Les plus anciens vestiges de vigne cultivée, datés de
l’âge du Bronze, sont attestés à Tell esh-Shuma, en Israël (Chalcolithique), et
à Jéricho, en Palestine (Bronze moyen).
Pour le IIIe millénaire, sa présence est repérée en
Égypte, puis en Grèce et en Crête.
Tasse à vin en or, art mycénien vers 1500 av. notre
ère. The
British Museum, Londres. © Jastrow
Dans la péninsule italienne, elle est établie à partir du
début Ier millénaire avant notre ère, vers les XIe-VIIIe siècles, dans les
environs de Bologne, précisément sur le site de la nécropole de San Vitale à
Casteldebole (Bologne), puis à Rome dans la période des VIIIe-VIIe siècles.
Bien que les témoignages soient rares pour le sud de
l’Italie, il est probable que les Grecs installés en colonies y aient aussi
cultivé la vigne dès cette époque.
Cratère-rafraîchissoir à figures noires, représentant
Dionysos et son thiase, céramique attribuée à l'atelier du peintre d'Antiménès,
Grèce, vers 520-510 av. notre ère. Ce vase est accompagné d'une louche en
bronze.
Musée du Louvre, Paris. © RMN/Hervé Lewandowski
En Espagne du Sud, où les Phéniciens avaient établi des
comptoirs, des sites de production viticole semblent avoir été actifs dès le
début du VIe siècle, tel l’Alt de Benimaquia, dans la région d’Alicante, qui a
fourni plus de 7 000 pépins aux archéologues !
Au nord-ouest, la viticulture aurait été introduite, à la
même époque ou un peu plus tardivement, par les Grecs installés à Ampurias
(Catalogne).
Lot d'amphores massaliètes datant du Ve siècle av.
notre ère, découvert lors d'une fouille dans le quartier de la Bourse à
Marseille (ancienne cité grecque). © CCJ-CNRS Aix-Marseille Université/Ph.
Foliot
En France méditerranéenne, les sites archéologiques qui
ont livré les plus anciens restes archéobotaniques de vigne cultivée sont ceux
du Mourre de Sève à Sorgues (Vaucluse), de Lattara à Lattes (Hérault), du
Marduel à Saint-Bonnet-du-Gard (Gard) et de l’oppidum du Plan de la Tour à
Gailhan (Gard).
La vigne était donc présente dans cette région à l’âge du
Fer, du VIe au Ier siècle avant notre ère.
Le saviez-vous ? Chalcolithique
Période caractérisée par l'apparition de l'industrie du
cuivre, qui prend place, au début du IIIe millénaire, entre le Néolithique et
l'âge du Bronze.
L'âge du Fer : premiers signes de mise en culture et de
vinification
En Gaule méridionale, l'âge du Fer correspond à une
période de profondes mutations en ce qui concerne l'exploitation de la vigne.
Histoire et archéologie montrent que les Grecs débutent
une viticulture intensive, à but commercial, peu après leur installation à
Marseille, en 600 avant notre ère.
À la même période, les populations autochtones
développent également la culture de la vigne.
Vue générale de la plantation de vigne de Port Ariane.
© C. Jung, Inrap
L'anthracologie
(étude des charbons de bois) met en évidence la présence de plus en plus
fréquente des résidus de bois de vigne : dès le Bronze final (-1400 à -800) ils
représentent ainsi entre 3 à 10 % de la masse totale de charbons de bois
identifiée sur le site de Port Ariane (Hérault), et un taux semblable pour celui de Lattara (Hérault) du IVe siècle
avant notre ère et jusqu'à la période romaine.
Cette relative abondance, qui n'est pas observée pour la
période précédente, pourrait indiquer qu'il s'agit de restes issus d'une
pratique de taille.
Le vignoble de Lattara Lattes (Hérault, IIe siècle av.
notre ère) est l'un des plus anciens attestés. Des fosses alignées y dessinent
des rangées - elles accueillaient les ceps de vigne -, les traces
perpendiculaires sont liés au marcottage. Fouille Inrap/Isabelle Daveau et
Cécile Jung.©
Grâce à la carpologie
(étude des graines), on perçoit également une brusque augmentation de la
proportion des pépins issus de variété de vigne cultivée dans les échantillons
analysés correspondant au Ve siècle avant notre ère, ce qui prouve
indéniablement un développement de l'exploitation de la vigne à cette époque.
On découvre des quantités considérables de pépins parfois
carbonisés, comme dans le site de Lattara, ou gorgés d'eau, comme ceux extraits
d'un puits de l'âge du Fer au Mas de Vignoles IV à Nîmes.
Vue partielle des dépôts dans l'une des tombes du Mas
de Vignoles IV à Nîmes (premier quart Ier siècle avant notre ère). © V. Bel,
Inrap
La culture de la vigne est alors attestée dans près de 60
% des sites du sud-est de la France, où elle perdurera jusqu'au Moyen Âge.
La mesure de taille des pépins a permis de discerner la
présence systématique de pépins issus de la vigne domestique aux côtés d'un
type correspondant à la vigne sauvage ancestrale.
Il semble dès lors probable que la viticulture se soit
rapidement répandue dans le Midi à la période charnière entre le premier et le
second âge du Fer.
Elle présentait le plus souvent un caractère extensif,
c'est-à-dire avec des plantations plutôt espacées, à la différence du modèle
plus intensif (aux plantations plus concentrées) de la viticulture grecque ou
de celle qui laissera de nombreuses traces sur le site de Lattara au cours du
second âge du Fer (-450 à -50).
La vocation de
cette viticulture indigène ne laisse guère de doutes.
Son utilisation pour la production de vin a été établie
dans quelques sites, notamment à l'île de [page|13257|Martigues] pour le IVe
siècle avant notre ère, où l'on a retrouvé ensemble pépins, pédicelles (petites
tiges rattachant les grains de raisin à la rafle), rafles et fragments de peaux
déchirés, qui constituaient de véritables résidus de vinification carbonisés.
Le saviez-vous ? L’anthracologie
L'anthracologie consiste à étudier les charbons de bois
découverts soit en contexte archéologique soit dans les sédimentations
naturelles.
Qu'ils proviennent de foyers de combustion domestiques,
de la crémation volontaire ou non d'objets ou de structures en bois, ou de
l'incendie de forêts, ces restes carbonisés, sont examinés au microscope.
Leur analyse et leur interprétation permettent à la fois
de déterminer quelle était la végétation d'un lieu ou d'une région à l'époque
où ils ont été brûlés, et l'usage qu'en faisaient les humains.
Pour les périodes de la Préhistoire et de la
Protohistoire, les fragments de bois de vigne sont souvent mélangés avec
d'autres types de bois, ce qui rend plus difficile leur identification.
La viticulture
gauloise de l'âge du Fer
En -600, les Phocéens (Grecs d'Asie Mineure) débarquent
sur le côte méditerranéenne au sud des Alpes et fondent Massalia. Installés
pour faire du commerce, ils commencent par importer leur vin d'Étrurie.
Ce n'est qu'à partir du milieu du VIe siècle avant notre
ère, avec l'arrivée de nouveaux colons, que les Massaliètes procèdent à
l'installation d'un vignoble.
Il s'agit d'abord de satisfaire leurs propres besoins ;
par la suite, une partie de leur production sera destinée à la vente.
Les découvertes réalisées sur le site de Saint-Jean du
Désert (un quartier de Marseille) témoignent directement de la culture de la
vigne et de la production de vin.
Le vignoble s'étendra ensuite progressivement dans la
région.
Les nombreux pépins de raisin de Vitis vinifera mis au
jour indiquent qu'une culture indigène s'est mise en place sur le littoral
méditerranéen de la Gaule, en région de Provence et dans le Languedoc, et
attestent la présence de vigne cultivée à partir de -500.
Enfin, les amas de pépins trouvés au cours des sondages
sur le site de Lattes (Hérault), interprétés comme étant des résidus de
pressage du raisin, ont confirmé que l'activité vinicole était particulièrement
florissante entre -225 et +25.
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