dimanche 20 janvier 2019

Riches et pauvres

Les 26 plus riches ont autant d'argent que la moitié de l'humanité
La rédaction du HuffPost avec AFP – 20/01/2019.

L'homme le plus riche du monde, Jeff Bezos, patron d'Amazon, détient 112 milliards de dollars en 2018.

BLOOMBERG VIA GETTY IMAGES
Les 26 plus riches ont autant d'argent que la moitié de l'humanité (Photo de Jeff Bezos, prise le 13 septembre 2018).

La concentration de la richesse s'est encore accentuée en 2018, 26 milliardaires ayant désormais entre leurs mains autant d'argent que la moitié la plus pauvre de l'humanité, a dénoncé l'ONG Oxfam, ce dimanche 20 janvier.
En 2017, ils étaient au nombre de 43.


Quant à l'homme le plus riche du monde, Jeff Bezos, le patron d'Amazon, sa richesse a atteint 112 milliards de dollars l'an dernier.


Or, "le budget de santé de l'Ethiopie correspond à 1% de sa fortune", souligne l'ONG.
À titre indicatif, la méthodologie de l'ONG, qui se base sur les données publiée par la revue Forbes et la banque Crédit suisse, est contestée par certains économistes.

Le nombre de milliardaires a doublé depuis la crise de 2008

D'une manière générale, la fortune des milliardaires dans le monde a augmenté de 900 milliards de dollars l'an dernier, soit au rythme de 2,5 milliards par jour, alors que celle de la moitié la plus pauvre de la population de la planète a chuté de 11%, a-t-elle précisé.

Le nombre de milliardaires a d'ailleurs doublé depuis la crise financière de 2008, a souligné Oxfam, constatant que "les riches bénéficient non seulement d'une fortune en pleine expansion, mais aussi des niveaux d'imposition les moins élevés depuis des décennies".


"Si la tendance était inversée, la plupart des gouvernements auraient suffisamment de ressources pour financer les services publics", a souligné l'ONG qui estime que "la richesse est tout particulièrement sous-taxée".

Elle a ainsi précisé que sur un dollar d'impôt sur le revenu, seulement quatre centimes proviennent de la taxation de la richesse.

Selon Oxfam, qui estime que les plus riches cachent au fisc 7600 milliards de dollars, dans certains pays comme le Brésil ou le Royaume-Uni, "les 10% les plus pauvres paient désormais des impôts plus élevés en proportion de leurs revenus que les plus riches".


La taxation des plus grandes fortunes revient au coeur du débat

"Le fossé qui s'agrandit entre les riches et les pauvres pénalise la lutte contre la pauvreté, fait du tort à l'économie et alimente la colère dans le monde", a affirmé Winnie Byanyima, directrice exécutive d'Oxfam International, citée dans le communiqué.

Les gouvernements "doivent s'assurer que les entreprises et les plus riches paient leur part d'impôts", a-t-elle ajouté, à l'occasion de la publication du traditionnel rapport annuel d'Oxfam sur les inégalités mondiales en amont du Forum économique mondial (WEF, World Economic Forum) qui se tient jusqu'à vendredi à Davos.

Ce rapport est publié dans un contexte où la taxation des plus grandes fortunes suscite des débats dans plusieurs pays.

En France, le mouvement des gilets jaunes a relancé le débat sur la suppression de l'ISF par le président Emmanuel Macron.

Aux États-Unis, la députée démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, fraîchement élue, a proposé de taxer à 70% les plus riches, obtenant le soutien du Prix Nobel d'Économie Paul Krugman.

À voir également sur Le HuffPost:




https://www.huffingtonpost.fr/2019/01/20/les-26-plus-riches-ont-autant-dargent-que-la-moitie-de-lhumanite_a_23647471/?utm_hp_ref=fr-homepage
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Posted: 20 Jan 2019 08:36 AM PST
L'éclairant calvaire de Frédéric Pierucci, lampiste et appât de l'affaire Alstom.
Par Anne-Sophie Bellaiche – 16/01/2019.

 « Le piège américain » est à la fois un thriller, un film d'espionnage, un drame psychologique et surtout un essai documenté sur la guerre économique que mènent les Américains.


Avec une arme fatale pour les entreprises étrangères, l'extraterritorialité du droit des Etats-Unis.
Une arme qui a, selon ses auteurs, coûté à la France, un des fleurons stratégique de son industrie : Alstom

« Le piège américain » de Frédéric Pierucci avec Matthieu Aron, édition JCLattès


En avril 2013 après 24 heures de voyage depuis l'Asie, un cadre d'Alstom est arrêté à la sortie de son avion à l'aéroport JFK de New York et jeté en prison.


C'est ainsi que s'ouvre « le Piège Américain", le livre témoignage de ce cadre qui paraît aujourd'hui chez Lattès.

 ARTE - 16 janv. 2019
28' est le rendez-vous quotidien d'actualité sur ARTE, 100% bimédia, du lundi au vendredi dès 20h05. Retrouvez toutes les informations sur notre site : http://www.arte.tv/28minutes.

Du côté du drame psychologique, Frédéric Pierucci, ancien directeur monde de la division chaudière d'Alstom, nous fait vivre la dégringolade hallucinante d'un cadre dirigeant lambda d'une multinationale : les chaînes aux chevilles, aux poignets et la poitrine, la promiscuité, l'enfermement dans une prison de haute sécurité à Wyatt avec des barons de la drogue ou des truands de la finance, les soins de santé défaillant, les avocats hors de prix et qui jouent contre lui, le lâchage de son entreprise.

Et enfin, et c'est sans doute le plus douloureux, la séparation d'avec sa femme et ses quatre enfants, qui depuis l'autre bout du monde, à Singapour, tentent de démêler l'incroyable imbroglio dans lequel le père de famille est tombé.

France Inter – 16/01/2019
Matthieu Aron et Frédéric Pierucci sont les invités de Léa Salamé à 7h50 pour la sortie du livre "Le piège américain, l'otage de la plus grande entreprise de déstabilisation économique témoigne" (éditions JC Lattès).

Sur le même thème: Le droit de l'Amérique

Mais au-delà du témoignage, l'intérêt du livre « Le piège américain » co-écrit avec le très talentueux journaliste Matthieu Aron est de mettre en perspective cette aventure individuelle avec la ou plutôt les affaires Alstom.

BNP Paribas, Volkswagen, Alstom... On ne compte plus les entreprises du Vieux Continent qui ont dû acquitter des pénalités colossales aux États-Unis

Car en réalité, il y a deux affaires Alstom, celle d'un système de corruption que la justice américaine a dans le viseur et que son état-major, Patrick Kron en tête, gère de la pire manière. Et celle de la vente de la division énergie d'Alstom à General Electric.


Pour Frédéric Pierucci, qui a fait 25 mois de prison au Etats-Unis, les deux affaires sont imbriquées et passent en partie par lui.

Le livre permet de comprendre dans le détail les dessous de cette affaire et d'alerter les entreprises françaises sur les dangers qui les guettent.

Le lampiste étant devenu au passage un spécialiste du Foreign corrupt practices act (FCPA), qui leur coûte très cher.
Car selon ces calculs, "entre 1977 et 2014, sur 26 amendes supérieures à 100 millions de dollars, 21 concernent des sociétés non américaines".

La menace de 125 ans de prison

Le premier interlocuteur du cadre est David Novick, procureur fédéral dans le Connecticut en charge du dossier. Il lui propose de "faire des choses pour (eux)... contre Alstom et sa direction" admettant que Frédéric Pierucci "n'était pas décisionnaire mais (...) au courant de tout ce qui se passait".

"Ce que nous voulons, c'est poursuivre la direction générale d'Alstom et notamment son P.-D.G., M. Kron".

Le  cadre refuse, suivant les consignes de la maison, et persuadé que sa direction va le tirer de ce mauvais pas.
Ce ne sera pas le cas.

Il s'aperçoit rapidement qu'en plaidant non coupable, c'est potentiellement une peine de 125 ans de prison qui l'attend.

En réalité, la faute de Frédéric Pierucci est essentiellement d'avoir été l'un des 13 signataires d'Alstom du recrutement d'un consultant sur la vente d'un projet en Indonésie en 2003. Il avait 31 ans à l'époque.

C'est ce consultant qui a lui-même versé des commissions à des élus indonésiens et dont le département de la Justice (DOJ) a le témoignage.

En la matière, le cadre a strictement suivi toutes les procédures internes d'Alstom, tandis que la responsabilité du choix des consultants incombait au service Compliance de l'entreprise.


© Ouest France/Thomas Bregardis

Au cours de ses différentes auditions, Frédéric Pierucci comprend que le DOJ enquête sur Alstom depuis 2009 et que la société fait semblant de coopérer tout en poursuivant sa politique.

L'industrie pharmaceutique joue la carte du patriotisme pour demander des aides - © Novo Nordisk

Son emprisonnement a pour but de mettre la pression sur la direction pour qu'elle coopère.
Deux autres cadres sont également mis en examen, dont un qui a quitté l'entreprise.

Frédéric Pierucci apprend que Keith Carr, le directeur juridique d'Alstom, s'est rendu à Washington pour négocier avec le DOJ, il témoigne : "vingt-quatre heures après mon arrestation, mais lui n'a nullement été inquiété par le FBI. Ce qui ne cesse de m'intriguer."

Alstom finit par collaborer avec le DOJ

Finalement, le cadre préférera plaider coupable pour avoir une chance de réduire sa peine.
Après 14 mois de prison, il est mis en liberté conditionnelle, puis peut revenir en France après moult péripéties en attendant son jugement qui a finalement lieu en 2017 et qui le renvoie pour 12 mois en prison puisque la sentence est de 30 mois de prison.

Alstom signera finalement de son côté un "plaider coupable" le 22 décembre 2014.

Frédéric Pierucci ne le loupe pas : 
"J'observe que la très grande majorité des 75 millions de pots-de-vin ont été versés après l'arrivée de Kron à la tête d'Alstom (en 2003). (...)
On comprend donc mieux ce que risquait Patrick Kron s'il avait été poursuivi."

C'est en prison que Frédéric Pierucci apprendra, stupéfait,  qu'Alstom est prêt à céder 70 % de ses activités énergie à General Electric.

Pour les auteurs, la vente d'Alstom à GE, qui entretient des liens comme toutes les entreprises américaines avec le DOJ était un moyen d'éviter la prison à son PDG Patrick Kron et de réduire le montant de l'amende.

Elle sera de plus de 700 millions de dollars mais le chiffre de 1,5 milliard circule à l'époque.
Le livre revient longuement sur le rôle d'Arnaud Montebourg pour trouver une solution alternative (avec Siemens), les batailles entre Bercy et l'Elysée, la démission fataliste d'autres, en particulier Emmanuel Macron, face à la puissance américaine, le jeu de poker menteur qui se joue entre les différents intervenants.


Il explore surtout la question : a-t-on cédé Alstom aux Américains pour de mauvaises raisons ?

Pressions sur la vente d'Alstom

Cette possibilité n'a pas manqué d'interroger des spécialistes du renseignement français et les députés de la nation.
En novembre 2017, l'assemblée lance une commission d'enquête parlementaire sur "la politique industrielle et notamment les cas d'Alstom, Alcatel et STX". Elle a tenté de démêler le sujet.

Dans ses conclusions écrites, la commission admet qu'elle n'a pas trouvé de preuves de cette thèse :
"Alstom a été fragilisée financièrement par les poursuites américaines anti-corruption mais aucun élément factuel ne permet de corroborer la théorie selon laquelle General Electric aurait instrumentalisé ces procédures pour faciliter le rachat d'Alstom".

Dans les ateliers de General Electric à Belfort. Photo d'archives Lionel VADAM.
Belfort : chez General Electric, des réductions de postes en vue dans la branche Alstom Power System.Des négociations ont été entamées au sein de la branche Alstom Power System de General Electric afin de trouver un accord de « gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences » et de rupture conventionnelle collective. 19/01/2019

Mais lors de la présentation à la presse, en avril 2018, à laquelle nous avions pu assister, il apparaissait clairement que les points de vue d'Olivier Marleix (LR), le président de la commission et de Guillaume Kasbarian (LREM), son rapporteur n'étaient pas tout à fait en ligne.

Le premier étant proche de la thèse de Frédéric Pierucci.
Président comme rapporteur de la commission se rejoignaient, en tout cas sur la sous-estimation du risque par les entreprises françaises des moyens du DOJ et le travail déficient de l'administration en matière de renseignement.

Mais aux yeux du cadre d'Alstom et Matthieu Aron, il existe une preuve irréfutable de cette collusion entre le DOJ et GE dans cette affaire.

Alors que les juges dans le cadre du FCPA, "dans 99 % des cas", valident une transaction financière et exigent le paiement de l'amende dans les dix jours.
La décision de justice, une fois le deal conclu, n'interviendra que 11 mois plus tard, une fois que les autorités européennes auront approuvé la vente.

Le deal était donc susceptible d'être revu si GE n'avait pas pu acheter l'entreprise française.
Cette décision des autorités européennes avait comme principal avocat... Patrick Kron.
Ce dernier quittera l'entreprise en janvier 2015 avec un bonus de 6,5 millions d'euros pour ses bons et loyaux services.

Sans sous-estimer la situation délicate d'Alsthom à l'époque, il faut constater qu'il a vendu à GE l'expertise qui permet la maintenance des centrales nucléaires françaises et de ses sous-marins de dissuasion.










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