Europe1
-18 avril 2019
Les
compagnons-charpentiers rêvent déjà d’investir le chantier de Notre-Dame :
"Ce serait un honneur"
Les compagnons du devoir appliquent des techniques
anciennes à des matériaux modernes, ce qui pourrait donner une nouvelle vie à
la charpente disparue de Notre-Dame. © Lionel Gougelot pour Europe 1
Les compagnons du
devoir estiment que le chantier de rénovation de la cathédrale incendiée sera
l'occasion d’une formidable revalorisation de leur métier.
La reconstruction de Notre-Dame risque d'être confrontée
"à un manque de main d'œuvre en tailleurs de pierre, charpentiers et
couvreurs", a averti mardi le secrétaire général des Compagnons du devoir
Jean-Claude Bellanger.
Le coq de la flèche de Notre-Dame de Paris a été retrouvé par un restaurateur mardi. © Capture d'écran Twitter/@chanutj
Selon lui, il faudrait recruter en apprentissage 100
tailleurs de pierre, 150 charpentiers et 200 couvreurs.
À Villeneuve-d'Ascq, près de Lille, les futurs
charpentiers formés au sein des compagnons du devoir rêvent de participer, un
jour, à ce grand chantier de rénovation de la cathédrale. Europe 1 est allé à
leur rencontre.
Dans l'atelier, Hugo prépare son brevet professionnel et
se dit prêt à mettre son savoir-faire à la disposition de ce grand défi.
"Ce serait un honneur d'aller travailler sur Notre-Dame.
C'est au cœur de nos sujets. C'est sur que ce serait
gratifiant".
"Et pourquoi pas moi ?", lance son confrère,
Kevin, qui travaille sur une maquette. "Je suis dans le vif du sujet parce
que c'est un pentagone, une flèche à cinq faces.
Elle pourrait être une partie de la cathédrale".
Une vitrine
exceptionnelle pour des métiers peu valorisés
Le savoir-faire de ces artisans sera précieux pour
reconstruire la charpente de Notre-Dame de Paris.
Quelque 1.300 poutres, dont certaines assemblées au 13e
siècle, sont parties en fumées en quelques heures lundi soir, mais elles ne
seront pas forcément remplacées par du chêne, selon le directeur Bastien
Lassonnerie.
"Il pourrait y avoir un bel ouvrage qui
représenterait la charpente de Notre-Dame sans que ce soit du bois brut.
Il y a des matériaux dérivés du bois, comme le
lamellé-collé, qui permettent de reproduire des charpentes comme celle-là, avec
un aspect tout à fait traditionnel", assure-t-il.
Pour Alex, formateur de ces compagnons, l'essentiel est
que ce grand chantier permette de revaloriser les métiers d'art, quel que
soient les artisans qui y travailleront.
"Des
compagnons passeront sur ce chantier, mais c'est surtout un essor pour le
métier au sens large", relève-il. "
Ce que l'on souhaite, c'est que ça nous permette de
redonner de l'élan pour [en faire] un métier moderne." Cinq charpentiers
sont actuellement en fin de formation chez les compagnons, à Villeneuve-d'Ascq,
mais il serait possible d'en former quatre fois plus selon les responsables.
Notre-Dame de
Paris : comment va se dérouler l'enquête ?
Au surlendemain de l'incendie qui a ravagé une partie de
la cathédrale Notre-Dame de Paris, les enquêteurs sont déjà à pied d'oeuvre
pour tenter d'en cerner précisément les causes.
ON DÉCRYPTE
Si l'incendie est désormais circonscrit à la cathédrale
Notre-Dame de Paris, l'enquête ne fait que commencer pour savoir ce qui a causé
la perte de la charpente, de la flèche et de la toiture, entre autres éléments
de cet édifice emblématique de la capitale.
Lister les sources
d'énergie
Une cinquantaine de policiers ont été saisis, alors que
la piste accidentelle est privilégiée.
Un des cinq laboratoires spécialisés de la police
scientifique a aussi été sollicité, avec une méthode très précise : il faut
d'abord figer la scène et éventuellement la modéliser en 3D, afin de garder une
trace de tous les éléments de la cathédrale.
Il faut ensuite recueillir des photos et des vidéos de
témoins. A ce stade, une dizaine de personnes ont été entendues. De nouveaux
témoins seront auditionnés jeudi.
Une fois que le lieu est sécurisé, il est également
nécessaire de quadriller la zone pour identifier ce qui aurait pu provoquer un
départ de feu :
"On va faire l'inventaire de toutes les sources
d'énergie.
Ça peut être une cause liée à une activité humaine, comme
des travaux, ou un mégot… Il y a aussi des causes électriques", liste
Véronique Vidotto, la responsable du service incendie et explosion de
l'Institut national de police scientifique de Haute-Garonne, à Toulouse.
L'objectif, in fine, est de déterminer "tout ce qui
est susceptible de donner cette énergie d'activation".
Remonter "la
logique" du feu
Pour vérifier chaque hypothèse, il faut remonter le
temps.
Car si un profane ne voit dans l'incendie qu'une forme de
chaos, le spécialiste perçoit une logique dans le déroulé de cet événement.
"On a un comportement vivant, ou humain : le feu a
besoin de manger, c'est le combustible.
On va ainsi pouvoir suivre son cheminement", décrit
Dominique Deharo, directeur adjoint du laboratoire.
"Le feu a pu démarrer à quelques dizaines de mètres
de là et trouver un moyen de développement.
Nos collègues du laboratoire central de la préfecture de
Paris vont remonter cette logique."
Le suivi du déclenchement des alarmes pourrait aussi
permettre de restreindre la zone d'investigations.
Mais ce qui est certain, c'est qu'il s'agit là d'un
travail méticuleux qui pourrait prendre de longues semaines, alors qu'Emmanuel
Macron a a promis d'"achever la restauration" de Notre-Dame de Paris
d'ici cinq ans, un délai a priori compliqué à tenir selon les spécialistes.
A ce stade, les enquêteurs restent prudents sur la cause
précise du sinistre.
Tous les scénarios restent envisageables à ce stade :
court-circuit, "point chaud" provoqué par une soudure au chalumeau,
etc...
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