Le 23 avril, Riyad a procédé à l'exécution groupée la
plus importante de ces trois dernières années en tuant 37 citoyens, en majorité
chiites, accusés de terrorisme.
Accusations prononcées lors de «simulacres de procès»,
selon Amnesty international.
Le prince héritier saoudien Mohamed ben Salmane au
siège des Nations unies à New York le 27 mars 2018 (image d'illustration). ©
Amir Levy Source: Reuters
Riyad a annoncé ce
23 avril avoir procédé à la décapitation de 36 citoyens et le crucifiement d'un
autre (et non deux, comme nous l'écrivions précédemment en raison d'une erreur
de traduction), pour la plupart chiites, accusés de crimes terroristes.
37 personnes exécutées par décapitations en Arabie
Saoudite
LA RÉDACTION 23
AVRIL 2019
Le chiisme est une branche de l'islam minoritaire en
Arabie saoudite, et majoritaire en Iran, pays ennemi du royaume wahhabite.
Comme le rapporte
l'agence de presse AP, un des corps, celui d'un individu présenté comme un
extrémiste sunnite, a été exposé sur la place publique en guise
d'avertissement.
Le roi Salmane à Dhahran le 15 avril 2018. Source:
Reuters
Selon un communiqué de l'ONG Amnesty international, 11
des hommes exécutés auraient été jugés coupables d'espionnage pour le compte de
l'Iran et au moins 14 autres auraient été condamnés à cause de leur
participation à des manifestations antigouvernementales dans les zones du pays
peuplées majoritairement de chiites entre 2011 et 2012.
L'écrivain
saoudien et défenseur des droits de l'homme Fuad Ibrahim affirme pour sa part
que 32 des 37 condamnés étaient des militants chiites de l'opposition.
L'un des
prisonniers exécutés était Abdulkareem al-Hawaj, un jeune chiite qui n'avait
que 16 ans lorsqu'il a été arrêté et condamné pour participation à des émeutes
anti-gouvernementales.
Dans sa déclaration, le ministère saoudien de l'Intérieur
a déclaré que les personnes exécutées avaient adopté «des idéologies
extrémistes» et constitué des cellules terroristes dans le but de «semer le
chaos» et de «provoquer des conflits sectaires».
Vidéo
Nicolas Sarkozy en Arabie Saoudite
Conformément à la
loi en vigueur dans ce pays allié clé des Etats-Unis, les citoyens reconnus coupables ont été
décapités, ou crucifié selon les cas, sur décision du tribunal pénal de
Riyad, spécialisé dans les procès pour terrorisme. L'exécution a également été
ratifiée par un décret du roi Salmane.
Abdennour Bidar « La lapidation, preuve extrême de la
logique de violence de l’islam” Jan 17, 2016
Amnesty
international affirme pourtant que les personnes exécutées ont été condamnées
après des «simulacres de procès sur des aveux extorqués sous la torture».
Dénonçant «une
démonstration effrayante du mépris de l'autorité [saoudienne] pour la vie
humaine», l'ONG a estimé que cette exécution collective prouvait que la
peine de mort pouvait être utilisée comme «un outil politique pour écraser la
dissidence».
Conséquences du Mariage Temporaire en Iran
Parmi les rares réactions à cette exécution groupée, le
ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a tweeté :
«Après avoir cligné de l'œil face au démembrement d'un
journaliste, pas un bruit de
l'administration Trump quand l'Arabie saoudite décapite 37 hommes en un jours -
crucifiant même l'un d'eux, deux jours après Pâques.»
Vidéo
Chiisme : le mariage temporaire en Iran.
L'ONU a réagi un peu plus tard le 24 avril, condamnant
des «exécutions de masse choquantes». Michelle Bachelet, Haut-Commissaire de
l'ONU aux droits de l'Homme a en outre affirmé :
«Je demande
urgemment au gouvernement saoudien de lancer immédiatement une révision de sa
loi antiterroriste [...] afin d'interdire la peine capitale pour les mineurs.»
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (à
droite) en réunion avec la ministre française de la Défense, Florence Parly, à
Jeddah, en Arabie Saoudite, le 8 juillet 2018 (image d'illustration).
Il s'agit de l'exécution groupée la plus importante de
ces trois dernières années dans le pays, et par conséquent, de la première de
cette ampleur depuis la prise de fonctions le 21 juin 2017 du prince héritier
Mohammed ben Salmane, pourtant engagé dans une tentative d'amélioration de
l'image du royaume à l'international.
SHAFAQNA – Arabie saoudite et Moyen-Orient
La dernière
exécution groupée de cette ampleur en Arabie saoudite avait eu lieu le 2
janvier 2016, date à laquelle le royaume avait exécuté 47 personnes, aussi
accusées de terrorisme.
Trois questions pour comprendre la différence entre
chiite et sunnite *
En comptant les
exécutions du 23 avril, plus d'une centaine de personnes ont été mises à mort
dans le pays depuis début 2019, d'après un décompte établi sur base de
communiqués officiels.
……………………….
Abdennour Bidar,
professeur de philosophie en classes préparatoires à Sophia-Antipolis, pose un
regard lucide et courageux sur la violence inhérente à islam, et appelle les
musulmans à se libérer de ses lois totalitaires.
La monstrueuse
condamnation d’une femme à la lapidation par la République islamique d’Iran
donne encore une fois de l’islam une image catastrophique, celle d’une religion
archaïque, violente et totalitaire.
N’essayons pas en effet de dédouaner la religion
islamique du meurtre programmé de Sakineh Mohammadi-Ashtiani en soutenant qu’il
s’agit d’une décision politique.
Le pouvoir de Mahmoud Ahmadinejad se fonde sur une
idéologie reconnue comme celle d’un islam fondamentaliste.
Hélas !, la
religion islamique entière se nourrit de violence.
En tant qu’intellectuel musulman, je dois prendre la
responsabilité de dire cela haut et fort, en m’insurgeant contre cette sentence
de lapidation au nom de la dignité de la personne humaine.
Mais je ne saurais m’en tenir à cette indignation.
Si en effet la pulsion totalitaire de la religion
islamique trouve là l’une de ses expressions les plus inhumaines, il faut y
voir simplement l’une des formes les plus radicales d’une logique générale qui
a pris, au fil des siècles, le contrôle de la vie spirituelle des musulmans du
monde.
Hélas !, la religion islamique entière se nourrit de
violence.
………………….
* Trois questions
pour comprendre la différence entre chiite et sunnite
SHAFAQNA – Religion la plus répandue après le christianisme,
l’islam compte aujourd’hui 1,3 milliard de croyants.
Cette religion se compose de plusieurs courants. Les deux
principaux sont le sunnisme (80% des fidèles) et le chiisme (15%).
La répartition entre ces deux courants apparaît
clairement sur un carte du Moyen-Orient.
Voici les
principaux sujets qui divisent depuis plus de mille ans les musulmans sunnites
majoritaires en Arabie saoudite et chiites majoritaires en Iran.
Q: En quoi
consiste la division?
R: Les divisions sont apparues lorsque la question de la
succession du prophète, mort en 632, a émergé.
Certains estimaient à l’époque que le successeur du
prophète devait être choisi parmi ses disciples, alors que d’autres – les
chiites (partisans) d’Ali – affirmaient que Mahomet avait choisi Ali, son
cousin, pour lui succéder.
Pour les sunnites, Abu Bakr, un confident du prophète,
est devenu le premier successeur.
Il a été suivi par deux autres du cercle proche des
partisans de Mahomet, Ali arrivant en quatrième position.
Les partisans d’Ali n’ont pas reconnu Abu Bakr ni les
deux autres successeurs.
Les chiites portent une grand estime à la famille du
prophète, en particulier à Ali et ses deux fils Hassan et Hussein.
L’imam Hussein a été tué avec toute sa famille en l’an
680.
L’anniversaire de sa mort donne lieu chaque année à des
célébrations le jour d’Ashoura avec la participation de millions de pèlerins
chiites.
Q: Quelles sont
les différences religieuses?
R: Les musulmans sunnites et chiites ont en commun de
nombreuses croyances et pratiques, notamment les cinq piliers de l’islam
comprenant le pèlerinage à la Mecque et les cinq prières quotidiennes.
Les chiites considèrent Ali comme le premier successeur
du prophète et estiment qu’il est, tout comme ses onze successeurs (imams, des
modèles à suivre.
L’islam chiite possède un clergé hiérarchisé, avec des
religieux occupant des rangs plus ou moins élevés (imam, ayatollah), plus que
n’en possède l’islam sunnite.
Les chiites croient que le douzième successeur du
prophète qui a disparu, doit revenir sur terre pour instaurer la justice et la
paix avant le jour du jugement dernier.
Les musulmans sunnites jugent les quatre successeurs du
prophète comme les califes “bien guidés” et n’accordent pas de signification
particulière aux leaders qui sont venus ensuite.
Les musulmans chiites mentionnent Ali dans la profession
de foi (shahada).
Ils ont des journées de fête et de deuil distinctes des
sunnites, basées sur leur révérence à la famille du prophète, en particulier
les cérémonies d’Ashoura et Arbaeen, consacrées à la commémoration de l’imam
Hussein mort en martyr.
Q: Combien
y-a-t-il de sunnites et de chiites dans le monde?
R: Selon une étude du centre de réflexion Pew Forum
datant de 2015, il y a un peu moins de 1,6 milliard de musulmans dans le monde,
dont environ 90% de sunnites.
Les 10% restants se répartissent entre différentes
branches du chiisme.
La répartition des deux branches de l’islam est plus
équilibrée au Moyen-Orient où se trouvent de fortes communautés chiites,
majoritaires en Iran, en Irak et à Bahreïn.
Des branches du chiisme sont également présentes en
Syrie, au Liban et au Yémen.
L’Iran, où 90% des 79 millions d’habitants sont chiites,
est le plus grand pays chiite au monde et se solidaire généralement avec les
communautés chiites moins puissantes dans d’autres pays.
Au-delà du Moyen-Orient, il existe également des branches
du chiisme dans trois pays voisins de l’Iran, l’Azerbaïdjan, le Pakistan et
l’Afghanistan, ainsi qu’en Inde.
L’Arabie saoudite, où ont lieu les pèlerinages de La
Mecque et de Medina, est considérée comme le centre de l’islam sunnite et son
roi comme “le gardien des deux mosquées saintes” qui se trouvent dans ces deux
villes.
L’université al-Azhar du Caire est présentée comme
l’institution académique la plus importante de l’islam sunnite et est une
référence pour les croyants.
Sunnisme et
chiisme dans le Moyen Orient d’aujourd’hui
La majorité des pays arabes est sunnite tandis que les
chiites sont majoritaires en Iran, en Irak ainsi qu’au Yémen:
LES PAYS A
MAJORITE SUNNITE
» Egypte
– Musulmans sunnites : 90 %
– Chrétiens coptes : 6%
» Arabie Saoudite
– Musulmans sunnites : 97%
– Musulmans chiites : 2,5%
» Jordanie
– Musulmans : 95% (majorité sunnites)
– Chrétiens (tous rites) : 5%
» Soudan
– Musulmans sunnites : 70%
– Croyances locales : 20%
– Chrétiens : 5%
– Autres : 5%
» Syrie
– Musulmans sunnites : 75%
– Musulmans alaouites : 11%
– Chrétiens (tous rites) : 10%
– Druzes : 4 %
» Emirats arabes unis
– Musulmans sunnites : 87%
– Musulmans chiites : 13%
» Koweit
– Musulmans sunnites : 79%
– Musulmans chiites : 21%
– Chrétiens, Hindous, Parsi et autres : 15%
» Qatar
– Musulmans sunnites : 95%
– Musulmans chiites : 10%
» Afghanistan :
Musulmans sunnites : 84 %
Musulmans chiites : 15 %
LES PAYS A FORTE
PROPORTION CHIITE
» Iran
– Musulmans chiites : 80 % (Chiisme religion d’Etat)
» Liban
– Musulmans sunnites : 22%
– Musulmans chiites : 25%
– Druzes : 8%
– Chrétiens (tous rites) : 41%
» Irak
– Musulmans chiites : 51%
– Musulmans sunnites : 46%
– Chrétiens (divers rites) : 3%
» Yémen
– Musulmans sunnites : 55%
– Musulmans chiites (zaydites) : 45%
» Bahrein
– Musulmans chiites : plus de 50%
– Musulmans sunnites : 31 %
http://actualite-israel.com/abdennour-bidar-la-lapidation-preuve-extreme-de-la-logique-de-vi-540945/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Votre commentaire est le bienvenu à condition d'être en relation avec le sujet - il sera en ligne après accord du modérateur.
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.