de ces dernières sont surmontées d’un grand oculus.
Les travaux d’installation du dit vœu se
déroulèrent de 1708 à 1725 et se terminèrent donc bien après la mort de Louis
XIV.
La cathédrale subit alors quelques pertes irréparables, telles
la démolition du jubé du xiiie siècle, la destruction d’une bonne
partie de la superbe clôture du chœur, chef-d'œuvre du xive siècle, la destruction d’anciens
tombeaux, des stalles et
du maître-autel.
En revanche quelques chefs-d'œuvre
nouveaux, toujours présents aujourd’hui, firent leur apparition.
Toute la décoration du chœur avait été
refaite par Robert de Cotte.
Lors de la restauration du xixe siècle, Viollet-le-Duc désirant en
revenir au style essentiellement gothique de l’édifice, supprima certaines des
transformations effectuées à cette époque par de Cotte, telles le revêtement
des arcades gothiques par des colonnes classiques en marbre supportant des arcs
en plein cintre. Il supprima aussi le maître-autel de
de Cotte pour en revenir à un autel du Moyen Âge.
Du chœur du xviiie siècle, il reste cependant encore
les stalles et les
sculptures que l'on voit derrière le maître-autel
Composition actuelle du
chœur
Pour satisfaire au nouveau rite
catholique défini au Concile de Vatican II, le chœur a été quelque peu
agrandi, il occupe désormais également la moitié orientale de la croisée
du transept.
Un nouvel autel a été commandé par l’archevêque Jean-Marie
Lustiger et occupe ce nouvel espace, bien visible à la fois de
la nef et des deux croisillons du transept.
Situé ainsi près du centre de la
cathédrale, le nouvel autel, en bronze, a été réalisé par Jean Touret et Sébastien Touret, artistes d’art sacré,
en 1989. On peut y voir les
quatre évangélistes (Saint
Mathieu, Saint
Luc, Saint
Marc et Saint Jean), ainsi
que les quatre grands prophètes de l’Ancien Testament, à
savoir Ézéchiel, Jérémie, Isaïe et Daniel.
À l’est du chœur, non loin de l’abside on
trouve toujours l’ancien maître-autel créé
par Viollet-le-Duc au xixe siècle, avec à l'arrière-plan les
superbes statues implantées au début du xviiie siècle par l’architecte Robert de Cotte et
faisant partie du vœu
de Louis XIII.
La pietà de Nicolas Coustou est
placée derrière l’autel. De part et d’autre de celui-ci se trouvent les statues
des deux rois, Louis
XIII par Guillaume Coustou et Louis
XIV sculpté par Antoine Coysevox.
Une série de six statues d’ange en bronze entourent l’ensemble et portent
chacun un instrument de la Passion du Christ :
une couronne d’épines, les clous de la crucifixion, l’éponge imbibée de
vinaigre, l’inscription qui surmontait la croix, le roseau avec lequel le
Christ fut fouetté et la lance lui ayant transpercé le cœur.
Les stalles en bois
sculpté sont installées des deux côtés du chœur. Il y en avait 114.
Il en reste 78, dont 52 hautes et 26
basses. Elles ont été réalisées au début du xviiie siècle par Jean Noël et Louis Marteau d’après
les plans de René
Charpentier et Jean Dugoulon.
Les hauts dossiers des stalles sont
ornés de bas-reliefs et
séparés par des trumeaux décorés
de rinceaux et des
instruments de la Passion. De chaque côté, les stalles se terminent par une
stalle archiépiscopale, surmontée d'un baldaquin avec
des groupes d’anges sculptés par Dugoulon.
L’une de ces deux stalles est
réservée à l’archevêque, l’autre étant destinée à un hôte important. Le
bas-relief de la stalle de droite représente le martyre de saint Denis, celui
de gauche la guérison de Childebert Ier par saint Germain,
évêque de Paris.
Clôture du chœur
Avant les transformations effectuées
par Robert
de Cotte pour l’installation du vœu de Louis XIII, le chœur était clos par une muraille à soubassement historié, qui,
commençant à l’est, c’est-à-dire au sommet de l’abside, se poursuivait vers le
nord, et, arrivée à la rencontre du transept, continuait vers le sud, se
relevant sur un jubé qui clôturait la partie occidentale du chœur et
redescendant de l’autre côté, à l’angle du croisillon méridional, pour achever
de ceinturer la totalité du chœur en remontant jusqu’à l’est.
Cette œuvre fut mutilée par l’amputation
de sa partie orientale d’abord, pour installer des colonnes classiques en
marbre pour masquer les colonnes et ogives d’origine, témoins de l’art gothique du Moyen Âge, qualifié
alors d'« art médiocre » ou « art barbare ».
C'est ensuite sa partie occidentale qui
disparut lorsque l'on détruisit le jubé. Elle ne subsiste donc plus qu'a titre
de clôture latérale adossée aux stalles des chanoines.
On distingue aujourd’hui la clôture nord
de la clôture sud, les deux parties ayant un style et un âge différents. Il
s’agit là de deux œuvres majeures de la sculpture
gothique, datant des xiiie et xive siècles,
représentant une série de scènes des évangiles.
Toutes les scènes représentées, tant au
nord qu’au sud, sont polychromes. Les couleurs ont été restaurées au xixe siècle par l’équipe de
Viollet-le-Duc.
La clôture nord date du dernier tiers
du xiiie siècle, peu
après l’édification du jubé aujourd’hui disparu (aux environs de 1260). On y a
sculpté 14 scènes de la naissance et de la vie de Jésus avant sa passion.
Ces
scènes s’enchaînent sans rupture entre elles et constituent donc un seul
continuum.
La clôture sud du chœur peut être datée
des premières années du xive siècle, époque
de la fin du règne de Philippe IV le Bel dont il ne nous reste quasi
aucun autre témoignage sculpté. Elle est constituée de neuf scènes des
apparitions du Christ après sa Résurrection.
À l’inverse des scènes de la clôture
nord, celles-ci sont bien séparées les unes des autres grâce à la présence de
colonnettes les isolant complètement.
Chapelles du pourtour du
chœur
En partant de la droite du chœur, on rencontre d’abord,
latéralement à droite, la sacristie des messes dont le fond correspond au bras
occidental du cloître du Chapitre (voir plus loin le paragraphe concernant le
Trésor de la cathédrale et la Sacristie du Chapitre).
La chapelle suivante contient le tombeau de Mgr Denys Affre qui fut tué en 1848, à
l'entrée de la rue du Faubourg Saint-Antoine (voir la plaque au 1er étage) Il voulait calmer les émeutiers
qui avaient dressé des barricades dans le faubourg car l'armée avait amené des
canons sur la place de la Bastille pour tirer sur les barricades. Le
général Cavaignac voulut
dissuader l'archevêque d'y aller, mais Mgr Affre voulait
parlementer pour éviter que l'armée ne tirât.
Il fut applaudi sur la première barricade mais lorsqu'il arriva
à la seconde, il reçut un coup de feu dans le dos, dans les reins. Il mourut
deux jours après.
Suit l’emplacement de l’entrée de la Sacristie du Chapitre qui
mène au trésor de la cathédrale.
Vient ensuite la Chapelle Sainte-Madeleine
contenant la sépulture de Mgr Sibour.
Il fut poignardé par un prêtre à l'esprit dérangé (et destitué). Le gisant
de Mgr Dubois mort
en 1929 se trouve dans le déambulatoire contre la clôture du chœur. Il a été réalisé
par Henri Bouchard.
La Chapelle Saint-Guillaume est la première des cinq chapelles
rayonnantes de l’abside de la cathédrale. On y trouve le mausolée du
lieutenant-général Henri Claude
d’Harcourt par Jean-Baptiste Pigalle,
ainsi que la Visitation de la Vierge de Jean Jouvenet, datée de 1716 et le monument
de Jean Jouvenel des
Ursins et de son épouse Michelle de Vitry (xve siècle).
Le thème de cette composition (« la
réunion conjugale ») était défini dans le contrat passé entre le
sculpteur et la comtesse le 1er juillet
177184.
Dans la chapelle suivante, Chapelle Saint-Georges, se trouvent
le tombeau de Mgr Georges Darboy (fusillé en 1871
avec 30 autres prêtres pris en otage par
les Communards),
œuvre de Jean-Marie
Bonnassieux, ainsi qu’une statue de saint Georges.
De 1379 à la Révolution, cette chapelle fut celle des
cordonniers. La troisième chapelle ou chapelle axiale de la cathédrale, est la
Chapelle de la Vierge ou de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs où l'on trouve les
statues d’Albert de Gondi,
maréchal de France décédé en 1602, et de Pierre de Gondi, cardinal et évêque de Paris
décédé en 1616.
Sur un côté de la chapelle se trouve une fresque du xive siècle
montrant la Vierge et d’autres saints entourant l’âme d'un évêque, Simon
Matifas de Bucy.
Face à l’entrée de cette chapelle axiale, dans le déambulatoire,
juste derrière le chœur, se
trouve le gisant de l’évêque Simon Matifas de Bucy (mort en 1304). La chapelle
axiale expose depuis peu un coffre-fort de verre rouge, contenant la couronne
d'épines du Christ, relique pillée en 1250 à Constantinople par les croisés
Francs (dont Baudouin II de Courtenay), rachetée par St-Louis et transférée de
la Sainte-Chapelle à
Notre-Dame en 1792.
La quatrième chapelle ou Chapelle Saint-Marcel, contient les
tombeaux de Mgr du Belloy,
cardinal, par Louis Pierre Deseine et
de Mgr de Quélen,
œuvre d’Adolphe-Victor Geoffroi-Dechaume.
Enfin la dernière des chapelles absidiales ou Chapelle Saint-Louis abrite le
tombeau du cardinal de Noailles sculpté
par Geoffroi-Dechaume.
Les dernières chapelles entourant le chœur sont les chapelles latérales
nord : dans la Chapelle Saint-Germain on peut voir le tombeau de Mgr de
Juigné (décédé en 1809), exécuté d’après les plans de Viollet-le-Duc.
Enfin dans la chapelle suivante qui précède la Porte Rouge, ou
Chapelle Saint-Ferdinand, on trouve les mausolées de Mgr de Beaumont (mort
en 1781) et du maréchal
de Guébriant (mort en 1643). On peut aussi y voir le priant du cardinal Morlot (mort
en 1862).
Transept
Il n’a pas de bas-côtés, la stabilité de l’ensemble étant assurée
par les contrefortsextérieurs.
Le transept comprend la croisée
du transept et deux croisillons de trois travées.
Les deux travées les plus proches de la
croisée du transept sont couvertes d’une voûtesexpartite, la
troisième d’une voûte quadripartite.
Dans les deux premières travées, l’élévation
est à quatre niveaux, et non pas trois comme la nef. Les grandes arcades,
s’ouvrent sur les bas-côtés de la nef. Le deuxième niveau est
toujours constitué des tribunes.
Ce qui change est l’adjonction d’un
troisième étage formé d’oculi semblables
à des roues.
Le quatrième niveau enfin est celui des fenêtres hautes. Celles-ci
sont plus petites que celles de la nef, puisque l’adjonction des oculi les a
amputés de la hauteur correspondante.
Le mur de la troisième travée est plein
au niveau des grandes arcades. Il est ensuite surmonté de deux niveaux
d'arcatures décoratives aveugles dans le croisillon sud, mais d'un niveau
seulement dans le croisillon nord.
La partie orientale de la croisée du
transept est occupée par le nouveau maître-autel de
la cathédrale (voir le paragraphe concernant le chœur de
la cathédrale).
Croisillon sud et sa
rosace
On y trouve un tableau d'Antoine
Nicolas, La Fontaine de la Sagesse réalisé en 1648.
Contre le pilier
sud-est de la croisée du transept se trouve une statue de la Vierge appelée — à
tort — Notre-Dame de Paris (la véritable statue détenant ce titre étant celle
du trumeau de la porte du cloître). Elle est datée du xive siècle et provient de la chapelle
Saint-Aignan située dans l'ancien cloître des Chanoines de l'Île de la Cité.
Elle fut transférée à Notre-Dame en 1818 et placée d'abord au trumeau du
Portail de la Vierge en remplacement de la Vierge du xiiie siècle mutilée en 1793.
En
1855, Viollet-le-Duc la posa à son emplacement actuel.
Tout près de là, se trouve une plaque
rappelant que c’est dans la cathédrale Notre-Dame de Paris qu’a eu lieu le
procès de réhabilitation de Jeanne d'Arc.
Presque face à la statue de la Vierge
Notre-Dame, sur le pilier sud-ouest de la croisée, se trouve le mémorial au
million de morts de l’Empire Britannique tombés durant la Première Guerre mondiale et dont la plupart
reposent en France.
Avant la Révolution, se trouvait accolée au premier pilier
oriental, côté sud, une statue équestre en bois de Philippe
IV le Bel dressée en ex-voto, face à l'autel de la Vierge, le
roi ayant attribué sa victoire du Mons-en-Pévèle à la protection de Marie.
On peut également voir dans ce
croisillon une plaque signalant l’endroit où se trouvait Paul Claudel en décembre 1886, lorsque, âgé de 18 ans et brusquement touché par une
illumination religieuse, il se convertit au catholicisme.
L’énorme rosace de 13,1 mètres de
diamètre, offerte par saint
Louis et située au haut du mur d’extrémité du croisillon,
conserve une partie seulement de ses vitraux d’origine, certains d’entre eux
ayant été remplacés lors d’une restauration en 1737. La rosace souffrit encore
lors de la révolution
de 1830, à la suite de l’incendie de l’archevêché tout proche.
Elle subit dès lors une nouvelle
restauration menée par Viollet-le-Duc qui la fit pivoter
de 15 degrés afin de lui donner un axe vertical robuste pour la
consolider.
Elle est organisée autour du Christ qui
en occupe le centre. Tout autour sont représentées les vierges sages et les vierges folles, des saints et
des saintes, des anges, des apôtres.
Croisillon nord et sa
rosace
On peut y voir contre le pilier nord-est de la croisée du
transept, une statue de saint Denis, œuvre de Nicolas Coustou.
Le mur de fond du croisillon nord comporte trois niveaux :
une porte, surmontée d'un pan de mur sans ornement. Le deuxième niveau est
constitué d'une claire-voie à neuf arcades de deux lancettes.
Enfin un
troisième étage est constitué de la rosace.
À l’inverse de la rosace sud, la rosace nord a conservé presque
intacts ses vitraux originels du xiiie siècle.
Le centre est occupé par la Vierge Marie.
Autour d’elle gravitent les juges, les rois, les grands prêtres
et les prophètes de l'Ancien Testament.
La partie inférieure du mur de fond de ce bras du transept s'ouvre
sur le portail du Cloître.
Lustres - La Couronne de lumière
Ces lampiers portaient parfois un grand nombre de godets ou de
chandelles de cire : on les appelait alors Couronnes de lumière. Elles
étaient allumées à l’occasion des grandes fêtes et autres solennités.
Les grandes cathédrales dont Notre-Dame en étaient pourvues.
Ces Couronnes étaient richement ornées : faites de cuivre
doré, on leur adjoignait des émaux, des boules de cristal, des dentelles de
métal et d'autres ornements destinés à leur donner un aspect éblouissant. Ces
Couronnes de lumière n'avaient pas pour seules fonctions celles d’éclairer et
d’enjoliver le sanctuaire en brillant de mille feux, elles avaient aussi une
fonction religieuse : elles représentaient aux jours de fête la lumière du
Christ éclairant le monde.
Au xixe siècle,
Notre-Dame de Paris avait perdu sa grande Couronne de lumière et Viollet-le-Duc
avait notamment pour mission de reconstituer le mobilier gothique du
sanctuaire. Il s’attacha à élaborer les dessins d’une nouvelle Couronne dans le
style gothique.
La Couronne de lumière actuelle est à deux rangs surmontée de
tourelles en cuivre doré. Elle a été exécutée à l’époque par l’orfèvre Placide
Poussielgue-Rusand.
Pendue normalement à la croisée du transept,
elle a été déposée en 2007 et a été installée à la basilique Saint-Denis.
Quant aux autres lustres de la nef de la cathédrale, ils sont en
bronze doré et datent de la même époque [réf. souhaitée].
Grand orgue
Grand orgue
Le grand orgue actuel de Notre-Dame de Paris est le
fruit des travaux successifs de plusieurs grands facteurs d’orgue :
construction dans le buffet actuel par François Thierry en 1733, reconstructions par François-Henri Clicquot en 1783, puis par Aristide Cavaillé-Coll en 1868 ; restaurations par Boisseau depuis 1960, avec la
collaboration de Synaptel en 1992.
En 1868, il comprenait 86
jeux. À l’heure actuelle, après de multiples ajouts et restaurations,
La transmission est devenue numérique pour les
cinq claviers ainsi que le tirage des 115 jeux réels.
Après celui de l'église Saint-Eustache
de Paris, il est le deuxième plus grand orgue de
France.
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