Les Gaulois étaient l'ensemble des peuples
protohistoriques habitant la Gaule, telle qu'elle fut définie par Jules César.
À part les Aquitains, qui étaient proto-basques, ils se
rattachaient à la civilisation celtique antique jusqu'à ce que les processus
d'acculturation, liés au commerce et à la conquête romaine, n'en fassent des
gallo-romains.
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Carte de la Gaule avant la Guerre des Gaules selon
Gustav Droysen1 d'après les peuples définis par Jules César : les Belges (en
orange), les Aquitains (en rouge), la Gaule celtique (en vert) et la Gaule
narbonnaise (en jaune).
Gustav Droysen
Les Gaulois, à proprement parler, se composaient de
nombreuses tribus parlant un ensemble de dialectes celtes, et ils pensaient
descendre d'une même souche dont ils connaissaient la généalogie.
Guerriers gaulois portant leur habillement
caractéristique, celui de gauche équipé en plus d'une cotte de mailles et d'un
casque avec des paragnathides articulées. User:Khaerr
À ces liens de filiation, réels ou mythiques, qui leur
créaient des obligations de solidarité, s'ajoutaient des alliances, qui
mettaient certains d'entre eux dans la clientèle d'un autre pour former des
fédérations comme celles des Arvernes et des Éduens.
Enseigne gauloise (sanglier stylisé), musée de
Soulac-sur-Mer.- Spiridon Ion Cepleanu
Tous ces peuples étaient divisés en civitates, identifiés
par un chef-lieu et un territoire, appelé en latin pertica, qui étaient
subdivisés en pagus, qui correspondaient à peu près aux cantons français.
Maquette de la ferme de Verberie (aristocratie
gauloise). Cité des Sciences et de l'Industrie (Paris), "Les Gaulois, une
expo renversante", 2012. Claude Valette
Les civilisations gauloises sont rattachées, en
archéologie, pour l'essentiel, à la civilisation celtique de La Tène (du nom
d'un site découvert au bord du lac de Neuchâtel, en Suisse).
Cerclage métallique d'un seau gaulois en bois. Cité
des Sciences et de l'Industrie (Paris), "Les Gaulois, une expo
renversante", du 19-10-2011 au 2-09-2012.Claude Valette
La civilisation de la Tène s'épanouit sur le continent au
Second âge du fer (Tène I) et disparut en Irlande durant le haut Moyen Âge
(Tène IV).
Maquette de la ferme de Verberie. Claude Valette —
(aristocratie gauloise). Cité des Sciences et de l'Industrie (Paris), "Les
Gaulois, une expo renversante", du 19-10-2011 au 2-09-2012.
L'image des Gaulois est encore faussée chez le public et
la presse française qui reprennent la plupart des stéréotypes établis dès le
Second Empire et la Troisième République, notamment celle d'un peuple ne
sachant ni lire ni écrire, de guerriers valeureux mais de brutes sauvages, et
de l'expression typique du « roman national » français, « nos ancêtres les
Gaulois ».
Maquette de la ferme de Verberie. Claude Valette
Étymologie
Le mot celte est issu du celtique commun *kel-to («
combattant, guerrier ») dérivant lui-même de *kellāko- (« combat, guerre »),
tandis que galate et gallus procèdent du celtique commun *galatis (« fort,
puissant ») dérivant lui-même de *gal-n (« être capable »).
Buste de Brennos provenant de la figure de proue du
cuirassé Brennus, Musée national de la Marine. Med
Les Gaulois se nommaient eux-mêmes « Celtes » (« Celtae »
en latin)n 1 en leurs langues ou plus exactement Keltoï écrit en alphabet grec.
Pour la Gaule ils disaient Keltiia et peut-être aussi Litaouî « la (terre) large
», par opposition à Iouerio « la terre entourée d'eau » qui désignait les îles
britanniques.
La coiffure sophistiquée en « double feuille de gui »
du prince de Glauberg est loin de l'image stéréotypée du gaulois hirsute.
Steschke
Selon Jules César, la Gaule était habitée par trois
principaux peuples : Celtae, Belgae et Aquitanin.
Statue monumentale de Vercingétorix par Aimé Millet,
Alise-Sainte-Reine, 1865.
Photo: Myrabella
« L’ensemble de la Gaule est divisé en trois parties :
l’une est habitée par les Belges, l’autre par les Aquitains, la troisième par
le peuple qui, dans sa langue, se nomme Celtes, et, dans la nôtre, Gaulois. »
Vercingétorix jette ses armes aux pieds de Jules
César, peinture de Lionel Royer, 1899. Musée CROZATIER du Puy-en-Velay. —La
réprésentation du Gaulois avec les cheveux longs et moustache est remise en
cause aujourd'hui. Le cheval est un Percheron, alors qu'à cette époque cette
race n'était pas en Gaule. Le bouclier à forme rectangulaire ne correspond pas
à la réalité de l'époque ; ils étaient plutôt ovales.
Ce tableau est donc une théâtralisation de la
reddition de Vercingétorix.
— Commentaires sur
la Guerre des Gaules, Jules César
Les Grecs nommaient dès le VIIe siècle av. J.-C. (période
de la colonisation européenne de Grecs de l'époque archaïque) les Gaulois
Κελτοι (orthographe d'Hécatée de Milet ou d'Hérodote, transcrite en Celtæ comme
l'écrit Jules César pour faire référence aux habitants de la Gaule centrale) ou
encore Κέλται (orthographe d'Aristote ou de Plutarque) puis au IIIe siècle av.
J.-C. (période de l'invasion par le chef celte Léonorios de la Thrace)
l'ethnonyme Γαλάται, pluriel de Γαλάτης, Galátai / Galátēs, que l'on peut
rendre en français par Galates, désignant aussi bien chez les Grecs et Romains
les Celtes d’Orient puis l'ensemble des Celtes.
Figures en ronde-bosse gallo-romaines trouvées à
Ingelheim am Rhein
La simplification de Galátai en Galli, pluriel de Gallus,
habitants de la Gallia « Gaule », a longtemps été donnée pour expliquer
l'étymologie du nom Gaulois, hypothèse considérée sans fondement aujourd'hui,
sur la base des développements de la philologie et de la linguistique moderne.
Henri-Paul Motte, Vercingétorix se rend à César, 1886
Les Germains appelaient ces Celtes *Walχiskn « étranger »
devenu en allemand moderne Welsch, un terme souvent péjoratif par lequel les
Allemands désignaient les populations non germaniques, et devenu en slave
Valaque pour désigner les non slaves.
Soldat arverne sur une monnaie trouvée en Auvergne
Les Germains (Angles, Saxons et Jutes) arrivés sur le sol
britannique au Ve siècle de notre ère ont utilisé ce même terme pour qualifier
les Celtes du Pays de Galles : Welsh, et de Wales leur pays.
Reconstitution moderne d'une baliste romaine
De même, le français Gaule et gaulois procède du même
terme germanique utilisé par les locuteurs de langue francique : walhisk «
roman », dérivé de walha « les Romans » faisant référence aux tribus ne parlant
pas le francique, cependant il y a eu métathèse de [l], d'où Wahla > *Gwaula
> Gaule.
Plaque gravée après le passage de Napoléon III à
Gergovie. Nimbus08
Le nom latin de Gallus « Gaulois » a été associé à la
Renaissance à son homophone gallus « coq » (ancien français jal, jau « coq »),
devenu ainsi l'animal emblématique de la France.
Monnaie en bronze (à gauche, provenant d'Alésia) et
statère d'or (à droite, découverte à Pionsat) de Vercingétorix, frappées avec
le même coin monétaire.
Photo (C) RMN-Grand Palais (musée d'Archéologie
nationale) / Thierry Le Mage
Histoire
Les origines
d'après les sources écrites
Les mentions écrites des auteurs gréco-latins décrivant
l'arrivée des peuplades gauloises dans l'histoire sont relativement tardives
par rapport aux époques auxquelles elles se réfèrent, ce qui incite à
interpréter ces textes avec précaution.
Armes gauloises découvertes à
Alésia
Une corrélation est toutefois à établir entre les Ligures
et les Gaulois puisqu'Hésiode (cité par Strabon) spécifie bien que les Ligures
faisaient partie des grandes nations du monde connu entre les Éthiopiens et les
Scythes, alors que quelques siècles plus tard Éphore de Cumes remplaçait les
Ligures par les Celtes aux côtés des Éthiopiens, des Scythes et des Indiens.
Armes gauloises découvertes à Alésia . Jean Schormans
Les auteurs antiques parlent d'invasions celtiques, terme
repris par les historiens postérieurs. Il semble que Tite-Live, historien latin
et Trogue Pompée, premier historien gallo-romain, aient été largement
influencés par les migrations en masse des peuples nordiques, les Cimbres et
les Teutons.
Armes de trait et d'hast en fer découvertes à Alésia.
Hervé Lewandowski
De même, les archéologues qui parlent, les premiers, des
invasions celtiques ne font que reproduire, plus ou moins consciemment, le
modèle des invasions germaniques du ve siècle.
En réalité, les évolutions que connaissent les peuples
celtes aux viiie et viie siècles av. J.-C. ont probablement pour origine deux
mouvements importants venus de l'extérieur (colonisation grecque et phénicienne
en Méditerranée, campagnes assyriennes dévastant les cités de Palestine et
syro-phéniciennes).
Ensemble de boulets de baliste, traits de catapulte,
tribuli, stimuli, balles de frondes, découverts à Alésia . Photo (C) RMN-Grand
Palais (musée d'Archéologie nationale) / Thierry Le Mage
Ces troubles provoqués à l'est, ainsi que l'installation
de colonies grecques sur les littoraux occidentaux de la Méditerranée, tout
comme le développement de l'Étrurie padane, transforment les routes
commerciales européennes, au profit des peuples occidentaux.
Cette nouvelle donne engendre les mutations sociales du
ve siècle av. J.-C., la formation de la civilisation laténienne.
Ensemble d'épées gauloises, lances, et casque en fer
découverts à Alésia
Photo (C) RMN-Grand Palais (musée d'Archéologie
nationale) / Thierry Le Mage
Selon Tite-Live, des Celtes qui peuplaient les
territoires correspondant à la Gaule auraient commencé à migrer vers l'Est au
cours du vie siècle av. J.-C..
Ambigatos roi des Bituriges, aurait ainsi envoyé deux de
ses neveux chercher de nouvelles terres.
Le premier, Segovesos, se serait rendu en forêt
Hercynienne tandis que le second, Bellovesos aurait commencé la migration et
les raids gaulois en Italie.
Photographie d'une planche d'armes découvertes à
Alésia (archives du Musée d'Archéologie Nationale). Tony Querrec
Pour Strabon (VII 1, 2), les Germains sont identiques aux
Gaulois par leur aspect physique et leur mode de vie, tout en étant plus
sauvages, plus grands et aussi plus blonds.
Photographie d'une planche d'armes découvertes à
Alésia (archives du Musée d'Archéologie Nationale) Tony Querrec
Cette blondeur des Gaulois pourrait provenir d'une
teinture à l'argile ou à l'eau de chaux qui éclaircissait les « cheveux chaulés
» des Gaulois même bruns, ou d'une teinture, le sapo – savon utilisé comme
onguent – à base d'un mélange de graisse de chèvre, de bois de hêtre et de suc
de plantes qui donnait une chevelure blonde tirant vers le roux.
Archéodrome de Beaune, reconstitution du siège
d'Alésia avec en avant-plan les stimuli, puis les lilia et les cippi.
Christophe.Finot
Cet auteur croit que les Romains eux-mêmes ont donné ce
nom aux Germains pour signifier qu'ils étaient les Gaulois authentiques, «
germanus » ayant ce sens en latin. On trouve d'ailleurs des calembours à ce
sujet dans Cicéron (Phil. XI, ), Velleius Paterculus (II) et Sénèque (Apoc.
VI).
Photo aérienne de la fouille de la porte orientale du
Camp C à Alise-Sainte-Reine - prise par René Goguey. René Goguey
Ainsi, il est possible que les Gaulois soient en fait des
peuples ligures ou vénètes celtisés (germanisés).
Les Celtes, n'utilisant pas l'écrit communément,
apparaissent donc pendant la période dite protohistorique, à l’âge du bronze.
Centre d’interprétation des assiégeants » du MuséoParc
Alésia. Prosopee
Les débuts de l'époque gauloise sont difficiles à dater
et varient selon les régions considérées. Pour Henri Hubert, le processus
aurait duré plusieurs siècles pendant lesquels plusieurs peuples auraient
coexisté.
Chaudron de Gundestrup.
Il ne se serait fait ni soudainement par une sorte de
guerre d'invasion générale, ni en masse par la migration d'une multitude
d'individus isolés, mais par l'arrivée de groupes organisés en clans,
numériquement plus ou moins importants (voir la Civilisation de Vix), au milieu
des autres peuples qui leur auraient accordé l'hospitalité, des droits définis
par des traités et un territoire.
Porte du Rebout, oppidum de Bibracte. Urban
Il est communément admis que la civilisation celtique
s'épanouit en Gaule avec La Tène, c'est-à-dire au deuxième âge du fer, à partir
du Ve siècle av. J.-C..
La ville de Marseille, colonie de la cité grecque de
Phocée, est fondée vers 600 av. J.-C. sur le territoire des Ségobriges, peuple
ligure (sego, « victoire », « force » et briga, « colline », « mont », «
forteresse »).
Stèle celtique de Galicie, IIe siècle : “APANA·AMBO(-) / LLI·F(ilia)·CELTICA /
SUPERTAM(arica) / (castello) MAIOBRI / AN(norum)·XXV· H(ic)·S(ita)·E(st) /
APANUS·FR(ater)· F(aciendum)·C(uravit)”. Alexandre Gal
Dans les sources grecques, en particulier de l'époque
macédonienne, de nombreuses mentions de Celtes — appelés Galates et formant des
contingents mercenaires — apparaissent : il est surtout fait référence à leur
courage et à leur valeur guerrière. Cela correspond à la période de la plus
grande expansion celtique (IVe siècle av. J.-C. et IIIe siècle av. J.-C.).
Le casque Waterloo, daté de vers -150 à -50. Ealdgyth
Dans les sources latines postérieures, les Gaulois des IIe
siècle av. J.-C. et Ier siècle av. J.-C. sont clairement distingués des
Cimbres, des Teutons et des Bretons.
Reconstruction de la tenue et de l'équipement d'un
guerrier celte de l'âge de fer, Biebertal, en Allemagne. Gorinin
La recherche actuelle montre ainsi que les Gaulois sont
un peuple indigène, mais qu'ils étendent leur territoire à l'est en établissant
des colonies (notamment en Galatie).
Les cités décident d'y envoyer une partie de leur
jeunesse, peut-être une génération entière, fonder un nouveau territoire, cette
colonisation étant loin de l'image des invasions gauloises forgée par les
Romains.
Le verso d'un miroir de bronze britannique, avec des
motifs de spirale et de trompette, typiques de l'art celtique, La Tène, en
Grande-Bretagne. Photo by Fuzzypeg
Avant Rome
La Gaule, à la veille de la conquête romaine, est un pays
d'alternances de forêts, de plaines cultivées, de bocages et de cités
fortifiées, sillonnés de routes, pour certaines empierrées, donc d'un espace
densément mis en valeur, loin des clichés légués par les historiens du passé.
Reconstitution d'une maison de l'âge du fer en Europe.
WyrdLight.com
L'archéologie, en particulier aérienne, a démontré que
des milliers de fermes gauloises (nombreuses petites fermes « indigènes » mais
aussi certaines villas gauloises aussi étendues que les futures villae
gallo-romaines) quadrillaient le territoire aux IIe siècle av. J.-C., et les
fouilles réalisées dans les oppida, par exemple à Bibracte, ont mis en valeur
une structure urbaine complexe et élaborée.
Détail d'un panneau intérieur du chaudron de
Gundestrup, Musée national du Danemark, Copenhague.
Les résultats archéologiques et archéométriques viennent
ainsi graduellement gommer l'image mythique de la grande forêt gauloise
centrale, épaisse et impénétrable, au fond de laquelle vivent dans des cabanes
ou des huttes rondes des guerriers hirsutes et paillards.
Rasoir en bronze, Premier âge du fer, Acy-Romance.
Vassil
Les Gaulois sont des paysans pratiquant une gestion forestière
avec choix de bois de chauffe et de construction, ainsi que des défrichements
pour une mise en culture des sols, si bien que la forêt n'a plus le loisir de
reconquérir les terres défrichées.
Ce sont également des commerçants, des négociants, des artisans,
des techniciens qui habitent des maisons convenables, dans des fermes, des
villages, voire des villes.
Urne d'une tombe à incinération (Allemagne). SP2011
Dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, César
sous-estime le nombre d'habitants, tout en exagérant le nombre de guerriers.
Suivant ses écrits, les érudits du passé ont estimé à
cinq ou six millions le nombre d'habitants d'une Gaule qui faisait près de 100
000 km2 de plus que la France actuelle.
Représentation supposée d'un Galate, sur un disque en
or trouvé dans un des deux tumulus de Bolu (Turquie), iiie siècle av. J.-C.
Certains spécialistes pensent que la Celtica Gallica
était peuplée de dix millions d'âmes environ (à peu près autant que sous le
règne de Louis XIV), mais Ferdinand Lot en prenant pour base l'espace mis en
culture et en faisant des comparaisons avec les chiffres obtenus au Moyen Âge,
avance le nombre de vingt millions d'habitants.
Mouvements des groupes celtes de la Grande Expédition.
User:Filos96
La Gaule fut le lieu, bien avant la conquête, d'une
urbanisation en plein essor, comme le montrent, par exemple, les fouilles des
oppida de Corent, ou de Bibracte et d'un commerce à grande échelle, comme le
révèlent les nombreux dépôts d'amphores vinaires italiques découvertes en
contexte de sanctuaires.
Vidéo
Enfin, la société gauloise, dont la structure a varié
dans le temps, semble très complexe et hiérarchisée à la veille de la conquête,
et laisse apparaître une tripartition fonctionnelle qui peut être interprétée
comme un héritage indo-européen.
Les institutions sont proches de celles des Grecs et des
Romains : une assemblée du peuple, un sénat et des magistrats placés sous
l'autorité d'un vergobret.
Statue de barde datant de La Tène, découverte lors de
fouilles de la forteresse de Paule. Pymouss
D'une manière générale, les femmes occupent une place
plus grande que leurs correspondantes dans le monde méditerranéen. En effet,
elles pouvaient participer à des jugements, délibérer dans des affaires d’État
et étaient instruites dans l'art de soigner.
Le Héros celtique de Bohème ou Tête de Mšecké
Žehrovice. CeStu
La fin de
l'indépendance
La Gaule fut incorporée militairement à la république
romaine en deux étapes : la Gaule méridionale au-delà des Alpes (Gallia bracata
en latin, c'est-à-dire Gaule en braies) fut conquise dès la fin du IIe siècle
av. J.-C. et « romanisée », semble-t-il, en moins d'un siècle.
Elle devint la première province romaine hors d'Italie :
la Narbonnaise, et compta la première cité de droit romain hors d'Italie
(Narbonne).
œnochoés étrusques découverts dans des tombes du nord
de la Gaule. Emile Gastebois
La Gaule septentrionale (nommée Gallia comata,
c'est-à-dire Gaule chevelue, par Jules César) fut soumise entre -58 et -51 par
les légions de ce dernier.
Cette « Guerre des Gaules » culmina avec la défaite d'une
coalition gauloise menée par l'Arverne Vercingétorix, à Alésia, en -52.
Poignée de dague de l'ère de Hallstatt, Musée du
château de Linz. Wolfgang Saube
L'historiographie romaine ne situe toutefois la fin de la
pacification qu'en -51, à la suite d'une ultime victoire sur les restes des
coalisés rassemblés sous les ordres du chef Lucterios.
Mur de l’oppidum sur le plateau de Gergovie. Romary
La présence de très nombreux lieux-dits « camps de César
» en France ne doit pas tromper : la plupart d'entre eux sont des sites
postérieurs, datant parfois du Moyen Âge.
Frappé en 48 av. J.-C. à Rome, ce denier pourrait
représenter Vercingétorix qui y était alors captif, ou bien une figure
allégorique de la victoire remportée sur les Gaulois.
Cependant, il est probable que la pacification fut plus
longue que ce que l'on a longtemps cru et dura au moins jusqu'après l'imperium
d'Auguste.
En effet les dernières révoltes ont eu lieu en pays
Séquane en 70 et 71.
Statue équestre de Vercingétorix, par Bartholdi, place
de Jaude à Clermont-Ferrand. Fabien1309
Vercingétorix, né aux environs de -80 sur le territoire
des Arvernes (actuelle Auvergnenote ), et mort à l'automne -46 à Rome, est un
chef et roi des Arvernes.
Il fédère une partie des peuples gaulois dans le cadre
d'une révolte contre les forces romaines au cours de la dernière phase de la
guerre des Gaules de Jules César.
Statère d'or de -52, issu du trésor de Pionsat,
Puy-de-Dôme, au nom de Vercingétorix, ce dernier peut y être représenté sous
les traits du dieu Apollon - musée d'archéologie nationale. Siren-Com
Fils de Celtillos, noble et probable chef arverne,
Vercingétorix arrive au pouvoir après sa désignation officielle comme chef des
Arvernes en -52.
Il établit immédiatement une alliance avec d'autres
tribus gauloises, prend la tête du commandement, combine toutes les forces, et
les conduit dans la plus importante révolte des Gaulois contre le pouvoir
romain.
Une édition de 1783 des Commentarii de Bello Gallico
de César.
Il remporte la bataille de Gergovie face à Jules César
dans laquelle de nombreux Romains et alliés sont tués.
En conséquence, les légions romaines de César se retirent
d'Arvénie (actuelle Auvergne).
Guerrier galate blessé,
statue de l’agora des Italiens à Délos, vers 100 av. J.-C., musée national
archéologique d’Athènes. Marsyas.
Statue d'un guerrier
gaulois, en marbre parien, trouvée dans l'Agora des Italiens à Délos. Le
guerrier, blessé à la cuisse, est tombé à terre sur son genou droit et tente de
se défendre avec son bras gauche. Sur le sol repose à côté de lui un casque
galate. Exemple typique de la sculpture hellénistique tardive, caractéristique
de l'école pergaménienne. Vers 100 a. C.
Cependant, César parvient
à exploiter les divisions internes entre les peuples gaulois pour facilement
subjuguer leurs territoires, et la tentative de Vercingétorix d'unir les
Gaulois contre l'invasion romaine arrive tardivement.
Afin de sauver autant de
ses hommes que possible, il se livre aux Romains.
Il est retenu prisonnier
pendant cinq ans.
En -46, dans le cadre du
triomphe de César, Vercingétorix est exhibé dans les rues de Rome, au sein du
défilé triomphal, puis exécuté par étranglement sur
ordre de César.
Il est principalement
connu grâce au Commentaires
sur la Guerre des Gaules de Jules César.
Le trésor de Broighter, exposé au Musée national
d'Irlande, est un amas d'objets en or datant de l'époque de La Tène. Il a été
découvert en 1896 à Broighter (irlandais: Brú Íochtair, qui signifie « fort
inférieur » ou « en contrebas ») près de Limavady, dans le nord de l'Irlande.
Ardfern
L'empire des
Gaules
Au cours du iiie siècle, l'empire romain connaît une
grave crise, appelée par la tradition anarchie militaire.
Aux invasions barbares s'ajoutent dans de nombreuses
provinces une crise économique .
De la mort de Sévère Alexandre en 235 à l'avènement de
Dioclétien en 285, 64 empereurs ou usurpateurs se succèdent ou luttent les uns
contre les autres.
Parmi eux se trouvent quelques généraux qui prennent le
contrôle des Gaules pendant une quinzaine d'années, assurent la défense du
limes du Rhin et établissent un empire des Gaules qui dure de 260 à 274.
Les Gaulois de
l'empire romain
Les historiens
parlent de la « romanisation » des Gaulois.
Les termes « Gaulois » et « Gaule », ainsi que
l'essentiel des noms de peuples et de tribus de la Gaule protohistorique restèrent
en usage pour désigner peuples et territoires (cités). Par la suite, ces
circonscriptions et leurs noms se fixèrent dans les diocèses pour parvenir
jusqu'à nous : Périgueux, cité des Pétrocores, Vannes, cité des Vénètes, etc.
En archéologie et en histoire, les Gaulois romanisés sont
appelés Gallo-romains, quoique ce terme n'ait jamais été employé dans les
sources.
Culture
Contrairement à une idée reçue tenace, les Gaulois ne
vivaient pas dans les forêts (le paysage était ouvert, moins boisé qu'aujourd'hui),
ils vivaient en ville (oppidum) ou à la campagne (maillage de grandes fermes
abritant des aristocrates).
Avant même la conquête de la Gaule par l'armée romaine,
les Gaulois entretenaient des relations commerciales denses avec les marchands
romains.
On trouve à Bibracte, à 500 km de la côte, des centaines
de tonnes de fragments d'amphores de vin produit en Italie centrale, importées
par les Gaulois au Ier siècle av. J.-C. ; ces témoignages archéologiques
renforcent la thèse d'un développement important du commerce en Gaule.
La monnaie gauloise était conçue de manière à pouvoir
être échangée avec du numéraire romain.
Cratère et maquette de char contenu dans la tombe de
Vix, Musée du Pays Châtillonnais. Jochen Jahnke
Les Gaulois n'étaient nullement isolés.
Aux échanges économiques s'ajoute la circulation des
hommes engagés dans les armées impériales.
Christian Goudineau rappelle que les armées des grands
empires de l'époque hellénistique ont recruté des Gaulois, qui ainsi, ont vu
Athènes, Alexandrie, Antioche ; ces mouvements ont introduit au moins une
amorce d'acculturation.
Artisanat
L'artisanat prospère notamment dans l'art de la guerre.
L'armement (casques, épées, pointes de lances et de
flèches) témoigne de l'adresse des forgerons et des armuriers gaulois qui
inventent la cotte de mailles (sans doute le modèle utilisé par les Romains, son
usage se répandant en Europe au haut Moyen Âge) et les chaînes de ceintures à
l'articulation complexe.
L'outillage des métiers du fer (bêches, faux, araires)
bénéficie de cet art de la guerre.
« Bien des outils ont acquis dès ce moment la forme que
nous leur connaissons aujourd'hui : le marteau, l'enclume, les tenailles, la
hache, le ciseau, l'herminette, la plane ».
La vaisselle (en céramique, mais aussi en bronze voire
des objets en or et en argent liés à une marque de prestige), les parures
(bagues, bracelets, fibule, pendentif, torques) sont également des témoignages
de la maîtrise de cet art.
Les Gaulois sont des artisans réputés dans le travail du
bois : le tonneau cerclé de métal, notamment, serait une invention gauloise ;
des ateliers de tabletiers (faisant appel aux techniques de l'ébéniste, du
marqueteur ou du tourneur) sont souvent situés à proximités des forges ou
d'autres artisanats.
La cuisine gauloise est riche et diversifiée : viandes
(essentiellement d'animaux domestiques : bœufs, porcs, moutons, chevaux et
chiens ; les animaux chassés et mangés ne représentent qu'un centième des
mammifères consommés, et le sanglier, mammifère moins fréquent que le lièvre ou
les cervidés, est rarement chassé ), poissons, fruits, légumineuses et légumes.
Ils ont l'habitude de rehausser le goût des aliments avec
des condiments, sauces et épices divers, tels que le garum ou le cumin.
L'habileté des artisans gaulois leur permet de produire
des tissus et des vêtements (de lin à la saison chaude, de laine épaisse en
hiver) avec un tissage qui dessine des rayures, des carreaux, interprète des
fleurs.
Leur qualité et confort sont tels qu'ils peuvent même
être exportés
L'habillement caractéristique comprend chez l'homme les
braies, pantalons retenus par une ceinture.
Le Gaulois est torse nu ou porte une tunique, blouse à
manche serrée à la taille, et la saie, manteau en forme de cape agrafé à la
poitrine par une fibule.
Le guerrier gaulois peut être en plus équipé d'un
manteau, le bardocuculle, sorte de pèlerine avec capuchon (baptisé cucullus),
d'une cotte de mailles et d'un casque avec des paragnathides articulées.
La femme porte sous sa tunique une robe qui tombe
jusqu'aux chevilles.
Au pied, les deux sexes se chaussent notamment de
brogues, des chaussures en cuir souple à semelle de bois avec laçage (mocassins
reprise par les Romains qui les nomment caligae, corruption de *gallicae).
Les membres des classes privilégiées peuvent revêtir des
habits en soie ou brodés de fil d'or ou d'argent.
Architecture
Les édifices gaulois sont en bois et en terre, non en
pierre, raison pour laquelle il n'en reste pas de vestiges visibles
aujourd'hui.
L'archéologie a mis en évidence en Auvergne la présence
de sanctuaires gaulois de 50 mètres de côté, de 7 à 8 mètres de hauteur, avec
des dizaines de colonnades, grâce aux traces laissées par les trous des poteaux
et les parois ; ces monuments sont tout aussi imposants que ceux construits à
la même époque en Grèce et à Rome, selon Matthieu Poux.
Vincent Guichard rapproche cette architecture en bois de
celle qui était à l'œuvre en Italie au temps des Étrusques.
Langue
La langue gauloise est mal connue, cependant le corpus
des inscriptions gauloises s'est considérablement enrichi ces dernières années,
grâce aux progrès de l'archéologie, ainsi que la capacité linguistique à
déchiffrer cette langue.
Il est établi depuis longtemps que le gaulois est une
langue celtique, parfois classée comme langue celtique continentale, alors que
d'autres sources n'hésitent pas à souligner sa parenté étroite avec le groupe
des langues celtiques brittoniques.
Le français a certaines caractéristiques qui sont
d'origine gauloise (mais la liste exacte est controversée).
150 mots sont considérés comme gaulois (si l'on exclut
les termes dialectaux).
La langue française est de toutes les langues romanes
celle qui est la plus imprégnée de « celticismes ».
Ainsi de nombreux noms d'arbres (if, chêne, érable,
verne, etc.), de plantes (droue, beloce, fourdraine, etc.), de poissons
(vandoise, limande, loche, etc.), de techniques (ardoise, gouge, quai, chai,
etc.) sont propres au latin de Gaule, ainsi que des calques comme aveugle (bas
latin aboculis « sans yeux » < gaulois eksops, même sens), quelques influences
phonétiques sûres comme caisse de *caxsa au lieu de capsa ou chétif
(anciennement chaitif) de *caxtivu- au lieu de captivu.
Histoire de la langue française.
Les Gaulois utilisaient peut-être (mais les témoignages
ne sont pas directs et peu sûrs) le système de numération vicésimal (en base
20) ; la présence résiduelle en français de ce système (80 se disant
quatre-vingts et non octante comme en latin ; l'hôpital des Quinze-Vingts,
héritier d'un hospice fondé vers 1260 par Saint Louis pour 300 aveugles…) est
peut-être due à cet héritage.
Certains Gaulois utilisaient l'alphabet grec et comme
monnaie des divisions du statère grec.
Dans la Turquie actuelle, la Galatie est un lointain
témoignage de la présence de Gaulois Volques (Galates) qui servirent Alexandre
le Grand comme mercenaires avant de s'établir dans cette région d'Asie Mineure,
où ils firent d'Ankara (Ancyre) leur capitale.
Le quartier d'Istanbul nommé Galatasaray, « palais des
Galates », pourrait provenir du fait de la résidence des mercenaires engagés
par le pouvoir byzantin.
À en croire saint Jérôme, dans son commentaire de
l’Épître aux Galates, ces derniers parlaient encore au IVe siècle la même
langue que les Trévires (Trèves).
Il faut donc
supposer qu’à cette époque le gaulois n’avait pas encore disparu d’Asie
mineure, ni d'ailleurs des bords du Rhin, à moins que l'auteur n'ait repris des
écrits antérieurs.
Science et art
Il existe une science gauloise équivalente, dans ses
concepts, à la science grecque.
Les Gaulois du Ve-IVe siècle av. J.-C. possèdent des
connaissances très élaborées de la géométrie, en particulier des propriétés du
cercle, et de l'astronomie.
Ils les transcrivent dans des objets, qui sont autant des
œuvres d’art que des modèles de science.
Religion
Les Gaulois sont
polythéistes.
Le druide était un personnage important aux multiples
facettes : il est à la fois ministre du culte, théologien, philosophe, gardien
du Savoir et de la Sagesse, historien, juriste et aussi conseiller militaire du
roi et de la classe guerrière.
Les ovates secondent les druides en amenant et liant les
bêtes lors des sacrifices.
Les Gaulois pratiquent des sacrifices d'animaux pour les
Dieux et procèdent ensuite à de la divination avec leurs organes.
Ils ont pour
rituel de détruire volontairement leurs armes et leurs objets de guerre ainsi
que des pièces de monnaie par exemple afin de les offrir aux Dieux en leur
faisant perdre leur valeur pour les mortels.
Les auteurs antiques ont propagé le stéréotype de «
druides s'affairant à des sacrifices innommables au sein de forêts
mystérieuses.
Cette image faisait des Gaulois des sortes de sauvages,
bons ou mauvais selon les temps et ceux qui les évoquaient, Rousseau ou
Voltaire par exemple ».
Structure sociale
Les Gaulois, comme de nombreuses civilisations antiques,
tenaient entre eux des rapports fonctionnant sur le principe de la clientèle.
Ce lien social très fort serait apparu pendant l'époque
aristocratique (IIIe siècle av. J.-C. et IIe siècle av. J.-C.) et aurait
perduré jusqu'à la conquête, lorsque des notables locaux (les « Vergobrets »)
se seraient substitués aux nobles.
Reconstitution des fortifications de Heuneburg, datant
de 600 av. J.C. Heuneburg Museum. LepoRello
Les clients servaient des patrons, sans doute
originellement afin de rembourser d'anciennes dettes, de réparer certaines
fautes, ou pour d'autres raisons à caractère social et ce lien se transmettait
héréditairement.
L'homme ou le peuple client était libre (le clientélisme
antique est différent de l'esclavage) mais il devait rendre des services ou
s'acquitter de tributs.
Un patron pouvait avoir plusieurs clients.
Il pouvait, enfin, défaire le lien qui pesait sur sa
clientèle ou bien transmettre sa clientèle à un autre.
Des gens, des familles entières, pouvaient ainsi être
clientes d'une personne ou d'une famille puis d'une autre.
Sentiment
d'appartenance
La question se pose de savoir si les Gaulois avaient
conscience d'appartenir à un ensemble de peuples ayant en commun une culture
commune au-delà de leur tribu.
Certains éléments relatifs au rôle de la classe
sacerdotale attestent que les Gaulois avaient le sentiment d'appartenir à un
ensemble cohérent, capable en certaines circonstances de transcender les
petites patries tribales, à la manière des Highlanders écossais, cultivant avec
passion leurs appartenances à ces clans rivaux mais conscient d'appartenir à
une patrie commune.
La classe sacerdotale veillait au maintien de cette unité
avec une institution qui était celle de l'Assemblée de la « Forêt des Carnutes
», sur les bords de la Loire, dont on sait qu'elle était commune à tous les
peuples de la Gaule et à elle-seule ; au cours de celle-ci, se prenaient des
décisions importantes pour tous les peuples de la Gaule.
Vaste forêt parsemée d'étangs, la Sologne fut à l'époque
gauloise une forêt-frontière d'une grande importance, séparant deux importantes
nations celtes, les Carnutes au Nord, les Bituriges Cubes au sud et pourrait
correspondre à cette « Forêt des Carnutes », principal Nemeton de la Gaule et
témoignerait d'un sentiment d'appartenance gaulois au-delà des différences
tribales.
Cette institution imposait une trêve respectée par tous
les peuples gaulois et peut être comparée aux Jeux panhelléniques, qui dans une
Grèce morcelée en Cités-États en perpétuelle rivalité armée, imposait également
une trêve à tous les peuples de la Grèce.
D'autres éléments vont dans ce sens, tel le discours que
César prête lors de l'assemblée de Bibracte ou celui qu'il attribue à
Critognatos, à Alésia.
Agriculture
La Gaule était
principalement un pays agricole.
Sa prospérité provenait d'une agriculture largement
excédentaire qui exportait ses surplus chez ses voisins, ce dont témoigne des
textes massaliotes, étrusques et romains.
La majeure partie de la population était constituée de
paysans, réputés pour l'abondance, la qualité et la diversité de leur
production, mais aussi pour leurs inventions technologiques.
La quasi totalité des outils employés dans l'agriculture
jusqu'à la Première Guerre mondiale était déjà en usage chez les Gaulois, sans
changement important et c'est à eux qu'il convient d'en attribuer l'invention.
Chez les Belges, une moissonneuse a été inventée,
attestée en pays rème et trévire.
Urbanisation
Dans le sud de la Gaule, apparurent assez tôt de
véritables petites villes fortifiées.
Le cas d'Entremont, capitale de la puissante tribu des
Salyens, détruite par les Romains en 123 av. J.-C. en est l'illustration, avec
ses puissantes murailles et leurs tours, des maisons et des rues entièrement
construites en pierre.
De même, l'habitat celte de Martigue, mis au jour lors de
travaux d'urbanisme, atteste lui aussi d'un développement urbain réel.
Depuis que l'Institut national de recherches
archéologiques préventives (INRAP) a été créé en 2002, ses chercheurs ont
développé les fouilles préventives liées aux développements des constructions
urbaines, routières et ferroviaires : il en est résulté une série de
découvertes de villes gauloises dont l'existence était jusque-là inconnue car
non mentionnée dans les textes antiques.
Centres de pouvoir contrôlant un territoire, reliées par
un réseau de voies de communication, ces villes pouvaient servir de marché, de
centre d'artisanat, d'entrepôt de stockage, de résidence princière, d'ateliers
de monnayage, de lieux de garnison : non assimilables à de simples forteresses,
elles étaient souvent des capitales de territoire.
C'est plus à l'archéologie qu'aux textes, que l'on doit
de connaître un processus urbain proprement gaulois beaucoup plus important
qu'on ne le croyait : si c'est entre la fin du IIe et le début du Ier siècle
que ce processus atteint son maximum, des exemples comme celui du Mont-Lassois
(Vix) ou de l'Oppidum Saint-Marcel (Le Pègue) attestent que c'est quatre cents
ans plus tôt qu'il faut situer les débuts de centres urbains et que leur
origine est indigène.
Société gauloise
Organisation
L'organisation de la société gauloise répond globalement
aux fonctions tripartites indo-européennes avec la classe sacerdotale
représentée par les druides, la classe guerrière représentée par une
aristocratie qui gère les affaires militaires et la classe des producteurs
(artisans, agriculteurs, éleveurs).
Apparence physique
Le savant Posidonios qui a effectué un voyage dans le sud
de la Gaule dans les années 100, décrit les Gaulois ainsi :
« Quelques-uns se rasent la barbe, d'autres la laissent
croître modérément ; les nobles gardent leurs joues nues, mais portent les
moustaches longues et pendantes au point qu'elles leur couvrent la bouche ».
Cette description nuancée n'a pas empêché une série de
stéréotype liée à leur physionomie : tous les Gaulois seraient des hommes
robustes, de haute taille, à la peau blanche et les yeux bleus, portant de
longues moustaches pendantes et une chevelure claire (blonde ou rousse), longue
et hirsute.
Ce portrait caricatural est utilisé « par certains comme
un idéal (c'est le cas des idéologues de la Ligue du Nord en Italie, qui
revendiquent l'ascendance celte pour se distinguer des populations du sud de la
péninsule), par d'autres comme un repoussoir, tels les jeunes issus de
l'immigration qualifiant de « Gaulois » leurs camarades de couleur blanche ».
Peuples gaulois
Données génétiques
L’analyse de l’ADN de fossiles, de sépultures et
d’individus contemporains européens et français a permis de retracer en grande
partie l’histoire des populations peuplant l’Europe et la France depuis la
préhistoire jusqu’à nos jours.
Ces études montrent notamment que les invasions du
Bas-Empire puis du Haut-Moyen Âge concernaient des populations peu nombreuses,
quelques milliers d'individus, et génétiquement très proches, et qu’il n’y a pas eu de variations génétiques
importantes en France et en Europe depuis environ 4 000 ans.
C'est donc bien une population essentiellement gauloise
qui peuplait au cours du Ier millénaire le territoire correspondant à la France
moderne.
https://journals.openedition.org/rae/7094?lang=de
https://fr.wikipedia.org/wiki/Monnaie_gauloise
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