Par Jean-Pierre Bardinet – 23/12/2018.
La réduction significative des dépenses de l’État est le
préalable indispensable aux réductions d’impôts.
Depuis 40 ans, les gouvernements successifs, de gauche ou
de droite, n’ont pas su équilibrer le budget de l’État.
Ils ont tous laissé filer la dette souveraine, actuellement
à plus de 2 200 milliards d’euros, sans avoir le courage d’engager des réformes
profondes pour recentrer l’État sur ses missions régaliennes, faire mieux et
moins cher, en offrant aux citoyens un réel service de qualité, au lieu de
laisser se développer une techno-bureaucratie inhumaine, tatillonne,
dictatoriale et très onéreuse, qui nous pourrit le quotidien via des taxes,
normes et règlements contraignants.
L’argent de l’État est notre argent, il en a usé et abusé
comme si c’était le sien.
La crise actuelle
est l’aboutissement de ces 40 ans d’incurie de l’État et des collectivités
locales, et il sera très difficile de calmer les citoyens en colère.
Voici quelques propositions, volontairement limitées,
mais essentielles pour redresser la France :
- Supprimer la taxe carbone sur les carburants et geler
le prix du kWh ;
- Supprimer de la Constitution le principe de précaution
;
- Abolir la loi de transition énergétique et revoir la
politique énergétique ;
- Réduire le mille-feuilles administratif pour limiter la
dépense publique ;
- Lancer un grand chantier de remise à plat des missions
de l’État.
- Les deux premiers points peuvent être traités très
rapidement.
POINT 3 : LA LOI DE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
C’est la Commission européenne qui a été la source de ces
politiques climat-énergie, pour des raisons idéologiques et irrationnelles.
Aucun de ses objectifs n’a été atteint, malgré des
dépenses aussi pharaoniques qu’inutiles.
Moins d’émissions de CO2 ? Elles sont en augmentation.
Des prix compétitifs ?
Ils ont dérapé
chez les champions des EnR intermittentes :
Allemagne, Danemark et Espagne, la palme revenant à
l’Allemagne avec un prix de 30 €/MWh.
Ces pays rétro-pédalent plus ou moins vigoureusement…
Sécurité d’approvisionnement ?
La dépendance à la Chine (éolien, solaire, terres rares)
et à la Russie (gaz) a augmenté.
Réduction de la précarité énergétique ?
Elle augmente en fonction du prix du MWh.
Garantie de stabilité du réseau électrique européen ?
L’intermittence augmente les risques de délestages, voire
de black-out généralisé.
La couverture de l’heure de pointe du soir, en hiver, par
temps froid anticyclonique est-elle garantie ?
Non, car le solaire ne produit rien et l’éolien quasiment
rien.
L’analyse de la transition énergétique allemande (prix du
kWh, performances, facteurs de charge des EnR, gestion de l’intermittence,
bilan carbone, impacts sur l’environnement, la biodiversité et la santé
publique…) permet de déduire ce qu’il ne faut pas faire.
Parallèlement, un bilan sans concession de notre loi de
transition énergétique, en considérant les rapports très critiques de la Cour
des comptes semble indispensable :
Performances de chaque filière, coûts, valeur ajoutée, impacts
sur l’environnement et la biodiversité, impacts sur la santé publique, risques
de black-out en heure de pointe hivernale du soir, sûreté de fonctionnement,
indépendance énergétique, surcoûts pour les ménages et les entreprises,
projections pour 2030.
Considérer que même si, par extraordinaire, les thèses
hypothétiques du GIEC étaient exactes, il serait absurde de dépenser des
centaines de milliards d’euros, notre bilan carbone étant l’un des plus bas des
pays développés, et nos émissions de CO2 marginales (0,9 % du total des
émissions), grâce au nucléaire et à l’hydraulique.
Pour éviter toute distorsion de concurrence et tout impôt
déguisé en taxe (CSPE), n’accorder aucun avantage particulier à chaque filière
:
- pas d’obligation d’achat par EDF,
- pas de tarif conventionné (chaque filière détermine son
coût de production) ou bien des tarifs conventionnés, mais identiques pour
tous, proches du prix marché, afin d’avoir un faible prix du kWh
Le point 3 peut être étudié en quelques mois en prenant
soin de ne surtout pas renouveler la catastrophe du Grenelle de l’Environnement
qui a permis aux écologistes d’imposer leur idéologie mortifère aboutissant à
cette absurde politique climat-énergie et une inflation de taxes, normes et
règlement contraignants, le plus souvent contre-productifs.
POINT 4 : LE MILLE-FEUILLES ADMINISTRATIF
Il nécessite une participation d’élus locaux et nationaux
et d’un panel de citoyens véritablement apolitiques.
La difficulté sera notamment de deux ordres :
Faire accepter à des élus et fonctionnaires locaux de
quitter leur poste, l’intérêt général primant sur les intérêts particuliers en
soutenant leur reconversion dans le secteur privé ; réorganiser et optimiser le
fonctionnement des structures locales pour améliorer la qualité de service.
La réduction du mille-feuilles devra limiter les dépenses
et non les transférer vers d’autres services publics ou para-publics.
POINT 5 : REDÉFINIR LES MISSIONS DE L’ÉTAT
Toute la colère actuelle provient de 40 ans de mauvaise
gestion étatique dont nous payons la note douloureuse.
Toute la classe politique en est responsable.
La cause étant connue, il convient de s’attaquer aux
remèdes : la refonte du fonctionnement de l’État, le seul moyen de redresser la
France.
Priorité devra être donnée aux missions régaliennes
accompagnées de moyens humains et financiers suffisants, avec indicateurs de
suivi et bilans réguliers sur les progrès réalisés.
La réduction significative des dépenses de l’État est le
préalable indispensable aux réductions d’impôts, l’objectif étant d’équilibrer
le budget, voire de dégager des excédents budgétaires, pouvant autoriser une
meilleure politique redistributive.
Ce grand chantier pourrait être confié à des groupes de
travail, composés d’un nombre limité de participants : élus de diverses
tendances, nationaux et régionaux, citoyens issus du monde de l’entreprise
(cadres, dirigeants, salariés), fonctionnaires, Cour des comptes, Think Tank
(IFRAP).
La grande administration pourra être consultée pour avis
et conseil mais sans pouvoir de décision, lequel sera du ressort du
gouvernement, mais avec validation par le Parlement.
Jean-Pierre Bardinet
Ingénieur ENSEM Nancy (École Nationale Supérieure
d’Électricité et de Mécanique).
…………………………
Transition énergétique française : retour à la réalité
Par Philippe François – 22/11/2018.
La deuxième Programmation pluriannuelle de l’énergie
(PPE) sera présentée fin novembre par le gouvernement. Trois ans seulement
après son adoption enthousiaste en 2015 par l’Assemblée nationale et le Sénat,
la première PPE s’est avérée totalement irréaliste.
La promesse la plus invraisemblable comme l’a souligné
Nicolas Hulot, alors ministre de l’Énergie, était la réduction de 75 à 50 % de
la part du nucléaire dans la production d’électricité dès 2025, soit en dix
ans.
Mais d’autres objectifs moins visibles mais plus
fondamentaux étaient tout aussi irréalistes pour un pays économe en énergie,
peu émetteur de CO₂ et où les habitants sont déjà lourdement taxés :
- en 2050, division par deux de la consommation d’énergie
et division par quatre des émissions de CO₂, forte contribution du solaire, de
l’éolien terrestre et marin, et de la méthanisation, développement de champions
industriels français dans ces énergies renouvelables, acceptation de fortes
augmentations du prix des carburants et de l’électricité.
La France s’est clairement engagée à soutenir la position
du GIEC et à agir pour la planète. Une position honorable.
Mais notre pays doit régulièrement s’interroger sur ce
qu’elle doit et ce qu’il peut faire compte tenu de l’évolution de la situation
mondiale et de la sienne.
Les émotions pro-écologiques sont sympathiques, et les
émotions anti-taxes sont compréhensibles, mais pour être efficace, la PPE
Version-02 doit revenir aux réalités.
Les parlementaires de 2018 auront intérêt à travailler
soigneusement la nouvelle loi énergétique pour ne pas se retrouver dans une
situation aussi embarrassante que leurs prédécesseurs.
Consommation énergétique mondiale
Depuis 10 ans, la France a réduit de 20% ses émissions de
CO₂, mais elles ont légèrement réaugmenté (4%) depuis 2015 avec la reprise
économique.
La consommation d’énergie finale (celle utilisée par les
consommateurs) est stable depuis dix ans avec aussi une légère croissance
depuis trois ans.
Le rendement des mesures d’économies d’énergie et de
réduction d’émission de CO₂ est généralement décroissant (le plus rentable a
été fait depuis la crise pétrolière de 1974).
Conclusion
Il est logique que la France souhaite conserver sa
position de bon élève et prenne des mesures pour se maintenir à son rang.
Mais selon une formule connue "La France ne peut pas
résoudre tous les problèmes du monde".
Tant que ses partenaires n’ont pas rattrapé leur retard,
elle n’a aucune raison d’organiser une réduction brutale de ses émissions par
des taxes et des fermetures de centrales performantes.
D’ici 2050, diviser ses émissions de CO₂ par un facteur 2
(et non 4), et stabiliser sa consommation d’énergie (au lieu de la diviser par
deux) libérerait des ressources lui permettant de traiter ses autres problèmes.
Sacrifier son économie et le niveau de vie des Français à
la volonté d’affichage de ses responsables politiques à l’international n’est
pas acceptable.
Comme d’habitude, nos concurrents nous féliciteront
chaleureusement en public, tout en ironisant en privé sur ce zèle intempestif
et naïf.
Trois nouvelles promesses gouvernementales
intenables
La fermeture des quatre dernières centrales à charbon
d’ici 2021.
L’éradication des chaudières à fioul d’ici 2028.
Aucune voiture à essence en vente en 2040.
[1]
Source BP statistical review of world energy 2018
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