Une campagne mise en place par des associations dans tout
la France, appelle les citoyens à faire tester leur urine pour déterminer sa
concentration en glyphosate.
RT France a assisté au prélèvement du jour, à la mairie
du 2e arrondissement à Paris.
Tester la concentration de son urine en glyphosate et
attaquer ensuite ses fabricants et les responsables du maintien du pesticide
sur le marché ?
Campagne contre le glyphosate
C'est l'objectif de la «Campagne glyphosate», qui
appelait le 5 avril au matin depuis la mairie du 2e arrondissement à Paris les
citoyens à se soulager dans des éprouvettes.
Monsanto : un tribunal condamne la firme à verser 80
millions de dollars à un malade du cancer
«Les taux allaient jusqu’à 3,5 microgrammes par litre
(µg/l).
Le seuil autorisé dans l’eau potable en France étant de
0,1 µg/l, elles ont jusqu’à 35 fois plus de glyphosate dans leurs urines que le
taux légal dans l’eau.
Monsanto aurait monté un réseau fictif de fermiers
pour chanter les louanges du glyphosate
«Il y a une contamination massive au pesticides de
synthèse qui sont potentiellement dangereux pour notre santé», estime Marion
Nguyen, de l'association Nature Rights, référente pour la campagne à Paris en
banlieue, interviewée par RT France.
Il y a une contamination massive aux pesticides de synthèse
Les pisseurs involontaires du Havre (Seine-Maritime)
ont tous été testés positifs au glyphosate. (©©Adobe stock/Illustration)
Le 5 avril au matin, à partir de 6h30, des citoyens et
des élus, dont le maire du 2e arrondissement, se sont succédés dans l'ancien
tribunal de la mairie mis à disposition.
Le glyphosate est utilisé comme alternative au
fauchage ou au paillage : flore spontanée détruite dans cette monoculture pour
la production de pomme du Limousin, une Appellation d'origine protégée. Père
Igor
«En période d’épandage, les taux sont en général trois
fois supérieurs à ce qu'ils sont en hiver, ce qui nous laisse penser que le
produit se diffuse dans l'air et dans l'eau», explique la référente.
Chez Système U, on sait aussi comment se passer du
glyphosate...
Cette campagne opérée à Paris et en banlieue a recueilli
le 5 avril une trentaine de prélèvements.
Tout d'abord timide, la démarche a vu le jour en Ariège,
en février 2018 sous l'impulsion des faucheurs volontaires.
Engagés contre les atteintes à environnement que
représentent les pesticides, et disposant d'un solide arsenal législatif, ils
ont fait appel aux personnes qui souhaitaient savoir si elles étaient
contaminées.
Le Roundup Pro 360 doit «être considéré comme une
substance dont le potentiel cancérogène pour l'être humain est supposé», a
conclu la justice (illustration). REUTERS/Benoit Tessier
Après avoir essuyé de nombreux refus de prêt de salle par
les municipalités, la campagne a fait son chemin.
Aujourd'hui, une soixantaine de départements l'ont mise
en place, et les participants affluent, y compris chez les politiques.
«Une dizaine de députés, dont deux de La République en marche,
de la France insoumise, d'Europe Ecologie les Verts, Delphine Batho qui est non
inscrite, Parti radical de gauche, ont déjà participé», explique Marion Nguyen.
Des milliers de
plaintes de citoyens contre le glyphosate
Le but visé par la campagne n'est pas simplement de
renseigner les citoyens sur leur contamination mais de porter l'affaire devant
les tribunaux.
La quasi-totalité des participants ont réalisé leur
prélèvement sous la surveillance d'un huissier, afin qu'il soit jugé recevable
en vue du dépôt de plainte qui suivra pour «mise en danger de la vie d’autrui,
tromperie aggravée et atteinte à l’environnement».
«La cinquantaine de personnes qui sont prélevées à chaque
fois vont arriver au tribunal tous ensemble.
Comme nous sommes aujourd'hui très nombreux, on suppose
que le tribunal n'aura pas de salles pour nous accueillir.
On pense arriver aux 10 000 personnes puisque chaque
semaine il y a de nouveaux tests.[...]
Le pôle santé du tribunal de grand instance de Paris a
jugé la plainte recevable, et ils mettent en place des enquêtes sur les trois
motifs de la plainte [...] ils devront déterminer s'il y a matière à condamner
les personnes ciblées ou pas», explique la militante.
«On a un
effondrement de la biodiversité, on a perdu 80% des insectes en 35 ans et
les derniers rapports scientifiques ciblent vraiment l'usage des pesticides comme
première cause de mortalité [...]», poursuit-elle, en plaidant pour que les
pratiques de l'agriculture intensive évoluent drastiquement car «on n'a plus le
choix».
………………
Le glyphosate
(N-(phosphonométhyl)glycine, C3H8NO5P) est un herbicide total foliaire
systémique, c’est-à-dire non sélectif, absorbé par les feuilles et à action
généralisée.
Autrefois exclusivement produit par Monsanto (à partir de
1974, sous la marque Roundup), son brevet est passé dans le domaine public en
2000, de sorte que d'autres entreprises le produisent désormais.
Le glyphosate seul est peu efficace, car il n'adhère pas
aux feuilles et les pénètre difficilement.
On lui adjoint donc au moins un tensioactif.
Le glyphosate est classé depuis le 20 mars 2015 comme «
probablement cancérogène » par le Centre international de recherche sur le
cancer (CIRC). Cette agence de l'OMS précise que ce classement est uniquement
une estimation du danger, et que l'estimation du risque pour la population
générale est du ressort des agences de sécurité sanitaire.
Depuis lors, un panel d'experts de l'Organisation des
Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture et de l'Organisation
mondiale de la santé estime en mai 2016 qu'il est improbable que le glyphosate
soit cancérigène par voie alimentaire.
Des appréciations similaires ont été rendues par
l'Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) ainsi que par les différentes
agences nationales ayant été chargées récemment d'évaluer le risque sanitaire
du glyphosate par voie alimentaire.
Les opposants au glyphosate lui prêtent par ailleurs des
effets néfastes sur l'environnement, notamment certains insectes et de façon indirecte
les oiseaux qui s’en nourrissent, ainsi que sur la santé des personnes exposées
aux pulvérisations (agriculteurs et populations rurales).
https://francais.rt.com/france/60716-100-citoyens-testes-ont-concentrations-elevees-glyphosate-urine
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