jeudi 4 avril 2019

Serbie

24 mars 1999 : Les Etats-Unis bombardent l’Europe.

[Le 24 mars 1999, les armées de l’OTAN bombardent Belgrade avec l’aval de Londres, Berlin et Paris. Souvenir d’un crime contre un pays ami de la France.]

24 MARS 1999 – 24 MARS 2019 : L’Amérique contre l’Europe

Voilà 20 ans, la soldatesque américaine débutait les bombardements sur Belgrade, capitale d’une Serbie francophile jusqu’au bout des ongles.


Le monument à la France, où est inscrit depuis 1928 « Nous aimons la France comme elle nous a aimés », atteste de cette francophilie solide et enracinée dans les âmes serbes.

SkuaL Mitrovic - Ajoutée le 13 mars 2010
Plusieurs médias serbes ont accusés Bernard Kouchner d'avoir couvert le scandale des trafics d'organes. À l'affaire de la Maison jaune, par référence à la couleur de la clinique clandestine où des organes étaient prélevés sur plus de 300 prisonniers civils serbes avant qu'ils ne soient exécutés, qui a été attestée par l'ancienne procureur du TPI Carla del Ponte dans son livre La Traque, les criminels de guerre et moi ( http://www.amazon.fr/Traque-criminels... ) 4 ans après les faits, les enquêteurs de Mme Del Ponte ont localisés la Maison jaune à Burrell (Albanie), mais n'ont pu y trouver d'indices permettant de reconstituer la filière.
Le Conseil de l'Europe a fait ouvrir une nouvelle enquête.
En répondant à la presse, Bernard Kouchner ne manifeste aucune compassion pour les victimes et leurs familles.
Il choisit d'ironiser la complicité passive qu'on lui impute en niant l'existence du crime. En outre, il qualifie de "salauds et d'assassins » ceux qui colportent cette rumeur ; des propos qui incluent Carla Del Ponte.

Or ce temps semble révolu, quand l’Ecole française de Belgrade recrute un professeur d’histoire-géographie, formé par l’Education nationale, avec l’exigence qu’il ait (on se frotte les yeux) « une certification d’anglais » !

J'accuse.
En 1999, le conseil de sécurité des Nations Unies nomme Carla Del Ponte procureur général du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) et du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). Forte de l'autorité que lui confère ce poste, elle ose dénoncer l'attitude coupable de certains gouvernements face aux génocides. Son tribunal poursuit les criminels même protégés. Plus de place pour l'impunité, souhaite-t-elle. Malgré de violentes pressions, elle parvient à traduire en justice les responsables de charniers au Rwanda, en Bosnie-Herzégovine, en Croatie et au Kosovo. Son courage et sa détermination lui attire des ennemis des deux côtés (celui des autorités et celui des assassins). Son poste, très exposé, fait d'elle l'une des personnes les plus menacées de la planète, sous protection 24 heures sur 24. Son mandat a pris fin en 2007.
Dans cette autobiographie qui dérange, Carla Del Ponte raconte ses huit années passées à servir la justice en tant que Procureur. Elle livre des noms, des faits (trafic d'organes au Kosovo notamment) et formule des accusations embarrassantes pour la diplomatie suisse et pour plusieurs pays occidentaux qui mènent actuellement des politiques douteuses dans les Balkans, sans parler des intérêts économiques à préserver. Ce témoignage fascinant oblige à ouvrir les yeux. On s'incline devant tant d'intégrité.

On se souvient de l’ordre infâme donné en 1999 par l’US commandement depuis Tampa Bay à un pilote français qui, en mission au dessus du Kosovo, vit une colonne de réfugiés albanais, de larguer ses bombes coûte que coûte.
Cette « bavure » provoqua 22 morts : or cet acte téméraire de notre pilote s’apparente bien au dernier fait résistance de l’âme européenne et française !


 Car nos élites, inféodées à l’empire UE-OTAN, n’ont cessé depuis cette guerre fatale à l’Europe, de baisser les bras face au rouleau compresseur états-unien :

1- Au Kosovo, nos soldats doivent faire les opérations de gendarmerie dans les zones les plus difficiles, où règne une  tension quasi-quotidienne entre Serbes et Albanais (Mitrovica), alors que la soldatesque américaine se prélasse derrière les fortifications de 14 mètres de hauteur, gavée de hamburgers « Made in America » et de prêches d’églises évangélistes (base de Bondsteel)


2- En Macédoine, en Albanie et en Roumanie, les gouvernements se succèdent mais la pression américaine est là, qui se traduit par la nomination de ministres majoritairement formés par les officines US et les ONG qui leur sont inféodées (Soros, NED et consorts).

Leur présence se déguise sous le couvert officiel  d’une soi-disant défense des minorités dans un jeu subtil et sans fin de poupées–gigognes entre différents peuples : Albanais contre Serbes, puis Roms contre Albanais, demain Tsintsars ou Goranis contre Roms !
A ce jeu on trouve toujours plus petit que soi !


 Les alliés des Etats-Unis prétendent soutenir le plus faible, le plus petit contre la majorité, parfois même en prenant le risque de laisser se former des mouvements islamistes radicaux (Bosnie) ou des mouvements paramilitaires de sinistre mémoire (Hongrie).

3- Les plus grands géopoliticiens parlent déjà poliment de protectorats sur des Etats-faillis.

Rendez-vous compte : gel des avoirs financiers, interdiction de sortie du territoire et autre destitutions de mandats électif sont monnaie courante sur les marches de l’empire UE-OTAN.

L'OTAN, jadis prévue pour la défensive -- Passe ce soir à  l'offensive -- Six de ses plus grands États, dix pays --Bombardent ensemble la terre de Serbie
Refusant bassement de l'absoudre -- Ils ont couvert de leurs feux, de leurs foudres -- Le Kosovo, sa province de toujours -- Où son histoire, sa gloire ont vu le jour -- Alors, ils sont venus lui expliquer -- Ce que c'est être vraiment civilisé -- En détruisant les usines et les ponts -- En tuant les civils depuis leurs avions
80 jours, 80 nuits -- De bombardements sur la terre de Serbie -- 80 jours, 80 nuits -- Pour imposer l'ordre yankee

En Bosnie-Herzégovine, depuis maintenant 26 ans, les Gauleiter se succèdent mais se ressemblent, destituant des politiciens librement élus ou bloquant les décisions de la Banque centrale, au nom des droits de l’homme !

4- Mais le pire de cette succession de diktats  a été atteint en Serbie, cette nation située au cœur de toute ambition impériale pour qui veut contrôler les Balkans.
Placé au confluent de la Save et du Danube, le système UE-OTAN sait très bien qu’aucun de leurs projets géoéconomiques (Nabucco, corridor 10 ou 8) ne peut aboutir sans une mise au pas de la Serbie.

Cela explique, plus que la perte de souveraineté, les humiliations répétées et insistantes faites sur le corps de la nation serbe depuis 15 ans :

- mise en place d’un bureau de l’OTAN au sein même du Ministère de la Défense serbe,

- injonction d’envoyer 107 Serbes au TPIY- contre 33 Croates ou 9 Albanais, souvent relâchés avant même le début de leur procès-sans parler du lâche marchandage consistant à promettre, sans aucune date annoncée et à des conditions qu’aucun pays n’a eu à subir jusqu’à présent,

- une éventuelle intégration à l’Union européenne contre l’amputation du Kosovo-Métochie, région patrimoniale inséparable de la nation serbe.

Dans ce tragique tonneau des Danaïdes, ce qui nous attriste le plus est le suivisme des autorités françaises.

Pourquoi  un Français, ce médecin humanitaire devenu piètre politicien, s’est-il senti obligé, devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale –excusez du peu- de justifier les massacres de Gracko ou de Gnjilane au Kosovo début des années 2000 par une prétendue « vengeance compréhensible»  des Albanais, alors que l’on sait désormais que les actes terroristes de l’UCK se placent dans la continuité d’un projet défendu depuis les années 1970 par les islamistes radicaux :  s’approprier sans vergogne, mais avec beaucoup de réussite, des territoires au coeur du Kosovo, de la Bosnie et de la Macédoine !

Il est temps  que la France, berceau des valeurs républicaines et universalistes s’il en est, ne fasse preuve d’amnésie en oubliant que les Balkans offrent un bel exemple de francophilie toujours active -on y rencontre encore des Postes et Télécommunications, des boulangeries françaises et on y entend plus que de rigueur des « je vous en prie » clamés dans la langue de Voltaire.

Il est grand temps que les nations européennes dont la France, pour ce qui nous occupe,  réaffirment leur puissance face aux impérialismes américain- mais aussi russe et chinois qui y pointent le bout de leur nez - nos valeurs et nos idéaux.

Il est plus que temps que nos élites se rendent compte que les Balkans sont le cœur de l’Europe, un territoire que les Européens doivent se réapproprier et ne pas abandonner.

Alexis TROUDE*

(*) Alexis Troude est membre de la rédaction de Politique-actu.com, secrétaire national des Clubs  « Penser la France ».




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Votre commentaire est le bienvenu à condition d'être en relation avec le sujet - il sera en ligne après accord du modérateur.

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.