Par Jean-Michel Décugis,
Éric Pelletier et Jérémie Pham-Lê – 02/05/2019.
Les personnes arrêtées mardi envisageaient d’attaquer le
palais de l’Élysée à la kalachnikov.
Selon l’enquête, les quatre hommes de 17 à 39 ans mis en
examen mardi pour terrorisme avaient effectué des repérages autour de la
présidence de la République et acquis une kalachnikov.
Les personnes arrêtées mardi envisageaient d’attaquer
le palais de l’Élysée à la kalachnikov. LP/Frédéric Dugit
En garde à vue, ils n’ont pas caché leur adhésion à
l’islam radical.
Ni leur volonté de commettre une action violente, projet
déjà à un stade avancé lors du coup de filet policier.
Selon nos informations, les quatre suspects, Alexandre
B., Karim B., Anis M. et M.C., interpellés vendredi puis mis en examen mardi
pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » et écroués,
envisageaient d’attaquer l’Élysée au fusil d’assaut kalachnikov, mais aussi un
commissariat de Seine-Saint-Denis.
Shutterstock
La date d’un passage à l’acte au début du ramadan a été
évoquée lors de leurs discussions.
C’est ce qui ressort des investigations des policiers de
la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), qui ont fait usage de
techniques de surveillance très poussées pour mettre hors d’état de nuire ce
groupe de fanatiques du groupe État islamique (EI).
Âgés de 17, 26, 38 et 39 ans, les terroristes présumés,
domiciliés à Paris, dans le Val-d’Oise et en Seine-Saint-Denis, étaient dans le
viseur des enquêteurs depuis le 1er février.
Les mis en cause sont suspectés d’avoir voulu
commettre un acte violent contre les forces de l’ordre (Photo d’illustration).
LP/Olivier Boitet
Au cours de leurs préparatifs, les suspects ont effectué
des repérages rue du Faubourg-Saint-Honoré (8e arrondissement de Paris), où est
située la Présidence de la République.
Un mineur déjà jugé pour « association de malfaiteurs
terroristes » fait partie du groupe des quatre mis en cause. (Illustration)
LP/Florian Loisy
Les analyses de leurs téléphones et les surveillances
confirment l’existence de ces déplacements destinés, semble-t-il, à observer
les rondes des policiers en faction.
Dans leurs échanges, des suspects se seraient vantés de
bien connaître l’Élysée et auraient évoqué une porte d’entrée de service.
Voulaient-ils s’en prendre aux forces de l’ordre, frapper
aveuglément ou cibler une personne en particulier ?
L’enquête doit encore le déterminer.
Des mosquées
également visées
Durant le ramadan, les croyants sont invités à
s’abstenir de boire, de manger et d’avoir des relations sexuelles, de l’aube
jusqu’au coucher du soleil (illustration). LP/Jila Varoquier
Une certitude : les investigations révèlent que la
cellule djihadiste s’est aussi intéressée au commissariat d’Aulnay-sous-Bois.
Là encore, des repérages ont été détectés.
« Je m’en fiche de
tirer sur des flics même s’ils sont musulmans », a d’ailleurs reconnu, en
substance, l’un des suspects en garde à vue.
D’autres cibles
ont été évoquées, tels l’avenue des Champs-Élysées ou… des mosquées, au motif
que les musulmans de France seraient trop modérés.
Le groupe, qui
discutait sur des messageries chiffrées, était parvenu à collecter 1200 euros
pour acquérir un fusil d’assaut kalachnikov.
Des réunions ont été organisées à Chelles
(Seine-et-Marne).
Parmi les quatre
suspects, seul le benjamin était connu pour terrorisme.
Ancien lycéen fiché S, M.C. avait été condamné en janvier
à trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour un projet de départ avorté
en Syrie en 2017.
Le mineur
séjournait depuis dans un centre éducatif fermé situé dans une petite commune
de la Seine-Saint-Denis.
Selon le centre d’analyse du terrorisme (CAT), M.C. avait
été intercepté avec un ami plus âgé sur une autoroute d’Allemagne en février
2017 : il avait alors déclaré aux policiers de la DGSI qu’il comptait «
rejoindre l’armée syrienne libre, combattre le régime de Bachar el-Assad et
faire de l’humanitaire ».
Mais les enquêteurs avaient découvert sur son iPhone de
nombreuses chaînes Telegram pro djihadistes, des nasheeds (chants guerriers)
appelant à « égorger les mécréants » ainsi que, plus inquiétant, des recherches
sur des balles 9 mm et une vidéo montrant des policiers du commissariat de
Gonesse (Val-d’Oise).
Pas des « menaces
en l’air »
Victime d’une enfance chaotique, M.C. est par ailleurs
l’auteur d’une fausse alerte à la bombe commise… le 13 novembre 2015 à la gare
de Lyon de Paris.
C’est en se
procurant un téléphone portable, à l’insu de ses éducateurs qui ignoraient sa
radicalisation persistante, que le jeune homme serait entré en contact avec ses
complices.
Le profil de l’aîné du groupe intéresse aussi les
enquêteurs.
À 39 ans, Alexandre B. était, selon une source proche des
investigations, le membre le plus actif.
Cet habitant du 19e arrondissement de Paris était
fonctionnaire à la mairie de Paris, recruté en juin 2013 comme adjoint
technique à l’entretien d’un stade sportif.
Quant aux deux autres suspects, Karim B. et Anis M., ils
n’étaient connus que pour délits de droit commun, le premier également pour des
troubles psychiatriques.
Un proche des investigations l’assure :
« Pour nous, cette
cellule ne proférait pas de menaces en l’air et allait agir de façon imminente.
»
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