Par AFP le 13.03.2019.
Cerro Dominador,
la première centrale solaire thermique d'Amérique Latine, est le symbole de
l'ambitieuse transition énergétique entreprise par le Chili, qui aspire à avoir
100 % de production énergétique verte d'ici à 2040.
Vue aérienne de la centrale de Cerro Dominador, à
Antofagasta (Chili), le 6 février 2019
Au milieu du
désert d'Atacama apparaît, comme une œuvre d'ingénierie futuriste, Cerro
Dominador.
La centrale
solaire thermodynamique qui, d'ici 2020, produira de la lumière pour 250.000
foyers.
Equipés de la technologie CSP (Concentrating Solar
Power), plus de 10.000 héliostats, des miroirs de 140 cm2 qui suivent la
trajectoire du soleil, projettent la chaleur solaire comme une loupe sur le
récepteur situé au sommet de la tour sismique de 250 mètres.
Le réservoir contient des sels fondus qui seront chauffés
à 565ºC et serviront à leur tour à chauffer l'eau.
La vapeur propulse une turbine qui produit de l'énergie
lorsqu'il n'y a plus de soleil.
Les panneaux solaires de Cerro Dominador (AFP - Martin
BERNETTI)
De l'électricité
sans Soleil
Contrairement à une centrale photovoltaïque
traditionnelle, la technologie CSP "produit de l'électricité pendant 17,5
heures" sans soleil, se réjouit Francisco Vizcaino, directeur de Cerro
Dominador.
La centrale a été construite par l'espagnol Acciona et
Abengoa, grâce à l'investissement de plus de 800 millions de dollars du fonds
américain EIG Global Energy Partners.
Les panneaux de la centrale solaire thermique de Cerro
Dominador, à Antofagasta, au Chili, le 26 février 2019 (AFP - Martin BERNETTI)
Cette technologie est utilisée pour la première fois en
Amérique latine.
"Nous sommes tous concernés par l'environnement et
le développement des énergies renouvelables", déclare M. Vizcaino à l'AFP.
Cerro Dominador s'étend sur une zone de 1.000 hectares où se trouve également
une centrale photovoltaïque traditionnelle, qui produit 210 Mw.
Cela réduirait les
émissions de l'équivalent de "360.000 voitures", souligne son
directeur.
Le gouvernement de Sebastian Piñera espère que d'ici
2040, 100 % de la matrice énergétique du pays sera verte.
Un objectif ambitieux sachant qu'en juillet, la part des
énergies fossiles était encore de 53,2 %.
Une énergie
rentable
"Atteindre une production 100 % d'énergie verte et
renouvelable n'est pas que techniquement possible, mais c'est également quelque
chose de rentable", explique Carlos Finat, directeur général de
l'Association chilienne des énergies renouvelables et du stockage.
La clé de la future réussite pour les énergies
renouvelables est qu'elles soient "rentables", c'est-à-dire
qu'elles puissent être "produites quand on en a besoin", rappelle
Vizcaino.
Ces dernières
années, le développement des énergies renouvelables a entraîné une baisse
significative du prix de l'électricité pour les Chiliens.
Après la dernière grande vente aux enchères publiques
d'électricité en 2017, le coût de l'énergie en 2024 sera inférieur de 75 % à
celui de 2013.
Néanmoins, un doute persiste car d'autres facteurs, tels
que le cours du dollar ou les coûts d'acheminement, pourraient se répercuter
sur la facture finale, explique Rodrigo Jimenez, directeur général du cabinet
Systepla.
Le métro de Santiago, deuxième plus gros consommateur d'énergie
derrière une entreprise minière de l'agglomération, se lance également dans le
"pari durable" des énergies renouvelables.
60 % de sa consommation provient du soleil et du vent, ce
qui réduit ses dépenses énergétiques de 15 à 20 %, affirme le directeur
général, Ruben Alvarado, à l'AFP.
Le marché chilien étant très attractif, nombreux sont
ceux qui veulent y investir. Au total, 41 projets liés aux énergies vertes sont
en cours, dont Cielos de Tarapaca (nord), une centrale hydrosolaire d'eau de
mer et de stockage d'eau dans l'Espejo de Tarapaca, qui sera la plus grande du
genre au monde, avec une production de 600 MW.
Le pays mise également sur les batteries lithium-ion et
l'hydrogène décarboné ou vert, notamment pour le secteur minier, premier
consommateur d'énergie du pays avec 37 %.
Au total, il y a plus de 11 milliards de dollars
d'investissements dans la période 2017-2021, ce qui générera 3.000 MW
supplémentaires d'ici 2023, selon la Corporacion de Bienes de Capital, lié au
patronat chilien.
Connu pour son aridité
et sa sécheresse environnementale, l'Atacama offre des conditions uniques
avec le rayonnement solaire le plus élevé au monde : 310 watts/m2 qui peuvent
atteindre 1.000 watts/m2 dans certaines régions du nord du pays.
"50 % de plus
qu'au Sahara et 60 % de plus que dans le désert Arabique ", assure
Francisco Vizcaino.
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