vendredi 19 avril 2019

Bangladesh

Une femme brûlée vive pour avoir accusé le directeur de son école de harcèlement sexuel
 Par L'Obs avec AFP – 19/04/2019

Des étudiants l’ont attirée sur le toit pour l’asperger de kérosène et lui mettre le feu. Le directeur de l’école est accusé d’avoir commandité l’attaque.

L’émotion est grande, ce vendredi 19 avril au Bangladesh, après le décès d’une jeune fille de 19 ans brûlée vive sur ordre du directeur de son école qu’elle avait accusé de harcèlement sexuel.
La mort de Nusrat Jahan Rafi, qui remonte au 6 avril, a entraîné des manifestations au Bangladesh.
La Première ministre Sheikh Hasina s’est engagée à ce que toutes les personnes impliquées dans cet assassinat soient traduites en justice.

Le 12 avril 2019, des Bangladaises manifestaient à Dacca, après l’assassinat de Nusrat Jahan Rafi. SAZZAD HOSSAIN / AFP

La jeune femme avait été attirée sur le toit du séminaire islamique où elle étudiait par des personnes lui ayant fait croire qu’une de ses amies se faisait agresser.
C’est là que ses agresseurs lui ont demandé de retirer la plainte pour harcèlement qu’elle avait déposée.
Quand elle a refusé, elle a été aspergée de kérosène auquel on a mis le feu.

Dacca est une mégapole avec une population d'environ 15 millions d'habitants.
Ahron de Leeuw de Amsterdam, Netherlands

Nusrat Jahan Rafi vivait à Feni, une petite ville à 160 kilomètres au sud de Dacca. Le 27 mars, elle a accusé le directeur de son école de l’avoir touchée de manière inappropriée, comme le rapporte la BBC.
Elle s’est enfuie avant que les choses n’aillent plus loin, a-t-elle raconté à l’époque.

Rajbari -  Photo Nashimevan

Au Bangladesh, beaucoup de femmes cachent leurs agressions sexuelles de peur des représailles. Nusrat a refusé de se taire.

Le jour même, elle s’est rendue au commissariat accompagnée de sa famille pour déposer une plainte. Au lieu de recueillir ses propos dans un environnement rassurant, le policier qui a pris sa plainte l’a filmée avec son téléphone.
Sur la vidéo, qui a été rendue publique par des médias locaux, la jeune fille raconte les faits en tentant de cacher son visage.
« Ce n’est pas grand-chose », lui répond le policier.

Salat à Dacca. Nasir Khan Saikat — Saying Juma Namaz (Friday prayer for Muslims), Dhaka, Bangladesh.

Après sa plainte, la jeune femme avait dû faire face à l’hostilité d’autres étudiants.
Sa famille avait commencé à craindre pour sa sécurité. Jusqu’au jour de sa mort.

« Je me battrai jusqu’à mon dernier souffle »

La police a précisé vendredi que l’une des 17 personnes arrêtées en lien avec ce meurtre avait accusé le directeur de l’école d’en être le commanditaire.
Il « leur avait dit de faire pression sur Nusrat Jahan Rafi pour qu’elle retire sa plainte ou de la tuer en cas de refus de sa part », a déclaré à l’AFP Mohammad Iqbal, l’officier de police responsable de l’enquête.

Festival hindou. Balaram Mahalder — Festival of sacred bath ("Baruni snan" in Bengali) in Bangladesh

Mohammad Iqbal a raconté qu’au moins cinq des personnes arrêtées, dont trois camarades de classe de la victime, l’avaient attachée avec un foulard avant de l’asperger de kérosène.

« Le plan était de faire croire à un suicide. Mais il a échoué car l’écharpe a brûlé, libérant les pieds et les mains de Nusrat Jahan Rafi qui est parvenue à redescendre », a-t-il dit.

Manifestations de la place Shahbag en 2013. HamimCHOWDHURY —

Souffrant de brûlures sur 80 % de son corps, elle est morte à l’hôpital le 10 avril.

Mais elle a entre-temps enregistré une vidéo réitérant ses accusations contre son directeur.
« Il m’a touchée », dit-elle sur la vidéo, identifiant aussi certains de ses agresseurs. « Je me battrai contre ce crime jusqu’à mon dernier souffle. »

Plusieurs manifestations ont depuis eu lieu pour demander justice pour le meurtre de Nusrat.
Face à la vague d’émotion, Sheikh Hasina a promis qu’aucun « coupable n’échapperait à l’action légale ».

Le fort de Lalbagh, à Dacca. Muhammad Noman — Self-taken for Wikipedia

Mais les associations dénoncent le peu d’empressement des autorités à enquêter sur les affaires de viol ou d’agression sexuelle.
« Le meurtre horrible d’une femme courageuse qui demandait justice montre à quel point le gouvernement du Bangladesh manque à ses engagements vis-à-vis des victimes d’agressions sexuelles », a estimé dans un communiqué Meenakshi Ganguly, directrice pour l’Asie du Sud de Human Rights Watch.
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Le Bangladesh, situé à l'est de l'Inde, dans le golfe du Bengale, est un pays d'Asie du Sud caractérisé par ses terres verdoyantes et ses nombreux cours d'eau.
Ses fleuves, la Padma (alimentée par le Gange), la Meghna et la Jamuna, assurent la fertilité de ses plaines et sont des voies navigables très fréquentées.

Détail du mur du temple de Kantanagar. Omar Shehab (omarshehab) —

Sur la côte sud, les Sundarbans, une énorme forêt de mangroves partagée avec l'Inde de l'est, abritent des tigres du Bengale.

Capitale : Dacca - Population : 164,7 millions (2017) Banque mondiale
Devise : Taka - Continent : Asie








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