dimanche 23 décembre 2018

Fraude : Sécurité sociale

Et si on taxait les fraudeurs plutôt que les familles ?

Par  Charles Prats - 03/10/2014.

FIGAROVOX/TRIBUNE - La ministre des Affaires Sociales, Marisol Touraine, a annoncé lundi une baisse des prestations familiales. Pour Charles Prats, l'Etat se trompe de cible, et devrait plutôt concentrer ses efforts sur la fraude sociale et fiscale.

Pourquoi donc prendre 2,2 milliards d'euros aux familles quand les fraudeurs coûtent au moins cinquante fois plus à la France ?

Rappelons que la fraude fiscale représente de 60 à 80 Md€ par an selon le principal syndicat des agents du fisc.

L'Union Européenne évalue le manque à gagner sur la seule TVA à 32 Md€ pour la France.

En matière de fraude sociale, la Cour des comptes vient opportunément de rappeler que la fraude aux cotisations se montait à 25 Md€ par an.

 

Quant à la fraude aux prestations sociales, grand tabou en France, officiellement considérée comme très faible, elle représenterait en réalité plus de 35 Md€ par an si l'on applique les taux de fraude moyens relevés par ailleurs (6 à 7 %).

La lecture du rapport européen EHFCN qui chiffre la seule fraude à l'assurance maladie à 14 Md€, ou encore le fait que 1,8 million de numéros de sécurité sociale pourraient avoir été attribués sur la base de faux documents, accréditent malheureusement ce très fort niveau de fraude aux prestations sociales.

Au final lorsque les spécialistes de la lutte contre la fraude tiraient la sonnette d'alarme en expliquant que la France perdait 100 milliards d'euros par an, ils étaient peut-être en deçà d'une triste réalité plus proche des 140 milliards de pertes pour les finances publiques.

Pourquoi donc prendre 2,2 milliards d'euros aux familles quand les fraudeurs coûtent au moins cinquante fois plus à la France?

Face à ce fléau qui déstabilise notre pays et qui mine insidieusement le pacte républicain en détruisant le consentement à l'impôt, il existe pourtant des solutions politiques et techniques qui ont été proposées, voire même déjà votées, loin de tout populisme.

Mais malheureusement des mesures efficaces ont été écartées ou n'ont jamais été mises en oeuvre.
Ainsi fut mise en lumière l'absence de volonté de s'attaquer au point faible de la fraude fiscale et sociale: l'argent liquide. Le maintien du «verrou de Bercy», c'est-à dire l'impossibilité pour la justice de s'autosaisir des dossiers de fraude fiscale, est également très révélateur.

L'absence durant très longtemps de mise en place d'un dispositif ultra réactif de lutte contre les escroqueries à la TVA, ce qu'ont fait nos voisins belges il y a de nombreuses années, est peut-être le symptôme le plus significatif.

En matière de lutte contre le travail dissimulé, les agents des corps de contrôle ne peuvent faire qu'à la hauteur des moyens mis à leur disposition. Et il est évident que les fraudeurs ne se sentent guère dissuadés de mal agir eu égard à la faiblesse des sanctions réelles pour les employeurs et à l'impunité des salariés employés «au noir».
Le Sénat a adopté un amendement prévoyant que le gouvernement remette au Parlement « un rapport d'information sur l'étendue » de cette fraude relative à l'attribution des numéros de Sécurité sociale. PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Fraude : il existerait 1,8 million de numéros de sécurité sociale attribués à partir de faux documents
Par La Revue du Digital – 15/12/2018

 A l’heure où les gilets jaunes manifestent dans les rues contre la pression fiscale, Charles Prats, un magistrat spécialiste de la fraude, travaillant au ministère des finances sous la présidence de Nicolas Sarkozy, affirme qu’il existe en France 1,8 million de numéros de sécurité sociale attribués probablement sur la base de faux documents.

Une fraude de 14 milliards d’euros ?

Charles Prats, magistrat, sur Europe1 le 14 décembre

« Si on coupe ce robinet, c’est de l’argent économisé immédiatement » dit-il. Son chiffrage aboutit même à la somme de 14 milliards d’euros.
Il s’est exprimé le 14 décembre sur Europe 1.

La sénatrice Nathalie Goulet, membre du groupe Union Centriste, secrétaire de la commission des Finances,  a réagi à ses propos en indiquant qu’elle venait de faire voter un amendement demandant au gouvernement de rendre un rapport dans les 6 mois sur cette situation.

La fraude proviendrait de la création des numéros de sécurité sociale pour les personnes nées à l’étranger.

Pour les Français nés à l’étranger et les étrangers venant travailler en France, il est créé un numéro de sécurité sociale appelé NIRPP, numéro d’identification au répertoire des personnes physiques, en simplifiant le NIR.

La clé d’identité pour entrer dans le système de protection sociale

« C’est la clé d’identité pour entrer dans le système de protection sociale pour percevoir les prestations, la sécurité sociale maladie, la retraite, les allocations familiales, le RSA » explique Charles Prats.

« On a alors attiré notre attention, sur le fait qu’il y avait un problème à la suite d’un décret de simplification qui autorisait l’usage de photocopies » dit-il.

En 2010-2011, il déclare que lorsqu’il travaillait au ministère des Finances, une étude a été menée avec la police de l’air et des frontières, des spécialistes des faux documents et des gens de l’INSEE.

« Nous nous sommes rendus compte que nous avions un taux de fraude supérieur à 10% sur 18 millions de numéros de sécurité sociale attribués.
Donc, cela représente 1,8 million de numéros attribués sur la base de faux documents tels que de faux extraits d’acte de naissance » ajoute-t-il.

Il pointe qu’une loi a alors été passée afin de palier aux risques liés à ces faux documents et à la nécessité de passer en revue les 18 millions de numéros de sécurité sociale attribués.
« Mais le décret d’application n’a jamais été publié, et il y a eu l’alternance politique en 2012.

Tout cela est tombé aux oubliettes.
La sénatrice Nathalie Goulet, il y a 1 an et demi a interrogé le gouvernement sur cette question.
Il lui a été répondu que 500 dossiers avaient été examinés sur 18 millions » raconte le magistrat.

18 millions de dossiers à regarder au cas par cas

« Est-ce que ces 1,8 million perçoivent des prestations ou pas, il faut regarder au cas par cas.
Il y a des gens qui connaissant le système, ont pu se créer 20 identités différentes pour percevoir des prestations.
On peut tout imaginer. Des réseaux très organisés où les gens se créent de multiples identités » conclut-il.









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