© Luis Robayo Source:
AFP - 02/03/2019.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a condamné,
lors d'une conversation téléphonique avec son homologue américain Mike Pompeo,
l'«ingérence flagrante» et l'«influence destructrice» des Etats-Unis au
Venezuela.
Spectatrice du concert Venezuela Aid Live organisé par
le milliardaire Richard Branson. © Luis Robayo Source: AFP -
Ce 2 mars, le ministre des Affaires étrangères russe
Sergueï Lavrov s'est entretenu par téléphone avec le secrétaire d'Etat
américain Mike Pompeo.
Les deux hommes, selon un communiqué de la diplomatie
russe, ont abordé la question du Venezuela et du trouble politique qui y règne
depuis plusieurs semaines.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro (image
d'illustration). © Miraflores Palace Source: Reuters
«La provocation et l'influence extérieure destructrice,
même sous le prétexte hypocrite de l'aide humanitaire, n'ont rien à voir avec
le processus démocratique», a déclaré Sergueï Lavrov à son homologue américain.
La route BR-174, qui relie la ville de Santa Elena de
Uiaren au Venezuela à Pacaraima au Brésil. © Mauro Pimentel Source: AFP
Seuls les
Vénézuéliens ont le droit de décider de leur avenir
Sergueï Lavrov a en outre condamné «les menaces
américaines contre le gouvernement légitime, une ingérence flagrante dans les
affaires intérieures d'un Etat souverain et une violation éhontée du droit
international».
Il a également dit que Moscou était «prêt» à tenir des
consultations bilatérales avec Washington à propos du Venezuela, à conditions
qu'elles «suivent strictement les principes de la Charte des Nations unies».
«S'ils veulent aider, qu'ils mettent fin aux
sanctions» : le Venezuela refuse l'aide humanitaire
«Seuls les Vénézuéliens ont le droit de
décider de leur avenir», a-t-il ajouté.
Le ministre russe des Affaires étrangères a reçu la
veille à Moscou la vice-présidente vénézuélienne Delcy Rodriguez, promettant
que Moscou allait poursuivre son aide humanitaire «légitime» au pays, confronté
à la pire crise politique et économique de son histoire avec hyperinflation et
pénuries de produits de première nécessité, le tout alors que Caracas est
soumis à de très lourdes sanctions économiques américaines et à un pesant
embargo de Washington.
Le chef de l'opposition vénézuélienne et
"président" autoproclamé par intérim, Juan Guaido s'adresse aux
médias après une messe dans une église à Caracas, au Venezuela, le 27 janvier
2019.
Soupçons autour de
l'aide humanitaire américaine
La Russie, par la
voix de la porte-parole de son ministère des Affaires étrangères Maria
Zakharova, avait déjà accusé les Etats-Unis de se servir de l'aide humanitaire
à destination du Venezuela comme d'un «prétexte pour une action militaire».
D'une manière plus
générale, Moscou déplore le soutien apporté par nombre de chancelleries
occidentales à Juan Guadio, président auto-proclamé du Venezuela.
Le 8 février, l'opposant à Nicolas Maduro avait annoncé
qu'une intervention militaire des Etats-Unis dans son pays, avec pour objectif
de contraindre Nicolas Maduro au départ, n'était pas à exclure.
«Nous ferons tout
ce qui est nécessaire. C'est une question évidemment très polémique, mais en
faisant usage de notre souveraineté, de l'exercice de nos prérogatives, nous
ferons le nécessaire"»,
avait-il répondu à la question de l'utilisation des
compétences légales qui sont les siennes en tant que président du Parlement et
président par intérim pour autoriser une éventuelle intervention militaire.
Le 23 janvier, Donald Trump avait apporté son soutien au
président de l'Assemblée nationale et chef de l'opposition vénézuélienne après
que ce dernier s’était autoproclamé «président par intérim» du pays, quelque
jours après l'investiture du président du Venezuela Nicolas Maduro, réélu pour
un second mandat.
Les alliés de
Washington dans la région lui avaient alors emboîté le pas à l'instar de
l'Argentine, du Canada, du Chili, de la Colombie ou encore du Pérou.
……………………….
Venezuela :
Dominique de Villepin estime qu'une intervention militaire serait
«catastrophique»
26/02/ 2019.
Dominique de Villepin, à San Paolo, le 13 septembre
2018 (image d'illustration).
© Nelson Almeida Source: AFP
Venezuela : Dominique de Villepin estime qu'une
intervention militaire serait «catastrophique»
26 févr. 2019, 15:34
Dominique de Villepin, à San Paolo, le 13 septembre 2018
(image d'illustration).
Sur France Inter, l'ancien Premier ministre Dominique de
Villepin qui a longtemps vécu au Venezuela, a estimé que les caractéristiques
locales n'était pas suffisamment prises en compte et qu'une intervention militaire
provoquerait «un bain de sang».
«Je connais
l’immense allergie du peuple vénézuélien vis-à-vis de toute interférence
américaine, c'est vraiment le pays d'Amérique latine le plus marqué de ce point
de vue-là», a déclaré le 25 février sur France Inter Dominique de Villepin,
qui a lui-même longtemps vécu au Venezuela.
Selon l'ancien Premier ministre, une intervention
militaire américaine serait «catastrophique». «[Nicolas Maduro] tient l’armée,
une partie de la population et des groupes paramilitaires importants, les
colectivos.
Le risque d’un bain de sang est là», prévient Dominique
de Villepin.
Evoquant le fait que le président américain n'exclut
aucune option au Venezuela, y compris militaire, l'ancien chef du gouvernement
français a estimé : «Donald Trump joue avec les mots et joue avec le feu.»
Selon lui, Donald Trump, talonné par les Européens, a cru
que le gouvernement de Nicolas Maduro «allait tomber comme un fruit mûr».
Il a souligné que cela faisait pourtant un mois que le
gouvernement résistait, alors que l'opposant Juan Guaido s'est auto-proclamé
président par intérim, avant d'être reconnu par les Etats-Unis, et, plus tard,
par plusieurs pays, dont la France.
«Nous avons fait le même pari sur la Syrie et des années
plus tard, c’est Bachar el-Assad qui est toujours au pouvoir», a rappelé
Dominique de Villepin pour qui une intervention militaire américaine au
Venezuela serait «une grande erreur».
La France devrait
faire la médiation
L'ancien Premier ministre a appelé de ses vœux que l’Europe
et, au premier chef, la France soient les acteurs actifs d'une médiation
pacifique.
«Nous devons éviter la logique de confrontation, comme on
l’a vu [le 23 février] à la frontière entre la Colombie et le Venezuela à
Cucuta avec des morts et des [...] blessés», a-t-il plaidé.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro a accusé
Washington d'essayer de créer ex nihilo une crise visant à entrer en conflit
avec le pays sud-américain, dans une interview avec la chaîne américaine ABC
diffusée le 25 février.
«Ils essayent de
monter de toutes pièces une crise afin de justifier l'escalade politique et une
intervention militaire au Venezuela pour entraîner une guerre en Amérique du
Sud», a déclaré le successeur d'Hugo Chavez.
Réuni à Bogota le même jour avec la présence notable du
vice-président américain Mike Pence et de l'opposant vénézuélien Juan Guaido,
le Groupe de Lima, composé de pays hostiles à Nicolas Maduro, a appelé à une
transition démocratique dans le pays tout en écartant l'usage de la force envisagé
par Washington.
© Luis Robayo Source: AFP Le drapeau du Venezuela.
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