[Le 24 mars 1999, les armées de l’OTAN bombardent
Belgrade avec l’aval de Londres, Berlin et Paris. Souvenir d’un crime contre un
pays ami de la France.]
24 MARS 1999 – 24 MARS 2019 : L’Amérique contre l’Europe
Voilà 20 ans, la soldatesque américaine débutait les
bombardements sur Belgrade, capitale d’une Serbie francophile jusqu’au bout des
ongles.
Le monument à la France, où est inscrit depuis 1928 «
Nous aimons la France comme elle nous a aimés », atteste de cette francophilie
solide et enracinée dans les âmes serbes.
SkuaL Mitrovic - Ajoutée le 13 mars 2010
Plusieurs médias serbes ont accusés Bernard Kouchner
d'avoir couvert le scandale des trafics d'organes. À l'affaire de la Maison
jaune, par référence à la couleur de la clinique clandestine où des organes
étaient prélevés sur plus de 300 prisonniers civils serbes avant qu'ils ne
soient exécutés, qui a été attestée par l'ancienne procureur du TPI Carla del
Ponte dans son livre La Traque, les criminels de guerre et moi (
http://www.amazon.fr/Traque-criminels... ) 4 ans après les faits, les
enquêteurs de Mme Del Ponte ont localisés la Maison jaune à Burrell (Albanie),
mais n'ont pu y trouver d'indices permettant de reconstituer la filière.
Le Conseil de l'Europe a fait ouvrir une nouvelle
enquête.
En répondant à la presse, Bernard Kouchner ne
manifeste aucune compassion pour les victimes et leurs familles.
Il choisit d'ironiser la complicité passive qu'on lui
impute en niant l'existence du crime. En outre, il qualifie de "salauds et
d'assassins » ceux qui colportent cette rumeur ; des propos qui incluent Carla
Del Ponte.
Or ce temps semble révolu, quand l’Ecole française de
Belgrade recrute un professeur d’histoire-géographie, formé par l’Education
nationale, avec l’exigence qu’il ait (on se frotte les yeux) « une
certification d’anglais » !
J'accuse.
En 1999, le conseil de sécurité des Nations Unies
nomme Carla Del Ponte procureur général du Tribunal pénal international pour le
Rwanda (TPIR) et du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).
Forte de l'autorité que lui confère ce poste, elle ose dénoncer l'attitude
coupable de certains gouvernements face aux génocides. Son tribunal poursuit
les criminels même protégés. Plus de place pour l'impunité, souhaite-t-elle.
Malgré de violentes pressions, elle parvient à traduire en justice les
responsables de charniers au Rwanda, en Bosnie-Herzégovine, en Croatie et au Kosovo.
Son courage et sa détermination lui attire des ennemis des deux côtés (celui
des autorités et celui des assassins). Son poste, très exposé, fait d'elle
l'une des personnes les plus menacées de la planète, sous protection 24 heures
sur 24. Son mandat a pris fin en 2007.
Dans cette autobiographie qui dérange, Carla Del Ponte
raconte ses huit années passées à servir la justice en tant que Procureur. Elle
livre des noms, des faits (trafic d'organes au Kosovo notamment) et formule des
accusations embarrassantes pour la diplomatie suisse et pour plusieurs pays
occidentaux qui mènent actuellement des politiques douteuses dans les Balkans,
sans parler des intérêts économiques à préserver. Ce témoignage fascinant
oblige à ouvrir les yeux. On s'incline devant tant d'intégrité.
On se souvient de l’ordre infâme donné en 1999 par l’US
commandement depuis Tampa Bay à un pilote français qui, en mission au dessus du
Kosovo, vit une colonne de réfugiés albanais, de larguer ses bombes coûte que
coûte.
Cette « bavure » provoqua 22 morts : or cet acte
téméraire de notre pilote s’apparente bien au dernier fait résistance de l’âme
européenne et française !
1- Au Kosovo, nos soldats doivent faire les opérations de
gendarmerie dans les zones les plus difficiles, où règne une tension quasi-quotidienne entre Serbes et
Albanais (Mitrovica), alors que la soldatesque américaine se prélasse derrière
les fortifications de 14 mètres de hauteur, gavée de hamburgers « Made in
America » et de prêches d’églises évangélistes (base de Bondsteel)
2- En Macédoine, en Albanie et en Roumanie, les
gouvernements se succèdent mais la pression américaine est là, qui se traduit
par la nomination de ministres majoritairement formés par les officines US et
les ONG qui leur sont inféodées (Soros, NED et consorts).
Leur présence se déguise sous le couvert officiel d’une soi-disant défense des minorités dans
un jeu subtil et sans fin de poupées–gigognes entre différents peuples :
Albanais contre Serbes, puis Roms contre Albanais, demain Tsintsars ou Goranis
contre Roms !
A ce jeu on trouve toujours plus petit que soi !
3- Les plus grands géopoliticiens parlent déjà poliment
de protectorats sur des Etats-faillis.
Rendez-vous compte : gel des avoirs financiers,
interdiction de sortie du territoire et autre destitutions de mandats électif
sont monnaie courante sur les marches de l’empire UE-OTAN.
L'OTAN, jadis prévue pour la défensive -- Passe ce
soir à l'offensive -- Six de ses plus
grands États, dix pays --Bombardent ensemble la terre de Serbie
Refusant bassement de l'absoudre -- Ils ont couvert de
leurs feux, de leurs foudres -- Le Kosovo, sa province de toujours -- Où son
histoire, sa gloire ont vu le jour -- Alors, ils sont venus lui expliquer -- Ce
que c'est être vraiment civilisé -- En détruisant les usines et les ponts -- En
tuant les civils depuis leurs avions
80 jours, 80 nuits -- De bombardements sur la terre de
Serbie -- 80 jours, 80 nuits -- Pour imposer l'ordre yankee
En Bosnie-Herzégovine, depuis maintenant 26 ans, les
Gauleiter se succèdent mais se ressemblent, destituant des politiciens
librement élus ou bloquant les décisions de la Banque centrale, au nom des
droits de l’homme !
4- Mais le pire de cette succession de diktats a été atteint en Serbie, cette nation située
au cœur de toute ambition impériale pour qui veut contrôler les Balkans.
Placé au confluent de la Save et du Danube, le système
UE-OTAN sait très bien qu’aucun de leurs projets géoéconomiques (Nabucco,
corridor 10 ou 8) ne peut aboutir sans une mise au pas de la Serbie.
Cela explique, plus que la perte de souveraineté, les
humiliations répétées et insistantes faites sur le corps de la nation serbe
depuis 15 ans :
- mise en place d’un bureau de l’OTAN au sein même du
Ministère de la Défense serbe,
- injonction d’envoyer 107 Serbes au TPIY- contre 33
Croates ou 9 Albanais, souvent relâchés avant même le début de leur procès-sans
parler du lâche marchandage consistant à promettre, sans aucune date annoncée
et à des conditions qu’aucun pays n’a eu à subir jusqu’à présent,
- une éventuelle intégration à l’Union européenne contre
l’amputation du Kosovo-Métochie, région patrimoniale inséparable de la nation
serbe.
Dans ce tragique tonneau des Danaïdes, ce qui nous
attriste le plus est le suivisme des autorités françaises.
Pourquoi un
Français, ce médecin humanitaire devenu piètre politicien, s’est-il senti
obligé, devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale
–excusez du peu- de justifier les massacres de Gracko ou de Gnjilane au Kosovo
début des années 2000 par une prétendue « vengeance compréhensible» des Albanais, alors que l’on sait désormais
que les actes terroristes de l’UCK se placent dans la continuité d’un projet
défendu depuis les années 1970 par les islamistes radicaux : s’approprier sans vergogne, mais avec
beaucoup de réussite, des territoires au coeur du Kosovo, de la Bosnie et de la
Macédoine !
Il est temps que
la France, berceau des valeurs républicaines et universalistes s’il en est, ne
fasse preuve d’amnésie en oubliant que les Balkans offrent un bel exemple de
francophilie toujours active -on y rencontre encore des Postes et
Télécommunications, des boulangeries françaises et on y entend plus que de
rigueur des « je vous en prie » clamés dans la langue de Voltaire.
Il est grand temps que les nations européennes dont la
France, pour ce qui nous occupe,
réaffirment leur puissance face aux impérialismes américain- mais aussi
russe et chinois qui y pointent le bout de leur nez - nos valeurs et nos
idéaux.
Il est plus que temps que nos élites se rendent compte
que les Balkans sont le cœur de l’Europe, un territoire que les Européens
doivent se réapproprier et ne pas abandonner.
Alexis TROUDE*
(*) Alexis Troude est membre de la rédaction de
Politique-actu.com, secrétaire national des Clubs « Penser la France ».
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