Par Camille Renard - 28/12/2018.
Un exceptionnel char celtique a été découvert en
Bulgarie, avec ses chevaux enterrés debout, figés.
Témoin d’une improbable migration gauloise en Thrace, il
y a 2 300 ans.
Char gaulois découvert sur le site de Sboryanovo
(Bulgarie)• Crédits : © M. Gios, J. Anastassov
Un char celtique unique au monde a été récemment retrouvé
en Bulgarie.
Il est le témoin d’une migration celte en Thrace, il y a
2 300 ans.
Alors que tous les chevaux enterrés sont couchés, les
deux chevaux enterrés de ce char celtique sont debout, comme pétrifiés.
Chez les Celtes, peuple cavalier, le cheval est si
important qu’on lui voue un culte.
Site des fouilles de Sboryanovo• Crédits : © D.
Bogomilov
Jordan Anastassov : "On est en présence d’une
découverte exceptionnelle. Il s’agit d’un char celtique retrouvé à plus de 2
000 kilomètres du territoire des Gaulois.
C’est unique. Ce char a été déposé dans une fosse avec
ses deux chevaux qui ont la particularité d’avoir été modelés, figés dans le
mouvement.
Squelette de cheval (détail du char)• Crédits : © P.
Méniel
C’est extraordinaire et unique dans la mesure où nulle
part ailleurs on a retrouvé cela, même en Bulgarie, c’est le seul exemple
connu.
On est dans une mise en scène qui rejoint l’ensemble des
rituels funéraires associés à ce territoire. Il faut imaginer un véhicule à la
base majoritairement constitué de bois, qui a disparu. On a les empreintes qui
restent encore sur le terrain et on a également toutes les garnitures en fer ou
en bronze qui sont conservées et qui ont été restaurées depuis. On va avoir des
pièces technologiques qui ont pour but de maintenir la structure même du char,
bloquer les roues. Et on a les éléments qui sont plutôt décoratifs, qui sont
plutôt en bronze avec l’expression d’un art celtique identique à ce que l’on va
retrouver en Europe centrale et occidentale.
Fouilles autour du char• Crédits : © J. Anastassov
À côté de cela, on a les chevaux qui sont attelés avec un
système de harnachement, des mors en position fonctionnelle dans les bouches,
des boutons décoratifs également qui faisaient partie du système de
harnais."
Détail du char (roue)• Crédits : © D. Gergova
Migrations gauloises
Jordan Anastassov : "Cela nous apprend que les
Celtes avaient conquis le territoire des Thraces, territoire de la Bulgarie
actuelle, au cours du début du IIIème siècle avant J.-C. On a de la peine à
situer ces Celtes. Avec ce type de découverte on se rapproche de leur
territoire d’installation, territoire sur lequel ils ont créé un royaume avec
une capitale qui s’appelait Tylis, comme nous l'apprennent les
historiens."
Trésor découvert sur le site de Sboryanovo.• Crédits : © D. Gergova
Les trésors de Sboryanovo
Jordan Anastassov : "Sboryanovo est une réserve
archéologique au Nord-Est de la Bulgarie. Ce sont 800 hectares qui font l’objet
d’études depuis les années 1980. On a un habitat fortifié, des nécropoles tumulaires,
plus d’une centaine de tumuli répartis au sein de deux grandes nécropoles. Ces
tumuli font plus de 10 mètres de hauteur, et sous certains d'entre eux on a
découvert des tombeaux, des structures funéraires tout à fait exceptionnelles,
dont un tombeau classé à l’Unesco.
On a également des sanctuaires, et ce qui est intéressant
c’est également le paysage qui est encore intact, préservé. On a
majoritairement de la forêt, et les recherches futures nous permettront de
découvrir bien d’autres sites sur ce territoire.
Sboryanovo est un site qui n’a pas livré tous ses
secrets, c’est un territoire sur lequel on travaille et je pense qu'en tout cas
on va tous terminer notre carrière sur ce site-là et laisser du travail pour
les autres."
…………..
Mémoires gauloises
Par Vincent Charpentier - 22/04/2018
Tombe gauloise de Buchères (IIIe siècle avant notre
ère) • Crédits : Denis Gliksman/ Inrap
Très tôt, la Gaule a perdu la parole, cette dernière étant
accaparée par les vainqueurs : Rome, qui a fait oublier la Gaule. Puis la
parole des dominants s’est brisée à son tour, et leur mémoire s’est défaite
comme celles des peuples qu’ils avaient soumis…
art celtique tombe à char de Roissy • Crédits :
MAN/RMN
Qui de mieux que Laurent Olivier pouvait incarner « la
voix de la Gaule » dans le magazine d’archéologie de France Culture !
Chercheur
partageant sa vie entre un grand musée et les ferrailles, millénaires et
rouillées, issues de l’ultime combat d’une Gaule encore libre et indépendante,
Alésia !
Oui ! L’histoire de la Gaule est par essence romaine, les
romains se figurant représenter « la civilisation », l’état le plus avancé de
l’humanité ; le prix à payer pour les gaulois fut donc de représenter les
barbares ou de disparaitre dans la romanité.
art celtique tombe à char de Roissy • Crédits :
MAN/RMN
Dans cette émission, la recherche de la mémoire gauloise
est l’occasion de découvrir les « grands guerriers », la pratique de la dette
et la tradition des suicides assistés… le poids de l’histoire qui empêcha
longtemps de reconnaître le passé gaulois, cette histoire qui imagina un autre
passé que celui que découvrent les archéologues.…
L’art gaulois fut longtemps méprisé, et c’est grâce aux
surréalistes - dont André Breton - que l’on prit la mesure de la force
d’expressivité et de l’originalité de cet art.
Nous y reconnaissons maintenant la marque d’une pensée et
d’un savoir voisin de celui de la science grecque.
guerrier gaulois inhumé avec son bouclier (IIIe siècle
avant notre ère)• Crédits : Denis Gliksmann /Inrap
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