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Pierre Terrail (portrait du XVIe siècle).
Sa vie est narrée par l'un de ses compagnons d'armes,
Jacques de Mailles, dans la Très joyeuse et très plaisante histoire du gentil
seigneur de Bayart, le bon chevalier sans peur et sans reproche.
Il est à l'origine du personnage du chevalier sans peur
et sans reproche qui symbolise les valeurs de la chevalerie française de la fin
du Moyen Âge.
Une de ses devises
est « Accipit ut det » : il reçoit pour donner.
La mort de Gaston de Foix à la bataille de Ravenne. Ary Scheffer — The
State Hermitage Museum ([1])
Jeunesse et débuts
militaires
Pierre III Terrail est le fils d'Aymon (ou Amon),
seigneur de Bayard, et d'Hélène Alleman de Laval, sœur de l'évêque de Grenoble
Laurent Alleman.
Les Terrail étaient une famille de la noblesse
dauphinoise qui, depuis cinq générations, avait vu périr quatre de ses membres
dans la guerre de Cent Ans. L'art de vivre et de mourir et le sens aigu de
l'honneur étaient les valeurs essentielles de cette famille.
Quoique nobles, les Terrail ne peuvent mener grand train,
leur domaine se limitant en effet à 28 journaux, soit l'équivalent de 7
hectares.
La bataille de Marignan. Attribué au Maître à la
Ratière
Pierre Terrail naît à Pontcharra en 1475 ou 1476, au
château Bayard, une simple maison-forte construite au début du XVe siècle par
l'arrière-grand-père de Bayard, Pierre du Terrail premier du nom (notaire qui
porte l'épée).
Aîné supposé d'une famille de huit enfants, dont quatre
garçons, Bayard doit mener, au sein de cette grande famille, une vie ascétique.
S'il peut entrevoir une carrière militaire, c'est grâce à
la générosité de son oncle Laurent Alleman, frère de sa mère et évêque de
Grenoble.
Il débute tout d'abord par de très modestes études à
l'école-cathédrale de la capitale dauphinoise, à l'angle de l'actuelle rue
Hache, où il apprend à écrire.
Armure de Bayard, musée de l'Armée (Paris).
En février 1486, âgé de 11 ans, il obtient, toujours
grâce à son oncle, une place de page à la cour de Charles Ier, duc de Savoie,
où il reçoit le surnom de Riquet puis Piquet en raison de son ardeur à piquer
son cheval avec ses éperons.
Parti faire son apprentissage des armes à Turin, il
termine ses études militaires à la cour de France.
En 1493, à l'âge de 17 ans, il entre en qualité d'homme
d'armes dans la compagnie du comte de Ligny.
Le mausolée de Bayard dans la collégiale Saint-André
de Grenoble. Matthieu Riegler, CC-by
Naissance de la
légende
Sitôt rejointe la compagnie du comte de Ligny, Bayard a
l'occasion de faire connaître sa bravoure, qui le rend rapidement célèbre
malgré son jeune âge.
Il fait « merveille d'armes » dans de nombreux
affrontements liés aux guerres d'Italie, sous Charles VIII.
Il participe à la bataille de Fornoue le 6 juillet 1495.
En 1496, à la mort de son père, Pierre prend le titre de
seigneur de Bayard.
Statue à Grenoble. sculpteur : Nicolo Raggi
(1790-1860) photo : Christophe.Finot
Cavalier hors pair, il excelle également comme fantassin,
comme l'atteste sa victoire dans le duel l'opposant au célèbre capitaine
espagnol Alonzo de Soto Mayor, qui l'accuse de maltraitance durant sa captivité
(1503).
Six mois plus tôt, en février, il s'était déjà distingué
lors d'un combat d'honneur à treize contre treize contre les Espagnols, selon
Guyard de Belleville, où Bayard et d'Orose soutiennent seuls contre treize.
Bayard devient le héros des récits que se content les
soldats pour distraire leur ennui.
Plan de la bataille du Garigliano. Luis García
(Zaqarbal)
La défense du pont
de Garigliano
En 1504, la retraite des troupes françaises hors du
royaume de Naples est le théâtre de l'un de ses plus hauts faits d'armes.
Le Garigliano, fleuve héritier de l'antique Liri, qui se
jette dans la Méditerranée au nord de Naples, fait séparation entre Français et
Espagnols.
Un échelon de reconnaissance est envoyé par l'armée
française pour franchir le fleuve sur un pont de bateaux rapidement lancé.
Statue équestre à Pontcharra. Matthieu Riegler, CC-by
Averti au dernier moment, Bayard se joint au petit groupe
d'éclaireurs en simple pourpoint, sans avoir pris le temps d'enfiler sa
cuirasse et son casque.
Rapidement, les trois ou quatre cents Français et Suisses
ayant franchi le Garigliano sont débordés par les 1 500 hommes appuyés
d'artillerie lancés contre eux par Gonzalve de Cordoue.
L'armée française doit battre en retraite.
Le pont, fort étroit, impose aux Espagnols de se
présenter un à un devant Bayard, resté seul à l'arrière-garde.
La vaillance, l'adresse et l'endurance de Bayard font
merveille.
Il faut toute la persuasive ardeur de ses compagnons pour
qu'il en laisse quelques-uns prendre le relais :
François de Bourdeille (le père de Brantôme) et le capitaine
Ymbault de Rivoire.
C'est finalement l'artillerie française, mise en batterie
sur la rive opposée, qui contraint les Espagnols à refluer et met fin à la
bataille.
Capitaine
En avril 1507, toujours sous le règne de Louis XII, il
force le passage des Apennins devant Gênes et prend la ville, qui vient de se
soulever.
Cette victoire est l'occasion d'un éblouissant défilé de
troupes françaises en présence du roi, le 20 avril 1508.
Le 14 mai 1509, Bayard s'illustre à la bataille d'Agnadel
(au sud de Bergame, près de Crémone), victoire qui ouvre à Louis XII les portes
de Venise ; une victoire acquise dans un bain de sang : 14 600 morts, qu'une
chapelle des morts ainsi qu'une stèle commémorative rappellent encore
aujourd'hui.
Le roi vient précisément d'octroyer à Bayard les
fonctions de capitaine, grade habituellement réservé aux puissants nobles du
royaume : les troupes sont généralement commandées par le lieutenant, le
capitaine, souvent un notable, étant rarement présent sur le champ de bataille.
D'août à septembre de la même année, se déroule le siège
de Padoue.
Bayard se trouve alors en garnison à Vérone.
Il attaque quatre garnisons vénitiennes qui protègent la
porte de Vicence.
En 1510, il tente d'enlever le pape Jules II, qui s'était
retourné contre ses anciens alliés français.
En février 1512, après avoir pris Bologne, il assiège
Brescia.
Le 19 février, alors qu'il combat à pied, il y est
grièvement blessé d'un coup de pique dans le haut de la jambenote.
Recueilli par un gentilhomme, il sauve sa demeure du
pillage et sa femme du déshonneur.
Vite remis, il s'illustre à nouveau, à Ravenne, lors du
délicat retrait des troupes françaises.
Son compagnon d'armes, Gaston de Foix, y meurt l'arme à
la main, le 11 avril 1512, à seulement 23 ans.
Marignan
Devenu roi le 1er janvier 1515, François Ier manifeste
dès le 20 janvier 1515 son intérêt pour Bayard en le nommant lieutenant général
du Dauphiné.
À Marignan, au soir de la victoire, il est dit que, pour
le « grandement honorer », François Ier voulut prendre « l'ordre de chevalerie
de sa main ».
C'est ainsi que le lendemain matin, le 15 septembre 1515,
les compagnies d'ordonnance se seraient rassemblés et le roi, alors âgé de
vingt ans, se serait fait adouber par celui qui réalisait le mieux aux yeux de
tous l'idéal de courage et de loyauté des preux du Moyen Âge.
Plusieurs auteurs évoquent l'adoubement du roi par Bayard
sur le champ de bataille de Marignan le 15 septembre 1515 : Symphorien Champier
(1525), le Loyal Serviteur (1527, mais peut-être 1524 et Aymar du Rivail (v.
1530), ainsi que le maréchal de Florange (v. 1526).
Quelques auteurs, notamment par Didier Le Fur dans son
livre, Marignan : 13-14 septembre 1515, paru chez Perrin en 2004, ont considéré
cette histoire comme un mythe, qui aurait été monté par demande royale, et
élaboré en 1525 : cette légende apocryphe aurait été montée afin notamment de
faire oublier que celui qui aurait adoubé François Ier lors de son sacre
(c'est-à-dire le connétable de Bourbon, artisan de la victoire de Marignan) se
rangea en 1523 du côté de Charles Quint.
Pire, le connétable aurait été l'organisateur de la
future défaite de Pavie, et donc de l'emprisonnement de François Ier.
La légende aurait donc été inventée pour faire oublier
les liens « filiaux » qui liaient le roi et son traîtreux sujet, tandis qu'elle
aurait renforcé un lien (inexistant au départ) entre le souverain et le symbole
du courage et de la vaillance, qui meurt en 1524.
L'invention pourrait également être liée à la volonté du
roi de France de se montrer le parfait exemple, chevaleresque entre tous, alors
qu'il était prisonnier.
La légende initiée par l’auteur Symphorien Champier, dans
un livre publié à Lyon en 1525, et telle qu’elle a été analysée par l’historien
spécialiste de François 1er Didier Le Fur, est au cœur du roman historique La
colline aux corbeaux publié par Heliane Bernard et Christian-Alexandre Faure,
éditions Libel, 2018, 383 p.
D'autres historiens comme Robert Knecht et Nicolas Leroux
ne croient pas du tout à une invention d'une hypothétique propagande royale,
faisant de surcroît remarquer que, si l'on regarde les récits du sacre
attentivement, le jeune roi, en fait, ne reçut pas la chevalerie du connétable
de Bourbon.
Gouverneur
populaire
En tant que lieutenant général du Dauphiné, Bayard assure
la gouvernance de la province, puisque, selon la coutume, le gouverneur en
titre — qui est alors le duc de Longueville — ne s'en occupe nullement.
Bayard est acclamé le 17 mars 1515, lors de son entrée
dans Grenoble, heureuse de recevoir l'illustre chevalier.
Une salve de 18 coups de canon est tirée du haut de la
tour de l'Isle, où stationnent cinq grosses bombardes.
Le lendemain, les consuls de la ville viennent le saluer
en lui offrant deux tonneaux de vin et de l'avoine pour ses chevaux.
Mais dès le mois de juillet, Bayard doit repartir avec sa
compagnie et trois mille hommes de pied sur les confins du marquisat de Saluces
pour le passage des troupes que François Ier est en train de réunir.
Au début du mois d'août, le roi arrive à Grenoble et y
séjourne quelques jours avant de partir vers l'Italie.
La victoire de Marignan en septembre permet à Bayard de
séjourner par la suite un peu plus longuement dans son gouvernement du
Dauphiné, non sans devoir à plusieurs reprises repartir en campagne en Italie
ou dans le Nord de la France à la demande du roi.
Bayard prend très à cœur ses fonctions et acquiert de
nouveaux titres à la reconnaissance publique.
Trois domaines sont des objets spéciaux de son attention
: la peste, les inondations et les brigands.
Il fait nettoyer les rues de Grenoble, purger les égouts
et surveille personnellement les travaux de défense contre les inondations.
Le 18 janvier 1519, il se rend au port de La Roche, près
de la porte Perrière sur la rive droite de l'Isère afin d'examiner les
réparations à la suite des crues de l'Isère et du Drac.
Il envoie six ouvriers pour refaire les quais du port.
Bayard crée également une commission chargée de surveiller, pendant ses
absences fréquentes, la construction de digues pour détourner le Drac à partir
du pont Lesdiguières du Pont-de-Claix jusqu'au port de La Roche.
Bayard propose aux mendiants valides d'assurer les
travaux sous les ordres des Consuls de la ville.
De nouvelles taxes seront imposées pour financer ces
endiguements en 1524.
En 1522, alors que les consuls lui conseillent de partir à
Tullins, il prend des mesures contre la peste et la famine qui sévissent dans
la ville.
Les pestiférés sont regroupés dans l'hôpital de l'Isle,
en dehors des remparts de la ville, et trois médecins sont sommés de rester
pour soigner les malades.
Mort et postérité
À l’été 1521, il défend Mézières, assiégée par les
troupes allemandes de Charles Quint.
En 1523, François Ier, refusant les défaites, le rappelle
à ses côtés.
Le 22 août, les premières troupes italiennes franchissent
les monts près de Lyon. Bayard est mortellement blessé par un coup d'escopette
dans le dos le 29 avril 1524, à Romagnano Sesia (Novara) ou Rovasenda
(Vercelli), pendant qu'il couvre la retraite de l'armée française.
La colonne vertébrale brisée, il enjoint à ses compagnons
de le quitter et leur dit : « Je n'ai
jamais tourné le dos devant l'ennemi, je ne veux pas commencer à la fin de ma
vie ».
Le connétable de Bourbon, qui s'était retourné contre le
roi de France, poursuit les Français à la tête des troupes de Charles Quint.
Selon les mémoires de du Bellay écrites vers 1540, il
vient devant Bayard et dit :
— « Ah ! Monsieur de
Bayard, que j’ai grand-pitié de vous voir en cet état, vous qui fûtes si
vertueux chevalier ! »
— « Monsieur, » répond-il, mourant, « il n’est besoin de pitié pour moi, car je meurs en homme de bien ;
mais j’ai pitié de vous, car vous servez contre votre prince et votre patrie !
».
Ces paroles peu vraisemblables sont prêtées à Bayard par
du Bellay : elles ne se trouvent pas dans les mémoires du loyal serviteur de
Jacques de Mailles ou dans Une Vie de Symphorien Champier.
Il agonise dans le camp adverse, pleuré par ses ennemis.
Son corps est ramené en France et, après des obsèques
solennelles à la cathédrale de Grenoble, il est enterré au couvent des Minimes
de Saint-Martin-d'Hères (près de Grenoble).
Sa sépulture est
profanée à la Révolution.
Pour faire plaisir au roi de France Louis XVIII, le
préfet de l'Isère fait transférer ses restes présumés le 24 août 1822 en la
collégiale Saint-André de Grenoble mais ils s'avèrent être ceux d'une jeune
fille.
Puis en 1937, un passionné relance des fouilles à Saint-Martin
d'Hères et trouve trois cercueils alignés, dont un abrite un officier portant
une plaque d'officier. Les restes de cet officier sont entreposés dans les
années 1960 aux Archives départementales de l'Isère.
Depuis 2013, Jean-Christophe Parisot de Bayard a
entrepris des démarches d'identification génétique du crâne supposé de Pierre
Terrail.
Les résultats de cette étude de l'ADN mitochondrial de ce
crâne, annoncés en 2017, confirmeraient qu'il s'agit de lui mais elles ont été
menées par le professeur Gérard Lucotte, un scientifique mis au ban de sa
communauté.
Bayard ne contracta aucune union.
Il laisse toutefois une fille naturelle prénommée Jeanne
qui épousa François de Bocsozel en présence de ses deux oncles paternels
Philippe Terrail, évêque de Glandèves, et Jacques Terrail, abbé de Notre-Dame
de Josaphat au diocèse de Chartres, le mariage étant célébré par leur cousin
Laurent II Alleman, évêque de Grenoble.
Ce fut le notaire delphinal Jacques de Mailles, ancien
compagnon d'arme et secrétaire de Bayard, qui dressa le contrat de mariage, le
25 août 1525.
Le patronyme de Bayard fut depuis porté par plusieurs
familles descendant de la famille Alleman.
En juillet 2012, Christiane Taubira, alors Garde des
Sceaux, autorisa le descendant direct de Catherine Alleman de Sécilienne-Laval
d'adjoindre à son patronyme celui du Chevalier.
Afin de préserver et d'honorer la mémoire du chevalier,
les villes de Pontcharra (lieu de sa naissance) et de Rovasenda (lieu de sa
mort) sont jumelées.
Voir la suite sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Terrail_de_Bayard
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